CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Introduction

1L’économie circulaire est un modèle économique et industriel qui vise à maintenir les produits, leurs composants et leurs matériaux en circulation le plus longtemps possible, tout en veillant à garantir la qualité de leur utilisation. Ce modèle s’oppose en cela à l’économie linéaire, qui s’appuie quant à elle sur le schéma suivant : extraction ou récolte des ressources, fabrication et assemblage des biens, distribution et utilisation, et, enfin, production de déchets. C’est principalement au niveau de cette dernière étape qu’économie circulaire et économie linéaire s’opposent puisque, dans la première, les déchets ou produits en fin de vie trouvent une nouvelle utilité (par la réutilisation, le recyclage, la valorisation énergétique, etc.), tandis que, dans la seconde, ils sont tout simplement éliminés. Le modèle linéaire rencontrant aujourd’hui une série de limites importantes (impact environnemental, épuisement des ressources, etc.), l’idée d’une transition vers un modèle davantage circulaire rencontre une adhésion sans cesse croissante.

2Bien au-delà du seul recyclage, l’économie circulaire englobe l’ensemble des étapes du processus de production, de la phase de conception d’un produit jusqu’à celle, ultime, de valorisation des déchets. Il entrevoit également de nouveaux modèles de consommation, comme l’éco-fonctionnalité. Trois principes sous-tendent l’économie circulaire. Primo, limiter au maximum l’utilisation des ressources naturelles (que ce soit pour produire un bien ou pour le maintenir en fonction) et restaurer ces ressources autant que possible si leur usage est incontournable. Secundo, prolonger la durée de vie des produits, aussi bien en veillant à cette dimension lors de la conception des produits qu’en ayant recours aux « boucles de réutilisation » : réparation, rénovation, revente, mise à jour technologique, retour en usine et, en dernier recours, recyclage des matériaux et composants (les cycles courts, à savoir ceux qui nécessitent le moins d’énergie, étant privilégiés). Tertio, et selon une vision très large et même globale de l’économie circulaire, accroître l’efficacité du système économique dans son ensemble (dans des domaines aussi variés que l’alimentation, la mobilité, l’habitat, etc.) et gérer les externalités négatives (comme l’occupation des sols, la pollution de l’air et de l’eau, la libération de substances toxiques, etc.).

3 Si le bien-fondé de ces principes est défendu de plus en plus largement, y compris dans les discours politiques, leur concrétisation fait encore souvent face à d’importants obstacles (l’exemple le plus emblématique en la matière concernant très certainement l’utilisation des matières plastiques). Cependant, cette problématique est désormais mise en avant en raison des enjeux environnementaux qui entourent notre manière de produire et de consommer et de l’urgence qui existe à y apporter une réponse.

4 Dans un premier temps, le présent Courrier hebdomadaire aborde l’économie circulaire en tant que concept. Il décrit les contours théoriques de ce modèle économique, ainsi que les divers visages que prend sa mise en pratique, que ce soit dans le cycle technique (qui repose sur la production de biens à partir de matériaux) ou dans le cycle biologique (qui mobilise des ressources organiques). Dans un deuxième temps, l’étude s’intéresse en trois chapitres aux réglementations mises en place afin de développer l’économie circulaire : à l’échelon européen, à l’échelon fédéral belge et aux différents échelons régionaux du pays (Wallonie, Bruxelles-Capitale et Flandre). Enfin, dans un troisième et dernier temps, est proposé un état des lieux actuel de la mise en œuvre de l’économie circulaire en Belgique.

5 Par ailleurs, ce Courrier hebdomadaire aborde de manière transversale la question des nombreux freins qui subsistent encore dans la mise en place d’une économie circulaire à large échelle, qu’ils soient d’ordre technique ou réglementaire.

1. L’économie circulaire en tant que concept

6L’économie circulaire est régulièrement opposée, sur le plan théorique, à l’économie linéaire. Cette dernière, héritée de la révolution industrielle, repose sur le schéma suivant : extraction ou récolte des ressources, fabrication et assemblage, distribution, utilisation et, enfin, production de déchets qui sont tout simplement éliminés sans aucune forme de valorisation. Ce modèle économique est basé sur l’hypothèse implicite que les ressources dont il a besoin pour développer et produire des biens sont illimitées (bois, métaux, sable, etc.) et que l’énergie nécessaire à la transformation de ces ressources peut rester indéfiniment bon marché (gaz, pétrole, charbon, etc.). Ce modèle économique a permis un développement industriel, accompagné d’une croissance sans précédent. Depuis 1950, dans un contexte de mondialisation, d’explosion démographique et d’avancées techniques et technologiques, on a assisté à un développement économique exponentiel dans toutes ses composantes : produit intérieur brut (PIB), consommation d’énergie primaire, consommation d’eau, transports, télécommunications, tourisme international, etc. En 2007, les climatologues Will Steffen et Paul J. Crutzen et l’historien John R. McNeill ont proposé le terme de « grande accélération » pour désigner ce phénomène à l’origine de bouleversements sociaux mais également environnementaux  [1].

7 Cette logique de consommation est cependant devenue difficilement soutenable pour l’environnement, ce qui mène désormais certains acteurs économiques, politiques et sociétaux à repenser entièrement la question de la production et de la consommation, ainsi que celle de la gestion des déchets. La conjonction du développement démographique, de la croissance de la consommation dans les pays développés et de la volonté des pays émergents à faire de même a mené à une consommation tellement importante des ressources naturelles que la croissance économique telle que connue et poursuivie jusqu’à ce jour est devenue intenable. Si les modèles linéaire et circulaire de l’économie coexistent maintenant depuis des années, le premier est de plus en plus remis en question et le second de plus en plus valorisé.

1.1. Les limites de l’économie linéaire

8Une série de limites évidentes au développement de l’économie linéaire peuvent être énumérées. La première d’entre elles est l’impact en termes d’émissions de gaz à effet de serre d’une économie qui ne vise qu’à optimiser les flux produits et le rendement, sans internaliser dans l’équation les conséquences sur l’environnement d’un tel procédé. Or ces pressions environnementales sont loin d’être négligeables : elles prennent notamment pour formes le changement climatique, la disparition de la biodiversité et du patrimoine naturel, la dégradation des sols et la pollution des océans. Depuis quelques années, les externalités négatives du modèle économique linéaire sont partiellement intégrées dans les coûts de production de certaines industries et autres organisations économiques, par le biais entre autres d’un système d’échange de quotas d’émissions ou d’une taxe carbone ; cela a un impact in fine sur la rentabilité de ces entreprises. Le problème ne se situe pas dans le fait que les processus de production et de consommation soient à l’origine d’émissions de CO2, mais bien dans le fait que les quantités émises soient désormais bien supérieures aux capacités régénératives de la biosphère.

9Ensuite, et cela contrairement au postulat implicite sur lequel repose l’économie linéaire, le système économique prend place au sein d’un monde fini, dans lequel les ressources existent dans une certaine limite, avec des capacités de renouvellement propres à chacune d’entre elles. Au-delà d’un seuil critique d’exploitation, certaines ressources peuvent donc être amenées à disparaître. Et cela d’autant que le modèle économique linéaire entraîne beaucoup de gaspillage, notamment en raison de la large absence de recyclage et de revalorisation énergétique des déchets, mais également dans la production et même dans l’exploitation structurelle des produits de cette économie. Par exemple, en Europe, les véhicules des particuliers restent en moyenne immobilisés 92 % du temps  [2]. Selon les chiffres livrés par le Parlement européen, 20 % de la nourriture produite dans l’Union européenne est perdue ou gaspillée. Des vêtements que l’on ne porte que très peu, des appareils dont la technologie évolue rapidement et que l’on remplace sans cesse, etc. Les exemples ne manquent pas. Par ailleurs, le modèle économique linéaire expose l’industrie à la volatilité des prix des matières premières, ainsi qu’aux fluctuations de leur disponibilité (voire à leur tarissement). Cela est d’autant plus vrai dans les nombreuses régions du monde qui ne disposent pas naturellement de ces matières premières et doivent recourir aux importations.

10Aujourd’hui, la consommation d’objets à usage unique ou du moins à usage très limité dans le temps, composés souvent de plastique, est devenue une problématique qu’il n’est plus possible d’ignorer. Pour vendre toujours plus, les producteurs se sont appuyés sur le caractère éphémère de certains produits. Ainsi, l’entreprise française BIC en a même fait sa marque de fabrique avec des articles présentés comme jetables (stylos-billes, rasoirs, briquets, etc.). Des considérations de mode, avec notamment la fast fashion et ses vêtements bon marché ou la mise en avant d’avancées technologiques incessantes (smartphones, tablettes, etc.), servent en outre de justificatifs à des achats à répétition. La logique est alors d’accumuler les biens ou de s’en débarrasser pour les remplacer par des biens neufs  [3].

1.2. Les contours théoriques de l’économie circulaire

11Le fonctionnement de l’économie circulaire s’inspire de celui des écosystèmes naturels dans lesquels rien ne se perd, tout se transforme. Elle vise autant à produire et à consommer autrement qu’à réduire les flux de matières utilisés au sein du système économique en place. Contrairement à une idée largement reçue et qu’il convient de démonter, l’économie circulaire ne se limite pas, dans la théorie du moins, à la valorisation des déchets et au recyclage (d’ailleurs, le recyclage des matières ne constitue que la dernière des « boucles de réutilisation » possibles qu’elle identifie).

1.2.1. Définition

12En 1972, paraît le rapport « Les limites à la croissance (dans un monde fini) » (communément appelé « Rapport Meadows »). Commandé en 1970 par le Club de Rome à des chercheurs du Massachusetts Institute of Technology (MIT), ce rapport constitue la première étude d’envergure mettant en exergue les dangers que la croissance économique et démographique, telle qu’elle se déploie depuis le milieu du XXe siècle, représente pour la Terre et l’humanité. À la suite de ce rapport, de nombreuses organisations et commissions mondiales mettent en lumière la nécessité de mettre en place une transition vers un modèle de production et de consommation n’impliquant pas une exploitation débridée des ressources et n’entraînant pas de sensibles répercussions environnementales. L’une des solutions préconisées est la transition vers une économie circulaire.

13L’association caritative britannique Ellen MacArthur Foundation définit l’économie circulaire comme « restauratrice et régénérative par nature et tendant à préserver la valeur et la qualité intrinsèque des produits, des composants et des matériaux à chaque étape de leur utilisation. Ce modèle économique a pour objectif de décorréler le développement économique mondial de la consommation de ressources limitées »  [4].

14Cette définition – qui est souvent utilisée comme référence – donne une idée générale de ce que recouvre une économie circulaire. Par ailleurs, l’Ellen MacArthur Foundation a contribué à médiatiser ce concept (qui n’est pourtant pas neuf) et permis, dans une certaine mesure, de sensibiliser les décideurs politiques aux avantages qui accompagnent la mise en place d’une telle économie. Il est toutefois utile de rappeler que l’Ellen MacArthur Foundation a développé au fil du temps toute une série de partenariats avec de grands groupes tels que BNP Paribas, Cisco, Danone, DS Smith, Kingfisher, McKinsey and Co, Philips, Renault, Solvay, etc. et même avec l’entreprise BIC, c’est-à-dire avec des acteurs économiques qui poursuivent une logique de production et ne visent logiquement pas une réduction de la consommation et des besoins. Par ailleurs, l’adjectif « régénérative » utilisé dans la définition de l’Ellen MacArthur Foundation peut laisser entendre que de nouvelles ressources sont produites alors que, en pratique, elles sont, au mieux, utilisées de manière plus efficace et respectueuse de l’environnement. Cette même réserve vaut également à la lecture des deux prochains points, concernant les principes et les caractéristiques fondamentaux d’une économie circulaire (cf. infra).

15 Pour sa part, l’Agence de la transition écologique (ADEME, anciennement Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), établissement public français, propose sa propre définition en ces termes : « L’économie circulaire peut se définir comme un système économique d’échange et de production qui, à tous les stades du cycle de vie des produits (biens et services), vise à augmenter l’efficacité de l’utilisation des ressources et à diminuer l’impact sur l’environnement tout en développant le bien-être des individus ».

16 D’autres définitions encore s’ajoutent aux deux mises ici en avant et coexistent, faisant de l’économie circulaire un concept assez souple et même évolutif.

1.2.2. Principes

17Un important coup de projecteur a été donné à l’économie circulaire avec la création, en 2010, de l’Ellen MacArthur Foundation, qui a fait de cette question le cœur de ses recherches et de ses publications. Selon les travaux menés au sein de cette fondation  [5], trois principes encadrent l’économie circulaire  [6].

18Le premier principe de l’économie circulaire consiste à limiter au maximum l’utilisation des ressources naturelles, à les restaurer autant que possible si leur usage est incontournable, et à choisir en priorité des technologies et des processus qui fonctionnent grâce à des ressources renouvelables ou de la manière la plus efficiente possible.

19 Le deuxième principe de l’économie circulaire fait intervenir la notion de cycle, ou de boucle. L’économie circulaire vise une prolongation de la durée de vie des produits grâce à l’usage de boucles de réutilisation : réparation, rénovation, revente, mise à jour technologique, retour en usine et, en dernier recours, recyclage des matériaux et composants. Ainsi, le produit et les matériaux et composants qui le constituent sont maintenus le plus longtemps possible dans le circuit. Cela implique que ce produit soit conçu de manière à pouvoir connaître toutes ces boucles : pouvoir être rénové, pouvoir être remis en état, pouvoir réintégrer l’usine, etc.

Schéma 1

Principe de l’économie circulaire

Schéma 1. Principe de l’économie circulaire

Principe de l’économie circulaire

Source : Cabinet de la ministre fédérale de l’Énergie, de l’Environnement et du Développement durable, « Ensemble, faisons tourner l’économie en développant l’économie circulaire en Belgique », octobre 2016, www.marghem.be, p. 9 (schéma retravaillé sur la base du travail effectué par l’Ellen MacArthur Foundation).

20Les circuits courts sont privilégiés. L’économie circulaire repose sur l’idée que plus la boucle est courte, plus le procédé utilisé est efficace. La maintenance et la réparation d’un produit, qui sont des boucles courtes, permettent de préserver l’essentiel de la valeur de ce produit sans engager une somme de travail et d’énergie trop conséquente pour conserver ce produit dans le circuit. Si la réparation n’est plus possible, les matériaux et composants du produit sont réutilisés ou réusinés. En dernier recours, les matériaux et composants du produit sont recyclés ou valorisés énergétiquement. Il convient de bien souligner que le recyclage ne constitue que la dernière des boucles de réutilisation possibles ; toutes les autres lui sont préférées par défaut (maintenance, réparation, etc.). Afin d’optimiser le processus, il s’agit de maximiser le nombre de boucles consécutives ainsi que leur durée. Le partage permet également d’accroître le temps d’utilisation d’un produit.

21 Comme on l’aura compris, l’économie circulaire fonctionne donc en cascade. Dans un premier temps, l’objectif est d’allonger la durée de vie d’un produit en l’entretenant correctement et en le réparant si nécessaire. Dans un deuxième temps, ce produit peut être réutilisé et trouver une deuxième vie, sur le marché de l’occasion et de la seconde main notamment. Il peut également être remanufacturé, en tout ou en partie. Dans un troisième et dernier temps, les matériaux qui composent le produit peuvent être recyclés. Par exemple, des vêtements en coton pourront tout d’abord être rapiécés lorsque l’usure le nécessitera, ensuite être réutilisés comme vêtements d’occasion et, enfin, prendre la forme de fibres ou de laine de roche isolante et retrouver une nouvelle vie dans l’industrie de l’ameublement ou dans le secteur de la construction ou de l’automobile.

22 Le troisième principe vise, d’une part, à accroître l’efficacité du système économique dans son ensemble dans des domaines aussi variés que l’alimentation, la mobilité, l’habitat, l’éducation, la santé et les loisirs et, d’autre part, à gérer, dans le même temps, les externalités négatives comme l’occupation des sols, la pollution de l’air et de l’eau, la pollution sonore et la libération dans la biosphère de substances toxiques.

1.2.3. Caractéristiques fondamentales

23 Les trois principes ainsi énoncés représentent une sorte de marche à suivre pour la mise en œuvre d’une économie circulaire. Celle-ci répond également à quatre caractéristiques fondamentales.

24 Primo, éliminer les déchets. Dans une économie circulaire, les déchets sont réaffectés. On distingue le cycle biologique du cycle technologique. Dans le premier, les matières biologiques, non toxiques, sont utilisées jusqu’à ce qu’elles retournent, naturellement ou avec l’intervention de l’homme, nourrir les sols sous la forme de compost ou d’engrais ou qu’elles soient méthanisées. Le processus de méthanisation repose sur la décomposition de déchets pourrissables (végétaux ou autres matières organiques, mais également les boues et eaux résiduaires) grâce au travail de certaines bactéries. Ce procédé permet par ailleurs de générer une énergie renouvelable, le biogaz. Celui-ci peut être transformé en chaleur, en électricité et en carburant pour véhicules. Dans le cycle technologique, les déchets composites (alliages, polymères, etc.) doivent être conçus pour être récupérés et réutilisés ou recyclés facilement, en consommant le moins d’énergie possible, tout en maintenant leur qualité.

25 Secundo, privilégier la diversité du tissu économique. À côté des grandes entreprises, qui assurent le volume et l’efficacité de la production, de petites entreprises doivent pouvoir proposer des alternatives.

26 Tertio, alimenter prioritairement le processus économique avec des énergies renouvelables. Favoriser l’utilisation de ce type d’énergie au sein d’une économie circulaire répond naturellement au besoin de préservation des ressources non renouvelables, à celui de réduction de la dépendance existant vis-à-vis de celles-ci et enfin à celui de résilience des systèmes (vis-à-vis d’un choc pétrolier, par exemple). L’objectif est parallèlement d’abaisser les seuils des niveaux d’énergie nécessaire au fonctionnement de l’économie circulaire.

27 Quarto, aligner les prix sur les coûts réels. Dans une économie circulaire, les prix reflètent les coûts dans leur intégralité, en ce compris les externalités négatives. Pour leur part, les subventions aux effets pervers sont identifiées et supprimées.

1.3.1. La mise en pratique de l’économie circulaire

28En pratique, adhérer au concept d’économie circulaire peut prendre différentes formes et concerner différentes étapes de la vie d’un bien. Cela commence par la manière de concevoir ce bien et d’envisager son utilisation. Une fois utilisable et commercialisable, un bien matériel intégrera un cycle technique tandis qu’un produit organique (nourriture, coton, etc.) débutera quant à lui un cycle biologique. Au sein de ces cycles, l’économie circulaire a identifié plusieurs boucles possibles, qui permettent à un bien ou un produit usagé ou abîmé – qui, dans une économie linéaire, serait condamné à être éliminé une fois devenu un déchet – de retrouver une utilité et de réintégrer le cycle économique original. Ces boucles sont plus ou moins longues en fonction de l’énergie et des matières premières qu’il faudra mobiliser. La réutilisation, via par exemple un réseau de seconde main, constitue une boucle courte. A contrario, le recyclage incarne la boucle la plus longue de l’économie circulaire, l’étape ultime et la plus énergivore avant que le bien ne sorte du cycle économique. Dans la logique de l’économie circulaire, une boucle courte sera privilégiée à une boucle longue car elle permet d’allonger la durée de vie des biens avec le moins de transformations possible.

1.3.1. La conception

29Pour que l’économie circulaire exprime son plein potentiel, il est souhaitable que l’ensemble de la chaîne de production s’appuie sur ce concept, à commencer par la conception du produit.

L’économie de fonctionnalité

30La stratégie commerciale classique, telle qu’elle est la plus généralement appliquée aujourd’hui encore, vise à vendre un maximum de produits, avec une tendance à écourter le temps de vie de ceux-ci (ce que l’on appelle l’obsolescence, qu’elle soit programmée ou non) afin de vendre davantage encore. A contrario, l’intégration dans le processus de production du concept d’économie de fonctionnalité se traduit par le fait de vendre l’usage d’un produit (c’est-à-dire sa fonction) et non la propriété de celui-ci. Ainsi, le producteur est incité à maximiser la longueur de vie de ce produit, en rendant celui-ci facilement réparable et en assurant sa maintenance. L’introduction de l’économie de fonctionnalité dans un business model signifie dès lors la mise en place de toute une réflexion visant à ce que le processus de fabrication permette le plus aisément possible la réparation et le recyclage des produits, afin d’accroître le temps de vie de ceux-ci. C’est ainsi qu’un certain nombre de pièces mécaniques sont désormais conçues pour pouvoir être réparées.

31 À titre d’exemple, le groupe Michelin, spécialisé dans les pneumatiques, rencontrait des difficultés à vendre au juste prix des pneus qui avaient bénéficié d’une importante innovation technologique. Pour faire face, la société Michelin propose à ses clients d’acheter, non plus des pneus, mais des kilomètres. En conséquence, le cycle de vie de ces produits a tout intérêt à être le plus long possible, avec en prime quelques conseils d’utilisation et la maintenance. La marge économique s’est accrue pour Michelin (baisse des coûts d’énergie) tandis que les frais se sont réduits pour l’utilisateur (baisse du coût du carburant grâce à la qualité des pneus). Un autre avantage pour Michelin est la fidélisation du client.

L’écoconception

32Si l’économie de fonctionnalité doit être considérée comme un type de modèle économique, le concept d’écoconception est une approche encore vague et modulable en fonction de l’entreprise prétendant y souscrire. Il s’appuie sur l’idée de tendre vers un mode de conception et de développement de produits le plus respectueux possible de l’environnement, ce qui implique l’utilisation privilégiée de ressources renouvelables ainsi que la prise en compte, dès la réflexion relative à la conception d’un nouveau produit, de l’étape de sa gestion finale, lorsqu’il deviendra un déchet, ce qui implique idéalement d’anticiper les possibilités de réutilisation, de réparation et de recyclage de celui-ci.

33 En octobre 2019, la Commission européenne a adopté dix règlements d’exécution en matière d’écoconception qui fixent des exigences d’efficacité énergétique, de disponibilité de pièces de rechange et de consommation maximale d’eau pour les groupes de produits suivants : réfrigérateurs, lave-linge, lave-vaisselle, dispositifs d’affichage électronique (y compris les téléviseurs), sources lumineuses et appareillages de commande, alimentations électriques externes, moteurs électriques, réfrigérateurs disposant d’une fonction de vente directe (distributeurs automatiques), transformateurs électriques et matériel de soudage  [7].

L’approche « du berceau au berceau » (cradle to cradle)

34Ce sont les économistes britanniques David W. Perce et Kerry R. Turner qui, dans leur ouvrage Economics of Natural Resources and the Environment paru en 1990, auraient pour la première fois utilisé le terme d’économie circulaire. Toutefois, c’est l’approche cradle to cradle (C2C), mise au point en 2002 par le chimiste allemand Michael Braungart et l’architecte états-unien William McDonough  [8], qui a réellement mis le concept à l’avant-plan. Leurs travaux s’appuient sur l’observation de la nature, dans laquelle les déchets d’un organisme deviennent une ressource pour un autre organisme et les apports en énergie se font naturellement (solaire, éolien, thermique, etc.). Dès 2002, ce concept C2C est devenu un label attribué à des produits (ou services) conçus de telle façon qu’une fois arrivés en fin de vie, les matières utilisées pour les concevoir sont facilement séparées les unes des autres pour réintégrer le cycle de fabrication d’un autre produit. Contrairement au recyclage (cf. infra), l’approche C2C s’appuie sur la garantie du maintien de la qualité des matières.

35 Le C2C Product Innovation Institute attribue plusieurs niveaux de certification aux entreprises concernées (basic, bronze, silver, gold et platinium). L’attribution du label dépend d’une série d’analyses portant sur la toxicité du produit pour la santé et pour l’environnement, sur le type et la quantité d’énergie utilisée pour sa conception, sur la réutilisation et le recyclage potentiels des matériaux qui le constitue et sur la responsabilité sociale de l’entreprise dont il provient. Depuis 1995, entre 500 et 600 produits ont été certifiés C2C de par le monde, essentiellement aux États-Unis, aux Pays-Bas et en Allemagne  [9].

