CAIRN.INFO : Matières à réflexion

Introduction

1L’industrie pharmaceutique est un secteur de poids à l’intérieur de l’économie belge et de l’économie wallonne en particulier, où elle peut être qualifiée de secteur emblématique ; elle figure également en bonne place dans les classements comparatifs selon les pays. La précédente livraison du Courrier hebdomadaire [1] a dressé un tableau de cette industrie et s’est interrogée sur les raisons de l’importance de ce secteur en Belgique et spécialement en Wallonie, notamment en ce qui concerne la recherche.

2 Dans ce cadre, et pour prolonger les conclusions de cette première livraison du Courrier hebdomadaire, il paraît opportun d’analyser les groupes d’entreprises pharmaceutiques présents en Wallonie. C’est ce à quoi s’attelle la présente étude. Celle-ci prend appui sur la base de données de l’actionnariat des entreprises wallonnes gérée par le CRISP  [2]. Les groupes pharmaceutiques présents en Wallonie (par des sociétés de droit belge) font l’objet d’un commentaire détaillé, comprenant leur historique, leurs principaux secteurs et sous-secteurs d’activités, leur actionnariat et leur organisation, leur activité en Belgique et en Wallonie, leur poids dans le monde, en Belgique et en Wallonie, et leur stratégie et leur évolution récente.

3Les plus importants groupes pharmaceutiques présents en Wallonie sont au nombre de douze, à savoir Johnson & Johnson, GlaxoSmithKline, UCB (famille Janssen), Zoetis, Ajinomoto, Shire, Investor AB (famille Wallenberg), Baxter, Paulsen, Kaneka, SMB (famille Baudier) et Lonza. Ensemble, ils totalisent en 2016 plus de 14,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires et un peu moins de 18 000 équivalents temps plein (ETP) pour leurs activités belges  [3]. Ils pèsent ainsi ensemble plus de 85 % du chiffre d’affaires et près de 69 % de l’emploi du secteur de l’industrie pharmaceutique belge.

1. Méthodologie

4La liste des sociétés étudiées dans la présente livraison du Courrier hebdomadaire a été constituée à partir du code d’activités principal  [4] des entreprises renseigné par la Banque-carrefour des entreprises (BCE) et correspondant à l’industrie pharmaceutique (code NACE-BEL 21). La rubrique NACE-BEL 21 inclut les activités de « Fabrication de produits pharmaceutiques de base » (code NACE-BEL 21.10) et de « Fabrication de préparations pharmaceutiques » (code NACE-BEL 21.20)  [5]. Les données financières qui ont notamment permis de construire les différents tableaux de cette étude, entre autres ceux reproduits en annexe, ont été extraites de la base de données Belfirst le 30 novembre 2017. Elles se rapportent au dernier exercice comptable disponible, à savoir 2016 pour la grande majorité des entreprises. Pour sa part, la dépendance externe est étudiée à travers la nationalité de la tête de groupe qui contrôle éventuellement l’entreprise. Ce type de données provient du répertoire permanent sur l’actionnariat des entreprises wallonnes entretenu par le CRISP  [6].

5Dans la précédente livraison du Courrier hebdomadaire [7], l’analyse comparative des trois régions a montré combien la fabrication de produits et de préparations pharmaceutiques constitue une des spécialisations sectorielles wallonnes  [8], avec notamment une proportion d’entreprises établies en Wallonie plus importante qu’en Flandre rapportée au nombre d’habitants (la part du chiffre d’affaires et de la valeur ajoutée générés par ces entreprises étant également supérieure au poids de sa population au sein de la Belgique)  [9]. Ces entreprises comptabilisent même la moitié de l’effectif total enregistré dans le domaine de la fabrication de produits et de préparations pharmaceutiques.

6 Le tableau 1 présente ces données en détail. Il montre également de fortes disparités entre les provinces wallonnes, avec une domination hégémonique du Brabant wallon. Si, en nombre d’entreprises, les provinces de Brabant wallon et de Liège sont proches, avec respectivement 33,9 % et 32,1 % du total wallon – la province de Hainaut suivant en troisième position, avec 21,4 % –, le Brabant wallon se détache à chaque fois nettement, avec des parts de 74,6 % de l’effectif, de 89,8 % du chiffre d’affaires et même de 91,1 % de la valeur ajoutée du total wallon  [10]. En d’autres termes, l’industrie pharmaceutique wallonne est très largement brabançonne wallonne  [11].

Tableau 1. Poids des différentes régions et provinces dans la fabrication de produits et de préparations pharmaceutiques (Belgique, 2016)

Tableau 1. Poids des différentes régions et provinces dans la fabrication de produits et de préparations pharmaceutiques (Belgique, 2016)

Tableau 1. Poids des différentes régions et provinces dans la fabrication de produits et de préparations pharmaceutiques (Belgique, 2016)

Source : C. Goethals, M. Wunderle, « Le secteur pharmaceutique en Belgique », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 2366-2367, 2018, section 3.3.3.

7La suite de la présente livraison du Courrier hebdomadaire est centrée sur les douze entreprises pharmaceutiques présentes en Wallonie qui sont les plus importantes en termes de chiffre d’affaires ; elle est limitée au listage d’une entreprise par groupe, à savoir la plus importante (cf. Tableau 2). Par l’expression « présentes en Wallonie », il faut entendre, d’une part, les entreprises établies en Wallonie – c’est-à-dire celles dont le siège social se situe en Wallonie – et, d’autre part, les sociétés dont le siège social est situé hors de cette région (à Bruxelles, en Flandre ou à l’étranger) mais qui ont une ou plusieurs unités d’établissement en Wallonie. Chacune de ces douze entreprises fait partie d’un groupe d’entreprises, dont elle dépend et au sein duquel elle figure éventuellement à côté d’autres filiales belges. Elle est étudiée – ainsi que, le cas échéant, ses sœurs – à travers ce groupe, avec, si possible, la description de ses activités et l’emploi afférent selon les sites de production. Une attention particulière est portée aux sites wallons. Ces analyses constituent les deuxième et troisième chapitres du présent Courrier hebdomadaire.

Tableau 2. Liste des douze principales entreprises pharmaceutiques présentes en Wallonie (2016)

Tableau 2. Liste des douze principales entreprises pharmaceutiques présentes en Wallonie (2016)

Tableau 2. Liste des douze principales entreprises pharmaceutiques présentes en Wallonie (2016)

8 À cette liste, la présente étude ajoute un treizième groupe d’entreprises pharmaceutiques, dont les activités ont été importantes en Wallonie jusqu’en 2014, et qui y est encore présent aujourd’hui par des activités résiduelles : le groupe allemand Fresenius.

9Les données chiffrées concernant les groupes d’entreprises sont issues des rapports annuels publiés par ceux-ci et, pour les filiales belges, des comptes annuels déposés à la Centrale des bilans de la Banque nationale de Belgique (BNB). Les rapports annuels, plaquettes et communiqués de presse publiés par les groupes, ainsi que les articles des médias spécialisés qui leur sont régulièrement consacrés, ont été exploités pour les historiques et les stratégies mises en œuvre. Pour les structures d’actionnariat, la méthodologie employée est basée sur les travaux du CRISP, telle qu’elle se présente pour la constitution de la base de données de l’actionnariat des entreprises wallonnes créée et mise à jour par le CRISP.

2. Principaux groupes pharmaceutiques présents en Wallonie

10Chaque groupe est traité selon un schéma semblable, qui comprend un historique général, le survol des secteurs et sous-secteurs dans lesquels il est actif, si possible avec leur poids au sein de l’ensemble, les données de son actionnariat connues à ce jour et son organisation, son activité en Belgique et en Wallonie, son poids dans le monde, en Belgique et en Wallonie, et ses choix stratégiques actuels et ses récentes évolutions. Dans la mesure du possible  [12], les groupes sont classés par ordre décroissant du chiffre d’affaires. La limite inférieure pour les principaux groupes se situe au niveau d’un chiffre d’affaires d’environ 100 millions d’euros en 2016  [13].

2.1. Johnson & Johnson

11Le groupe états-unien Johnson & Johnson est aujourd’hui le principal groupe pharmaceutique dans le monde, en termes de chiffre d’affaires.

2.1.1. Historique

12Le fondateur de Johnson & Johnson, le Pennsylvanien Robert Wood Johnson, un pharmacien, a été marqué par l’expérience de ses frères aînés lors de la Guerre de Sécession. Après avoir cofondé et dirigé, à partir de 1873, Seabury & Johnson, une société de pansements médicamenteux, R. W. Johnson vend les parts qu’il détient dans cette société et fonde en 1886 Johnson & Johnson avec deux de ses frères plus jeunes dont les compétences – l’un est ingénieur, l’autre a des talents de publicitaire – s’avèrent complémentaires aux siennes. Ils sont à la base d’une stratégie d’expansion et de développement originale pour l’époque. Johnson & Johnson a alors pour objet la production de masse de fournitures chirurgicales stériles (pansements chirurgicaux et sutures), un marché nouveau et peu exploité dont le groupe devient rapidement leader. Cette première gamme est bientôt suivie par d’autres innovations, comme en 1888 les trousses de premiers secours (initialement à destination des ouvriers de chantier) et en 1894 les trousses spécialisées à destination des obstétriciens. Dans le domaine des produits sanitaires, le groupe crée notamment avec succès le fil dentaire, dès 1898. En revanche, les toutes premières serviettes hygiéniques de production industrielle, que Johnson & Johnson lance en 1896, ne commenceront à se populariser qu’après la Première Guerre mondiale. Parallèlement, le groupe lance des campagnes de marketing avant la lettre, qui ciblent les médecins et qui vont de pair avec la publication d’ouvrages scientifiques ayant vocation à devenir des références tout en faisant une place importante aux produits du catalogue du groupe. Le premier de ces ouvrages, en 1888, est un manuel de chirurgie antiseptique (Modern Methods of Antiseptic Wound Treatment) édité à 85 000 exemplaires qui sont écoulés en porte-à-porte. D’autres best-sellers suivent, dont le Handbook of First Aid de 1901 ; ces ouvrages font l’objet de nombreuses rééditions au cours du temps.

