CAIRN.INFO : Matières à réflexion
Les artistes, des travailleurs non productifs dont « leur ouvrage à tous, tel que la déclamation de l’acteur, le débit de l’orateur ou les accords du musicien s’évanouit au moment même qu’il est produit » (Smith A. 1776, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des Nations, livre II, chapitre II).

- 1 - Contexte et problématique

1 Mons, ville moyenne belge en reconversion industrielle, a déposé sa candidature et reçu le titre de capitale européenne de la culture pour 2015. Cette désignation constitue la face médiatisée à l’échelle européenne d’une politique de développement socioéconomique basée sur la culture. Cette politique, initiée au début des années 2000, oscille entre une approche participative, impliquant les communautés et les patrimoines locaux, et une stratégie centralisée de réseaux et de benchmarking.

2 Chaque année depuis 1985, une ou plusieurs villes sont désignées pour un an « capitales européennes de la culture » par l’Union européenne. Ce label amène les territoires élus à développer un programme d’activités et de manifestations culturelles pendant une année, en s’appuyant sur leurs spécificités (situation géographique, patrimoine, histoire, diversité culturelle, etc.). L’obtention de ce titre apparaît comme un défi urbain, au même titre qu’une Exposition universelle ou encore l’organisation de Jeux olympiques. Les enjeux sont bien sûr culturels, mais aussi économiques, sociaux et urbanistiques, un effet d’impulsion durable étant en outre actuellement requis (EDUCATION AND CULTURE DG, 2013 ; RICHARDS et al., 2014). Notons que l’évaluation précise de ces effets s’avère difficile tant par l’absence d’indicateurs pertinents que par la nécessité d’intégrer une analyse d’impact à moyen ou long terme.

3 Après avoir présenté la réalité socioéconomique de Mons (2), l’article distingue l’analyse des diverses stratégies mises en œuvre par la ville au cours des quinze dernières années (3). Ces stratégies de développement instituent la culture comme un des piliers de redéploiement local. Cette diversité nous amène à élaborer deux modèles types de développement par la culture, modèles articulés par des dynamiques socioéconomiques, politiques et spatiales (4). Dans la réalité, les villes et les régions, et notamment Mons, évoluent selon des trajectoires qui oscillent entre ces deux idéaux types (5). L’établissement de ces deux modèles fournit des clefs de compréhension sur les trajectoires suivies et sur leurs conséquences tant sur un plan économique que politique [1].

4 Nous n’aborderons pas dans cet article l’aspect financier de ces modèles de développement : entre Fondation, financement privé, mécénat, financement participatif ou encore « crowdfunding », des instruments originaux sont aujourd’hui mis en place au service de l’un et l’autre modèles et mériteraient en soi une série d’articles approfondis.

- 2 - Mons en quelques données

5 Mons est une ville moyenne de 94 400 habitants (données au 1er janvier 2013), capitale de la province du Hainaut, une des dix provinces belges.

6 Ancien fleuron de l’industrie wallonne, l’économie de la ville repose aujourd’hui essentiellement sur le secteur tertiaire public (santé, administration, enseignement), ainsi que sur les secteurs du commerce, de l’hôtellerie, de la restauration et des cafés (secteur horeca) qui sont les principaux pourvoyeurs d’emplois de la commune. Depuis une dizaine d’années, des entreprises liées aux secteurs des industries culturelles, créatives et technologiques se sont installées à Mons, principalement dans de nouvelles zones d’activités économiques.

7 La ville connaît un grave problème de chômage (le chiffre mensuel de demande d’emploi de mai 2013 était de 19,6 % (FOREM, 2013) et de sous-qualification d’une partie de sa population. À ce titre, elle a profité avec l’ensemble de la province du Hainaut, des fonds structurels européens FEDER et FSE depuis 1994, fonds destinés aux régions en retard de développement par rapport à la moyenne européenne.

8 En tant qu’espace politico-administratif, la commune de Mons intègre depuis la fusion opérée en Belgique en 1977, outre la ville de Mons stricto sensu, dix-huit communes qui composaient avant la fusion ce que l’on appelle encore parfois le « Grand Mons ». Deux identités distinguent aujourd’hui encore Mons-ville intra muros et le Borinage, l’ancienne zone industrielle composée de ces communes périphériques, elles-mêmes relativement hétérogènes les unes par rapport aux autres.

- 3 - Mons, capitale européenne de la culture en 2015

9 Mons constitue un exemple intéressant de ville s’appuyant sur la culture pour son redéploiement socioéconomique. En effet, Mons est, comme Manchester, Bilbao ou Lille, une ville d’ancienne industrialisation caractérisée par un taux de chômage important mais il s’agit cette fois d’une ville moyenne, de moins de 100 000 habitants.

10 Définie comme capitale culturelle de la Wallonie en 2002, elle est consacrée, avec Plzen en république tchèque, capitale européenne de la culture en 2015 sous la bannière « When technology meets culture ».

11 Nous proposons d’exposer comment s’articulent les dynamiques économique, spatiale, liées à l’action publique et à la communauté montoise à divers moments clés de ces quinze dernières années. Cette lecture permet de définir les trajectoires suivies, de vérifier si les dynamiques à l’œuvre tendent à se renforcer les unes les autres et comment elles évoluent.

