Au cours des vingt dernières années, la lutte contre le terrorisme est devenue l’un des thèmes récurrents de la coopération, sinon de l’alliance entre l’Europe et les États-Unis. L’invocation par le Conseil de l’Atlantique Nord, au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, de l’article 5 du Traité de Washington, pour la première fois de l’histoire de l’Alliance, devait en effet inaugurer deux décennies au cours desquelles la solidarité transatlantique serait jaugée en grande partie à l’aune des avancées en matière d’antiterrorisme.
Le sens de cette relation a cependant évolué et tendu à s’inverser au fil du temps. Au cours de la première décennie, les efforts des Européens visaient avant tout à satisfaire les demandes américaines, et à donner des gages de solidarité, que ce soit dans la coopération en matière de renseignement ou par la contribution européenne aux grandes opérations américaines de « guerre contre le terrorisme » en Afghanistan et en Irak. À partir de 2011, en revanche, alors même que sous l’influence de Barack Obama, l’Amérique amorçait son « pivot » vers l’Asie, ce sont les Européens qui occupèrent de plus en plus une position de demandeurs d’une aide américaine face à une menace terroriste qui s’était rapprochée géographiquement, aussi bien au Levant qu’au Sahel.
Cette asymétrie n’a cessé de se renforcer depuis la chute du califat territorial de Daech et l’adoption d’une posture stratégique américaine désormais presque entièrement tournée vers la compétition stratégique entre puissances, et notamment face à la Chine…