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Si la gauche veut maintenir son engagement historique en faveur des plus désavantagés, elle ne peut se désintéresser ni des classes populaires, en partie hostiles à l’immigration, ni de ceux qui cherchent à fuir la misère et migrent dans l’espoir d’une vie meilleure. Or, à bien des égards, ces objectifs sont en tension – et cette tension traverse les gauches dans les pays riches.
Cette tension se joue dans un contexte de crise de la gauche dans de nombreux pays. Les électeurs semblent avoir perdu foi dans la capacité des partis sociaux-démocrates à transformer la société. Focalisation sur la croissance et le taux d’emploi (plutôt que sa qualité), pression sur les chômeurs, concessions aux entreprises : plus grand-chose ne semble permettre de distinguer avec netteté l’identité sociale-démocrate. Dans une situation où les États sont en compétition les uns avec les autres pour séduire les grandes entreprises et garder leurs plus grosses fortunes, la fiscalité est nivelée vers le bas, privant les gouvernements de moyens d’action, en particulier dans le contexte de l’Union européenne, la rigueur budgétaire étant inscrite dans les traités.
À ce contexte économique s’ajoute la nouvelle concurrence des partis xénophobes. Tandis que beaucoup de ces partis combinaient un discours anti-immigration avec une attitude pro-marché, voire néolibérale, la tendance est désormais au « chauvinisme du bien-être », à savoir la combinaison d’une protection sociale relativement forte pour les nationaux et d’un rejet de l’immigratio…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 04/10/2019
- https://doi.org/10.3917/espri.1910.0011
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