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La Fin des coupables est un livre sur la formation du sujet moderne, et à ce titre, son audience potentielle est la plus large qui soit dans le domaine de la philosophie et des sciences humaines. On dira qu’il s’agit surtout d’un livre sur la psychanalyse, sur son émergence, son triomphe, puis sa crise, voire sa possible disparition. Mais c’est que la psychanalyse est ici le prisme d’une histoire du sujet et, à travers elle, d’une histoire de notre expérience politique. Pour mener les deux de front, Foucault avait élaboré une formule : on ne peut faire une histoire du sujet sans l’articuler à une histoire du pouvoir, mais cela suppose de redéfinir de fond en comble les deux termes. Avec ces deux coordonnées, le sujet et le pouvoir, et à condition qu’on les risque l’une et l’autre en les reliant, la modernité reçoit son plus vif éclairage. L’histoire vraiment significative pour nous, c’est une histoire du sujet confronté en lui et hors de lui à ce que le pouvoir signifie, à ce qui l’engage, dans la contrainte qui joue en lui et hors de lui, à se ressaisir lui-même, à se constituer, à se penser et à agir. Du moins est-ce le cas tant que la modernité reste sur le seuil de sa question présente, celle qui nous requiert dans l’actualité et que Castel nomme par ce titre : la « fin des coupables ».
Dans cette histoire, la psychanalyse a occupé une place centrale et elle ne l’occupe plus – le fait qu’elle ne l’occupe plus étant le signe d’une expérience du sujet et du pouvoir (à commencer par le sien, qui est pouvoir d’agir), dont on devr…
Auteur
- Mis en ligne sur Cairn.info le 06/03/2014
- https://doi.org/10.3917/criti.802.0209
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