12 Nous retenons un découpage en quatre phases révélatrices des processus en cours : l’avant candidature au titre de capitale européenne de la culture (ou CEC), « Mons, un projet de ville » (3.1), la période d’élaboration et du dépôt de la candidature « De la candidature à « Mons 2015 », quelles visions stratégiques ? » (3.2), l’obtention officielle du titre en 2010 et le début de la programmation jusqu’en 2012 ou « La construction de la capitale européenne de la culture pour 2015 » (3.3) et enfin, le tournant qui s’est produit à la fin 2012 « De Mons-Borinage 2015 à la Creative Valley » (3.4).

3.1. Mons, un projet de ville

13 En 1978, année importante de la régionalisation en Belgique, un accord entre les bourgmestres [2] des quatre grandes villes de Wallonie avait concédé à Liège le rôle de capitale économique, à Charleroi celui de capitale sociale et à Namur celui de capitale politique. Il a fallu attendre 2002 pour que Mons soit reconnue « capitale culturelle de la Wallonie ». C’est sans doute une étape pour l’obtention future du titre de capitale européenne de la culture et ce fut, en tout cas, un des points de départ des investissements culturels importants qu’a connus la ville.

14 En 2000, la ville de Mons s’était dotée d’un projet de développement au sein duquel la culture occupait une place majeure. Elio DI RUPO, bourgmestre de Mons, rédige en 2004 une note intitulée « Mons 2015, vers un projet de ville, ensemble » qui est la base du Plan de développement communal de 2005 soumis aux autorités régionales wallonnes. Celui-ci se construit sur trois domaines clés : les nouvelles technologies, le tourisme et la culture, avec pour objectif principal de redonner à Mons et à sa région un nouveau départ (MILLER, 2012).

15 Avant même le dépôt de la candidature au titre de CEC, la culture montoise s’était vue valorisée internationalement grâce à la reconnaissance par l’UNESCO de plusieurs trésors culturels, matériels et immatériels dès 1999 : le beffroi (dans l’ensemble des « beffrois de Belgique et de France » en 1999), les minières néolithiques de Spiennes (2000) et la Ducasse rituelle du Doudou [3] (au sein d’un consortium des « Géants et dragons processionnels de Belgique et de France » en 2005). En 2012, quatre sites miniers, dont le Grand Hornu appartenant au Grand Mons, sont également inscrits au patrimoine mondial.

16 Cette vague de labellisation avait été initiée en Belgique dès 1998 par l’inscription des quatre ascenseurs hydrauliques du canal du Centre, proches de Mons, en même temps que les béguinages flamands et la Grand-Place de Bruxelles ainsi que, en 2002, la reconnaissance comme patrimoine immatériel du Carnaval de Binche (ville située à 15 kilomètres de Mons).

17 À côté de la culture, le Plan de développement communal montois se réfère aux nouvelles technologies, des spin-offs universitaires sont attirées sur le Parc scientifique Initialis créé en 1996 avec l’appui des fonds européens de développement régional (FEDER). Ainsi, par exemple, on peut évoquer l’extension des centres de recherche Multitel, spécialisé entre autres en technologies vocales, traitement du signal, applications sur fibres optiques et traitement de l’image ou Materia Nova, pôle d’excellence destiné au développement de nouveaux matériaux aux services des PME et PMI.

18 C’est précisément autour de ces deux axes stratégiques (culture et nouvelles technologies) qu’est construit le dossier pour le titre de capitale européenne de la culture en 2015 comme l’illustre le slogan choisi « When technology meets culture ».

19 Deux acteurs jouent un rôle central dans l’impulsion du projet : le bourgmestre Elio DI RUPO (à l’époque Président du parti socialiste wallon) et Yves VASSEUR, directeur du Manège, le centre culturel de la municipalité. Elio DI RUPO construit le projet de ville en s’inspirant du modèle lillois : il s’agit d’inclure les acteurs du territoire dans le processus d’appropriation. Des ateliers participatifs sont ainsi organisés : par exemple, après la labellisation UNESCO de la Ducasse rituelle du Doudou, des réunions sur le sens et le mythe de SAINT GEORGES, les divers atouts culturels de la région, l’impact de la labellisation [4] rassemblent des Montois issus de divers milieux.

20 Diverses initiatives naissent afin d’informer et de mettre en relations des acteurs locaux aussi différents que les universités, les entrepreneurs, les élus ou les syndicats. En 2003, lors d’une de ces initiatives, Martine AUBRY, maire de Lille, vient ainsi présenter le projet de CEC « Lille 2004 », auquel est associée Mons, en tant que ville partenaire.

21 Yves VASSEUR a été appelé en 2002 pour réorganiser institutionnellement la culture à Mons. À l’époque, la commune décide de fusionner les opérateurs culturels de la ville et, en 2002, naît l’association Le manège.mons, qui regroupe le centre dramatique hennuyer et le centre culturel de la région de Mons. Tirant parti des financements européens Interreg, une plateforme transfrontalière voit aussi le jour – le Manège Mons-Maubeuge – qui coordonne les structures culturelles de Mons (côté belge) et de Maubeuge (côté français).

3.2. De la candidature à « Mons 2015 », quelles visions stratégiques ?

3.2.1. Les visions

22 Le titre de CEC repose sur deux visions stratégiques possibles qualifiées d’approche événementielle ou d’approche processuelle (PALMER, 2004), même si l’on imagine que la réalité s’avère toujours mixte.

