CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1ECOREV' – COMMENÇONS PAR REVENIR SUR LA CONCLUSION DE « SAISON BRUNE » QUI EST ASSEZ PESSIMISTE. PHILIPPE SQUARZONI Y DIT NÉANMOINS QU'IL PEUT SE TROMPER. QUEL EST VOTRE AVIS, SE TROMPE-T-IL ?

2JEAN JOUZEL – Avant de répondre, j'aimerais rappeler le contexte scientifique et politique. Je viens de participer aux dernières négociations sur le climat. Celles-ci se tiennent chaque année à un endroit différent du monde, cette fois-ci c'était à Doha., et pour moi il est clair que nous sommes à un tournant : c'était une conférence de transition entre les deux phases définies à Kyoto en 1997, 2008-2012 et 2013-2020. En 1997 tous les pays du monde étaient signataires mais seuls les pays les plus développés industriellement avaient des engagements de réduction de leurs émissions (les autres avaient dans certains cas le devoir de les mesurer).

3Parmi les grands pays, seuls les États-Unis n'ont pas signé alors. La première phase est derrière nous, si elle a servi à la prise de conscience de la problématique, elle n'a pas eu l'impact nécessaire en terme de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES).

4C'est pour cela que les réunions actuelles de la convention climat, qui a été mise en place au Sommet de la Terre de Rio en 1992, sont fondamentales. L'essentiel de cette convention, dans sa forme originelle, se trouve dans son article 2 : le but ultime est de stabiliser les émissions de GES. Pour cela, depuis le cycle de Bali en 2007, nous sommes passés d'un objectif qualitatif à un objectif chiffré – progressivement suite aux rapports du GIEC, à la conférence de Copenhague en 2009 et à celle de Cancun en 2010 – afin que le réchauffement dû aux activités humaines n'excède jamais deux degrés. Derrière cette motivation, il n'y a pas une décision scientifique mais une décision politique, et c'est tout à l'honneur des politiques car si le réchauffement climatique est trop important, on ne pourra pas s'y adapter. Cela dit, si tous les pays ont signé cette convention climat nouvelle forme, les mesures prises depuis sont très loin du compte. On sait que pour rester en dessous de deux degrés, il est nécessaire : que les émissions de GES commencent à redescendre au plus tard à partir de 2020 ; qu'elles soient ensuite divisées au moins par trois entre 2020 et 2050 (dans la mesure où il faudrait que ce soit par deux par rapport à 1990 et que depuis les émissions ont augmenté de près de 50 %) ; et qu'ensuite elles continuent à diminuer.

5Dans son livre Philippe Squarzoni explique très bien que nous sommes face à un gigantesque défi, et il a raison d'être pessimiste... C'est compliqué d'expliquer à toute une population pourquoi et comment agir sur la période 2013- 2020 pour éviter des changements climatiques importants qui n'auront lieu que dans la deuxième partie du XXIe siècle. L'inertie est énorme et il nous faut pourtant agir dès maintenant ! Face à cela, la seconde partie du protocole de Kyoto a été mise en route à Doha mais il n'y a que l'Europe, l'Australie et quelques autres pays qui se sont engagés. Moins de 15 % des émissions mondiales sont concernées. D'autres pays ont pris des engagements volontaires, mais avec un manque d'ambition inquiétant... Les États-Unis se sont engagés à diminuer de 3 % par rapport au niveau de 1990, et la Chine a pris un engagement d'infléchir ses trajectoires d'émission par rapport à son PIB.Le constat que l'on peut faire dans l'état actuel est que : si tous les pays engagés dans la seconde phase du protocole de Kyoto tiennent leurs engagements, et même en comptant les pays qui ont des engagements volontaires, nous aurons à l'horizon 2020 encore 20 à 30 % d'émissions en trop par rapport à la trajectoire qui permettrait de ne jamais dépasser deux degrés de réchauffement. D'un côté les états affichent des objectifs qui répondent aux soucis des scientifiques – ce n'est pas nous qui leur imposons, le GIEC ne fait pas de recommandations –, de l'autre la mise en œuvre et les actions ne sont pas du tout à la hauteur des objectifs.

6QU'EST-CE QUI BLOQUE, À DOHA EN PARTICULIER ?

