CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Introduction

1Du 9 au 20 novembre 2020, devait se tenir à Glasgow, en Écosse, la 26e Conférence des Parties (COP) sur les changements climatiques. La crise sanitaire due à la pandémie de Covid-19 (maladie due au coronavirus SARS-CoV-2) ayant rendu impossible l’organisation d’un tel événement, la réunion annuelle rassemblant les signataires de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) a été reportée d’une année. Dans un contexte d’urgence climatique clamée par le monde scientifique comme par la société civile, la portée d’une telle décision mérite d’être étudiée.

2Dans un premier chapitre, la présente livraison du Courrier hebdomadaire rappelle l’historique qui a mené à la signature, en 1992, d’un traité international reconnaissant officiellement l’existence du dérèglement climatique ainsi que la responsabilité humaine dans ce phénomène et la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre. De manière succincte, nous évoquerons les développements scientifiques, la prise de conscience collective et les divers sommets mondiaux d’envergure qui ont permis à la CCNUCC de voir le jour.

3Ce traité international poursuit un objectif commun à tous les signataires : « stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère à un niveau qui empêche toute perturbation anthropique dangereuse du système climatique (…) dans un délai suffisant pour que les écosystèmes puissent s’adapter naturellement aux changements climatiques, que la production alimentaire ne soit pas menacée et que le développement économique puisse se poursuivre d’une manière durable ». Il confie la responsabilité de négocier les démarches pratiques pour atteindre un tel objectif à un organe directeur, la Conférence des Parties (COP), qui se réunit annuellement depuis 1995. Le deuxième chapitre de notre étude passe en revue les différents types d’acteurs qui arpentent les allées d’un tel événement (les responsables politiques, les experts et les membres de la société civile, en ce compris les lobbyistes et divers acteurs économiques) et présente le déroulement, le processus de prise de décision et les enjeux défendus lors d’une COP.

4Enfin, le troisième et dernier chapitre de ce Courrier hebdomadaire retrace 25 années de négociations au sein des COP, de la première, à Berlin, en passant par Kyoto, Copenhague et Paris, pour terminer sur les enjeux qui auraient dû être débattus à Glasgow en 2020.

1. La Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC)

5L’éventualité d’un dérèglement climatique questionne déjà certains scientifiques à la fin du XIXe siècle  [1]. Toutefois, de manière générale et jusque dans les années 1950, le climat est perçu comme étant plutôt stable et peu susceptible d’être influencé par l’activité humaine. La modélisation numérique du climat (circulation atmosphérique et océanique) naît après la Seconde Guerre mondiale, révolutionnant les études climatiques. Dès les années 1960, celles-ci évoluent parallèlement au développement de deux technologies : les ordinateurs, dont la puissance de calcul augmente exponentiellement, et l’observation par satellites, qui est dotée de moyens considérables. Ces avancées scientifiques permettent d’affiner les prévisions saisonnières et interannuelles du climat et de mieux appréhender les changements climatiques à venir. Ces sphères d’expertise se renforcent également grâce à l’apport d’autres disciplines scientifiques telles que l’océanographie, la géophysique, la géochimie, la sismologie et la paléoclimatologie  [2]. En 1980, une équipe de chercheurs menée par le glaciologue français Robert Delmas met ainsi en évidence un lien entre les émissions de gaz carbonique (CO2) et les changements climatiques en observant la composition de carottes glaciaires prélevées au Pôle Sud.

1.1. L’Organisation météorologique mondiale (1951)

6En 1873, un congrès météorologique international organisé à Vienne décide de la création de l’Organisation météorologique internationale (OMI). Un Comité météorologique permanent est alors chargé d’élaborer le règlement et les statuts de cette organisation météorologique internationale dont le but sera de faciliter les échanges d’informations relatives au temps par-delà les frontières nationales. Cette mission se concrétise en 1878 à Utrecht. L’année suivante, en 1879, le congrès météorologique international qui se tient à Rome donne naissance à l’OMI. Celle-ci est historiquement la première des instances chargées de l’observation du climat et de la bonne circulation des données et des connaissances en la matière au niveau mondial.

7Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l’Organisation météorologique mondiale (OMM)  [3] succède à l’OMI en tant qu’agence spécialisée des Nations unies. Elle a été créée en mars 1950, suite à l’entrée en vigueur de la convention qui lui a donné le jour, signée le 11 octobre 1947. L’OMM démarre ses activités dès 1951.

8Actuellement, l’OMM compte 193 États et territoires membres. Elle s’emploie à favoriser la collaboration entre les services météorologiques et hydrologiques nationaux, tout en encourageant la recherche et la formation au plan mondial. Elle contribue également à l’élaboration, à l’échelle nationale et internationale, de politiques adaptées liées à la protection de l’environnement. Dès 1963, l’OMM a mis en place un programme de « Veille météorologique mondiale », qui fournit des informations constamment mises à jour sur le climat mondial à travers des systèmes d’observation exploités par les pays membres de l’Organisation. Une sous-composante de ce programme est destinée à la prévention des cyclones dans les régions où ceux-ci s’avèrent les plus fréquents. Cette structure d’observation a été consolidée avec le temps pour devenir, en 1989, la Veille de l’atmosphère globale  [4].

9Si la science du climat connaît des développements importants dans la période de l’après-guerre, le recours à l’arme nucléaire, en 1945, induit quant à lui une prise de conscience planétaire des conséquences désastreuses de certaines activités humaines sur l’environnement. D’autres éléments viennent renforcer ce postulat. Ainsi, des études commencent à voir le jour sur l’impact de l’utilisation de pesticides dans l’agriculture ou sur celui du rejet dans l’atmosphère d’énormes quantités de gaz provenant entre autres de la combustion de ressources fossiles. À partir des années 1970, il devient clair que le nombre de catastrophes écologiques d’origine anthropique s’accroît de manière inquiétante : pétroliers échoués (Torrey Canyon en 1967, Sea Star en 1972, Urquiola en 1976, Amoco Cadiz en 1978, etc.), incidents nucléaires (Tchernobyl en 1986, etc.), pollution industrielle  [5], etc.

1.2. Le Programme des Nations unies pour l’environnement (1972) et le rapport Charney (1979)

10En réponse, la conscience écologique et les mouvements environnementaux gagnent du terrain (cf. infra), et la décennie 1960-1970 voit fleurir les conventions internationales en faveur de la protection de l’environnement. Cette période aboutit, du 5 au 16 juin 1972, à la première conférence mondiale sur l’environnement tenue par l’Organisation des Nations unies (ONU) : la Conférence des Nations unies sur l’environnement humain (CNUEH). Se déroulant à Stockholm, elle réunit principalement des représentants gouvernementaux, pour un total de 113 États. Elle est la première d’une série de rencontres qui seront organisées tous les dix ans et appelées les « Sommets de la Terre » : Nairobi en 1982, Rio de Janeiro en 1992 (la plus emblématique, cf. infra), Johannesburg en 2002 et de nouveau Rio de Janeiro en 2012. De la rencontre organisée à Stockholm en 1972, découle le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE)  [6], qui est – aux côtés de l’OMM – la principale autorité mondiale en matière d’environnement. C’est également à cette occasion qu’est adoptée la Déclaration de Stockholm  [7], qui amorce un début de dialogue entre pays industrialisés et pays en développement concernant le lien existant entre la croissance économique, la pollution du patrimoine environnemental mondial (terre, océan, atmosphère, biosphère) et le bien-être des peuples dans le monde entier.

11Dans les années 1970, le débat scientifique autour d’un éventuel réchauffement climatique commence lui aussi à prendre forme. Étonnamment, une faible poignée de scientifiques, relayés par les médias, prédit le retour d’une ère glaciaire, ce qui donnera quelques arguments à faire valoir dans le clan des climatosceptiques. Mais la majorité des études scientifiques publiées entre 1965 et 1979 entrevoient une augmentation des températures sous l’effet des émissions de dioxyde de carbone (CO2)  [8]. Commandé par la Maison-Blanche – à l’époque, il s’agit de l’administration du président démocrate Jimmy Carter –, le rapport Charney, du nom de son auteur principal (Jule Gregory Charney, spécialiste de physique de l’atmosphère au Massachusetts Institute of Technology - MIT), fait par ailleurs grand bruit l’année de sa publication, en 1979. Sur la base de deux modèles et d’une estimation approximative de leur incertitude, ce rapport établit une fourchette de réchauffement global à l’échelle de la planète de l’ordre de 1,5°C à 4,5°C en cas de doublement de la concentration en CO2 dans l’atmosphère  [9]. Les modèles utilisés à cette époque sont des modèles essentiellement atmosphériques, à la résolution grossière, qui ne prennent pas encore en compte une série de données aujourd’hui disponibles sur l’évolution des conditions à la surface du sol ou de l’océan. Pourtant, ces estimations sont déjà fort proches de celles défendues aujourd’hui sur la base des modèles climatiques les plus avancés. Même du côté des firmes pétrolières, l’hypothèse d’un réchauffement engendré par l’émission croissante de gaz à effet de serre se discute déjà en interne. Un mémo interne datant de 1978  [10], adressé par des chercheurs de la société pétrolière et gazière américaine ExxonMobil à leurs dirigeants, montre ainsi que la situation est déjà sur la table en coulisses à cette époque et que le même raisonnement y est alors développé : l’activité humaine engendrera à l’avenir toujours davantage de rejet de CO2, et celui-ci entraînera une augmentation de la température terrestre  [11].

1.3. La première Conférence mondiale sur le climat (Genève, 1979)

12La question d’un éventuel réchauffement d’origine anthropique prenant de l’ampleur, la première conférence mondiale liée à la question particulière du climat se tient du 12 au 23 février 1979, à Genève, sous l’égide de l’OMM  [12]. À ce moment, l’enjeu porte essentiellement sur la mise en place de moyens significatifs et coordonnés au plan mondial afin d’accroître les connaissances sur le climat et de prévenir les changements climatiques attribuables à l’activité humaine. En découle le Programme mondial de recherche sur le climat (PMRC)  [13], placé sous le parrainage conjoint de l’OMM, du PNUE, du Conseil international des unions scientifiques (CIUS, actuel Conseil international des sciences - CIS), et, à partir de 1993, de la Commission océanographique intergouvernementale (COI) de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO). Le PMRC vise à coordonner et à faciliter la recherche climatique menée par les scientifiques aux quatre coins du globe, afin de mieux prévoir l’évolution du climat et l’impact de l’activité humaine sur celui-ci. Il vise également à établir des liens entre plusieurs disciplines : celles liées à l’atmosphère, celles liées à l’océan, différentes pratiques d’observation ou de modélisation, etc.

13Cette première Conférence mondiale sur le climat jette également les bases de trois rencontres qui se tiendront en 1980 (rassemblant les chercheurs spécialistes du climat), en 1983 et en 1985, à Villach en Autriche, avec pour objectif d’évaluer le rôle du CO2 et d’autres gaz à effet de serre dans la variabilité climatique et l’évolution des écosystèmes. Les scientifiques présents, qui représentent alors 29 pays, y adoptent une déclaration sans équivoque sur l’augmentation des températures à attendre pour la première moitié du XXIe siècle  [14]. C’est à Villach qu’émerge l’idée d’une instance intergouvernementale d’expertise sur le sujet des changements climatiques.

1.4. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (1988)

14En 1988, le débat sur les enjeux climatiques gagne en intensité à la faveur d’une sécheresse exceptionnelle aux États-Unis, dont quelques climatologues activistes se servent pour alerter l’opinion américaine et internationale sur l’évolution climatique et ses dangers, notamment lors de la Conférence mondiale sur l’atmosphère de Toronto, en juin. La même année, l’OMM et le PNUE lancent le processus de création d’une instance mondiale d’expertise : le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC)  [15]. Constitué de plusieurs centaines de scientifiques, le GIEC est chargé non seulement d’informer les gouvernements de l’état des connaissances scientifiques, techniques et socio-économiques sur le climat, ainsi que sur les changements climatiques et leurs conséquences, mais aussi de passer en revue les options de réponse qui sont à la disposition des décideurs dans les domaines de l’adaptation et de l’atténuation  [16].

15Contrairement aux idées reçues, le GIEC n’est pas un programme de recherche. Il s’agit d’un organe intergouvernemental qui organise, d’une part, un dialogue entre ses membres (les gouvernements) et la communauté scientifique qui travaille sur les changements climatiques et, d’autre part, une évaluation réalisée par un groupe d’experts de ce qui est publié dans la littérature scientifique au niveau mondial sur les changements climatiques, leurs causes, leurs répercussions potentielles et les stratégies de parade envisagées. Cinq rapports d’évaluation ont été publiés à ce jour, et le GIEC se trouve ainsi dans son sixième cycle d’évaluation, avec un rapport de synthèse attendu pour 2022.

16Le GIEC se compose de trois groupes de travail et d’une équipe spéciale pour les inventaires nationaux des émissions de gaz à effet de serre.

17Le Groupe de travail I évalue les aspects scientifiques du système climatique et de l’évolution du climat. Le vocabulaire utilisé par le Groupe de travail I au fil des différents rapports publiés par le GIEC a évolué avec le temps. D’une approche d’évaluation prudente, dans les premiers temps, le groupe de travail a démontré toujours plus de conviction, au fil des années et de ses travaux, tant pour l’avènement d’un réchauffement climatique (devenu dès 2007 « sans équivoque ») que pour ce qui est de son origine anthropique, c’est-à-dire liée aux activités humaines  [17]. Le Groupe de travail II évalue la vulnérabilité des systèmes socio-économiques en place et de la biosphère aux changements climatiques attendus. Ses travaux incluent également la mise en lumière des possibilités d’adaptation potentielles. Enfin, le Groupe de travail III évalue les solutions envisageables pour limiter les émissions de gaz à effet de serre ou pour atténuer de toute autre manière les changements climatiques. Les spécialistes des sciences de la nature jouent un rôle prépondérant dans le Groupe de travail I, alors que tel est le cas des économistes et des spécialistes des sciences politiques dans le Groupe de travail III ; quant à lui, le Groupe de travail II réunit des spécialistes de tous genres, tels que des hydrologues, des biologistes, des climatologues et des économistes.

18Outre ces rapports d’évaluation, le GIEC réalise également des rapports spéciaux et parfois transversaux aux trois groupes de travail sur des thèmes particuliers tels que les événements climatiques extrêmes, les solutions d’investissement à mettre en place face au dérèglement climatique, l’objectif de limiter à 1,5°C le réchauffement climatique, le rôle des sols et des forêts, les océans et la fonte des glaces. Ainsi, et bien que son credo officiel et souvent réaffirmé soit que sa mission se limite à l’évaluation des recherches déjà existantes, le GIEC contribue également indirectement, sur ces questions particulières, à l’avancée des recherches sur les changements climatiques en identifiant les lacunes en matière de connaissances.

19Enfin, les travaux de l’équipe spéciale pour les inventaires nationaux des émissions de gaz à effet de serre ont mené, en 1994, à l’approbation de la première version des IPCC Guidelines for National Greenhouse Gas Inventories, qui contient un ensemble de méthodologies et de règles pour que chaque pays puisse inventorier annuellement ses émissions. Ces règles ont été revues et affinées successivement en 1996, en 2006, en 2013 et en 2019  [18].

20La vocation première du GIEC est de donner la parole au monde scientifique, qui s’avère de plus en plus conscient des risques planétaires liés au réchauffement climatique. D’un point de vue médiatique, la question reste encore difficile à mettre à l’ordre du jour, car elle concerne, aux yeux de l’opinion publique, un avenir encore plus ou moins lointain, alors que le monde scientifique dénonce quant à lui les effets déjà en cours. Le GIEC a également pour objectif de susciter une réaction politique. En cela, il se doit donc de maintenir un équilibre fragile entre deux exigences très différentes : garantir la crédibilité scientifique de ses travaux et obtenir l’attention et la bonne volonté des décideurs politiques. Le GIEC est un organe intergouvernemental ouvert à tous les pays membres de l’OMM et du PNUE.

21L’élaboration des rapports émis par le GIEC repose sur un processus particulier, à savoir qu’elle s’appuie sur un consensus. Avant la publication d’un rapport final, et ce même si les scientifiques auteurs du rapport conservent le dernier mot, des experts nommés par les gouvernements se réunissent durant une semaine et révisent ligne par ligne la quinzaine de pages de résumé du rapport, jusqu’à ce qu’advienne un consensus. Si un consensus est trouvé, il devient difficile pour l’une des Parties concernées de contester le texte, puisque chacune a nommé un expert pour défendre sa vision des choses  [19]. Ce processus est extrêmement complexe car il voit s’exprimer des intérêts nationaux souvent divergents : les pays insulaires, qui craignent d’être submergés en conséquence du réchauffement, plaident pour l’introduction d’une rhétorique du risque, les pays producteurs de pétrole appuient leur discours sur les incertitudes scientifiques, les pays en développement font valoir leur droit à la prospérité et pointent du doigt le volume de gaz déjà émis par le passé, les pays européens mettent en garde contre les émissions futures, etc. Dès lors, les rapports complets du GIEC, avec tout ce qu’ils comprennent comme avancées ou nuances, ne partagent souvent pas le ton consensuel des résumés négociés à l’attention des décideurs.

22Ce sont les États membres du GIEC qui proposent dans un premier temps une liste de scientifiques susceptibles de participer aux travaux de l’organisation. Le bureau du GIEC sélectionne ceux qui deviendront auteurs. Les scientifiques qui ne sont pas sélectionnés comme auteurs par les bureaux de chaque groupe de travail sont invités à endosser le rôle de relecteurs ; eux aussi se voient ainsi investis d’une responsabilité importante dans le processus d’encadrement du rapport puisque chacun de leurs commentaires sur le texte devra être pris en compte. Dans ce contexte, le choix des experts et des auteurs des rapports d’évaluation par le GIEC est une phase critique, car il doit répondre à des critères de genre, de nationalité, d’équilibre entre les chercheurs indépendants et ceux impliqués dans des programmes de recherche internationaux, etc. Un important renouvellement se produit d’un rapport à l’autre. Il est à noter que le GIEC ne rémunère pas ces scientifiques, qui dépendent dès lors de financements nationaux pour assurer leurs frais de mission (seuls les auteurs des pays en développement ont leurs frais de mission payés par le GIEC). Les seules personnes rémunérées par le GIEC sont les collaborateurs du secrétariat et ceux des unités d’appui technique qui existent pour chaque groupe de travail et qui assistent les auteurs et les coordinateurs des rapports.

23Si les rapports du GIEC apportent une assise scientifique aux débats internationaux sur le climat, raison pour laquelle il a reçu le prix Nobel de la Paix en 2007, l’organisation est également l’objet de critiques sur son fonctionnement ou sur le résultat de ses travaux. Le GIEC permet certes une mobilisation au niveau mondial (il comptabilise 195 membres, couvrant la quasi-totalité du globe), mais la nécessité de passer ensuite par un consensus pour élaborer les résumés à destination des décideurs – documents dans lesquels il s’impose de veiller à ne pas froisser trop abruptement une Partie, au risque de mettre tout le processus à mal – contraint souvent le procédé à des avancées modérées. Il est toutefois à préciser que les scientifiques disposent d’un droit de veto sur la justesse scientifique des propos retenus dans les « résumés à l’intention des décideurs ».

24Cela n’empêche pas les climatosceptiques de nourrir, sur la scène médiatique essentiellement, leurs propres griefs à l’encontre du GIEC. L’un des plus connus concerne une soi-disant manipulation des données sur le climat et repose sur un épisode connu sous le nom de « Climategate ». En novembre 2009, plusieurs milliers de documents et de courriels provenant de la Climatic Research Unit de l’University of East Anglia à Norwich (Royaume-Uni), dont plusieurs membres sont des contributeurs des rapports du GIEC, ont fuité sur Internet. Il y était fait mention d’une correction de certains relevés de température qui, hors contexte et aux yeux des climatosceptiques s’étant emparés médiatiquement de la question, s’apparentait à de la manipulation de données. Malgré le fait que plusieurs enquêtes diligentées à la suite de cet incident ont conclu au bien-fondé de cette démarche scientifique, l’épisode a entaché l’image du GIEC dans l’opinion publique.

25Cela étant dit, la création du GIEC a permis aux scientifiques et aux décideurs politiques d’avancer conjointement sur la question des changements climatiques. Chacun des grands rapports du GIEC a préparé les grands moments de décision politique. Réciproquement, chaque COP et chaque nouvelle étape de la négociation ont été l’occasion d’une demande d’expertise supplémentaire ou d’une impulsion par le GIEC de nouvelles recherches. Sans avoir officiellement les moyens d’orienter précisément les programmes, le GIEC contribue à susciter de nouveaux intérêts, à engager certains travaux et, plus généralement, à faire évoluer l’image du climat et des interactions entre l’homme et l’environnement chez les scientifiques et les mandataires politiques  [20]. Au fil du temps, le GIEC n’a par ailleurs eu de cesse d’affiner les procédures auxquelles il a recours pour éviter erreurs et approximations et, surtout, pour rendre le plus transparent possible le processus d’encadrement qui est le sien.

1.5. Le Sommet de Rio (1992)

26Du 29 octobre au 9 novembre 1990, se tient la deuxième Conférence mondiale sur le climat, à Genève. Elle réunit 137 pays ainsi que la Communauté européenne. Contrairement à la première édition, onze ans plus tôt, cette deuxième conférence assume, au-delà des enseignements scientifiques sur lesquels elle repose  [21], des accents davantage politiques. À la suite de difficiles discussions, une déclaration ministérielle voit le jour avec pour objet la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre, mais sans mentionner le moindre objectif à cet égard. Cette deuxième conférence propose également la création d’un Système mondial d’observation du climat (SMOC)  [22]. Celui-ci doit permettre, dès 1992, de croiser les données des divers systèmes d’observation existants pertinents pour l’étude du climat : le Système mondial d’observation météorologique et la Veille de l’atmosphère globale, pour ce qui est des observations atmosphériques, ainsi que le Système mondial d’observation de l’océan et le Système mondial d’observation terrestre. Par la suite, le SMOC servira essentiellement d’appui scientifique à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC).

