Au cours de la décennie passée, le rôle et la présence de la Chine sur le continent africain se sont développés si remarquablement que certains ont décrit l’Afrique comme le « deuxième continent chinois ». Première partenaire économique et commerciale, bailleresse de fonds et bâtisseuse d’infrastructures, la Chine a également renforcé sa présence sécuritaire, notamment avec la mise en place de programmes d’assistance et l’établissement de sa toute première base navale à Djibouti en 2017.
Au-delà du simple constat de l’extension des domaines d’activités chinoises en Afrique, que sait-on de la place de l’Afrique dans la stratégie chinoise ? Une telle stratégie existe-t-elle ? Par commodité de langage, les observateurs extérieurs qualifient parfois les initiatives chinoises de « stratégie ». Or, les Livres blancs et autres documents officiels, de même que les décisions adoptées par le Forum sur la coopération Chine-Afrique (Focac), la principale plate-forme utilisée depuis vingt ans pour encadrer les relations entre la Chine et les pays africains, ne constituent pas, en soi, une stratégie. L’opacité inhérente à la direction politique de l’État-parti chinois empêche d’établir de façon définitive l’existence même d’un tel plan, de ses composantes ou de sa finalité. Toutefois, une étude approfondie des analyses émanant des cercles intellectuels au service du processus décisionnel chinois peut offrir un aperçu des discussions internes liées à la stratégie africaine de la Chine. C’est l’objet d’une étude publiée récemment aux États-Unis, sur la base de laquelle cet article se fond…