J’explore la façon dont les femmes britanniques expatriées à Hong Kong en période postcoloniale ont recours aux notions de nationalité, de blanchité et de genre dans la construction et la manifestation de leurs identités. Devenue colonie britannique au milieu du xixe siècle, Hong Kong a été rétrocédée à la Chine en 1997, pour être ensuite constituée en « région administrative spéciale ». Aujourd’hui, les rouages administratifs de l’Empire disparaissent et emportent avec eux les conceptions de la race et de la nationalité. C’est donc l’occasion pour les Britanniques blancs de réviser les discours et les subjectivités de la blanchité, mais ils le font de manière hétérogène. Dans une perspective poststructuraliste féministe, je montre comment quatre migrantes britanniques manifestent leur britannicité et leur blanchité genrées dans ce paysage en mutation. Les modèles de positionnement sont différents et variés, chacune d’elles ayant plus ou moins recours à ces notions pour redéfinir ou remettre en question la mémoire des relations établies par l’impérialisme.
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Comment les femmes britanniques négocient-elles leurs identités ethniques et genrées dans le paysage social et politique en mutation du Hong Kong de l’époque postcoloniale ? Dans la lignée des débats actuels des études sur la migration internationale, je tente de savoir dans quelle mesure les « expatriées » blanches retravaillent ou remettent en question les relations et les pratiques forgées par l’impérialisme. Toutes les femmes mentionnées ici n’ont pas délibérément choisi de migrer. Néanmoins, la migration les conduit nécessairement à se construire une nouvelle vie dans le contexte racialisé et genré de Hong Kong, où l’héritage du colonialisme et de l’administration britannique leur permet encore de conserver certains privilèges matériels et des relations de pouvoir symboliques fondées sur des processus d’inclusion, de marginalisation et d’exclusion. La ville cependant est en plein changement, et des possibilités de réviser les discours et les subjectivités de la race et de la nationalité émergent à mesure que disparaissent les attributs de la domination britannique. Certes, cette situation complexe affecte tout le monde, les Chinois de Hong Kong comme les migrants internationaux, mais le choix de se centrer sur les voix des femmes blanches britanniques expatriées permet de montrer combien l’appropriation des nouvelles subjectivités dans un espace postcolonial est un processus hésitant et hétérogène. Dans les propos que tiennent ces femmes sur leurs vies et leurs relations, on observe non seulement des ambivalences et des éléments contradictoires, mais aussi une certaine hétérogénéité et une instabilité dans leurs identifications, ainsi qu’une compétition complexe et mobile entre les discours et les relations de pouvoir par lesquels elles se positionnent…
Résumé
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Auteurs
- Mis en ligne sur Cairn.info le 19/05/2022
- https://doi.org/10.3917/crii.095.0088
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