27C’est le premier rapport du GIEC, publié dans la foulée de cette deuxième Conférence mondiale sur le climat, en août 1990, qui sert de base scientifique et technique à l’élaboration de la CCNUCC  [23]. Les scientifiques associés à ce premier document fourni par le GIEC y concluent avec certitude que les émissions humaines augmentent la concentration atmosphérique des gaz à effet de serre, et que de celle-ci résultera un réchauffement global du climat. Ils avertissent que les émissions de gaz tels que le CO2 devraient être réduites immédiatement de plus de 60 % pour que leur concentration soit stabilisée à leur niveau d’alors. Ils font cependant remarquer que les données ne permettent pas encore d’assurer que le faible réchauffement observé jusqu’alors soit déjà le résultat de l’influence humaine. Même s’il est encore baigné d’incertitudes scientifiques qu’il ne manque pas de rappeler (temporalité, ampleur et impacts régionaux des changements climatiques, etc.), ce document fait déjà état d’un accroissement attendu de la température moyenne du globe de 0,3°C par décennie au cours du XXIe siècle si les activités humaines persistent à se développer au rythme observé et sans que soient mises en place des mesures pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Selon les scientifiques, cela équivaut à une hausse moyenne d’environ 2°C (par rapport à la période pré-industrielle) en 2025, et d’environ 4°C d’ici la fin du XXIe siècle  [24]. Le Groupe de travail III du GIEC avance également certaines mesures de parade, parmi lesquelles les plus efficaces sont selon lui celles qui s’imposent d’elles-mêmes car elles auront des effets bénéfiques indépendamment de l’évolution du climat ou qu’elles sont rentables économiquement. À titre d’exemple, il pointe une augmentation du rendement de l’énergie, le remplacement des combustibles par des sources d’énergie ne produisant pas ou guère de gaz à effet de serre, des changements de comportements (par exemple : extension du télétravail à domicile) et des modifications structurelles (par exemple dans les transports), etc.

28Dès ce premier rapport de 1990, un élément particulier est porté à l’attention des décideurs politiques : la responsabilité jusqu’alors limitée des pays en développement dans l’évolution du climat, alors que ces mêmes pays sont souvent les premiers concernés par les conséquences du réchauffement climatique amorcé. Si les questions climatiques se fraient de plus en plus facilement un chemin à l’agenda des pays industrialisés, les pays en développement conservent en priorité des impératifs de développement économique et de lutte contre la pauvreté. Pourtant, comme le montrera la mise en œuvre du Protocole de Kyoto (cf. infra), l’implication des pays en développement dans le processus mondial de lutte contre le réchauffement climatique s’avère un enjeu crucial. La nécessité d’une aide financière et d’une collaboration accrue avec ces pays, qui ne disposent pas toujours des données scientifiques nécessaires, est déjà pointée du doigt. Ainsi, dès le mois de juin 1989, le GIEC a créé le Comité spécial pour la participation des pays en développement, qui se doit de faciliter l’intégration de ces pays aux discussions et projets en cours  [25].

29Sur cette base de travail que constituent les travaux du GIEC, le Comité intergouvernemental de négociation de la CCNUCC  [26], créé par l’Assemblée générale des Nations unies en 1990, commence deux années de négociations pour le moins intenses, qui aboutissent à un accord sur la Convention-cadre le 9 mai 1992. La procédure de ratification est ouverte un mois plus tard, lors de la Conférence des Nations unies sur l’environnement et le développement (CNUED), appelée « Sommet de la Terre », tenue à Rio de Janeiro entre le 3 et 14 juin 1992. Ce traité reconnaît officiellement l’existence du dérèglement climatique, ainsi que la responsabilité humaine dans ce phénomène et la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre.

1.6. Objectif et principes de la CCNUCC

30Le texte qui sous-tend la CCNUCC  [27] défend l’idée qu’il convient d’agir pour supprimer le risque climatique qui plane au niveau mondial, tout en respectant le droit au développement des pays les plus pauvres. En son article 2, la Convention-cadre stipule ainsi que « son objectif ultime est de stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère à un niveau qui empêche toute perturbation anthropique dangereuse du système climatique (…) dans un délai suffisant pour que les écosystèmes puissent s’adapter naturellement aux changements climatiques, que la production alimentaire ne soit pas menacée et que le développement économique puisse se poursuivre d’une manière durable ». Le texte ne fixe pas de limite de température ou autre à respecter pour atteindre cet objectif. Il ne précise pas non plus le niveau de concentration mondial de gaz à effet de serre au-delà duquel « une perturbation anthropique dangereuse du système climatique » adviendrait. Une telle estimation nécessiterait de pouvoir anticiper les progrès scientifiques à venir et l’aptitude des sociétés à s’adapter aux changements climatiques. Le texte pointe cependant qu’il est nécessaire d’agir vite, car les gaz à effet de serre émis ont la particularité de demeurer pendant très longtemps dans l’atmosphère (à l’image du CO2, dont les effets perdurent durant plusieurs siècles).

31Si la Convention-cadre n’indique pas le but à atteindre en matière de limitation ou de réduction globale des émissions de gaz à effet de serre, elle soumet cependant toutes les Parties signataires à une série d’engagements (reprise en son article 4, paragraphe 1). Ces dernières doivent ainsi établir, mettre à jour périodiquement et transmettre à la Conférence des Parties des inventaires nationaux des émissions anthropiques de gaz à effet de serre ainsi que des programmes nationaux (et, le cas échéant, régionaux) contenant des mesures visant à atténuer les changements climatiques. Les Parties s’engagent également à gérer de manière rationnelle les puits et réservoirs de gaz à effet de serre tels que les forêts, les océans et les autres écosystèmes terrestres, côtiers et marins, ainsi qu’à soutenir la recherche sur les changements climatiques. Enfin, l’ensemble des Parties s’engagent à encourager et soutenir les travaux de recherche, les échanges de données scientifiques, l’éducation, la formation et la sensibilisation du public sur les enjeux climatiques.

32La Convention-cadre s’appuie également, en son article 3, sur une série, non exhaustive, de principes censés guider l’action des Parties.

1.6.1. Le principe d’équité

33En droite ligne du constat déjà posé par le GIEC dans son premier rapport, un principe d’équité est repris au paragraphe 1 de l’article 3 de la CCNUCC. Il porte sur la responsabilité commune mais différenciée des Parties dans le réchauffement climatique en cours. Les émissions passées et présentes de gaz à effet de serre se répartissent de façon inégale entre les Parties et celles-ci ne disposent pas des mêmes capacités ni des mêmes ressources pour faire face aux causes et aux effets des changements climatiques. Sur cette base, la Convention-cadre distingue les Parties visées à l’Annexe I et celles qui ne sont pas reprises dans cette annexe. La volonté est ici de différencier deux ensembles. D’une part, les pays industrialisés (pour la plupart membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques - OCDE) ou les économies « en transition » (telles que la Russie ou les pays baltes), qui sont considérés comme majoritairement responsables des émissions de gaz à effet de serre s’étant déjà produites. D’autre part, les pays en développement, qui sont souvent les premières victimes des changements climatiques en cours mais qui ne disposent souvent pas des mêmes moyens financiers ni des mêmes capacités, notamment technologiques, pour y faire face. Les pays industrialisés et les pays « en transition vers une économie de marché » sont repris à l’Annexe I de la Convention-cadre, tandis que les pays en développement sont ceux n’y figurant pas. Les pays en transition bénéficient toutefois d’une certaine latitude dans l’exécution de leurs engagements.

34Selon l’accord intervenu, les pays repris à l’Annexe I de la Convention-cadre doivent satisfaire à des obligations particulières reprises au paragraphe 2 de l’article 4. Elles s’engagent ainsi à stabiliser leurs émissions de gaz à effet de serre, individuellement ou collectivement, à leur niveau de 1990 avant la fin des années 1990. Bénéficiant d’une certaine souplesse à leur égard, certains pays en transition ont choisi de prendre comme référence non pas le niveau des émissions de 1990 mais celui d’une autre année. Cet objectif de stabilisation des émissions imposé aux pays de l’Annexe I se révélera très rapidement trop peu ambitieux, ce qui entraînera dès lors la nécessité de négocier de nouveaux objectifs, cette fois dans le cadre du Protocole de Kyoto en 1997 (cf. infra). Par ailleurs, les Parties visées à l’Annexe I sont soumises à des règles plus strictes de communication que les pays en développement, qui ne sont pas visés par cette Annexe I. Elles sont tenues de soumettre des rapports périodiques, dénommés communications nationales, dans lesquels elles détaillent les politiques et mesures qu’elles appliquent pour faire face au dérèglement climatique. Elles doivent également soumettre un inventaire annuel de leurs émissions de gaz à effet de serre. Si les Parties qui ne sont pas reprises à l’Annexe I sont elles aussi soumises à ces dispositions, elles disposent de certaines dérogations ainsi que de délais bien plus longs pour y satisfaire.

35Les pays développés s’engagent en outre à aider les pays en développement à financer les obligations qui sont les leurs d’après la Convention-cadre (inventaire des émissions, recherche scientifique, etc.). Une Annexe II regroupe ainsi les Parties qui ont accepté d’aider les pays en développement à exécuter leurs engagements grâce à des transferts de technologie ou à des apports financiers pour faire face aux effets déjà observés des changements climatiques.

36Une distinction est également établie au sein des Parties non visées à l’Annexe I, à savoir les pays en développement. Ainsi, 48 Parties sont classées dans la liste des pays les moins avancés (PMA) par l’ONU et, à ce titre, sont l’objet d’une attention particulière pour bénéficier en priorité des transferts financiers ou technologiques qui leur sont nécessaires. Les règles qui leur sont appliquées en matière de communication d’informations sont également moins strictes que pour les autres Parties. Par ailleurs, la Convention-cadre reconnaît que certaines catégories de pays en développement sont particulièrement vulnérables aux effets des changements climatiques (les zones côtières et celles sujettes à la désertification) ou des mesures prises pour y faire face (les pays fortement tributaires des combustibles fossiles).

37Enfin, le principe d’équité consacré par l’article 3 de la CCNUCC porte également sur l’aspect intergénérationnel, en ce sens qu’il impose aux Parties le devoir de protéger le système climatique au bénéfice des générations présentes et futures.

1.6.2. Le principe de précaution

38Le paragraphe 3 de l’article 3 de la Convention-cadre consacre le principe de précaution, qui s’avère souvent présent dans les accords conclus en matière d’environnement. Selon ce principe, l’absence de certitude scientifique absolue ne doit pas servir de prétexte pour différer l’adoption des mesures nécessaires lorsque des perturbations graves ou irréversibles de l’équilibre environnemental et climatique sont à craindre. Les mesures prises doivent toutefois respecter la nécessité d’un bon rapport coût-efficacité, en évitant de pénaliser indûment l’économie.

1.6.3. Le principe de libre échange

39Pour sa part, le paragraphe 5 de l’article 3 de la Convention-cadre défend le principe du libre-échange, invitant les Parties à promouvoir un « système économique international qui soit porteur et ouvert et qui mène à une croissance économique et à un développement durable de toutes les Parties, en particulier des pays en développement, pour leur permettre de mieux s’attaquer aux problèmes posés par les changements climatiques »  [28].

2. La Conférence des Parties (COP) et ses différents intervenants

40Toutes les démarches concrètes tendant à soutenir l’objectif poursuivi par la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) ont été renvoyées à plus tard et confiées à un organe directeur appelé la Conférence des Parties (en anglais, Conference of Parties - COP), qui doit assurer l’application effective de la Convention-cadre.

41En 1992, le Sommet de la Terre de Rio de Janeiro a permis que soient adoptées trois conventions distinctes : la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), la Convention sur la diversité biologique (CDB) et la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CLD). Dans les trois cas, la réalisation concrète des objectifs portés par chaque convention a été confiée à un organe directeur, la Conférence des Parties (COP), réunissant les Parties signataires de chaque convention.

42La Convention sur la diversité biologique (CDB) vise la politique de conservation des écosystèmes et des espèces ainsi que le partage juste et équitable des avantages découlant de l’utilisation des ressources génétiques. Entrée en vigueur le 29 décembre 1993, elle compte aujourd’hui 196 Parties. Les États-Unis n’ont jamais ratifié la CDB, pas plus que le Protocole de Nagoya qui encadre juridiquement au plan international l’accès et le mécanisme de partage des avantages liés à l’utilisation des ressources génétiques  [29]. Si le dérèglement climatique s’est longtemps imposé au premier rang des préoccupations internationales, l’extinction des espèces est devenue ces dernières années une question médiatique incontournable ; dès lors, beaucoup d’espoirs se sont formés autour de la COP 15 sur la diversité biologique, qui devait se tenir en septembre 2020 à Kunming (en Chine). Tout comme pour la COP 26 sur les changements climatiques (cf. infra), ce rendez-vous très attendu a été reporté d’un an en raison de la pandémie de Covid-19.

43La Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CLD) compte actuellement 197 Parties. Entrée en vigueur le 26 décembre 1996, elle vise à lutter contre la désertification et à atténuer les effets de la sécheresse dans les pays touchés, notamment en Afrique.

44Si un système de coopération existe entre les secrétariats des trois conventions, le présent Courrier hebdomadaire se focalise sur les COP liées à la CCNUCC.

2.1. Le rôle assigné aux COP

45Le principal objectif de la COP est de faire évoluer la CCNUCC : d’une part, en faisant le point sur l’application des engagements pris dans ce traité en faveur du climat et, d’autre part, en négociant de nouvelles mesures visant à limiter les émissions de gaz à effet de serre afin de favoriser l’application effective de la Convention-cadre. Il s’agit notamment d’encourager et de guider l’élaboration et le perfectionnement de méthodes comparables pour établir les inventaires des émissions et des absorptions de gaz à effet de serre de chaque État ; de faciliter les échanges d’informations sur les mesures adoptées ; et de coordonner certaines initiatives. Les responsabilités attribuées à la COP sont reprises au paragraphe 2 de l’article 7 de la CCNUCC.

2.2. Les Parties

46Depuis 1995, les signataires de la CCNUCC se retrouvent chaque année au sein de la COP pour discuter de la mise en place de mesures de lutte contre les changements climatiques. Par « Partie », on entend tout État ou organisation régionale d’intégration économique (à savoir l’Union européenne) ayant ratifié, accepté ou approuvé la Convention-cadre  [30]. S’il existe des différences techniques entre la ratification, l’acceptation et l’approbation, ces actes ont les mêmes conséquences, à savoir qu’ils lient juridiquement l’entité concernée  [31]. Les États et les organisations régionales d’intégration économique peuvent également adhérer à la Convention-cadre. L’adhésion a les mêmes effets juridiques que la ratification, l’acceptation ou l’approbation. La CCNUCC est ouverte à l’adhésion depuis le lendemain du jour où elle a cessé d’être ouverte à la signature, à savoir le 19 juin 1993. Contrairement à la ratification, à l’acceptation, à l’approbation ou à l’adhésion, la signature ne lie pas le signataire mais oblige ce dernier à s’abstenir de tout acte qui priverait le traité de son objet et de son but. La CCNUCC est entrée en vigueur le 21 mars 1994, soit 90 jours après sa ratification par 50 pays. Elle regroupe aujourd’hui 197 Parties (à savoir 196 États et l’Union européenne), qui ont ratifié, adhéré à ou accepté la Convention.

47Les organisations régionales d’intégration économique – ce qui ne concerne, à ce jour, que l’Union européenne – disposent d’un nombre de voix égal au nombre de leurs États membres qui sont parties à la Convention-cadre. Toutefois, elles ne peuvent exercer leur droit de vote que si aucun de leurs États membres n’exerce le sien  [32].

48Les COP réunissent les représentants des Parties mais également des acteurs non étatiques, en tant qu’observateurs, tels que des collectivités territoriales, des organisations non gouvernementales (ONG), des scientifiques, des organisations patronales, des syndicats ou des médias (cf. infra). C’est à Bonn, siège du secrétariat de la CCNUCC, que se tiennent annuellement ces réunions, à moins que l’une des Parties n’offre de l’accueillir, ce qui s’avère en pratique majoritairement le cas. La présidence des COP est assignée en alternance aux cinq groupes régionaux reconnus par l’ONU, à savoir : Afrique ; Amérique latine et Caraïbes ; Asie ; Europe centrale et orientale ; Europe de l’Ouest et autres États (Australie, Canada, États-Unis d’Amérique, Israël, Nouvelle-Zélande, Turquie). Le lieu de réunion a tendance à adopter également cette alternance.

49Une deuxième manière de catégoriser les États présents lors de la COP repose sur les annexes à la CCNUCC (cf. supra). Toutefois, la dichotomie qu’incarnait à l’origine cette différenciation entre pays développés, pays en transition et pays en développement a évolué avec le temps. Au cours des deux dernières décennies, un certain nombre de pays dits émergents ont enregistré une forte croissance économique, accompagnée d’une hausse équivalente des émissions de gaz à effet de serre. Sans efforts significatifs de la part de ces pays, il sera impossible de freiner les changements climatiques et de maintenir les limites fixées. Ce constat a d’ailleurs constitué l’une des principales limites du Protocole de Kyoto de 1997 (cf. infra). En 2011, lors de la COP 17 qui se tenait à Durban (Afrique du Sud), il a dès lors été décidé de lancer une plateforme de négociation devant aboutir pour 2015 (lors de la COP 21 à Paris) à un accord post-2020 incluant tous les pays.

50Enfin, outre ces découpages en régions ou selon le développement économique, la COP reconnaît également une série de groupes de négociation politique qui rassemblent les États qui partagent des enjeux similaires concernant les questions climatiques. La création de ces groupes n’obéit à aucune procédure officielle. Les Parties désireuses de former un groupe en informent simplement la COP.

51Fondé en 1964, le Groupe des 77 (G-77) rassemble ainsi plus de 130 pays en voie de développement, ainsi que la Chine. Le siège du G-77 se situe à New York, et les pays membres président à tour de rôle annuellement ce groupe. La COP reconnaît également une coalition de 43 pays, membres du G-77 pour la plupart d’entre eux, au sein de l’Alliance des petits États insulaires (en anglais, Alliance of Small Island States - AOSIS). Ces pays ont tous la particularité de posséder des territoires à faible élévation côtière et des petites îles, fragilisés par le réchauffement climatique et notamment par la montée du niveau de la mer. Les pays les moins avancés (PMA) et le groupe régional africain sont également deux sous-groupes du G-77. Un autre groupe qui compose la COP est l’Union européenne (UE), en tant qu’organisation d’intégration économique. Les 27 membres de l’UE occupent à tour de rôle, tous les six mois, la fonction de porte-parole de ce groupe. L’UE n’a cependant pas le droit de vote au sein de la COP, ce droit revenant à chacun de ses pays membres (cf. supra). Les pays développés non européens ont également leur groupe, le Groupe Parapluie. Même si sa composition peut changer au fil du temps, les pays normalement membres de ce groupe sont : l’Australie, le Canada, les États-Unis, la Fédération de Russie, l’Islande, le Japon, la Norvège, la Nouvelle-Zélande et l’Ukraine. Enfin, parmi les groupes influents présents au sein de la COP, on compte encore le Groupe de l’intégrité environnementale (composé de la Corée du Sud, du Liechtenstein, du Mexique, de Monaco et de la Suisse), le groupe des pays de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), le groupe de pays d’Asie centrale, du Caucase, de l’Albanie et de la Moldavie (CACAM), le groupe BASIC (Brésil, Afrique du Sud, Inde et Chine), the Like Minded Group of Developing Countries (LMDC : groupe de pays en développement ayant gagné en importance ces dernières années), la Ligue arabe et la Francophonie.

52Pour compliquer davantage encore les choses, certains pays font partie de plusieurs groupes de négociation. En théorie, chaque pays participant aux COP pèse le même poids : un pays, une voix. Cependant, les négociations au sein d’une COP étant réputées très complexes et nécessitant d’intenses et longues tractations, il est évident que les délégations les plus denses, majoritairement incarnées par les États les plus riches, disposent de davantage de moyens pour peser sur les débats. D’autant que l’adoption des décisions au sein des COP repose sur le consensus (cf. infra). Les Nations unies tentent de corriger en partie les inégalités de représentation des différents États Parties à la Convention-cadre à travers le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), qui organise durant les COP une série d’événements sur des thèmes clés liés à la coopération et met des moyens humains et financiers à la disposition des pays les moins bien représentés.

2.3. Les organisations dotées du statut d’observateur

53Aux côtés des représentants des Parties, une série de participants présents lors des différentes sessions de la COP le sont en tant qu’observateurs. Il est ainsi prévu à l’article 7, paragraphe 6, de la CCNUCC que l’ONU, les institutions spécialisées des Nations unies et l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) ainsi que tous les États membres d’une de ces organisations ou observateurs auprès d’une de ces organisations qui ne sont pas Parties à la Convention peuvent être représentés aux sessions de la COP en tant qu’observateurs  [33]. Cet article dispose : « Tout organe ou organisme national ou international, gouvernemental ou non gouvernemental compétent dans les domaines visés par la Convention, qui a fait savoir au secrétariat qu’il souhaite être représenté à une session de la Conférence des Parties en qualité d’observateur, peut y être admis en cette qualité à moins qu’un tiers au moins des Parties présentes n’y fassent objection ».