36 Ainsi, la firme suisse Rohner est à l’origine d’un tissu biodégradable couramment utilisé par les fabricants de fournitures de bureau. C’est un matériau compostable, répondant à toutes les exigences de la certification C2C. Les rognures de coupe sont recyclées auprès d’un consortium de producteurs de fraises, qui utilisent cette matière biodégradable comme paillage couvre-sol et isolant.

1.3.2. Le cycle technique

37Au-delà de l’étape de réflexion sur la conception d’un produit, afin que celle-ci réponde au mieux à la volonté de préserver l’environnement, l’économie circulaire intègre, dans un second temps, le cycle de vie même de ce produit, qu’il soit fait de matériaux (cycle technique) ou de ressources organiques (cycle biologique), afin d’optimiser le temps de vie des ressources et composants nécessaires à la production. Dans le cycle technique, les matériaux, les composants et les produits eux-mêmes sont réutilisés, réparés et maintenus, reconditionnés, remanufacturés ou encore recyclés.

La réutilisation, la maintenance et la réparation

38Le développement depuis quelques années de la consommation collaborative (parfois aussi dénommée économie collaborative ou économie de partage) s’intègre parfaitement dans le concept plus général d’économie circulaire. Il s’agit d’un modèle économique où l’usage l’emporte sur la propriété. Si, dans le modèle linéaire, la durée d’usage d’un produit commercialisé est en moyenne bien inférieure à la durée de vie technique de ce même produit, la réutilisation, la maintenance et la réparation permettent d’allonger son cycle de vie et ainsi de réduire la masse des déchets à gérer tout en limitant le nombre de biens neufs à produire.

39 Un bien peut faire l’objet d’une réutilisation par la même personne, mais pour un usage différent. Par exemple, des bocaux à confiture qui, au lieu d’être jetés, deviennent des contenants de rangement pour des épices ou des graines  [10]. Mais la réutilisation peut également prendre la forme d’un échange ou d’un don, entre particuliers ou envers une association, ou celle d’une revente, qui impliquera une contrepartie monétaire et parfois un intermédiaire. On pense ici aux magasins d’objets d’occasion, aux sites de seconde main, etc.

40 Au-delà de cette valorisation par la réutilisation et le partage, le plus évident, afin de conserver un bien dans un cycle de vie économique, c’est de le maintenir en état de fonctionner. La maintenance peut être préventive, systématique ou non, comme l’entretien régulier d’une voiture, ou corrective, lorsqu’un dégât intervient. À ce titre, la réparation est une forme de maintenance  [11].

41 Quand le bien est détérioré ou tombe en panne, il peut retrouver son utilité par un acte de réparation. On parle ici de la résolution d’un problème en particulier sans offrir de garantie sur le bon fonctionnement global du produit. À la différence du reconditionnement (cf. infra), qui tend à remettre des produits usagés dans un certain niveau de qualité, la réparation se borne à remettre un produit en état de marche.

42 Le concept du repair café s’intègre dans cette démarche. Il s’agit d’un événement tenu ponctuellement et lors duquel des bénévoles aident les participants à réparer certains objets (textiles, appareils électriques ou informatiques, etc.). La contribution demandée en retour pour ce service est volontaire, déterminée au cas par cas par les participants. Visant l’émancipation de chacun, le repair café est également une occasion de partage et de transmission du savoir, afin qu’il devienne davantage naturel et économiquement intéressant de réparer plutôt que de jeter et remplacer.

43 La réparation peut également être proposée par certaines marques commerciales, au-delà donc de l’idée de consommation collaborative. Une autre possibilité encore est fournie par des publications spécialisées ou par des sites Internet. Par exemple, la plateforme iFixit offre ainsi aux internautes un choix de pièces détachées et de tutoriels de réparation pour du matériel électronique, électroménager ou automobile. De manière générale, les vidéos proposant un modus operandi clair afin de réparer les appareils du quotidien se sont multipliées ces dernières années sur la toile.

Le reconditionnement

44Le reconditionnement est un procédé destiné à redonner une certaine esthétique à un bien ou à un composant, ou qui implique une remise en état de marche, qui permette de le considérer « comme neuf ». Contrairement à la refabrication (cf. infra), le reconditionnement ne nécessite qu’un démontage partiel du produit usagé à remettre « à neuf ». Par exemple, les équipements électroniques (ordinateurs, téléphones portables, etc.), les avions de ligne, les trains et les ambulances peuvent être reconditionnés. Apple propose ainsi des produits reconditionnés, certifiés par la marque et garantis un an, avec une remise pouvant atteindre 15 % par rapport aux équivalents neufs ; les produits reconditionnés par la marque (ordinateurs, tablettes, accessoires) sont soumis à des tests qui répondent aux mêmes exigences fonctionnelles que les produits neufs. Le secteur de l’énergie opte lui aussi régulièrement pour le reconditionnement, avec le réusinage des pales des turbines hydrauliques ou des éoliennes, par exemple.

La refabrication (« remanufacturing »)

45 Alors que le recyclage est un concept désormais bien connu, il n’en va pas de même pour la refabrication ou remanufacturing. Il s’agit d’un processus industriel qui vise à récupérer les composants d’un produit en fin de vie afin de les utiliser dans la conception d’un nouveau produit présentant un niveau de performance et de qualité identique ou supérieur à celui d’un produit équivalent neuf. Cette opération donne lieu à une mise sous garantie du produit remis à neuf équivalente à celle accordée pour un produit réellement neuf.

46 Ce procédé implique plusieurs étapes : le tri des déchets (les produits usagés qui ne peuvent pas être remis en état sans un coût économique important sont écartés) ; le démontage et le nettoyage des différents composants ; le tri de ces composants (les pièces usées sont à leur tour écartées) ; le réassemblage (des pièces neuves peuvent remplacer certaines pièces usées et une remise à niveau technologique peut être nécessaire). Tous les produits ne sont pas destinés à être remanufacturés ; les candidats idéaux sont généralement constitués de composants facilement démontables, avec une évolution technologique modérée.

47 La refabrication s’est notamment développée dans l’industrie automobile  [12]. Ce secteur est hautement dépendant de certaines matières premières et de métaux précieux et, à ce titre, le recyclage est devenu pour lui un enjeu de taille. Toutefois, intervenir en amont du recyclage, par le biais de la refabrication, s’avère nettement plus profitable en termes d’économies d’énergie et de gestion des matières premières puisqu’il s’agit de travailler à partir de pièces déjà ouvragées. À titre d’exemple, Renault produit des moteurs remanufacturés sur le site de Choisy-le-Roi, en Île-de-France, depuis 1949. Depuis lors, l’usine de refabrication a diversifié son offre avec les pompes à injections, les boîtes de vitesses, les injecteurs et les turbocompresseurs. Les pièces remanufacturées à l’usine de Choisy-le-Roi sont destinées à la réparation des véhicules déjà en circulation. Tout en garantissant la même qualité que les pièces neuves, ces pièces remanufacturées sont 30 % à 50 % moins chères. Ce qui n’est pas remanufacturé à partir des carcasses de véhicule traitées est en grande partie recyclé dans les fonderies du groupe pour produire de nouvelles pièces.

48 Les autres grandes marques de l’industrie automobile (PSA, Volkswagen, Volvo, etc.) procèdent de même. En Belgique, à Braine-l’Alleud, l’entreprise AW Europe, contrôlée par le groupe japonais Ainsi et affiliée au groupe japonais Toyota, mène entre autres une activité de refabrication. D’autres secteurs sont également concernés par le remanufacturing, comme Caterpillar, pour les pièces de ses engins de chantiers, Xerox, pour ses imprimantes, ou Philips, pour ses équipements médicaux.

Le recyclage

49La dernière boucle de l’économie circulaire avant d’en arriver à la valorisation énergétique ou à l’élimination (enfouissement des déchets) est le recyclage. Il s’agit d’un procédé de traitement des déchets qui vise à en extraire les matériaux qui les composent afin de pouvoir les réintroduire dans un nouveau cycle de vie. On recourt au recyclage lorsque le potentiel de prolongation d’un bien a été exploité ou lorsqu’il n’existe tout simplement pas de possibilité de prolongation.

50Le recyclage d’un produit en plastique peut se faire soit mécaniquement, en réduisant le plastique en granules qui seront utilisées pour la conception de nouveaux produits (bouteilles en plastique, rembourrage des manteaux ou des sacs de couchage, textiles, etc.), soit chimiquement ou thermiquement, avec un résidu utilisable ensuite dans l’industrie chimique (ce qui s’apparente pour certains davantage à un processus de valorisation énergétique que de recyclage proprement dit). Deux types de plastique sont actuellement couramment recyclés : ceux en polyéthylène téréphtalate (PET), qui sont des plastiques transparents, souples et légers (pour les bouteilles d’eau et de jus de fruits, etc.), et ceux en polyéthylène haute densité (PEHD), qui sont quant à eux légèrement translucides ou opaques et davantage rigides (pour les bidons de lessive, les bouteilles de lait et les flacons de shampoing, etc.).

51 Pour le recyclage du papier, la première étape consiste à maintenir en suspension dans l’eau les fibres issues des vieux papiers et cartons récoltés. La pâte grisâtre obtenue est soumise à un processus de nettoyage afin d’en extraire les agrafes, la laque, le vernis, les restes de colle, les morceaux de plastique, les cordons, etc.  [13] La production de certains papiers recyclés demande une étape supplémentaire de désencrage car l’encre encore présente sur les fibres traitées influence la couleur et l’homogénéité du produit fini. Une dernière étape de blanchiment, grâce au peroxyde d’hydrogène, est généralement de mise également  [14]. En toute logique, certains papiers recyclés s’avèrent plus écologiques que d’autres, en fonction du taux de fibres recyclées incorporées dans le papier (entre 50 % et 100 %) et des traitements subis pendant le recyclage (désencrage, blanchiment). Ainsi, le papier 100 % recyclé, non blanchi et non désencré sera le plus écologique  [15]. Le label « FSC recyclé », reconnu au niveau mondial (et géré par le Forest Stewardship Council - FSC), garantit que toutes les composantes en bois ou en fibres de bois du produit sont issues à 100 % de matières recyclées.

52On considère que le verre est recyclable à l’infini. La collecte des verres transparents incolores et colorés se fait majoritairement de manière séparée, seule manière d’obtenir à nouveau du verre incolore : s’il est possible d’obtenir du verre coloré à partir de verre blanc, le contraire n’est pas vrai. Après avoir éliminé les impuretés collectées avec le verre (telles que les étiquettes, les capsules et des déchets organiques), celui-ci est broyé pour former du calcin qui sera ensuite fondu puis soufflé pour produire de nouveaux emballages en verre. Le verre des plats en vitrocéramique et celui de la vaisselle (verres à pied, assiettes, etc.) ne peuvent être mélangés aux verres d’emballage collectés dans les bulles à verre (bouteilles, flacons et bocaux en verre transparent) car leur composition est différente et entraîne d’importants problèmes lors de la refonte.

53Le recyclage des déchets d’emballages métalliques concerne essentiellement l’acier et l’aluminium, avec deux avantages évidents lorsqu’ils sont collectés sélectivement : une perte minime de qualité du produit recyclé et des économies d’énergie importantes par rapport à la production d’acier (75 %) ou d’aluminium (95 %) neuf. L’acier est trié à l’aide d’aimants et l’aluminium grâce à des séparateurs à courants de Foucault. C’est un autre avantage du métal dans l’optique du recyclage : le tri peut ainsi en être facilité. L’acier et l’aluminium sont broyés et nettoyés pour donner de la ferraille qui est prête pour le four. L’acier est envoyé à l’aciérie, l’aluminium aux fonderies spécialisées. Le métal recyclé est ensuite transformé en produits semi-finis notamment employés dans le secteur des transports (pièces automobiles, etc.), de la construction ou les emballages (cannettes, plats préparés, boîtes de conserve, etc.).

54 Les métaux collectés pour le recyclage sont également issus des déchets d’usine (parfois directement recyclés sur place par une refonte sur site) ou de produits en fin de vie (dépôts dans les parcs à conteneurs, dans les entreprises spécialisées dans la récupération et le traitement des métaux, dans les centres de recyclage des véhicules automobiles, etc.). De manière générale, la production de matière première secondaire requiert souvent beaucoup moins d’énergie que celle nécessaire à la production de la matière première issue de l’extraction. Par ailleurs, les appareils électriques et électroniques font l’objet d’une attention particulière, du fait de la raréfaction de leurs composants, de même que les déchets issus du secteur de la construction (qui en est un gros producteur).

55 Si les principes de recyclage et de valorisation énergétique sont antérieurs au développement du concept d’économie circulaire, cette dernière est appelée à favoriser ces processus et à permettre de récupérer un taux sans cesse plus élevé de ressources dans les matières résiduelles, grâce à une réflexion en ce sens en amont de la production.

Les limites du recyclage

56Le recyclage est non seulement la boucle la plus longue que peut offrir l’économie circulaire, et donc la plus onéreuse en matière de ressources mobilisées, mais ce procédé montre également ses limites, en particulier pour les matières plastiques.

57Contrairement à l’image qui est la sienne aujourd’hui dans certains milieux, le plastique a sans doute un juste rôle à jouer au sein de notre économie. Comme le souligne la Commission européenne, certains matériaux légers et innovants utilisés dans le secteur automobile ou l’aviation permettent par exemple de réduire la consommation de carburant et les émissions de CO2 associées. Le recours à des matériaux d’isolation haute performance contribue à réduire les besoins en énergie. Malgré les dérives et les emballages non appropriés, le plastique peut également, dans une certaine mesure, permettre d’assurer la sécurité des aliments et de lutter contre le gaspillage alimentaire. Sans compter encore l’utilisation de matériaux plastiques élaborés dans certains secteurs de pointe comme la médecine  [16].

58 Toutefois, les modes actuels de production, d’utilisation et de mise au rebut des matières plastiques ont induit une congestion avérée du système avec des enjeux environnementaux désormais criants. Environ 8 millions de tonnes de déchets plastiques finissent chaque année leur parcours dans les océans. Alors que le papier, le verre et les métaux se recyclent selon des taux très satisfaisants (cf. infra), il n’en est rien pour le plastique, pour lequel un peu plus de 30 % des déchets collectés au niveau européen sont récupérés pour être recyclés. Les produits contenant du plastique sont très variés et se composent généralement de très nombreux polymères différents, parfois en petite quantité, et eux-mêmes associés à d’autres composants tels que du métal, ce qui rend l’activité de tri, en amont du recyclage, très complexe. Cette complexité est également accrue par certaines politiques de marketing. À titre d’exemple, le tri optique opéré en amont du recyclage pour séparer les différents types de déchets ne permet pas d’assurer la reconnaissance d’une bouteille en PET si le fabricant y a apposé un film plastique promotionnel, le distinguant des concurrents. De même, les stries présentes sur certaines bouteilles invitent le consommateur à réduire celles-ci en boules alors qu’elles devraient être aplaties dans le sens de la longueur pour faciliter leur identification lors du tri optique.

59Une autre difficulté réside dans le fait que le tri, le potentiel recyclage et l’enfouissement à l’étranger des déchets plastiques les plus difficilement recyclables, notamment en Asie, restent économiquement plus compétitifs, transport inclus, que le traitement de ces déchets sur le territoire européen. L’activité de recyclage du plastique reste encore souvent économiquement peu attractive, concerne de petites structures et dépend de gisements d’approvisionnement de quantité et de qualité parfois insuffisantes.

60Enfin, le recyclage du plastique induit une perte de qualité par rapport à l’emballage d’origine, ce qui implique que seul un certain pourcentage de plastique recyclé peut intervenir dans la production d’un nouvel emballage plastique. À titre d’exemple, la société belge Spadel intègre, depuis 2010, 50 % de PET recyclé dans ses bouteilles de Spa Reine  [17]. En effet, introduire un trop grand pourcentage de PET recyclé dans une nouvelle bouteille peut altérer la solidité du contenant ou sa couleur, ce qui est préjudiciable pour une marque vantant la pureté de son eau. Cela est dû au fait que les balles de PET destinées à être recyclées contiennent diverses impuretés du fait que s’y côtoient par exemple bouteilles d’eau et bouteilles de produit vaisselle. Une solution pourrait être, comme certains le désirent, d’augmenter la qualité des balles de plastique collecté en mettant en place un système de consigne, comme c’est le cas pour les bouteilles en verre, et de constituer des balles homogènes à partir de ces bouteilles consignées.

61 Le débat est en tout cas ouvert en Belgique, parallèlement d’ailleurs, et cela peut sembler contradictoire, aux efforts mis en place pour élargir le contenu collecté grâce aux sacs bleus, dédiés à l’origine aux emballages PMC (sigle désignant les bouteilles et flacons en plastique, les emballages métalliques et les cartons à boissons). Dans sa déclaration de politique régionale, le gouvernement wallon Di Rupo III (PS/MR/Écolo) indique vouloir, après évaluation des expériences pilotes actuelles, défendre la mise en œuvre progressive, à l’échelle de la Belgique, d’un système de consigne ou de prime de retour pour les canettes et les bouteilles en PET qui soit efficace et économiquement viable. En Région de Bruxelles-Capitale également, la mise en place d’une consigne pour les emballages de boissons fait partie de l’accord du gouvernement Vervoort III (PS/Écolo/Défi/Groen/ Open VLD/one.brussels-sp.a). En Flandre, la question reste en suspens. Un système de consigne serait également une opportunité pour réduire les déchets sauvages – qui continuent à constituer une problématique importante dans le cadre de la gestion des déchets –, en incitant le consommateur à ramener ses bouteilles contre rémunération au lieu de devoir débourser pour s’en débarrasser (les sacs bleus étant payants) ou, pour éviter cette dépense, de les abandonner dans la nature. Si un tel projet devait voir le jour, il est en tout cas fort probable que la grande distribution s’attendra à un soutien public pour compenser la main-d’œuvre et l’espace de stockage nécessaires en magasin.

62 Parallèlement à ce débat en cours, le sac bleu, traditionnellement connu par les ménages belges pour récolter les PMC – à savoir les emballages plastiques (bouteilles et flacons), les emballages métalliques (cannettes, barquettes, etc.) et les cartons à boisson –, est l’objet des attentions depuis la fin de l’année 2019 car son contenu va être progressivement élargi. C’est déjà le cas pour certaines intercommunales  [18], où un nouveau sac bleu peut désormais également contenir des barquettes et des raviers en plastique, des pots et des tubes en plastique (pots de yaourt, tubes de dentifrice, etc.), les films plastiques qui entourent les canettes et les bouteilles de boissons diverses, et enfin des sacs et sachets en plastique. Pour laisser aux intercommunales, qui organisent les collectes sélectives, ainsi qu’aux centres de tri le temps de s’adapter au traitement du contenu élargi de ce nouveau sac bleu, celui-ci sera introduit de manière échelonnée dans le reste de la Belgique. Fost Plus s’est engagé à couvrir toute la Belgique dès 2021.

63 Pour ce qui est du papier également, le recyclage montre ses limites et ne peut constituer qu’une partie seulement de l’approvisionnement en fibres de l’industrie papetière. Tous les vieux papiers ne sont pas recyclables. Les vieux papiers souillés sont écartés lors de la collecte et différents types de papier, comme le papier peint ou les mouchoirs, par exemple, ne sont tout simplement pas recyclables. Selon l’association européenne représentant l’industrie de la fibre de bois et du papier, la Confederation of European Paper Industries (CEPI), environ 20 % des papiers mis sur le marché européen ne peuvent être récupérés pour le recyclage. Par ailleurs, dans l’état actuel des technologies, la qualité des fibres de bois est altérée lors du recyclage, ce qui nécessite un apport systématique de fibres vierges dans le cycle global de la production papetière. Les papiers graphiques de haute qualité nécessitent davantage de fibres vierges que le papier journal ou les papiers et cartons d’emballage. Le papier recyclé doit contenir au moins 50 % de fibres de cellulose de récupération provenant de déchets de papier imprimé  [19].

64 Avec sa particularité d’être recyclable à l’infini, le verre semble le candidat par excellence pour cette pratique. Cependant, afin de maintenir la qualité de conception du verre, le calcin issu du recyclage ne peut pas dépasser un certain pourcentage de la masse de matières premières utilisées (dont le sable, qui vient progressivement à manquer) : 30 % pour le verre plat, 50 % pour le verre creux, 60 % à 70 % pour le verre cellulaire et jusqu’à 90 % pour la laine de verre. Toutefois, les limites technologiques d’incorporation du calcin dans la fabrication du verre sont loin d’être atteintes. Pour obtenir ce calcin, la collecte des verres creux (bouteilles, flacons, bocaux) s’opère via les bulles à verres, et celle des verres plats (vitres et miroirs) via les parcs à conteneurs. Seul du verre plat est utilisé pour le calcin impliqué dans la conception d’un nouveau verre plat, tandis que du verre creux peut être obtenu à partir d’un calcin issu de verre plat et creux  [20].

65 Par ailleurs, tous les types de verre ne sont pas recyclables, à l’image du verre « culinaire » (vaisselle et plats transparents, qui contiennent de la céramique) ou des verres spéciaux tels que les écrans de télévision, les miroirs, etc., qui nécessitent des températures de fusion supérieures.

66 Enfin, le recyclage du verre demande de l’énergie et l’apport d’un certain pourcentage de matière première non recyclée afin de maintenir le niveau de qualité requis, ce qui rend attractive une autre solution, celle d’un système de consigne. Les bouteilles consignées sont retournées, le plus souvent contre rémunération, à leur point d’origine et réintègrent les chaînes d’embouteillage après avoir été nettoyées et inspectées. L’opération peut être renouvelée entre une vingtaine et une cinquantaine de fois environ. Si le procédé a l’avantage de réduire la quantité de déchets produits et d’économiser l’énergie nécessaire au recyclage du verre, il est cependant gourmand en eau. Le nettoyage des bouteilles de bière est à ce titre particulièrement compliqué car il s’agit d’éliminer les levures qui restent parfois au fond des contenants  [21]. Certains facteurs influencent l’impact environnemental du système de consigne pour les bouteilles en verre : le nombre de kilomètres entre les points de récolte des bouteilles consignées et les stations de lavage, l’utilisation ou non d’étiquettes microperforées, qui se détachent plus facilement, la qualité de la bouteille d’origine, qui permettra un nombre plus ou moins grand de réutilisations, la performance énergétique et de consommation en eau des équipements de lavage. Dans une étude publiée en octobre 2018, l’ADEME indique ainsi que « le système avec consigne présente des bénéfices environnementaux potentiels par rapport au système sans consigne lorsque la réutilisation des bouteilles est élevée, que le lavage est optimisé avec une faible consommation d’eau et d’énergie, et lorsque les distances de transport sont modérées, avec de préférence un lavage réalisé sur le site de conditionnement, c’est-à-dire internalisé pour diminuer les distances de transport »  [22].

67 En Belgique, la filière du lavage reste actuellement aux mains des grands fournisseurs (AB InBev, Spadel, etc.) et des brasseurs, mais une offre plus locale existe également, comme chez Axedis, une entreprise de travail adapté située à Limal, qui est notamment active dans le domaine du lavage des gobelets réutilisables des festivaliers. Même s’il constate une hausse importante de la vente de bouteilles en verre consigné (à savoir + 25 % entre 2017 et 2019), le chief executive officer (CEO) de Spadel, Marc du Bois, estime qu’au-delà de 200 kilomètres entre la source et le point de vente, ce type d’emballages, à cause des trajets, perd son intérêt environnemental  [23]. Par ailleurs, la consigne des bouteilles en verre nécessite une certaine uniformité des contenants, ce qui peut apparaître comme un frein pour les producteurs qui souhaitent généralement se démarquer les uns des autres.