23 Dans le premier cas, sont mis en exergue de grands événements phares, de masse et de niveau international ; des villes comme Rotterdam ou Bruxelles ont suivi cette direction. Dans le second cas, est entrepris un processus de (re) dynamisation de plus long terme. Dans cette vision, le projet est imbriqué à un projet de rénovation urbaine et – on l’espère – engendrera des effets économiques et des créations d’emplois : le statut de CEC est alors une des composantes, parfois un des fers de lance, du redéploiement. Lille (par exemple LIEFOOGHE, 2010) et Marseille (par exemple GONDARD, 2012) en constituent deux exemples.

24 Les autorités locales montoises inscrivent le label de CEC pour Mons dans cette seconde perspective de long terme. C’est ce que souligne Richard MILLER, échevin [5] de Mons à l’époque du dépôt de la candidature de la ville : « Toutes les villes en Europe qui ambitionnent d’être capitale européenne de la culture, ou qui l’ont été (Lille, Liverpool, Marseille pour 2013...) savent que les objectifs sont tout autant sociaux, économiques, commerciaux, que culturels. Le but poursuivi est d’utiliser la dynamique du projet pour susciter l’activité et les investissements, pour initier de nouveaux postes de travail, développer les infrastructures, développer le tourisme, apporter des marchés aux PME locales... » (MILLER, 2012). Il s’agit donc d’affirmer le positionnement de Mons au sein de l’échiquier culturel européen et de bénéficier de retombées importantes en matière économique, culturelle, touristique et médiatique.

3.2.2. Les figures

25 La candidature de Mons au titre de CEC s’inscrit dans la continuité des domaines clés identifiés dans le Plan de développement communal, à savoir la rencontre entre les nouvelles technologies et la culture.

26 Elle repose sur quatre figures locales emblématiques : Roland DE LASSUS, SAINT GEORGES, VERLAINE et VAN GOGH. Deux d’entre elles sont profondément ancrées dans le territoire et appropriées par les populations – en l’occurrence SAINT GEORGES et le compositeur Roland DE LASSUS –, alors que VERLAINE, emprisonné dans la prison de Mons, ou VAN GOGH qui a séjourné quelque temps dans le Borinage, ont tissé des liens plus anecdotiques avec l’histoire montoise. Il n’empêche que la candidature permet opportunément à Mons de redécouvrir et de s’approprier ces deux dernières figures.

27 Lors du dépôt de la candidature, le projet est porté par l’ensemble des « forces vives » locales : des responsables politiques de divers partis, des responsables universitaires, ainsi que des représentants économiques accompagnent les autorités pour déposer le dossier auprès de l’Europe. À l’exemple de Lille 2004, il est souhaité que citoyens et entreprises deviennent ambassadeurs afin de rendre chacun responsable du projet.

28 Yves VASSEUR, désigné commissaire de la fondation instituée selon les prescrits européens, et le bourgmestre Elio DI RUPO constituent les porte-parole omniprésents du projet.

3.2.3. Centre-ville et Grand Mons

29 La candidature au titre de CEC positionne le projet en centre-ville ; un seul partenaire est non localisé dans la ville, à savoir le musée d’Art contemporain (MAC’s) situé à Hornu. Trois des quatre piliers évoqués supra concernent des réalités présentes intra muros, seul VAN GOGH ayant vécu à Cuesmes constitue une exception.

30 Cependant, le projet porte bien officiellement sur les dix-neuf communes de Mons élargi. Ce n’est sans doute pas un hasard si, en 2009, soit au cours du processus de mise en place du projet de Mons 2015, est inséré dans le pavage de la Grand-Place un anneau de pierre bleue qui représente le lieu du combat entre SAINT GEORGES et le dragon et sur lequel sont inscrits les noms des dix-neuf communes constituant l’entité montoise fusionnée en 1977.

31 Parallèlement au projet de ville de Mons, un projet de territoire « Cœur du Hainaut » est mis en place en 2007 autour de l’Intercommunale de développement économique. Ce projet couvre un tiers de la province du Hainaut, autour de deux pôles urbains (Mons et La Louvière) mais n’intègre pas la culture comme un axe prioritaire du plan de redéploiement socioéconomique envisagé à l’horizon 2025.

32 La transformation de Mons en ville dite technologique se poursuit. En 2009 s’implante le Centre européen de Google et se développe ce qui sera dénommé la Digital Innovation Valley : il s’agit d’implanter en un même lieu notamment, le Microsoft Innovation Center et le centre de formation TechnocITé spécialisé dans les médias numériques.

3.3. La construction de la capitale européenne de la culture pour 2015

33 L’acceptation de la candidature de Mons est fêtée en 2010. Le projet se construit autour d’axes structurants, de villes et d’institutions partenaires.

3.3.1. De l’enthousiasme

34 Les projets structurants concernent de grandes expositions susceptibles d’attirer un public européen dans un rayon potentiel de 250 kilomètres [6]. S’y ajoutent les fêtes d’ouverture et de clôture, événements de masse. Les projets des dix-sept villes et territoires partenaires wallons, flamands et français [7] ont vocation à mettre en évidence le statut européen de Mons dans la perspective d’un réseau de proximité. S’ajoutent à cela les projets de différents partenaires de la province du Hainaut, tels que des centres muséaux, des institutions musicales et dramatiques. Une place est gardée pour les projets associatifs qui devraient mettre en valeur les productions et les folklores locaux.

