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Le livre de Jocelyn Benoist Le Bruit du sensible est à la fois très représentatif de sa pensée et singulier dans son œuvre. Très représentatif, parce qu’on y retrouve les grands axes de sa réflexion : la critique de la phénoménologie et le dépassement de l’intentionalité et du mythe du donné, ordonnés à l’élaboration d’un certain réalisme. On y retrouve aussi le style propre à l’auteur : une pratique de l’écriture où celle-ci opère au sens propre du terme, s’appliquant à son objet à la manière d’un scalpel. Le livre est singulier encore à un autre titre : en ce qu’il aménage l’espace – en particulier dans ses deux derniers chapitres – d’une expérience du sensible où la technicité de l’analyse laisse place à une voix simple et claire sur ce qu’implique le fait brut consistant à être parmi les choses, au milieu d’elles, et d’y être autrement que comme un sujet – avec toutes les soustractions, impasses et projections que cette identité de sujet emporte avec elle dans la philosophie moderne. Sous réserve d’élucider le sens d’une telle assertion, la question, pourrait-on dire, est de savoir le sens que prend le fait d’y être comme une chose parmi les choses – sans que l’autoposition subjective fasse valoir ses prérogatives sur la forme que revêt l’expérience qu’il s’agit de restituer.
Qu’on puisse ainsi user du terme de « chose », dans ce cadre, ne va pas sans difficultés, tant le mot est saturé par une histoire qui le lie très étroitement à la pensée phénoménologique, et avant elle idéaliste, dont toute l’œuvre de l’auteur a exposé les conditions d’extirpation…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 07/03/2019
- https://doi.org/10.3917/criti.862.0215
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