68Le développement de nos économies s’est accompagné avec le temps d’un besoin accru d’exploiter un nombre toujours plus important de métaux différents. Moins d’une vingtaine de métaux étaient exploités dans les années 1970, alors que ce chiffre a désormais triplé. Après les métaux ferreux  [24] et cuivreux, puis les métaux non ferreux (comme l’aluminium, le plomb ou le zinc), c’est aujourd’hui autour des métaux destinés à la fabrication des appareils électriques et électroniques, tels que le lithium, l’indium ou les terres rares, que se cristallisent les enjeux d’une demande en progrès constant. La concentration des minerais a décru avec le temps, la priorité ayant été donnée à l’exploitation des minerais les plus concentrés, ce qui induit aujourd’hui des coûts d’extraction de plus en plus lourds. En effet, la concentration moyenne des métaux est négativement corrélée à la profondeur dont ils sont extraits. Parallèlement à cela, nos modes de vie requièrent de plus en plus d’énergie, et donc de métaux, dont l’exploitation requiert elle aussi de plus en plus d’énergie. Une part considérable de l’énergie primaire mondiale est utilisée pour l’extraction et le raffinage des métaux. Il s’agit là d’un cercle vicieux. À situation inchangée, il ne resterait qu’entre 30 et 60 ans de réserves pour la grande majorité des métaux. Pour l’indium (utilisé dans les cellules photovoltaïques ou les écrans LCD) ou l’antimoine (très présente dans l’électronique), les réserves ne couvriraient plus qu’une vingtaine d’années seulement  [25]. Dans un contexte où la consommation de métaux ne cesse d’augmenter à un rythme effréné, préserver les ressources semble donc devenu un objectif incontournable.

69 Dans ce cadre, le recyclage des métaux est bien entendu une option. Cependant, si le taux de recyclage de certains grands métaux industriels, tels que l’acier ou le cuivre, est relativement élevé (cf. infra), notamment dans les pays développés, ce n’est pas le cas pour des métaux plus rares, dont l’exploitation est plus récente et géographiquement très concentrée, et pour lesquels les filières de recyclage commencent tout juste à voir le jour. Il s’agit entre autres de l’iridium, de l’indium, du platine et des terres rares, qui sont autant de composants incontournables de l’industrie moderne pour fournir en grandes quantités les batteries électriques, les éoliennes, les panneaux photovoltaïques, les téléphones portables, les fibres optiques, etc. Dans notre société high tech en pleine transition énergétique, ces métaux sont devenus aussi rares qu’indispensables. Or, actuellement, le recyclage de ces métaux coûte toujours plus cher que leur extraction, avec une incidence écologique parfois désastreuse dans diverses régions du globe.

70 D’autres difficultés résident dans le fait, d’une part, que la complexité des produits à recycler rend difficile le prélèvement des métaux qui les constituent et, d’autre part, que, lorsque ces métaux peuvent être récupérés, ils sont rarement réutilisés pour les mêmes applications. La complexité croissante de la composition des véhicules automobiles donne une illustration du défi que constituent la récupération et le tri des métaux à recycler. Il est par ailleurs impossible de séparer les métaux au sein des alliages ; ceux-ci ne peuvent donc pas être recyclés  [26].

71 Comme pour le plastique, l’Asie, et particulièrement la Chine, était devenue une destination prisée des pays européens pour le recyclage plus complexe de déchets alliant plusieurs types de métaux, voire un mélange de plastique et de métaux comme l’aluminium (emballages alimentaires). Mais depuis fin 2017, la Chine a progressivement limité les importations occidentales de ce type.

La valorisation énergétique

72 Quant à elle, la valorisation énergétique permet une récupération de l’énergie, ou d’une partie de l’énergie, pouvant être tirée des matières traitées. Elle constitue une alternative à l’enfouissement des déchets. En effet, lorsqu’il n’est pas possible de récupérer les ressources sous la forme de matériaux, les déchets peuvent être, dans une certaine mesure, convertis, par différents procédés dont celui de la combustion, en chaleur ou en électricité. Cette option de la valorisation énergétique, et ce même si des progrès techniques ont été enregistrés ces dernières décennies, est la plus polluante au sein de l’économie circulaire, et doit de ce fait être envisagée en dernier recours.

73 Dans cet ordre d’idée, l’échelle de Lansink  [27] hiérarchise les différentes solutions existant en matière de traitement des déchets. Elle a pour objectif de donner la priorité aux modes de transformation les plus respectueux de l’environnement, le meilleur déchet étant celui qui n’existe pas. Cette échelle de Lansink se décline de la manière suivante, de l’option la plus vertueuse à celle la plus néfaste pour l’environnement : la prévention, la réutilisation, le recyclage, la valorisation énergétique et, enfin, l’élimination des déchets (essentiellement par l’enfouissement en décharge). Cette échelle a inspiré les mesures politiques mises en place au niveau européen.

1.3.3. Le cycle biologique

74Dans le cycle biologique, ce sont les déchets organiques qui, par un procédé ou un autre, acquièrent une nouvelle vie jusqu’à, in fine, retourner à la terre. Le coton peut ainsi fournir la matière première à la conception d’un vêtement, pour ensuite être recyclé comme isolant dans le secteur du bâtiment, et enfin être scindé en fibres pour être composté.

Le compostage

75Le compostage est un procédé de traitement et de valorisation des déchets organiques qui reproduit en accéléré le processus d’humification de la matière organique dans les sols. Cette transformation des déchets organiques en humus offre une ressource intéressante pour l’exploitation agricole, le compost pouvant être utilisé comme engrais ou pour améliorer la qualité des sols. S’il n’est désormais pas rare que les particuliers compostent leurs déchets organiques dans le fond de leur jardin, les déchets organiques industriels (boues des papeteries, déchets des usines agroalimentaires, etc.) sont pour leur part compostés par des entreprises spécialisées.

76À titre d’exemple, la société Agricompost, dans la province de Liège, a été fondée en 1996 par six agriculteurs afin de valoriser les déchets de leurs exploitations respectives. Par la suite, la demande grandissante, émanant tant des agriculteurs désireux de se fournir en engrais que des producteurs de déchets organiques (en ce compris des intercommunales, des petites et moyennes entreprises - PME, etc.), a poussé l’entreprise à accroître son activité. Elle fait partie de la Fédération des entreprises de recyclage agricole en Belgique (FERAB).

La biométhanisation

77 Dans un milieu privé d’oxygène, des déchets organiques (fumier, purin, déchets organiques des ménages et de l’industrie agro-alimentaire, boues des stations d’épuration, etc.) peuvent également, sous l’action de micro-organismes spécifiques, se décomposer pour produire du biogaz ainsi qu’un résidu solide appelé digestat. Le biogaz peut être utilisé pour la production de chaleur ou d’électricité ou être transformé en méthane afin de gagner le réseau du gaz naturel. Quant au digestat, riche en nutriments, il peut, sous certaines conditions, servir de fertilisant pour les terres agricoles.

78 Le processus de biométhanisation contribue à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, en substituant une partie de la consommation de gaz naturel fossile par du méthane issu de la biomasse, et permet la création d’emplois non délocalisables. Il s’agit également d’une opportunité pour les agriculteurs de diversifier leurs activités.

79 En Belgique, la valorisation du biogaz, à travers un système de certificats verts, vise pour l’instant quasi exclusivement son utilisation sous la forme de cogénération, qui fournit donc chaleur et électricité. Il peut notamment s’agir de petites structures agricoles. Il existe des dizaines d’unités de ce type sur le sol belge. En revanche, l’opportunité d’épurer ce biogaz pour fournir du biométhane (analogue au gaz naturel) afin de servir de carburant ou d’être injecté directement sur le réseau n’en est qu’à ses balbutiements. Ainsi, la Flandre a entrepris la construction, en mars 2018, de la première installation belge de biométhane sur le site de l’intercommunale de gestion des déchets de la région de La Campine, dans la commune de Beerse. Environ 75 % du biogaz qui y est produit est valorisé par cogénération pour répondre à la demande locale en chaleur et en électricité. Quant à lui, le digestat est composté avec d’autres déchets verts au sein d’une installation présente sur le même site. Le biogaz restant est transformé en gaz naturel qui est – et c’est une première en Belgique – directement injecté dans le réseau de gaz naturel. En Wallonie, la première unité wallonne de biométhane devrait voir le jour en 2020, au Bois d’Arnelle (Frasnes-lez-Gosselies). Un autre projet concerne le parc d’activité économique de Leuze-Europe (Leuze-en-Hainaut). En Région bruxelloise, la création d’un centre de biométhanisation fait du surplace, même si le gouvernement Vervoort III espère concrétiser l’idée dans les années à venir.

Le bioraffinage

80Le concept de bioraffinerie (ou raffinerie végétale) est analogue à celui de la raffinerie du pétrole permettant la production de carburants et divers produits. Il s’agit d’un procédé industriel qui permet la transformation de biomasse en bioénergie (biocarburants, chaleur et électricité) ou en produits biobasés (incluant des produits alimentaires, des produits chimiques et des biomatériaux). Concrètement, plusieurs procédés de transformation sont utilisés pour fractionner certaines ressources végétales (bois, paille, maïs, blé, soja, etc.) en leurs différents composants (lignines, protéines, triglycérides, etc.) afin de les convertir ensuite en produits dérivés, en minimisant la production de déchets et les émissions de CO2[28].

1.3.4. Les symbioses industrielles

81Sous-champ incontournable de l’écologie industrielle, la symbiose industrielle repose sur un réseau de synergies industrielles qui s’implante sur un territoire donné. Ces synergies industrielles prennent la forme de partenariats entre des entreprises ou des secteurs qui partagent entre eux des produits dérivés de leur activité (énergie, eau, logistique ou matériaux), ce qui leur permet, à travers le bouclage de ces flux de matières et d’énergie, de réduire conjointement leur impact sur l’environnement. Les déchets alimentaires générés dans le secteur de l’hôtellerie, de la restauration et des cafés (Horeca) peuvent ainsi alimenter les animaux d’élevage, l’incinération de déchets industriels non toxiques peut servir à produire de l’énergie, la vapeur des centrales thermiques peut fournir du chauffage à des industries ou des collectivités, etc. Autre exemple, moins conventionnel, et qui vient par ailleurs s’inscrire dans le cycle biologique décrit plus haut, la bière Babylone, du Brussels Beer Project, est brassée à partir de pain frais recyclé provenant des invendus des magasins Delhaize.

82 Il existe deux types de synergies industrielles. Les synergies de substitution permettent à une entreprise d’utiliser comme input ou comme source d’énergie le résidu d’une autre entreprise. Ce procédé induit une réduction de la consommation des ressources naturelles. Les synergies de mutualisation visent à mettre en commun certains besoins, à optimiser les frais de logistique ou encore à partager certaines ressources ou équipements. Si les synergies industrielles peuvent s’observer de manière individuelle, une symbiose industrielle implique la présence simultanée de plusieurs synergies industrielles sur un territoire donné  [29]. Par ailleurs, dans certains cas, il reste difficile de clairement différencier un projet de symbiose industrielle de la simple mise en place d’une production intégrée.

83 La ville portuaire de Kalundborg, au Danemark, constitue un exemple emblématique de symbiose industrielle. Celle-ci implique cinq partenaires historiques principaux (même si d’autres acteurs, une quinzaine au total, sont avec le temps venus compléter les synergies possibles) : une raffinerie, une centrale électrique, le site principal de Novo Nordisk (biotechnologie), une usine de panneaux en plâtre et enfin la municipalité elle-même. Dans le parc industriel de Kalundborg, la centrale électrique fournit sa vapeur d’eau à Novo Nordisk ainsi qu’à la raffinerie de pétrole, qui elle-même offre ses eaux usées à la centrale pour son refroidissement. Les eaux tièdes de la centrale servent ensuite à la ferme piscicole présente elle aussi sur le site. Quant à Gyproc, l’usine de panneaux en plâtre, elle reçoit la matière première qui sous-tend son activité, le gypse, d’une unité de désulfuration du gaz. La municipalité a su, dès 1960, à l’ouverture du parc, instaurer un climat incitatif pour renforcer cette symbiose, tout en bénéficiant elle-même du concept, puisqu’elle utilise les eaux chaudes de la centrale électrique pour alimenter son système de chauffage. Si cet exemple est une réussite, il reste un cas isolé car les conditions pour mettre en place un tel système restent difficiles à rencontrer : une proximité géographique, une information transparente et partagée sur les synergies possibles, la mise en place d’un climat de collaboration et de communication entre différents acteurs dont les modes de fonctionnement sont souvent très différents.

84 Très loin de constituer une règle en la matière, quelques parcs d’activité en Belgique se veulent soucieux d’un certain respect de l’écologie et tendent vers le concept de symbiose industrielle. En Flandre, on les retrouve sous le vocable de « duurzaam parkconcept », à l’image d’Evolis, à Courtrai, qui souhaite allier écologie et économie grâce à ses quatre éoliennes implantées le long de l’autoroute E17 et à sa centrale biomasse qui fournit l’eau chaude pour le chauffage sur le site. En Wallonie, le gouvernement régional Demotte II (PS/Écolo/CDH) a introduit le concept d’éco-zoning dans son plan Marshall 2.vert (2009-2014)  [30]. Un appel à projets a été lancé en septembre 2010 et cinq expériences pilotes ont ainsi pu démarrer dès le 7 avril 2011, avec les projets suivants : Tertre, Chimay-Baileux, Liège Science Park, Ecopôle et Hermalle-sous-Huy/Engis. L’objectif visé est d’encourager l’optimisation des flux entrants et sortants entre entreprises voisines, de mutualiser les services (mobilité, achats groupés, etc.) et d’adhérer à des principes d’aménagement du territoire et d’urbanisme durables. Trois projets supplémentaires sont venus s’ajouter dans un second temps : Ecolys, Nivelles Sud et Leuze Europe  [31].

85 Parmi les éco-zonings wallons, celui de Tertre, dans le Hainaut, est souvent cité en exemple. Ce parc d’activité, qui existe depuis 1929, a dès ses fondements utilisé les atouts de l’économie circulaire puisque plusieurs entreprises se sont installées autour d’une cokerie, la Carbo, avec l’idée de pouvoir exploiter les outputs de celle-ci. Depuis 2010 et l’appel à projets intervenu dans le cadre du plan Marshall 2.vert, de nouvelles synergies ont encore été développées entre les industriels présents sur le site, avec l’appui de l’Intercommunale de développement économique et d’aménagement du cœur du Hainaut (IDEA) et les autorités locales. L’objectif est d’allier compétitivité économique et performance environnementale. Ces synergies concernent la gestion et l’utilisation des matières premières, de l’énergie et de l’eau ainsi qu’une mutualisation de la demande de transport de marchandises et des questions de mobilité. Une douzaine d’entreprises sont installées sur le site, principalement actives dans le secteur de la chimie.

2. La réglementation européenne

86Comme souvent en matière de politique énergétique et environnementale, l’échelon européen est incontournable. Ambitionnant de donner l’exemple en matière de transition vers une économie bas carbone, l’Union européenne (UE) a investi la question du développement d’une économie circulaire.

87 Dès le 19 novembre 2008, l’Union européenne s’attaque à la question d’une gestion plus optimale des déchets, en adoptant la directive 2008/98/CE relative aux déchets  [32]. Cette directive amorce le chemin à suivre mais s’appuie sur des objectifs encore modestes, cherchant surtout à apporter une solution aux déséquilibres observés au sein de l’Europe en termes de collecte et de recyclage des déchets. Cette directive sera amendée en mai 2018 par différentes nouvelles options, notamment en matière de responsabilités élargies du producteur.

88 Afin de favoriser une transition vers une économie circulaire, l’Union européenne a pris une série de mesures en 2015, qu’elle a concrétisées sous la forme de plusieurs directives en 2018, avant d’intégrer cette préoccupation parmi les objectifs clés du « green deal européen » défendu par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, en décembre 2019.

2.1. L’étape de réflexion : « Boucler la boucle » (2015)

89En décembre 2015, la Commission européenne avance un slogan, « Boucler la boucle », et adopte un plan d’action en faveur d’une accélération du recours au principe d’économie circulaire au sein des États membres. Ce plan d’action repose sur 54 mesures visant les différentes étapes du cycle de vie des produits ; il ne concerne donc pas uniquement, comme ce fut le cas par le passé, la phase finale de traitement des déchets. En annexe, il comprend un calendrier de la mise en place attendue de ces différentes mesures  [33].

90L’objectif du plan d’action adopté par l’Union européenne est d’offrir un cadre réglementaire adéquat pour le développement de l’économie circulaire dans le marché unique, de donner aux opérateurs économiques et à l’ensemble de la société un signal clair sur la voie à suivre en ce qui concerne les objectifs à long terme en matière de déchets et de fournir un éventail de mesures concrètes à mettre en œuvre à l’horizon 2020. Le texte balise ainsi les différentes étapes du cycle de vie d’un produit en y accolant des recommandations et propositions : inciter à l’écoconception, responsabiliser davantage les producteurs, promouvoir les meilleures pratiques, faciliter les symbioses industrielles, mieux informer le consommateur sur la durabilité d’un produit et les possibilités de réparation, analyser les options possibles pour faire face à l’obsolescence programmée, favoriser le recours aux marchés publics écologiques, promouvoir les engrais organiques, la réutilisation de l’eau et les matériaux recyclés comme matière première, etc.

91Parallèlement, la Commission européenne propose une révision de la législation sur les déchets  [34]. Elle souhaite fixer comme objectif le recyclage de 65 % des déchets municipaux et de 75 % des déchets d’emballages de l’Union européenne à l’horizon 2030, et contraindre à une réduction de la mise en décharge à tout au plus 10 % des déchets municipaux à l’horizon 2030  [35]. Les déchets municipaux sont « les déchets en mélange et les déchets collectés séparément provenant des ménages, en ce compris le papier et le carton, le verre, les métaux, les matières plastiques, les biodéchets, le bois, les textiles, les emballages, les déchets d’équipements électriques et électroniques, les déchets de piles et d’accumulateurs, ainsi que les déchets encombrants, y compris les matelas et les meubles »  [36]. N’interviennent pas dans cette définition les déchets provenant de la production, de l’agriculture, de la sylviculture, de la pêche, des fosses septiques, des réseaux d’égouts et des stations d’épuration, les véhicules hors d’usage ou les déchets de construction et de démolition  [37].

92 Les déchets municipaux ne représentent approximativement qu’une dizaine de pourcents de la quantité totale de déchets produite dans l’Union européenne (cf. Graphique 1). En effet, selon Eurostat, le secteur de la construction dans l’UE28 a contribué pour 36,4 % à la quantité totale de déchets produits en 2016, suivi des industries extractives (25,3 %), de l’industrie manufacturière (10,3 %), des services de gestion des déchets et de l’eau (10,0 %) et puis seulement des ménages (8,5 %). Les 9,5 % restants correspondent à des déchets produits par d’autres activités économiques, essentiellement les services (4,6 %) et l’énergie (3,1 %)  [38].

93 L’attention mise sur les déchets municipaux s’explique en partie par le fait que ceux-ci sont particulièrement complexes à gérer  [39].

Graphique 1

Origine des déchets produits par les activités économiques et les ménages (Union européenne, 2016), en %

Graphique 1. Origine des déchets produits par les activités économiques et les ménages (Union européenne, 2016), en %

Origine des déchets produits par les activités économiques et les ménages (Union européenne, 2016), en %

Source : Eurostat.

2.1.1. Les cinq secteurs prioritaires

94 Le document « Boucler la boucle » définit également cinq secteurs prioritaires pour accélérer la mise en œuvre de l’économie circulaire tout au long de la chaîne de valeur. Ces secteurs sont confrontés à des défis spécifiques dans le contexte de l’économie circulaire : les matières plastiques, les déchets alimentaires, les matières premières critiques, le secteur de la construction et de la démolition et, enfin, la biomasse et les bioproduits.

95- Si le volume des déchets plastiques ne cesse de croître, moins d’un tiers de ces déchets collectés en Europe sont effectivement collectés en vue du recyclage (et ce pour les déchets les plus complexes et nécessitant le plus de main-d’œuvre, en dehors des frontières européennes)  [40]. La Commission européenne souhaite que soit mise au point une stratégie visant davantage de recyclabilité et de biodégradabilité des matières plastiques, avec une conscience accrue du problème posé par la présence, dans certaines matières plastiques, de substances chimiques dangereuses. Les déchets d’origine plastique qui finissent dans les mers et les océans font eux aussi l’objet de l’attention de la Commission. Par ailleurs, celle-ci relève que l’innovation dans les matières plastiques peut également contribuer à l’économie circulaire en préservant mieux les aliments, en améliorant la recyclabilité des matières plastiques ou en réduisant le poids des matériaux utilisés dans les véhicules  [41].

96- Une autre préoccupation ciblée par la Commission européenne est le gaspillage alimentaire. Celui-ci intervient à toutes les étapes de la production et de la consommation (lors de la production agricole, lors de la transformation des produits, dans les magasins et l’horeca, et au sein des ménages), ce qui rend le phénomène particulièrement difficile à quantifier. Selon les indicateurs de suivi mis en place par la Commission, les déchets alimentaires en Europe représentent annuellement 88 millions de tonnes de nourriture gaspillées, ce qui correspond à environ 20 % de la production alimentaire globale et génère un coût estimé à 143 milliards d’euros  [42]. Ce gaspillage alimentaire implique par ailleurs une pression inutile sur les ressources naturelles et l’environnement et engendre des déséquilibres sociaux. Les secteurs qui contribuent le plus au gaspillage alimentaire dans l’Union européenne sont, dans l’ordre, les ménages (53 %), la transformation (19 %), les services alimentaires (12 %), la production primaire (10 %) et le commerce de gros (5 %)  [43].

97 En septembre 2015, l’Assemblée générale des Nations unies a adopté 17 objectifs de développement durable à l’horizon 2030, parmi lesquels celui de diminuer de moitié le gaspillage alimentaire par habitant au niveau de la distribution et du consommateur et de réduire les pertes alimentaires tout au long de la chaîne de production et d’approvisionnement, y compris les pertes après récoltes  [44]. L’Union européenne et ses États membres se sont engagés à atteindre cet objectif.

98 Dans son plan d’action « Boucler la boucle », la Commission européenne s’engage par ailleurs à élaborer une méthodologie commune au sein de l’Union européenne pour mesurer les déchets alimentaires en étroite coopération avec les États membres et les acteurs concernés. Parmi les autres mesures avancées, elle pointe également la nécessité de soutenir la sensibilisation et la diffusion des bonnes pratiques en matière de prévention du gaspillage alimentaire, à l’échelon national comme local. Elle entend enfin offrir un cadre régulatoire permettant de faciliter les dons alimentaires et l’utilisation d’anciennes denrées alimentaires dans la production d’aliments pour animaux, et juge utile d’ouvrir une discussion sur la meilleure utilisation possible des dates de péremption présentes sur les emballages.

99 - Le problème fondamental lié à ce que l’on appelle les matières premières critiques réside dans le fait qu’elles sont condamnées à s’épuiser alors même qu’elles revêtent une grande importance économique car elles sont essentielles à l’industrie moderne. Elles sont particulièrement présentes dans les appareils électroniques (écrans d’affichage, cartes de circuits imprimés, etc.). Dommage collatéral non négligeable, leur extraction, qui avec le temps et leur raréfaction est opérée de plus en plus difficilement, induit un impact important sur l’environnement. La Commission européenne a établi une liste, mise à jour régulièrement, de ces matières premières critiques  [45]. On y retrouve vingt-sept matières différentes ainsi qu’un constat assez largement reconnu désormais, à savoir la suprématie de la Chine dans l’approvisionnement mondial en de nombreuses matières premières critiques, telles que les terres rares, le magnésium, le tungstène, l’antimoine, le gallium, le germanium, etc. Non seulement ces matières premières critiques ne sont exploitées que dans quelques rares endroits du globe, mais elles sont généralement peu substituables avec d’autres matières et leur taux de recyclage est assez médiocre (quelques pourcents seulement).

100 Dans le cadre global d’un soutien à l’économie circulaire, la Commission européenne estime qu’il est nécessaire de promouvoir la récupération des matières premières critiques, de partager les meilleures pratiques à cet égard et d’encourager les États membres à prendre des mesures dans ce sens. Concrètement, la politique européenne en la matière s’appuie sur une directive datant de 2012 relative aux déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE)  [46]. Ce texte encourage les États membres à établir une meilleure coopération entre les producteurs et les recycleurs d’équipements électriques et électroniques afin de faciliter la réutilisation, le démantèlement et le recyclage. Il s’agit également de favoriser le tri de ce type de déchets grâce à un processus de collecte séparée, avec possibilité également de remettre les produits en fin de vie aux distributeurs. Un taux de collecte minimal est fixé. Il s’élève, dès 2016, à 45 %, en poids total de DEEE collectés par un État membre par rapport au poids moyen d’EEE mis sur le marché, sur le même territoire, au cours des trois années précédentes. À partir de 2019, ce taux de collecte minimal passe à 65 %. Enfin, les États membres sont priés d’apporter aux DEEE collectés un traitement approprié : préparation en vue de la réutilisation, de la valorisation et du recyclage des matières, extraction et traitement des fluides, etc. Des exigences de valorisation et de recyclage sont fixées en fonction de différentes catégories d’EEE et sont reprises en annexe de la directive.