54L’admission et la participation d’observateurs sont régies de manière plus détaillée par le règlement intérieur adopté par la COP. Aux articles 6 et 7 de celui-ci, il est par exemple prévu que certains observateurs, tels que le Fonds pour l’environnement mondial (FEM, cf. infra), des organisations intergouvernementales (OIG) ou encore des organisations non gouvernementales (ONG) peuvent, sur l’invitation du président, participer, sans droit de vote et sous certaines conditions, aux délibérations.

55Afin d’accroître leur visibilité, les ONG surtout, mais également les OIG et les organismes des Nations unies, ont pris l’habitude d’organiser des activités ou des réunions parallèles (ateliers, séminaires, etc.) lors des sessions de la COP afin de faire connaître leurs travaux, d’exprimer leur position et leurs préoccupations, et d’avancer des idées et des propositions sur les points négociés. Ainsi, les « side events » sont des événements officiels organisés en parallèle des négociations, qui prennent généralement la forme de conférences sur des thématiques précises et réunissent aussi bien des responsables politiques que des experts et des membres de la société civile. Les COP sont également l’occasion de promouvoir les technologies nouvelles, les avancées scientifiques et les autres moyens d’atténuer les changements climatiques ou de s’y adapter.

56Parmi les institutions des Nations unies actives lors des COP, on compte évidemment le GIEC, mais aussi la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED), le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), l’Institut des Nations unies pour la formation et la recherche (UNITAR) et l’Université des Nations unies (UNU). Du côté des organisations intergouvernementales également présentes lors des différentes sessions de la COP, figurent notamment l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), l’Agence internationale de l’énergie (AIE) et l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP). Lors de la COP23, à Bonn en 2017, 126 organisations intergouvernementales ont été admises  [34], contre 14 lors de la première session de la COP, à Berlin en 1995.

2.3.1. Des ONG structurées en groupes

57Pour faire entendre leur voix, les ONG sont regroupées au sein de différents collectifs appelés circonscriptions. Il s’agit là d’une nécessité, puisque pas moins de 2 133 ONG ont été admises lors de la COP23, qui se tenait à Bonn en 2017  [35]. Les ONG ne représentaient pourtant que 163 admissions lors de la première COP, à Berlin en 1995. La plus forte augmentation des admissions (+ 344) a été relevée lors de la COP15, qui s’est tenue à Copenhague en 2009 et qui a reconnu officiellement la nécessité de limiter le réchauffement planétaire à un maximum de 2°C au-dessus des niveaux préindustriels. Le Sommet de Copenhague a également été marqué par un échec des négociations visant à l’adoption d’accords contraignants sur la limitation des émissions de CO2, ce qui explique la colère des ONG et leur montée en puissance. Depuis 2015 et la session consacrée aux Accords de Paris, qui implique pour la première fois toutes les Parties, plus d’une centaine de nouvelles admissions sont enregistrées annuellement. Si les groupes d’observateurs précités sont intégrés dans les mécanismes intrinsèques aux COP, ils ne sont pas formellement reconnus par les Parties.

58Les premiers groupes d’ONG ont été constitués en amont de la première COP, à l’occasion des négociations sur la CCNUCC. Les ONG sont alors incitées à se structurer au niveau mondial en raison de l’angle international que prend le débat environnemental. À cette époque, il n’existe encore que deux groupes : celui des affaires et de l’industrie (en anglais, Business and Industry NGOs - BINGO), et celui des ONG environnementales (Environmental NGOs - ENGO). Ainsi, le terme « ONG » est ici à prendre au sens premier, désignant donc des instances « non gouvernementales » en incluant la société civile dans son ensemble, sans se borner au secteur non lucratif. Des autorités locales s’intègrent également dans l’un de ces groupes, et cela dès la première session de la COP : le groupe Local Government and Municipal Authorities (LGMA), qui accueille des gouvernements locaux et des autorités municipales.

59Alors que ces trois premiers groupes se composaient majoritairement d’ONG occidentales, le groupe Indigenous People Organizations (IPO, créé lors de la COP7 à Marrakech, associe quant à lui les organisations des peuples autochtones, avec une large part d’ONG du Sud, venant défendre les communautés indigènes considérées comme les premières victimes du réchauffement. C’est lors de la COP9 à Milan qu’émerge le groupe des ONG de recherche et des ONG indépendantes (Research and Independent NGOs - RINGO), tandis que le groupe des organisations syndicales (Trade Union NGOs - TUNGO) voit le jour durant la COP14 à New Delhi. Enfin, les derniers groupes créés l’ont été lors de la COP17 à Durban, et représentent les paysans et les agriculteurs (Farmers), les femmes (Woman and Gender) et les jeunes (Youth NGOs - YOUNGO)  [36]. Les trois principaux groupes d’ONG sont ENGO (37,6 %), RINGO (27,1 %) et BINGO (15,8 %)  [37].

60Selon le découpage régional admis par l’ONU (cf. supra), les ONG admises à la COP23 en 2017 étaient issues pour 66,8 % de l’Europe de l’Ouest et des autres États, pour 14,0 % de l’Asie, pour 9,3 % de l’Afrique, pour 8,5 % de l’Amérique latine et des Caraïbes, et pour 1,3 % de l’Europe centrale et orientale.

61Les ONG ayant le statut d’observateurs ne sont pas obligées de se regrouper en collectifs. Tel est d’ailleurs le cas de certains groupes religieux. Cependant, cette option offre certains avantages : participer à des rencontres restreintes, recevoir des informations du secrétariat de la CCNUCC ainsi qu’un support logistique, et même pouvoir prendre la parole au cours de certaines réunions. En termes de tactique, ces groupes d’ONG peuvent choisir de parler d’une seule voix, pour augmenter leur visibilité (comme celui des environnementalistes, ENGO), ou choisir d’agir de manière plus discrète et dispersée (comme c’est le cas des lobbys issus du groupe des ONG des affaires et de l’industrie, BINGO).

62Cela étant, et même si l’existence de ces « circonscriptions » est avalisée par le secrétariat de la CCNUCC, leur statut légal ne fait l’objet d’aucun texte formel signé ou reconnu par les Parties à la Convention-cadre. Ces groupes jouissent donc d’un statut fragile qui ne les prémunit pas d’une mise à l’écart lorsque les négociations deviennent tendues ou soumises à l’urgence, comme lors de la COP de Copenhague en 2009.

2.3.2. La mobilisation des ONG environnementales

63Comme nous venons de le voir, les ONG environnementales représentent environ 40 % des ONG admises lors des COP, contre 30 % pour les ONG de recherche.

64Si les premières mobilisations écologistes qui se manifestent après-guerre visent essentiellement la question du nucléaire, la défense de l’environnement prend une tournure plus large et davantage médiatique et politique dans les années 1970. Les écologistes commencent alors à faire valoir que les ressources de la Terre sont limitées. Cependant, le contexte international de l’époque reste marqué par les rivalités des blocs communiste et occidental, et la question environnementale se voit couplée à celle du développement des économies. Il s’agit de défendre un modèle capable de nourrir la population. C’est seulement avec la fin de la Guerre froide et à partir du Sommet de la Terre de Rio de Janeiro, en 1992, que les mouvements pour la justice climatique se développent, prenant appui sur un nombre croissant d’ONG environnementales, à qui l’ONU permet la tenue d’un forum en marge du sommet  [38]. Comptant pas moins de 600 conférences organisées et 17 000 personnes présentes, ce forum se révèle un joyeux melting-pot d’associations en tout genre  [39].

65L’ONU autorise également la participation des ONG lors des COP. Dans un premier temps, ce sont des ONG environnementalistes issues des pays occidentalisés qui se démarquent lors des COP. Le réseau Climate Action Network (CAN), créé dès 1989 et regroupant des ONG telles que Greenpeace, le World Wildlife Fund (WWF, aujourd’hui World Wide Fund for Nature) et Les Amis de la Terre, se mobilise ainsi pour renforcer le principe d’équité dans les négociations et les politiques climatiques. Il participe aux débats sur les engagements des pays occidentaux dans l’atténuation de leurs émissions selon leurs responsabilités et leurs capacités respectives à aider les pays et les groupes les plus vulnérables aux changements climatiques. Il contribue à des campagnes d’information auprès des décideurs politiques et du grand public, ainsi qu’au suivi des politiques climat des collectivités locales. Ce réseau international s’ouvre progressivement à des ONG d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine. Il comprend désormais plus de 1 000 ONG issues de 20 pays  [40].

66À la fin des années 1990 et au début des années 2000, les sommets, contre-sommets et forums sociaux rythment l’agenda des ONG et militants écologistes qui remettent désormais en cause les orientations néolibérales du traitement de l’environnement par les États et les entreprises multinationales. De leur côté, ces dernières rétorquent désormais par un discours « vert » taxé par leurs détracteurs d’« écoblanchiment » (« greenwashing »). La montée en puissance des ONG (avec à l’avant-plan des organismes désormais bien connus du grand public tels que Greenpeace, le WWF, Les Amis de la Terre, Terre des hommes ou le Fonds des Nations unies pour l’enfance - UNICEF) intervient dans un contexte où la question du réchauffement climatique commence à trouver sa place dans le débat médiatique. En outre, elle s’accompagne également d’un renforcement des revendications altermondialistes.

67Si, dans les années 2000, les ONG se mobilisent énormément autour de la question des dérèglements climatiques, en mettant notamment en avant le phénomène des réfugiés climatiques (ce qui offre un visage à cette cause jusqu’alors très abstraite), elles doivent également faire face aux désillusions. Dix ans après le Sommet de Rio, les associations environnementales en demande de mesures concrètes se voient confrontées à deux obstacles de taille. D’une part, un contexte sécuritaire international complètement fragilisé suite aux attentats terroristes perpétrés aux États-Unis le 11 septembre 2001, ce qui rend plus difficile leur présence sur la place publique pour clamer leurs revendications. D’autre part, la crise financière et économique déclenchée en 2008, qui met à l’agenda des chefs d’État et de gouvernement d’autres préoccupations que la question climatique. Bien qu’elle constituait une session porteuse de grands espoirs car elle devait aboutir à des objectifs concrets imposés aux Parties, la COP organisée à Copenhague en 2009 se révèle un échec partiel et consacre l’apathie relative qui caractérise alors les négociations sur la question climatique. L’influence dont font preuve certains lobbys industriels, le bras de fer entre la Chine et les États-Unis, la difficulté pour les décideurs politiques de mettre en place des mesures susceptibles d’influencer des modes de consommation chers à leurs électeurs, le nombre d’instances différentes concernées dans le processus de décision, etc. sont autant de freins qui empêchent un consensus sur les objectifs et les mesures souhaitées (cf. infra). Les ONG se rendent alors à l’évidence : leurs exigences éprouvent des difficultés à passer le cap de la prise de décision  [41].

68Pour autant, les associations environnementales ne s’avouent pas vaincues. En 2013, fait sans précédent jusqu’alors, les organisations et mouvements représentant la société civile décident de quitter la COP19, qui se tient à Varsovie, à la veille de sa clôture officielle. Estimant que cette conférence, censée poser les fondations de l’accord attendu à Paris en 2015, ne débouche sur rien, les ONG décident d’utiliser l’une des mesures connues du répertoire d’action collective : le boycott. Les ONG dénoncent également un « sommet du charbon », la Pologne comptant encore énormément sur cette énergie fossile au sein de son mix énergétique.

69Même si des manifestations de grande ampleur avaient déjà pris place par le passé, notamment à La Haye (2000) ou à Copenhague (2009), les ONG, sans pour autant déserter les réunions annuelles de la COP, investissent, à la suite du Sommet de Varsovie, davantage encore la rue et les autres canaux de communication afin de rallier l’opinion publique à leur cause. La mobilisation se structure davantage, alliant les causes (par exemple, la biodiversité et la question climatique) et formalisant les liens existants entre différents secteurs environnementaux, voire entre ONG humanitaires (Oxfam, Care, Fédération internationale de la Croix-Rouge, etc.) et environnementales (Greenpeace, Les Amis de la Terre, WWF, etc.), sur la question des réfugiés climatiques notamment. Cette structuration plus marquée du réseau vise à sensibiliser l’opinion publique aux enjeux socio-environnementaux, en s’opposant au recours immodéré aux énergies fossiles, par le soutien aux dynamiques locales de transition écologique et par l’amplification des mobilisations citoyennes (marches pour le climat, pétitions via les réseaux sociaux, etc.), dont certaines visent à poursuivre les États devant la justice pour inaction ou carence fautive en matière climatique  [42].

70Face au défi climatique, les instances politiques privilégient la mise en place d’une profusion de plans, de systèmes incitatifs, de mécanismes correctifs et de compensations : chèque-énergie, aide à la rénovation, fiscalité écologique, etc. Quant à elles, les mobilisations de la société civile mettent l’accent sur les défis sociaux, les questions éthiques et démocratiques soulevés par les changements climatiques  [43].

71Fin 2015, la COP21 de Paris est marquée par une forte mobilisation sur le territoire français et ailleurs, prenant la forme de divers événements : le Tour Alternatiba  [44], la Journée de la Transition (qui met à l’honneur des initiatives locales), le Global Day of Action  [45], ainsi que les marches mondiales pour le climat qui se déploient un peu partout dans le monde. En novembre et décembre 2015, des dizaines de milliers de personnes défilent en effet en Australie, à Londres, à Rio de Janeiro ou encore à New York. Plus de 780 000 personnes participent aux 2 300 marches pour le climat organisées alors à travers le monde. C’est là l’occasion de défendre une série de causes, au rang desquelles la lutte contre le recours encore massif au charbon, qui constitue un thème fortement mis en avant lors des marches organisées en Allemagne et en Australie. Au Canada, les pancartes ciblent l’exploitation des sables bitumineux  [46]. Le fait que de nombreuses ONG aient un caractère international et que leurs agendas soient fortement rythmés par les plannings des sommets mondiaux leur permet d’anticiper et d’appuyer leur action selon une sorte de décompte menant à la COP. Il s’agit pour ce monde associatif représentant la société civile d’expliquer et de rendre audibles pour tous les enjeux existant autour du phénomène de réchauffement climatique et de rappeler que la situation se dégrade. À partir de la COP de Copenhague, l’expression d’« urgence climatique » est de plus en plus employée par les militants.

72Alors que la mobilisation des ONG s’avère très importante à la veille de la COP21 à Paris, un nouvel événement terroriste, et le renforcement sécuritaire qui s’ensuit, vient entraver, dans une certaine mesure, l’organisation des militants. Le 13 novembre 2015, des attentats terroristes sont en effet perpétrés à Paris (visant notamment la salle de spectacle du Bataclan, pour un total 130 morts et 413 blessés), soit un peu plus de quinze jours avant que ne soit lancée la COP21 (appelée à se tenir du 30 novembre au 12 décembre 2015). Dans ce contexte sécuritaire particulier, l’interdiction de manifester pour des raisons de sécurité publique fait débat dans les milieux écologistes, opposant ceux qui souhaitent avant tout respecter la loi à ceux qui désirent s’y opposer afin de dénoncer une situation environnementale devenue pour eux intolérable. Les tensions entre l’État français et les activistes écologistes sont palpables : elles sont renforcées notamment par le recours à des mesures exceptionnelles, telles que des assignations à résidence, des perquisitions et la mise sous surveillance de certains militants. De manière générale, les ONG se disent alors conscientes des risques qu’il existe à occuper le terrain, mais elles ne souhaitent pas renoncer à leurs convictions face à la menace terroriste ; en revanche, elles dénoncent la répression policière dont elles seraient victimes. La Coalition pour le climat, qui regroupe en France des organisations aussi diverses que Greenpeace, Sortir du nucléaire, Oxfam, le Secours catholique, la Confédération paysanne, Les Amis de la Terre, le WWF et Action contre la faim, doit donc inventer une nouvelle manière de manifester pour rester visible avant et durant la COP de 2015. Loin de renoncer à s’exprimer dans l’espace public, les militants font appel à des installations d’artistes, au port de vêtements distinctifs, à l’organisation de chaînes humaines, au détournement de publicités, à l’installation de banderoles sur les balcons, etc.

73Si le recours à la désobéissance civile existe depuis les balbutiements du mouvement écologique, le procédé gagne en visibilité depuis quelques années, notamment à l’occasion de la COP21. Le mouvement citoyen Action non violente COP21 (ANV-COP21) a ainsi recours à des actions non violentes et à la désobéissance civile pour dénoncer l’inaction politique à l’égard du réchauffement climatique  [47]. Sous la devise « Changeons le système, pas le climat ! », ses actions les plus notables visent les banques, pour dénoncer l’évasion fiscale – avec le fauchage symbolique de 196 chaises dans différentes agences (HSBC, BNP Paribas, etc.) pour représenter les 196 Parties présentes à la COP21 – ou encore, dès février 2019, le décrochage de portraits officiels du président Emmanuel Macron dans plusieurs mairies de France.

74Mais la mobilisation en faveur du climat ne se cantonne bien entendu pas au territoire français, ni à la COP21. Un an plus tard, en 2016 à Marrakech, des artistes venant des quatre coins du monde portent la voix de la société civile. C’est également dans les discussions de couloirs ou à travers les médias que les activistes environnementalistes tentent de faire passer leur message, comme à Bonn lors de la COP23, où le charbon n’a pas bonne presse, ou l’année suivante à Katowice (Pologne), où les tensions entre ONG et lobbys du charbon sont clairement palpables.

75En 2018, une jeune activiste suédoise, Greta Thunberg, donne un visage à la lutte contre le réchauffement climatique. Elle acquiert une renommée internationale pour ses actions militantes, telles que son mouvement de protestation devant le Parlement suédois, à l’âge de 15 ans, pour dénoncer l’inaction face aux changements climatiques et, surtout, le lancement, en août 2018, d’une grève scolaire pour le climat. La portée de cette dernière action est amplifiée par le discours que la jeune militante écologiste tient lors de la COP24 à Katowice ; l’année 2019 est marquée par plusieurs manifestations impliquant à chaque fois de nombreuses villes un peu partout dans le monde et rassemblant des milliers d’étudiants.

76En 2019, la COP25 à Madrid incarne un coup dur pour les représentants de la société civile. Alors que l’année a été rythmée, un peu partout en Europe et dans le monde, par de nombreuses marches et mouvements en faveur d’une politique climatique ambitieuse, des événements initiés en partie par la jeune génération, 200 activistes se voient privés – ce qui constitue un fait inédit – de leur accréditation suite à une manifestation à proximité des négociations officielles.

2.4. Le cadre institutionnel

77Outre la Conférence des Parties, plusieurs institutions et organes opèrent dans le cadre de la CCNUCC, en soutien à la COP : la présidence, le bureau, les organes subsidiaires et le secrétariat  [48].

2.4.1. Les organes permanents

78La présidence de la COP est confiée en alternance à l’un des cinq groupes régionaux reconnus par l’ONU (cf. supra). Le président, qui exerce sous l’autorité de la COP, est généralement le ministre de l’Environnement ou des Affaires étrangères du pays qui accueille l’organisation de la COP. Son rôle de facilitateur dans les travaux de la COP et les débats pour aboutir à un accord lui impose une certaine impartialité : il ne peut pas représenter son pays lors des négociations.

79Les travaux de la COP ainsi que ceux de chaque organe subsidiaire (cf. infra) sont encadrés par un bureau composé de onze membres : le président de la COP, sept vice-présidents, les présidents des deux organes subsidiaires et le rapporteur. Généralement, les vice-présidents assument la présidence pendant les réunions de haut niveau, tandis que le président négocie les points controversés à l’échelon ministériel. Le rapporteur communique le rapport sur le déroulement des réunions. Chaque groupe régional de l’ONU compte deux membres au sein du bureau, le poste restant étant réservé à un représentant des petits États insulaires. Les membres du bureau sont élus par la COP parmi les représentants des Parties, et cela pour un mandat d’un an renouvelable une fois. Les fonctions assumées par le bureau relèvent de l’usage car elles ne figurent ni dans le texte de la Convention-cadre ni dans le projet de règlement associé (cf. infra). Elles consistent essentiellement en la gestion des questions de procédure et d’organisation découlant des différentes sessions de la COP, ainsi qu’en certaines fonctions techniques, en collaboration avec le secrétariat, telles que la gestion des demandes d’accréditation des ONG et des OIG.

80Le texte de la CCNUCC prévoit, en ses articles 9 et 10, la création de deux organes subsidiaires permanents : l’Organe subsidiaire d’avis scientifique et technologique (OSAST)  [49] et l’Organe subsidiaire de mise en œuvre (OSMEO)  [50]. Ces deux organes multidisciplinaires sont chargés des aspects techniques permettant la mise en pratique de la Convention-cadre. Ils se réunissent deux fois par an durant une ou deux semaines : une première fois en milieu d’année, et une seconde fois à l’occasion de la session annuelle de la COP. En général, les personnes qui siègent dans ces organes subsidiaires sont des spécialistes et des techniciens et non des négociateurs politiques. Incontournables dans le processus de mise en pratique de la CCNUCC, les travaux de ces organes subsidiaires débouchent principalement sur des projets de décision qui seront ensuite examinés lors de la COP en vue d’une éventuelle adoption. Comme la COP, l’OSAST et l’OSMEO peuvent chacun compter sur l’appui d’un bureau composé d’un président, d’un vice-président et d’un rapporteur mandatés pour deux années.