13Le groupe ajoute une nouvelle orientation stratégique en 1921, en produisant dorénavant également à destination du grand public. Il met alors sur le marché la gamme Band-Aid, une première dans la commercialisation de pansements préformés (et prédécoupés) pour petites blessures et abrasions ; cette gamme de produits existe toujours aujourd’hui. Parallèlement, Johnson & Johnson développe, dès 1894, une gamme de produits pour bébés comprenant, selon les années, des lotions, des langes, des shampooings et d’autres produits de soin. L’expansion à l’international commence en 1919 avec l’implantation à Montréal de la première unité de production hors États-Unis, suivie par le Royaume-Uni en 1924.

14Un nouvel essor est impulsé sous la présidence de Robert Wood Johnson II, en poste à partir de 1932, notamment par la diversification de la production par l’ajout de médicaments au sens strict aux produits médicaux. Proche de Franklin D. Roosevelt dès avant l’élection de celui-ci à la présidence des États-Unis, et qu’il conseille à l’occasion, R. W. Johnson II entretient également des liens avec l’armée dès les années 1930. Cet état de fait permet au groupe de se profiler parmi les premiers fournisseurs de l’armée états-unienne lors de la Seconde Guerre mondiale. Johnson & Johnson se lance alors notamment dans de nouveaux domaines de production, avec par exemple la création de ruban adhésif imperméable et étanche à destination de l’armée, utilisé à partir de 1942 pour sceller les caisses de munitions. R. W. Johnson II participe personnellement à l’effort de guerre, d’une part, en tant que vice-président, appointé par le président F. D. Roosevelt, du War Plants Board, un organisme parastatal chargé d’attribuer des contrats avec le gouvernement pour la durée de la guerre (il y en aura plusieurs milliers) et, d’autre part, en tant que président de la Smaller War Plants Corporation, autre organisme parastatal chargé d’orienter la production des PME en fonction des besoins de l’état de guerre. Il termine la guerre avec le rang (de courtoisie) de général. Ses choix stratégiques voient l’actif du groupe être multiplié par plus de 60 en vingt ans.

15L’après-guerre voit Johnson & Johnson se renforcer dans ses sous-secteurs historiques, dans lesquels il garde sa position de leader. Le groupe développe notamment des sutures chirurgicales synthétiques stériles en 1969, puis des colles cutanées, qui permettent de refermer la peau sans suture ni agrafes, en 1998. De nouveaux emballages de sécurité pour médicaments sont introduits en 1982, et une gamme de lentilles de contact jetables – les premières en production de masse – en 1987. Le groupe étend également ses activités par croissance externe. Une absorption importante est celle de Janssen Pharmaceutica en 1961.

16Le groupe Janssen Pharmaceutica trouve son origine en 1933, quand Constant Janssen devient le distributeur des médicaments produits par le groupe hongrois Richter en Belgique, aux Pays-Bas et au Congo belge. Il se lance dès 1937 dans la fabrication après avoir acquis une unité de production à Turnhout. La société dispose aussi de laboratoires et s’adonne à quelques activités de recherche.

17Un palier important est franchi par le fils et héritier de C. Janssen, le médecin Paul Janssen, lorsqu’il crée en 1953 son propre laboratoire de recherche au sein des bâtiments de la société alors nommée Richter-Eurpharma, avec l’ambition de trouver des principes actifs entièrement nouveaux à base de synthèses de produits organiques. Dès 1955, l’équipe qu’il dirige tient un premier succès avec la Neomeritine (et son principal principe actif, l’ambucétamide), un médicament antispasmodique indiqué dans le cas de douleurs menstruelles. Sur la lancée, la société prend en 1956 le nom de NV Laboratoria Pharmaceutica C. Janssen. En 1957, de nouvelles installations de recherche, filialisées en 1958 sous le nom de NV Research Laboratorium C. Janssen, sont inaugurées à Beerse.

18Johnson & Johnson choisit de maintenir le groupe Janssen Pharmaceutica comme une entité séparée et jouissant d’une certaine autonomie en son sein, alors que l’ancienne équipe managériale sous la direction de P. Janssen est conservée. Cette stratégie est fondée sur l’analyse des raisons du succès de Janssen Pharmaceutica, lié à la personnalité et à la vision scientifique et commerciale de son fondateur, et à l’environnement de travail stimulant qu’il a créé  [14].

19Au cours du temps, le sous-groupe est réorganisé sous la coupole Janssen Pharmaceutica NV (1964) et voit toutes ses activités, production y compris, regroupées à Beerse (1971-1972). Johnson & Johnson renforce les activités de recherche du sous-groupe Janssen Pharmaceutica, crée la Janssen Research Foundation en 1987, dans le but spécifique de développer de nouveaux médicaments, et développe des unités de recherche Janssen à l’international à partir des années 1990. Des ingrédients actifs de base entrant dans la composition des médicaments sont fabriqués dans une unité de production chimique ouverte à Geel en 1975 et plusieurs fois agrandie depuis lors. À ce jour, le sous-groupe Janssen Pharmaceutica maintient une image belge-flamande et est régulièrement cité parmi les sociétés privées flamandes les plus actives en recherche et développement (R&D), avec notamment des investissements conséquents sur le site de Beerse au début du XXIe siècle. En 2003, par exemple, sont fondés le Discovery Research Center et le Drug Safety Evaluation Center dans de nouveaux bâtiments.

20Cela dit, en particulier après la réorganisation en 1999 des activités de recherche au sein de Johnson & Johnson, une partie des activités de recherche est relocalisée aux États-Unis sous la coupole Johnson & Johnson Pharmaceutical Research Development. De même, les activités de recherche de la Janssen Research Foundation et du RW Johnson Pharmaceutical Research Institute (États-Unis) sont fusionnées au sein d’une organisation unique.

2.1.2. Secteurs et sous-secteurs

21Le groupe Johnson & Johnson structure ses activités en trois divisions : Consumer Healthcare (produits de soin et parapharmacie), Équipement médical et Produits pharmaceutiques.

22La division Produits pharmaceutiques, qui génère environ 45 % du chiffre d’affaires en 2015, est presque entièrement le fait de la marque Janssen Pharmaceutica, qui en est historiquement à l’origine. En effet, cinq de ses six branches, regroupées en deux axes, opèrent sous cette marque, la sixième étant dévolue à la marque Actelion. Un premier axe comprend trois branches thérapeutiques : en immunologie, en maladies cardiovasculaires et métaboliques, et en hypertension pulmonaire. La branche immunologie a pour médicament vedette le Remicade, un anti-inflammatoire indiqué dans le traitement de nombreuses maladies auto-immunes comme, parmi les plus connues, la polyarthrite rhumatoïde et la maladie de Crohn, tant chez l’adulte que chez l’enfant. Le Remicade génère environ 41 % du chiffre d’affaires de la division Produits pharmaceutiques, ce qui revient à plus de 18 % du chiffre d’affaires total du groupe. Une autre maladie cible de la branche immunologie est le psoriasis. La branche des maladies cardiovasculaires et métaboliques cible plus particulièrement les thromboses et le diabète. L’hypertension pulmonaire est une maladie rare et invalidante dans le traitement de laquelle le groupe, via sa filiale suisse Actelion, aujourd’hui intégrée dans le sous-groupe Janssen Pharmaceutica, est un leader mondial. Le second axe regroupe les branches thérapeutiques consacrées aux maladies infectieuses et aux vaccins, aux neurosciences et à l’oncologie. Johnson & Johnson, toujours sous la marque Janssen Pharmaceutica, y dispose également de quelques médicaments vedettes, parmi lesquels le Velcade (myélome, cancer de la moelle osseuse), le Procrit (traitement de l’anémie, notamment en lien avec un cancer) et le Risperdal (schizophrénie, démence d’Alzheimer).

23La division Équipement médical, qui remonte aux origines du groupe, comprend d’abord le portefeuille de technologies et produits dans le domaine chirurgical, notamment via la filiale Ethicon. Il s’agit non seulement d’instruments chirurgicaux spécifiques, de systèmes de gestion de saignements et de systèmes de fermeture de plaies, mais aussi de processus intégrés en laparoscopie et en biochirurgie. La division Équipement médical représente près de 36 % du chiffre d’affaires du groupe en 2015.

24Enfin, la division Consumer Healthcare, qui totalise près de 20 % du chiffre d’affaires du groupe, est composée de deux axes. L’axe des produits de santé proprement dits englobe notamment des médicaments tout-venant vendus sans ordonnance, dont des antidouleurs, des décongestionnants nasaux et des antihistaminiques, ainsi que la gamme de bandages Band-Aid. L’axe des produits de beauté et des produits pour bébés intègre notamment la gamme dermato-cosmétique Neutrogena, acquise en 1994 par Johnson & Johnson.

2.1.3. Actionnariat et organisation

25Le groupe Johnson & Johnson est coté en bourse de New York depuis 1944. Cette introduction en bourse répondait au besoin en capitaux généré par la stratégie d’expansion du groupe pendant les années de guerre, mais elle est également née de la volonté du dirigeant de l’époque, R. W. Johnson II, d’assurer l’avenir du groupe malgré des dissensions familiales  [15].

26Les actionnaires institutionnels dominent aujourd’hui l’actionnariat de Johnson & Johnson. Parmi ceux qui se détachent au 30 juin 2017, on trouve les groupes états-uniens de gestion d’actifs Vanguard, qui contrôle près de 7,5 % du capital via divers fonds et véhicules d’investissement, de gestion d’actifs BlackRock, avec près de 6,5 % du capital, et de services financiers State Street, avec près de 6 %, respectivement deuxième, premier et troisième gestionnaires d’actifs dans le monde en 2017  [16].

27 Johnson & Johnson est aujourd’hui l’une des deux seules multinationales états-uniennes (l’autre étant Microsoft) cotées AAA par l’agence Standard & Poor’s, qui mesure la qualité de sa situation financière. Le dividende par action connaît une progression constante depuis 54 ans  [17].