101 - En termes de volume, le secteur de la construction (et de la démolition) compte parmi les principales sources de déchets en Europe (soit environ 25 % à 30 % des déchets générés). Ces déchets, d’une grande variété (béton, briques, plâtre, bois, verre, métaux, plastique, etc.), sont souvent réutilisables ou recyclables, mais encore trop peu souvent identifiés comme tels dans certains États membres. Le taux de réutilisation et de recyclage varie en effet grandement d’un pays à l’autre. C’est pourquoi un objectif contraignant a été fixé à l’échelle de l’Union européenne dans son ensemble : la réutilisation, le recyclage ou une autre forme de valorisation de 70 % des déchets de construction et de démolition non dangereux d’ici 2020  [47].

102 - Le cinquième secteur prioritaire identifié par la Commission européenne concerne la biomasse et les bioproduits. Ceux-ci sont désormais utilisés dans les secteurs de la construction, du textile, de la papeterie et de la menuiserie, des produits chimiques, de l’alimentation ou encore des biocarburants. Ils ont pour eux leur caractère renouvelable, biodégradable ou compostable. Cependant, l’un des enjeux de leur utilisation dans l’esprit d’une économie circulaire est de favoriser une utilisation en cascade de ces ressources, avec plusieurs cycles de réutilisation et de recyclage. La filière du bois offre un exemple type d’une valorisation en cascade. Même si le bois est fonctionnellement renouvelable, il s’agit d’une ressource limitée dont l’exploitation doit être réfléchie en termes de durabilité. Dans cette optique, l’utilisation en cascade du bois permet d’allonger le temps de vie des ressources utilisées. On parle de réutilisation en cascade du bois lorsque celui-ci est transformé en un produit et que ce produit est réutilisé au moins une fois à des fins soit matérielles soit énergétiques.

103Concernant le secteur clé que constituent la biomasse et les bioproduits, la Commission européenne identifie également un autre enjeu, à savoir une affectation réfléchie des sols, en fonction, notamment, de l’impact environnemental de l’utilisation des ressources.

2.1.2. Les moyens de financement

104Le plan d’action dessiné en 2015 s’accompagne d’une politique de financement, à travers les fonds structurels et d’investissements européens (fonds ESI)  [48] pour un montant de 5,5 milliards d’euros  [49]. Les mesures décidées à travers ce plan d’action répondent en effet à quatre des onze objectifs thématiques soutenus par ces fonds : « Renforcer la recherche, le développement technologique et l’innovation », « Renforcer la compétitivité des PME », « Protéger l’environnement et promouvoir l’utilisation rationnelle des ressources » et « Favoriser la transition vers une économie à faibles émissions de CO2 ». Les fonds ESI sont cofinancés par l’Europe et les États membres. Associés à la période 2014-2020, ils étaient destinés à soutenir la politique de cohésion décidée au sein de l’Union européenne en 2010  [50] et qui vise une croissance européenne plus « intelligente, durable et inclusive », par des actions dans les domaines de l’emploi, de la recherche et du développement, du changement climatique et de l’énergie durable, de l’éducation et de la lutte contre la pauvreté. Cette politique, baptisée alors « Stratégie Europe 2020 », a pour vocation de faire face à la crise économique tout en répondant aux enjeux sociétaux et environnementaux.

105 À ces fonds viennent également s’ajouter d’autres sources européennes de financement avec les programmes Horizon 2020, LIFE et COSME. Ces programmes font eux aussi partie de la stratégie Europe 2020.

106 Horizon 2020 est un programme de recherche et d’innovation lancé en 2011 par la Commission européenne et adopté en 2013  [51]. Il bénéficie d’un financement de 80 milliards d’euros sur sept ans (entre 2014 et 2020), dont 650 millions d’euros pour le programme « Industry 2020 in the circular economy ». Ce programme poursuivait trois objectifs : viser l’excellence scientifique, soutenir la compétitivité des entreprises et rencontrer les principaux défis sociétaux, au rang desquels la lutte contre le changement climatique et l’utilisation efficace des ressources et des matières premières. Parmi les initiatives soutenues par le programme Horizon 2020, on retrouve le projet Barbara, qui implique l’Espagne, l’Italie, la Suède et la Belgique (avec l’entreprise Celabor, installée à Herve). Ce projet vise à valoriser les déchets de la production agroalimentaire pour élaborer, via l’impression en trois dimensions (3D), des pièces de bio plastique destinées aux secteurs de la construction et de l’automobile.

107 L’Union européenne finance également des projets environnementaux, climatiques et en faveur de la préservation de la nature par le biais de son programme LIFE (acronyme de l’Instrument financier pour l’environnement). Ce programme a été mis en place en 1992 pour financer des projets au sein de l’Union européenne ou dans des pays voisins ou candidats à l’adhésion. En 2013, un budget de 3,4 milliards d’euros a été alloué au programme pour la période 2014-2020  [52]. À titre d’exemple, l’entreprise Comet Traitements, groupe industriel familial belge (basé à Châtelet) et acteur incontournable du recyclage dans le domaine des métaux et du plastique, coordonne un projet LIFE+ dans le domaine de l’économie circulaire des plastiques en provenance des déchets d’équipements électriques et électroniques, ainsi que des véhicules hors d’usage.

108 Le programme européen COSME entend quant à lui soutenir la compétitivité des entreprises et des PME (son nom est l’acronyme de competitiveness for small and medium enterprises). Il dispose d’un budget de 2,3 milliards d’euros pour la période 2014-2020, afin d’aider les PME à accéder au crédit et aux marchés et à améliorer leur durabilité  [53]. Il est question ici d’améliorer la compétitivité des PME à travers, notamment, une utilisation rationnelle des ressources et la volonté d’accroître l’efficacité énergétique des processus.

2.2. De nouvelles règles (2018)

109Forte de son plan d’action en faveur de l’économie circulaire, la Commission européenne est passée à la mise en place et à l’évaluation des mesures qui y sont défendues. C’est ainsi qu’ont été lancées trois plateformes liées à l’économie circulaire.

110 La première, European Platform on Food Losses and Food Waste (FLW), regroupe des entités publiques, des industries, des groupes d’affaires, des universités et des organisations non gouvernementales (ONG). Mise en place en août 2016, elle fonctionne comme un groupe de travail dont les experts se réunissent régulièrement pour fournir des recommandations dans la lutte contre le gaspillage alimentaire. Le mandat de ce groupe d’experts européens a été reconduit jusqu’à la fin 2021, mais une série de recommandations ont déjà été rendues publiques en décembre 2019  [54].

111 Une deuxième plateforme, InnovFin  [55], soutient le financement de l’économie circulaire en centralisant les demandes de financement et les projets innovants en la matière. Cette plateforme a été créée en janvier 2017, avec l’appui de la Banque européenne d’investissement (BEI)  [56] et réunit la Commission européenne, la BEI, les banques de développement nationales, les investisseurs institutionnels et d’autres parties prenantes (ONG et autres acteurs clés de l’économie circulaire).

112Enfin, une troisième plateforme est active depuis mars 2017 : la Plateforme des acteurs européens de l’économie circulaire. Il s’agit d’une initiative conjointe de la Commission européenne et du Comité économique et social européen (CESE) qui vise à promouvoir l’économie circulaire en s’appuyant sur un espace d’échange des connaissances, des bonnes pratiques et des initiatives politiques en la matière, tous secteurs et tous pays confondus. Le site Internet  [57] qui incarne cet espace d’échange regroupe également les actualités et événements liés à l’économie circulaire, ainsi qu’une base de données de contacts et un forum de discussion.

113Parallèlement, le processus régulatoire européen fait son chemin et c’est en janvier 2018 que la Commission européenne a défendu un nouvel ensemble de textes qui concerne tour à tour la gestion des matières plastiques  [58], le traitement adéquat des substances chimiques dans les processus de réutilisation et de recyclage  [59], un cadre de suivi des progrès réalisés par rapport au plan d’action de 2015, que ce soit à l’échelle de l’Union européenne dans son ensemble ou à l’échelle des États membres  [60], ainsi qu’un rapport sur les matières premières critiques et l’économie circulaire  [61].

2.2.1. Une stratégie sur les matières plastiques

114En 2018, la production de plastique en Europe (EU28 plus la Norvège et la Suisse) s’élevait à 61,8 millions de tonnes, pour une production mondiale atteignant 359 millions de tonnes (soit 17 % pour la production européenne)  [62] ; 51 % du plastique mondial est produit en Asie (30 % pour la seule Chine, 4 % pour le Japon et 17 % pour le reste de l’Asie).

115 Pour sa part, la demande de plastique au sein de l’Europe atteignait 51,2 millions de tonnes en 2018 ; elle se répartit entre différents secteurs, à commencer par les emballages et la construction (cf. Graphique 2).

Graphique 2

Demande de plastique en Europe (2018), en %

Graphique 2. Demande de plastique en Europe (2018), en %

Demande de plastique en Europe (2018), en %

Source : PlasticsEurope, European Association of Plastics Recycling and Recovery Organisations et Conversio Market & Strategy GmbH.

116Selon l’organisation patronale belge des entreprises technologiques, Agoria, la répartition belge de la demande des transformateurs de matières plastiques par secteur (données 2018) est assez similaire à celle observée en Europe : 45 % pour les emballages, 23 % pour le secteur de la construction, 8 % pour le secteur de l’automobile, 4 % pour les équipements électriques et électroniques et 20 % pour les autres secteurs  [63].

117 29,1 millions de tonnes de déchets plastiques ont été collectées en Europe en 2018 pour être traitées. Ces déchets ont ensuite intégré trois filières différentes (cf. Graphique 3) : la valorisation énergétique (42,6 %), le recyclage (32,5 %), et l’entreposage ou l’enfouissement en décharge (24,9 %). Le recyclage occupe donc moins d’un tiers des traitements opérés. Précision importante : le plastique recyclé l’est à 19 % en dehors des frontières de l’Europe. La tendance serait ainsi clairement à la baisse, puisque le chiffre était de 37 % en 2016. Cette amélioration de la situation étonne certains observateurs sur le terrain, qui sont moins optimistes que les chiffres avancés. Entre 2006 et 2018, le volume de plastique collecté pour être traité a augmenté de 19 %, avec un doublement du recyclage, une hausse de 77 % de la valorisation énergétique et une baisse de 44 % de la mise en décharge (option qui, en 2006, représentait plus de la moitié du volume de plastique traité). La valorisation énergétique du plastique a donc augmenté plus vite que le recyclage. Par ailleurs, si le volume de plastique collecté s’est accru, c’est certes grâce à un meilleur système de collecte, mais également à une production toujours plus importante de plastique.

118 La différence de volume entre la demande de plastique en Europe et les déchets plastiques collectés s’explique, par le fait que certains produits en plastique, souvent autres que ceux utilisés pour les emballages ou les usages uniques, ont une longue durée de vie, par le fait que tous les déchets plastiques ne sont pas à l’heure actuelle correctement collectés, et par le jeu des importations et exportations.

Graphique 3

Traitement du plastique collecté en Europe (2018), en %

Graphique 3. Traitement du plastique collecté en Europe (2018), en %

Traitement du plastique collecté en Europe (2018), en %

Source : PlasticsEurope, European Association of Plastics Recycling and Recovery Organisations et Conversio Market & Strategy GmbH.

Un potentiel encore peu exploité

119Le traitement des déchets plastiques ne s’opère pas de la même manière partout en Europe. Dix pays ont introduit des restrictions sévères au recours à la mise en décharge, avec un taux d’enfouissement qui est dès lors inférieur à 10 % : Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark, Finlande, Luxembourg, Norvège, Pays-Bas, Suède et Suisse. À l’inverse, huit pays enfouissent encore plus de 50 % de leurs déchets plastiques, souvent avec les déchets résiduels car ils ne sont pas collectés sélectivement : Bulgarie, Chypre, Croatie, Grèce, Hongrie, Lettonie, Malte et Roumanie. Pour leur part, les taux de recyclage enregistrés en 2018 sont compris entre 20 % et 40 % (avec deux pays au-dessus des 40 %, à savoir l’Espagne et la Norvège). C’est essentiellement le recours à la valorisation énergétique qui offre actuellement une option alternative au traitement par enfouissement. En d’autres termes, pour des taux assez équivalents entre pays européens en ce qui concerne le recyclage, les pays ayant peu recours à l’enfouissement optent intensément pour la valorisation énergétique, et inversement.

120Sur la base de cet état des lieux, il ressort que, avec seulement 32,5 % des déchets plastiques collectés passant effectivement par la filière du recyclage, cette dernière conserve un potentiel largement inexploité relativement au plastique par rapport à ce qui prévaut pour d’autres matières plus largement recyclées comme le papier, le verre ou les métaux (cf. Graphique 4). Selon la Confederation of European Paper Industries (CEPI), le taux de recyclage du papier s’élevait, pour l’UE28, la Norvège et la Suisse, à 71,6 % en 2018 (contre 52 % au début des années 2000)  [64]. Selon la Fédération européenne du verre d’emballage (FEVE), le taux de recyclage du verre pour l’UE28, la Norvège et la Suisse se montait à 76,6 % en 2017  [65]. Quant à la Confédération européenne des industries de recyclage (EuRIC, European Recycling Industries’ Confederation) – qui regroupe notamment la Fédération européenne de la récupération et du recyclage des métaux ferreux (EFR, European Ferrous Recovery and Recycling Federation) et la Fédération européenne du négoce et du recyclage des métaux [non ferreux] (Eurometrec, European Metal Trade and Recycling Federation) –, elle estime à 90 % le taux de recyclage en Europe, en 2018, de l’acier inoxydable collecté, contre 70 % pour le cuivre, et revendique un taux de 75 % de l’aluminium produit historiquement toujours dans la boucle (sur des produits en ordre de marche ou sous une forme recyclée)  [66].

Graphique 4

Taux de recyclage après collecte en Europe * (2018 **)

Graphique 4. Taux de recyclage après collecte en Europe * (2018 **)

Taux de recyclage après collecte en Europe * (2018 **)

* UE28 + Norvège et Suisse.
** À l’exception du verre : 2017.
Sources : PlasticsEurope, European Association of Plastics Recycling and Recovery Organisations, Conversio Market & Strategy GmbH, Confederation of European Paper Industries, Fédération européenne du verre d’emballage et Confédération des industries du recyclage européen.

121Outre certains problèmes techniques déjà mentionnés précédemment, la faiblesse du taux de recyclage du plastique s’explique par le bas prix des matières premières et par l’incertitude relative aux débouchés du plastique recyclé. La demande de matières plastiques recyclées reste en effet encore peu importante, ce qui ne favorise pas les projets d’investissement dans le secteur  [67].

122Lorsqu’elle met en avant la problématique du plastique en 2018, la Commission européenne dresse un constat qui est toujours d’actualité aujourd’hui : « Les producteurs d’articles et d’emballages plastiques sont peu ou pas incités à tenir compte des besoins en recyclage ou en réutilisation lorsqu’ils conçoivent leurs produits. Les plastiques sont fabriqués à partir de divers polymères et sont hautement spécialisés, à l’aide d’additifs spécifiques permettant de répondre aux exigences fonctionnelles ou esthétiques propres à chaque fabricant. Cette diversité peut compliquer le processus de recyclage, le rendre plus coûteux et amoindrir la qualité et la valeur des plastiques recyclés. Certains choix de conception, parfois motivés par des considérations commerciales (comme le recours à des couleurs très sombres) peuvent aussi avoir une influence négative sur la valeur des matières plastiques recyclées »  [68]. Afin de faire face, la Commission européenne entend encourager l’introduction et le développement de certains instruments économiques tels que le régime de responsabilité élargie des producteurs (cf. infra). Elle fixe également des objectifs clairs. En 2030, tous les emballages plastiques mis sur le marché de l’Union européenne doivent être soit réutilisables soit recyclables dans des conditions économiquement efficaces. Au même moment, plus de la moitié des déchets plastiques générés en Europe doivent être recyclés. Pour ce faire, les capacités de tri et de recyclage devront être quadruplées par rapport à 2015, avec la création de 200 000 nouveaux emplois sur l’ensemble de l’Europe  [69].

Microplastiques et plastiques à usage unique

123La Commission européenne pointe également deux problématiques particulières : les microplastiques et les plastiques à usage unique. La présence accrue de microplastiques, à savoir des fragments de plastiques de petite taille qui s’accumulent désormais dans les mers et océans (et sont ingérés par les organismes marins avant d’apparaître dans la chaîne alimentaire), dans l’eau potable, dans l’air et même dans des aliments tels que le sel ou le miel, sont une conséquence directe de la prolifération des déchets plastiques. Quant à la consommation croissante de plastiques à usage unique, elle vient directement questionner les limites du recyclage, car ces petits emballages ou autres produits de consommation (tels que les sacs, les gobelets jetables, les couvercles, les pailles et les couverts) sont généralement jetés après une seule utilisation, sans qu’aucune collecte sélective et donc aucun tri ne soit vraiment possible. Deux résolutions, l’une sur les déchets plastiques et microplastiques dans le milieu marin et l’autre sur la lutte contre la pollution par les produits en plastique à usage unique, ont été adoptées par l’Assemblée des Nations unies pour l’environnement le 15 mars 2019  [70]. Trois mois plus tard, l’Union européenne, qui avait donné le ton lors des discussions menées au sein des Nations unies, adopte une directive allant dans le même sens  [71].

124Sur la base de celle-ci, les bouteilles en plastique  [72] devront contenir en moyenne au moins 25 % de plastique recyclé à partir de 2025, avant que ce ratio ne grimpe à au moins 30 % de plastique recyclé dès 2030. Ces mêmes bouteilles en plastique devront en outre être collectées à raison de 90 % au minimum d’ici 2029. Certains types d’usages plastiques seront par ailleurs bannis de la mise sur le marché européen, au rang desquels, les couverts et les assiettes à usage unique, les pailles, les bâtonnets mélangeurs de boissons, les cotons-tiges et les tiges de ballons en plastique, mais également les plastiques oxodégradables ainsi que les récipients pour aliments et les gobelets en polystyrène expansé. Les sacs oxodégradables sont des sacs en plastique, fabriqués donc à base d’hydrocarbures, auxquels ont été ajoutés des additifs chimiques en vue d’entraîner la dégradation de ces sacs au bout de quelques années grâce à l’effet oxydant de la lumière. Il en résulte une fragmentation en microplastiques qui ne sont pas assimilables par l’environnement et lui sont donc néfastes. Les États membres ont jusqu’au 3 juillet 2021 pour transposer la directive et appliquer cette restriction. Le texte vise également à responsabiliser les producteurs, qui devront prendre en charge une partie des coûts de collecte et de traitement de certains produits tels que les récipients pour aliments destinés à l’alimentation rapide, les mégots de cigarette ou les engins de pêche contenant du plastique.

Alliance circulaire et Plastics Pact européen

125Le 20 septembre 2019, une centaine de partenaires publics et privés représentant l’ensemble de la chaîne de valeur des plastiques ont signé une déclaration d’alliance circulaire sur les matières plastiques. Comme c’est jusqu’ici souvent le cas lorsqu’il s’agit d’actions en faveur de l’implantation d’une économie davantage circulaire, cette déclaration porteuse d’engagements reste symbolique, sans être accompagnée de mesures contraignantes. En mars 2020, ce sont pas moins de 175 organisations  [73] qui sont concernées par le projet, représentant l’industrie, le milieu académique et les autorités publiques. Le principal objectif de cette alliance est d’utiliser chaque année 10 millions de tonnes de plastique recyclé pour fabriquer de nouveaux produits en Europe d’ici à 2025. Il s’agit d’un objectif fixé par la Commission européenne dans sa stratégie sur les matières plastiques.

126Pour aller plus loin encore, le Danemark, la France et les Pays-Bas ont initié l’European Plastics Pact  [74], dont les signataires se sont réunis une première fois à Bruxelles le 6 mars 2020. Ce pacte regroupe 17 gouvernements nationaux ou régionaux (dont la Belgique et les trois Régions belges), 65 entreprises et 24 associations ou ONG. Quatre objectifs sont ici défendus : rendre tous les emballages plastiques et les produits en plastique à usage unique réutilisables, lorsque cela s’avère possible, et au minimum, recyclables d’ici à 2025 ; réduire les produits et emballages plastiques vierges d’au moins 20 % (en poids) d’ici à 2025 par rapport à 2017, la moitié (10 %) provenant d’une réduction en valeur absolue de la quantité de plastiques ; augmenter les capacités de collecte, de tri et de recyclage d’au moins 25 points de pourcent d’ici à 2025 et atteindre un niveau correspondant à la demande du marché pour les plastiques recyclés ; et incorporer, d’ici à 2025 toujours, au moins 30 % de plastiques recyclés (en poids) dans les nouveaux produits et emballages mis sur le marché.

2.2.2. Les directives relatives aux déchets, à leur gestion et à leur valorisation

127 S’appuyant sur les propositions émises par la Commission européenne en décembre 2015 et sur les travaux menés depuis lors, le Parlement européen et le Conseil de l’Union européenne ont adopté le 30 mai 2018 quatre directives relatives à la gestion des déchets et à leur valorisation  [75]. À travers ces différents textes, l’Union européenne espère notamment renforcer la mise en place d’une certaine « hiérarchie des déchets »  [76], en imposant notamment aux États membres de prendre des mesures spécifiques en vue de privilégier la prévention, la réutilisation et le recyclage des déchets plutôt que la mise en décharge et l’incinération  [77]. Elle préconise pour ce faire l’utilisation de certains instruments économiques tels que des redevances et des restrictions pour la mise en décharge et l’incinération des déchets ; des incitations fiscales en faveur des dons de denrées alimentaires ; la mise en place de régimes de responsabilité élargie des producteurs pour certains types de déchets ; la mise en place de systèmes de consigne et autres mesures visant à encourager la collecte efficace des produits et matériaux usagés ; une planification solide des investissements dans les infrastructures de gestion des déchets, notamment par les fonds de l’Union européenne ; l’adoption de marchés publics visant à encourager une meilleure gestion des déchets et l’utilisation de produits et de matériaux recyclés ; la suppression progressive des subventions contraires à la hiérarchie des déchets ; le recours à des mesures fiscales ou à d’autres moyens pour promouvoir l’utilisation de produits et de matériaux préparés en vue d’une réutilisation ou recyclés ; le soutien à la recherche et à l’innovation en matière de technologies de recyclage ; des campagnes de sensibilisation de la population ; etc.  [78]

Responsabilité élargie des producteurs

128Déjà évoquée ci-dessus relativement à la problématique particulière du plastique, la notion de régime de responsabilité élargie des producteurs se veut fidèle au principe de pollueur-payeur et s’applique aux déchets collectables en grandes quantités ou revêtant un caractère spécifique ou dangereux (emballages à usage unique, piles et accumulateurs, déchets d’équipements électriques et électroniques, pneus usés, véhicules hors d’usage, médicaments périmés, huiles usagées, etc.). La logique est d’intégrer dès la conception du produit les coûts inhérents à son traitement final et d’ainsi responsabiliser les fabricants. En agissant de la sorte, cela entraîne naturellement une réduction des coûts de gestion des déchets supportés par les pouvoirs publics, augmente le taux de réutilisation, de recyclage et de valorisation, et pérennise les filières de recyclage. Ce principe pourrait également induire un effet de prévention, en incitant les producteurs à modifier la conception de leurs produits afin d’en améliorer l’éco-efficience (production avec moins de ressources ou davantage de matières recyclées) et l’écoconception (démontage et recyclage plus faciles des produits proposés, moins de substances dangereuses dans leur composition). L’Union européenne attend ainsi de ses États membres qu’ils veillent « à ce que les producteurs de produits assument la responsabilité financière ou la responsabilité financière et organisationnelle de la gestion de la phase “déchets” du cycle de vie d’un produit, y compris les opérations de collecte séparée, de tri et de traitement. Cette obligation peut également englober la responsabilité organisationnelle et la responsabilité de contribuer à la prévention des déchets, aux possibilités de réutilisation et à la recyclabilité des produits. Les producteurs de produits peuvent satisfaire aux obligations du régime de responsabilité élargie des producteurs de manière individuelle ou collective »  [79].

