La crise dite anglophone au Cameroun n’est plus simplement une affaire intérieure. L’alliance entre insurgés nigérians du delta du Niger (IPOB) et séparatistes camerounais des deux régions anglophones, implique des opérations conjointes et des bases d’entraînements. C’est une vulnérabilité de plus dans cette région déjà fragilisée par Boko Haram.
Le 16 septembre 2021, 15 soldats perdent la vie dans le département du Bui (Nord-Ouest du Cameroun). Le 22 septembre 2021, Joseph Beti Assomo, ministre camerounais de la Défense, confirme que « la menace dans cette région et celle du Sud-Ouest est entretenue par des forces extérieures ». Munis de lance-roquettes antichar et de fusils d’assaut (Kalachnikov), les séparatistes attaquent désormais les brigades de gendarmerie et les convois de l’armée. La jonction tant redoutée entre séparatistes camerounais et insurgés nigérians du delta du Niger, devenue effective, annonce indubitablement un changement de regard autour de la crise dite anglophone.
Protectorat allemand de 1884 à 1916, le Cameroun est confié après la Première Guerre mondiale, et sous mandat (SDN), à la double administration française (425 000 km2) et britannique (53 000 km2). Après la Seconde Guerre mondiale, le mandat est transformé en tutelle par l’ONU. Lorsque le Cameroun francophone accède à l’indépendance le 1er janvier 1960, la situation est confuse dans la zone anglophone. Les négociations entre les deux entités aboutissent au référendum du 1er octobre 1961, et à la création d’une fédération à deux États : le Cameroun oriental (francophone) et le Cameroun occidental (anglophone)…