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Imaginons qu’il n’y ait en France qu’une seule école de journalisme et que ses enseignants ne viennent que du Figaro. Ou bien un seul cours sur l’industrie nucléaire qui serait tenu par des élus d’Europe Écologie Les Verts. Ou encore que l’on enseignerait dans nos universités d’économie un seul mode de pensée dont les deux résultats majeurs en 2007 étaient que les crises appartiennent au passé et que les bulles financières n’existent pas.
Dans ce dernier cas, ce n’est malheureusement pas une fiction. La théorie dominante encore très majoritairement inculquée à nos futurs économistes repose sur le modèle standard d’une approche formalisée (remplie de mathématiques et de modèles), dont les résultats dépendent d’hypothèses très restrictives, comme celles selon lesquelles toute l’économie d’un pays se comporte comme le ferait un individu, les décisions sont prises de manière rationnelle, la monnaie n’est là que pour faciliter les échanges, la finance ne joue aucun rôle dans l’économie, etc.
Ses défenseurs tiennent majoritairement les cours, les laboratoires, les universités. Et donc les budgets de recherche et les postes clés de sélection des futurs économistes. Bref, ils ont la capacité de définir qui est un bon économiste et qui ne l’est pas. Depuis quelques années, l’Association française d’économie politique (Afep) et ses six cents adhérents se battent pour que des économistes différents, ceux qui s’inspirent plus de Keynes, de Marx, de Perroux, des institutionnalistes américains, etc…
Auteur
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Éditorialiste à Alternatives économiques et à AlterEcoPlus.
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 06/05/2015
- https://doi.org/10.3917/espri.1505.0005
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