2.1.4. Activité en Belgique et en Wallonie

28Le groupe Johnson & Johnson est implanté en Belgique via son sous-groupe Janssen Pharmaceutica, qui y a ses racines. Le siège social et administratif de la société principale Janssen Pharmaceutica est situé à Beerse, où sont localisés les départements de recherche et de production pharmaceutiques. Janssen Pharmaceutica dispose depuis peu (2012 et 2015) de deux unités d’exploitation, qui plus est d’une certaine importance, en Wallonie : Janssen EDC et GMED Healthcare.

29Créée en janvier 2012 par Janssen Pharmaceutica, l’unité d’établissement Janssen EDC occupe à La Louvière un nouveau site construit et aménagé spécialement pour abriter le centre de distribution européen du groupe Johnson & Johnson. Une deuxième unité d’exploitation rattachée à Janssen Pharmaceutica, établie à Courcelles en 2015, a pris comme dénomination GMED Healthcare et fonctionne comme centre de distribution spécialisé pour les équipements médicaux. Cette unité d’exploitation ne doit pas être confondue avec la société portant également le nom de GMED Healthcare, elle-même une filiale de Johnson & Johnson via la société irlandaise Depuy Synthes, spécialisée en solutions orthopédiques de pointe internes et externes. Cette société GMED Healthcare est établie à Diegem, site qui abrite également Johnson & Johnson Medical. La création de ces centres de distribution, qui s’ajoutent au centre de distribution de Beerse, avec un total de 700 emplois pour les trois, confirme la position centrale de la Belgique dans la stratégie du groupe.

30La société Janssen-Cilag, à Beerse, est une joint-venture chargée, depuis les années 1990, des activités de marketing de Janssen Pharmaceutica et de Cilag, groupe suisse absorbé par Johnson & Johnson en 1959 (sa première acquisition internationale majeure). Janssen Pharmaceutica dispose également d’une unité de production, spécialisée en biotechnologies, à Olen. L’usine de production chimique de Geel, juridiquement une unité d’établissement de Janssen Pharmaceutica, fabrique environ 80 % des composants actifs utilisés pour la fabrication des médicaments par le groupe en Belgique, et environ deux tiers de la production mondiale du secteur pharmaceutique de Johnson & Johnson.

2.1.5. Poids dans le monde, en Belgique et en Wallonie

31Le groupe Johnson & Johnson est présent dans 60 pays, commercialise ses produits dans 200 pays et emploie plus de 126 000 personnes en 2017, avec un chiffre d’affaires global de près de 72 milliards de dollars en 2016.

32Les sociétés belges génèrent environ 10 % des revenus du groupe. En 2016, le siège social et administratif Janssen Pharmaceutica occupe plus de 4 569 ETP, pour un chiffre d’affaires de plus de 5,8 milliards d’euros. L’unité d’exploitation wallonne Janssen EDC occupe environ 110 ETP en 2016. Les sociétés établies à Diegem, GMED Healthcare et Johnson & Johnson Medical, donnent en 2016 comme données en matière de chiffre d’affaires respectivement près de 3,5 milliards d’euros et 183 millions d’euros, et en matière d’emploi respectivement 105 ETP et 283 ETP.

2.1.6. Stratégie et évolution récente

33L’histoire récente du groupe Johnson & Johnson est marquée par le succès soutenu de chacune de ses trois divisions. Ses stratégies récentes ont surtout porté, outre le renouvellement continu de son pipeline de médicaments, sur une expansion vers de nouveaux sous-secteurs. Johnson & Johnson, historiquement peu présent dans ce domaine, investit ainsi depuis quelques années le secteur des vaccins, via Janssen Pharmaceutica. Le groupe a notamment décroché en 2017 un financement conséquent de 44 millions de dollars du Département de la Santé et des Services sociaux des États-Unis (United States Department of Health and Human Services, HHS) pour faire aboutir ses recherches concernant un vaccin combattant le virus Ebola, et en acheter un certain nombre de doses afin de constituer une réserve. Dans le domaine des produits médicaux, le groupe a pour ambition de devenir un leader en santé visuelle, domaine dans lequel il est déjà présent depuis les années 1980 avec l’introduction de lentilles jetables. Cette stratégie a conduit à l’absorption d’Abbott Medical Optics (cataracte, chirurgie réfractive oculaire et produits de soin), filiale du groupe de santé Abbott, pour 4,3 milliards de dollars en 2016 et de TearScience (sécheresse oculaire) en 2017. Ces activités ont été récemment regroupées en Johnson & Johnson Vision.

2.2. GlaxoSmithKline (GSK)

34Le groupe britannico-états-unien GSK est le premier groupe pharmaceutique présent en Belgique francophone en termes d’emploi en 2017.

2.2.1. Historique

35Le groupe GSK est né en 2000 de la fusion entre Glaxo Wellcome, d’une part, et SmithKline Beecham, d’autre part. Ces deux groupes, chacun plus que centenaire, avaient auparavant connu une histoire mouvementée, marquée par plusieurs mouvements de fusion et absorption.

36La première branche, Glaxo Wellcome, est elle-même le fruit de l’union en 1995 entre les groupes Glaxo et Burroughs Wellcome. Les origines du groupe Glaxo remontent à une société qui est fondée en Nouvelle-Zélande dans les années 1850, dans le domaine de l’épicerie, et qui se spécialise peu à peu en produits pharmaceutiques, notamment par le biais de la production d’aliments pour bébés à partir de 1904. Renommée Glaxo Laboratories, la société s’installe à Londres en 1935 et se développe principalement par croissance externe. Après l’acquisition de l’états-unien Meyer Laboratories en 1978, le groupe Glaxo commence à jouer un rôle important aux États-Unis.

37La société pharmaceutique Burroughs Wellcome & Company est fondée en 1880 à Londres par des hommes d’affaires américains. Sa filiale Wellcome Tropical Research Laboratories, pionnière dans l’identification et le traitement de maladies tropicales, est active depuis 1902  [18] ; ce domaine d’activités, alors dans ses débuts, est toujours maintenu dans le sein de GSK. En 1959, le groupe, qui a pris le nom de Wellcome Foundation en 1924, investit également, par acquisition, le secteur de la santé animale.

38En 1995, les groupes Glaxo et Wellcome Foundation fusionnent pour former Glaxo Wellcome. Le groupe post-fusion se lance dans une restructuration importante, en particulier dans sa branche de R&D, qui entraîne la perte à l’échelle du groupe d’environ 10 000 emplois et un développement des activités aux États-Unis. En 1999, Glaxo Wellcome est le troisième groupe pharmaceutique mondial en termes de recettes engrangées, derrière les groupes Novartis et Merck, ce qui correspond à une part de marché d’environ 4 %. Ses principaux secteurs d’activités incluent notamment les traitements de l’asthme et du sida, pour lesquels il est alors leader mondial. Glaxo Wellcome emploie environ 59 000 personnes dans le monde à cette date, réparties en 76 filiales et 50 unités de production, les plus importantes étant localisées en Écosse et en Angleterre. Ses centres de recherche sont implantés au Royaume-Uni, mais aussi aux États-Unis et au Japon.

39 La deuxième branche, SmithKline Beecham, est issue de la fusion en 1989 entre Beecham Group et SmithKline Beckman Corporation.

40 La naissance du groupe Beecham remonte à 1843, l’année de la mise sur le marché britannique de laxatifs par Thomas Beecham. Doté d’usines dès la deuxième moitié du XIXe siècle, Beecham étend ses activités à la plupart des secteurs pharmaceutiques à partir des années 1960.

41 Les origines du groupe SmithKline Beckman, marquées par plusieurs fusions et acquisitions, sont plus complexes. Simple pharmacie lors de sa création en 1830 aux États-Unis, le groupe, entre-temps nommé Smith Kline & French Laboratories, se concentre principalement, à partir de 1929, sur ses activités de recherche, en particulier dans le domaine de la santé animale.

42 En 1989, les groupes Beecham et SmithKline Beckman fusionnent pour former SmithKline Beecham. Ce groupe consolidé établit son siège social au Royaume-Uni, mais développe ses activités de recherche aux États-Unis à partir des années 1990.

43Après la fusion de 2000, GlaxoSmithKline (GSK) continue sa croissance externe, absorbant plusieurs groupes concurrents à un rythme soutenu. Parmi les plus importants, se trouvent trois groupes états-uniens : le groupe de soins dentaires et dermatologiques Block Drug, acquis en 2001 pour 1,23 milliard de dollars, le groupe dermatologique Stiefel Laboratories, acquis en 2009 pour 3,6 milliards de dollars – ces deux absorptions hissent GSK au niveau des principaux groupes dermatologiques mondiaux – et le groupe de production de protéines et d’anticorps Human Genome Science, avec lequel une collaboration avait été préalablement établie, acquis en 2012 pour 3 milliards de dollars. Le rachat, en 2007, du groupe états-unien de sous-traitance de médicaments cardiovasculaires Reliant Pharmaceuticals donne accès à GSK à la licence pour les États-Unis du blockbuster Lovaza. Le Lovaza, à base d’extraits d’oméga-3, a été développé par le norvégien Pronova BioPharma ASA pour traiter l’hypertriglycéridémie, une cause de maladies cardiovasculaires.

44La recherche en interne contribue aussi à l’expansion du groupe post-fusion. Le portefeuille du groupe s’enrichit de quelques blockbusters, parmi lesquels Avodart (à base de dutastéride), un traitement contre le cancer de la prostate, également efficace en cas d’alopécie androgénogénétique, breveté dès 1996 et introduit sur le marché à partir de 2001, et Rotarix, un vaccin (produit à Rixensart) qui protège le nourrisson et le jeune enfant contre les gastro-entérites causées par des rotavirus, introduit à partir de 2008  [19]. Héritée de SmithKline Beecham, l’expertise en filariose lymphatique (éléphantiasis) connaît un essor marqué par la co-fondation par GSK, en 2000, de la Global Alliance to Eliminate Lymphatic Filariasis, un partenariat public-privé en appui de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). GSK a fait don de plus de 5 milliards de traitements d’albendazole (par ailleurs commercialisé sous le nom de Zentel) pour combattre cette parasitose dans des pays en voie de développement ciblés par le programme d’éradication  [20].

