CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1 Premier contact avec le film, la musique de Joseph Kosma est une marche militaire. Le rythme des tambours donne le ton, mais les harmonies des vents et violons sont en mode mineur. Le spectateur est averti : le récit sera une tragédie. Réalisé en 1936, le film se veut perfection : La Grande illusion est aussi une certaine idée du cinéma français. Nous devons cette œuvre intégrale à Jean Renoir.

L’affiche du film à sa sortie en France en juin 1937. Il est reprogrammé en salles à la Libération en septembre 1944.

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L’affiche du film à sa sortie en France en juin 1937. Il est reprogrammé en salles à la Libération en septembre 1944.

2 Miroir de l’histoire, La Grande illusion est tout à la fois un film politique et une fresque sociologique. C’est un film de guerre, un film à suspense et un film d’action alors qu’il n’y a jamais de scènes de combat. Quelques coups de feu épars seulement ! Le film est une lecture de la psychologie humaine et, tout autant, une certaine vision de la France et de l’Europe. L’action se situe en 1916 en Allemagne. Le scénario est inspiré de l’expérience vécue par Jean Renoir durant le conflit. Fils du peintre Pierre-Auguste, le sous-lieutenant Renoir est affecté à vingt ans au 6e Bataillon de chasseurs alpins dans les Vosges. Le 27 avril 1915, il est blessé au combat. Une citation nous dresse son portrait sous l’uniforme : « Officier extrêmement courageux et de très belle tenue au feu. S’est dépensé sans compter dans l’organisation défensive d’une position. » Il rejoint l’aviation, devient pilote. Affecté à l’escadrille C64, une formation de reconnaissance sur Caudron, il côtoie aussi les officiers de cavalerie et, parmi les aviateurs, Armand Pinsard, officier sorti du rang. Aux commandes de son Spad, l’As lui sauve la vie en repoussant la chasse allemande qui s’en prenait à son Caudron, lourd et peu manœuvrant. Jean Renoir le retrouve après-guerre alors qu’il est devenu colonel. Prisonnier à sept reprises, sept évasions, son parcours inspire le film. Charles Spaak coécrit avec lui le scénario. Le script est confié à la jeune Françoise Giroud. Les trois premières scènes, les seules de l’univers aéronautique, s’avèrent fidèles au quotidien des aviateurs. Dans son autobiographie, Ma Vie et mes films, Jean Renoir écrit : « Je suis allé jusqu’à demander à Gabin de porter ma propre tunique d’aviateur que j’avais gardée après avoir été démobilisé. En même temps, je n’hésitai pas à renforcer certains points d’une manière fantaisiste afin d’en augmenter l’effet, par exemple l’uniforme de Stroheim. Son rôle insignifiant au départ, avait été décuplé à son usage, car je craignais que vis-à-vis de la masse que lui opposaient Gabin et Fresnay, son personnage ne manqua de poids. »

3 Un enchaînement de petites victoires, de revers et d’espoirs déçus, la musique de Joseph Kosma aux accents hongrois et tchèques entrecoupée d’airs populaires, quelques répliques souriantes, des personnages campés par de très grands acteurs, un tournage en décors véritables, tels sont les ingrédients de La Grande illusion, l’un des plus grands films de cinéma, s’accordent à penser les cinéphiles. Le film, « autre réalité de la guerre », garde toute son actualité, un siècle après les événements.

Une pièce en trois actes

Acte 1 - L’Oflag, une France en miniature

4 Lors d’un vol de reconnaissance, le capitaine de Boëldieu (Pierre Fresnay) et le lieutenant Maréchal (Jean Gabin) sont abattus par le commandant von Rauffenstein (Erich von Stroheim). Faits prisonniers, ils sont transférés dans un Oflag (pour le film, c’est une caserne à Colmar). Ils partagent leur chambrée avec le lieutenant Rosenthal (Marcel Dalio) qui est issu d’une famille juive de banquiers, un acteur de music-hall (Carette) qui joue son propre rôle, un ingénieur du cadastre et un instituteur passionné par le poète Pindare. Ils creusent un tunnel sous leur baraquement pour s’évader. Mais le jour prévu de l’évasion, ils sont transférés dans un autre camp.