129 En Belgique, certains déchets font l’objet d’une obligation de reprise dans le but de les recycler via des filières spécifiques et agréées. Par exemple, Bebat (pour les batteries au plomb et les piles usagées), Recupel (pour les déchets d’équipements électriques et électroniques) et Recytyre (pour les pneus usés) sont des organismes de gestion qui appliquent concrètement les obligations découlant de la responsabilité élargie des producteurs. Les organismes agréés Fost Plus (pour les déchets d’emballages ménagers) ou Valipac (pour les emballages industriels) fonctionnent également selon ce principe (cf. infra). Il est à noter qu’en Belgique, contrairement à d’autres pays européens, il n’existe aucune concurrence entre les organismes.

Objectifs en matière de réutilisation et recyclage

130Dans la directive relative aux déchets et celle relative aux emballages et aux déchets d’emballages, l’Union européenne fixe des objectifs chiffrés de réutilisation et de recyclage.

131 Les déchets municipaux sont définis dans la directive (UE) 2018/851 comme « les déchets en mélange et les déchets collectés séparément provenant des ménages, y compris le papier et le carton, le verre, les métaux, les matières plastiques, les biodéchets, le bois, les textiles, les emballages, les déchets d’équipements électriques et électroniques, les déchets de piles et d’accumulateurs, ainsi que les déchets encombrants, y compris les matelas et les meubles »  [80]. Les objectifs de réutilisation et de recyclage des déchets municipaux dans leur ensemble sont fixés comme suit : 55 % d’ici 2025, 60 % d’ici 2030 et 65 % d’ici 2035. Par comparaison, la situation enregistrée était, selon les chiffres d’Eurostat, de 46 % en 2017.

132 Des objectifs spécifiques ont également été définis par type de déchets d’emballages (cf. Tableau 1). Par emballage, il faut entendre spécifiquement les produits constitués de matériaux de toute nature, destinés à contenir et à protéger des marchandises données, allant des matières premières aux produits finis, à permettre leur manutention et leur acheminement du producteur au consommateur ou à l’utilisateur, et à assurer leur présentation  [81]. Les objectifs de recyclage des emballages repris dans la directive concernent tous les emballages mis sur le marché, quel que soit le secteur d’activité concerné : l’industrie, le commerce, les services, les ménages, etc.

Tableau 1. Union européenne : objectifs spécifiques aux déchets d’emballages

Tableau 1. Union européenne : objectifs spécifiques aux déchets d’emballages Tableau 1. Union européenne : objectifs spécifiques aux déchets d’emballages

Tableau 1. Union européenne : objectifs spécifiques aux déchets d’emballages

* Données Eurostat.

133En comparant les objectifs repris dans la directive (UE) 2018/852 et la dernière mise à jour des données statistiques d’Eurostat (relatives à 2017)  [82], il semble que les taux de recyclage concernés progressent plus rapidement que prévu.

Collecte séparée

134Pour permettre un recyclage de qualité et favoriser l’utilisation de matières premières secondaires de qualité, l’Union européenne, dans sa directive 2008/98/CE, avait instauré l’obligation pour les États membres d’organiser, dès 2015, une collecte séparée pour le papier, le métal, le plastique et le verre. À travers la nouvelle directive, l’Union européenne entend élargir ce principe de collecte séparée aux biodéchets, dès 2023  [83], aux déchets dangereux produits par les ménages  [84] et aux déchets textiles  [85], dès 2025. Des collectes séparées devront également à l’avenir être organisées dans le secteur de la construction.

Limitation progressive de la mise en décharge

135Afin d’assurer l’application correcte de la hiérarchie des déchets, l’Union européenne encourage les États membres à prendre des mesures appropriées pour appliquer, dès 2030, des restrictions à la mise en décharge pour tous les déchets susceptibles d’être recyclés ou de donner lieu à une autre valorisation (matière ou énergétique). Plus précisément, d’ici à 2035, la quantité de déchets municipaux mis en décharge devra être ramenée à un maximum de 10 % de la quantité totale de déchets municipaux produits  [86]. Cet objectif sera revu par la Commission européenne au plus tard le 31 décembre 2024.

Bilan et perspectives

136 Début 2019, la Commission européenne a procédé à un état des lieux de la politique impulsée à partir de 2015 pour promouvoir l’économie circulaire. Dans la foulée, et suite à l’arrivée à la présidence de la Commission de l’Allemande Ursula von der Leyen, l’Union européenne a défendu le développement de l’économie circulaire à travers une nouvelle feuille de route, le « green deal européen ».

2.3.1. L’évaluation du plan d’action européen

137En mars 2019, la Commission européenne livre son évaluation de l’état d’avancement des 54 mesures édictées dans son plan d’action en faveur d’une économie circulaire adopté en 2015  [87]. Selon ce rapport, « les secteurs pertinents pour l’économie circulaire employaient en 2016  [88] plus de quatre millions de travailleurs, soit une hausse de 6 % par rapport à 2012. (…) La circularité a aussi laissé entrevoir de nouvelles possibilités commerciales, permis l’émergence de nouveaux modèles d’entreprise et créé de nouveaux marchés, à l’intérieur de l’Union et en dehors. En 2016, des activités circulaires telles que la réparation, la réutilisation ou le recyclage ont généré près de 147 milliards d’euros en valeur ajoutée tout en représentant des investissements d’une valeur de 17,5 milliards d’euros environ ».

138 Les conclusions du rapport portent également sur les taux de recyclage et les taux d’utilisation de matériaux recyclés (cf. Tableau 2). Dans l’ensemble, en 2016, l’Union européenne a recyclé près de 55 % de tous les déchets à l’exclusion des principaux déchets minéraux (contre 53 % en 2010). Le taux de récupération des déchets de construction et de démolition s’élevait à 89 %, tandis que le taux de recyclage dépassait 67 % pour les emballages (contre 64 % en 2010) et était supérieur à 42 % pour les emballages en plastique (contre 24 % en 2005). Le taux de recyclage s’est établi à 46 % pour les déchets municipaux en 2017 (contre 35 % en 2007) et a atteint 41 % pour les déchets d’équipements électriques et électroniques, tels que les ordinateurs, téléviseurs, réfrigérateurs et téléphones mobiles, qui contiennent des matériaux de valeur pouvant être récupérés  [89].

Tableau 2. Aperçu des taux de recyclage de différents flux de déchets (Union européenne, 2016 *)

Tableau 2. Aperçu des taux de recyclage de différents flux de déchets (Union européenne, 2016 *) Tableau 2. Aperçu des taux de recyclage de différents flux de déchets (Union européenne, 2016 *)

Tableau 2. Aperçu des taux de recyclage de différents flux de déchets (Union européenne, 2016 *)

* À l’exception des déchets municipaux : 2017.
Source : Eurostat.

139En dépit de taux de recyclage en progression, seulement en moyenne 11,9 % des ressources en matériaux utilisées dans l’Union européenne en 2016 provenaient de produits recyclés et de matériaux valorisés, permettant donc d’éviter l’extraction de matières premières primaires  [90]. Cet indicateur, appelé « taux d’utilisation circulaire de matières », mesure la contribution des matériaux recyclés à la demande globale. Il n’a guère évolué ces dernières années (cf. Tableau 3). Il s’est même très légèrement tassé entre 2016 et 2017, les deux dernières années disponibles. Il est à noter que la Belgique figure ici parmi les bons élèves, avec un taux avoisinant les 18 %. Seuls les Pays-Bas et la France font mieux.

Tableau 3. Taux d’utilisation circulaire de matières (en % de l’utilisation totale des matières)

Tableau 3. Taux d’utilisation circulaire de matières (en % de l’utilisation totale des matières)

Tableau 3. Taux d’utilisation circulaire de matières (en % de l’utilisation totale des matières)

Source : Eurostat.

140Dans son rapport d’évaluation, la Commission européenne énumère également une série de défis pour l’avenir, comme le développement des marchés pour les matières premières secondaires, une intensification de la recherche, de l’innovation et des investissements dans les secteurs prioritaires, une meilleure information des consommateurs, une rigueur accrue dans la lutte contre la toxicité environnementale des produits, des avancées concernant la problématique spécifique des matières premières critiques, etc. La Commission européenne estime enfin que, comme ce fut le cas pour le plastique, d’autres secteurs nécessitent aujourd’hui une attention particulière afin d’y permettre un développement des principes de circularité. Elle vise ainsi les technologies de l’information, l’électronique, la mobilité, l’environnement bâti, l’exploitation minière, l’ameublement, l’alimentation et les boissons, et le secteur du textile.

2.3.2. Le « green deal européen »

141Moins de deux semaines après son arrivée à la présidence de la Commission européenne, l’Allemande U. von der Leyen présente, le 11 décembre 2019, sa feuille de route pour un pacte vert européen, très vite rebaptisé le « green deal européen »  [91]. Dans ce document, la Commission européenne insiste sur l’importance de mobiliser le secteur de l’industrie en faveur d’une économie circulaire. Il faut du temps pour transformer ce secteur et toutes les chaînes de valeur qui y sont associées. Or, regrette la Commission, le processus en cours est trop lent. Pour appuyer son discours, elle rappelle le constat déjà posé quelques mois plus tôt : seulement quelque 12 % des matériaux utilisés en Europe proviennent du recyclage.

142C’est le 11 mars 2020 que la Commission présente son nouveau plan d’action en faveur d’une économie circulaire  [92]. À ce stade, celui-ci ne convainc pas vraiment les acteurs de terrain, lassés des déclarations d’intention et en attente de textes contraignants. En substance, ce plan d’action prévoit qu’un texte législatif soit adopté afin que les produits mis sur le marché de l’Union européenne soient plus faciles à réutiliser, à réparer et à recycler, et contiennent autant que possible des matériaux recyclés plutôt que des matières premières primaires. Les dispositions qui en découleront devront également permettre de lutter contre les usages uniques et l’obsolescence prématurée. Ce nouveau plan défendu par la Commission européenne vise aussi à une meilleure information des consommateurs sur la réparabilité et la durabilité des produits, à la lutte contre le gaspillage alimentaire, les allégations écologiques trompeuses de certaines entreprises et le suremballage, au développement du marché des matières premières secondaires, au renforcement du principe de responsabilité élargie des producteurs, à l’émergence de nouveaux modèles d’entreprise, à l’amélioration du système de collecte sélective des déchets, etc. Une série de mesures visent par ailleurs à réduire au minimum les exportations de déchets de l’Union européenne et à lutter contre les transferts illicites. Enfin, le texte proposé par la Commission européenne met l’accent sur plusieurs secteurs utilisant le plus de ressources et dont le potentiel de contribution à l’économie circulaire est dès lors élevé : le matériel électronique et les technologies de l’information, les batteries et véhicules, les emballages, les matières plastiques, les textiles, le secteur de la construction, et enfin celui des denrées alimentaires.

3. La réglementation fédérale belge

143La structure fédérale de la Belgique fait que les questions environnementales et économiques relèvent en grande partie des compétences régionales. Cela étant, le ministre de l’Emploi, de l’Économie et des Consommateurs et la ministre de l’Énergie, de l’Environnement et du Développement durable du gouvernement fédéral Michel I (N-VA/MR/CD&V/Open VLD), respectivement Kris Peeters (CD&V) et Marie-Christine Marghem (MR), ont présenté, en octobre 2016, la contribution du niveau de pouvoir fédéral au déploiement en Belgique de l’économie circulaire, sous la forme d’un plan d’action comprenant 21 mesures  [93]. Celles-ci se situent dans le champ des compétences fédérales. Concernant la promotion d’une économie plus circulaire, c’est essentiellement par le biais de la protection des consommateurs que ces compétences peuvent s’exprimer (développement des normes de produits, écoconception, etc.). Cette feuille de route fédérale vient par ailleurs compléter les initiatives régionales également en place que sont le Plan des déchets-ressources en Région wallonne, le plan régional en économie circulaire (PREC) en Région de Bruxelles-Capitale et le Vlaanderen Circulair (anciennement Materialenprogramma) en Région flamande (cf. infra)  [94].

3.1. La feuille de route fédérale (2016)

144Afin de proposer sa feuille de route pour une économie circulaire, l’échelon fédéral s’est appuyé sur un document de recherche préparatoire publié un peu plus tôt dans l’année 2016. Cette étude, menée par trois organismes de consultance privés – à savoir PricewaterhouseCoopers (PwC), en collaboration avec l’Institut de conseil et d’études en développement durable (ICEDD) et Oakdene Hollins –, visait à chiffrer le potentiel économique de l’économie circulaire en Belgique à l’horizon 2030  [95].

3.1.1. Potentiel économique

145Les gains théoriques liés au développement d’une économie circulaire sont essentiellement de deux sortes : la réduction des coûts (moindre approvisionnement en matières premières, meilleure gestion des déchets, etc.) et le développement de nouveaux biens et services (notamment dans le domaine de la réparation, du recyclage, de l’économie de la fonctionnalité, etc.). L’analyse de PwC propose une évaluation chiffrée de l’impact économique de l’économie circulaire au sein de quatre secteurs clés : l’industrie chimique, l’alimentaire, les machines et équipements, et l’automobile. L’économie circulaire permettrait de créer, au sein de ces quatre secteurs et à l’horizon 2030, quelque 3 700 emplois directs si aucune mesure particulière n’est entreprise par les pouvoirs publics et un peu plus de 11 600 emplois directs dans l’hypothèse d’une politique volontariste. Extrapolé à l’ensemble de l’économie belge, il s’agirait de 100 000 emplois à l’horizon 2030 si des mesures volontaires sont prises à tous les niveaux de pouvoir. L’argument d’une réduction des coûts est cependant remis en question par les professionnels du secteur, notamment pour le domaine du plastique, où la concurrence des matières plastiques vierges, plus abordables que le plastique recyclé, reste une réalité.

3.1.2. Mesures et financement

146Sur cette base, et après concertation des secteurs concernés, l’Autorité fédérale a dégagé 21 mesures à mettre en place à son niveau. Parmi celles-ci, la feuille de route dite « Marghem-Peeters » propose d’encourager le démantèlement manuel de certains composants contenant des métaux précieux et/ou des matières premières critiques, et d’inciter, lorsque les conditions s’y prêtent, le passage d’un modèle basé sur les produits vers un modèle basé sur les services (conformément au principe d’économie de la fonctionnalité). Les deux ministres souhaitent également mettre en place une réflexion, avec les producteurs concernés, sur les microplastiques primaires (qui se retrouvent dans le dentifrice, les particules de pneus usés utilisées pour les terrains de foot artificiels ou encore certains résidus dans le secteur de la construction ou les matières textiles). Ces microplastiques ne sont pas recyclables et finissent d’une manière ou d’une autre par avoir un impact sur l’environnement. Pour soutenir la demande en plastique recyclé, il s’agirait notamment d’intégrer un taux de contenu en plastique recyclé dans les évaluations des marchés publics. La volonté de l’Autorité fédérale est par ailleurs de procéder à une meilleure information des différents acheteurs publics sur les différents principes de l’économie circulaire.

147 D’autres mesures proposées dans cette feuille de route concernent encore la lutte contre les allégations environnementales trompeuses qui accompagnent certains produits  [96], le développement d’outils pour assurer une meilleure information des consommateurs, l’allongement de la durée de la présomption de non-conformité en matière de garantie (afin d’allonger le délai légal de la prise en charge d’une éventuelle réparation), l’encadrement plus strict de l’obsolescence des produits, la mise en place de normes de recyclabilité de certains produits (afin de faciliter le choix des consommateurs), etc. Enfin, l’Autorité fédérale entend travailler, comme le préconise l’Union européenne, sur la toxicité chimique de certains produits voués au recyclage, et s’engage à développer une série d’indicateurs liés à l’économie circulaire, en partenariat avec Eurostat.

148De son côté, le Service public fédéral (SPF) Économie a publié en juin 2018 un document de synthèse sur les échanges tenus un an plus tôt lors du séminaire « Financement de l’économie circulaire » ayant regroupé différents intervenants du secteur public et du secteur bancaire ainsi que des entrepreneurs de l’économie circulaire  [97]. L’objectif était de mieux informer ces derniers sur les possibilités de financement des projets circulaires. Le développement de l’économie circulaire se heurte en effet encore aujourd’hui à une insuffisance des investissements nécessaires.

149Au-delà des mesures de financement prévues par l’Union européenne (cf. supra) ou par les Régions (cf. infra), certaines solutions commencent également à voir le jour du côté des acteurs privés. Bien que concurrencées par différents types de financement alternatif, les banques restent à ce titre les investisseurs les plus importants. Cependant, selon le compte rendu fourni par le SPF Économie, PME, Classes moyennes et Énergie, « les établissements bancaires jugent les projets d’économie circulaire souvent trop risqués et complexes. Les banques utilisent les mêmes outils d’évaluation pour les business models innovants ou pour les business models classiques. Elles ont donc tendance à sous-évaluer le potentiel économique de l’économie circulaire ». Leurs outils de financement classiques étant peu adaptés au cas particulier de l’économie circulaire, les banques proposent peu à peu d’autres options. C’est le cas des systèmes de leasing ou de private equity.

150 C’est surtout du côté des financements alternatifs que les projets d’économie circulaire de petite ampleur trouvent des solutions de financement. C’est le cas des microcrédits, qui sont des prêts de faible valeur, demandant donc moins de garanties ; le problème est qu’ils s’accompagnent de taux d’intérêts souvent plus élevés que pour un emprunt classique. Le crowdfunding est également un mode de financement alternatif possible, pouvant mobiliser des fonds assez rapidement et portant davantage d’intérêt au contenu d’un projet qu’à sa rentabilité immédiate. Le document de synthèse du SPF Économie, PME, Classes moyennes et Énergie pointe cependant un problème important : les financements alternatifs ne sont pas en mesure de financer les projets de grande envergure émergeant aujourd’hui dans ce qui touche à l’économie circulaire.

151 Dans sa note de politique générale, défendue à la Chambre des représentants en octobre 2018  [98], la ministre fédérale M.-C. Marghem a estimé que les 21 mesures proposées en 2016 ont toutes été mises en œuvre, bien qu’à des stades d’avancement variés. Par exemple, le Centre de connaissance en économie durable (CCED) a été créé au sein de la Direction générale des Analyses économiques et de l’Économie internationale du SPF Économie, PME, Classes moyennes et Énergie ; il a pour mission d’agir comme point de référence au niveau fédéral en matière d’économie durable pour les entreprises, les consommateurs et les responsables politiques. Il contribue également à la recherche sur les indicateurs d’économie circulaire, un enjeu européen, en suivant les évolutions globales et en consultant les parties prenantes aux niveaux national et bilatéral (institutions gouvernementales, fédérations d’entreprises et autres organisations). M.-C. Marghem entendait alors lancer de nouveaux débats, impliquant « différents acteurs issus d’horizons très divers afin d’aboutir à une nouvelle vision pour les prochaines années et formuler des propositions d’actions fédérales à mettre en place lors de la prochaine législature ». C’est ainsi qu’en 2019, une série d’ateliers de travail (workshops) thématiques et transversaux ont réuni les parties concernées  [99].

152 À la fin de l’année 2019, la Belgique a assuré l’organisation du « hotspot » de l’économie circulaire. Cet événement annuel met à l’honneur les bonnes pratiques du pays organisateur, qui accueille pendant plusieurs jours des chefs d’entreprises internationaux et européens. Lors de cette édition, la Belgique avait notamment mis à l’honneur Anvers (avec Blue Gate, un parc d’entreprises ancré dans l’économie circulaire, de même que Circular South, un quartier où collaborent habitants et entreprises), Bruxelles (avec Studio CityGate, Recy-K, Greenbizz et City Fab1), le port de Gand, ou encore le Hainaut (qui promeut la symbiose industrielle à travers des acteurs tels que Comet Traitements, une société très active dans le commerce et le recyclage des métaux, ou la société Holcim, qui collecte des déchets industriels destinés aux cimenteries belges).

3.2. La lutte contre l’obsolescence programmée

153La lutte contre l’obsolescence programmée figure parmi les points emblématiques qui se jouent à l’échelon fédéral. Par « obsolescence programmée », on entend « un stratagème par lequel un bien voit sa durée de vie normative sciemment réduite dès sa conception, limitant ainsi sa durée d’usage, pour augmenter son taux de remplacement »  [100].

154 En 2016, trois propositions de loi visant à lutter contre l’obsolescence programmée ont été déposées à la Chambre des représentants : le 22 janvier par le CDH  [101], le 11 avril par Écolo  [102] et le 20 avril par le PS  [103]. Les membres de la commission chargée de l’Économie ont ensuite travaillé sur cette base, les trois textes ayant été fusionnés le 10 mai 2016 à partir de celui déposé par le CDH. En substance, cette proposition de loi étend la durée de la garantie à la durée de vie des produits, avec un minimum de deux ans ; assure au consommateur le bénéfice de la garantie entre la fin du sixième mois et son expiration  [104] ; augmente la garantie pour les produits d’occasion à minimum deux ans ; et oblige le fabricant à mentionner sur les produits et les publicités le concernant la durée de vie ainsi que le caractère réparable ou non de celui-ci  [105].

155En janvier 2018, le MR a dit préparer sa propre proposition de loi, en accord avec ses trois partenaires au sein du gouvernement fédéral : le CD&V, l’Open VLD et la N-VA. Ce projet a avorté un mois plus tard, aucun accord n’ayant pu être dégagé au sein de la majorité  [106]. En parallèle, le MR a déposé, le 11 janvier 2018, une proposition de résolution pour promouvoir l’économie circulaire et lutter contre l’obsolescence programmée  [107]. Le 21 février 2018, la proposition de loi sur laquelle la commission de l’Économie travaillait depuis deux ans a été déclarée sans objet, certains partis (le MR, notamment) ne souhaitant pas légiférer sur la question. Le même jour, la proposition de résolution déposée par les libéraux francophones a quant à elle été adoptée, majorité contre opposition, mais ce texte, contrairement à une loi, n’a pas de valeur contraignante.

156La question de l’obsolescence programmée est délicate. En souhaitant étendre la garantie légale, ou en imposant aux fabricants certaines normes sur la présentation de leurs produits, les auteurs des trois propositions de loi visaient à faciliter les opportunités de réparation et à responsabiliser les fabricants sur une conception plus durable de leurs produits. Prolonger la durée de garantie légale devrait avoir l’effet d’encourager les fabricants à proposer des produits plus solides et réparables, évitant ainsi des coûts de réparation élevés. Toutefois, il ne s’agit pas de tenir compte que des fabricants – qui sont généralement de grandes marques internationales – et les consommateurs, sans prendre en considération les commerçants. Comme l’explique la fédération belge du commerce, Comeos, « les commerçants n’ont pas d’emprise sur la qualité des produits. C’est particulièrement problématique pour l’électronique grand public et pour l’électroménager. Demain, si la Belgique décide seule d’un allongement de la garantie, les grandes marques de ces secteurs ne s’adapteront tout simplement pas. Nous n’avons aucune marge de négociation avec elles et nous ne pouvons pas nous passer de leurs produits »  [108]. Les commerçants craignent également qu’un allongement de la garantie entraîne une nouvelle augmentation de la concurrence avec le commerce en ligne (e-commerce) provenant de l’étranger. L’enjeu serait alors de porter le débat au niveau européen. C’est le point de vue défendu par le MR à travers sa résolution.

