En 1945, malgré la Libération et la victoire, les rapports franco-britanniques n’étaient pas bons : sans parler des souvenirs complexes laissés par la guerre, les deux pays s’opposaient violemment en Syrie et au Liban, et les Britanniques avaient très mal pris le pacte franco-soviétique du 10 décembre 1944. Et tandis que les Anglais éprouvaient un sentiment excessif, mais compréhensible de supériorité : eux, ils avaient tenu.
À long terme, la guerre confirma et accusa encore les orientations géopolitiques et même culturelles divergentes des deux pays : pour la Grande-Bretagne, ce serait résolument le Grand large, indépendamment même du Commonwealth. Pour la France ce serait le Continent, ou tout au plus l’Eurafrique. Sur ce point, Vichy et la France libre étaient en fait d’accord. Or, cette divergence va revenir constamment. Sa dernière résurgence, c’est maintenant, avec le Brexit.
Malgré tout, dès l’été 1946 et le durcissement de la politique soviétique, Britanniques et Français entamèrent une phase de rapprochement dont la première étape fut marquée par le traité de Dunkerque du 4 mars 1947, alliance contre une résurgence éventuelle du danger allemand, mais surtout, en fait, contre l’URSS.
Le « coup de Prague » du 25 février 1948 accéléra cette évolution. De ce fait, les conversations franco-britanniques sur la sécurité de l’Europe occidentale s’accélérèrent et aboutirent, le 17 mars 1948, au pacte de Bruxelles, conclu entre la Grande-Bretagne, la France et les trois pays du Benelux…