Acte 2 - La forteresse

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Le château du Haut-Kœnigsbourg a servi de forteresse à un huis clos regroupant le capitaine de Boëldieu et les lieutenants Maréchal et Rosenthal, sous le commandement de von Rauffenstein. PWG.

5 Après plusieurs tentatives d’évasions, Boëldieu et Maréchal sont transférés à la forteresse de Wintersborn (en vrai, le château du Haut-Kœnigsbourg en Alsace). Dans ce lieu coupé du monde, ils retrouvent Rauffenstein qui en assure le commandement et Rosenthal. Gravement blessé, diminué, l’officier allemand se réjouit de retrouver Boëldieu qu’il traite avec égards, élevant la solidarité de caste jusqu’à dépasser les frontières. Une nouvelle évasion se prépare : traverser l’Allemagne et rejoindre la Suisse. Pour couvrir leur fuite, Boëldieu décide de se sacrifier. Une nuit, il organise un chahut général. Au rassemblement des prisonniers dans la cour de la forteresse, Boëldieu manque à l’appel. Depuis le chemin de ronde, il attire l’attention des sentinelles en jouant de la flûte, laissant le terrain libre à ses deux camarades. Rauffenstein le supplie en anglais (le code de langage des deux hommes), mais à regret dégaine, tire et le blesse. Il succombe à ses blessures. Rongé par le remords, von Rauffenstein sait désormais qu’il « n’en aura pas fini de traîner une existence inutile ».

Acte 3 - La fuite

6 C’est presque gagné. Rosenthal et Maréchal ont réussi. Alors qu’ils sont toujours en Allemagne, les deux fugitifs, épuisés et affamés, trouvent refuge dans une ferme. Elle est tenue par Elsa, mère d’une petite fille qu’elle élève seule, le mari ayant été tué à Verdun, et ses frères à Tannenberg et à Charleroi. Une idylle se noue avec Maréchal. Noël étant passé, il faut repartir. Les deux hommes parviennent à franchir la frontière. Lancement des phrases lyriques de Kosma. Rideau !

Le système de personnages

7 Le récit, initialement centré sur de Boëldieu, Maréchal et Rosenthal, est rééquilibré par la relation spéciale entre l’aristocrate français et son alter ego allemand, le commandant von Rauffenstein. C’est l’enjeu du récit. Les autres personnages qui gravitent autour d’eux (ennumérés page précédente), au fil du récit, disparaissent de l’écran. À la fin, il n’en restera que deux.

8 Le capitaine de Boëldieu, dit « vous à sa mère et vous à sa femme ». Le premier contact nous décrit un officier d’état-major hautain et arrogant, y compris à l’égard des autres officiers. Mais Renoir fait évoluer son personnage. Il partage les repas avec le monde ouvrier, la paysannerie, l’instruction publique. Lors de la construction du tunnel, sur un accent ouest-parisien, il lance : « Ce curieux exercice nous vaudra des mains de terrassier. » Jusqu’à la fin, il pratique le voussoiement. Au fil du récit, les signes d’amitiés deviennent complicité. Aux termes de ce parcours initiatique, il se sacrifie pour Maréchal, l’ouvrier, et pour Rosenthal, le bourgeois juif. Car pour lui, ce sont, avant tout, ses compatriotes, des officiers et « d’excellents soldats ». Ils sont aussi la France.

9 Maréchal, le pilote, revendique son statut ouvrier. Il en éprouve de la fierté. Oh ! Bien sûr, il ne fréquente pas le Fouquet’s, mais, de son 20e à Paris, suit la mode des Parisiennes, se passionne pour le Tour de France et fréquente les petits bistrots, « où, il y a du bon pinard ». Il incarne la culture populaire d’une certaine élite ouvrière. Face aux événements de la guerre, il est tout d’émotion. À l’annonce de la reprise de Douaumont, il défie les Allemands en attaquant une Marseillaise, pourtant streing verbotten. Toujours dans l’affect, il tranche avec le stoïcisme de Boëldieu, au point d’hésiter jusqu’à la dernière seconde à fuir de la forteresse, conscient de son sacrifice.

