1 Renault Trucks Defense fêtera cette année le centenaire du char FT17, exemple de réactivité face aux besoins opérationnels, représentant l’esprit du Feu Sacré, que l’on devrait retrouver dans les périodes de tension actuelles.
2 L’une des problématiques des forces aujourd’hui est de remplir des missions de plus en plus nombreuses et diversifiées avec des parcs vieillissants, et demain des flottes réduites par le coût d’acquisition des engins de combat modernes. Seul un haut niveau de disponibilité opérationnelle peut permettre de résoudre une telle équation.
3 Le maintien en condition opérationnelle (MCO) est bien un facteur dimensionnant de la supériorité opérationnelle redéfinie dans le document Action terrestre future - Demain se gagne aujourd’hui, diffusé en septembre 2016 par le général d’armée Jean-Pierre Bosser, chef d’état-major de l’Armée de terre.
4 Une coopération étroite devra inspirer le couple étatique-industriel avant, pendant et après Scorpion. L’industriel devra ainsi faire preuve d’une grande adaptabilité en vue d’atteindre une disponibilité technique opérationnelle (DTO) maximale, signe d’un MCO satisfaisant, à coût maîtrisé.
5 Il est donc légitime de se demander comment l’industriel peut s’adapter pour répondre de plus en plus rapidement, efficacement et au moindre coût à la complexité croissante rencontrée par l’acteur étatique dans le défi de sa modernisation.
6 C’est par une créativité sans faille dans l’accompagnement des différentes phases de la modernisation et un esprit d’anticipation dans la recherche de solutions innovantes de soutien, tant techniques que contractuelles, que l’industriel pourra adapter le MCO aux exigences opérationnelles et budgétaires d’aujourd’hui et de demain.
7 Pour le montrer, il convient d’évoquer le contexte de l’entrée de Scorpion en service, puis les mesures prises par Renault Trucks Defense pour assurer le MCO des années à venir et enfin le choix déterminé de l’innovation dans le soutien.
En attendant Scorpion, s’adapter à la fin de l’ère du VAB
8 Alors que les premiers engins du programme Scorpion doivent arriver dans quelques mois, l’industriel doit faire face aujourd’hui à une diversité croissante de l’environnement opérationnel et à l’importante longévité des matériels qui complexifie et accélère le défi de la DTO.
9 En effet, les opérations et les missions sont de plus en plus diversifiées et les besoins évoluent à un rythme croissant et accéléré affectant durement des équipements souvent anciens.
10 Parfois obsolètes – devant de nouvelles menaces, IED par exemple – ils sont modernisés et rendus aptes à leurs nouvelles missions par la réponse aux urgences opérationnelles (UO) qui leur donnent de nouvelles capacités tactiques ou de protection.
Usure accrue des équipements
11 En outre, alors que pendant la guerre froide un VAB faisait 5 000 km par an, aujourd’hui ce sont 50 000 km qui sont parcourus par les mêmes véhicules, avec l’usure anormalement élevée des trains de roulement des véhicules et de nombreuses interventions techniques.
12 Par ailleurs les types de missions évoluent. Les P4 étant hors d’âge et les missions sur le territoire national ayant connu une brusque accélération, il a fallu les remplacer d’urgence, défi auquel Renault Trucks Defense a répondu en quelques mois, avec le véhicule léger tactique polyvalent non protégé (VLTP NP), à hauteur de 4 700 véhicules.
La problématique du soutien
13 En effet, il faut à la fois sortir de l’ère du VAB, comme d’ailleurs du VBL et du GBC 180 tout en réalisant de nombreuses opérations de rénovation qui permettent d’attendre l’arrivée de nouvelles générations de matériels, en maintenant la DTO à un niveau acceptable. C’est ce que fait RTD dans ses usines de Limoges, de Fourchambault, de Marolles-en-Hurepoix et de Saint-Nazaire grâce à des contrats adaptés permettant de réaliser les réparations ou régénération strictement nécessaires.
14 Par ailleurs, parallèlement à cet effort sur le MCO des matériels anciens, nous nous efforçons d’intégrer, dès l’acquisition, le MCO au contrat. Ainsi, le VLTP NP bénéficie-t-il de quatorze ans de soutien forfaitaire, pour 95 % de DTO garantie.
15 Enfin, s’il est crucial de maintenir des compétences au profit de l’institution militaire, dans un contexte de raréfaction de la ressource humaine, il est indispensable de lui proposer de nouvelles solutions de formation. Pour exemple, la formation des maintenanciers au diagnostic de systèmes complexes.
Diversité et complexité croissantes
16 L’industriel de l’armement est donc bien confronté à une diversité et à une complexité croissantes dans le domaine du soutien et se bat au quotidien pour maintenir la DTO des parcs de véhicules anciens le plus près possible des standards, tout en intégrant progressivement le MCO aux contrats d’acquisition. Comment pourra-t-il optimiser sa réactivité face aux besoins opérationnels de demain ?