7Le mécanisme de négociation n'est pas bloqué mais c'est le manque d'ambition qui est flagrant. Ce qui a été lancé à Doha c'est le cycle de Durban, avec comme objectif de mettre sur pied un accord mondial à l'horizon 2015 (la France s'est d'ailleurs proposée pour accueillir la Conférence de 2015). Cet accord, contrairement au protocole de Kyoto, engagerait tous les pays, y compris la Chine. La Chine était d'ailleurs présente à Durban l'an dernier et a accepté le principe d'avoir des contraintes sur ses émissions à partir de 2020. D'ici là elle s'en donne elle-même pour commencer à infléchir ses émissions de GES, qui augmentent par ailleurs très rapidement actuellement. Ce sont plutôt les États-Unis qui ont été très réticents à signer cette plateforme de Durban.

8Il n'y a donc pas de blocage absolu au niveau des négociations et le groupe de travail que l'on nomme le stream 1 travaille à l'élaboration d'un accord mondial pour après 2020. L'objectif de mettre en place cet accord d'ici 2015 peut donc encore être tenu. Le véritable problème c'est qu'entre maintenant et 2020 il va falloir relever le niveau des ambitions pour éviter d'avoir 20 à 30 % d'émission en trop en 2020. C'est l'objectif du stream 2. Sinon, nous sommes vraiment partis pour dépasser les deux degrés de réchauffement global. C'est d'ailleurs pour cela qu'on voit fleurir tous ces rapports comme celui de la Banque mondiale qui établissent que nous allons plutôt vers un réchauffement de quatre degrés. Pour résumer, il nous faut à la fois trouver les moyens de diviser par trois les émissions entre 2020 et 2050 tout en commençant à agir d'ici 2020.

9C'est ce que j'ai expliqué à Philippe Squarzoni qui a alors bien compris que la porte est très étroite.

10. Alors que faire ? Il faut aller vers une société sobre en carbone puisque 80 % de l'augmentation de l'effet de serre est dû à des émissions de gaz carbonique : 1 milliard de tonnes proviennent de la déforestation et 9 milliards de la combustion, ce qui fait qu'à peu près trois quarts des émissions en 2011 sont dues à notre utilisation du charbon, du pétrole et du gaz. Je ne dis pas qu'il s'agit de négliger les émissions de méthane et autres GES, mais il faut toujours avoir ça en tête : pour stabiliser l'effet de serre il faut stabiliser nos émissions de gaz carbonique et ne pas en émettre plus que la biosphère ne peut en absorber. Voilà l'état des lieux scientifique. Un réchauffement de plus de deux degrés aurait de très importantes conséquences sur les écosystèmes : 70 % des forêts de la planète sont très fragiles à cause des sécheresses et nos marges d'adaptation seraient très faibles quand on sait que se profileraient également, outre une pénurie d'eau, des cyclones plus intenses, une élévation du niveau de la mer plus importante, des sécheresses à répétition dans certains pays, etc. Je ne crois pas que ce soit un monde envisageable...

11POUR VOUS CETTE SOCIÉTÉ SOBRE EN CARBONE PASSE PAR LE DÉVELOPPEMENT DE QUELLE ÉNERGIE ?

12Je pense qu'il faudrait énormément développer les énergies renouvelables tout en organisant une transition énergétique. Au niveau français j'adhère à l'objectif du facteur 4 mis en avant en 2003 : diviser par quatre les émissions en 2050 par rapport à celle de 1990. Avec quels moyens ? De mon côté j'ai participé à un rapport récent du Conseil Economique Social et Environnementa (lCESE) sur la transition énergétique et je suis membre du comité de pilotage du débat national sur la transition énergétique. J'y suis avant tout pour témoigner de ce que je vous ai déjà dit, et en tant que climatologue je me dois de répéter qu'il est absolument nécessaire de limiter dès aujourd'hui les émissions de GES pour stabiliser le climat. Je me suis aussi beaucoup intéressé au rapport sur les énergies renouvelables du GIEC. Au niveau planétaire ces énergies pourraient pourvoir à 50 % de l'énergie primaire (chaleur et électricité) s'il y avait une volonté politique pour cela.

13C'est vrai qu'il faudrait d'importants investissements mais c'est techniquement possible.

14Pour ce qui est du nucléaire, qu'on soit pour ou contre, cette technique pourra difficilement concourir à plus de 10 % des besoins globaux d'énergie, même si nous voulions la développer encore... Ce qui doit vraiment se développer au niveau mondial, et à tous les niveaux, même industriel, c'est la production d'énergie renouvelable.

