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2 Dès lors, l’approche de l’auteur est double. D’une part, il s’attache à caractériser au mieux le phénomène de criminalité maritime, en développant la notion théorique de « thalassocratie criminelle » (d’où le sous-titre de l’ouvrage) : la mer étant un « miroir de puissance », les acteurs illicites l’utilisent comme levier pour étendre leur logique de maîtrise du territoire à la continuité terre-mer. L’ancien chef du service de police judiciaire de la mer déploie ainsi une analyse comparative très pertinente entre le modèle de la criminalité et la géoéconomie portuaire, montrant comment le monde maritime présente malgré lui un terrain d’expansion naturel pour le crime (liberté de naviguer, chaîne de production complexe, possibilité de dissimulation du flux illicite dans un système licite, enjeu financier important). D’autre part, le colonel Manet s’attache à identifier les meilleurs moyens de riposte, qui sont par définition à concevoir à l’échelle mondiale. Dans ce volet de son propos, on trouve notamment une mise en perspective de l’action de la gendarmerie maritime – ce « trait d’union entre terre et mer » – ainsi qu’un panorama très complet de la sûreté maritime et portuaire. La spécificité de l’action judiciaire en mer y est par ailleurs largement mise en avant. Sans surprise, l’auteur conclut par un appel à une convergence de l’action des acteurs étatiques et privés pour mettre en échec la criminalité organisée agissant sur et par l’océan.
3 On appréciera l’approche pédagogique de l’essai, qui utilise de fréquents encadrés pour préciser certaines notions ou les rôles des acteurs nationaux et internationaux. Préfacé par le chef d’état-major de la Marine et par le directeur général de la Gendarmerie nationale, Le Crime en bleu constitue en particulier un excellent ouvrage pour qui veut comprendre l’organisation française de l’action de l’État en mer, qui brille par sa singularité.