10 Junker bismarckien d’un autre siècle, von Rauffenstein appartient à la haute société. L’avant-guerre racontée avec nostalgie nous apprend qu’il se rendait aux rendez-vous mondains de Paris où il croisait l’univers de Boëldieu. Raffiné, cultivé, il parle tout aussi bien français qu’anglais. Il combat dans l’aviation, comme le très réel comte Manfred von Richthofen. Miroir germanique du capitaine français, c’est un esprit a priori froid et cynique, le Français s’inscrivant dans une légèreté toute voltairienne. Pourtant, malgré les apparences, c’est un extra-verti. Il livre ses sentiments à Boëldieu : cette guerre va balayer les aristocraties. Il est vrai qu’elle entraîne la disparition des empires centraux : Allemagne, Autriche, Russie.

La Grande illusion : une sociologie et une géopolitique

11 Dans cette fresque, les officiers anglais, le lieutenant Rosenthal, et enfin les militaires allemands font l’objet d’une représentation qui a fait débat dans les écrits sur le film. Il est vrai que Renoir se joue, dans la première partie, de tous les clichés, pour se concentrer par la suite sur le bon côté de la nature humaine.

Une conversation pour l’histoire européenne du siècle

Dans la grande salle de la forteresse, von Rauffenstein reçoit Boëldieu. Cette scène est centrale. Elle est attendue depuis la première rencontre des deux personnages. La musique de Joseph Kosma est lancée pour faire monter l’intensité dramatique de ce moment unique de cinéma. Les deux hommes sont face à face dans l’embrasure d’une fenêtre. La conversation s’engage.
Von Rauffenstein : « Boëldieu, je vais vous dire quelque chose. Croyez bien que le métier que je fais à présent me répugne profondément autant qu’à vous.
Boëldieu : « Vous êtes sévère.
Rauffenstein : « J’étais un combattant, et maintenant, je suis un fonctionnaire, un policier. C’est le seul moyen qu’il me reste pour me donner l’air de servir ma patrie. La colonne fracturée en deux endroits. Ressoudée. Une plaque d’argent. La rotule du genou est en argent aussi (petit sourire). Les malheurs de la guerre m’ont apporté ces richesses.
Boëldieu : « Me permettez-vous une question ?
Rauffenstein : « Naturellement.
Boëldieu : « Pourquoi avez-vous fait pour moi une exception en me recevant chez vous ?
Raffenstein (se dresse) : « Pourquoi ? Parce que vous vous appelez Boëldieu, officier de carrière de l’armée française, et moi von Raffenstein, officier de carrière dans l’armée impériale allemande.
Boëldieu : « Mais, mes camarades sont aussi des officiers.
Rauffenstein : « Un Maréchal et un Rosenthal… officiers ?
Boëldieu : « Ils sont de très bons soldats.
Rauffenstein : « Oui ! Joli cadeau de la révolution française.
Boëldieu : « Je crains que, que vous ni moi, ne puissions rien pour empêcher la marche du temps.
Rauffenstein (solennel) : « Je ne sais pas qui va gagner cette guerre, mais je sais une chose. La fin, quelle qu’elle soit, sera la fin des Rauffenstein et des Boëldieu.
Boëldieu : « On n’a peut-être plus besoin de nous.
Rauffenstein : « Et vous ne trouvez pas que c’est dommage.
Boëldieu (sur un air pensif, le regard tourné vers le hors-champ) : « Peut-être. »

Les soldats britanniques

12 Lorsque les officiers anglais arrivent à l’Oflag, des raquettes de tennis, bien visibles, sont fixées à leur paquetage. Curieux accessoire pour faire la guerre. Leur virilité est remise en cause : ils sont les travestis du spectacle des prisonniers. Signe d’affection et de camaraderie à l’égard de la France : à l’annonce de la reprise de Douaumont, sans hésitation, ils entonnent une Marseillaise à la face des officiers allemands. Mais, comment expliquer que Boëldieu, qui maîtrise l’anglais (code aristocratique qu’il partage avec Rauffenstein) ait hésité à leur livrer le secret du tunnel ? Ne parlant aucun mot d’anglais, Maréchal se risque vers un colonel. L’accueil hautain de l’officier, qui ne parle pas français, ne serait-il pas le reflet d’une incompréhension entre les deux peuples ? La solidité de l’alliance franco-britannique est remise en cause. En une séquence, Renoir nous dresse la géopolitique européenne d’autant que les Russes, amicaux, sont présentés dans des échanges d’amabilité avec les Français.

