Le revenu de base (revenu universel, d'existence, de citoyenneté, ou encore allocation universelle) fait partie de ces sujets sur lesquels tant les académiques que les acteurs politiques se sentent tenus de prendre position, si possible de manière ferme. Pourtant, être pour ou contre le revenu de base n'a pas grand sens. Il s'agit en effet d'un instrument, comme la fiscalité, qui peut être mis au service d'une grande diversité de visées politiques, ce qui explique qu'il soit défendu autant par des libertariens de droite que par des libéraux plus modérés, des socialistes, des républicains ou encore des écologistes. Si l'on souhaite évaluer un tel instrument d'action publique d'un point de vue normatif, il faut donc nécessairement sortir de l'abstraction pour examiner une proposition concrète et le projet politique qui l'accompagne (qu'il soit explicite ou non).
Dans cet esprit, le présent article vise à distinguer et comparer trois idéaux-types de revenu de base : « néolibéral », « social-démocrate » et « de transition écologique et sociale », auxquels on pourrait associer respectivement, à titre illustratif, les figures de Milton Friedman, Thomas Piketty et Philippe Van Parijs. Ces idéaux-types se distinguent essentiellement par leurs caractéristiques internes (montant ; financement ; articulation avec les aides sociales existantes) et par les projets politiques qui les guident. Ils sont présentés tour à tour dans les parties 2 à 4 puis comparés dans la partie 5. Cela permettra d'examiner leurs radicalités respective et commune…