15J'adhère complètement aux objectifs affichés par François Hollande en septembre dernier lors de la conférence environnementale  [1] : réduction des émissions de GES de 40 % en 2030, et de 60 % en 2040. Si on les atteignait ce serait déjà pas mal.

16Du côté économique, la notion de circuits courts commence à faire son chemin, celle de la sobriété aussi. Pour le débat, nous avons auditionné Thierry Salomon de l'association Négawatt. On essaie d'avoir une vision assez large.

17AU SUJET DU NUCLÉAIRE, OUTRE L'ASPECT MAJEUR DES PROBLÈMES DE SÉCURITÉ ET DES DANGERS LIÉS À CETTE PRODUCTION, IL Y A AUSSI LA NÉCESSITÉ DE METTRE UNE CONSOMMATION MASSIVE D'ÉNERGIE FACE À UNE PRODUCTION MASSIVE D'ÉNERGIE. OR POUR DIMINUER NOS ÉMISSIONS DE GES, IL NE S'AGIT PAS JUSTE DE PASSER D'UNE CONSOMMATION D'ÉNERGIE À BASE DE CARBONE À UNE CONSOMMATION "DÉCARBONNÉE", IL NOUS FAUT AUSSI RÉDUIRE CONSIDÉRABLEMENT PRO-DUCTION ET CONSOMMATION EN LES ADAPTANT AUX DIFFÉRENTS USAGES LOCAUX. LE NUCLÉAIRE N'EST PAS DU TOUT ADAPTÉ À LA SOBRIÉTÉ ET À LA RELOCALISATION...

18Je suis d'accord sur la nécessité d'une décentralisation et nous en avons beaucoup discuté au sein du comité de pilotage. On a été très attentifs au rôle que peuvent jouer les régions. Par exemple, en Bretagne, le pays de Méné qui vise un territoire autonome énergétiquement est semble-t-il en train d'y arriver. L'aspect décentralisé est donc intéressant. Car c'est une évidence : il faut relocaliser la production d'énergie également. Avec les renouvelables, il est possible de créer de nombreux emplois non délocalisables, à condition de former la population en ce sens car si l'on prend le secteur de l'isolation, on se rend compte qu'il existe un déficit de formation locale. Pour revenir au livre de Philippe Squarzoni, j'aime bien cette idée que la porte par laquelle nous devrions passer est très étroite. Pour arriver à la franchir, il nous faudrait des ruptures technologiques. Malheureu-sement elles se présentent actuellement surtout dans le domaine des fossiles, gaz de schisteet pétroles non conventionnels, tout le contraire de ce qu'il faudrait faire ! Sans ces technologies, la lutte contre le réchauffement climatique serait peut-être plus facile... Face à cela donner un coût significatif au CO2 permettrait de développer les renouvelables, mais il faudrait aussi orienter la recherche vers de véritables ruptures technologiques. C'est le pari que font actuellement les allemands. Si cette transition n'est pas facile, ils sont en mesure de la réussir. De toutes façons au niveau global, si on veut réussir la transition, cela ne peut passer que par le développement des renouvelables. En France notre rapport au nucléaire est certes particulier, mais même s'il couvre 80 % de la production d'électricité, il représente moins de 30 % de la production totale d'énergie.

19LORS DE NOTRE ENTRETIEN AVEC BERNARD LAPONCHE, CE DERNIER DISAIT QUE LE PROBLÈME DU NUCLÉAIRE EN FRANCE PROVENAIT D'UN CONTEXTE POLITIQUE, ADMINISTRATIF ET CONSTITUTIONNEL À LA FOIS ADAPTÉ ET PROPICE AU DÉVELOPPEMENT DU NUCLÉAIRE. EN ALLEMAGNE DES SOLUTIONS ARTICULÉES AUTOUR DE FINANCEMENTS LOCAUX ET DE COOPÉRATIVES CITOYENNES SONT MISES EN ŒUVRE. LA STRUCTURE POLI-TIQUE FRANÇAISE N'EST PAS DU TOUT ADAPTÉE À CE TYPE DE SOLUTIONS, N'EST-CE PAS UN OBSTACLE INSURMONTABLE À L'ÉMERGENCE D'UNE SO-CIÉTÉ FONDÉE SUR LES ÉNERGIES RENOUVELABLES ? DANS CE CONTEXTE, EST-IL POSSIBLE DE DÉCENTRALISER LA PRODUCTION D'ÉNERGIE EN FRANCE ?