2.2.2. Secteurs et sous-secteurs

45Les principaux domaines thérapeutiques de GSK sont les maladies respiratoires (l’asthme, la broncho-pneumopathie chronique obstructive et la rhinite allergique), traditionnel point fort de Glaxo Wellcome, les maladies du système nerveux (la maladie de Parkinson, la migraine, l’épilepsie), les maladies urologiques, les maladies cardiovasculaires (la thrombose, l’infarctus du myocarde, l’hypertension pulmonaire), l’ostéoporose, le diabète et les vaccins, ces derniers faisant partie des produits vedettes de GSK, auparavant SmithKline, depuis plus de 50 ans. La division oncologique a quitté le périmètre du groupe dans le cadre d’un accord avec Novartis (cf. infra), sauf en ce qui concerne les principes actifs et médicaments qui se trouvent au stade de la recherche.

46Le groupe GSK structure ses activités en trois branches. Elles sont respectivement consacrées aux produits thérapeutiques au sens étroit, à l’exclusion des vaccins ; aux vaccins, gérés séparément ; et aux produits de soin et parapharmacie (Consumer Healthcare).

47La branche des produits thérapeutiques de GSK comprend les médicaments délivrés sur prescription protégés par brevet, aux brevets écoulés ou génériques. Ces médicaments sur prescription, qui restent la première branche d’activités en termes de revenus, génèrent des ventes pour un total de 16,1 milliards de livres sterling en 2016, soit 58 % du chiffre d’affaires globalisé du groupe. Principal domaine thérapeutique, les maladies respiratoires interviennent pour environ un tiers dans ce total ; dans le cadre de la réorientation stratégique dans laquelle se trouve le groupe actuellement (cf. infra), GSK met en valeur ses médicaments les plus récents, qui génèrent près de 3,9 millions de livres sterling en 2016, soit un quart du total.

48L’autonomisation de la branche vaccins reflète son importance au sein du groupe – GSK figure depuis de nombreuses années dans le top 3 mondial des producteurs de vaccins  [21] – mais aussi sa place au sein de la stratégie d’expansion du groupe. Durant l’exercice 2014, les vaccins génèrent des ventes pour un total de 3,2 milliards de livres sterling, soit 14 % du chiffre d’affaires. Dans ce portefeuille de vaccins, se détache l’Infanrix ou Pédiarix (vaccin combiné ciblant les principales maladies infantiles administré pendant la petite enfance), pour plus de 800 000 livres sterling.

49La branche Consumer Healthcare rassemble notamment les produits du sevrage tabagique, des produits d’hygiène bucco-dentaire et certains traitements des gingivites pouvant être délivrés sans ordonnance. Cette branche d’activités représente 19 % du chiffre d’affaires du groupe en 2014, soit 4,3 milliards de livres sterling, générés par des marques d’une certaine notoriété, auxquelles GSK souhaite donner contenu et visibilité, comme Sensodyne, Parodontax, Poligrip et Voltaren.

2.2.3. Actionnariat et organisation

50Les titres GSK font l’objet d’une double cotation à la bourse de Londres (cotation principale, où le groupe figure dans le top 5 en termes de capitalisation depuis de nombreuses années) et à la bourse de New York. Les comptes consolidés sont établis en livres sterling. L’actionnariat du groupe est très dispersé.

51Si son siège social se situe au Royaume-Uni, GSK est toutefois considéré par le CRISP comme un groupe binational, à la fois britannique et états-unien. Pour étayer cette décision, le CRISP s’appuie notamment sur la présence – en plus de la double cotation, de deux sociétés financières aux pouvoirs équivalents – de deux sièges administratifs, l’un au Royaume-Uni et l’autre aux États-Unis. De plus, les principales sociétés holdings qui structurent le groupe sont également réparties entre Royaume-Uni et États-Unis. Par ailleurs, les États-Unis génèrent la part principale du chiffre d’affaires consolidé du groupe (32 % en 2014, contre 28 % pour l’Europe et 27 % pour les pays émergents).

52 Les raisons de cette binationalité sont d’abord historiques (cf. supra), mais aussi stratégiques : une identification du groupe comme national aux États-Unis ou britannique, c’est-à-dire européen  [22], en Europe permet un meilleur accès à ces deux marchés, qui à leur tour servent de tremplin pour exercer des activités dans le reste du monde ou qui, le cas échéant, permettent une meilleure position de négociation face aux pouvoirs publics des deux zones géographiques.

53 Une joint-venture entre les groupes GSK et Pfizer, dénommée ViiV Healthcare, a été créée en novembre 2009 avec GSK comme actionnaire majoritaire. Cette joint-venture, qui jouit d’une large autonomie, est spécialisée dans la recherche, le développement et la commercialisation de médicaments contre le sida et dans le soutien de communautés affectées par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH). Elle a donné naissance au deuxième acteur majeur au niveau mondial dans la lutte contre le sida (derrière le groupe états-unien Gilead Sciences). Son siège social est situé à Brentwood (dans le Grand Londres), comme celui de GSK. Le groupe pharmaceutique japonais Shionogi a rejoint ViiV Healthcare en 2012. En 2015, GSK détient 76,5 % de ViiV Healthcare, contre 13,5 % pour Pfizer et 10 % pour Shionogi.

2.2.4. Activité en Belgique et Wallonie

54Les activités belges de GSK remontent à 1963, avec l’acquisition par Smith Kline & French de la société créée à Genval, Recherche et Industrie thérapeutiques (ancêtre de GlaxoSmithkline Biologicals), spécialiste des vaccins.

55GSK Vaccines, la division vaccins du groupe GSK, est un leader mondial dans la production de vaccins. Cette division emploie plus de 1 600 scientifiques. La société GSK Biologicals, société établie à Rixensart mais également présente à Wavre, concentre 80 % des activités de recherche, de développement et de production de vaccins de GSK Vaccines. La concentration de la production de vaccins en Wallonie explique la première place du groupe en termes d’emploi au sein des groupes pharmaceutiques.

56 Les principaux programmes de recherche en vaccins sont axés sur les maladies les plus répandues dans le monde, notamment sur les besoins des pays en développement (rotavirus, paludisme, tuberculose, dengue). Des vaccins sont aujourd’hui en développement clinique pour chacune des trois premières priorités de l’OMS : tuberculose, sida et paludisme. À cet égard, GSK est l’un des principaux fournisseurs de vaccins auprès d’organisations internationales : OMS, Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF), Pan American Health Organization (PAHO).

2.2.5. Poids dans le monde, en Belgique et en Wallonie

57Le groupe GSK commercialise ses produits dans plus de 150 pays. Il dispose en 2014 de 86 unités de production réparties entre 36 pays. Les principaux centres de recherche sont localisés au Royaume-Uni, aux États-Unis, en Espagne, en Belgique et en Chine.

58GSK est le 7e groupe pharmaceutique mondial selon le chiffre d’affaires en 2016, après Johnson & Johnson, Pfizer, Roche, Novartis, Sanofi et Merck. Le chiffre d’affaires est de 27,9 milliards de livres sterling en 2016, pour un emploi globalisé de près de 100 000 employés. GSK est leader mondial en produits de soins et en médicaments délivrés sans ordonnance, en particulier en ce qui concerne les produits d’hygiène bucco-dentaire.

59En Belgique, GSK Biologicals emploie 8 387 ETP pour un chiffre d’affaires de plus de 4 milliards d’euros en 2016, ce qui correspond à plus de 13 % du chiffre d’affaires, mais seulement 8,4 % des effectifs de l’ensemble du groupe. Deux autres sociétés du groupe, toutes deux localisées à Wavre, ont une présence non négligeable en Belgique : Glaxosmithkline Pharmaceuticals occupe 188 ETP et génère un chiffre d’affaires de près de 159 millions d’euros en 2016, et Glaxosmithkline Consumer Healthcare occupe la même année 37 ETP pour un chiffre d’affaires de plus de 25 millions d’euros. La filiale belge de la joint-venture ViiV Healthcare, dont GSK est actionnaire majoritaire, occupe 11 ETP pour un chiffre d’affaires de plus de 55 millions d’euros en 2016.

2.2.6. Stratégie et évolution récente

L’accord entre Novartis et GSK

60 En avril 2014, le britannico-états-unien GSK acquiert la branche d’activités « vaccins » du groupe suisse Novartis pour 7,1 milliards de dollars. En parallèle, il vend ses activités matures dans l’oncologie (les traitements déjà commercialisés) à Novartis pour 16 milliards de dollars, Novartis ayant des options sur le pipeline oncologique à venir. Dans le même temps, GSK et Novartis créent également une coentreprise d’hygiène et de santé grand public sous le nom de GSK Consumer Healthcare. Novartis en détient 36,5 % et GSK, majoritaire, 63,5 %. Après accord des autorités européennes, l’ensemble de ces opérations est finalisé en mars 2015.

61La stratégie sous-jacente vise à recentrer chaque groupe sur ses activités les plus rentables. GSK a pu redistribuer 4 milliards de livres sterling (5,51 milliards d’euros) à ses actionnaires une fois ces opérations bouclées.

Le focus sur les pays émergents et les maladies tropicales

62La stratégie principale de croissance de GSK pour les années 2010 est la conquête et le développement de marchés dans les pays émergents, source potentielle de croissance. Pour leur part, les marchés des pays développés sont considérés comme matures, avec une marge de progression plus faible. Un aspect de cette stratégie est le développement de vaccins contre la malaria, pour le traitement de laquelle le groupe propose déjà d’autres types de médicaments, à partir de l’expérience du groupe en maladies tropicales.

