L’école géographique française a longtemps fait des envieux. Ce fut elle qui accompagna le baron Haussmann dans le réaménagement de Paris sous Napoléon III. Ce fut elle, encore, qui permit à nos états-majors de manœuvrer avec parfois plus de clarté que l’adversaire pendant la Première Guerre mondiale. La seconde partie du XXe siècle est également marquée par des avancées notables émanant notamment de l’Institut géographique national avec le programme Spot (satellite pour l’observation de la Terre) en partenariat avec le Centre national d’études spatiales (Cnes) et des industriels de la filière spatiale ou en 2006 avec le portail web public Géoportail permettant l’accès à des services de recherche et de visualisation de données géographiques ou géolocalisées. Mais les géographes hexagonaux ne vont pas aussi loin que leurs collègues américains qui opèrent une convergence de la géographie avec les domaines de l’informatique, de la statistique et du renseignement dès les années 1960. Le résultat en est que les grands logiciels géographiques utilisés par nos ministères régaliens aujourd’hui viennent de Californie pour la plupart – ArcGIS (ESRI), Google Maps, les visualisations Mapbox, etc.
S’il faut saluer ces entreprises pour leur créativité, une approche plus souveraine et plus européenne semble désormais indispensable, d’autant que l’intelligence artificielle (IA) rebat actuellement les cartes de la géographie numérique – la précision cartographique et la rapidité permises par l’automatisation jouent un rôle exponentiel dans le gain d’efficacité opérationnelle d’une action militaire contemporaine…