Demain, le MCO adapté à Scorpion…
17 Demain, l’industriel de l’armement terrestre devra offrir aux unités dotées des engins Scorpion un MCO rapide et direct, tout en le faisant évoluer vers des solutions contractuelles renouvelées, en liaison avec les autorités institutionnelles.
18 L’entreprise entretient un lien étroit et permanent avec les services de la DGA en particulier, mais aussi de l’État-major des armées (division Cohérence capacitaire…) et de l’Armée de terre, sous-chefferie Plans et programmes de l’EMAT, section technique de l’Armée de terre (STAT), Structure intégrée du maintien en condition des matériels terrestres (SIMMT) et bien d’autres.
Un nouveau type de contrat
19 Cette relation privilégiée est le gage d’un recueil d’informations adapté et en temps réel, d’où l’on tire une connaissance fiable des préoccupations de l’institution Défense. D’où le MCO intégré au contrat dans une nouvelle formule de coût de soutien forfaitaire et une organisation bien anticipée pour un soutien de plus en plus direct et centralisé. En effet, Renault Trucks Defense est chargé par contrat de la logistique de toutes les pièces de rechange – stockage, approvisionnement – du programme Scorpion et de leur acheminement dans des délais contractuels très courts vers les unités demandeuses. Il y a donc un circuit de plus en plus court de cet aspect du soutien comparé à ce qui se fait habituellement.
Un soutien centralisé, une base dédiée
20 À cet effet l’entreprise a repris, en liaison avec l’État et la Communauté de communes de Nevers l’ancienne base de soutien du matériel de Fourchambault, il y a maintenant dix ans. Ce site se prépare à devenir la base unique du soutien pour les véhicules et les éléments communs de Scorpion, tourelleaux télé-opérés en particulier.
21 Cette base – actuellement dédiée à la rénovation des VAB en vue de maintenir leur DTO en attendant Scorpion – est d’ores et déjà l’un des fleurons du soutien de ce programme, grâce à des investissements significatifs.
22 Qu’en est-il du futur et de l’après-Scorpion ?
La recherche et l’innovation en vue du soutien
23 C’est par une recherche active en vue d’un soutien à la fois simple, moderne et pro-actif que l’industriel de l’armement terrestre préparera l’après-Scorpion, avec deux directions d’efforts, les contrats et l’innovation. Nous préparons aussi, dès le développement des futurs produits, la capacité à garantir la maintenabilité des matériels et la maîtrise des coûts de soutien, par la simplicité de la conception et la modularité des produits. Par ailleurs, nous savons modéliser un système de soutien pour respecter un engagement de disponibilité technique opérationnelle (DTO) ; dimensionnement de stocks, flux logistiques…
Maîtrise des coûts du soutien
24 Il s’agira de contrats adaptables en fonction des ressources du client, garantissant un niveau suffisant de visibilité à l’industriel, définissant une charge minimale nécessaire à la viabilité du contrat et un maximum respectant l’économie générale du marché.
25 Entre ces deux seuils, une « loi de passage », définissant un scénario de montée en puissance et adaptée au bassin d’emploi (recrutement, formation) sera établie. Nous avons par ailleurs une capacité à intervenir auprès du client pour résoudre un fait technique, grâce à des équipes d’experts, des diagnostics, une hotline client, des outils à la pointe de la technologie, au service de la réactivité.
La réalité virtuelle au service de la DTO
26 En effet, un nouveau système de « e-soutien », qui a fait l’objet de l’ETO Prophète, permettra avant tout d’assurer une DTO optimisée en opérations : le Health Usage Monitoring System (HUMS), qui consiste à mettre des capteurs d’usure sur les organes des véhicules, évitera les changements de pièce ou d’organe a priori et permettra de passer de la maintenance préventive à la maintenance prévisionnelle et de proposer ainsi au chef militaire une DTO optimisée.
27 Il s’agit donc bien d’anticiper les besoins, en intégrant aux véhicules des systèmes de détection et de diagnostic dès la conception.
28 Le télé-diagnostic et son corollaire de la maintenance à distance au travers de lunettes connectées, de hotlines liées à des bases de données, permettront de guider le dépannage à distance. L’apport de la réalité virtuelle et de la réalité augmentée aura un impact économique décisif sur la formation des maintenanciers et les actions de maintenance elles-mêmes. Tous ces aspects seront présentés lors du salon Eurosatory 2018.
29 Enfin, de nouvelles technologies, comme celle des imprimantes 3D, contribueront à la gestion des obsolescences en permettant, à terme, la limitation des stocks.
Conclusion
30 En conclusion, face à une diversité croissante des opérations et à l’importante longévité des matériels, qui complexifie et accélère le défi de la réactivité, il est du devoir de l’industriel de maintenir la DTO des parcs existants par de nouveaux types de contrats tout en se préparant à l’arrivée imminente des véhicules Scorpion par une simplification et une centralisation de la logistique. Par ailleurs, il est indispensable de promouvoir le soutien comme objet de la recherche et de l’innovation, et de rechercher de nouvelles formules de contrats de MCO permettant de trouver un équilibre entre les besoins opérationnels et les nécessités économiques de l’entreprise.