157Afin d’alimenter les débats, une étude a été réalisée en 2017 par le bureau d’études Research, Development & Consulting (RDC) Environment  [109], à la demande des ministres fédéraux M.-C. Marghem et K. Peeters. Cette analyse souligne que, même s’il n’est pas exclu qu’elle existe dans certains cas, il est très difficile de démontrer l’existence de l’obsolescence programmée : « En effet, les pratiques dénoncées sont justifiées par les fabricants par des raisons économiques, techniques et de prévention des risques qui sont crédibles  [110]. C’est pourquoi seuls trois fabricants ont fait l’objet de procédures judiciaires dans le monde et aucune d’elles n’a débouché sur une condamnation directement liée à la programmation de l’obsolescence ». Certains types de produits, les smartphones par exemple, sont pourtant souvent l’objet de suspicion à cet égard. Les débats parlementaires au sein de la commission chargée de l’Économie ont également mis en évidence cette difficulté à prouver l’obsolescence programmée. RDC Environnement préconise dès lors d’élargir le champ d’étude aux mesures visant à augmenter la durée de vie des produits. Dans ce cadre, le bureau d’études défend une série de mesures à mettre en place, et celles-ci rejoignent globalement ce qui a déjà été proposé en commission de la Chambre : obliger les fabricants à afficher la durée de vie attendue du produit et à mieux communiquer sur le degré de réparabilité de celui-ci, allonger la durée de garantie légale (en fonction des catégories de produits) et celle de la charge de la preuve, rendre obligatoire la disponibilité de pièces détachées et, enfin, sensibiliser au mieux le consommateur. « Toutes ces mesures auront un effet plus fort si elles sont appliquées dans l’ensemble de l’Union européenne », précise cependant l’étude.

158Si les discussions autour des propositions de loi déposées en 2016 n’ont pas abouti, la question n’est pas pour autant enterrée. La commission de l’Économie examine actuellement trois nouvelles propositions de loi jointes par le PS  [111], le CDH  [112] et le groupe Écolo-Groen  [113] en 2019 et 2020, défendant, en substance, la même philosophie qu’en 2016.

159 À cette occasion, la commission de l’Économie a procédé, en février 2020, à l’audition de différents acteurs associés à cette problématique : la Commission européenne, Agoria, Comeos, Test Achats, RDC Environment, Repair&Share et Écoconso  [114]. Il en ressort qu’au niveau européen, la directive de référence concernant les contrats de vente de biens (d’application à partir du 1er janvier 2022)  [115] table sur une garantie légale de deux ans au minimum et sur une durée d’une année durant laquelle le défaut est présumé avoir été présent au moment de la livraison, sauf si le vendeur apporte la preuve du contraire (délai qui peut être porté à deux ans pour les États membres qui le souhaitent). Le Centre commun de recherche de la Commission européenne (CCR) étudie par ailleurs la possibilité de développer un système de notation de la réparabilité des produits. Agoria a rappelé que l’industrie technologique, qu’elle représente, avait ses spécificités en termes de fonctionnalité, de comptabilité et de mise à jour, et que, au risque d’affaiblir la compétitivité des entreprises belges, le délai de garantie légale devrait être harmonisé au niveau européen. Pour Agoria, il en va de même pour ce qui est de la méthodologie devant déterminer la durée de vie de tel ou tel produit, ainsi que de la charge de la preuve. Comeos défend le point de vue déjà évoqué plus haut concernant les commerçants ; elle précise également qu’une obligation de mettre des pièces de rechange à disposition peut s’avérer compliquée en pratique et préfère jouer la carte de la transparence envers le consommateur quant à la disponibilité ou non des pièces de rechange, non pas sur l’emballage mais via un passeport produit en ligne. Pour sa part, l’association de protection des consommateurs Test Achats a fait part de son expérience issue de son point de contact, initié fin 2016 : « Trop vite usé ». Depuis son ouverture, ce point de contact a déjà enregistré près de 9 000 signalements, relatifs essentiellement à des téléphones mobiles, des imprimantes, des lave-linge et des lave-vaisselle. Test Achats défend l’idée que « l’obsolescence peut se manifester de différentes manières. Les fabricants peuvent notamment utiliser des matériaux de qualité inférieure pour fabriquer un produit. Ils peuvent également rendre les réparations impossibles, par exemple en collant les pièces ou en ne fournissant pas de pièces de rechange. D’autres encore n’offrent plus de mise à jour des logiciels et jouent sur l’aspect psychologique en séduisant les consommateurs avec de nouveaux gadgets. (…) Un autre problème concerne les appareils high tech qui ont été conçus de manière à ne pouvoir être réparés que par des réparateurs agréés ». Quant à l’association Repair&Share, elle a demandé qu’un recours accru à l’écoconception soit légalement organisé et que la Belgique dresse un registre officiel des réparateurs exerçant sur son sol. Enfin, et sans vouloir ici entrer dans les détails, les débats en commission de l’Économie ont également porté sur l’utilité d’une baisse de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) pour les activités de réparation, le coût occasionné par celles-ci étant souvent jugé trop élevé par rapport au remplacement par un bien neuf.

160Si les débats relatifs à l’éventualité de légiférer en Belgique sur la question de l’obsolescence programmée sont loin d’être clos, d’autres initiatives pour lutter contre la fin de vie précoce de certains produits ont déjà vu le jour. C’est le cas du point de contact « Trop vite usé » déjà mentionné plus haut, qui permet à Test Achats de collecter une série d’informations sur le vieillissement prématuré de certains appareils. De son côté, le SPF Économie, PME, Classes moyennes et Énergie a créé en 2017 une plateforme de concertation sur la durée de vie des produits ; elle réunit les administrations impliquées et les parties prenantes, comme Agoria ou Test Achats, ainsi que des organisations environnementales. Les mesures discutées au sein de cette plateforme portent notamment sur l’écoconception des produits, la réparation, l’information, le contrôle, les garanties et les incitations fiscales  [116]. En mars 2019, elle s’était réunie six fois.

4. Les réglementations régionales (Wallonie, Bruxelles-Capitale, Flandre)

161Ce chapitre propose une vue d’ensemble, non exhaustive, des mesures et plans d’action mis en place en Belgique au niveau régional pour soutenir le développement de l’économie circulaire. Si l’intention n’est ici que de proposer un simple survol des politiques régionales, un prochain Courrier hebdomadaire abordera la question plus en détail pour la Région wallonne, avec une analyse des différents acteurs concernés, des enjeux du secteur et du poids économique de ce dernier.

162 Les trois Régions ont chacune établi un plan d’action visant le développement d’une économie circulaire, avec pour lignes directrices un certain nombre d’objectifs ainsi que des propositions pour y parvenir, dont certaines comprennent un accompagnement et un soutien financier aux entreprises sous la forme d’appels d’offre, de concours ou de subventions.

4.1. La Région wallonne

163En Wallonie, les politiques de soutien à l’économie circulaire ont été à l’origine intégrées au Plan Marshall 4.0. Adopté fin mai 2015 (pour la période 2015-2019), celui-ci rassemble les principaux axes de redéploiement économique de la Région wallonne, dont l’axe 4 intitulé « Soutenir l’efficacité, la transition énergétique et l’économie circulaire ». Dans ce cadre, un dispositif d’accompagnement des entreprises désireuses d’optimiser l’usage de leurs ressources a été développé à travers le programme NEXT-Économie circulaire. En complément de ce programme, l’Agence pour l’entreprise et l’innovation (AEI), organisme public wallon, coordonne les mesures d’économie circulaire en Région wallonne et aide les entreprises innovantes en la matière.

164Le 22 mars 2018, le gouvernement wallon Borsus (MR/CDH) a adopté le Plan wallon des déchets-ressources, regroupant pas moins de 700 mesures dans le but de prévenir l’apparition, de réutiliser, de trier, de recycler ou encore de valoriser les déchets. « Renforcer et soutenir le réseau des repair cafés, faciliter et encourager la location de biens matériels plutôt que leur achat ou encore activer l’accord-cadre avec le secteur de la distribution pour favoriser l’écoconception des emballages sont quelques exemples des mesures phares de ce Plan ».

165Pour ce qui est des actions d’accompagnement, de financement et de soutien aux projets menés dans le cadre de ce plan, plusieurs initiatives ont également vu le jour. Parallèlement au programme NEXT, il s’agit notamment de l’appel à projets lancé pour mettre en place une filière de recyclage du plastique en Wallonie (cf. infra), de la possibilité de se tourner, pour les PME et très petites entreprises (TPE), vers Novallia (filiale de la Société wallonne de financement et de garantie des petites et moyennes entreprises – SOWALFIN  [117]) et de la mise à disposition des chèques économie circulaire. Ces derniers sont accordés pour financer des études de faisabilité pour des projets visant une meilleure utilisation des ressources, un démantèlement plus efficace des produits ou la prolongation de la durée de vie de ceux-ci.

166 Le 21 février 2019, cinq députés du Parlement wallon ont remis un rapport introductif présentant un état des lieux de l’économie circulaire en Wallonie, ainsi qu’une série de recommandations  [118]. Celles-ci se retrouvent également dans la résolution adoptée à l’unanimité par le Parlement wallon le 3 mai 2019 et visant à soutenir le développement de l’économie circulaire en Wallonie  [119]. Ce rapport parlementaire évoque une centaine de mesures à suivre.

167 Le 27 novembre 2019, quelque 110 organisations publiques et privées se sont engagées dans le projet « Green deal achats circulaires ». Une trentaine d’organisations les ont rejointes par la suite. L’objectif de la démarche est de privilégier, par l’engagement des signataires, l’achat de produits réutilisables ou de marchandises recyclées ou remises à neuf, la rénovation de bâtiments avec des matériaux de réemploi, etc. Chaque signataire s’engage pour une durée de trois ans.

168 La problématique de la gestion des déchets et le développement de l’économie circulaire font l’objet d’un chapitre entier au sein de la déclaration de politique régionale (DPR) du gouvernement wallon Di Rupo III (PS/MR/Écolo) entré en fonction en septembre 2019  [120]. On y apprend notamment que le gouvernement wallon entend mettre en œuvre les recommandations parlementaires édictées en mai 2019. Il subsidiera également les entreprises pour la réalisation d’un audit « ressources et énergie » afin d’optimaliser les consommations d’énergie et de ressources et définir les mesures à prendre pour entrer en transition vers un modèle circulaire. Les zonings wallons seront progressivement transformés en éco-zonings. Le gouvernement wallon entend également soutenir le développement d’une économie circulaire à travers une attention particulière accordée à l’ensemble des marchés et achats publics. Selon la DPR, « c’est aux pouvoirs publics de montrer l’exemple ». Des labels seront instaurés pour les entreprises qui font des efforts dans le développement de produits durables pouvant être réparés.

169 Le gouvernement wallon met également clairement l’accent sur la lutte contre l’usage inapproprié du plastique : « À l’horizon 2030, les usages du plastique ne pourront être conservés que dans le cas où le plastique reste la seule solution ou la solution la plus durable (…). En exécution de sa stratégie de sortie du plastique, la Wallonie veillera à faire émerger une véritable filière wallonne du recyclage du plastique, tout comme pour d’autres types de déchets (huiles usagées, matelas, déchets de construction, etc.) ».

170 Enfin, un objectif de diminution d’au moins 50 % des niveaux actuels d’incinération des déchets a été avancé pour 2027. « En ce sens, le gouvernement généralisera la collecte de la fraction organique des déchets ménagers et encouragera la séparation de la fraction organique pour les déchets industriels en provenance des entreprises, des collectivités, du secteur horeca, etc. ».

4.2. La Région de Bruxelles-Capitale

171En Région bruxelloise, toutes les mesures prises en faveur de l’économie circulaire sont réunies dans le programme régional en économie circulaire (PREC) 2016-2020, adopté par le gouvernement bruxellois Vervoort II (PS/Défi/CDH/Open VLD/SP.A/CD&V) le 10 mars 2016  [121]. Au total, pas moins de 111 mesures y sont réunies autour de quatre axes : des mesures transversales (cadre normatif, aides directes et indirectes, innovation en matière de marchés publics, emplois et formations, enseignement), des mesures sectorielles (construction, ressources et déchets, commerce, logistique, alimentation), des mesures territoriales et des mesures de gouvernance (coopération renforcée entre les administrations concernées)  [122]. Le pilotage de ce plan d’action bruxellois a été confié à trois membres du gouvernement  [123] et à quatre entités administratives régionales : Impulse.brussels (agence bruxelloise pour l’entreprise), Bruxelles Environnement (administration bruxelloise de l’environnement et de l’énergie), Bruxelles-Propreté (agence bruxelloise de nettoiement, de collecte et de traitement des déchets ménagers) et Innoviris (administration bruxelloise de la promotion et du soutien de la recherche scientifique et de l’innovation). Une série d’autres acteurs publics, privés et associatifs sont également impliqués dans ce dispositif.

172Dès la fin de l’année 2016, une série d’ateliers ont été organisés afin d’accélérer la mise en œuvre des actions proposées et d’accompagner les acteurs concernés. Dès septembre 2017, a également été organisée la première rencontre annuelle bruxelloise sur le thème de l’économie circulaire : le « Be Circular Annual Meeting ».

173En outre, le PREC est évalué et adapté tous les 18 mois. Sur cette base, il apparaît que, à la fin de l’année 2018, 60 % des dispositions reprises dans le PREC ont été réalisées, ce qui représente 319 entrepreneurs accompagnés dans leurs démarches  [124], 194 projets financés (pour un montant total de 11,5 millions d’euros) et plus de 200 séminaires et ateliers de travail organisés sur le sujet de l’économie circulaire. Par exemple, un centre dédié au réemploi des matériaux de construction a vu le jour à Anderlecht (le Centre de référence professionnelle bruxellois dans le secteur de la construction - CDR Construction), les 700 anciens sièges du Théâtre royal de la Monnaie ont trouvé une seconde vie au sein du projet Usquare.brussels, une chaire en économie circulaire et métabolisme urbain a été créée à l’Université libre de Bruxelles (ULB) et un dispositif d’identification des barrières technico-administratives au développement de l’économie circulaire a été mis en place à travers le projet Circular Regulation Deal (CIREDE)  [125].

174 Une étude parue en octobre 2018 propose une évaluation des réalisations amenées par le PREC  [126]. Elle met en avant le caractère « novateur, ambitieux et complet » du projet. Cependant, ses auteurs, issus du milieu académique, proposent également quelques points d’attention pour l’avenir, parmi lesquels le besoin d’une vision prospective de long terme, la nécessité de mettre en place une formation spécialisée en économie circulaire dans les établissements d’enseignement supérieur bruxellois, l’opportunité de mobiliser davantage le levier des marchés publics et l’utilité de passer d’une « discussion de niche » à une sensibilisation élargie du public.

175 Pour la législature régionale en cours, le gouvernement bruxellois Vervoort III (PS/Écolo/ Défi/Groen/Open VLD/one.brussels-sp.a), installé en juillet 2019, entend appuyer plus encore le PREC  [127] – parallèlement au plan régional de gestion des ressources et déchets (PGRD) et au plan industriel bruxellois – afin de soutenir, par voie réglementaire, l’émergence de nouvelles filières de valorisation des déchets et des ressources (déchets plastiques, huiles usagées, bois, textiles, matelas ou déchets de construction)  [128]. Il souhaite également soutenir la mise en place d’un système d’audit « ressources et déchets » au sein des entreprises bruxelloises, encourager une politique régionale circulaire en matière de marchés publics et d’achats, analyser l’opportunité de créer un label « designed/made/grown/repaired in and around Brussels », et enfin développer l’axe circulaire dans le secteur de la construction en veillant à localiser à Bruxelles un maximum d’emplois et d’activité économique dans ce secteur.

4.3. La Région flamande

176Dès 2006, la Flandre a initié, à l’initiative de l’Openbare Vlaamse Afvalstoffenmaatschappij (OVAM, société publique de gestion des déchets), un groupe de réflexion et les prémices d’un réseau informel autour d’une gestion durable des matériaux. Ce réseau de transition, baptisé Plan C, ne visait pas uniquement à limiter la production de déchets mais bien à promouvoir une utilisation plus efficiente des matériaux, avec des schémas de production et de consommation différents.

177En 2012, la Région flamande a présenté son plan d’action, intitulé Vlaams Materialenprogramma (Agenda 2020), piloté par l’OVAM et relevant de 33 organisations issues des pouvoirs publics, de l’industrie, du monde scientifique et de la société civile. Des thématiques particulières y ont fait jour : la gestion durable des matériaux de construction, la bio-économie, un cycle fermé pour les matériaux chimiques, et l’utilisation des métaux dans le cadre de cycle fermé.

178En mars 2018, le gouvernement flamand Bourgeois (N-VA/CD&V/Open VLD) a dévoilé une stratégie à long terme sous les traits de la « Visie 2050 », comportant un volet pour la promotion de l’économie circulaire  [129]. Dans ce cadre, le programme Vlaanderen Circulair avait été institué dès janvier 2017. Intégré à l’OVAM, celui-ci résulte de la fusion de Plan C et du Materialenprogramma. Il s’agit d’un partenariat regroupant les autorités régionales et locales, ainsi que la société civile, le secteur de la finance et le monde académique. Sous l’autorité des ministres flamands en charge de l’Environnement et de l’Économie, plusieurs initiatives ont vu le jour, comme la promotion d’achats circulaires, des campagnes de sensibilisation, le soutien à l’écoconception via la remise de prix (awards) et le développement d’un outil d’évaluation en ligne, le partage de bonnes pratiques, etc. Des appels à projets sont également lancés, notamment pour des projets d’innovation, avec, pour les années 2017-2018, quelque 135 projets retenus et financés à hauteur de 11 millions d’euros  [130].

179Dans son accord de gouvernement  [131], le gouvernement flamand Jambon (N-VA/CD&V/ Open VLD), installé début octobre 2019, fixe un objectif de recyclage général de 77,5 % pour la Flandre à l’horizon 2030 (contre 70 % actuellement), avec la volonté de recycler autant que possible sur son propre territoire.

5. Évaluation et état des lieux en Belgique

180 Le cadre réglementaire belge ayant été posé, tant au niveau fédéral qu’aux niveaux régionaux, il semble opportun de fournir un bref état des lieux de ce que recouvrent actuellement la gestion des déchets et le développement de l’économie circulaire en Belgique.

181Le tableau 4 figurant en fin de chapitre fournit les données Eurostat pour la Belgique et les autres pays membres de l’Union européenne concernant le traitement des déchets. Dans une approche plus qualitative de la situation, le Conseil central de l’économie (CCE) a pour sa part procédé, en juin 2019, à l’examen de l’état des lieux de la transition belge vers une économie circulaire sous l’angle de l’efficacité avérée ou non des politiques menées pour y parvenir  [132]. Il a ainsi évalué les progrès réalisés par la Belgique en matière d’utilisation rationnelle des ressources (à travers les concepts de consommation, de productivité, de réutilisation et de réparation des matières), en matière de gestion durable des déchets (production et traitement des déchets), ainsi qu’en matière d’éco-innovation et de ses retombées positives sur la société en termes de création d’emplois et de valeur ajoutée. C’est ce rapport qui servira de fil rouge et de principale source au présent chapitre.

5.1. Utilisation rationnelle des ressources

182Malgré une légère hausse de la productivité des ressources et une baisse de la consommation intérieure de matières par habitant, la Belgique, disposant de peu de ressources naturelles, reste tributaire d’importations importantes de matières premières et de matières à recycler. Par ailleurs, avec un taux aux alentours de 18 %, la Belgique fait partie des leaders européens en matière d’utilisation circulaire des ressources (cf. supra). Par contre, les activités de récupération et de réparation sont encore peu développées dans le pays. Le CCE précise toutefois que son analyse n’a pas pu tenir compte des activités de récupération des produits et des emballages et de réparation des biens mises en place directement dans les entreprises.

5.2. Gestion durable des déchets

183Selon le CCE, la Belgique est particulièrement efficace sur le plan de la valorisation des déchets : le pays « remplit déjà l’objectif de mise en décharge des déchets municipaux fixé par l’Union européenne. Elle occupe, de plus, une position forte dans le domaine de l’activité de recyclage. La Belgique respecte d’ores et déjà l’objectif de recyclage des déchets municipaux de 50 % fixé à l’horizon 2020 et l’objectif de recyclage des déchets d’emballages de 70 % fixé à l’horizon 2030 par l’Union européenne ». À ce sujet, Fost Plus (organisme responsable de la promotion, la coordination et le financement des collectes sélectives, du tri et du recyclage des déchets d’emballages ménagers en Belgique) estime que 92,8 % de tous les emballages qui ont été mis sur le marché belge par ses membres  [133] ont été recyclés en 2018. Cependant, le CCE précise que les performances de la Belgique en matière de recyclage des emballages sont mitigées lorsque ce taux est décomposé par matière : « Le pays affiche de bons scores, et respecte d’ores et déjà les objectifs européens à l’horizon 2030 en ce qui concerne le recyclage des déchets d’emballages en verre (100 %), en papier/carton (89,4 %), en métaux (98,3 %) et en bois (80,9 %). Par contre, avec un taux de recyclage de seulement 43,4 % en 2016, et bien que la Belgique se situe au-dessus de la moyenne de l’Union européenne (42,4 % en 2016), des progrès restent à faire en matière de recyclage des déchets d’emballages plastiques (…) pour atteindre les objectifs européens de 50 % d’ici à 2025 et de 55 % d’ici à 2030 ». Selon Agoria, 57 % des déchets plastiques sont des emballages (et sont recyclés à 43 %), tandis que 8 % proviennent du secteur de la construction (et sont recyclés à 29 %), 8 % de la filière électrique et électronique (et sont recyclés à 28 %), 5 % de l’agriculture (et sont recyclés à 42 %) et 3 % du secteur automobile (et sont recyclés à 29 %). Les 19 % restants proviennent de filières diverses  [134].

184Greenpeace Belgium apporte encore un autre éclairage à cette problématique du taux de recyclage des emballages plastiques en Belgique. L’ONG pointe que si 43,4 % des déchets plastiques belges sont recyclés, cela signifie que plus de la moitié est essentiellement incinéré (et est valorisé sous la forme d’énergie). Surtout, elle nuance l’expression « déchets plastiques recyclés » : « Tout ce qui est exporté est considéré comme recyclé, puisque ces déchets ont été confiés à des entreprises de recyclage. Ce sont ces entreprises de recyclage qui décident ensuite de s’en décharger, quitte à envoyer à l’autre bout du monde les problèmes environnementaux qui accompagnent ces déchets »  [135]. À ce jour en Belgique, si quelques entreprises s’occupent du recyclage de certains types de plastiques (Ravago, Raff Plastics, Van Werven, etc.), il n’existe en revanche pas de filière de recyclage du PMC, dont les balles sont envoyées vers l’Allemagne, la France ou les Pays-Bas. En mai 2019, le gouvernement wallon Di Rupo III a déclaré vouloir mettre en place une véritable filière de recyclage du plastique et a décidé de financer six projets d’unités de recyclage, retenus après un appel à projets lancé quelques mois plus tôt  [136].

185La mise en place de Fost Plus découle du principe européen de responsabilité élargie du producteur, qui oblige les entreprises à financer et à organiser la collecte et le recyclage des déchets qu’elles engendrent (cf. supra). Sur cette base, le financement de Fost Plus repose sur l’adhésion des entreprises qui mettent des produits ménagers emballés sur le marché belge. Ces entreprises doivent s’acquitter d’une contribution annuelle sur la base du nombre et du type d’emballages produits. En échange de cette contribution, les entreprises concernées peuvent apposer sur leurs produits le logo « Point Vert »  [137]. Ces sommes, complétées des revenus de la vente des matériaux collectés, sont utilisées pour collecter, trier et recycler les emballages après utilisation (en ce compris les plastiques durs, les films en plastique, la frigolite et les petits déchets dangereux déposés dans les parcs à conteneurs).

186Greenpeace Belgium n’est pas le seul observateur à avoir émis quelques doutes sur les chiffres annoncés par Fost Plus quant à la situation du recyclage en Belgique (et qui ont servi de base à l’analyse du CCE). Ainsi, une enquête menée par le magazine Médor au printemps 2019  [138] dévoile que, « lorsque Fost Plus calcule ses taux de recyclage, il procède en divisant le nombre de tonnes d’emballages mises sur le marché par ses membres avec le nombre de tonnes collectées. Mais, premièrement, toutes les entreprises ne déclarent pas leurs déchets. Un constat particulièrement vrai dans le secteur de l’e-commerce. Si la Commission interrégionale de l’emballage peut constater ces infractions, elle n’a pas le pouvoir de poursuivre ces entreprises qui ne sont pas installées sur le sol belge. Or celles-ci génèrent un nombre important de déchets puisque les marchandises sont emballées individuellement pour chaque client. Deuxièmement, l’estimation des emballages mis sur le marché belge ne prend pas en compte les achats effectués à l’étranger. Les bouteilles ramenées ainsi en Belgique viennent ensuite gonfler les résultats du verre collecté à la bulle sans avoir été prises en compte dans le numérateur de la fraction, ce qui peut donner alors des taux de recyclage pour le verre au-delà de 100 %. Enfin, pour calculer le nombre de tonnes d’emballages collectées, Fost Plus pèse les matériaux à la sortie du centre de tri. Mais d’autres pertes interviennent après cette première étape, comme les étiquettes et surtout les fonds de bouteilles qui sont éliminés pendant le processus de recyclage ». Médor dénonce ainsi une surévaluation des taux de recyclage mis en avant par Fost Plus, même s’il concède que cette surévaluation reste difficile à quantifier. Pour Médor, les taux de recyclage communiqués par Fost Plus ne sont au mieux que des taux de collecte. Pour sa part, Fost Plus estime respecter dans ses calculs la réglementation belge et européenne, et agir sous le contrôle de la Commission interrégionale de l’emballage (CIE).