20Il est clair que le nucléaire est jacobin ! Mais même dans une société largement décentralisée en production, il faut des réseaux. En France ils se sont construits de manière centralisée et EDF est une entreprise nationale avec un monopole, on ne va pas refaire l'Histoire... Cela dit la France est un pays démocratique, la transition y est possible. D'ailleurs, cet aspect est également abordé dans l'avis du CESE qui considère que l'état doit rester responsable de la cohérence de la politique climatique du pays mais rappelle également l'importance du rôle des territoires dans la transition énergétique. Pour ce qui concerne la production décentralisée d'énergie, je partage évidemment la conclusion de notre avis qui « considère que la production d’énergie à proximité des lieux de consom-mation et l’utilisation de la chaleur produite par les réseaux locaux doivent être encouragées. Les projets énergé-tiques à base d’énergies renouvelables reposant sur une large adhésion des acteurs économiques locaux peuvent constituerde vrais outils de revitalisation des territoires, notamment en zone rurale où le choix est trop souvent limité à l’électricité ou au fioul. »

21Bernard Laponche a donc raison d'insister sur la façon de faire en Allemagne et nous devrions adhérer à ce type de solutions, en commençant par y sensibiliser la population française. J'ai souvent discuté de l'exemple de l'Allemagne et il existe en effet de nombreuses réticences en France face à ce type de solutions... Pour autant je crois qu'EDF pourrait accompagner ce type d'initiatives si elles émanaient des régions. Pour cela il faudrait également, en plus d'une coordination de l'utilisation de l’électricité, une vraie politique d'investissements au niveau européen dans le domaine de l'énergie. Malheureusement les pays européens ne discutent que de la répartition de la production d'électricité et jamais de la façon dont elle est produite. Enfin, encore une fois, il ne faut pas limiter le débat à l'électricité.

22Si nous avons convaincu certains politiques, certains chefs d'entreprises, il y a encore un scepticisme important dans notre société. De nombreuses associations et militants sont très avancés sur la réflexion, mais la majorité de nos concitoyens ne se passionnent pas pour le sujet. Et tant que nos concitoyens ne seront pas majoritairement persuadés qu'il y a un problème, nous n'arriverons pas à faire grand chose. Et s'ils le sont dans dix ou quinze ans, il sera alors trop tard... Je l'ai déjà dit, il est très compliqué de persuader le plus grand nombre, que pour éviter un problème majeur dans la deuxième partie du XXIe siècle, il faut agir dès maintenant. Nous avons tendance à prendre conscience des problèmes que lorsque ils sont là (c'est d'ailleurs là dessus que joue Claude Allègre, sur le thème de l'écologie réparatrice...). Or c'est bien quand la majeure partie des citoyens pensent qu'il faut agir dans une direction que les politiques se remuent. Pour moi c'est à cela que doit servir ce débat sur la transition énergétique : mettre tout ça sur la table et convaincre le plus grand nombre de l'urgence de la situation. Et je crois que l'on peut y arriver. C'est une question de volonté politique mais aussi de volonté individuelle. Cependant s'il n'est pas écrit qu'on doive subir ce réchauffement, il est certain que le secteur économique basé sur les énergies fossiles n'envisage pas du tout d'aller vers une société sobre en carbone. C'est d'ailleurs un énorme problème et des solutions technologiques comme celle des gaz de schiste n'aident pas...

23CE SUPPOSÉ MANQUE D'INTÉRÊT DE NOS CONCITOYENS N'EST-IL PAS PLUTÔT LE RÉSULTAT APPARENT D'UNE CONSTITUTION PEU ADAPTÉE À LA PARTICIPATION POPULAIRE ? NE FAUDRAIT-IL PAS RÉFLÉCHIR EN TERME D'ENGAGEMENT POLITIQUE DU PLUS GRAND NOMBRE DANS LE PROCESSUS DE DÉCISION POLITIQUE ?