Le lieutenant Rosenthal

13 Façonné par Renoir, le rôle viendrait servir la cause antisémite. Dans un pays, où l’on n’aime pas les riches, il provient d’une grande fortune. La sincérité de son patriotisme est ambiguë : il avoue se battre pour défendre le patrimoine familial. Au front, artilleur, il n’est pas tout à fait en première ligne. L’arme était mal vue des hommes des tranchés, plus exposés, même s’il fut démontré le contraire par l’action des contrebatteries. Qui plus est, les tirs fratricides étaient fréquents. Reste que nombre de familles faisaient intervenir un parlementaire pour demander cette affectation. L’artillerie avait la réputation d’être l’arme de ceux qui avaient des relations. Son cosmopolitisme est assumé. Des parents polonais et danois, il maîtrise l’allemand et porte une veste slave indiquant des origines Est européennes. Renoir efface tout cela vite. Généreux, son personnage partage ses colis, y compris avec les soldats allemands. Il ne peut retenir ses larmes au retour de cellule de Maréchal. La séquence scelle leur amitié. Désormais, Rosenthal n’est motivé que par la reprise du combat et par son amitié qui le lie à Maréchal. Ouvert d’esprit, il construit la crèche de Noël de la petite Lotte, occasion d’un rappel sur les origines du Christ.

Les soldats Allemands

14 Un prisonnier français s’étonne de « la stupéfiante honnêteté » de ses geôliers. Exagérément courtois, ils sont dans l’application stricte du règlement. Les Français sont traités avec les égards dus à leur rang d’officiers. Beaucoup parlent français (à la différence des Anglais). Ils admirent Paris pour ses bons souvenirs. Rauffenstein « rend hommage à leur courage patriotique ». Dans la dernière séquence, les garde-frontières cessent le feu dès que les deux fuyards ont franchi la frontière. « Das ist besser für sie. » s’écrit la sentinelle. En 1958, Jean Renoir avait interprété 14-18 comme une guerre de gentlemen, même si cela n’excuse ni les crimes, ni les massacres.

Patriotisme, humanisme, les valeurs de Jean Renoir

15 Le film sort en 1937. Les périls montent. Marc Ferro se penche sur ces facettes de La Grande illusion dans son livre Cinéma et Histoire. Par la présentation des Allemands, il estime que le film ait pu être une invitation à la Collaboration. Le film fut diversement apprécié. Hitler, Goebbels, Mussolini ont détesté que Rosenthal soit sympathique et généreux. Les séquences le mettant en scène ont été retirées de la version allemande. Le film est projeté à la Maison-Blanche. Aux États-Unis, c’est un triomphe. De part et d’autres du Rhin, on partage toutefois la même gêne au sujet de la liaison entre Elsa, la fermière allemande, et Maréchal, l’ouvrier français. En 1946, la projection du film en France est amputée de cette séquence.

16 D’autres ont pointé l’élitisme du récit. Il est vrai que les aviateurs posant avec leur machine donnent l’image d’une autre guerre, celle des chevaliers du ciel. D’ailleurs, ils occupent auprès de l’arrière la place qui serait celle des super-héros d’aujourd’hui. Mais, un film est d’abord le vecteur d’un message porté par une esthétique. Pour se figurer l’enfer des tranchées, il y a Les Croix de bois (1932) de Raymond Bernard ou À l’Ouest, rien de nouveau (1930) de Lewis Milestone, films de guerre exigeant pour le spectateur. La Grande illusion concentre le message. Pacifique ou pacifiste, le film prône en toutes circonstances les valeurs du patriotisme qui dépasse les barrières sociales et religieuses qui traversent le pays, jusqu’au sacrifice. À aucun moment, Boëldieu ne se compromet. Il exige le même traitement que ses camarades. « Français ou Allemands, le devoir, c’est le devoir » sont les derniers mots du héros avant la mort. Les infirmités de Rauffenstein, la mort théâtrale de Boëldieu (quasiment un suicide), le silence pesant de la ferme d’Elsa au départ des deux fugitifs : tout cela vient en creux rappeler les horreurs de la guerre. Il en est de même pour Maréchal. La blessure au bras est vite cicatrisée. Sa gouaille et sa débrouillardise semblent pouvoir toujours l’emporter. Mais, ce n’est rien à côté des souffrances psychologiques qu’il doit surmonter et qui travaillent ses fragilités. Le spectateur des années 1930 connaît bien ces réalités. Elles sont vécues dans les foyers, dans les rues en croisant les estropiés, partout où les monuments aux morts entretiennent la mémoire. Renoir s’offre même une parenthèse, un message d’émancipation de l’Afrique : « La justice poursuivant le crime » tel est le titre du dessin que nous expose l’officier sénégalais (Habib Benglia) qui partage leur sort en forteresse.