63La malaria tue environ 650 000 personnes par an, en grande partie en Afrique. Le groupe GSK a introduit une demande d’autorisation pour le premier vaccin ciblant la malaria, RTS,S (qui intègre son adjuvant AS01), qu’il s’est engagé à commercialiser au prix de revient augmenté d’une marge de 5 % dans les pays en voie de développement. Il s’agit d’un projet de recherche mené en commun avec la Malaria Vaccines Initiative (MVI, du Program for Appropriate Technology in Health - PATH) et la Bill & Melinda Gates Foundation (BMGF). PATH rapporte, au sujet des tests cliniques qui sont en cours, que, dans une période de 12 mois suivant la vaccination, RTS,S aurait conféré environ 50 % de protection de la malaria à Plasmodium falciparum pour les enfants âgés de 5 à 17 mois, et environ 30 % de protection pour les enfants âgés de 6 à 12 semaines, dans les conditions du test. GSK a investi plus de 350 millions de dollars dans la recherche du vaccin contre la malaria jusqu’en 2014, et a prévu d’en investir encore 260 millions jusqu’en fin de processus, situé vers 2030 selon les ambitions de l’OMS. Ces recherches impliquent GSK Biologicals, qui détient par ailleurs le brevet de l’adjuvant AS01.

2.3. UCB (Famille Janssen)

64UCB est un groupe biopharmaceutique multinational basé à Bruxelles et contrôlé par la famille belge Janssen. La plupart des médicaments produits et commercialisés par UCB sont destinés à traiter des maladies graves. Ils interviennent dès lors presque tous lors de traitements prescrits et suivis par des médecins spécialistes.

2.3.1. Historique

65Capitaine d’industrie (notamment dans l’industrie verrière) et grand financier (cofondateur de la Banque de Bruxelles, président de la compagnie d’assurances la Royale belge), Emmanuel Janssen fonde, à Bruxelles en 1928, l’Union chimique belge (UCB), alors essentiellement orientée vers les produits chimiques industriels. E. Janssen a épousé la petite-fille d’Ernest Solvay et gère notamment les intérêts bancaires du groupe Solvay (à travers la Mutuelle Solvay). Il est ainsi à l’origine, et pour plus d’un siècle, de l’orientation en chimie-pharmacie des intérêts familiaux. Dans ce cadre, UCB est historiquement l’une des premières sociétés au monde à distiller l’ammoniaque à partir du charbon. L’acquisition, dès la fin des années 1920, des Laboratoires Meurice permet à UCB de se doter d’une petite division pharmaceutique. Les Laboratoires Meurice sont notamment à l’origine de l’isolation et de la purification de l’insuline et donc du traitement du diabète. Les années 1930 voient UCB investir le secteur des films industriels, notamment la cellophane, avec l’acquisition de la Société industrielle de la cellulose et, en 1936, de la société d’emballage états-unienne Sylvannia, porte d’entrée sur les marchés aux États-Unis.

66Pendant deux générations, les développements dans les domaines de la chimie, des films industriels et de la pharmacie sont menés de front. Par ailleurs, le développement du groupe dans le secteur pharmaceutique se fait en miroir de l’essor de ce secteur en Belgique. L’envol de la branche pharmaceutique d’UCB date d’abord des années 1940, en soutien à l’effort de guerre, avec notamment la fabrication de produits tels que le calcium, le phosphore, les vitamines, l’insuline et les sulfamides. L’investissement dans la branche pharmaceutique, à travers la création d’un centre de recherche pharmaceutique en 1952, débouche notamment sur la mise au point d’un médicament vedette, l’Atarax, un tranquillisant sans benzodiazépine, provoquant peu de symptômes d’addiction, commercialisé dès 1956 et encore utilisé aujourd’hui pour ses propriétés anxiolytiques. L’Atarax contribue à l’essor du groupe, notamment grâce à sa commercialisation aux États-Unis  [23], et ancre durablement la branche « pharma » au sein de sa stratégie.

67Un nouveau tournant intervient en 1965, avec le lancement de recherches dans le domaine de la biotechnologie et, plus généralement, avec l’expansion des capacités de R&D. D’autres médicaments phares, issus de recherches en interne dans de nouveaux secteurs d’activités, permettent d’élargir le portefeuille de produits d’UCB et assurent, pour de nombreuses années, le gros de ses revenus : le Nootropil, le Zyrtec et le Keppra. Le lancement du Nootropil en 1972, pour traiter des troubles de la mémoire et de l’équilibre, a pour conséquence la création d’un nouveau centre de recherche pharmaceutique à Braine-l’Alleud. Dès les débuts de sa commercialisation, au milieu des années 1980 selon les marchés (en 1987 en Belgique), l’antihistaminique de deuxième génération Zyrtec prend la tête des ventes dans son domaine, devenant un blockbuster pour plusieurs décennies, et ce alors qu’il s’agit d’un médicament disponible uniquement sur ordonnance jusqu’à la fin des années 2000. Enfin, l’antiépileptique Keppra, autorisé aux États-Unis en 1999 et lancé en 2000, complète la liste des produits vedettes encore produits aujourd’hui.

68Les années 1990 voient un nouvel essor international d’UCB qui, jusqu’alors, était plutôt présent hors d’Europe par des contrats de licence de ses produits phares. L’expansion se fait vers l’Asie, avec l’acquisition de la division pharmaceutique du groupe japonais Fujirebio, qui apporte au groupe une usine à Saitama, mais aussi une implantation en Corée et en Thaïlande. Parallèlement, l’acquisition des sociétés pharmaceutiques états-uniennes Whitby Pharmaceuticals et Northampton Medical jette les bases de la filiale UCB Inc.

69À l’aube des années 2000, le modèle stratégique hybride d’UCB, qui mène de pair ses activités dans les secteurs chimique et pharmaceutique, est remis en cause, comme cela a également été le cas pour les autres groupes actifs à l’origine dans le secteur chimique et qui ont peu à peu investi la production pharmaceutique. Cette remise en question amène le groupe à se concentrer exclusivement sur ses activités pharmaceutiques. Le processus de cession des activités chimiques s’opère en deux temps : l’acquisition d’entreprises concurrentes pour former des ensembles cohérents et viables est suivie de la cession proprement dite. L’acquisition en 2003 de la division Resins, Additives and Adhesives du groupe états-unien Solutia (lui-même issu d’une scission du groupe Monsanto), immédiatement fusionnée avec les divisions Chemicals et Films d’UCB pour former la branche d’activités Surface Specialties, qui génère alors environ la moitié du chiffre d’affaires du groupe, marque le premier temps. Dès 2004, la vente de l’ensemble de Surface Specialties (d’abord de la division Films à un consortium britannique contre 320 millions d’euros, puis du reste au groupe états-unien Cytec Industries contre une somme de 1,5 milliard d’euros) constitue le second temps. L’apport de capitaux issus de ces ventes permet à UCB de parfaire sa transformation, en se recentrant plus spécifiquement dans le domaine de la biopharmacie avec l’acquisition, en 2004, du leader biopharmaceutique britannique Celltech. La recherche est également accrue, passant de deux domaines thérapeutiques à quatre : aux affections du système nerveux central et aux allergies et maladies respiratoires, s’ajoutent le domaine des inflammations et l’oncologie. Si le groupe se retire peu à peu du domaine de l’oncologie, les trois autres domaines sont au cœur de sa stratégie jusqu’à aujourd’hui. Enfin, sur cette lancée, le groupe acquiert fin 2006 l’allemand Schwarz Pharma, dont plusieurs produits thérapeutiques, y compris des nouveautés à divers stades de développement, notamment dans les maladies respiratoires et allergies ainsi que dans la neurologie, viennent compléter l’offre déjà conséquente d’UCB dans ces domaines. Schwarz Pharma, qui générait un chiffre d’affaires d’environ 1 milliard d’euros contre plus de 1,5 milliard d’euros pour UCB, au moment de la fusion, apporte en particulier son expertise en maladie de Parkinson.

70Après ces bouleversements de son champ d’activités, et un endettement important, conséquence directe de ces rachats, UCB se concentre sur sa croissance interne.

2.3.2. Secteurs et sous-secteurs

71Le groupe UCB est spécialisé dans le traitement de maladies graves dans principalement deux domaines : la neurologie, avec des traitements combattant l’épilepsie, la maladie de Parkinson et le syndrome des jambes sans repos, et l’immunologie, avec des traitements ciblant notamment des maladies auto-immunes, dont l’arthrite rhumatoïde, la spondyloarthrite axiale, l’arthrite psoriasique, la maladie de Crohn, le lupus et les arthrites juvéniles idiopathiques, ainsi que l’ostéoporose.

72UCB est le leader mondial dans le traitement de l’épilepsie en 2016, avec plusieurs médicaments dans son portefeuille. Le médicament vedette d’UCB au cours des années 2000 a été le Keppra, un antiépileptique. Toujours en vente malgré l’expiration de ses brevets, et par conséquent en baisse continue année après année, d’abord en Europe puis dans le reste du monde, le Keppra fait peu à peu place à une nouvelle génération de traitements. En effet, développant son expertise et ses capacités de recherche en matière d’épilepsie, UCB a lancé avec succès un nouvel antiépileptique vedette (Vimpat), dont le principe actif diffère de celui du Keppra, et propose depuis peu un nouveau produit (Briviact, autorisé en Europe en 2016), de troisième génération, basé sur un troisième principe actif. Le Neupro est aujourd’hui le médicament vedette d’UCB en ce qui concerne la maladie de Parkinson en Europe (ventes en progression constante depuis 2006), aux États-Unis (autorisé en 2007 pour des indications limitées, complètement en 2012), mais aussi en phase de démarrage au Japon (depuis 2013) et en Chine (de manière limitée depuis 2015). UCB promeut activement le Neupro dans le cadre de la lutte contre le syndrome des jambes sans repos, et a obtenu des autorisations en ce sens.

73En immunologie, le produit phare d’UCB est le Cimzia, utilisé en traitement de la maladie de Crohn, de l’arthrite rhumatoïde, de la spondyloarthrite axiale, de la spondylarthrite ankylosante et de l’arthrite psoriasique ; ses ventes ont presque triplé entre 2012 et 2016. Le groupe continue à étendre le spectre des maladies susceptibles d’être traitées par le Cimzia, l’effort portant, en 2017, sur le psoriasis, pour la lutte contre lequel UCB a déposé une demande d’autorisation aux États-Unis et en Europe.