35 Après 2010, le monopole exercé par la Fondation Mons 2015 donne l’impression d’une certaine opacité quant aux activités programmées dans le cadre de la CEC : cette opacité est justifiée – artistiquement parlant – par un souhait de discrétion sur les événements. « Comme à Lille, nous souhaitons ne rien révéler à l’avance pour ménager une surprise maximale », déclare Yves VASSEUR, le commissaire (CSEF et al., 2011). Le projet est clairement un projet d’artistes, la donnée socioéconomique apparaît ténue.

36 Un impact sur l’image de marque de la ville commence à être reconnu, comme le confirme l’arrivée d’entreprises au sein de la Digital Innovation Valley, telles que I-Movix, Fishing Cactus ou encore le centre Virtualis.

3.3.2. À des divergences et des remises en cause

37 Une divergence naît entre les attentes des divers acteurs de la vie socio-économique (notamment en termes d’emplois ou de formations), les discours politiques et les perspectives qui commencent peu à peu à être dévoilées.

38 D’autres différends apparaissent, notamment en ce qui concerne la dynamique spatiale du projet Mons 2015. En effet, une fois la candidature acceptée, la différence entre l’espace répertorié officiellement dans le projet (à savoir Mons et les dix-huit communes l’entourant) et l’espace réellement couvert par le projet (Mons-centre) interpelle. Un « kilomètre culturel » entourant le théâtre est délimité : il sera le cœur physique de l’année 2015 et en est déjà le centre décisionnel avec le lieu de résidence de la Fondation et le centre culturel avec le théâtre du Manège.

39 Les communes périphériques regrettent, par exemple, que leurs élus n’aient pas été présents lors du dépôt de candidature (comme le rapporte entre autres le compte-rendu communal de Frameries, une des dix-huit communes du Borinage, le 26 mars 2009 [8]). Les discours de la Fondation parlent, quant à eux, d’aires de chalandise, c’est-à-dire de zones d’attractivité potentielle de touristes ou de spectateurs, selon la taille des événements programmés et exprimées en centaines de kilomètres.

40 En parallèle avec l’élaboration du projet artistique de l’année 2015, la ville multiplie les investissements, les rénovations et les constructions, en vue de développer l’offre touristique à Mons dans le cadre d’un plan stratégique spécifique pour le tourisme.

41 Dans cette perspective, les autorités communales font appel à de célèbres « star-architectes » tels que Daniel LIBESKIND pour le futur Centre de Congrès. Santiago CALATRAVA remportera le concours lancé par Eurogare pour la nouvelle gare-passerelle multimodale. Ces deux nouveaux édifices ont vocation à former un ensemble architectural tourné vers le futur, connectant le passé (avec le patrimoine de la ville ancienne) et le futur quartier des Grands Prés (comprenant notamment la Digital Innovation Valley et une nouvelle zone d’activités économique adjacente).

42 À ces travaux de grands maîtres s’ajoute la continuation du plan de rénovation et d’embellissement de la ville de Mons, ainsi que de certains centres des communes périphériques. Ces constructions et rénovations continuent à être subventionnées pour partie par les fonds structurels européens.

43 Mons renforce enfin la coordination entre les différentes entités culturelles présentes au sein de son territoire et constitue un pôle muséal unique en Fédération Wallonie-Bruxelles : ce pôle a pour mission la gestion de treize sites muséaux, dont sept existants [9] et six en cours de constitution.

3.4. De Mons-Borinage 2015 à la Creative Valley

44 Les élections communales organisées en décembre 2012 entraînent des modifications non négligeables dans les trajectoires suivies.

45 Le bilan économique, pour Mons, est relativement positif grâce à l’arrivée de groupes internationaux, un redressement de l’image de marque de la ville, la rénovation et l’organisation d’événements culturels d’envergure, même si le chômage, particulièrement des travailleurs peu ou pas qualifiés, reste élevé. Le bourgmestre en place (et candidat à sa réélection) est Elio DI RUPO, nommé Premier ministre depuis décembre 2011.

46 Après l’été, Yves VASSEUR et son équipe entreprennent une large campagne d’information sur le projet de CEC, campagne nécessaire car les opérateurs locaux (culturels, sociaux et économiques), à l’exception d’un noyau étroit, se sentent peu ou pas concernés par la portée du projet (CSEF et al., 2012). Lors de ces présentations, après avoir exposé les grandes lignes directrices de la programmation Mons 2015, Yves VASSEUR insiste sur le volet citoyen du programme, initié notamment via une bourse à projets territoriaux.

47 L’adhésion des communes périphériques reste faible : un nouveau badge est imprimé, « Mons-Borinage 2015 » diffusé en 2012 afin d’insister sur l’inclusion de la totalité du Grand Mons dans le programme de CEC.

48 En mars 2013, on peut lire dans la presse locale et régionale : « La campagne à destination des habitants du Grand Mons est lancée... Le temps est venu d’associer le citoyen au projet. » Une opération Grand Mons 2015 est officiellement lancée autour du slogan « Plus on est de vous ! » ; le label « Mons 2015 » se fait de plus en plus présent et une action de sensibilisation menée par les ambassadeurs a vocation à répondre aux questions des habitants de la région, questions sur l’avancée de l’aventure et sur la façon d’adhérer activement au projet.