Une lecture du film pour le XXIe siècle

17 La Grande illusion peut se lire comme l’espoir d’un monde animé, enfin, par les valeurs humanistes. Son impact est décalé dans le temps. Il ne parviendra pas à changer le cours des événements, ni à prévenir les haines et les crimes de la guerre suivante. Devant l’invasion nazie, Renoir, Gabin, Dalio, von Stroheim se réfugient aux États-Unis. Itkine, qui joue le rôle d’un prisonnier, rejoindra la résistance. Arrêté par la Gestapo en 1944, il est fusillé. Le film n’a pas eu de suite… ; sauf peut-être, en 1973, Les Aventures de Rabbi Jacob. Gérard Oury en faisant jouer Dalio fait lien avec notre contemporain en lui confiant le rôle-titre du film. Dans cette comédie bondissante, le message humaniste, pour beaucoup inspiré par La Grande illusion, émet de nouvelles espérances, la paix au Moyen-Orient et la cohésion nationale de toutes les composantes du pays sous l’égide de la République.

18 Que dire en 2018 ? À la lecture du film, on perçoit bien que les valeurs de La Grande illusion se retrouvent dans la construction européenne fixée par le Traité de Rome, et plus encore dans le Traité d’amitié franco-allemand de l’Élysée de 1963. Quelque part, le couple Adenauer-De Gaulle semble être une transfiguration bien réelle du dialogue entre Boëldieu et Rauffenstein. La devise de l’Union européenne « Unis dans la diversité » prend à ce stade tout son sens. La projection du film est à recommander dans l’École de France pour appuyer l’enseignement des Lumières nécessaire sur ce nouveau siècle. La dernière réplique donne son titre au film. Avant le dernier bond vers la Suisse, dissimulés dans un fossé enneigé, les deux soldats se saluent. Maréchal veut rejoindre son escadrille et Rosenthal sa batterie. Évoquant la Der des Ders, Maréchal lance : « Faut bien la finir cette putain de guerre, en espérant que c’est la dernière. » Rosenthal lui répond : « Ah ! Tu te fais des illusions ! »

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Le film en projection dans la cour d’honneur des Invalides, au musée de l’armée, une initiative de la Mission du centenaire avec la mairie du VIIe arrondissement de Paris. À l’affiche, Erich von Stroheim dans le rôle de Rauffenstein et Jean Gabin, dans celui du lieutenant Maréchal.
Français

La Grande illusion n’est pas qu’un film sur des prisonniers de guerre français cherchant à s’évader d’un Oflag (camps destinés aux officiers). C’est aussi un moment intense où l’Histoire se confronte à la fiction et participe à l’épopée de ce film dont les lectures ont évolué depuis son tournage en 1937. La Grande illusion est bien le symbole d’une certaine Europe.

Éléments de bibliographie

  • Jean-Renoir : Ma vie et mes films ; Champs Arts, Flammarion, 1974, réédition 2005.
  • Marc Ferro : Cinéma et Histoire ; Folio Histoire, 1993.
  • Olivier Curchod : La Grande illusion - Jean-Renoir (étude critique, synopsis) ; Nathan, 1994.
  • Bernard Chardère : Les dialogues cultes du cinéma français ; Larousse, 2004.
  • Stéphane Launey : « Jean Renoir sous l’uniforme. Aspect militaire de la vie du cinéaste », Revue historique des Armées, juin 2010.
  • La Grande illusion de Jean Renoir, DVD Studio Canal.
Philippe Wodka-Gallien
Auditeur de l’Institut des hautes études de défense nationale (HEDN), session nationale « Armement et économie de défense », 2010-2011.
Mis en ligne sur Cairn.info le 17/02/2020
https://doi.org/10.3917/rdna.814.0063
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