74D’anciens médicaments dont le brevet est parfois expiré, à l’exemple du Zyrtec, continuent à générer des ventes non négligeables dans des sous-secteurs moins investis par la stratégie actuelle du groupe, comme les allergies ou les maladies respiratoires, l’asthme en particulier. UCB regroupe tous ces produits sous la désignation de « marques anciennes », signalant par là que ces secteurs sont à présent moins stratégiques, c’est-à-dire moins investis en termes de recherche, et moins mis en avant dans sa communication.

2.3.3. Actionnariat et organisation

75La société de tête UCB est cotée sur Euronext Bruxelles. Une grande part de son actionnariat est connue, notamment grâce aux déclarations de transparence obligatoires en droit belge. La famille Janssen, par l’intermédiaire de la Financière de Tubize qu’elle contrôle majoritairement, détient aujourd’hui environ 35 % d’UCB, portés à 36,3 % par l’appui de Schwarz Vermögensverwaltung, représentant les intérêts de la famille allemande Schwarz-Schütte (anciens actionnaires du groupe Schwarz-Pharma absorbé par UCB), qui agit de concert avec elle  [24]. La famille Janssen continue à jouer un rôle actif au sein du groupe, dont quatre des membres occupent aujourd’hui des sièges au conseil d’administration (qui en compte 10), dont la présidence pour Evelyn du Monceau, également administratrice de Solvay. Rappelons que l’alliance ancienne des Janssen et des autres descendants d’E. Solvay est encore d’actualité au sein de l’actionnariat du groupe Solvay.

76Les actionnaires institutionnels d’UCB détiennent un peu plus de 50 % des parts. Parmi eux, se détache particulièrement le groupe états-unien Capital Group, l’un des plus importants groupes de services financiers mondiaux, caractérisé par la pratique d’investissements à long terme et dans des entreprises actives en recherche. Capital Group détient environ 10 % d’UCB à travers sa filiale Capital Research and Management Company  [25]. D’autres actionnaires institutionnels importants sont les groupes états-uniens de gestion d’actifs Vanguard (5 %), Wellington Management (3 %) et Blackrock (3 %). Selon le groupe UCB lui-même, l’origine géographique de ses actionnaires connus est très largement nord-américaine, à 41 %, et britannique, à 14 %, ce qui peut être mis en regard de l’origine de ses revenus, 48 % de son chiffre d’affaires étant généré, depuis plusieurs années, sur le marché nord-américain. Le groupe ne communique pas sur la proportion d’actionnaires belges, mais ils représentent au moins 35 % (part de la Financière de Tubize).

2.3.4. Activité en Belgique et en Wallonie

77Si le siège social des entreprises belges du groupe UCB est situé en région bruxelloise (à Anderlecht), sa principale unité d’établissement, comprenant les activités de recherche et de production, se trouve à Braine-l’Alleud, où sont occupées environ 1 500 personnes. Les activités sont partagées de manière à peu près égale entre la société de R&D en biotechnologie UCB Biopharma et la société de fabrication de médicaments UCB Pharma, qui sont toutes deux des filiales de la société holding UCB.

78 Le centre de recherche de Braine-l’Alleud est par ailleurs responsable des recherches ayant conduit à la mise sur le marché du Briviact, premier médicament sorti du centre en 16 ans. Il y est également, et uniquement, produit.

2.3.5. Poids dans le monde, en Belgique et en Wallonie

79En 2016, le groupe UCB, présent dans environ 40 pays, génère un chiffre d’affaires de 4,2 milliards d’euros et emploie plus de 7 700 personnes à travers le monde.

80Le secteur d’activités neurologique, grâce notamment au succès actuel du trio de médicaments Vimpat / Keppra / Neupro, génère 48 % du chiffre d’affaires en 2016, contre 34 % générés par le secteur immunologique, et les 18 % restants par les « marques anciennes ». La ventilation du chiffre d’affaires par zone géographique montre que la moitié des ventes environ, soit 48 % en 2016, se font aux États-Unis, pour 32 % en Europe et 7 % au Japon  [26]. Le poids du marché états-unien, allié à la forte présence d’actionnaires (notamment institutionnels) états-uniens dans la composition de son actionnariat, a donné lieu à des tensions par le passé pour UCB, qui reste un groupe à l’identité européenne marquée. En effet, le groupe, à ancrage familial belge stable, et dont 15 % des employés seulement travaillent aux États-Unis (26 % en Belgique, 12 % en Chine), est toujours géré depuis Bruxelles, par des équipes et selon une philosophie « européennes ». En raison de la centralisation comptable des opérations en Belgique, y compris pour les ventes à l’étranger, les filiales belges interviennent pour les trois quarts environ du chiffre d’affaires total, ce qui fait des entités belges les centres de profit, en plus des centres décisionnels, du groupe UCB.

81UCB dispose d’une demi-douzaine de sites de recherche principaux dans le monde, notamment au Royaume-Uni, en Allemagne, au Japon et aux États-Unis, mais le plus important d’entre eux est localisé en Wallonie.

82Le chiffre d’affaires global du groupe UCB en Belgique est de 4,2 milliards d’euros en 2016  [27], pour des effectifs de 1 966 ETP  [28]. Dans le détail, UCB Biopharma génère 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires pour 884 ETP, environ à égalité avec UCB Pharma (2,23 milliards d’euros de chiffre d’affaires, 936 ETP). La société holding UCB occupe 142 ETP et ne dévoile pas son chiffre d’affaires.

83UCB a annoncé en septembre 2014 la suppression, sur 12 à 18 mois, d’une centaine d’emplois sur son site de Braine-l’Alleud, dans le cadre d’une adaptation de son organisation de R&D, avec la création, en parallèle, de 88 fonctions nouvelles. D’après les chiffres publiés par les sociétés du groupe (qui ne dévoilent pas toutes des chiffres d’emploi), on constate une diminution d’environ 300 emplois de 2014 à 2016 chez UCB Pharma, soit dans les comptes publiés sur les deux ans suivant l’annonce, alors que UCB Biopharma, créée en 2013, reste stable sur le même temps.

2.3.6. Stratégie et évolution récente

84La stratégie d’UCB est structurée en trois axes et vise à faire du groupe le leader mondial de la biopharmacie centré sur les maladies graves, en particulier l’épilepsie et les maladies auto-immunes. Confronté à des expirations de brevets au cours des années suivant 2010, le groupe a revu sa stratégie.

85Un axe important de la stratégie d’UCB consiste à s’appuyer simultanément sur des modes de fonctionnement associés à l’industrie chimique, d’une part, à la sphère biopharmaceutique, d’autre part, le groupe étant traditionnellement présent dans ces deux secteurs. Ces activités de recherche ont donné au groupe une avance sur ses concurrents dans certains domaines (système nerveux central, immunologie). Pour coller de plus près aux réalités du marché dans l’orientation des stratégies de recherche, les projets de développement sont portés par des équipes mixtes qui incluent des membres de la R&D, de la logistique et des ventes, ainsi que des partenaires et des patients.

86Par ailleurs, l’objectif est de concentrer tous ces moyens disponibles en se limitant à son sous-secteur actuel, voire aux quelques pathologies déjà évoquées, pour lesquelles UCB est en position de leader. Cet objectif est reflété, par exemple, dans la série de médicaments contre l’épilepsie en vente ou en fin de phase test en 2015-2016. La seule relative originalité, mais qui reste en accord avec l’effort sur les maladies auto-immunes, provient de résultats de recherche encourageants dans le domaine de l’ostéoporose, dont la concrétisation se poursuit en 2017  [29]. Dans le cadre de ce recentrage, on assiste depuis plusieurs années à la vente de filiales et de divisions périphériques pour contribuer au désendettement du groupe. En novembre 2015, par exemple, UCB a cédé Kremers Urban, filiale états-unienne active en médicaments génériques spécialisés, au groupe Lannett pour 1,23 milliard de dollars, auxquels pourraient s’ajouter des paiements de droits sur les ventes de certains médicaments, en cas de succès de ceux-ci.

87Le revers de cette stratégie de plus en plus axée sur des sous-secteurs restreints et peu nombreux est la dépendance du groupe vis-à-vis de ses médicaments vedettes. Les chiffres de 2016 le reflètent, avec un quatuor de tête Cimzia / Vimpat / Keppra / Neupro qui totalise 3,1 milliards de chiffre d’affaires, soit environ 75 % du chiffre d’affaires total. Dans ce cadre, le remplacement harmonieux des anciens médicaments phares en fin de période de protection de brevet par de nouveaux potentiels blockbusters est un défi difficile à maîtriser, au vu des résultats – et des calendriers – de recherche, par nature aléatoires.

88 La recherche de financements extérieurs pour ses activités de recherche fait l’objet d’une politique proactive de la part du groupe UCB. Celui-ci est notamment le premier à bénéficier d’un financement de la recherche par la Banque européenne d’investissement (BEI), signé en juin 2014 dans le cadre du programme européen Innovfin. Ce nouveau mécanisme de financement voit la BEI partager les risques inhérents à des projets de recherche précis, à hauteur de 75 millions d’euros de mise de fonds, en co-développement avec UCB. La banque se rémunère par étapes (remboursement d’une partie du prêt, augmentée d’une prime de risque) à chaque fois qu’une phase de développement est franchie avec succès. Si le projet s’arrête sur un échec (quelle que soit la phase de développement atteinte), le capital misé est perdu. Le choix de la BEI s’est porté sur UCB du fait de contacts préalables (par prêts classiques), mais surtout en raison de son profil de société européenne qui dépense le plus en R&D par tête d’employé.

2.4. Zoetis

89Le groupe Zoetis, anciennement une participation du groupe pharmaceutique Pfizer consacrée à la santé animale, est indépendant depuis une scission actée en juin 2012 et la vente par Pfizer de ses parts résiduelles en 2013.