81Les rôles assignés à l’OSAST et l’OSMEO diffèrent, même si les deux organes collaborent parfois sur certaines questions. D’une façon générale, l’OSAST assure le lien entre les évaluations scientifiques, techniques et technologiques fournies par les organismes internationaux compétents (dont le GIEC), d’une part, et les besoins exprimés par la COP pour mener à bien ses travaux, d’autre part. Il fait le point sur les connaissances scientifiques disponibles concernant les changements climatiques et leurs conséquences ; il examine, sous l’angle scientifique, les effets des mesures déjà prises dans le cadre de l’application de la CCNUCC (sur la base des communications nationales) ; il recense les technologies et le savoir-faire de pointe ; il répond aux questions scientifiques, technologiques et méthodologiques que peuvent lui soumettre la COP et l’OSMEO. De son côté, l’OSMEO formule des recommandations qui viennent en support de la COP pour préparer et exécuter les décisions qui sont les siennes ainsi que pour évaluer le niveau d’application de la Convention-cadre. Ainsi, les questions administratives et financières sont clairement du ressort de l’OSMEO.

82Les différentes institutions déjà abordées bénéficient du service d’un secrétariat, installé initialement à Genève puis à Bonn à partir de 1996. Également appelé « secrétariat des changements climatiques », celui-ci organise les sessions de la COP et de ses organes subsidiaires ; il aide les Parties, en particulier les pays en développement, à s’acquitter de leurs engagements ; il appuie les négociations ; il assure la compilation des données présentées dans les inventaires d’émissions de gaz à effet de serre des États. Suite à la mise en place du Protocole de Kyoto en 1997 (cf. infra), le secrétariat s’est également vu assigner la charge de l’appui aux nouveaux organes créés à cette occasion. Enfin, il assure la coordination avec les secrétariats des autres organismes internationaux compétents sur la question de la lutte contre le dérèglement climatique tels que le GIEC et le FEM.

2.4.2. Les fonds de financements

83Si le financement climatique reste un aspect incontournable de la politique globale de lutte contre le réchauffement, son architecture est complexe et constamment en transformation. Ces financements agrègent toutes les ressources financières mobilisées pour financer des mesures d’atténuation ou d’adaptation aux effets des changements climatiques, en ce compris les engagements en matière de financements publics pris par les pays développés dans le cadre de la CCNUCC. Les types de financement disponibles sont de plusieurs types : des subventions (dons) et des prêts concessionnels (avec garanties). Si la multiplicité des canaux de financement accroît les possibilités des pays bénéficiaires d’accéder aux « fonds climat », elle rend également plus difficiles la comptabilisation et la vérification des financements climatiques  [51]. Aux côtés des initiatives bilatérales et des fonds régionaux ou nationaux, on compte trois grands fonds multilatéraux du financement climatique.

84Le Fonds pour l’environnement mondial (FEM)  [52] est une entité de mise en œuvre du mécanisme financier de la CCNUCC remplissant la même fonction pour l’Accord de Paris. Créé en 1991 par la Banque mondiale, son mandat couvre le financement de la protection et de la conservation de la biodiversité, de la lutte contre la désertification, de la gestion des déchets toxiques et des produits chimiques, et de la gestion des forêts et des eaux internationales. Il sert donc de mécanisme de financement dans le cadre des trois conventions environnementales intervenues dans la foulée du Sommet de Rio en 1992 : la CCNUCC, la CDB et la CLD (cf. supra)  [53]. Le FEM administre aussi le Fonds pour les pays les moins avancés (FPMA)  [54] et le Fonds spécial pour les changements climatiques (FSCC)  [55], sous la direction de la COP et de la CCNUCC. Ces fonds financent l’élaboration et la mise en œuvre de plans nationaux d’adaptation et les projets de transfert des technologies en faveur des pays en développement. Le secrétariat du FEM est logé au siège de la Banque mondiale, à Washington. Il dispose d’un budget approuvé tous les quatre ans, dont le dernier couvre la période allant de début juillet 2018 à fin juin 2022. Le FEM ne met pas lui-même en œuvre les programmes environnementaux qu’il finance mais dispose à cet égard de 18 relais, dont les plus importants sont la Banque mondiale, le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) et l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

85Le Fonds vert pour le climat (FVC)  [56] a été créé dans le cadre de l’application de la CCNUCC et rendu opérationnel en 2011, lors de la COP17 de Durban. La Convention-cadre consacrant la responsabilité des pays développés à venir en aide aux pays en développement afin que ceux-ci puissent respecter leurs engagements et transiter vers une économie plus résiliente et sobre en carbone (cf. supra), les donations collectées au sein du FVC visent, sur cette base, à aider les pays en développement à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et à s’adapter aux conséquences potentielles des changements climatiques. Une attention particulière est accordée aux pays en développement vulnérables, tels que les pays les moins avancés (PMA), les petits États insulaires en développement et les pays africains. À l’instar du FEM, ce fonds sert d’entité opérationnelle au mécanisme financier de la CCNUCC et de l’Accord de Paris et reçoit ses directives de la COP. Au fil du temps, il est devenu le principal canal par lequel transite le financement public international de la lutte contre les changements climatiques. Les premiers projets liés au FVC ont été approuvés à la fin de l’année 2015. La levée de fonds en cours couvre la période 2020-2023.

86Le Fonds pour l’adaptation (FA)  [57] a également été établi sous la CCNUCC, en 2007. Il est financé par un prélèvement de 2 % sur la vente des crédits d’émission provenant du Mécanisme de développement propre créé par le Protocole de Kyoto (cf. infra). Il est désormais mandaté pour servir l’Accord de Paris, même si le mécanisme de financement automatique sur lequel il repose dépendra du nouveau marché du carbone actuellement en négociation (cf. infra).

2.4.3. Les autres organes

87La COP procède également à la mise en place d’organes non permanents auxquels elle confie des tâches particulières. Ces organes font rapport à la COP une fois achevés les travaux entrepris. Par exemple, le Groupe spécial du Mandat de Berlin, qui a été chargé, lors de la première session de la COP (à Berlin en 1995), de mener les négociations ayant conduit à l’adoption du Protocole de Kyoto en 1997 (les mesures envisagées à Rio en 1992 ayant vite été jugées insuffisantes pour stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre, cf. supra), s’est réuni huit fois avant d’être dissous.

88Enfin, plusieurs groupes d’experts sont créés afin d’examiner des questions particulières, tels que le Groupe d’experts du transfert de technologies et le Groupe d’experts des pays les moins avancés, tous les deux mis en place suite à la COP7 de Marrakech en 2001.

2.5. Le déroulement d’une COP

89Au cours de la semaine précédant l’ouverture officielle de la COP et des sessions des organes subsidiaires, le secrétariat de la CCNUCC fait en sorte que quatre blocs de négociation composés de pays en développement aient un lieu et le temps nécessaires pour tenir des réunions préparatoires. Il s’agit du groupe Afrique, du groupe PMA, du groupe AOSIS ainsi que du groupe G77 et Chine. Ces réunions sont privées : seuls les délégués des Parties appartenant à l’un de ces groupes peuvent y assister. D’autres blocs de négociation ou des coalitions de pays peuvent également tenir des réunions préparatoires, mais il leur incombe de prendre leurs propres dispositions à cet égard. Les réunions préparatoires sont importantes parce qu’elles donnent aux groupes l’occasion d’élaborer leur stratégie de négociation et de prendre position sur les questions à l’ordre du jour  [58].

90Le rendez-vous annuel que constitue une COP dure en général deux semaines, avec des journées rythmées par les différentes sessions de négociations auxquelles s’ajoutent des conférences thématiques en marge de la COP et destinées à apporter un éclairage sur un sujet particulier, avec la participation des représentants de la société civile. Avant d’entamer les discussions formelles, les représentants des Parties se retrouvent au sein des différents groupes de négociations évoqués plus haut afin d’adopter une position commune au groupe. Ensuite, et ce afin de préparer les sessions plénières, les délégués des différentes Parties sont préalablement répartis dans plusieurs groupes de travail sur des sujets précis tels que les mesures d’adaptation aux changements climatiques, les financements nécessaires, les objectifs à long terme, etc.

91Il convient de ne pas négliger non plus les discussions de couloirs et les réunions bilatérales destinées à arrondir les angles sur certains points particulièrement sensibles  [59].

92Élément plus difficile à appréhender concrètement, c’est notamment dans ces discussions de couloirs que s’expriment les lobbys industriels. Pour ne citer qu’eux, les secteurs des énergies fossiles, de l’industrie et des transports sont en effet également bien présents lors des COP, entre événements publics et promotionnels et, surtout, bras de fer en coulisses. Initialement, ces industriels se sont positionnés en climatosceptiques pendant des années, afin de défendre leur position économique et de ralentir un quelconque mouvement de transition énergétique qu’ils percevaient comme leur étant par définition défavorable. Si ce message de fond existe encore, une partie de ces lobbys, devant faire face à des législations et une opinion publique évoluant en faveur de la lutte contre les changements climatiques, a verdi son discours et tente aujourd’hui de se présenter, grâce aux avancées technologiques, comme une partie de la solution au problème. Disposant de moyens financiers colossaux, c’est essentiellement par l’image que ces secteurs tentent de convaincre ; mais dans les faits, leurs intérêts économiques restent toujours, actuellement du moins, majoritairement liés à l’exploitation des énergies fossiles.

93La première semaine de la COP est plutôt technique, rythmée par le travail des négociateurs, technocrates et experts, tandis que la seconde semaine est davantage politique, les négociations devant mener à un accord qui sera soumis à l’approbation des juristes.

94Il n’existe pas de nombre maximum ou minimum de délégués représentant les Parties lors des COP. Les Parties issues du groupe PMA ou de l’AOSIS ne disposent généralement que de deux ou trois délégués. Par contre, les autres Parties peuvent envoyer entre 80 et 130 délégués, voire davantage. Ces délégués sont généralement issus de l’administration, mais il peut également s’agir de représentants d’ONG locales, d’organisations internationales, de cabinets d’avocats ou encore de chercheurs, qui fournissent un appui technique lors des discussions. L’expérience des délégués choisis peut parfois jouer un rôle important dans les négociations. Toutes les Parties choisissent un chef de délégation. Les ministres ne participent qu’aux sessions dont les enjeux nécessitent leur présence. Quant aux chefs d’État ou de gouvernement, ils participent généralement aux COP importantes, telles que la COP15 à Copenhague et la COP21 à Paris  [60].

95Les COP débutent généralement par une séance plénière d’ouverture, avec plusieurs allocutions, l’adoption d’un ordre du jour et de plusieurs questions de procédure, et quelques déclarations des Parties. Elles se terminent par une séance plénière de clôture, qui doit normalement permettre l’approbation de décisions formelles. Les réunions plénières sont ouvertes à tous, y compris les organisations observatrices et la presse. Elles répondent à une organisation très protocolaire, où chaque pays souhaitant disposer d’un temps de parole doit le demander par voie électronique ou à l’aide d’un panneau à déposer à la verticale sur la table occupée par ses représentants. Les prises de parole sont limitées à quelques minutes seulement. Elles reviennent très souvent aux mêmes protagonistes : la présidence du Groupe des 77 et de la Chine pour les pays en développement, les Îles Marshall pour les petits pays insulaires, l’Arabie saoudite pour les États pétroliers, etc. Quand cela est possible, un temps de parole est également accordé par le président aux représentants des différents groupes d’ONG reconnus par la COP. Les séances plénières sont retransmises sur Internet. Plusieurs langues y sont officiellement utilisées : l’anglais, l’arabe, le chinois, l’espagnol, le français et le russe.

96Il n’est pas rare que, avant de trouver un accord, plus ou moins ambitieux selon les années, les délégations se livrent à des prolongations et quelques coups de théâtre. Avant d’être transmis au président de la COP, les textes de décision sont négociés en plus petits comités. Dans les rares cas où une COP adopte un nouveau Protocole ou Accord, et une fois validé par les Parties en réunion plénière de clôture, le texte finalement adopté doit encore, ultérieurement, être ratifié par les parlements nationaux de tous les pays  [61].

2.6. L’adoption des décisions

97La procédure de vote lors de la COP est en soi particulière. Elle relève essentiellement des articles 41 et 42 du règlement intérieur de la CCNUCC, adopté lors de la deuxième session de la COP, à Genève en 1996  [62]. Lors de la première session de la COP, à Berlin un an plus tôt, un projet de règlement intérieur était déjà sur la table, comme prévu par la Convention-cadre. Cependant, son article 42 ne faisait alors pas l’objet d’un accord. Pour aller de l’avant, les Parties ont convenu d’appliquer le projet de règlement intérieur de 1995  [63], à l’exception de l’article 42. Aucun consensus sur ce point n’étant intervenu depuis, cette pratique est restée d’application.

98La question laissée en suspens concerne les majorités à prévoir pour l’adoption de décisions sur les questions de fonds et sur les questions relatives au mécanisme financier prévu à l’article 11 de la CCNUCC (transferts de ressources financières et partage des technologies avec les pays en développement). Ce blocage concernant le règlement sur les votes s’explique par le fait que les pays dont les intérêts économiques pouvaient se voir menacés par la politique de réduction des émissions de gaz à effet de serre ne voulaient pas que celle-ci leur soit imposée (par une majorité ou une majorité qualifiée). Une autre explication réside dans le fait que les États-Unis, en tant que l’un des plus gros contributeurs au budget de la Convention-cadre, ne souhaitaient pas que des décisions budgétaires leur soient imposées sans leur accord. Dès lors, la prise de décision sur toutes les questions de fond nécessite un consensus, ce qui implique concrètement qu’aucune des Parties n’objecte ouvertement avant le coup de marteau final du président de la COP. Ce procédé a parfois donné lieu à des passages en force, comme à Cancún en 2010 ou à Doha en 2012, où des prises de parole ont été ignorées  [64]. Sur toutes les questions de procédure, les décisions sont normalement prises à la majorité simple des Parties présentes.

99Outre l’adoption de décisions, les travaux de la COP peuvent également déboucher sur des déclarations politiques non contraignantes, qui sont destinées notamment à orienter les travaux à venir. Ainsi, lors de la deuxième session de la Conférence des Parties, la Déclaration ministérielle de Genève a permis de stimuler les négociations en vue de l’adoption du Protocole de Kyoto.

3. De Berlin à Glasgow, 25 années de négociations

100La COP 26 sur les changements climatiques devait se tenir à Glasgow (Écosse), du 9 au 20 novembre 2020. En raison de la crise sanitaire due à la pandémie de Covid-19, l’événement a été reporté à 2021. Il s’agira là d’une COP importante à plusieurs égards. Ses enjeux doivent être éclairés à la lumière d’un quart de siècle de négociations.

3.1. Berlin (1995), la première COP

101La première COP sur les changements climatiques s’est tenue à Berlin en mars 1995. La préparation et l’organisation de l’événement ont été confiées à la ministre allemande de l’Environnement, Angela Merkel. L’Allemagne fait alors figure de modèle en matière environnementale : le pays s’est engagé à réduire de 30 % ses émissions de CO2 entre 1987 et 2005.

102Malgré le faste qui se dégage de cette première session, les observateurs externes et notamment les médias ne sont pas convaincus sur le fond. Lors de cette première réunion des Parties, il règne un certain désenchantement après l’enthousiasme qu’avait suscité l’adoption de la CCNUCC trois ans plus tôt. La COP de Berlin n’aboutit en effet à aucune mesure concrète, à part celle de négocier le Protocole de Kyoto, les 120 gouvernements présents prenant acte de la gravité de la situation et de la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre relevant de l’activité humaine. Les Parties reconnaissent également que les engagements pris à Rio de Janeiro en 1992 s’avèrent insuffisants et inadéquats ; elles mandatent un groupe de travail pour établir un protocole de réduction des émissions des seuls pays développés après 2000  [65].

103La COP2, qui se tient à Genève un an plus tard, est quant à elle principalement marquée par ce que l’on nomme la Déclaration de Genève, qui précise les orientations des négociations alors en cours et accueille favorablement le deuxième rapport du GIEC en considérant que celui-ci constitue « l’évaluation la plus complète et la plus fiable actuellement disponible des informations scientifiques et techniques concernant les changements climatiques mondiaux »  [66]. La Déclaration estime que ce rapport apporte une base de connaissance scientifique suffisamment solide pour justifier un renforcement urgent des actions de lutte contre le réchauffement climatique, en particulier celles des pays de l’Annexe I.

3.2. Kyoto (1997), des objectifs contraignants

104Le deuxième rapport du GIEC, qui date de 1995, fournit l’axe scientifique pour les négociations relatives au Protocole de Kyoto. Ce document fait état d’avancées considérables dans la compréhension de divers aspects physiques du problème, ainsi que dans le développement de modèles couplant l’atmosphère avec les océans et les glaces. C’est dans ce deuxième rapport que, pour la première fois, la part anthropique dans le réchauffement observé de la planète est distinguée des influences naturelles, même si cette part est évoquée de manière très prudente. Les auteurs du rapport pointent l’activité humaine, et notamment l’utilisation de combustibles fossiles, la modification de l’utilisation des sols et l’agriculture comme des facteurs explicatifs du réchauffement observé et de l’élévation du niveau de la mer.

3.2.1. Les premiers engagements

105C’est en 1997 que la COP3, à Kyoto (Japon), permet pour la première fois la mise en place d’un protocole contraignant, avec pour objectif de réduire en moyenne d’au moins 5 %, sur la période 2008-2012, les émissions de gaz à effet de serre des pays engagés, avec pour référence l’année 1990. Les objectifs contraignants ne s’appliquent alors qu’aux pays industrialisés et varient d’un pays à l’autre. Pour l’actuelle UE, la baisse attendue des émissions est alors de 8 %  [67]. Quatre gaz à effet de serre sont concernés : le dioxyde de carbone (CO2), qui est le plus important, le méthane (CH4), le protoxyde d’azote (également appelé oxyde nitreux ou hémioxyde d’azote, N2O) et l’hexafluorure de soufre (SF6), ainsi que deux familles de gaz fluorés : les hydrofluorocarbures (HFC) et les perfluorocarbures (PFC).

106Toutefois, l’entrée en vigueur du Protocole de Kyoto est soumise à la ratification du traité par au moins 55 Parties à la CCNUCC (condition qui sera remplie dès 2003 grâce à la ratification par l’Islande), dont des pays industrialisés responsables collectivement d’au moins 55 % des émissions de CO2 générées par ce groupe en 1990 (condition qui, quant à elle, ne sera honorée qu’en novembre 2004 avec la ratification de la Russie). Le Protocole de Kyoto entre officiellement en vigueur le 16 février 2005, l’année de la COP11 à Montréal. À cette date, le traité implique 128 Parties. À ce jour, 193 Parties (192 États et l’Union européenne) ont déposé leurs instruments de ratification, d’accession, d’approbation ou d’acceptation, à l’exception notable des États-Unis, pays qui ne figure que comme signataire.

107Depuis 2005, la Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties au Protocole de Kyoto (CMP)  [68] se tient en parallèle de la COP sur les changements climatiques. L’organe décisionnel de la CMP ne regroupe que les pays qui ont ratifié le Protocole de Kyoto, ce qui exclut notamment les États-Unis. Les autres pays peuvent toutefois participer à la CMP en tant qu’observateurs.

108Le Protocole de Kyoto distingue les pays industrialisés et les pays en développement. Pour la première période d’engagement du protocole (2008-2012), les pays industrialisés doivent atteindre des objectifs contraignants en matière d’émissions de gaz à effet de serre, tandis que les pays en développement, y compris les pays émergents (Brésil, Chine, etc.), même s’ils sont également tenus de limiter leurs émissions, ne sont soumis à aucun objectif chiffré. Cette distinction est conforme au principe défendu au sein de la CCNUCC, qui veut que les pays industrialisés soient tenus responsables de la majorité des émissions de gaz à effet de serre et soient réputés avoir les moyens institutionnels et financiers de les réduire. Ainsi, si plus de 120 pays ont ratifié le traité en 2005, seuls 37 pays industrialisés seront tenus d’atteindre des objectifs quantitatifs de réduction ou de limitation de leurs émissions de gaz à effet de serre. Il s’agit des pays repris à l’annexe B du protocole.

109Le Protocole de Kyoto est également caractérisé par la création d’un système d’échange international des droits d’émission, en vertu duquel les pays auxquels des objectifs ont été fixés peuvent vendre et acheter entre eux des crédits d’émission. À ce système, sont également couplés deux mécanismes qui permettent une certaine flexibilité dans l’effort à fournir. D’une part, le Mécanisme de développement propre (MDP) permet aux pays contraints par des objectifs chiffrés de mener des projets de réduction des émissions dans des pays dépourvus d’objectifs et de déduire les résultats obtenus de leurs propres objectifs. D’autre part, la Mise en œuvre conjointe (MOC) permet aux pays auxquels des objectifs ont été assignés de mener des projets de stockage de carbone ou de réduction des émissions dans d’autres pays auxquels des objectifs ont été fixés, et de déduire dans ce cas également les réductions ainsi réalisées de leurs propres objectifs.

110Si une Partie n’atteint pas son objectif de réduction des émissions, le Protocole de Kyoto prévoit qu’elle devra rattraper la différence au cours de la deuxième période d’engagement (au-delà de 2012), avec une pénalité de 30 % de réduction supplémentaire. Son droit de vendre des permis d’émission sera par ailleurs suspendu  [69]. Ce procédé s’avérera bancal puisque, en 2011, le Canada décidera de quitter le Protocole plutôt que de se soumettre à cette pénalité. Pour que les engagements des Parties soient réellement contraignants, il faudrait qu’existe une instance internationale ayant le pouvoir de sanctionner les contrevenants  [70]. Or, à l’époque, tout comme au moment de la signature des Accords de Paris de 2015 d’ailleurs, aucun État n’est favorable à la mise en place d’un tel gendarme international qui risquerait d’entraver sa liberté politique et économique. Dès lors, le facteur de contrainte des grands accords internationaux liés au climat réside plutôt dans la pression exercée par les autres Parties, par l’opinion publique et par les ONG.