24C'est ce que j'essaie de faire car je pense aussi que nos concitoyens ont envie d'écouter et de s'investir dans ce processus. D'ailleurs, au sein du comité de pilotage du débat énergétique, il y a une volonté d'ouverture la plus large possible car c'est aussi un débat sur l'environnement, sur la société dans laquelle on veut vivre. On va commencer par débattre de la sobriété énergétique. C'est important d'avoir ce débat, cela permet de se poser des questions pertinentes. Cela peut constituer une caisse de résonance et l'impact sur notre société peut être plus important que bien des lois. Cela dit l'objectif du débat sur l'énergie est tout de même de faire un projet de loi, et plus il y aura de discussions et plus nous aurons de chances d'élaborer un projet de loi pertinent et efficace.

25À CE PROPOS LA COMPOSITION DU COMITÉ DE PILOTAGE SOULÈVE BEAUCOUP D'INQUIÉTUDES (CF. NOTAMMENT ENCART P. 45)...

26La composition initiale a été modifiée. Il y a toujours autour de la ministre Delphine Batho : Anne Lauvergeon, Bruno Rebelle, Laurence Tubiana et moi même. Pascal Colombani s'est retiré et deux autres personnes nous ont rejoints : Michel Rollier, ex-dirigeant du groupe Michelin, et Georges Mercadal, ancien vice-président de la Commission nationale du débat public. C'est à mon avis plus équilibré. On a déjà eu plusieurs réunions ces dernières semaines et nous avons très envie que cela fonctionne !

27QUELLE FORME CE DÉBAT VA-T-IL PRENDRE ?

28Il va y avoir un débat citoyen au parlement avec 115 personnes qui vont s'organiser en groupes de travail autour de différentes questions. La véritable réunion de lancement se déroulera jeudi 13 décembre. Au sein du comité de pilotage, nous avons déjà discuté d'une charte qui, je l'espère, sera adoptée.

29Il y aura également : un conseil national composé de 7 collèges de 16 personnes ; un comité d'experts présidé par Alain Grandjean.

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30J'espère d'ailleurs que B. Laponche et T. Salomon en feront partie. Il faut vraiment que des gens de tous bords puissent s'exprimer !

31LORS DE CE DÉBAT, NE PENSEZ-VOUS PAS QU'IL FAUDRAIT INTRODUIRE LA MISE EN PLACE D'UNE CONTRIBUTION CLIMAT-ÉNERGIE QUI RELIERAIT CRISE CLIMATIQUE ET QUESTION FISCALE ? ET SI OUI, SELON QUELLES MODALITÉS NATIONALES ET EUROPÉENNES ?

32Je suis effectivement convaincu, comme le sont en général les économistes qui s'intéressent au lien climat-énergie, qu'il faut donner un prix significatif au carbone si nous voulons lutter efficacement contre le réchauffement climatique. C'est un des points que nous mettons en avant dans l'avis du CESE dont j'ai été co-rapporteur avec Catherine Tissot Colle. Il faut néanmoins un mécanisme qui préserve la compétitivité des entreprises françaises ; il faut, par ailleurs, garder à l'esprit la nécessité de protéger les ménages contre des hausses excessives et de lutter contre la précarité énergétique.

33Sur le plan national, probablement faudrait-il relancer les discussions sur la contribution climat-énergie et j'espère que le groupe « Fiscalité écologique » apportera des propositions intéressantes. Sur le plan européen, je pense qu'il faudrait promouvoir un mécanisme d'ajustement aux frontières.

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Jean Jouzel, climatologue mondialement reconnu qui vient de recevoir, avec sa collègue chimiste américaine Susan Solomon, le prix Vetlesen – l'équivalent du Nobel pour les sciences de la Terre et de l'univers –, est aussi profondément engagé dans la lutte contre le réchauffement climatique : que ce soit au sein du GIEC (Groupe d'experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat) depuis plus de vingt ans ; ou plus récemment au sein du comité de pilotage du débat national sur la transition énergétique. L'organisation et la mise en place d'une véritable transition énergétique vers des énergies renouvelables et la sobriété énergétique constituent selon lui des nécessités pour limiter les effets du réchauffement climatique, dans des proportions auxquelles nos sociétés sauront s'adapter. Le temps presse et la porte est étroite, mais il n'est pas encore trop tard.

Entretien avec 
Jean Jouzel
Propos recueillis par 
Emmanuel Dessendier
Propos recueillis par 
Élise Lowy
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Mis en ligne sur Cairn.info le 01/12/2017
https://doi.org/10.3917/ecorev.040.0036
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