2.4.1. Historique

90Les origines du groupe Zoetis remontent à des recherches menées au sein du groupe états-unien Pfizer dans les années 1950, et notamment à la découverte des propriétés de l’oxytétracycline, un antibiotique encore utilisé de nos jours, sur le bétail. Dès 1952, la division agriculture de Pfizer dispose d’un centre de R&D situé dans un domaine de plus de 350 hectares dans l’Indiana. La division prend le nom de Pfizer Animal Health en 1988.

91 À partir des années 1990, avec le succès du parasiticide Dectomax, qui reste un blockbuster aujourd’hui, puis l’acquisition en 1995 de Norden Laboratories, une filiale de SmithKline Beecham, Pfizer Animal Health connaît une forte croissance et se diversifie dans de nouveaux domaines comme les vaccins et les soins aux petits animaux, animaux de compagnie inclus. De nouvelles installations de recherche sont inaugurées en 2003. Cette même année, Pfizer Animal Health entame une croissance extérieure soutenue allant de pair avec une grande diversification, due au rachat par Pfizer de groupes actifs en santé animale (CSL Animal Health, filiale du groupe australien CSL, en 2003 ; Embrex Inc et ses traitements pour volaille en 2007 ; deux entreprises actives en génétique animale en 2008 ; Microtek International Inc et ses produits d’aquaculture, dont des vaccins, en 2010) et de groupes pharmaceutiques comprenant des actifs en santé animale (portefeuille bovin du groupe suédo-britannique Pharmacia en 2003 ; Fort Dodge Animal Health, une filiale du groupe états-unien Wyeth, en 2009). À la veille de la scission, Pfizer Animal Health est un sous-groupe diversifié et viable en solo.

92 Pfizer annonce la scission de Pfizer Animal Health, destiné à devenir un groupe indépendant sous le nom de Zoetis  [30], à l’été 2012. Cette décision prend place dans la nouvelle stratégie du groupe Pfizer, à cette époque très endetté et désireux de se concentrer sur ses actifs en pharmacie humaine, avec des cessions d’autres de ses activités à la clé.

2.4.2. Secteurs et sous-secteurs

93Les activités de Zoetis sont ventilées en huit catégories : bovins (en deux sous-catégories, selon que les animaux sont consacrés à la production laitière ou de viande), porcins, volailles, ovins, poissons, chiens, chats et chevaux. Les revenus proviennent à 60 % environ des animaux de la ferme et à 40 % environ des animaux de compagnie.

94Pour les huit catégories animales citées, le groupe propose des traitements dans cinq domaines différents. Zoetis produit ainsi des vaccins, agissant notamment au niveau de l’appareil respiratoire, de l’appareil gastro-intestinal et de l’appareil reproducteur ; des parasiticides, notamment actifs contre les puces, les tiques et les vers ; des anti-infectieux, en prévention ou en traitement d’infections bactériennes, fongiques et causées par des protozoaires ; des compléments alimentaires médicinaux, probiotiques y compris ; et d’autres produits pharmaceutiques comprenant des antidouleurs, des sédatifs, des antiémétiques et des traitements oncologiques. Zoetis est encore actif dans le domaine du diagnostic, avec l’offre de kits et d’appareils de détection et de monitoring, ainsi que dans le domaine génétique, avec des marqueurs d’ADN pour un certain nombre de races.

2.4.3. Actionnariat et organisation

95L’introduction en bourse de New York de 17 % du capital de Zoetis, l’une des plus importantes de l’année, a lieu le 1er février 2013.

96Pfizer, qui est alors encore l’actionnaire majoritaire, annonce en mai 2013 la cession de ses parts résiduelles, avec l’option pour les détenteurs d’actions Pfizer de les convertir en parts Zoetis. En novembre 2014, le fonds spéculatif (hedge fund) Pershing Square Capital Management de l’homme d’affaires new-yorkais Bill Ackman  [31] accumule une participation significative de 8,5 % de Zoetis, qui sera largement revendue par la suite. Aujourd’hui, l’actionnariat de Zoetis est institutionnel à près de 95 % et aucun actionnaire ne se détache du lot. Les plus importants investisseurs connus sont, au 30 septembre 2017, sans surprise, les groupes états-uniens de gestion d’actifs Blackrock (7,6 %) et Vanguard (7 %) et, en troisième position, le groupe états-unien d’investissement T. Rowe Price (6 %), plus spécialisé en investissements moins risqués, notamment dans des entreprises actives en recherche  [32].

2.4.4. Activité en Belgique et en Wallonie

97Zoetis Belgium, localisée à Louvain-la-Neuve, est une unité de production et un centre de recherche important à l’intérieur du groupe, déjà présente du temps de l’intégration dans le groupe Pfizer. Le groupe Zoetis dispose également de deux autres filiales en Belgique. D’une part, Continental Farmaceutica, une société holding également localisée à Louvain-la-Neuve qui semble aujourd’hui en sommeil, avec un actif total d’à peine 34 000 euros en 2016. D’autre part, Zoetis Treasury Center, à Zaventem, en fait un centre de financement interne au groupe profitant de la législation belge favorable en la matière ; son total de l’actif s’élève à près de 700 millions d’euros en 2016.

2.4.5. Poids dans le monde, en Belgique et en Wallonie

98Zoetis est présent dans plus de 100 pays, disposant de 25 sites de production répartis sur 11 pays. Il génère un chiffre d’affaires de 4,9 milliards de dollars en 2016, avec des effectifs d’environ 9 000 personnes. Les États-Unis sont de loin son premier marché (à 51 %), suivis du Brésil (5 %). C’est le premier groupe mondial de santé animale.

99 La principale société belge du groupe, Zoetis Belgium, est située en Wallonie. Avec un chiffre d’affaires de près de 1,7 milliard d’euros en 2016, elle prend rang parmi les grandes filiales de Zoetis, alors que les principaux marchés européens ne génèrent que 11 % environ du chiffre d’affaires globalisé. Zoetis Belgium occupe 514 ETP en 2016 sur le site de Louvain-la-Neuve. La filiale de services financiers Zoetis Treasury Center occupe quant à elle 5 ETP en 2016.

2.4.6. Stratégie et évolution récente

100Depuis sa prise d’indépendance, le groupe Zoetis poursuit sa stratégie de croissance extérieure, marquée surtout par l’acquisition du portefeuille de médicaments destinés aux animaux de compagnie du groupe pharmaceutique états-unien Abbott Laboratories, qui permet notamment au groupe d’investir le secteur du diabète animal, en 2015, et par l’achat du groupe danois Scandinavian Micro Biodevices, actif dans le domaine du diagnostic, en 2016.

101 La forte présence chinoise, via des joint-ventures, du groupe a notamment à son actif le lancement d’un vaccin contre le syndrome porcin reproductif et respiratoire (HP PRRS), un syndrome hautement pathogène, en 2013. Zoetis dispose d’une nouvelle unité de production à Suzhou depuis 2015.

2.5. Ajinomoto

102Le groupe japonais Ajinomoto  [33] Kabushiki Gaisha  [34], de son nom complet, est un groupe agroalimentaire et chimique japonais qui détient en Wallonie le sous-groupe Omnichem.

2.5.1. Historique

103Les origines d’Ajinomoto résident dans l’alliance forgée par le docteur Kikunae Ikeda, découvreur en 1908 du goût umami, l’une des cinq saveurs de base, et du glutamate qui le génère, avec l’entrepreneur Saburosuke Suzuki II. Ce dernier, après avoir acquis une part du brevet déposé par K. Ikeda, se lance en 1909 dans la commercialisation de l’AJI-NO-MOTO, premier assaisonnement au glutamate, au travers de son entreprise Suzuki Seiyakusho Co., créée en 1907, et qui est la matrice du groupe actuel. Dès cette époque, le groupe met en avant ce qu’il décrit comme le caractère sain et bénéfique à la santé de ses produits comme un argument de vente. Porté par son produit vedette, le groupe connaît un développement rapide, se diversifiant dans la production d’amidon de blé à destination, notamment, de l’industrie textile.

104 La fondation de S. Suzuki & Co.  [35], structure juridique qui demeure aujourd’hui la société de tête du groupe, permet l’expansion internationale, en premier lieu vers les États-Unis (1917) et la Chine (1918). Parallèlement, le groupe se diversifie, principalement dans le domaine brassicole (1934), le raffinage de pétrole (1935, à l’origine des activités chimiques et, plus tard, pharmaceutiques) et les cosmétiques (1935).

105 La période de l’après-Seconde Guerre mondiale, marquée par la reconstruction, voit également la reconquête de marchés internationaux, avec notamment l’ouverture de filiales dans les principaux pays d’Asie du Sud-Est, puis, pour la première fois, en Amérique du Sud et en Europe, dans les deux cas en 1954 (Brésil et France, respectivement), ainsi qu’une nouvelle expansion aux États-Unis (bureau commercial dès 1951, filiale en 1956). La gamme des produits s’étend à la production de graisses, huiles et mayonnaises dans les années 1960, puis de produits surgelés ou de café au cours de la décennie suivante. Nouvelle stratégie appliquée à partir des années 1960, la fabrication de produits sous licences pour le marché japonais, comme les corn-flakes Kellogg’s (1963) ou les soupes Knorr (1964), plus tard Danone (1980), cimentent la prééminence d’Ajinomoto au Japon et convertissent des situations de concurrence potentielle en alliances tout en engrangeant d’importants revenus. La branche chimique lance en 1972 le surfactant vedette Amisoft. Parallèlement, le groupe produit des composants de base, dont des acides aminés comme la lysine. La structure du groupe est alors marquée par la présence de très nombreuses usines, toutes spécialisées, correspondant à autant de filiales  [36].

106 Un tournant intervient dans les années 1980 : à côté de ses activités traditionnelles et en s’appuyant sur elles, surtout sur son expertise en biochimie et ses gammes de compléments alimentaires, Ajinomoto se lance dans la production de médicaments à proprement parler. Le premier succès pharmaceutique est le lancement d’un anticancéreux, le Lentinan, en 1986. C’est dans ce cadre que se situe l’absorption d’OmniChem en 1989.