111Cependant, le Protocole de Kyoto est soutenu par un régime de conformité dont l’objectif est de faciliter, de promouvoir et de faire respecter les engagements pris par les Parties. Le Comité de contrôle du respect des dispositions, chargé d’appliquer ce mécanisme, se compose de deux directions générales : la « chambre de la facilitation », qui vise à fournir des conseils et une assistance aux Parties afin de promouvoir le respect des dispositions, et la « chambre de l’exécution », dont l’objectif est de déterminer les conséquences pour les Parties qui ne respectent pas leurs engagements. Les deux groupes sont composés de dix membres, dont un représentant de chacune des cinq régions officielles des Nations unies (Afrique, Asie, Amérique latine et Caraïbes, Europe centrale et orientale, Europe occidentale et autres), un représentant des petits États insulaires en développement et deux représentants de chacune des Parties visées à l’Annexe I et des Parties non visées à l’Annexe I.

3.2.2. Un bilan très mitigé

112Alors considérés comme le principal pays émetteur de gaz à effet de serre de la planète, les États-Unis (repris à l’annexe B du protocole) refusent en 1997 de ratifier le traité. Ils le signent certes le 12 novembre 1998, mais le président démocrate Bill Clinton précise qu’il ne soumettra pas le texte au vote du Sénat en l’absence d’une réelle implication des pays en développement, qui comptent eux aussi certains gros pollueurs. En 2000, lors de la COP6 à La Haye, puis à Bonn six mois plus tard, et en 2001, lors de la COP7 à Marrakech, les États-Unis se contentent d’un siège d’observateur à la CMP et refusent toute participation active dans les négociations. À New Delhi en 2002, lors de la COP8, sans reconnaître pour autant le Protocole de Kyoto, ils annoncent paradoxalement leur soutien aux pays du Sud. L’idée est de faire valoir clairement qu’ils privilégient le thème de l’adaptation aux changements climatiques et restent opposés à celui de la réduction des émissions de gaz à effet de serre, pourtant central au sein du Protocole de Kyoto et cher aux Européens. Alors que le protocole est sur le point d’entrer en vigueur, l’administration américaine, sous le président républicain George W. Bush, refuse à nouveau, en 2005, tout accord multilatéral contraignant, en justifiant une nouvelle fois sa position par le fait qu’aucune obligation ne pèse sur les pays en développement, et en particulier la Chine et l’Inde, deux des plus importants émetteurs de gaz à effet de serre. Au niveau fédéré cependant, une trentaine d’États américains adoptent des politiques climatiques contenant des objectifs fixés de réduction d’émissions en ligne avec ce qui est prévu par le Protocole de Kyoto.

113Quant à lui, et comme déjà évoqué, le Canada devient, fin 2011, le premier pays à annoncer son retrait du Protocole de Kyoto. Dans ce pays, l’exploitation des sables bitumeux a fait croître rapidement les émissions de gaz à effet de serre (la hausse des émissions de ces gaz est de 18,2 % sur la période 1990-2012). N’ayant pas respecté ses obligations, le Canada risquait de devoir acheter, en guise de compensation, des crédits d’émissions à hauteur de 14 milliards de dollars s’il restait signataire de l’accord  [71]. Il a estimé que le protocole était déséquilibré, refusant d’assumer une telle charge alors que les deux principaux pays émetteurs, les États-Unis et la Chine, ne participent pas à l’effort.

114Pour sa part, la Russie s’est par contre retrouvée dans une position assez favorable par le biais du Protocole de Kyoto. Ce dernier exige que la Russie ne dépasse pas, au cours de la première période d’engagement, le niveau d’émissions enregistré en 1990. Or, au moment de la mise en œuvre du protocole, les émissions de gaz à effet de serre de la Russie, suite à la désindustrialisation qui a accompagné la chute du régime communiste, se situaient quelque 30 % au-dessous de leur niveau de 1990, ce qui signifie que le pays détenait un excès de quotas (ce qui par ailleurs influençait à la baisse les prix sur le marché international d’échange de droits d’émission). Une des raisons pour lesquelles le Protocole de Kyoto a accordé à la Russie un objectif aussi généreux est qu’il a été reconnu que la chute des émissions de gaz à effet de serre de la Russie depuis 1990 était en grande partie due à une diminution de la production énergétique et industrielle, qui a entraîné de graves difficultés économiques. Sont également intervenues des raisons politiques : il s’agissait de soutenir les pays d’Europe de l’Est et de les faire entrer dans le Protocole.

115In fine, les pays engagés par le Protocole de Kyoto atteignent collectivement l’objectif fixé, avec une réduction des émissions de gaz à effet de serre estimée par l’ONU à 24 % entre 1990 et 2012. Mais ce bilan ne concerne que les pays contraints par le protocole, ce qui exclut donc les gros émetteurs que sont les États-Unis, la Chine, l’Inde ou même le Canada. En revanche, il inclut les États de l’ancien bloc de l’Est, dont l’économie s’est effondrée, entraînant une chute importante de leurs émissions de gaz à effet de serre qui ne traduit pas la tendance générale. Tenant compte de ces éléments, certains analystes estiment que l’objectif de réduction de 5 % par les pays engagés à l’origine dans le processus n’a pas été atteint  [72].

116Un autre écueil attribué au bilan du Protocole de Kyoto est le fait que, à l’époque de la signature de ce texte, la grande majorité des émissions provenaient des grands pays industrialisés. Or les signataires n’ont pas suffisamment anticipé l’évolution des émissions produites par certains pays émergents, comme la Chine et l’Inde, au cours des décennies à venir. De leur côté, ces pays se sont opposés avec force à toute mesure menaçant de freiner leur développement économique. Dans ce rapport de force qui oppose le Nord et le Sud, le Nord est pointé du doigt comme le responsable de la situation climatique observée, lui qui a assuré son développement depuis plus de deux siècles en puisant sans restriction dans les ressources naturelles et en émettant des pollutions de tous ordres sans se soucier de leurs conséquences. Le Sud exige donc du Nord des compensations pour un développement « propre ». Mais ces compensations, principalement financières, ne sont accordées qu’à la condition de garanties solides, ce qui alimente, COP après COP, d’interminables débats sur les conditions d’allocation de ces soutiens financiers. Lors de la COP9, à Milan en 2003, il a toutefois été décidé d’adapter le FEM ainsi que deux organes techniques des Nations unies – à savoir le PNUE pour l’environnement et le PNUD pour le développement – afin d’aider les pays en développement à mieux s’adapter aux changements climatiques. À Buenos Aires un an plus tard, un plan d’action a été mis en place pour aider les pays en développement à faire face aux problèmes d’atténuation et d’adaptation qui accompagnent les changements climatiques  [73].

117En l’absence d’acteurs notables tels que les États-Unis et le Canada, et compte tenu du principe d’une responsabilité commune mais différenciée des Parties, à peine un tiers des émissions mondiales étaient visées par le Protocole de Kyoto. Le bilan est donc fort mitigé, même si le traité a eu le mérite de jeter les bases d’un marché du carbone et de consacrer au niveau mondial une prise de conscience politique du problème.

118Pour sa part, avec une baisse globale de 12 % par rapport à 1990, l’UE a atteint et même dépassé l’objectif qui lui avait été assigné par le Protocole de Kyoto. Au sein de l’Europe des Quinze, l’Autriche, le Danemark, l’Espagne et le Luxembourg n’ont cependant pas atteint l’objectif qui leur avait été fixé.

3.3. Copenhague (2009), l’échec

119À partir de 2005, une double négociation s’ouvre : d’une part, pour amener à une interprétation plus large de la politique climatique sous la CCNUCC, qui impliquerait l’ensemble des Parties et plus seulement les pays industrialisés et, d’autre part, pour mettre en place une deuxième période d’engagement du Protocole de Kyoto (2013-2020). À Montréal en décembre 2005, la COP11/CMP1 bat des records de participation et jouit d’une belle couverture médiatique. Dans un document commun aux deux Conférences des Parties, appelé « Processus de Montréal », il est donc question d’envisager l’après-Kyoto, en tenant compte des blocages et écueils expérimentés par le passé et en s’appuyant sur les connaissances scientifiques actualisées et synthétisées dans le troisième rapport du GIEC, publié en 2001  [74].

120En marge des résultats jugés peu significatifs engrangés par la COP12/CMP2 (les grandes discussions sur l’après-Kyoto ayant été reportées à plus tard), la session de 2006, qui se tient à Nairobi (Kenya), est marquée par un désintérêt de l’opinion publique et une incompréhension pour ces grands rendez-vous internationaux dont les répercussions concrètes échappent généralement au plus grand nombre  [75].

121La publication du quatrième rapport du GIEC fait par contre grand bruit, en 2007, puisque ce document est accompagné de l’attribution simultanée du prix Nobel de la Paix au GIEC ainsi qu’à l’ancien vice-président états-unien démocrate Al Gore  [76], pour leur engagement dans la lutte contre les changements climatiques. Dans ce rapport, les experts estiment désormais avec une probabilité de plus de 90 % (contre 67 % dans leur précédent rapport) que les émissions de gaz à effet de serre d’origine anthropique sont responsables des changements climatiques depuis 1950. Ils insistent également sur la problématique de la fonte des glaces en mer polaire, phénomène qui y rend désormais possibles la navigation et l’exploitation des ressources au détriment de la faune et du mode de vie des habitants de ces hautes latitudes. Enfin, ils mettent en garde contre les sécheresses à venir, la perturbation des écosystèmes et l’impact du réchauffement sur les forêts et les zones côtières.

122Si ce quatrième rapport du GIEC a de quoi éveiller les consciences et faire espérer qu’émerge un consensus mondial sur la nature et l’importance du risque que représentent les changements climatiques, force est de constater que le rendez-vous tant attendu de Copenhague (2009), la COP15 censée donner une suite et un second souffle au Protocole de Kyoto, est loin de tenir ses promesses. Deux années de négociations intensives et plusieurs réunions préparatoires ont eu lieu en amont de la COP15, mais sans qu’un consensus ne puisse aboutir, ce qui n’annonçait rien de bon, malgré une audience record des participants à cette quinzième COP (représentants nationaux, journalistes, ONG, scientifiques et au final, chefs d’État et de gouvernement). Accouché dans la douleur, l’Accord de Copenhague ne fixe aucun objectif individuel aux Parties. Mais il reconnaît la nécessité de ne pas dépasser un seuil de réchauffement moyen de la planète de 2°C par rapport à ce qu’il était à l’aube de l’ère industrielle, vers 1850, ce qui est une avancée majeure. Les pays industrialisés doivent proposer des objectifs de réduction, et les pays en développement avancer des mesures nationales adaptées. Mais tout cela reste juridiquement non contraignant.

123Très vite, l’analyse des objectifs que se fixent elles-mêmes les Parties dans les mois qui suivent la signature de l’accord indique que l’effort commun envisagé est nettement insuffisant pour maintenir le réchauffement de la planète sous les 2°C. Cet effort doit donc être intensifié. Il apparaît également évident que davantage de pays doivent être impliqués dans une politique mondiale contraignante, et parmi ceux-ci les États-Unis et certains pays en développement. Par ailleurs, l’adoption d’un accord international sur les changements climatiques pour la période allant au-delà de 2012 est une condition pour avancer sur la question de l’aide à apporter aux pays en développement, en particulier les communautés et les pays les plus exposés aux conséquences des changements climatiques. Sur cette question également, l’Accord de Copenhague en est resté au stade de la promesse : les pays industrialisés se sont engagés à affecter 30 milliards de dollars à un Fonds vert pour le climat (FVC, cf. supra) sur la période 2010-2012, qui doit ensuite passer à 100 milliards de dollars par an « d’ici à 2020 ».

124L’échec de la COP de Copenhague témoigne de l’ampleur des résistances face au défi que représente pour l’économie mondiale la nécessité d’une réduction très importante de l’usage des carburants fossiles, dans un contexte de crise financière et économique et de tensions géopolitiques accrues entre pays développés occidentaux, puissances émergentes et pays en développement  [77]. C’est également à ce moment (novembre 2009) qu’éclate l’affaire dite du Climategate, qui fait suite à la divulgation des courriels de la Climatic Research Unit de l’University of East Anglia (cf. supra).

3.4. Doha (2012), la suite de Kyoto

125Après l’échec de la COP de Copenhague, les ambitions nourries pour Cancún (COP16/CMP6, 2010) sont plus modestes, d’autant que les sessions préparatoires révèlent de nouvelles tensions entre les États-Unis et la Chine. Afin de débloquer la situation, et sur la base de ce qui avait été amorcé à Copenhague, une nouvelle approche est tentée pour encadrer les négociations : plutôt que de chercher à obtenir un accord global « par le haut », qui impose aux Parties des objectifs à atteindre, il s’agit d’identifier, en premier lieu, ce qui est envisageable, tout en restant rentable socialement et économiquement, pour chaque pays. À l’exception de la confirmation de certains points tels que la mise en place du FVC, la COP de Cancún permet également le lancement d’un mécanisme, appelé REDD+ (deuxième mouture de la Réduction des émissions dues à la déforestation et à la dégradation forestière - REDD, lancée en 2008), destiné à endiguer l’exploitation forestière dans les pays en développement en les aidant financièrement à opérer une meilleure gestion du secteur forestier.

126Un an après, à Durban (Afrique du Sud), la COP17/MOP7 est vouée à une nouvelle déception, tant les oppositions sont vives entre les principaux blocs négociant l’avenir climatique mondial : l’Europe et les pays en développement les plus vulnérables aux changements climatiques exigent des mesures contraignantes, face aux États-Unis et aux pays émergents (Afrique du Sud, Brésil, Chine) qui freinent ces ambitions pour des raisons essentiellement économiques. Alors que la session semble devoir se clôturer sur une page blanche, la présidente de la conférence, Maite Nkoana-Mashabane, ministre sud-africaine des Affaires étrangères, décide de jouer les prolongations avec les délégués encore présents ; elle obtient alors une feuille de route pour les années à venir, qui, fait historique, reçoit l’adhésion des « grands acteurs climatiques » que sont les États-Unis, le Japon, la Russie, la Chine et l’Inde. L’accord, dénommé « Plateforme de Durban », stipule que les termes d’un nouveau traité, s’appliquant à tous les pays, doivent être définis pour 2015 et entrer en vigueur en 2020.

127C’est également à Durban que le FVC est rendu opérationnel. Cependant, le défi concernant le financement de la question climatique au niveau international reste entier puisque, pour rappel, les pays industrialisés se sont engagés à une aide annuelle de l’ordre de 100 milliards de dollars en 2020. Les moyens d’y parvenir sont encore à définir.

128Concernant le Protocole de Kyoto, une deuxième période d’engagement de huit ans (2013-2020) est entérinée lors de la COP18 à Doha, fin 2012. Le vide juridique dans lequel le monde allait entrer inexorablement après la fin du Protocole de Kyoto (appelé maintenant Kyoto 1), le 31 décembre 2012, est évité de justesse. L’opération se traduit par un engagement a minima sur une prolongation du protocole jusqu’au 31 décembre 2020. Appelé Kyoto 2, ce texte prend la forme d’un amendement au Protocole de Kyoto.

129De nouveaux objectifs sont fixés pour les pays engagés dans le processus. Mais les pays impliqués dans cette seconde phase du Protocole de Kyoto ne représentent que 15 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Le Canada, sorti du système en 2011 (cf. supra), le Japon, la Nouvelle-Zélande et la Russie ont refusé de poursuivre leurs efforts de réduction dans un cadre ne s’appliquant pas à la Chine et aux États-Unis. Les négociations ont également été rendues difficiles par des désaccords sur la gestion des droits d’émissions liés à la première période d’engagement. Les pays d’Europe de l’Est ont connu une forte désindustrialisation au moment de l’effondrement de l’URSS. Sans effectuer d’efforts environnementaux particuliers, ils ont pu accumuler de grandes quantités de quotas qui sont venues inonder le marché carbone et faire baisser les cours.

130La deuxième période d’engagement implique des efforts chiffrés pour 37 pays industrialisés (les 27 États membres de l’UE, l’Australie, la Biélorussie, la Croatie, l’Islande, la Norvège, la Suisse, l’Ukraine et certains petits États comme le Liechtenstein et Monaco). Dans ce cadre, l’UE, ses États membres et l’Islande se sont engagés à réduire leurs émissions moyennes et conjointes d’environ 20 % par rapport à 1990.

131Il est prévu que l’entrée en vigueur de l’amendement de Doha soit soumise à l’acceptation ou à la ratification d’au moins trois quarts des Parties impliquées dans le Protocole de Kyoto. Mais la ratification de la deuxième période d’engagement du Protocole de Kyoto s’avère, contrairement à ce qui sera le cas pour l’Accord de Paris, extrêmement lente. La Belgique ratifie officiellement l’amendement de Doha le 14 novembre 2017, en marge du Sommet climatique de Bonn (COP23) ; quant à elle, l’UE le ratifie le 21 décembre suivant. Les États membres de l’UE, Allemagne et Suède en tête, mettent déjà en œuvre l’amendement de Doha via une législation européenne équivalente dans la pratique. La Pologne, dont la production d’électricité dépend encore à 90 % du charbon, s’oppose cependant longtemps à une prolongation du Protocole de Kyoto, avant de déposer ses instruments d’acceptation de l’amendement de Doha le 28 septembre 2018.

132Finalement, les 144 instruments d’acceptation de l’amendement de Doha nécessaires sont reçus par le dépositaire des traités des Nations unies à New York le 2 octobre 2020, après la ratification par la Jamaïque et le Nigéria, avec une entrée en vigueur officielle prévue dans les 90 jours qui suivent, soit le 30 décembre 2020, c’est-à-dire un jour avant que la période visée par cet amendement ne se termine. Le modeste objectif de cet amendement est alors déjà dépassé. L’ONU a en effet déclaré, à l’occasion de cette ratification tardive, que « les pays développés qui ont des objectifs au titre de la deuxième période d’engagement du Protocole ont appliqué provisoirement l’amendement en attendant son entrée en vigueur. Les données les plus récentes montrent que pour ces pays, le total des émissions globales de gaz à effet de serre en 2018 était inférieur de 25,3 % à celui de 1990 »  [78]. L’objectif commun qui leur avait été assigné était une réduction de 18 % par rapport au niveau de 1990. L’entrée en vigueur de l’amendement de Doha est donc avant tout symbolique : il permet de clore le régime de Kyoto, qui a montré ses limites en termes de réductions obtenues, au moment où le régime de Paris prend le relais.

133En effet, compte tenu du peu de mobilisation autour de la deuxième phase d’engagement du Protocole de Kyoto, la COP21, organisée à Paris à la fin de l’année 2015, a concentré des attentes importantes avec un objectif premier : parvenir, comme le prévoit la Plateforme de Durban, à un accord global qui soit juridiquement contraignant pour les 196 Parties et qui prenne le relais du Protocole de Kyoto à partir de 2020.

3.5. Paris (2015), un accord mondial

134La COP19, à Varsovie en 2013, et la COP20, à Lima (Pérou) en 2014, posent essentiellement les bases du futur accord mondial attendu à Paris fin 2015. Les difficultés restent nombreuses : peu d’engagements sur le volet financement de la part des pays industrialisés  [79], oppositions du côté de l’Australie ou des États-Unis, repli du Japon  [80], fortes réticences des pays émergents à s’engager sur leurs propres réductions d’émissions, travail de lobby de l’industrie du charbon  [81], etc.

3.5.1. Les contributions nationales volontaires

135À Varsovie, les négociations aboutissent à la concrétisation du mécanisme REDD+ et à la mise en place d’un mécanisme international pour les pertes et préjudices associés aux impacts des changements climatiques. Les décisions prises lors de la COP de Varsovie permettent également d’opérationnaliser le système Measuring, Reporting and Verification (MRV) du régime climatique post-2012, après des années de discussions difficiles. Ce système offre un cadre pour vérifier les progrès effectués par les pays développés dans la mise en œuvre de leurs objectifs quantifiés.

136Quant à elle, la COP20 de Lima est totalement consacrée à la préparation de la COP21 de Paris. Il y est essentiellement question de la portée des contributions nationales volontaires. Pour parvenir à l’objectif défendu dans la CCNUCC (à savoir « la stabilisation de la concentration des gaz à effet de serre dans l’atmosphère à un niveau qui empêchera toute perturbation anthropique dangereuse du système climatique »), quatre types d’action ont, dès la signature de la Convention-cadre, été envisagés : des actions d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre (sur lesquelles repose le Protocole de Kyoto), des actions d’adaptation aux effets négatifs des changements climatiques, des actions de développement et de transfert technologiques, et des actions de financement afin de permettre la mise en place de mesures d’atténuation et d’adaptation dans les pays en développement. En matière de contributions nationales pour parvenir à cet objectif, les Parties ont d’abord opté, dans le cadre du Protocole de Kyoto, pour une approche « descendante », avec des engagements contraignants imposés aux pays industrialisés. Ce procédé a montré ses limites et, à Copenhague, c’est une approche « ascendante » qui a été retenue. Cette nouvelle logique repose sur le respect de la souveraineté des États et le pari que ceux-ci prendront des engagements volontaires suffisamment ambitieux pour assurer le respect de l’objectif d’un réchauffement global maximum de 2°C retenu dans l’Accord de Copenhague. Dans le prolongement de cette approche, l’Appel de Lima (qui est le document officiel qui résulte de la COP20) invite les Parties à faire part de leurs « contributions prévues déterminées au niveau national » (CPDN)  [82] dès le 1er trimestre 2015. Il s’agit d’engagements indicatifs qui seront proposés dans la perspective des négociations qui s’entameront à Paris en décembre 2015.