49 À partir de mai 2013, sont programmées des réunions de quartiers destinées à définir les « Huit Temps Forts » qui animeront 2015, soit huit semaines d’activités culturelles et associatives dispersées sur le territoire de Mons-Borinage, visant à renforcer un maillage avec les communes du Borinage [10].

50 À cette évolution spatiale, succèdent des changements dans la régulation du projet. Le rôle d’Yves VASSEUR est confirmé au pilotage de la programmation artistique. Par contre, un rôle de coordination des retombées socioéconomiques et territoriales est créé au sein de la Fondation Mons 2015, et confié dès fin 2012 (soit après les élections communales) à Anne-Sophie CHARLE, jusqu’alors chef de cabinet du bourgmestre.

51 La dynamique de la Digital Innovation Valley se trouve renforcée par une double impulsion émanant, d’une part, de la Région wallonne via le programme Creative Wallonia[11] et, d’autre part, de l’Intercommunale de développement économique dans le cadre du plan de redéploiement socioéconomique du territoire « Cœur du Hainaut ». Dans ce plan initié en 2007 (cf. 3.2), la transformation structurelle de la base productive locale vers l’économie créative est choisie comme voie du renouveau économique. Toujours dans cette perspective, Mons devient une des villes pilotes du programme wallon Digital Cities en 2012 et, grâce à son potentiel d’industries culturelles, créatives et technologiques, devient « hub créatif » wallon sous l’appellation Creative Valley en 2014.

52 En résumé, le découpage des quinze dernières années correspond à quatre temps, allant de l’avant-candidature au titre de CEC à la période actuelle. Ces périodes renvoient à deux modèles : d’une part, une vision basée sur l’exceptionnel et au-delà sur des ressources externes, l’attractivité et une décision centralisée et, d’autre part , une vision de long terme, incluant divers opérateurs et une stratégie davantage inclusive. Depuis 2000, Mons a connu des trajectoires oscillant entre ces deux modèles.

- 4 - Deux modèles de développement par la culture

53 L’analyse fait apparaître les oscillations de la politique suivie par Mons, oscillations entre plusieurs visions : ces visions sont entreprises par les acteurs locaux et correspondent à des modèles divergents de développement par la culture : d’une part, un modèle à la limite complètement exogène et, d’autre part, un modèle qui pourrait être exclusivement territorial.

54 Dans les deux cas, la culture est utilisée pour enclencher une dynamique de croissance mais les mécanismes en œuvre diffèrent. La compréhension des dynamiques inhérentes à ces modèles permet d’appréhender les choix opérés, les dynamiques enclenchées et les conséquences attendues.

4.1. Un premier modèle de type exogène

55 Très souvent, le modèle de développement par la culture s’affiche comme un « couper-coller » de l’expérience de Bilbao. À chaque projet de création d’équipement culturel, à chaque inauguration, l’effet dit de Bilbao est revendiqué : l’implantation d’un musée va engendrer « automatiquement » du développement économique et apporter des retombées positives induites [12].

56 Adopter cette expérience comme recette de développement par la culture correspond à suivre un modèle exogène. Il s’agit d’implanter la greffe d’un « moteur culturel » au sein d’un espace qui génère, de façon mécanique dans un second temps, un développement économique sur un espace relativement vaste via des effets d’entraînement et multiplicateurs (selon un mécanisme de croissance à la PERROUX). La culture est ici une activité motrice de développement, au même titre que l’industrie automobile ou encore sidérurgique.

57 Le modèle sous-jacent repose sur l’image d’une culture attractive et se concrétise par l’organisation de méga événements culturels (grandes expositions internationales, festivals de renommée...) dont l’objectif essentiel est d’attirer un maximum de touristes et de visiteurs extérieurs. Sont mis en exergue, par exemple, des événements conjoncturels « les plus grands possibles ».

58 Les dynamiques souhaitées nécessitent un marketing urbain, une valorisation de l’image et visent l’accroissement d’attractivité grâce à la culture. Une partie des emplois, notamment qualifiés, est importée de l’extérieur de la zone. L’attractivité entraîne, à terme, investisseurs et nouveaux propriétaires.

59 Dans cette approche, l’espace est un simple lieu sur lequel se projettent des choix de localisation d’activités, un espace support. Il constitue dès lors un élément contextuel donné et peu actif . À la limite, le décideur qui adopte cette vision considère qu’il part d’un « désert culturel » au sens de Georges FRÊCHE, maire de Montpellier.

60 L’activité culturelle s’appuie sur des artistes internationaux amenés dans la ville, la construction de nouvelles infrastructures exceptionnelles et l’établissement d’une image d’excellence dans un certain nombre de secteurs artistiques dont les arts vivants. Les lieux de mise en œuvre sont dictés par un facteur d’attraction ; l’espace doit être facilement accessible ou au cœur du centre-ville. C’est d’ailleurs à partir du développement de ce centre que s’enclencheront des effets de diffusion vers la périphérie.

61 Ce type de stratégie induit un gouvernement centralisé entre les mains des autorités locales. L’acteur public joue dans ce contexte le rôle d’un élu connexionniste (LE BART, 2009). Il est avant tout metteur en réseau, prompt à importer les bonnes pratiques externes. Il met en relations les artistes, les éventuels bailleurs et tire parti de ses réseaux pour attirer ces cibles dans sa collectivité. Ces décisions politiques s’inscrivent dans le paradigme de l’économie de la connaissance et dans la Stratégie Europe 2020 (PERRIN, 2013). Les choix de politique culturelle en tant que tels sont l’affaire d’agences spécialisées (constituées d’experts internationaux) et s’évaluent par des indicateurs d’efficacité et de performance (dont des parts de marché, des classements, etc.). Les exemples de villes développés par Guy SAEZ (1995) illustrent cette importation de compétences et de centralisation décisionnelle. Les secteurs concernés par la stratégie de développement restent séparés : la seule interface entre les activités culturelles, la rénovation urbaine ou les investissements architecturaux est l’élu local ou l’expert à qui a été délégué le plan de redéploiement.

