La Conférence d’examen du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP), prévue tous les cinq ans, se déroulera du 24 au 28 janvier 2022 (elle avait dû être reportée en raison de la crise de la Covid). Il est intéressant d’évaluer la position des principales puissances nucléaires signataires du Traité (P5) et, entre alliés, leur solidarité (P3). Cette dernière a contribué de manière essentielle au maintien du TNP, rôle essentiel dans un contexte où entre également en compétition, sur le plan politique, le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN).
Dès l’adoption de la loi McMahon, votée en 1946, les États-Unis affichent une volonté de contrôler les technologies nucléaires pour éviter la prolifération des usages militaires de l’atome. Cet objectif est perçu avec défiance en Europe, dans un contexte d’ambitions fortes de développer le secteur nucléaire à des fins civiles, mais aussi militaires. La lancée du programme Atoms for Peace, à partir de 1953, atténue les craintes des Européens sur la volonté américaine de restreindre l’accès au nucléaire. Pour autant, la diffusion de technologies civiles dans les années 1950, dont certaines sont détournées pour acquérir des matières à usage militaire, ne fait que renforcer les Américains dans leur volonté de lutter contre la prolifération des technologies sensibles. Au niveau normatif, cela se traduit par les efforts diplomatiques menés conjointement avec Moscou pour négocier le TNP, signé en 1968 et le traité d’interdiction partielle des essais nucléaires (1963)…