137Ces contributions nationales comportent des objectifs en matière d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre et/ou d’adaptation aux effets des changements climatiques. L’axe de l’atténuation est souvent privilégié par les pays industrialisés, qui figurent parmi les plus gros émetteurs de la planète. Les contributions liées à des objectifs d’atténuation peuvent notamment porter sur des politiques de transition vers les énergies renouvelables au détriment des énergies fossiles ou sur des programmes de préservation des forêts (qui absorbent le CO2). Les pays les moins avancés (PMA) et les petits États insulaires en développement (PEID) ne sont pas tenus de présenter un objectif de réduction, mais ils peuvent simplement transmettre leur stratégie de prise en compte des changements climatiques (adaptation). Il peut par exemple s’agir d’investissements dans des cultures résistantes aux inondations ou aux fortes chaleurs, ou au renforcement des défenses pour protéger les zones côtières contre l’élévation du niveau de la mer. Selon l’Appel de Lima, les objectifs que les pays se fixent individuellement doivent être plus ambitieux que les engagements qu’ils ont déjà pris par le passé. Le secrétariat de la CCNUCC élabore pour le 1er novembre 2015 une synthèse des CPDN reçues dans les temps.

138L’Accord de Paris sur le climat est conclu le 12 décembre 2015 entre 195 pays, au terme de la COP21  [83]. Il entre en vigueur le 4 novembre 2016, après que 55 États, représentant 55 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, ont ratifié l’accord.

139La principale faiblesse souvent pointée du doigt concernant le Protocole de Kyoto consistait dans le fait que seuls quelques dizaines de pays s’étaient vus réellement contraints par le processus : les pays industrialisés ayant ratifié le traité (cf. supra). Le système des contributions nationales volontaires permet de restaurer un peu de confiance entre les Parties et permet d’envisager une approche internationale plus inclusive et rassembleuse. Car à Paris, comme à Kyoto presque vingt ans plus tôt, les Parties s’opposent à la mise en place d’une instance supranationale qui entraverait leur liberté d’action politique et économique en les contraignant, sanctions à l’appui, à respecter leurs engagements. Les États-Unis, tout particulièrement, se sont toujours refusés à l’idée d’une quelconque souveraineté supranationale qui puisse condamner un État. Or à Paris, il est essentiel que les États-Unis soient partie prenante de l’accord, condition évidente pour que la Chine elle aussi s’y engage. Pour que la COP21 soit un succès et que les engagements pris restent contraignants même si l’Accord de Paris ne prévoit ni comité de contrôle ni mécanisme de sanction, les Parties s’accordent sur un modèle transparent de comptabilité des émissions de chacun : chaque Partie a désormais l’obligation de préparer, de communiquer et de respecter des contributions déterminées au niveau national (CDN)  [84]. Une révision des objectifs nationaux doit intervenir tous les cinq ans. Si aucune sanction n’est à proprement parler prévue par l’Accord de Paris, la contrainte réside ici dans la pression exercée par les Parties elles-mêmes, les observateurs internationaux, l’opinion publique et la société civile.

3.5.2. Limiter le réchauffement bien en dessous de 2°C

140L’objectif central de l’Accord de Paris est de maintenir l’élévation de la température moyenne de la planète « bien en dessous de 2°C » par rapport aux niveaux préindustriels, en poursuivant l’action menée pour limiter cette élévation à 1,5°C. Cette dernière mention a été réclamée par les pays les plus vulnérables aux changements climatiques. Il s’agit là d’un objectif très ambitieux, puisque l’analyse des contributions nationales volontaires remises à l’ONU avant le 31 octobre 2015 indique une trajectoire globale de réchauffement proche de 3°C à l’horizon 2100. C’est pour infléchir cette tendance, sur une base volontaire à nouveau, qu’il est exigé de chaque État signataire qu’il procède à une réévaluation toujours plus stricte de ses engagements tous les cinq ans, à partir de 2020. Un inventaire global des émissions reposant sur l’analyse de ces engagements nationaux devra permettre d’évaluer les progrès enregistrés dans la mise en œuvre de l’Accord. Toutes les Parties doivent également remettre au secrétariat de la CCNUCC, pour 2020 au plus tard, des stratégies nationales à long terme pour le respect des objectifs portés par l’Accord.

141L’Accord de Paris prévoit également d’atteindre entre 2050 et 2100 un équilibre entre les émissions anthropiques de gaz à effet de serre et les absorptions anthropiques par les « puits de gaz à effet de serre », tels que les forêts ou les techniques de capture et de stockage du carbone. Le rapport spécial du GIEC sur un réchauffement de 1,5°C a précisé que, pour ne pas dépasser le seuil de 1,5°C, les émissions mondiales de CO2 doivent baisser de 91 à 97 %  [85] d’ici 2050 par rapport au niveau de 2010, sachant qu’elles ont augmenté en moyenne de près de 2 % par an depuis 2000.

3.5.3. Un cas particulier : les États-Unis

142Ayant fait l’objet d’une attention médiatique comparable à celle du Protocole de Kyoto, l’Accord de Paris marque un tournant dans la prise de conscience générale : il est urgent d’agir. Sur les 195 signataires de l’accord, 188 ont à ce jour déposé des instruments de ratification, d’acceptation, d’approbation ou d’adhésion. Ce traité bénéficie ainsi d’une large adhésion, avec toutefois un cas particulier, celui des États-Unis. En effet, ceux-ci ratifient le texte en septembre 2016, sous le président démocrate de Barack Obama. Mais le 1er juin 2017, son successeur à la Maison-Blanche, le républicain Donald Trump, annonce le retrait de son pays de l’Accord de Paris. Ce retrait devient officiel le 4 novembre 2020, soit le lendemain des élections qui consacrent finalement l’ancien vice-président de B. Obama, Joe Biden, 46e président des États-Unis.

143Comme candidat démocrate à la Maison-Blanche, J. Biden a indiqué à plusieurs reprises son intention de faire revenir les États-Unis dans l’Accord de Paris. Le président élu en a fait la demande officielle auprès de l’ONU le jour de son investiture, le 20 janvier 2021. Les États-Unis reviendront trente jours plus tard dans l’Accord de Paris. J. Biden s’est également engagé à faire adopter un objectif de neutralité carbone de son pays pour 2050 au plus tard, emboîtant ainsi le pas à d’autres gros pollueurs mondiaux tels que la Chine (pour 2060), le Japon ou l’UE. Il s’agit là d’un signal fort mais insuffisant pour les spécialistes de la question, qui estiment que même si l’action de la société civile états-unienne (États, villes, entreprises, etc.) a permis de limiter les dégâts de l’administration Trump sur la question climatique, seul un réengagement fédéral volontariste servi par des objectifs ambitieux et la capacité d’influence des États-Unis sur d’autres pays gros émetteurs (Australie, Brésil, Inde, etc.) permettrait d’envisager le respect de l’Accord de Paris  [86]. Le poids réel de l’administration Biden dans les décisions prises sur ces dossiers est crucial ; en cela, le fait d’avoir obtenu la majorité au Sénat, en janvier 2021, est un atout. Car l’enjeu politique, économique et social est de taille pour le nouveau président : il ne s’agit ni plus ni moins que de transformer le système énergétique des États-Unis, qui sont aujourd’hui, en raison notamment de l’exploitation du gaz de schiste, le plus gros producteur de pétrole et de gaz au monde.

144Par ailleurs, certains spécialistes ne sont pas convaincus de la portée positive d’un retour des États-Unis dans l’Accord de Paris. D’abord, parce que ce pays devra s’intégrer dans une dynamique et des rapports de force déjà dessinés, avec la Chine et l’UE comme acteurs principaux. Surtout, parce que ce va-et-vient états-unien décrédibilise l’importance et la portée des accords internationaux sur le climat  [87]. Cela étant, les États-Unis sont un acteur incontournable dans la lutte contre le réchauffement climatique et leur influence sur les négociations est incontestable. La politique climatique qui sera adoptée par l’administration Biden sera déterminante.

3.6. Katowice (2018), un cadre opérationnel

145Dès 2016, une COP liée par l’Accord de Paris a lieu annuellement, en parallèle de la COP liée par la CCNUCC. Il s’agit de la Conference of the Parties Serving as the Meeting of the Parties to the Paris Agreement (CMA).

146Les COP postérieures à la COP21 doivent préparer la mise en œuvre effective de l’Accord de Paris, qui doit prendre effet au plus tard le 1er janvier 2021, prenant ainsi le relais du Protocole de Kyoto. Suite au Sommet de Paris, des mandats sont délivrés à plusieurs organes pour avancer sur la concrétisation des grands axes dessinés par l’Accord. Des organes sont ainsi constitués ou renforcés pour les volets « Adaptation » (Comité de l’adaptation  [88]), « Financement » (FVC et Comité permanent des finances  [89]), « Partage des technologies », « Transparence et comptabilisation », etc. Les organes subsidiaires de la CCNUCC, à savoir l’OSAST et l’OSMEO, sont eux aussi mis à contribution : ils ont reçu des mandats spécifiques supplémentaires pour la révision des mécanismes de marché (qui régulent les échanges d’émissions de CO2 en permettant aux pays les moins pollueurs de revendre des quotas à ceux qui émettent le plus). Enfin, un groupe de travail ad hoc sur l’Accord de Paris est chargé de préparer la mise en œuvre de celui-ci et d’encadrer les CMA à venir. À travers cette multiplication d’organes en charge de traduire l’Accord de Paris en règles et en modalités pratiques, on assiste également à une complexification des négociations à venir. Les sujets sur lesquels il faut aboutir ne manquent pas : comptabilité des mesures d’atténuation et d’adaptation, mise au point d’un mécanisme d’observation et de transparence, concrétisation du cycle quinquennal d’ambition, mise en place d’un nouveau mécanisme de marché, mise en place d’un mécanisme international pour les pertes et préjudices associés aux impacts des changements climatiques décidé à Varsovie, etc.

147Tous ces points sont abordés à Marrakech en 2016 lors de la COP22. Mais cette première COP post-Accord de Paris doit surtout régler des problèmes organisationnels et de timing, du fait que personne ne s’attendait à une ratification aussi rapide du texte négocié un an plus tôt. Les Parties se mettent d’accord pour une mise en œuvre des règles de l’Accord de Paris (« Paris Rulebook ») pour la fin de l’année 2018. Par ailleurs, une analyse a été menée conjointement par les pays donateurs qui se sont engagés à un financement climatique annuel en faveur des pays en développement de l’ordre de 100 milliards de dollars à l’horizon 2020. Sur cette base, il apparaît que le financement public des pays développés devrait passer de 41 milliards au cours de la période 2013-2014 à 67 milliards d’ici 2020. L’analyse projette que, en couplant cette somme au financement mobilisé par le secteur privé, les 100 milliards de dollars devraient être atteints en 2020. Sur cette question, les ONG nuancent toutefois les avancées obtenues, en précisant que ces montants incluent des prêts, qui sont d’ailleurs davantage en augmentation que les dons. Il est donc difficile d’évaluer la valeur réelle des financements accordés. Par ailleurs, ces mêmes ONG estiment que les besoins se chiffrent en milliers de milliards de dollars  [90].

148La COP23, à Bonn en 2017, est la première conférence climatique majeure à avoir lieu sous la présidence d’un petit État insulaire, avec le soutien logistique de l’Allemagne : les Îles Fidji. Cette COP se déroule dans une ambiance particulière, suite à l’annonce du retrait des États-Unis de l’Accord de Paris. Le leadership des négociations revient alors à la Chine et à l’UE, alors que tous les regards se tournent déjà vers la COP24 qui se déroulera à Katowice (Pologne).

149Souhaitant donner l’exemple à la veille de celle-ci, le Conseil de l’Union européenne approuve, le 4 décembre 2018, deux directives  [91] et un règlement  [92], qui appartiennent au paquet « Une énergie propre pour tous les Européens » et qui devront permettre une révision à la hausse de l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre de l’UE pour 2030, de 40 % à 45 %, par rapport à 1990.

3.6.1. Le « Paris Rulebook »

150Il est vrai que la COP24 concentre beaucoup d’attentes, même si la mobilisation politique s’y révèle finalement assez timide, avec peu de représentants politiques de très haut niveau présents. Malgré une présidence polonaise ressentie comme assez molle, et un dépassement du timing officiel prévu d’environ trente heures, les négociations aboutissent à un accord sur un cadre opérationnel pour l’Accord de Paris, intervenu trois ans plus tôt : le « Paris Rulebook ». Cette étape cruciale permettra la mise en œuvre effective de l’accord à partir du 1er janvier 2021.

151En effet, ce manuel pratique indique ce qui doit figurer dans les contributions déterminées au niveau national (CDN). Une fois rendues publiques, les contributions annoncées par les Parties concernant le volet « Atténuation des émissions de gaz à effet de serre » ont un caractère obligatoire, ce qui n’est pas le cas pour les contributions annoncées pour le volet « Adaptation [aux changements climatiques] », dont la concrétisation repose toujours sur une base volontaire. C’est là l’un des grands enjeux des négociations de la COP24, et précédemment de l’Accord de Paris, car certains craignent que, de la sorte, les CDN se limitent à une approche purement comptable de réduction des émissions.

152Le « Paris Rulebook » explicite également le mécanisme de transparence auquel sont soumises les Parties. Tous les deux ans, chaque pays devra préparer un rapport de transparence, incluant un inventaire national sur les émissions de gaz à effet de serre, des informations pour suivre les progrès dans la mise en œuvre des CDN et, le cas échéant, des informations sur les actions d’adaptation et sur les soutiens fournis ou reçus. Les pays seront tenus d’utiliser des méthodologies reconnues par le GIEC pour comptabiliser leurs émissions de gaz à effet de serre secteur par secteur, ce qui permettra de renforcer la fiabilité et la comparabilité du procédé. A posteriori, ces rapports seront ensuite soumis à une évaluation d’experts mais aussi des autres Parties (sous la forme de questions et discussions). Des règles plus souples sont prévues pour les pays en développement. Le premier de ces rapports bisannuels n’est toutefois attendu qu’en 2024.

153Un autre élément central pour la concrétisation de l’Accord de Paris est l’organisation, tous les cinq ans, d’un bilan mondial des actions menées pays par pays. Des critiques concernent cependant le fait que la société civile serait insuffisamment impliquée dans le processus.

3.6.2. Le cri d’alarme du GIEC

154Si les avancées obtenues lors de la COP de Katowice sont accueillies avec satisfaction par les mandataires politiques, c’est l’inquiétude qui règne du côté des scientifiques, qui estiment que la lutte contre les changements climatiques ne va pas assez loin et, surtout, pas assez vite. Dans ce sens, ils évoquent les conclusions alarmantes du rapport spécial publié par le GIEC le 8 octobre 2018  [93]. Ce rapport étudie, suite à une demande émanant de la COP21, les conséquences d’un réchauffement planétaire supérieur à 1,5°C par rapport aux niveaux préindustriels. Selon ce rapport, limiter le réchauffement à 1,5°C implique impérativement de diviser par deux des émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial d’ici 2030  [94] et de tendre vers la neutralité carbone (émissions nettes nulles) d’ici 2050.

155Selon les scientifiques, le climat mondial s’est déjà réchauffé de 1°C environ en moyenne par rapport à l’ère préindustrielle. Au rythme des émissions actuelles, le réchauffement climatique atteindra 1,5°C entre 2030 et 2050. Or, sans rehaussement de l’ambition des pays signataires de l’Accord de Paris et sans mise en œuvre immédiate des mesures nécessaires, le réchauffement climatique global devrait atteindre 3°C d’ici 2100 (certains scientifiques tablant même plutôt sur un réchauffement de l’ordre de 5°C). Seules, les émissions passées de gaz à effet de serre ne conduisent pas à un réchauffement au-delà de 1,5°C. Il est donc encore possible, du point de vue géophysique, de freiner la hausse de la température globale et de limiter les dégâts pour l’humanité et pour l’environnement. Lors de la présentation du rapport du GIEC, Jim Skea, membre de l’Imperial College of Science, Technology and Medicine de Londres et co-président du Groupe de travail III du GIEC, pointe du doigt la responsabilité des actuels décideurs politiques : « Les lois de la physique et de la chimie permettent de limiter la hausse à 1,5°C, ainsi que les technologies, le changement des modes de vie et les investissements. La dernière chose, à laquelle les scientifiques ne peuvent répondre, c’est si c’est faisable politiquement et institutionnellement ».

156Les pays de l’OPEP, l’Arabie saoudite en tête, accueillent très mal ce rapport du GIEC. Toutefois, suite à ce cri d’alarme des scientifiques, nombreux sont ceux qui espèrent des promesses d’engagement fermes sur une hausse des ambitions État par État. En effet, chaque Partie a jusqu’en 2020 pour soumettre une révision des contributions nationales volontaires déposées dans le cadre de l’Accord de Paris en 2015. Les engagements pris alors sont insuffisants, puisqu’ils mettent la planète sur une trajectoire de réchauffement de 3°C dans le meilleur des cas. Suite au rapport du GIEC, les observateurs guettent un signal ferme annonçant déjà des objectifs revus à la hausse, sans attendre 2020. Ce ne sera pas le cas. Seuls deux pays annoncent formellement leur intention de réviser à la hausse leurs engagements climatiques à travers leur contribution nationale : les Îles Marshall et les Îles Fidji. En parallèle, 25 pays, dont plusieurs pays de l’UE (Allemagne, Danemark, Espagne, Finlande, France, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Portugal, Suède, Royaume-Uni), rassemblés au sein d’une « coalition de la haute ambition » créée lors de la COP21, signent de leur côté une déclaration  [95] qui les engage à relever leur ambition climatique avant la fin 2020 via leurs contributions nationales, leur stratégie de long terme et/ou des actions de court terme.

3.6.3. L’avenir du marché du carbone

157Quant à elle, la question de la mise en place de nouvelles règles pour le marché du carbone est reportée à plus tard. Le marché du carbone reste un mécanisme essentiel dans la politique climatique internationale. Tout d’abord, en raison du fait que permettre aux pays d’échanger des crédits d’émission assure une certaine flexibilité à cette politique climatique menée au niveau mondial. Ensuite, parce que ce système permet au secteur de l’aviation de s’acquitter de ses obligations en la matière (en achetant des droits d’émission). Toutefois, ce système doit désormais être repensé. En effet, le Protocole de Kyoto, qui n’imposait des objectifs de réduction qu’aux pays industrialisés, prévoyait des mécanismes de marché (« mécanismes de flexibilité ») qui permettaient à ces pays de réaliser une partie de leurs réductions d’émissions dans d’autres pays en échange de crédits d’émission. Mais avec l’Accord de Paris, en vertu duquel toutes les Parties sont désormais censées assurer leurs CDN, une révision du système est nécessaire. La grande difficulté réside ici dans le fait que certains pays souhaiteraient ouvrir la porte à un système de double comptage des quotas d’émissions échangés. Les réductions d’émission de gaz à effet de serre seraient comptabilisées à la fois dans le pays les ayant réellement effectuées et dans celui ayant réalisé l’achat de quotas d’émissions. Un tel procédé réduirait considérablement la portée de l’Accord de Paris en surévaluant les réductions d’émission atteintes  [96].

158Un autre grand dossier n’a pas trouvé d’issue lors de la COP24, à savoir celui relatif à la reconnaissance des pertes et dommages subis par les pays les plus vulnérables, porté par le Mécanisme international de Varsovie pour les pertes et préjudices associés aux impacts des changements climatiques (MIV). Enfin, un autre grand écueil de cet accord sur le cadre opérationnel de l’Accord de Paris réside dans le fait que des principes clés, tels que le respect des droits humains, la sécurité alimentaire et le principe de transition juste, ne figurent pas dans le texte. Il s’agit là d’un pari très risqué, estime la société civile, car de nombreuses actions de lutte contre le dérèglement climatique pourraient avoir un impact sur ces droits.

3.7. Glasgow (2021), la COP post-posée

159Après le désistement du Brésil (suite à l’élection de son président, Jair Bolsonaro) à accueillir la COP25, c’est au Chili que doit se tenir ce nouveau sommet international. Mais suite à un important mouvement de contestation sociale, le gouvernement chilien y renonce, et c’est finalement à Madrid que se tient, à la fin de l’année 2019, la COP25, sous présidence chilienne.

160Cette COP est décevante à plus d’un titre. Tout d’abord, même si l’échéance de 2020 (année butoir de révision des contributions nationales) se rapproche, et malgré les conclusions émises dans le dernier rapport du GIEC, aucun signal politique fort n’est émis. Ensuite, même si une ébauche de texte est mise sur la table en fin de sommet, la question du marché du carbone n’est toujours pas tranchée. Les pays en développement demandent qu’un pourcentage des unités échangées serve à financer leurs frais d’adaptation aux changements climatiques. De leur côté, les pays développés sont prêts à accepter une contribution volontaire aux frais d’adaptation, mais refusent un prélèvement obligatoire et automatique des unités. Un autre souci réside dans le fait que la Chine, l’Inde et surtout le Brésil ont accumulé un grand nombre de quotas sous le précédent régime de flexibilité et souhaitent continuer à en disposer après 2020, quitte à affaiblir des objectifs déjà insuffisants pour maintenir la hausse globale des températures bien en dessous de 2°C.

161C’est à Glasgow, en Écosse, qu’est censée se tenir en 2020 la COP26, en partenariat avec l’Italie. Toutefois, le 1er avril 2020, le secrétariat de la CCNUCC annonce que cette session sera reportée d’un an en raison de la crise sanitaire due à la pandémie de Covid-19. Finalement, la COP26 se déroulera en principe à Glasgow du 1er au 12 novembre 2021.