62 L’ouverture des processus de décision à des acteurs non publics tels que acteurs culturels, milieux associatifs, entreprises voire autorités publiques d’autres espaces ou d’autres niveaux peut être initiée par le responsable politique pour légitimer son action, par exemple a posteriori. DUBOIS (2012) a ainsi analysé les relations existant entre les pouvoirs locaux et la culture : il a montré comment l’élu local devenu entrepreneur utilise des instruments participatifs, comme les Assises, pour légitimer ses choix de politique culturelle et non pour discuter en commun d’objectifs ou de solutions.

63 Dans ce type de stratégie, le projet est légitimé à l’interne et à l’externe par la communication, pilier des dynamiques enclenchées. La politique de communication accompagne et amplifie les résultats : l’élu local entend ainsi obtenir l’amélioration du positionnement de la ville dans les classements européens ou internationaux et l’octroi de labels internationaux génériques (de type UNESCO, CEC, etc.). Il affiche les ratios de créations d’emplois ou de retours sur investissement obtenus en d’autres lieux comme des résultats imitables mécaniquement [13].

4.2. Un second modèle de type territorial

64 D’autres villes ou régions choisissent un développement par la culture pour porter un projet de territoire ; il s’agit alors de privilégier une culture endogène et inclusive. Ce projet intégré est lié non seulement à la création d’activités économiques mais aussi à la formation, à l’aménagement et à une politique sociale (FOURNIER et al., 2010). La production culturelle s’affiche alors comme un bien collectif qui participe à la (re) dynamisation et à la cohésion du territoire concerné (LERICHE, 2008). Dans ce cas, les choix culturels reposent, entre autres, sur du savoir-faire, du patrimoine et des spécificités locales (jusqu’à la constitution de paniers de biens et services territoriaux incluant des biens et services culturels). L’activation de ressources locales, qu’elles soient matérielles ou immatérielle, constitue le moteur du modèle. Des dynamiques endogènes agrégées autour de systèmes « productifs » locaux et de l’activation de ces ressources (COURLET et PECQUEUR, 2013) expliquent les résultats attendus.

65 Dans le cadre de territoires en reconversion, DUPERRE (2007) définissent un capital socio-territorial constitué lors de la « mobilisation de ressources humaines, organisationnelles, culturelles et identitaires » ; celles-ci vont amener non seulement une collaboration et le partage de réseaux, mais également une action collective réunissant des acteurs d’horizons divers autour de l’avenir d’un territoire commun. Cette mise en commun s’appuie sur une cohésion sociale, parfois élaborée sur des vecteurs identitaires, historiques, parfois sur un projet d’avenir collectif. La donnée communautaire permet alors une légitimation des choix et des décisions par l’appropriation par le groupe des objectifs, des enjeux et donc des choix posés [14].

66 Ainsi, la culture s’inscrit dans une communauté spécifique, une histoire, des savoirs, qui marquent le lieu. Le secteur patrimonial, à côté des arts visuels et des arts du spectacle, renvoie à cette production située.

67 Ces choix induisent non seulement une action publique différente mais aussi une autre conception de l’espace (LACOUR, 2009 ; CREVOISIER, 2010).

68 L’espace, dans ce cas, renvoie à l’espace formé par l’histoire, l’espace de vie ou le projet collectif. Ses contours rendent compte d’une construction collective, il évolue redessiné par les acteurs, les projets mais aussi les objectifs fixés. L’espace concerné n’est pas ici un lieu central facilement accessible mais se redessine au gré du projet et des acteurs impliqués.

69 La notion de gouvernance [15] va souvent être mobilisée suite à l’interrelation de trois évolutions : primo la concertation et la codécision rendues nécessaires par le fait qu’aucun acteur, public ou privé, ne dispose des connaissances et des moyens nécessaires pour s’attaquer seul aux problèmes du territoire, secundo la façon de plus en plus partenariale pour l’État et les autorités publiques de décider – notamment au vu des ressources limitées –, et, tertio, l’enchevêtrement des modes de gouvernement à différents niveaux, du niveau européen au niveau communal (LEVI-FAUR, 2012).

70 Un modèle territorial implique une mise en commun d’acteurs divers réunis autour d’un intérêt collectif construit par le territoire et non par l’appartenance à une même organisation, ces acteurs divers pouvant être privés, publics ou issus des deux sphères (GUMUCHIAN et PECQUEUR, 2007). Pour porter la stratégie, les opérateurs ne sont plus impliqués seulement à cause de leur expertise dans un secteur mais ils prennent part à un processus de développement inclusif. La coordination verticale entraîne le remplacement de liens hiérarchiques par une certaine « égalité » de légitimité des divers opérateurs en présence [16]. L’élu local reste un acteur important du développement ; LE BART (2009) parle dans ce cas d'élu-du-sol ou de terroir qui légitime son action par des ressources endogènes. Un processus participatif va permettre à divers acteurs du territoire (économiques, sociaux, politiques) d’adhérer au projet dans ces différentes phases d’élaboration, depuis la mise à l’agenda jusqu’à la mise en œuvre, et par là de légitimer les choix opérés.