187Cela étant dit, les taux de collecte sélective en Belgique (pour les emballages, les déchets organiques ménagers, le papier et le carton, les déchets électriques et électroniques, etc.) sont pour leur part à juste titre, réputés efficients, ce que souligne le CCE, qui estime que, en la matière, le pays « est d’ores et déjà dans le peloton de tête européen ». En outre, d’autres points positifs sont à noter. Les balles de plastique qui sortent des centres de tri ont bonne réputation et une attention importante est accordée au recyclage de proximité. Selon Fost Plus, 74,1 % des emballages ménagers belges recyclés en 2018 l’ont été en Belgique, 14,7 % aux Pays-Bas, 7,4 % en Allemagne, 3,0 % en France et 0,8 % ailleurs (cf. Graphique 5). L’organisme de collecte estime que seule « une fraction minime (moins de 100 tonnes) » de ces emballages ménagers belges est traitée en dehors de l’Europe. Mais il convient d’ajouter avec Médor que toutes les entreprises ne déclarent pas leurs déchets, un constat qui est particulièrement fréquent dans l’e-commerce, notamment.

Graphique 5

Lieu de recyclage des emballages ménagers belges (2018)

Graphique 5. Lieu de recyclage des emballages ménagers belges (2018)

Lieu de recyclage des emballages ménagers belges (2018)

Source : Fost Plus.

188De son côté, Recupel, l’asbl en charge de la collecte et du traitement des lampes et des appareils électriques et électroniques, enregistre un taux de collecte en hausse mais toujours en dessous de l’objectif européen fixé pour ce type de déchets : un peu plus de 50 % en 2019 selon Recupel, contre un objectif européen fixé à 65 % du poids moyen des tous les appareils mis sur le marché au cours des trois années précédentes. Parmi les causes expliquant cette situation, la filière pointe notamment la problématique de circuits parallèles plus attractifs pour certains types de déchets tels que les machines à laver ou les frigidaires  [139].

189Le CCE estime encore dans son rapport que « des progrès restent à faire pour atteindre l’objectif de recyclage des déchets municipaux à l’horizon 2030 ». Pour rappel, les emballages ne constituent qu’une partie des déchets municipaux, puisque n’interviennent pas dans la définition de ceux-ci les déchets provenant de la production, de l’agriculture, de la sylviculture, de la pêche, des fosses septiques et des réseaux d’égouts et des stations d’épuration, les véhicules hors d’usage ou les déchets de construction et de démolition (cf. supra).

190 Il convient également d’apporter ici une précision importante à l’analyse : les déchets ménagers ne représentent que quelque 8,0 % des déchets produits globalement en Belgique (contre une moyenne européenne de 8,5 %, cf. supra). Le reste des déchets provient de l’industrie (52,0 %), de la construction (31,0 %), des services (8,6 %) et de l’agriculture (0,4 %) (cf. Graphique 6). Bien que les déchets municipaux ne représentent en Belgique comme ailleurs en Europe qu’une dizaine de pourcents des déchets produits, ils concentrent dans une certaine mesure l’attention politique et les débats en cours. Cela s’explique notamment par leur composition hétérogène, qui les rend difficiles à traiter de manière respectueuse de l’environnement. Leur mode de traitement donne par ailleurs une bonne indication de la qualité du système de gestion des déchets dans son ensemble.

Graphique 6

Répartition par origine des déchets produits en Belgique (2016)

Graphique 6. Répartition par origine des déchets produits en Belgique (2016)

Répartition par origine des déchets produits en Belgique (2016)

Source : Statbel.

191Dans le cadre du suivi statistique mis en place au niveau européen (via Eurostat) pour juger des avancées en matière de développement d’une économie circulaire, intervient un indicateur concernant le secteur de la construction. Il s’agit du « taux de récupération des déchets de construction et de démolition », qui est défini comme étant « le ratio des déchets de construction et de démolition préparés pour une réutilisation, recyclés ou sujets à la récupération de matériaux, incluant les opérations de remblayage, divisés par les déchets de construction et de démolition collectés et traités suivant le règlement (EC) n° 2150/2002 sur les statistiques des déchets ». Seuls les déchets non dangereux sont ici pris en compte. Selon Eurostat, ce ratio s’élèverait pour la Belgique à 95 % en 2016, contre une moyenne de 89 % pour l’UE28.

192 Pour ce qui est du recyclage des déchets provenant de l’industrie, et comme le souligne le CCE, les activités qui relèvent notamment de l’éco-conception, de l’écologie industrielle, de l’économie de la fonctionnalité et du recyclage final ne sont pas identifiables comme telles dans les nomenclatures statistiques existantes. Pourtant, un certain nombre d’entreprises ont par exemple opté pour un recyclage final dans lequel les matériaux (papier, acier, batteries, etc.) sont traités et recyclés afin d’obtenir une matière première secondaire. Pour leur part, la collecte et le recyclage des emballages industriels sont effectués par Valipac (qui est l’équivalent de ce qu’est Fost Plus pour les déchets d’emballages ménagers). Cet organisme de collecte estime à 88,6 % le taux de recyclage pour 2018 des emballages industriels mis sur le marché en Belgique. Valipac concède cependant que le taux de recyclage des emballages industriels en plastique a quant à lui diminué de 8 % en 2018 par rapport à 2017, pour atteindre 45,8 %. L’organisme de collecte s’est fixé un objectif de 65 % d’emballages plastiques industriels d’ici 2030, avec une attention accrue sur les destinations prises par ce plastique à recycler et sur l’effectivité du processus de recyclage. Pour le reste, Valipac annonce que 100 % des emballages industriels en papier ou carton ont été recyclés en 2018, contre 92,4 % pour les emballages industriels en bois (beaucoup de palettes, notamment) et 74,0 % pour les emballages industriels en métal (bidons, etc.).

5.3. Innovation, création d’emplois et de valeur ajoutée

193Dans son état des lieux, le CCE observe un décrochage de la Belgique en matière d’éco-innovation par rapport à la moyenne européenne, et ce depuis 2012. Ce constat s’explique avant tout par un meilleur positionnement d’autres États membres de l’Union européenne, en raison de l’amélioration de leurs indicateurs d’éco-innovation. Mais le CCE met également en avant trois freins propres à la Belgique : la répartition des compétences entre différents niveaux de pouvoir, avec peu d’attention accordée à la diffusion des bonnes pratiques régionales au niveau national ; un manque d’expertise en matière d’éco-innovation et d’économie circulaire au sein des PME ; et un contrôle limité sur la conception de la plupart des produits entrant sur le marché belge.

194 « Les opportunités de l’économie circulaire en termes de potentiel de création d’emplois locaux et de valeur ajoutée (notamment dans les activités de récupération et de réparation) sont peu exploitées en Belgique », ajoute encore le CCE. « Ce décrochage s’explique notamment par les investissements relativement faibles dans ces secteurs et les relativement mauvaises performances de la Belgique en matière de brevets liés à l’éco-innovation dans les domaines analysés par rapport au reste de l’Europe ».

Tableau 4. Traitement des déchets (Europe, 2016), en % du total

Tableau 4. Traitement des déchets (Europe, 2016), en % du total Tableau 4. Traitement des déchets (Europe, 2016), en % du total

Tableau 4. Traitement des déchets (Europe, 2016), en % du total

Source : Eurostat.

Conclusion

195Développer l’économie circulaire en Belgique, et plus largement en Europe, c’est nourrir l’ambition de soutenir un secteur économiquement porteur et respectueux des enjeux environnementaux. Ce modèle économique et industriel répond, tout comme le fait l’économie linéaire, à un objectif de production, mais a pour objectif de maintenir les produits, leurs composants et les matériaux en circulation le plus longtemps possible à l’intérieur du système, afin de réduire au mieux l’exploitation des ressources, la dépendance énergétique et la pollution qu’il génère. Le concept n’est pas neuf, mais les impératifs adoptés lors de l’Accord de Paris sur le climat (adopté le 12 décembre 2015 et entré en vigueur après signature le 4 novembre suivant) – ou, plus récemment, la prise de conscience relative au recours irréfléchi aux matières plastiques et à la gestion des déchets qui en découle – ont sans doute contribué à rendre l’économie circulaire attractive au sein du discours politique.

196Au-delà de ce premier élan d’enthousiasme, force est de constater que la mise en place concrète d’un tel modèle économique n’est pas chose aisée. Plusieurs facteurs y contribuent : la complexité du concept, certaines limites techniques du système, la place prise par le marketing dans notre système économique actuel, ou encore le faible niveau de réemploi réel des matières premières secondaires dans la production de nouveaux produits.

197Par « complexité » du concept, il faut entendre « richesse » de celui-ci. Contrairement à une idée encore fortement répandue, l’économie circulaire est très loin de se borner à la seule activité de recyclage. Au contraire, celle-ci est le dernier échelon envisagé avant la valorisation énergétique des déchets par le biais de l’incinération. Dans la logique soutenue par l’économie circulaire, bien d’autres étapes sont à encourager en amont. Dans un premier temps, l’objectif est d’allonger la durée de vie d’un produit en l’entretenant correctement et en le réparant si nécessaire. Dans un deuxième temps, ce produit peut être réutilisé et trouver une deuxième vie, sur le marché de l’occasion et de la seconde main notamment. Il peut également être remanufacturé, en tout ou en partie, ou remis technologiquement à jour. Et dans un troisième et dernier temps seulement, les matériaux qui composent le produit peuvent être recyclés. Pour que l’économie circulaire puisse fonctionner de la manière la plus efficace possible, il s’agit d’intervenir dès le début du processus, lors de la réflexion autour de la conception du produit, selon la logique portée par l’économie de fonctionnalité, l’écoconception ou l’approche C2C. En outre, l’économie circulaire englobe non seulement le cycle technique, mais aussi le cycle biologique. Enfin, l’économie circulaire promeut la mise en place de synergies industrielles afin d’optimiser l’utilisation des ressources et de l’énergie entre les différents partenaires.

198L’économie circulaire, donc, propose une multitude d’opportunités et de facettes différentes. Pourtant, les objectifs édictés par les pouvoirs publics, ainsi que les bilans réalisés par ceux-ci quant à l’état d’avancement d’une transition vers une économie davantage circulaire, concernent essentiellement les systèmes de collectes sélectives et de recyclage, notamment d’emballages. Il est vrai qu’il est bien plus difficile d’appréhender, en chiffres et donc en objectifs, les avancées obtenues en matière de refabrication (remanufacturing), d’écoconception ou de symbioses industrielles ; pourtant, tous ces aspects sont tout aussi importants dans le cadre d’une économie circulaire. Outre cette question, les professionnels du secteur se plaignent également du fait que les instances politiques se bornent à ce jour à des discours d’intention, sous la forme de « feuilles de route », de « plans d’action » ou de « green deals », alors qu’un réel développement de cette économie nécessiterait des textes de loi et des mesures contraignantes, auxquelles s’oppose jusqu’ici de manière plus ou moins évidente le monde industriel.

199Malgré l’attention dont il est l’objet de la part des autorités publiques, le processus de recyclage reste entravé par certaines limites techniques ou économiques. Tel est particulièrement le cas pour le plastique ; celui-ci est souvent constitué de différents polymères et associé à d’autres composants, ce qui rend l’activité de tri, en amont du recyclage, très complexe. Par ailleurs, tous les polymères ne sont pas recyclables, ou parfois, les contraintes économiques liées à un tel recyclage sont telles qu’il reste plus compétitif de traiter, de brûler ou d’enfuir les déchets au-delà des frontières européennes, en exportant par la même occasion les coûts environnementaux d’un tel procédé. Mais même si le plastique est souvent, et à juste titre, montré du doigt, il serait faux de penser que les autres matériaux se recyclent sans contraintes. Ainsi, certains types de papier sont écartés du processus de collecte sélective, comme les papiers souillés, les papiers peints, les vieux papiers de type archives, etc. Les grands métaux industriels, tels que l’acier ou le cuivre, se recyclent relativement bien, mais les métaux rares dont sont composés les téléphones portables et les batteries se recyclent difficilement, avec de jeunes filières souvent peu opérationnelles encore et pour un coût qui reste supérieur à l’extraction des matières premières, malgré l’incidence écologique désastreuse que cela implique pour certains pays. Trier ne signifie donc pas recycler, et certainement pas recycler à 100 %. D’autant que, même si l’activité de collecte et de tri s’avère en progression en Europe en général, et en Belgique en particulier, le phénomène des déchets sauvages demeure problématique.

200La bonne gestion des déchets s’oppose également aux contraintes de marketing que suppose le système économique en place. Pour vendre, il faut séduire le consommateur et se démarquer de ses concurrents, même si cela signifie mettre en place un emballage que l’on sait difficilement recyclable ou verser dans le suremballage (que l’on justifie parfois par des allégations écologiques trompeuses) ou que cela suppose de créer de nouveaux besoins au nom d’une innovation plus ou moins sensible présentée comme une avancée technologique.

201Enfin, il faut garder à l’esprit que, actuellement, seulement 12 % des matériaux utilisés dans la production européenne proviennent du recyclage. Il faut savoir que, outre une question de prix en leur défaveur, les matériaux recyclés induisent une perte de qualité par rapport à la matière première d’origine. C’est pourquoi, dans de nombreux cas de figure, la matière première secondaire ne constitue qu’un pourcentage limité dans la conception d’un nouveau produit. Au-delà de ce pourcentage, le papier destiné aux arts graphiques n’aura plus le rendu nécessaire ou la bouteille d’eau censée rendre hommage à la pureté du liquide qu’elle contient pourra laisser apparaître des taches suspectes.

202Pour qu’un modèle d’économie davantage circulaire vienne un jour à s’imposer, il faudra sans doute mieux informer les consommateurs sur les diverses possibilités qui s’offrent à eux et sur l’origine des produits qu’ils achètent. Il faudra également faciliter les synergies industrielles qui demandent un gros travail de collaboration et de communication entre des acteurs dont l’activité est parfois très différente, mais justement complémentaire. Il faudra des réglementations, à l’image de ce qui se fait désormais pour lutter contre le suremballage ou les produits à usage unique. Et il faudra, enfin, un changement de mentalité qui ne peut voir le jour que par le partage des connaissances et des bonnes pratiques.