162Les enjeux de cette nouvelle session sont importants. Cinq ans après la COP21, elle devait être la première étape clé permettant de vérifier l’état d’avancement de la mise en œuvre de l’Accord de Paris. Or une échéance importante dans le cadre des négociations climatiques est passée quasiment inaperçue en cette année particulière de pandémie. Selon l’Accord de Paris  [97], les Parties avaient jusqu’au 9 février 2020 pour soumettre une révision des contributions nationales déposées à l’occasion de l’Accord de Paris. Soit « au moins neuf à douze mois avant la session pertinente de la Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties à l’Accord de Paris ». Avec le report de la COP26, cette date symbolique est postposée d’un an également. Toutefois, il est frappant de constater que, au moment de l’annonce du report de la COP 26, seules six Parties avaient déposé une version actualisée de leurs contributions nationales : par ordre chronologique, les Îles Marshall (qui ont déjà soumis une seconde version de leurs contributions), le Surinam (qui en est également à sa seconde version), la Norvège, la Moldavie, Singapour et le Japon. Depuis lors, ces six Parties ont été rejointes par 63 pays et l’Union européenne (comptant pour une Partie)  [98].

163Sachant que, dans leur version actuelle, les contributions nationales ne permettent pas de rencontrer collectivement l’objectif de l’Accord Paris  [99], il sera particulièrement important de guetter les nouveaux engagements proposés avant la tenue de la COP26. À cet égard, un rapport conjointement publié par la CCNUCC et le PNUD en septembre 2019 indique, sans identifier nommément les pays concernés, que 75 Parties (comptant pour 37 % des émissions mondiales) ont indiqué leur intention de revoir à la hausse l’ambition de leurs contributions nationales, par l’adoption de mesures soit de réduction des émissions, soit d’adaptation, soit à la foi de réduction des émissions et d’adaptation  [100]. En revanche, 122 Parties (représentant 63 % des émissions mondiales) n’envisagent pas une telle révision à la hausse. D’ailleurs, 14 Parties (comptant pour 26 % des émissions mondiales) n’envisageraient même pas de soumettre des contributions nationales révisées en 2020.

164La crise sanitaire due à la pandémie de Covid-19 a porté un coup considérable à l’économie mondiale ; dès lors, nombreux sont les experts et les ONG qui craignent que les projets de relance qui succéderont à cette crise n’occultent complètement les enjeux climatiques. À moins que, au contraire, les plans de relance ne s’orientent vers une transformation des modèles économiques en place, avec une priorité accordée aux investissements durables. La COP26 a été reportée d’un an, ce qui équivaut à une annulation pour un sommet annuel et donne l’impression que la question climatique et ses enjeux peuvent faire l’objet d’une pause. Or le problème du réchauffement reste entier et urgent. Outre le renforcement nécessaire des ambitions nationales, cette COP26 devait également traiter d’autres questions en suspens, comme la mise en place d’un nouveau mécanisme de marché ou le lancement des négociations pour définir de nouveaux engagements en matière de financement. En effet, un nouvel objectif collectif de financement d’ici à 2025 doit être négocié par les pays développés, avec un plancher fixé à 100 milliards de dollars annuels. Ces discussions s’annoncent elles aussi très difficiles dans un contexte post-Covid.

165Le premier bilan mondial prévu par l’Accord de Paris est programmé pour 2023 et sera renouvelé tous les cinq ans par la suite. Pour ce qui est des contributions nationales, de nouvelles copies sont donc attendues pour au plus tard neuf mois avant la COP de Glasgow. La révision suivante est fixée à 2025.

Conclusion

166Le dérèglement climatique actuellement à l’œuvre et l’implication de l’activité humaine dans ce phénomène ne sont scientifiquement plus contestables. Déjà visibles à de nombreux endroits du globe, les effets du changement du climat sont multiples : fonte des glaces, élévation du niveau des mers, conditions météorologiques extrêmes, etc. Cette évolution a un impact, appelé à être croissant, sur la biodiversité, ainsi que sur l’homme et son habitat. Si le scepticisme a longtemps tenu le problème à distance de la sphère publique, appuyé par le discours des lobbys industriels et des exploitants des énergies fossiles, la conscience collective est aujourd’hui au fait des enjeux climatiques et réclame que des actions soient menées. Cette conscience s’exprime à des degrés divers et ne mobilise certes pas chacun de la même manière mais, aujourd’hui, la question du réchauffement climatique global ne peut plus échapper au débat public.

167Si l’action en faveur d’une lutte contre le dérèglement climatique était autrefois la prérogative de quelques grandes ONG environnementales, elle s’exprime désormais à tous les niveaux de la société civile, avec une mobilisation et une visibilité toujours plus importantes. À ce titre, l’année 2019 a été rythmée par les marches estudiantines ou mondiales en faveur du climat, par des actes de désobéissance civile visant à dénoncer l’inaction politique, et par les interventions très médiatiques de la jeune militante suédoise Greta Thunberg. Alors que l’urgence climatique se clame sur le pavé, en Europe, les décideurs politiques puisent dans ces mouvements une certaine légitimité pour pousser plus avant les mesures déjà prises : à la fin de l’année 2019, ils ont adopté le Pacte vert (ou Green Deal) européen. Si des écueils légitimes subsistent dans la mise en pratique concrète de tels grands plans d’action multilatéraux, ceux-ci ont au moins le mérite d’exister, de fixer des objectifs et d’esquisser des lignes directrices. Sans surpasser les autres, le climat est devenu l’une des questions incontournables que l’Union européenne souhaite traiter. Mais les enjeux économiques, sociétaux et géopolitiques liés à la question du réchauffement climatique global sont colossaux et, surtout, ils ne recouvrent pas les mêmes difficultés d’adaptation d’une région du globe à l’autre, ni d’un pays à l’autre. Si le dérèglement climatique concerne bel et bien la planète dans son entièreté, le défi que représente le fait de parler d’une seule voix et d’agir d’une seule main au niveau mondial reste entier. Observateur, le monde scientifique crie quant à lui à pleins poumons que l’urgence d’agir n’est en rien rencontrée.

168En 2020, l’urgence climatique a été presque complètement éclipsée par une autre urgence, sanitaire et socio-économique celle-là : la lutte contre la pandémie de Covid-19 et ses effets. Le 1er avril 2020, l’annonce d’un report de la Conférence des Parties (COP) est tombée. La COP26 aura bien lieu à Glasgow, comme prévu initialement, mais en novembre 2021, soit avec un an de retard. Comment analyser le poids d’une telle décision ? Dans un premier temps, il s’agit de rappeler le rôle et l’importance de ce rendez-vous annuel très médiatisé. Si cette grand-messe rassemblant responsables politiques et observateurs (experts, société civile et médias) de tous les coins de la planète est incontournable et nécessaire dans l’ébauche d’une politique climatique concertée au niveau mondial, les lourdeurs et la diplomatie extrêmes qui la caractérisent empêchent souvent que des avancées notables soient enregistrées rapidement. Dès lors, chaque COP compte, ou devrait compter. Dans un deuxième temps, il s’agit de comprendre en quoi la COP26 est particulière, notamment dans le cadre de l’application de l’Accord de Paris (2015).

169La COP est l’organe directeur de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Adopté en 1992, ce traité reconnaît officiellement l’existence du dérèglement climatique ainsi que la responsabilité humaine dans ce phénomène et la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre, mais ne dit mot des décisions concrètes à prendre pour agir. C’est aux COP que revient la responsabilité de négocier les démarches pratiques pour garantir le respect de ce traité international. Il s’agit là d’une charge extrêmement complexe à plusieurs égards.

170Les négociations au sein des COP réunissent des pays (Parties) dont les profils divergent voire s’opposent. Élaboré dans le cadre de ces réunions annuelles, le Protocole de Kyoto (1997) a par exemple fait les frais d’une opposition incontournable, qui a été présente dès la conclusion de la CCNUCC : les pays industrialisés sont pointés du doigt comme les principaux responsables des émissions comptabilisées à ce jour, alors que, face à eux, les pays en développement subissent le plus souvent en première ligne les effets du réchauffement que ces émissions ont provoqués. Les premiers, ou du moins une partie d’entre eux, ont donc accepté d’être soumis, à travers le Protocole de Kyoto, à des objectifs contraignants de réduction des émissions et d’aider financièrement et technologiquement les pays en développement à s’adapter aux effets du réchauffement. Or les pays en développement ont revendiqué le droit de se développer à leur tour et certains pays émergents, comme la Chine ou l’Inde, qui ne sont pas soumis à des objectifs contraignants comme les pays industrialisés, sont devenus eux aussi de gros émetteurs de gaz à effet de serre. Devant ce constat, les États-Unis et d’autres importants émetteurs industrialisés ont refusé de prendre part au Protocole (tandis que, pour sa part, le Canada est revenu sur ses engagements et a quitté le Protocole de Kyoto). Certes, le Protocole de Kyoto a atteint les objectifs qu’il s’était fixés, mais n’aura concerné in fine qu’un nombre de pays restreint, laissant les gros pollueurs en dehors du processus.

171Cette opposition n’est pas la seule. Au sein des COP, se côtoient les petits États insulaires et les États les moins avancés, touchés de plein fouet par le réchauffement global, et des pays dont l’économie entière repose sur l’exploitation des énergies fossiles, comme les pays de l’OPEP, les États-Unis (qui sont le plus gros producteur de pétrole au monde) et la Chine (qui est à la fois très dépendante du charbon et leader dans les énergies solaires). Si une année entière est bien nécessaire pour que les experts, à travers divers organes liés à l’ONU, s’emploient à avancer sur les travaux et dilemmes en cours (financement, objectifs, marché du carbone, etc.), les COP doivent réussir le tour de force de concilier, en deux semaines de temps, des divergences de vues extrêmes. Les groupes de travail annexes et les discussions de couloirs tiennent ici leur rôle, mais il est bon de rappeler que, à ce jeu-là, toutes les délégations présentes ne disposent pas des mêmes moyens ni du même nombre de représentants. Qu’à cela ne tienne, au bout de ces deux semaines, souvent avec du retard sur le planning annoncé et dans un élan de dramatisation devenu coutumier, chaque COP présente son lot de décisions, plus ou moins marquantes et obtenues par voie de consensus.

172Outre cette difficulté de concilier les intérêts de chacun pour une cause commune, la question du caractère contraignant ou volontaire des grands traités adoptés par la COP porte elle aussi une responsabilité dans l’impuissance à agir vite. Le Protocole de Kyoto imposait, par le haut, des objectifs aux pays industrialisés. Si la démarche avait pour avantage d’offrir un timing transparent des objectifs à atteindre, son caractère contraignant a braqué les États-Unis, et d’autres dans leur sillage, et a empêché qu’un accord mondial impliquant toutes les Parties ne voie le jour. Prenant le relais du Protocole de Kyoto, l’Accord de Paris s’appuie sur une architecture toute différente : ce sont les Parties elles-mêmes, et l’ensemble des Parties, qui soumettent à la COP des contributions nationales volontaires de réduction d’émissions et/ou d’adaptation aux changements climatiques. En cela, l’Accord de Paris fédère l’ensemble des Parties signataires, ce qui est une avancée énorme. La source des craintes se situe désormais ailleurs, à savoir dans la capacité dont feront preuve les États pour se mobiliser et proposer des engagements suffisamment ambitieux pour atteindre l’objectif commun qu’ils se sont fixé, à savoir maintenir la hausse des températures mondiales dans une fourchette comprise entre 1,5°C et « bien en dessous » de 2°C par rapport à l’ère préindustrielle. Pour l’heure, il n’en est rien, puisque les rapports publiés par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), qui apporte une assise scientifique aux travaux de la COP, font état d’un réchauffement global, sur la base des contributions volontaires des États enregistrées lors de l’Accord de Paris, de l’ordre de 3°C dans le meilleur des cas. Afin d’infléchir cette tendance, les Parties sont tenues de réviser à la hausse, tous les cinq ans, leurs contributions nationales volontaires.

173Mais le processus reste fragile. Le caractère contraignant de l’Accord de Paris se borne au poids moral qu’exercent, sur chaque Partie, les observateurs internationaux, l’opinion publique, la société civile et les autres Parties. Après le retrait des États-Unis sous l’ère du président républicain Donald Trump, le retour de ce pays dans l’Accord de Paris, suite à l’élection du démocrate Joe Biden à la Maison-Blanche, constitue un événement positif en termes d’ambitions et de mobilisation des grands acteurs internationaux. Mais la chose ne sera pas aisée pour le nouveau président états-unien, alors que l’enjeu politique, économique et social est de taille s’il souhaite que la présence des États-Unis pèse réellement dans l’Accord de Paris. Pour porter des objectifs ambitieux, il ne s’agit ni plus ni moins que de tourner le dos au système énergétique en place aux États-Unis (pays qui est entre autres devenu, par l’exploitation du gaz de schiste, le plus gros producteur de gaz au monde). Par ailleurs, certains spécialistes ne sont pas convaincus de la portée positive d’un retour des États-Unis dans l’Accord de Paris. D’une part, parce que ce pays devra s’intégrer dans une dynamique et des rapports de force déjà dessinés, avec la Chine et l’Union européenne comme acteurs principaux. D’autre part et surtout, car ce va-et-vient des États-Unis, comme le retrait du Canada du Protocole de Kyoto, décrédibiliserait l’importance et la portée des accords internationaux sur le climat.

174En dépit des griefs et des difficultés, le rendez-vous annuel qu’est la COP reste primordial pour donner un cadre à la politique climatique internationale. Il n’existe aucune instance supra-mondiale ayant le pouvoir de dicter et d’imposer une politique climatique pays par pays. Cette ingérence ne serait tolérée par aucun État. Faute de mieux, et malgré une lenteur désespérante liée au procédé, c’est donc par voie de négociations et de consensus que les Parties doivent concilier des intérêts divergents pour un objectif commun.

175La COP26, qui devait se tenir à Glasgow fin 2020 et a été reportée d’un an, comptait plusieurs objectifs majeurs à son agenda, comme la mise en place d’un nouveau mécanisme de marché sur lequel reposent les échanges de quotas d’émissions d’un pays à l’autre et le lancement des négociations visant à définir de nouveaux engagements en matière de financement envers les pays en développement. Surtout, cette COP devait être la première étape clé permettant de mesurer l’état d’avancement de la mise en œuvre de l’Accord de Paris, intervenu cinq ans auparavant. À cet égard, les Parties avaient jusqu’au mois de février 2020 pour remettre une version révisée de leurs contributions nationales volontaires déposées à Paris en 2015. Avec le report de la COP26, cette date symbolique a été reportée d’un an également. Toutefois, il est inquiétant de constater que, au moment de l’annonce du report, seules six Parties avaient effectivement remis leur copie.

Annexes

Annexe 1. Chronologie liée aux Conférences des Parties

176

  • 1972 : Conférence des Nations unies sur l’environnement humain
  • 1979 : Première Conférence mondiale sur le climat (Genève)
  • 1988 : Création du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC)
  • 1990 : Publication du premier rapport d’évaluation du GIEC
  • 1992 : Sommet de la Terre à Rio de Janeiro ; adoption de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC)
  • 1994 : Entrée en vigueur de la CCNUCC
  • 1995 : COP1 à Berlin ; publication du deuxième rapport d’évaluation du GIEC
  • 1996 : COP2 à Genève
  • 1997 : COP3 à Kyoto ; adoption du Protocole de Kyoto
  • 1998 : COP4 à Buenos Aires
  • 1999 : COP5 à Bonn
  • 2000 : COP6 à La Hague
  • 2001 : COP6bis à Bonn ; COP7 à Marrakech ; publication du troisième rapport d’évaluation du GIEC
  • 2002 : COP8 à New Delhi
  • 2003 : COP9 à Milan
  • 2004 : COP10 à Buenos Aires
  • 2005 : COP11 à Montréal ; entrée en vigueur du Protocole de Kyoto
  • 2006 : COP12 à Nairobi
  • 2007 : COP13 à Bali ; publication du quatrième rapport d’évaluation du GIEC
  • 2008 : COP14 à Poznań
  • 2009 : COP15 à Copenhague
  • 2010 : COP16 à Cancún
  • 2011 : COP17 à Durban
  • 2012 : COP18 à Doha ; Sommet de la Terre « Rio+20 » à Rio de Janeiro ; expiration (au 31 décembre) de la première période d’engagement du Protocole de Kyoto
  • 2013 : COP19 à Varsovie
  • 2014 : COP20 à Lima ; publication du cinquième rapport d’évaluation du GIEC
  • 2015 : COP21 à Paris ; adoption de l’Accord de Paris
  • 2016 : COP22 à Marrakech ; entrée en vigueur de l’Accord de Paris
  • 2017 : COP23 à Bonn
  • 2018 : COP24 à Katowice ; approbation du rapport spécial du GIEC sur les conséquences d’un réchauffement planétaire de 1,5 °C
  • 2019 : COP25 à Madrid
  • 2021 : COP26 à Glasgow

Annexe 2. Liste des principaux acronymes utilisés dans le présent Courrier hebdomadaire

177Termes en français

178

  • AIE : Agence internationale de l’énergie
  • AIEA : Agence internationale de l’énergie atomique
  • ANV-COP21 : Action non violente COP21
  • CACAM : groupe de pays d’Asie centrale, du Caucase, de l’Albanie et de la Moldavie
  • CCNUCC : Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques
  • CDB : Convention sur la diversité biologique
  • CDN : contributions déterminées au niveau national
  • CIS : Conseil international des sciences
  • CIUS : Conseil international des unions scientifiques
  • CLD : Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification
  • CMP : Conférence des Parties agissant comme réunion des Parties au Protocole de Kyoto
  • CNUED : Conférence des Nations unies sur l’environnement et le développement
  • CNUEH : Conférence des Nations unies sur l’environnement humain
  • COI : Commission océanographique intergouvernementale
  • CPDN : contributions prévues déterminées au niveau national
  • FA : Fonds pour l’adaptation
  • FEM : Fonds pour l’environnement mondial
  • FPMA : Fonds pour les pays les moins avancés
  • FSCC : Fonds spécial pour les changements climatiques
  • FVC : Fonds vert pour le climat
  • G-77 : Groupe des 77
  • GIEC : Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat
  • MDP : Mécanisme de développement propre
  • MIV : Mécanisme international de Varsovie pour les pertes et préjudices associés aux impacts des changements climatiques
  • MOC : Mise en œuvre conjointe
  • OCDE : Organisation de coopération et de développement économiques
  • OIG : organisation intergouvernementale
  • OMI : Organisation météorologique internationale
  • OMM : Organisation météorologique mondiale
  • ONG : organisation non gouvernementale
  • ONU : Organisation des Nations unies
  • OPEP : Organisation des pays exportateurs de pétrole
  • OSAST : Organe subsidiaire d’avis scientifique et technologique
  • OSMEO : Organe subsidiaire de mise en œuvre
  • PIED : petits États insulaires en développement
  • PMA : pays les moins avancés
  • PMRC : Programme mondial de recherche sur le climat
  • PNUD : Programme des Nations unies pour le développement
  • PNUE : Programme des Nations unies pour l’environnement
  • REDD : Réduction des émissions dues à la déforestation et à la dégradation forestière
  • SMOC : Système mondial d’observation du climat
  • UE : Union européenne
  • UNESCO : Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture
  • UNICEF : Fonds des Nations unies pour l’enfance
  • UNITAR : Institut des Nations unies pour la formation et la recherche
  • UNU : Université des Nations unies

179Termes en anglais

180

  • AOSIS : Alliance of Small Island States (Alliance des petits États insulaires)
  • BINGO : Business and Industry NGOs (ONG des affaires et de l’industrie)
  • CAN : Climate Action Network (Réseau d’action en faveur du climat)
  • CMA : Conference of the Parties Serving as the Meeting of the Parties to the Paris Agreement (Conférence des Parties dans le cadre de l’Accord de Paris)
  • COP : Conference of Parties (Conférence des Parties)
  • ENGO : Environmental NGOs (ONG environnementales)
  • IPO : Indigenous People Organizations (Organisations des populations indigènes)
  • LGMA : Local Government and Municipal Authorities (Groupe des autorités locales)
  • NGGIP : National Greenhouse Gas Inventories Programme (ensemble méthodologique concernant les inventaires nationaux des émissions de gaz à effet de serre)
  • RINGO : Research and Independent NGOs (Groupe des ONG de recherche et des ONG indépendantes)
  • TUNGO : Trade Union NGOs (Groupe des organisations syndicales)
  • WWF : World Wildlife Fund, puis World Wide Fund for Nature
  • YOUNGO : Youth NGOs (Groupe des ONG représentant les jeunes)

Annexe 3. Émissions de gaz à effet de serre des Parties selon les données livrées dans le cadre de l’Accord de Paris

Note : Données fondées sur les quantités les plus récentes communiquées par les Parties dans leurs communications nationales, leurs rapports d’inventaire des gaz à effet de serre, leurs rapports biennaux ou leurs rapports biennaux actualisés. Puisque, dans de nombreux cas, les quantités communiquées par les Parties ne comprenaient pas des données sur les émissions par les sources et les absorptions par les puits résultant d’activités liées à l’utilisation des terres, au changement d’affectation des terres et à la foresterie, ou, lorsque cela était le cas, ces émissions par les sources et ces absorptions par les puits avaient été estimées en suivant différentes méthodes, ces informations n’ont pas été prises en compte. En outre, puisque les quantités communiquées portent sur plusieurs années, le volume total communiqué dans le présent tableau devrait être utilisé aux seules fins de l’article 21 de l’Accord de Paris car il ne représente pas une estimation exacte des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Gg = gigagrammes (1 000 000 000 grammes, ou 1 000 000 kilogrammes).
* État membre de l’Union européenne. Les émissions de l’Union européenne s’établissaient à 4 488 404 gigagrammes en 2013, soit le total des émissions de ses États membres dans le présent tableau, ce qui correspond à 12,08 % du volume total des émissions indiqué dans celui-ci. Les émissions de l’Union européenne ne sont pas comptabilisées en sus de celles de ses États membres.
Source : « Convention-cadre sur les changements climatiques. Rapport de la Conférence des Parties sur sa vingt-et-unième session, tenue à Paris du 30 novembre au 13 décembre 2015 », FCCC/CP/2015/10, p. 32-37, https://unfccc.int.