4.3. Modèles idéaux et trajectoires de Mons

71 L’étude de Mons illustre comment une politique de développement par la culture peut évoluer et suivre des trajectoires différentes.

72 En effet, la première période précédant la candidature au titre de CEC s’appuie sur une stratégie territoriale inclusive liée à ses ressources locales (savoirs universitaires locaux, folklore ancestral, etc.). La période d’élaboration de la candidature « When technology meets culture » oscille entre les deux modèles exposés. D’une part, la programmation repose sur l’activation de deux ressources emblématiques profondément ancrées dans le territoire et porteuses d’une identité forte (SAINT GEORGES et Roland DE LASSUS) et l’activation de ressources locales, non encore révélées. D’autre part, Mons s’affiche comme la place centrale de la future programmation.

73 Lors de la troisième période, qui commence avec l’obtention du titre en 2010 et se prolonge jusqu’en 2012, le modèle exogène domine clairement, illustré par un souhait de discrétion sur les événements planifiés, le monopole artistique exercé par la Fondation Mons 2015. La politique de communication développée illustre ces priorités avec l’identification du kilomètre culturel ou encore avec l’association d’artistes internationaux.

74 La dernière période, depuis 2012, marque a priori un tournant vers le modèle endogène et territorial. Les espaces ciblés évoluent en vue de renforcer le maillage avec les communes périphériques (du centre-ville et de son kilomètre culturel à Mons-Borinage et aux huit territoires de la campagne d’affichage de 2013). Le volet citoyen du programme devient un enjeu via la création de lieux de rencontres, la sélection de projets citoyens, etc.

75 L’analyse de la transformation structurelle progressive de la base productive locale vers l’économie créative est liée à la stratégie culturelle de la ville. Elle mériterait d’être approfondie en rapport avec les deux modèles compréhensifs proposés.

76 PALMER/RAE ASSOCIATES (2004) distinguait dans le cadre particulier des capitales européennes de la culture, les visions événementielles ou processuelles, selon que l’année culturelle se basait sur des manifestations conjoncturelles de grande envergure ou sur des spectacles et une rénovation urbaine. Nos deux modèles intègrent ces visions mais les insèrent dans une compréhension dynamique plus ample.

77 La vision événementielle correspond au modèle exogène, qui est structuré autour de l’attractivité de touristes mais aussi de nouveaux propriétaires et d’investisseurs externes ainsi que des manifestations de la plus grande envergure possible. Le modèle exogène appréhende les effets de diffusion générés par l’impact de l’année de CEC et explicite les processus sociopolitiques y afférant. Pour sa part, la vision processuelle est intégrée au modèle territorial, inséré dans des effets structurants de long terme tels que la rénovation urbaine mais aussi l’activation de ressources locales et l’articulation de la culture à un projet intégré plurisectoriel incluant activités économiques, formation et cohésion. Le modèle propose une compréhension englobante des processus de structuration et d’ancrage tant culturels qu’économiques ou sociopolitiques.

- 5 - Conclusion et perspectives

78 Les deux modèles décrits proposent, d’une part, un développement par l’attractivité d’un moteur culturel sur un espace support géré de façon centralisée et, d’autre part, un développement co-administré basé sur des actifs territoriaux. Dans le deux cas, des facteurs économiques, spatiaux, politiques et sociaux interagissent et renforcent les effets et les dynamiques.

79 Les stratégies déployées par les élus renvoient, volontairement ou non, à ces modèles. Certes, ceux-ci correspondent à des idéaux types mais chacun intègre ses propres logiques et dès lors explicitent les conséquences et les dynamiques économiques, spatiales et sociopolitiques en cours. L’analyse concrète des trajectoires suivies par les villes et territoires se situe donc le long d’un continuum balisé par ces deux extrêmes.

80 L’évolution de Mons 2015 a illustré le passage d’un projet ouvert, inclusif, à un programme artistique centralisé au sein d’une organisation relativement fermée une fois le label européen de CEC confirmé. Marketing, image de marque, arrivée d’entreprises, architectes de renom et rénovation urbaine se conjuguent alors pour assurer l’attractivité de la ville. En 2012, les réactions des partenaires et le souci d’une adhésion rendue nécessaire pour légitimer le projet donnent l’occasion d’un changement de trajectoire vers un modèle de nouveau davantage territorial.

81 La méthode d’étude proposée repose sur une étude historique des trajectoires suivies ; elle décompose les évolutions et permet de localiser le « curseur » le long de ce continuum. Elle détermine comment la politique de développement entreprise et ses concrétisations évoluent à la fois à la suite des directions prises, des conséquences et des effets de renforcement attendus.

82 Méthode et modèles apportent dès lors une aide à une compréhension plus fine des effets d’un développement par la culture, qu’il soit basé sur une attractivité exogène ou sur une approche territoriale.

83 L’analyse de Mons nécessitera d’être prolongée aux années qui suivent le titre de capitale européenne de la culture ; rendez-vous est donc pris pour ce faire en 2017.

