Le système politique français crée des situations structurelles de conflits d’intérêts, comme le cumul des mandats, et souvent les réformes qui visent à lutter contre la corruption ne sont pas assorties de moyens conséquents. Histori quement pourtant, la France est un des pays où les scandales de corruption ont suscité les plus vives manifestations d’indignation...
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Esprit– Ces dernières années, on a vu se multiplier les lois et dispositifs de contrôle du financement de la vie politique ; cependant, les « affaires » semblent toujours plus nombreuses. L’inflation normative a-t-elle véritablement un effet sur les mœurs ? Ou bien les pratiques de corruption se transforment-elles simplement, des mallettes de billets aux comptes offshore ?Fabrice Lhomme– Depuis quelques dizaines d’années, on ne cesse en effet de créer des dispositifs nouveaux pour lutter contre la corruption. On l’a vu encore récemment, avec la création d’une Haute Autorité pour la transparence de la vie publique, d’un procureur financier, ou encore d’un nouveau service de police spécialisé dans la répression de la corruption. Sur le principe, il s’agit de bonnes initiatives, qui produisent des effets, ne serait-ce que symboliquement. À la fin des années 1990 par exemple, la création du Pôle financier de Paris, une équipe spécialisée de magistrats, d’assistants et d’auxiliaires de justice se consacrant à la lutte contre la corruption, a donné des résultats positifs. Les défauts en fait ne sont pas forcément à chercher dans la conception de ces outils, mais dans leur mise en œuvre : ces structures sont souvent dotées de moyens insuffisants, et l’on n’y nomme pas toujours les meilleurs.
Par ailleurs, malgré ces efforts – louables –, il ne faut pas se faire d’illusions : les pratiques de prévarication continuent, et s’adaptent aux nouvelles législations. À peine a-t-on créé de nouveaux services de lutte que les méthodes de corruption évoluent…
Résumé
Auteurs
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Anne-José Fulgéras est administratrice de Transparency International, elle a dirigé la section financière du parquet de Paris de 1995 à 2000 ; Fabrice Lhomme est grand reporter au Monde et a récemment publié avec Gérard Davet French Corruption (Paris, Stock, 2013) ; Frédéric Monier est historien, professeur à l’université d’Avignon, membre du centre Norbert-Elias.
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 21/02/2014
- https://doi.org/10.3917/espri.1402.0063
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