Notes

  • [1]
    W. Steffen, P. J. Crutzen, J. R. McNeill, « The anthropocene: Are humans now overwhelming the great forces of Nature? », Ambio: A Journal of the Human Environment, volume 36, n° 8, 2007, p. 614.
  • [2]
    Ellen MacArthur Foundation, « Vers une économie circulaire : arguments économiques pour une transition accélérée », 2016, www.ellenmacarthurfoundation.org, p. 3.
  • [3]
    S. Sauvé, D. Normandin, M. McDonald, L’économie circulaire : une transition incontournable, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, 2016, p. 42.
  • [4]
    Ellen MacArthur Foundation, « Vers une économie circulaire : arguments économiques pour une transition accélérée », op. cit., p. 2.
  • [5]
    Depuis 2010, l’Ellen MacArthur Foundation est devenue un acteur influent dans le développement d’une économie circulaire, grâce à la publication d’une série d’analyses et de rapports économiques, et un travail en collaboration avec des industriels et par le biais de projets éducatifs.
  • [6]
    Ibidem, p. 7.
  • [7]
    Commission européenne, « Les nouvelles mesures d’écoconception : explications », Questions et réponses, 1er octobre 2019, https://ec.europa.eu.
  • [8]
    Cf. M. Braungart, W. McDonough, Cradle to cradle: Remaking the way we make things, New York, North Point Press, 2002 (édition en français : Cradle to cradle : créer et recycler à l’infini, Paris, Éditions alternatives, 2011).
  • [9]
    S. Senet, « La certification cradle to cradle veut populariser l’économie circulaire », Journal de l’environnement, 18 avril 2019, www.journaldelenvironnement.net.
  • [10]
    Il arrive aussi que des objets soient détournés de leur fonction principale à des fins artistiques.
  • [11]
    R. Le Moigne, L’économie circulaire : stratégie pour un monde durable, 2e édition, Malakoff, Dunod, 2018, p. 40.
  • [12]
    Ellen MacArthur Foundation, « De l’économie circulaire appliquée à l’industrie automobile. Le cas pratique de l’usine de Choisy-le-Roi », 18 juillet 2013, www.ellenmacarthurfoundation.org.
  • [13]
    Ces résidus sont généralement recyclés ou valorisés énergétiquement.
  • [14]
    Les différentes étapes du processus du recyclage du papier sont disponibles sur le site de l’Association des fabricants de pâtes, papiers et cartons de Belgique (Cobelpa) : www.cobelpa.be.
  • [15]
    « Les papiers recyclés à la loupe », Nouvelles graphiques, 27 juin 2019, https://nouvelles-graphiques.levif.be.
  • [16]
    Commission européenne, « Une stratégie européenne sur les matières plastiques dans une économie circulaire. Communication au Parlement européen, au Conseil, au Comité économique et social européen et au Comité des Régions », COM(2018) 28 final, 16 janvier 2018, p. 2.
  • [17]
    Les bouteilles en plastique de l’entreprise Spadel sont désormais constituées à 100 % de PET recyclable et l’entreprise vise, pour 2025, à ce qu’elles soient constituées à 100 % de plastique recyclé.
  • [18]
    Verko, IDM, MIWA, Ibogem, IVM, MIROM, ILVA, IVOO, BEP Environnement, Intradel (partiellement), TIBI (partiellement) et IPALLE.
  • [19]
    « Les papiers recyclés à la loupe », op. cit.
  • [20]
    Informations disponibles sur le site Internet de la Fédération de l’industrie du verre (FIV) : www.vgi-fiv.be.
  • [21]
    RTBF Info, 15 février 2020, www.rtbf.be.
  • [22]
    ADEME, « Analyse de 10 dispositifs de réemploi-réutilisation d’emballages ménagers en verre. Évaluation environnementale, économique et sociale », octobre 2018, www.ademe.fr.
  • [23]
    RTBF Info, 23 janvier 2020, www.rtbf.be.
  • [24]
    Les métaux ferreux sont essentiellement composés de fer et ont des propriétés magnétiques. Parmi eux, l’acier et les alliages comprenant de l’acier sont les plus utilisés.
  • [25]
    V. Aurez, L. Georgeault, Économie circulaire : système économique et finitude des ressources, Louvain-la-Neuve, De Boek Supérieur, 2016, p. 53.
  • [26]
    Ibidem, p. 54.
  • [27]
    Du nom du politicien néerlandais Adrianus (Ad) Lansink, qui a déposé une motion en faveur de cette méthode auprès du parlement néerlandais en 1979.
  • [28]
    P. Laurent, J. Roiz, J.-L. Wertz, A. Richel, M. Paquot, « Le bioraffinage, une alternative prometteuse à la pétrochimie », BASE. Biotechnologie, agronomie, société et environnement, volume 15, n° 4, 2011, p. 597-610.
  • [29]
    S. Sauvé, D. Normandin, M. McDonald, L’économie circulaire, op. cit., p. 62.
  • [30]
    « Viser l’excellence. Plan Marshall 2.vert », s.d., www.wallonie.be, p. 32.
  • [31]
    Service public de Wallonie, Secrétariat général, Cellule des stratégies transversales, Délégué spécial, « Plan Marshall 2.vert. Rapport de suivi », avril 2014, http://economie.wallonie.be, p. 173.
  • [32]
    Directive 2008/98/CE du Parlement européen et du Conseil du 19 novembre 2008 relative aux déchets et abrogeant certaines directives, Journal officiel de l’Union européenne, L 312, 22 novembre 2008.
  • [33]
    33 Commission européenne, « Boucler la boucle. Un plan d’action de l’Union européenne en faveur de l’économie circulaire. Communication au Parlement européen, au Conseil, au Comité économique et social européen et au Comité des Régions », COM(2015) 614 final, 2 décembre 2015 .
  • [34]
    En 2015, la législation européenne sur la gestion des déchets repose sur la directive européenne 2008/98/CE précitée. Conformément aux vœux de la Commission européenne, cette législation sera revue avec l’adoption de la directive (UE) 2018/851 du Parlement européen et du Conseil du 30 mai 2018 modifiant la directive 2008/98/CE relative aux déchets (Journal officiel de l’Union européenne, L 150, 14 juin 2018).
  • [35]
    Commission européenne, « Boucler la boucle : la Commission adopte un nouveau train de mesures ambitieux sur l’économie circulaire en vue de renforcer la compétitivité, de créer des emplois et de générer une croissance durable », Communiqué de presse, 2 décembre 2015, https://ec.europa.eu.
  • [36]
    Article 3 de la directive européenne (UE) 2018/851 précitée. Selon ce même article, les « biodéchets » sont les déchets biodégradables de jardin et de parc, les déchets alimentaires et de cuisine provenant des ménages, des bureaux, des restaurants, du commerce de gros, des cantines, des traiteurs et des magasins de vente au détail, ainsi que les déchets comparables provenant des usines de transformation de denrées alimentaires.
  • [37]
    Article 3 de la directive européenne (UE) 2018/851 précitée.
  • [38]
    Eurostat, « Statistiques sur les déchets », https://ec.europa.eu (données extraites en juin 2019). La répartition de la production de déchets en Belgique, par type et selon les secteurs, est disponible infra.
  • [39]
    Point 6 de la directive européenne (UE) 2018/851 précitée.
  • [40]
    Un compte rendu statistique et un état des lieux plus poussés sur la gestion des matières plastiques en Europe sont proposés infra.
  • [41]
    Commission européenne, « Boucler la boucle. Un plan d’action de l’Union européenne en faveur de l’économie circulaire. Communication au Parlement européen, au Conseil, au Comité économique et social européen et au Comité des Régions », COM(2015) 614 final, 2 décembre 2015, p. 16.
  • [42]
    Commission européenne, « Réduire le gaspillage alimentaire : la réponse de l’Union à un défi d’ampleur mondiale », Fiche d’information, 28 novembre 2016, https://ec.europa.eu.
  • [43]
    FUSIONS, « Food waste quantification manual to monitor food waste amounts and progression », 31 mars 2016, www.eu-fusions.org, p. 23.
  • [44]
    Assemblée générale des Nations unies, « Transformer notre monde : le Programme de développement durable à l’horizon 2030 », Résolution n° A/RES/70/1, 25 septembre 2015, https://unctad.org, point 12.3.
  • [45]
    Commission européenne, « Communication au Parlement européen, au Conseil, au Comité économique et social européen et au Comité des Régions relative à la liste 2017 des matières premières critiques pour l’UE », COM(2017) 490 final, 13 septembre 2017, https://ec.europa.eu.
  • [46]
    Directive 2012/19/UE du Parlement européen et du Conseil du 4 juillet 2012 relative aux déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE), Journal officiel de l’Union européenne, L 197, 24 juillet 2012.
  • [47]
    Directive européenne 2008/98/CE précitée, article 11.2.
  • [48]
    Ces fonds sont régis par le règlement (UE) n° 1303/2013 du Parlement européen et du Conseil du 17 décembre 2013 portant dispositions communes relatives au Fonds européen de développement régional, au Fonds social européen, au Fonds de cohésion, au Fonds européen agricole pour le développement rural et au Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche, portant dispositions générales applicables au Fonds européen de développement régional, au Fonds social européen, au Fonds de cohésion et au Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche, et abrogeant le règlement (CE) n° 1083/2006 du Conseil (Journal officiel de l’Union européenne, L 347, 20 décembre 2013).
  • [49]
    Commission européenne, « Boucler la boucle : la Commission adopte un nouveau train de mesures ambitieux sur l’économie circulaire en vue de renforcer la compétitivité, de créer des emplois et de générer une croissance durable », Communiqué de presse, 2 décembre 2015, https://ec.europa.eu.
  • [50]
    Présidence du Conseil européen, « Conclusions », 17 juin 2010, https://ec.europa.eu.
  • [51]
    Règlement (UE) n° 1291/2013 du Parlement européen et du Conseil du 11 décembre 2013 portant établissement du programme-cadre pour la recherche et l’innovation “Horizon 2020” (2014-2020) et abrogeant la décision n° 1982/2006/CE, Journal officiel de l’Union européenne, L 347, 20 décembre 2013.
  • [52]
    Règlement (UE) n° 1293/2013 du Parlement européen et du Conseil du 11 décembre 2013 relatif à l’établissement d’un programme pour l’environnement et l’action pour le climat (LIFE) et abrogeant le règlement (CE) n° 614/2007, Journal officiel de l’Union européenne, L 347, 20 décembre 2013.
  • [53]
    Règlement (UE) n° 1287/2013 du Parlement européen et du Conseil du 11 décembre 2013 établissant un programme pour la compétitivité des entreprises et des petites et moyennes entreprises (COSME) (2014-2020) et abrogeant la décision n° 1639/2006/CE, Journal officiel de l’Union européenne, L 347, 20 décembre 2013.
  • [54]
    EU Platform on Food Losses and Food Waste, « Recommendations for action in food waste prevention », décembre 2019, https://ec.europa.eu.
  • [55]
    Cf. « InnovFin. Financement européen de l’innovation », www.bei.org.
  • [56]
    Commission européenne, « Économie circulaire : la Commission tient ses promesses, fournit des orientations sur la valorisation énergétique des déchets et collabore avec la BEI pour stimuler les investissements », Communiqué de presse, 26 janvier 2017, https://ec.europa.eu.
  • [57]
    « #CEstakeholderEU. Plateforme des acteurs européens de l’économie circulaire », https://circulareconomy.europa.eu.
  • [58]
    Commission européenne, « Une stratégie européenne sur les matières plastiques dans une économie circulaire. Communication au Parlement européen, au Conseil, au Comité économique et social européen et au Comité des Régions », COM(2018) 28 final, 16 janvier 2018.
  • [59]
    Commission européenne, « Solutions possibles pour les questions à l’interface entre les textes législatifs relatifs aux substances chimiques, aux produits et aux déchets. Communication au Parlement européen, au Conseil, au Comité économique et social européen et au Comité des Régions concernant la mise en œuvre du paquet “économie circulaire” », COM(2018) 32 final, 16 janvier 2018.
  • [60]
    Commission européenne, « Communication au Parlement européen, au Conseil, au Comité économique et social européen et au Comité des Régions relative à un cadre de suivi pour l’économie circulaire », COM(2018) 29 final, 16 janvier 2018.
  • [61]
    Commission européenne, « Report on critical raw materials and the circular economy », Commission staff working document, SWD(2018) 36 final, 16 janvier 2018, parties 1/3, 2/3 et 3/3.
  • [62]
    Les données présentées ici, concernant la production et la demande européennes de plastique ainsi que les déchets récoltés et traités, ont été récoltées par l’association des fabricants de plastiques en Europe (PlasticsEurope) et l’Association européenne des organisations de recyclage et de valorisation du plastique (European Association of Plastics Recycling and Recovery Organisations - EPRO), et compilées par Conversio Market & Strategy GmbH dans l’étude « Plastics, the facts 2019. An analysis of European plastics production, demand and waste data », 2019, www.plasticseurope.org.
  • [63]
    Agoria et Essenscia, « Industrie belge du plastique et économie circulaire : où en est-on ? », 2019, www.agoria.be.
  • [64]
    Confederation of European Paper Industries, « Key statistics 2018. European pulp & paper industry », juin 2019, www.endseurope.com, p. 23.
  • [65]
    Fédération européenne du verre d’emballage, « Glass Recycling Statistics Year 2017 », novembre 2019, https://feve.org.
  • [66]
    Confédération européenne des industries de recyclage, « Metal Recycling Factsheet », s.d., www.euric-aisbl.eu.
  • [67]
    Commission européenne, « Une stratégie européenne sur les matières plastiques dans une économie circulaire. Communication au Parlement européen, au Conseil, au Comité économique et social européen et au Comité des Régions », COM(2018) 28 final, 16 janvier 2018, p. 4.
  • [68]
    Ibidem, p. 11.
  • [69]
    Ibidem.
  • [70]
    Assemblée des Nations unies pour l’environnement du Programme des Nations unies pour l’environnement, « Déchets plastiques et microplastiques dans le milieu marin », Résolution n° UNEP/EA.4/RES.6, 15 mars 2019, https://undocs.org ; Assemblée des Nations unies pour l’environnement du Programme des Nations unies pour l’environnement, « Lutte contre la pollution par les produits en plastique à usage unique », Résolution n° UNEP/EA.4/RES.9, 15 mars 2019, https://undocs.org.
  • [71]
    Directive (UE) 2019/904 du Parlement européen et du Conseil du 5 juin 2019 relative à la réduction de l’incidence de certains produits en plastique sur l’environnement, Journal officiel de l’Union européenne, L 155, 12 juin 2019.
  • [72]
    Ces bouteilles sont reprises dans l’annexe de la directive ; il s’agit essentiellement de celles constituées majoritairement de PET.
  • [73]
    Pour consulter la liste des signataires, cf. Commission européenne, « Circular Plastics Alliance. List of Signatories », 7 mai 2020, https://ec.europa.eu.
  • [74]
    Cf. le site Internet https://europeanplasticspact.org.
  • [75]
    Directive (UE) 2018/849 du Parlement européen et du Conseil du 30 mai 2018 modifiant la directive 2000/53/CE relative aux véhicules hors d’usage, la directive 2006/66/CE relative aux piles et accumulateurs ainsi qu’aux déchets de piles et d’accumulateurs, et la directive 2012/19/UE relative aux déchets d’équipements électriques et électroniques, Journal officiel de l’Union européenne, L 150, 14 juin 2018 ; Directive (UE) 2018/850 du Parlement européen et du Conseil du 30 mai 2018 modifiant la directive 1999/31/CE concernant la mise en décharge des déchets, Journal officiel de l’Union européenne, L 150, 14 juin 2018 ; Directive (UE) 2018/851 du Parlement européen et du Conseil du 30 mai 2018 modifiant la directive 2008/98/CE relative aux déchets, Journal officiel de l’Union européenne, L 150, 14 juin 2018 ; Directive (UE) 2018/852 du Parlement européen et du Conseil du 30 mai 2018 modifiant la directive 94/62/CE relative aux emballages et aux déchets d’emballages, Journal officiel de l’Union européenne, L 150, 14 juin 2018.
  • [76]
    Le principe de « hiérarchie des déchets » était déjà encouragé précédemment par l’Union européenne à travers la directive européenne 2008/98/CE précitée qui, en son article 4, explique qu’un ordre de priorité doit être établi en matière de déchets, en favorisant, par ordre d’importance, la prévention, la préparation en vue de la réutilisation, le recyclage, la valorisation énergétique et, enfin, l’élimination.
  • [77]
    Commission européenne, « Économie circulaire : les nouvelles règles adoptées par l’Union européenne feront d’elle le chef de file au niveau mondial dans le domaine de la gestion et du recyclage des déchets », Communiqué de presse, 22 mai 2018, https://europa.eu.
  • [78]
    Annexe IVbis de la directive européenne (UE) 2018/851 précitée.
  • [79]
    Point 14 de la directive européenne (UE) 2018/851 précitée.
  • [80]
    Article 3 de la directive européenne (UE) 2018/851 précitée. Comme déjà indiqué, selon ce même article, les « biodéchets » sont les déchets biodégradables de jardin et de parc, les déchets alimentaires et de cuisine provenant des ménages, des bureaux, des restaurants, du commerce de gros, des cantines, des traiteurs et des magasins de vente au détail, ainsi que les déchets comparables provenant des usines de transformation de denrées alimentaires.
  • [81]
    Définition fournie par la Commission interrégionale de l’emballage (CIE : institution publique en charge de la législation belge relative aux déchets d’emballages et du transit de déchets).
  • [82]
    La dernière mise à jour date du 31 janvier 2020 (code des données en ligne : ten00063, « Recycling rates for packaging waste »).
  • [83]
    Article 10, point 6, de la directive européenne (UE) 2018/851 précitée.
  • [84]
    Article 20, point 1, de la directive européenne (UE) 2018/851 précitée.
  • [85]
    Article 11, § 1, de la directive européenne (UE) 2018/851 précitée.
  • [86]
    Article 5, § 3bis et § 5, de la directive européenne (UE) 2018/851 précitée.
  • [87]
    Commission européenne, « Rapport au Parlement européen, au Conseil, au Comité économique et social européen et au Comité des Régions relatif à la mise en œuvre du plan d’action en faveur d’une économie circulaire », COM(2019) 190 final, 4 mars 2019.
  • [88]
    Dernière année disponible lors de la collecte des données pour la réalisation du rapport.
  • [89]
    Eurostat, « Record pour les taux de recyclage et l’utilisation de matériaux recyclés dans l’UE », Communiqué de presse, 4 mars 2019, https://ec.europa.eu.
  • [90]
    Ibidem.
  • [91]
    Commission européenne, « Le pacte vert pour l’Europe. Communication au Parlement européen, au Conseil européen, au Conseil, au Comité économique et social européen et au Comité des Régions », COM(2019) 640 final, 11 décembre 2019.
  • [92]
    Commission européenne, « Circular Economy Action Plan. For a cleaner and more competitive Europe », s.d. [avril 2020], https://ec.europa.eu.
  • [93]
    Cabinet de la ministre fédérale de l’Énergie, de l’Environnement et du Développement durable, « Ensemble, faisons tourner l’économie en développant l’économie circulaire en Belgique », octobre 2016, www.marghem.be.
  • [94]
    Les trois Régions sont notamment responsables de la chaîne de destruction des déchets.
  • [95]
    PricewaterhouseCoopers, « Économie circulaire : potentiel économique en Belgique », Rapport final au SPF Santé publique, Sécurité de la chaîne alimentaire et Environnement, février 2016, www.health.belgium.be.
  • [96]
    Conformément à la directive 2005/29/CE du Parlement européen et du Conseil du 11 mai 2005 relative aux pratiques commerciales déloyales des entreprises vis-à-vis des consommateurs dans le marché intérieur et modifiant la directive 84/450/CEE du Conseil et les directives 97/7/CE, 98/27/CE et 2002/65/CE du Parlement européen et du Conseil et le règlement (CE) n° 2006/2004 du Parlement européen et du Conseil (Journal officiel de l’Union européenne, L 149, 11 juin 2005), dite directive européenne sur les pratiques commerciales déloyales.
  • [97]
    SPF Économie, PME, Classes moyennes et Énergie, « Financement de l’économie circulaire », juin 2018, https://economie.fgov.be.
  • [98]
    Chambre des représentants, Note de politique générale. Environnement et Développement durable, n° 3296/10, 22 octobre 2018.
  • [99]
    Bureau fédéral du plan, « Quelle priorité pour un développement durable ? Rapport sur le développement durable 2019. État des lieux et évaluation », juin 2019, www.plan.be, p. 40.
  • [100]
    Définition proposée dans l’étude commandée par les ministres fédéraux M.-C. Marghem et K. Peeters au bureau d’études RDC Environnement : « L’obsolescence programmée : politiques et mesures belges de protection du consommateur. Rapport final », mai 2017, https://economie.fgov.be.
  • [101]
    Chambre des représentants, Proposition de loi modifiant le Code civil et le Code de droit économique, visant à lutter contre l’obsolescence programmée, n° 1603/001, 22 janvier 2016.
  • [102]
    Chambre des représentants, Proposition de loi relative à la lutte contre l’obsolescence organisée et au soutien à l’économie circulaire, n° 1749/1, 11 avril 2016.
  • [103]
    Chambre des représentants, Proposition de loi relative à l’obsolescence programmée, n° 1783/1, 20 avril 2016.
  • [104]
    Actuellement, c’est au consommateur de prouver, au bout des six premiers mois suivant l’achat, que son acquisition est tombée en panne en raison d’un défaut de fabrication et non d’un usage inapproprié.
  • [105]
    Chambre des représentants, Commission de l’Économie, de la Politique scientifique, de l’Éducation, des Institutions scientifiques et culturelles nationales, des Classes moyennes et de l’Agriculture, Proposition de loi modifiant le Code civil et le Code de droit économique, visant à lutter contre l’obsolescence programmée. Rapport, n° 1603/4, 9 mars 2018.
  • [106]
    Le Soir, 21 février 2018.
  • [107]
    Chambre des représentants, Proposition de résolution visant le développement de l’économie circulaire et la lutte contre l’obsolescence programmée, n° 2884/1, 11 janvier 2018.
  • [108]
    Le Soir, 17 janvier 2018.
  • [109]
    RDC Environnement, « L’obsolescence programmée : politiques et mesures belges de protection du consommateur. Rapport final », op. cit.
  • [110]
    À titre d’exemple, Apple a récemment accepté une transaction de 25 millions d’euros pour n’avoir pas suffisamment informé ses clients du fait que les mises à jour logicielles ralentissaient ses anciens modèles d’iPhone. L’entreprise s’est justifiée en expliquant qu’elle souhaitait ainsi épargner l’autonomie des plus vieux smartphones.
  • [111]
    Chambre des représentants, Proposition de loi visant à lutter contre l’obsolescence programmée et à soutenir l’économie de la réparation, n° 193/1, 19 juillet 2019.
  • [112]
    Chambre des représentants, Proposition de loi modifiant le Code civil et le Code de droit économique, visant à lutter contre l’obsolescence programmée et l’obsolescence prématurée et à augmenter les possibilités de réparation, n° 771/1, 19 novembre 2019.
  • [113]
    Chambre des représentants, Proposition de loi visant à lutter contre l’obsolescence organisée et à soutenir l’économie circulaire, n° 914/1, 7 janvier 2020.
  • [114]
    Chambre des représentants, Commission de l’Économie, de la Protection des consommateurs et de l’Agenda numérique, Proposition de loi modifiant le Code civil et le Code de droit économique, visant à lutter contre l’obsolescence programmée et l’obsolescence prématurée et à augmenter les possibilités de réparation. Proposition de loi visant à lutter contre l’obsolescence programmée et à soutenir l’économie de la réparation. Proposition de loi visant à lutter contre l’obsolescence organisée et à soutenir l’économie circulaire. Rapport des auditions, n° 771/3, 26 mars 2020.
  • [115]
    Directive (UE) 2019/771 du Parlement européen et du Conseil du 20 mai 2019 relative à certains aspects concernant les contrats de vente de biens, modifiant le règlement (UE) 2017/2394 et la directive 2009/22/CE et abrogeant la directive 199/44/CE, Journal officiel de l’Union européenne, L 136, 22 mai 2019.
  • [116]
    SPF Économie, PME, Classes moyennes et Énergie, « Single Market Forum 2018-2019. Circular Economy: how to foster a sustainable paradigm (a new way of consuming and entrepreneurship)? Actes du colloque », s.d. [février 2020], https://economie.fgov.be.
  • [117]
    La SOWALFIN est une société anonyme d’intérêt public mise en place par le gouvernement wallon en 2002 afin de faciliter l’accès au financement pour les entreprises.
  • [118]
    Parlement wallon, Rapport introductif sur l’économie circulaire en Wallonie, n° 1301/1, 21 février 2019.
  • [119]
    Parlement wallon, Résolution visant à soutenir le développement de l’économie circulaire en Wallonie, n° 1330/3, 3 mai 2019.
  • [120]
    « Déclaration de politique. Wallonie 2019-2024 », s.d. [septembre 2019], www.wallonie.be, p. 27-30 (chapitre 6 : « L’économie circulaire et régénératrice »).
  • [121]
    Bruxelles Environnement, « Programme régional en économie circulaire 2016-2020. Mobiliser les ressources et minimiser les richesses perdues : pour une économie régionale innovante », mars 2016, https://document.environnement.brussels.
  • [122]
    A. Athanassiadis, S. Kampelmann, « Opportunities and limits of circular economy as policy framework for urban metabolism », in S. Barles, P. Marty (dir.), A research agenda for urban metabolism, à paraître.
  • [123]
    Céline Fremault (CDH), ministre du Logement, de la Qualité de Vie, de l’Environnement et de l’Énergie ; Didier Gosuin (Défi), ministre de l’Économie et de l’Emploi ; Fadila Laanan (PS), secrétaire d’État chargée de l’Enlèvement et du Traitement des immondices.
  • [124]
    Les accompagnements menés au sein du PREC s’adressent principalement aux micros, petites et moyennes entreprises qui souhaitent développer leurs projets d’économie circulaire. Ces accompagnements sont de formes variées : certains s’adressent à une entreprise spécifiquement, d’autres visent des groupes d’entreprises à fédérer autour d’un projet commun ou d’une filière.
  • [125]
    « be.circular be.brussels. Rapport d’activité intermédiaire 2016-2018 », s.d., www.circulareconomy.brussels.
  • [126]
    Chair Circular Metabolism, « Évaluation du programme régionale [sic] en économie circulaire de la Région de Bruxelles-Capitale. Un regard académique sur le programme initial et les réalisations (2016-2018) », octobre 2018, https://circularmetabolism.com.
  • [127]
    Piloté sous cette législature par Alain Maron (Écolo), ministre de la Transition climatique, de l’Environnement, de l’Énergie et de la Démocratie participative, et Barbara Trachte (Écolo), secrétaire d’État chargée de la Transition économique et de la Recherche scientifique.
  • [128]
    « Déclaration de politique générale commune au gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale et au collège réuni de la Commission communautaire commune. Législature 2019-2024 », s.d. [juillet 2019], https://be.brussels, p. 57-70.
  • [129]
    « Startnota. Transitieprioriteit Circulaire Economie. “Vlaanderen Circulair”. Een stuwende kracht naar een circulaire economie in Vlaanderen », s.d. [février 2017], www.vlaandereen.be.
  • [130]
    SPF Économie, PME, Classes moyennes et Énergie, « Single Market Forum 2018-2019. Circular Economy: how to foster a sustainable paradigm (a new way of consuming and entrepreneurship)? », op. cit.
  • [131]
    « Vlaamse Regering 2019-2024. Regeerakkoord », [octobre] 2019, www.vlaandereen.be.
  • [132]
    Conseil central de l’économie, « Progrès réalisés dans le domaine de l’économie circulaire en Belgique », Note documentaire, juin 2019, www.ccecrb.fgov.be.
  • [133]
    Toutes les entreprises qui mettent des produits ménagers emballés sur le marché doivent adhérer à Fost Plus et lui verser chaque année une contribution sur la base du nombre et du type d’emballages.
  • [134]
    Agoria et Essenscia, « Industrie belge du plastique et économie circulaire », op. cit.
  • [135]
    RTBF Info, 14 juin 2019, www.rtbf.be.
  • [136]
    Gouvernement wallon, « La Wallonie passe à l’ère du recyclage plastique ! », Communiqué de presse, 16 mai 2019, https://gouvernement.wallonie.be.
  • [137]
    Le logo Point Vert indique donc que l’entreprise qui met le produit emballé sur le marché est membre de Fost Plus et contribue par conséquent à la collecte sélective, au tri et au recyclage de l’emballage. Le logo ne signifie pas automatiquement que l’emballage se compose de matériaux recyclés. Il n’est pas non plus une garantie que l’emballage sur lequel le logo est imprimé sera recyclé.
  • [138]
    S. Warsztacki, « Recyclage : chirurgie plastique », Médor, n° 14, 2019, p. 20-29.
  • [139]
    L’Écho, 19 mai 2020.
  1. Introduction
  2. 1. L’économie circulaire en tant que concept
    1. 1.1. Les limites de l’économie linéaire
    2. 1.2. Les contours théoriques de l’économie circulaire
      1. 1.2.1. Définition
      2. 1.2.2. Principes
      3. 1.2.3. Caractéristiques fondamentales
    3. 1.3.1. La mise en pratique de l’économie circulaire
      1. 1.3.1. La conception
        1. L’économie de fonctionnalité
        2. L’écoconception
        3. L’approche « du berceau au berceau » (cradle to cradle)
      2. 1.3.2. Le cycle technique
        1. La réutilisation, la maintenance et la réparation
        2. Le reconditionnement
        3. La refabrication (« remanufacturing »)
        4. Le recyclage
        5. Les limites du recyclage
        6. La valorisation énergétique
      3. 1.3.3. Le cycle biologique
        1. Le compostage
        2. La biométhanisation
        3. Le bioraffinage
      4. 1.3.4. Les symbioses industrielles
  3. 2. La réglementation européenne
    1. 2.1. L’étape de réflexion : « Boucler la boucle » (2015)
      1. 2.1.1. Les cinq secteurs prioritaires
      2. 2.1.2. Les moyens de financement
    2. 2.2. De nouvelles règles (2018)
      1. 2.2.1. Une stratégie sur les matières plastiques
        1. Un potentiel encore peu exploité
        2. Microplastiques et plastiques à usage unique
        3. Alliance circulaire et Plastics Pact européen
      2. 2.2.2. Les directives relatives aux déchets, à leur gestion et à leur valorisation
        1. Responsabilité élargie des producteurs
        2. Objectifs en matière de réutilisation et recyclage
        3. Collecte séparée
        4. Limitation progressive de la mise en décharge
    3. Bilan et perspectives
      1. 2.3.1. L’évaluation du plan d’action européen
      2. 2.3.2. Le « green deal européen »
  4. 3. La réglementation fédérale belge
    1. 3.1. La feuille de route fédérale (2016)
      1. 3.1.1. Potentiel économique
      2. 3.1.2. Mesures et financement
    2. 3.2. La lutte contre l’obsolescence programmée
  5. 4. Les réglementations régionales (Wallonie, Bruxelles-Capitale, Flandre)
    1. 4.1. La Région wallonne
    2. 4.2. La Région de Bruxelles-Capitale
    3. 4.3. La Région flamande
  6. 5. Évaluation et état des lieux en Belgique
    1. 5.1. Utilisation rationnelle des ressources
    2. 5.2. Gestion durable des déchets
    3. 5.3. Innovation, création d’emplois et de valeur ajoutée
  7. Conclusion
Fabienne Collard

L’économie circulaire est un modèle économique et industriel qui vise à maintenir les produits, leurs composants et leurs matériaux en circulation le plus longtemps possible, tout en veillant à garantir la qualité de leur utilisation. Ce modèle s’oppose en cela à l’économie linéaire, qui s’appuie sur le schéma suivant : extraction des ressources, fabrication et utilisation de biens, production de déchets. C’est principalement au niveau de cette dernière étape qu’économie circulaire et économie linéaire s’opposent puisque, dans la première, les déchets ou produits en fin de vie trouvent une nouvelle utilité, tandis que, dans la seconde, ils sont tout simplement éliminés. Mais bien au-delà du seul recyclage, l’économie circulaire englobe l’ensemble des étapes du processus de production, de la phase de conception d’un produit jusqu’à celle de valorisation des déchets.

Si le bien-fondé des principes qui sous-tendent l’économie circulaire est défendu de plus en plus largement, y compris dans les discours politiques, leur concrétisation fait encore face à d’importants obstacles d’ordre technique ou réglementaire. Cependant, cette problématique est désormais mise en avant en raison des enjeux environnementaux qui entourent les manières de produire et de consommer et de l’urgence qui existe à y apporter une réponse.

Après avoir décrit les contours théoriques de ce modèle ainsi que les divers aspects de sa mise en pratique, ce Courrier hebdomadaire étudie les cadres réglementaires visant à développer l’économie circulaire en Europe, en Belgique et dans les trois Régions du pays (Wallonie, Bruxelles et Flandre). Il propose aussi un état des lieux actuel de la mise en œuvre de l’économie circulaire en Belgique.

Mis en ligne sur Cairn.info le 21/07/2020
https://doi.org/10.3917/cris.2455.0005
ISBN 9782870752395
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