Notes

  • [1]
     L’analyse empirique qui soutient la première partie repose sur l’expérience comme acteur d’un des auteurs (depuis 2013), des recherches menées notamment avec le comité subrégional de l’emploi et de la formation (CSEF) de 2011 à 2013 et une série de travaux effectués au sein de l’UCL-Mons (2010 à 2013). Outre la participation des auteurs à un certain nombre de réunions consultatives, des entretiens ont été conduits auprès des principaux acteurs du projet ainsi qu’une analyse de la presse locale et régionale.
  • [2]
     L’autorité politique principale de la municipalité belge.
  • [3]
     Folklore qui combine une procession multiséculaire et un combat rituel entre un dragon, SAINT GEORGES et leurs équipiers et qui rassemble chaque année de 150 000 à 200 000 personnes.
  • [4]
     Sont ainsi posées les questions de la sécurité, des mouvements de foule importants existant à certaines phases du combat de SAINT GEORGES, du respect de la tradition et notamment du caractère sacré de moments de la procession, de la diffusion et de l’explication, etc.
  • [5]
     Équivalent belge de l’adjoint au maire français.
  • [6]
     Comme le répète Yves VASSEUR, en comparant la situation montoise à la grande sœur que constitue Lille 2004 (CSEF et al., 2012).
  • [7]
     À savoir Antwerpen, Brugge, Bruxelles, Charleroi, Gent, Kortrijk, La Louvière, Le Roeulx, Liège, Lille (France), Maubeuge (France), Mechelen, Namur, Soignies, Thuin, Valenciennes (France) et le territoire « Wallonie picarde ».
  • [8]
     Procès-verbal du conseil communal de Frameries, 26 mars 2009, disponible à l’adressehttp://www.frameries.be/vie-communale/vie-politique/proces-verbaux-du-cc/proces-verbaux-du-conseil-communal- 26-03-2009.
  • [9]
     Musée DUESBERG, la Maison VAN GOGH, le BAM, la salle SAINT-GEORGES, les anciens abattoirs, le Magasin de papier et le Trésor de la Collégiale.
  • [10]
     Les communes sont regroupées géographiquement en entités associant cinq, trois, deux ou une commune d’avant la fusion et chaque « territoire » est invité à proposer son activité spécifique pour 2015.
  • [11]
    Lancé par le ministre wallon de l’Économie, dans le cadre de la reconnaissance par l’Union européenne de la Wallonie comme Creative District dans le cadre du programme Europe 2020.
  • [12]
     Pour une discussion des effets de Bilbao, lire par exemple PONZINI (2010).
  • [13]
     À Lille, Marseille ou à Mons, la presse et les discours politiques affichent le multiplicateur de 6 euros générés par euro investi.
  • [14]
     Lire par exemple l’expérience sur la gouvernance partenariale détaillée par JEAN et BISSON (2008).
  • [15]
     Il n’est pas possible d’inclure ici le débat pourtant nécessaire sur le mésusage du terme « gouvernance », mais la question de la régulation des acteurs – dont les acteurs publics – constitue un élément clé dans les dynamiques de développement territorial.
  • [16]
     Le processus de gouvernance n’est en général pas un choix, il se justifie par la complexité du projet, la mise en commun d’acteurs divers et la nécessité d’une vision globale agrégeant des intérêts sectoriels. Et c’est la prise en compte de cet intérêt collectif, sans possibilité de centraliser la décision, qui amène à créer des règles propres.
Français

Mons, ville moyenne belge en reconversion industrielle, a reçu le titre de capitale européenne de la culture pour 2015. Cette désignation constitue la face médiatisée d’une politique de développement socioéconomique basée sur la culture et initiée au début des années 2000. De l’analyse de cette politique et de sa mise en œuvre, en première partie, émergent deux modèles de développement par la culture. Chaque modèle repose sur des dynamiques spatiales, politiques ou économiques qui tendent à renforcer la trajectoire choisie. La réalité des villes et des régions, et spécifiquement celle de Mons, évolue selon des trajectoires qui oscillent entre ces deux idéaux types. La mise en évidence des facteurs de distinction des modèles et l’évolution du positionnement entre ces deux extrêmes fournissent des clefs de compréhension sur les choix posés, leurs conséquences tant sur un plan économique que social ou politique.

Mots-clés

  • capitale européenne de la culture
  • culture
  • développement
  • gouvernance
  • territoire
English

Mons, a European capital of culture in 2015: two models for a development by the culture

Mons, a European capital of culture in 2015: two models for a development by the culture

Mons is a medium-sized town of an old industrialized region; it was designated as European capital of culture for 2015. This title is the visible side of a 15-year old policy of development based on culture. The first part of this study puts into details an analysis of this policy and of its implementation. Two ideal-type models emerge from these trajectories; they are based on spatial, economic and political dynamics. The empirical reality of any region or city is seen to shift from one to the other models. The differentiation into two models, as developed in this paper, provides a comprehensive understanding of the possible evolutions and of their social, economic and political impacts.

Keywords

  • European capital of culture
  • culture
  • development
  • governance
  • territory

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Fabienne Leloup
Université catholique de Louvain, UCL Mons
fabienne.leloup@uclouvain-mons.be
Laurence Moyart
Ville de Mons Université catholique de Louvain, UCL Mons
laurence.moyart@uclouvain-mons.be
Cette publication est la plus récente de l'auteur sur Cairn.info.
Mis en ligne sur Cairn.info le 12/03/2015
https://doi.org/10.3917/reru.145.0825
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