Notes

  • [1]
    Lauréat du prix Nobel de chimie en 1903, Svante August Arrhenius démontre en 1896 déjà que la composition chimique de l’air est un facteur déterminant des variations de la température terrestre, et relève notamment l’importance et l’évolution de la présence de CO2.
  • [2]
    A. Dahan Dalmedico, H. Guillemot, « Changement climatique : dynamiques scientifiques, expertise, enjeux géopolitiques », Sciences et souverainetés, volume 48, n° 3, 2006, p. 412-432.
  • [3]
    En anglais, World Meteorological Organization (WMO).
  • [4]
    En anglais, Global Atmosphere Watch.
  • [5]
    P. Matagne, « Aux origines de l’écologie », Innovations. Cahiers d’économie de l’innovation, n° 18, 2003, p. 27-42.
  • [6]
    En anglais, United Nations Environment Programme (UNEP).
  • [7]
    Conférence des Nations unies sur l’Environnement, Rapport, Stockholm, 5-16 juin 1972.
  • [8]
    T. C. Peterson, W. M. Connolley, J. Fleck, « The Myth of the 1970s Global Cooling Scientific Consensus », Bulletin of the American Meteorological Society, volume 89, n° 9, 2008, p. 1325-1337.
  • [9]
    National Research Council, Assembly of Mathematical and Physical Sciences, Climate Research Board, Ad Hoc Study Group on Carbon Dioxide and Climate, « Carbon Dioxide and Climate: A Scientific Assessment. Report », National Academy of Sciences, 1979.
  • [10]
    Exxon, Research and Engineering Company, « The Greenhouse Effect », 6 juin 1978.
  • [11]
    S. Foucart, « Hoax climatique #3 : quand les scientifiques prévoyaient un refroidissement », Le Monde en ligne, 29 octobre 2015, www.lemonde.fr.
  • [12]
    La Déclaration officielle liée à cette première Conférence mondiale sur le climat est consultable sous la référence suivante : « Proceedings of the World Climate Conference », WMO, n° 537, Genève, 1979.
  • [13]
    En anglais, World Climate Research Programme (WCRP).
  • [14]
    « Report of the International Conference on the Assessment of the Role of Carbon Dioxide and of Other Greenhouse Gases in Climate Variations and Associated Impacts », WMO, n° 661, Genève, 1986.
  • [15]
    En anglais, Intergovernmental Panel on Climate Change (IPCC).
  • [16]
    En anglais, « mitigation » (terme qui rend mieux l’idée de prévention par la réduction des émissions de gaz à effet de serre).
  • [17]
    « Le GIEC a trente ans : son histoire, son rôle… et un climat toujours plus chaud. Entretien avec Hervé Le Treut », Reporterre. Le quotidien de l’écologie, 13 mars 2018, www.reporterre.net.
  • [18]
    « 2019 Refinement to the 2006 IPCC Guidelines for National Greenhouse Gas Inventories », adopté lors de la 49e session du GIEC en mai 2019 (www.ipcc.ch). Ce document comprend cinq volumes distincts : « General Guidance and Reporting », « Energy », « Industrial Processes and Product Use », « Agriculture, Forestry and Other Land Use » et « Waste ».
  • [19]
    « Le GIEC a trente ans », op. cit. ; J.-P. van Ypersele, Une vie au cœur des turbulences climatiques, Louvain-la-Neuve, De Boeck Supérieur, 2015.
  • [20]
    A. Dahan Dalmedico, H. Guillemot, « Changement climatique : dynamiques scientifiques, expertise, enjeux géopolitiques », op. cit.
  • [21]
    Les discussions tenues lors de la conférence de Genève de 1990 s’appuient sur les premières conclusions des trois groupes de travail du GIEC, dont le rapport final est attendu dans la foulée.
  • [22]
    En anglais, Global Climate Observing System (GCOS).
  • [23]
    La publication de ce premier rapport a été couplée à un rapport d’actualisation paru quant à lui en juin 1992 : GIEC, « Changement climatique : les évaluations du GIEC de 1990 et 1992. Premier Rapport d’évaluation du GIEC. Aperçu général et résumés destinés aux décideurs, et Supplément 1992 du GIEC », 1992.
  • [24]
    Ibidem, p. 56.
  • [25]
    Ibidem, p. 164-179 (« Résumé destiné aux décideurs établi par le Comité spécial du GIEC pour la participation des pays en développement »).
  • [26]
    En anglais, United Nations Framework Convention on Climate Change (UNFCC).
  • [27]
    « Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques », ONU, 1992, https://unfccc.int.
  • [28]
    L’analyse de l’objectif et des principes qui sous-tendent la CCNUCC est ici en partie issue du guide édité par le secrétariat de la CCNUCC (Bonn, 2008).
  • [29]
    À ce propos, cf. B. Coolsaet, J. Pitseys, « Biodiversité et ressources génétiques : la Belgique et le Protocole de Nagoya », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 2226, 2014.
  • [30]
    Article 22 de la CCNUCC.
  • [31]
    Aux termes de l’article 11 de la Convention de Vienne sur le droit des traités, « le consentement d’un État à être lié par un traité peut être exprimé par la signature, l’échange d’instruments constituant un traité, la ratification, l’acceptation, l’approbation ou l’adhésion, ou par tout autre moyen convenu ».
  • [32]
    Les principes de droit international expliqués ici sont issus du guide édité par le secrétariat de la CCNUCC (Bonn, 2008, p. 49 et suivantes).
  • [33]
    En son article 6, le règlement intérieur de la CCNUCC (FCCC/CP/1996/2) ajoute ici également : « toute(s) entité(s) internationale(s) chargée(s) par la Conférence des Parties d’assurer le fonctionnement du mécanisme financier, tel que le Fonds pour l’environnement mondial ».
  • [34]
    Dernière statistique disponible sur le site Internet de la CCNUCC, https://unfccc.int.
  • [35]
    Dernière statistique disponible sur le site Internet de la CCNUCC, https://unfccc.int.
  • [36]
    « La COP décryptée », n° 6 : L. Biermann, A. Chevallier, « Les groupes d’observateurs de la société civile », Vertige. Le blog de Sciences Po Environnement, 15 avril 2015, https://27ruesaintgreeniaume.wordpress.com.
  • [37]
    Participation à la COP22 à Marrakech (2016) : dernières statistiques disponibles sur le site Internet de la CCNUCC, https://unfccc.int.
  • [38]
    S. Ollitrault, « COP 21, ONG et état d’urgence », La vie des idées, Collège de France, 8 décembre 2015, https://laviedesidees.fr.
  • [39]
    « Le Sommet de la Terre à Rio. L’ouverture du Forum global des organisations non gouvernementales. Un Woodstock écologique », Le Monde, 4 juin 1992.
  • [40]
    L. Laigle, « Justice climatique et mobilisations environnementales », VertigO. La revue électronique en sciences de l’environnement, volume 19, n° 1, 2019, https://journals.openedition.org.
  • [41]
    S. Ollitrault, « COP 21, ONG et état d’urgence », op. cit.
  • [42]
    Concernant la question de la poursuite de certains États devant la justice pour inaction, cf. V. Lefebve, « Urgence climatique, quel rôle pour les juges et la justice ? », La Revue nouvelle, n° 8, 2019, p. 66-72.
  • [43]
    L. Laigle, « Justice climatique et mobilisations environnementales », op. cit.
  • [44]
    Le Tour Alternatiba rassemble des vélos-tandem de trois ou quatre places destinés à parcourir plus de 5 000 kilomètres pendant l’été 2015 (avec départ de Bayonne et arrivée à Paris). Mobilisant des dizaines de milliers de personnes autour de la question climatique, l’événement est porté par de nombreuses associations environnementales et sociales, des sections syndicales, des clubs de sport, des groupes d’étudiants, etc. Alternatiba est un mouvement citoyen de lutte contre le dérèglement climatique qui recourt notamment à la promotion et au développement d’initiatives locales.
  • [45]
    Le Global Day of Action consiste en l’organisation de manifestations pacifiques visant à éveiller les consciences autour des changements climatiques et dans l’espoir de pousser les États à prendre et respecter leurs engagements. Cet événement est organisé depuis 2005.
  • [46]
    « Climat : mobilisation de Sydney à Londres pour un accord ambitieux à la COP21 », Le Monde en ligne, 29 novembre 2015, www.lemonde.fr.
  • [47]
    ANV-COP21 est la branche « résistante » du mouvement Alternatiba.
  • [48]
    Le fonctionnement de ces différents institutions et organes est expliqué au sein du guide édité par le secrétariat de la CCNUCC (Bonn, 2008, p. 30 et suivantes).
  • [49]
    En anglais, Subsidiary Body for Scientific and Technological Advice (SBSTA).
  • [50]
    En anglais, Subsidiary Body for Implementation (SBI).
  • [51]
    C. Watson, L. Schalatek, « Architecture du financement climatique mondial », Climate Funds Update, Heinrich Böll Stiftung North America (Fondamentaux du financement climatique, n° 2), 2019, https://climatefundsupdate.org ; R. Weikmans, J. Timmons Roberts, « The International Climate Finance Accounting Muddle: Is There Hope on the Horizon? », Climate and Development, volume 11, n° 2, 2019, p. 97-111.
  • [52]
    En anglais, Global Environment Facility (GEF).
  • [53]
    Le FEM sert également de mécanisme de financement dans le cadre de deux autres conventions : la Convention de Minamata (sur le mercure) et la Convention de Stockholm (sur les polluants organiques persistants).
  • [54]
    En anglais, Least Developed Countries Fund (LDCF).
  • [55]
    En anglais, Special Climate Change Fund (SCCF).
  • [56]
    En anglais, Green Climate Fund (GCF).
  • [57]
    En anglais, Adaptation Fund (AF).
  • [58]
    « Devenir délégué à la CCNUCC : ce qu’il faut savoir », Institut international pour l’environnement et le développement (IIED), 2016, www.iied.org, p. 26.
  • [59]
    I. Hanne, K. Hullot-Guiot, « Comment fonctionnent les négociations à la COP 21 ? », Libération en ligne, 2 décembre 2015, www.liberation.fr.
  • [60]
    « Devenir délégué à la CCNUCC : ce qu’il faut savoir », op. cit., p. 16.
  • [61]
    En Belgique, cela implique le niveau fédéral et les niveaux fédérés.
  • [62]
    Règlement intérieur de la CCNUCC (FCCC/CP/1996/2), adopté par la COP, Genève, 8-19 juillet 1996.
  • [63]
    « Convention-cadre sur les changements climatiques. Rapport de la Conférence des Parties sur les travaux de sa première session, tenue à Berlin du 28 mars au 7 avril 1995 », FCCC/CP/1995/7, points 9 à 14.
  • [64]
    I. Hanne, K. Hullot-Guiot, « Comment fonctionnent les négociations à la COP 21 ? », op. cit.
  • [65]
    M. Tellier, « Il était une fois la COP1, la première conférence de l’ONU sur le climat », France Culture, 2 décembre 2018, www.franceculture.fr.
  • [66]
    « Convention-cadre sur les changements climatiques. Rapport de la Conférence des Parties sur les travaux de sa deuxième session, tenue à Genève du 8 au 19 juillet 1996 », FCCC/CP/1996/15.
  • [67]
    Au moment de la ratification du protocole, en mai 2002, l’actuelle UE compte 15 États membres.
  • [68]
    En anglais, Conference of the Parties Serving as the Meeting of the Parties to the Kyoto Protocol (ou Meeting of Parties, MOP). La première session a eu lieu en 2005, à Montréal, en parallèle de la COP11.
  • [69]
    « Le protocole de Kyoto », Commission européenne MEMO/06/74, 15 février 2006, https://ec.europa.eu.
  • [70]
    C. Fournier, « COP25 : pourquoi les COP n’aboutissent jamais à rien ? », Youmatter, 3 décembre 2019, https://youmatter.world.
  • [71]
    Évaluation faite par le ministre canadien de l’Environnement de l’époque, Peter Kent.
  • [72]
    « Protocole de Kyoto », Connaissance des énergies, 28 octobre 2015, www.connaissancedesenergies.org.
  • [73]
    J. Merle, B. Voituriez, Y. Dandonneau, Le changement climatique : histoire et enjeux, Paris, L’Harmattan, 2016.
  • [74]
    Ibidem.
  • [75]
    R. Black, « Climate Talks a Tricky Business », BBC News, 18 novembre 2006, http://news.bbc.co.uk.
  • [76]
    Ancien vice-président de B. Clinton et candidat démocrate malheureux à la Maison-Blanche en 2000, A. Gore a attiré l’attention de l’opinion publique en 2006 avec son livre et son documentaire Une vérité qui dérange, qui tirent la sonnette d’alarme face au réchauffement de la planète.
  • [77]
    C. Kergomard, « Changement climatique : certitudes, incertitudes et controverses », Territoire en mouvement, n° 12, 2012, p. 4-17.
  • [78]
    ONU, « L’amendement de Doha ratifié, un engagement multilatéral fort », Communiqué (Changements climatiques), 5 octobre 2020, https://unfccc.int.
  • [79]
    Les pays développés doivent désormais communiquer tous les deux ans, à partir de 2014 et jusqu’à 2020, leur stratégie en vue de rehausser leur contribution au financement climatique international.
  • [80]
    À Varsovie, les discussions concernant l’ambition pré-2020 connaissent un départ difficile avec l’annonce d’un affaiblissement de cet objectif pour le Japon.
  • [81]
    J. Merle, B. Voituriez, Y. Dandonneau, Le changement climatique, op. cit.
  • [82]
    En anglais, Intended Nationally Determined Contributions (INDC).
  • [83]
    Soit 196 Parties si l’on ajoute l’UE, et même 197 avec la Palestine, qui jusqu’alors disposait d’un statut d’observateur mais qui a annoncé à Paris son adhésion à la CCNUCC.
  • [84]
    En anglais, Nationally Determined Contributions (NDC).
  • [85]
    GIEC, « Réchauffement planétaire de 1,5°C. Rapport spécial du GIEC sur les conséquences d’un réchauffement planétaire de 1,5°C par rapport aux niveaux préindustriels et les trajectoires associées d’émissions mondiales de gaz à effet de serre, dans le contexte du renforcement de la parade mondiale au changement climatique, du développement durable et de la lutte contre la pauvreté. Résumé pour les décideurs, Résumé technique et Foire aux questions », 2019, www.ipcc.ch, p. 14-15.
  • [86]
    A. Garric, V. Malingre, « Avec l’élection de Joe Biden aux États-Unis, “nous avons une chance d’éviter les pires impacts du changement climatique” », Le Monde en ligne, 9 novembre 2020, www.lemonde.fr.
  • [87]
    Y. Blavignat, « François Gemenne : “On ne peut pas dire que Joe Biden soit un grand environnementaliste” », L’Express en ligne, 8 novembre 2020, www.lexpress.fr.
  • [88]
    En anglais, Adaptation Committee.
  • [89]
    En anglais, Standing Committee on Finance.
  • [90]
    R. Weikmans, J. Timmons Roberts, « The International Climate Finance Accounting Muddle », op. cit. ; « Climat : la COP24 adopte les règles d’application de l’Accord de Paris », Le Monde en ligne, 15 décembre 2018, www.lemonde.fr.
  • [91]
    Directive du Parlement européen et du Conseil modifiant la directive 2012/27/UE relative à l’efficacité énergétique, PE-CONS 54/18, 21 novembre 2018 ; Directive du Parlement européen et du Conseil relative à la promotion de l’utilisation de l’énergie produite à partir de sources renouvelables (refonte), PE-CONS 48/18, 21 novembre 2018.
  • [92]
    Résolution législative du Parlement européen du 13 novembre 2018 sur la proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil sur la gouvernance de l’union de l’énergie, modifiant la directive 94/22/CE, la directive 98/70/CE, la directive 2009/31/CE, le règlement (CE) n° 663/2009, le règlement (CE) n° 715/2009, la directive 2009/73/CE, la directive 2009/119/CE du Conseil, la directive 2010/31/UE, la directive 2012/27/UE, la directive 2013/30/UE et la directive (UE) 2015/652 du Conseil, et abrogeant le règlement (UE) n° 525/2013, COM(2016)0759 – C8-0497/2016 – 2016/0375(COD).
  • [93]
    GIEC, « Global Warming of 1,5°C. An IPCC special report on the impacts of global warming of 1.5°C above pre-industrial levels and related global greenhouse gas emission pathways, in the context of strengthening the global response to the threat of climate change, sustainable development, and efforts to eradicate poverty », 2018.
  • [94]
    Plus précisément, le rapport souligne la nécessité de réduire les émissions mondiales de 45 % d’ici 2030 par rapport à 2010.
  • [95]
    High Ambition Coalition, « Statement on Stepping up Climate Ambition », Communiqué de presse, 12 décembre 2018, https://ec.europa.eu.
  • [96]
    Plateforme wallonne pour le GIEC, « De la COP25 à la COP26, en mode confiné », Lettre, n° 16, 2020, https://plateforme-wallonne-giec.be.
  • [97]
    Décision 1/CP.21, § 25.
  • [98]
    Décompte opéré le 9 mars 2021, à la clôture de la rédaction du présent Courrier hebdomadaire. Parmi les 63 pays, 6 ont remis une seconde version de leurs contributions.
  • [99]
    ONU, « Les engagements ne sont pas sur la bonne voie pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris », Communiqué (Changements climatiques), 26 février 2021, https://unfccc.int.
  • [100]
    « The Heat is On. Taking Stock of Global Climate Ambition », NDC Global Outlook Report, 2019, https://unfccc.int.
  1. Introduction
  2. 1. La Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC)
    1. 1.1. L’Organisation météorologique mondiale (1951)
    2. 1.2. Le Programme des Nations unies pour l’environnement (1972) et le rapport Charney (1979)
    3. 1.3. La première Conférence mondiale sur le climat (Genève, 1979)
    4. 1.4. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (1988)
    5. 1.5. Le Sommet de Rio (1992)
    6. 1.6. Objectif et principes de la CCNUCC
      1. 1.6.1. Le principe d’équité
      2. 1.6.2. Le principe de précaution
      3. 1.6.3. Le principe de libre échange
  3. 2. La Conférence des Parties (COP) et ses différents intervenants
    1. 2.1. Le rôle assigné aux COP
    2. 2.2. Les Parties
    3. 2.3. Les organisations dotées du statut d’observateur
      1. 2.3.1. Des ONG structurées en groupes
      2. 2.3.2. La mobilisation des ONG environnementales
    4. 2.4. Le cadre institutionnel
      1. 2.4.1. Les organes permanents
      2. 2.4.2. Les fonds de financements
      3. 2.4.3. Les autres organes
    5. 2.5. Le déroulement d’une COP
    6. 2.6. L’adoption des décisions
  4. 3. De Berlin à Glasgow, 25 années de négociations
    1. 3.1. Berlin (1995), la première COP
    2. 3.2. Kyoto (1997), des objectifs contraignants
      1. 3.2.1. Les premiers engagements
      2. 3.2.2. Un bilan très mitigé
    3. 3.3. Copenhague (2009), l’échec
    4. 3.4. Doha (2012), la suite de Kyoto
    5. 3.5. Paris (2015), un accord mondial
      1. 3.5.1. Les contributions nationales volontaires
      2. 3.5.2. Limiter le réchauffement bien en dessous de 2°C
      3. 3.5.3. Un cas particulier : les États-Unis
    6. 3.6. Katowice (2018), un cadre opérationnel
      1. 3.6.1. Le « Paris Rulebook »
      2. 3.6.2. Le cri d’alarme du GIEC
      3. 3.6.3. L’avenir du marché du carbone
    7. 3.7. Glasgow (2021), la COP post-posée
  5. Conclusion
Fabienne Collard
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En novembre 2020, aurait dû se tenir à Glasgow la 26e Conférence des Parties (COP) sur les changements climatiques. La crise sanitaire due à la pandémie de Covid-19 ayant rendu impossible l’organisation d’un tel événement, cette réunion rassemblant les signataires de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) a été reportée d’une année. Dans un contexte d’urgence climatique clamée par le monde scientifique comme par la société civile, la portée d’une telle décision mérite d’être étudiée.

Une COP est loin de n’être qu’une « grand-messe » très médiatisée. Ce rassemblement annuel de responsables politiques et d’observateurs (notamment des experts scientifiques) de tous les coins de la planète est indispensable pour tâcher de mener une politique climatique concertée au niveau mondial. Les COP sont chargées de déterminer, lors de négociations longues et difficiles, la mise en œuvre concrète des engagements pris dans le cadre de la CCNUCC. Ces processus étant par ailleurs caractérisés par des lourdeurs et une diplomatie extrêmes, qui ralentissent considérablement les avancées, chaque COP compte.

Reprogrammée en novembre 2021, la COP26 compte plusieurs objectifs majeurs à son agenda, comme la mise en place d’un nouveau mécanisme de marché relatif aux échanges de quotas d’émissions de gaz à effet de serre et la définition de nouveaux engagements en matière de financement envers les pays en développement. Surtout, cette COP doit être la première étape clé permettant de mesurer l’état d’avancement de la mise en œuvre – cruciale – de l’Accord de Paris de 2015.

Mis en ligne sur Cairn.info le 07/04/2021
https://doi.org/10.3917/cris.2486.0005
ISBN 9782870752586
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