107 Les origines d’OmniChem remontent à 1778, date de la création, par un industriel britannique, d’une manufacture de poudre à canon à Wetteren, sur un site encore en activité aujourd’hui. Un premier tournant vers la chimie organique, notamment la production d’acide tannique, a lieu à partir de 1946. Une nouvelle évolution, lancée en 1975, conduit aux activités actuelles d’OmniChem, à savoir la production d’intermédiaires de synthèse et de produits actifs en vrac à destination de l’industrie pharmaceutique. La société se développe au sein du groupe de la Société générale de Belgique (SGB), qui crée OmniChem par le regroupement des sites historiques de Wetteren avec Omnium chimique, une entreprise de Louvain-la-Neuve spécialisée en alcaloïdes. Après avoir intégré dans OmniChem des activités de production de spécialités agrochimiques localisées sur un site de Balen (en province d’Anvers), la SGB, lors des délestages qui suivent son passage dans le giron du groupe Suez, se défait d’OmniChem au profit d’Ajinomoto en 1989.

108 Ajinomoto poursuit également son développement dans son cœur de métier, avec la montée en importance de sa production d’édulcorants, dont l’aspartame, à partir des années 1980. Une étape importante est l’acquisition des activités de production d’aspartame de Monsanto en 2000, pour 67 millions de dollars. Toujours dans le domaine de l’alimentation, le groupe Ajinomoto acquiert les condiments et assaisonnements Amoy Food du groupe Danone en 2006.

2.5.2. Secteurs et sous-secteurs

109Groupe agroalimentaire au sens large ayant investi des activités connexes, Ajinomoto est organisé autour de deux pôles, la Food Products Division pour l’agroalimentaire et l’AminoScience Division, principalement pour la chimie fine, les produits nutritionnels et les spécialités pharmaceutiques, regroupés en produits Healthcare (soins de santé et pharmacie) et Life Support (produits nutritionnels et solutions parentérales). En effet, en plus de certaines activités dans le domaine agroalimentaire, toutes les autres activités d’Ajinomoto dérivent de son expertise en matière d’acides aminés. Le groupe en synthétise plusieurs dizaines, y compris la L-leucine, la L-tyrosine, la glycine et la L-phenylalanine, utilisées dans la production d’engrais, de cosmétiques, de produits pharmaceutiques et même de composants électroniques. Certains sont commercialisés directement sous la marque AjiPure.

110 Depuis plusieurs années, le domaine agroalimentaire représente environ 80 % des activités d’Ajinomoto. En 2016, 75 % du chiffre d’affaires et 85 % du profit  [37] générés sont dus aux produits alimentaires. Les deux sous-secteurs de la division AminoScience interviennent globalement pour 20 % du chiffre d’affaires  [38] et seulement 15 % du profit, la division Healthcare générant respectivement 8 % et 6 % du total : plus encore en termes de profit que de volume d’activités, les produits pharmaceutiques se situent donc en périphérie du groupe.

111 La filiale Ajinomoto OmniChem travaille principalement au contrat pour l’industrie pharmaceutique, de la conception à la livraison du produit, notamment dans le secteur de pointe des principes pharmaceutiques hautement actifs (highly active pharmaceutical ingredients, HAPI) et des produits cytotoxiques. Elle est active en chimie fine, notamment en conception et en fabrication de produits semi-finis à destination du secteur pharmaceutique ; de solutions sur mesure en matière de produits phytopharmaceutiques et d’agents tensioactifs à destination du monde agricole, commercialisés sous la marque Tensiofix ; et de tannins hydrolysables commercialisés sous la marque OmniChem Natural Specialties. Ajinomoto OmniChem distribue également les gammes d’acides aminés d’Ajinomoto à destination des industries pharmaceutique, alimentaire et cosmétique, ainsi que des spécialités à base d’acides aminés destinées à des applications cosmétiques.

2.5.3. Actionnariat et organisation

112Ajinomoto est coté en bourse de Tokyo depuis la réouverture de celle-ci après la Seconde Guerre mondiale, en 1949. À cette date, la famille Suzuki, majoritaire dans l’actionnariat du groupe depuis sa fondation jusqu’à la fin de la guerre, ne possède plus que 7 % environ du capital. Aujourd’hui, environ 50 % des actionnaires sont des institutions financières japonaises, environ 27 % sont des investisseurs étrangers et le flottant est estimé à 18 %  [39]. Parmi les principaux actionnaires, tous situés sous 0,01 %, on trouve notamment, en deuxième position au 30 septembre 2017, le groupe japonais diversifié Mitsubishi.

113Les deux pôles d’activités structurant la stratégie de la société ne sont qu’imparfaitement reflétés dans la structure juridique du groupe : il n’existe notamment pas de filiale correspondant à la division AminoScience ou à ses deux sous-parties. En revanche, le groupe contrôle un grand nombre de filiales industrielles et commerciales, organisées notamment selon des critères géographiques (les représentations dans divers pays) ou selon des marques fortes. Dans le secteur pharmaceutique, les activités ont été réorganisées en 1999, avec la fondation des sociétés filiales Ajinomoto Pharma Co. Ltd. et Ajinomoto Pharmaceuticals Europe Ltd., auxquelles est venue s’ajouter, en 2010, Ajinomoto Pharmaceuticals Co. Ltd. La société OmniChem a été maintenue comme filiale autonome.

2.5.4. Activité en Belgique et en Wallonie

114Le groupe dispose en Belgique d’une société anonyme filiale, Ajinomoto OmniChem, localisée à Wetteren. Celle-ci dispose de deux unités d’établissement, à Balen et à Mont-Saint-Guibert. Seuls les sites flamands comprennent des unités de production ; le site de Mont-Saint-Guibert, que le groupe appelle « Louvain-la-Neuve », est dédié à la recherche. Une partie de la production en produits de base et intermédiaires à destination du secteur pharmaceutique est délocalisée à Parawada (Mandal), Visakhapatnam, dans l’État indien d’Andhra Pradesh, où se situe la manufacture Granules OmniChem Private, une joint-venture (à 50/50, mais sous contrôle du groupe Ajinomoto) avec le groupe indien Granules India  [40] inaugurée en 2014. Granules OmniChem Private devrait recevoir l’approbation de l’Agence états-unienne des produits alimentaires et médicamenteux (Food and Drug Administration, FDA) dans le courant de l’année 2018, après une inspection de contrôle subie avec succès fin 2017.

2.5.5. Poids dans le monde, en Belgique et en Wallonie

115 Le groupe Ajinomoto occupe en 2017 plus de 32 000 personnes dans 30 pays, pour un chiffre d’affaires de près de 1,1 milliard de yens. Il dispose d’environ 120 unités de production dans le monde, dont 85 en Asie, et ses produits sont disponibles dans environ 130 pays. Malgré une internationalisation entamée dès les premières années de son existence, le Japon génère 48 % du chiffre d’affaires d’Ajinomoto en 2016, suivi du reste de l’Asie (23 %) et des Amériques (21 %), l’Europe-Afrique n’intervenant que pour 8 %.

116 Ajinomoto est ultra-dominant sur le marché japonais des produits alimentaires, avec des parts de marché de plus de 80 % pour certains produits (bouillons, assaisonnements). D’après ses propres chiffres, le groupe domine le marché mondial des assaisonnements (umami, autres arômes et saveurs) et des aides culinaires (poudres et bouillons) avec une part de 22 %, en croissance – le groupe vise les 24 % à l’horizon 2019.

117 La présence d’Ajinomoto en Belgique est atypique. Parmi sa gamme alimentaire, le groupe n’y commercialise que les assaisonnements umami AJI-NO-MOTO, mais il y dispose, avec Ajinomoto OmniChem, d’une filiale majeure de production de spécialités pharmaceutiques, occupant 688 ETP et générant un chiffre d’affaires de près de 291,5 millions d’euros en 2016. D’après la société elle-même, OmniChem fabrique des principes actifs pour plus de 10 milliards de comprimés par an et est le producteur mondial exclusif de plus de 50 % de ces principes actifs.

2.5.6. Stratégie et évolution récente

118 À l’heure où nombre de groupes à large éventail d’activités se recentrent, Ajinomoto poursuit sa stratégie historique de mener, de développer et de faire croître toutes ses branches d’activités.

119 Récemment, Ajinomoto a développé ses activités de sous-traitance pharmaceutique – le secteur d’activités d’OmniChem – en absorbant en 2013 l’entreprise de manufacture sous contrat états-unienne Althea Technologies. L’opération, au coût de 175 millions de dollars, vise à la fois le renforcement des activités manufacturières en biopharmacie et l’expansion aux États-Unis. Des avancées en matière de culture de cellules animales, issues d’un projet de recherche impliquant plusieurs partenaires asiatiques, dont l’Université de Kyoto, a conduit fin 2014 la filiale sud-coréenne Ajinomoto Genexine Co. à en lancer la production dans de nouvelles installations. Ces cellules sont destinées au marché en plein essor de la médecine « biotechnologique ».

120 La Région flamande a confirmé en décembre 2017 sa décision de cofinancer le programme d’investissement d’OmniChem dans des technologies innovantes. Concrètement, ces investissements visent à développer les capacités de production du site de Balen.

121 Le groupe Ajinomoto ne s’est, au cours de ses 100 ans d’histoire, que rarement retiré de branches d’activités. Le seul événement important de ce type a été la cession, fin 2012, des parts détenues par le groupe dans le producteur de boissons lactées Calpis au groupe japonais Asahi Breweries pour l’équivalent de 1,5 milliard de dollars. Ajinomoto détenait depuis 1990 une participation dans Calpis ; il s’agit donc du retrait d’une entreprise sur laquelle il n’exerçait qu’un contrôle limité.

2.6. Baxter

122Baxter International est un groupe pharmaceutique états-unien actif dans la fourniture de solutions de perfusion et dans le traitement des maladies rénales. Depuis 2015, ses activités en matière d’hématologie (dont le traitement de l’hémophilie) et d’immunologie ont été transférées à une nouvelle entité, Baxalta, elle-même acquise par le groupe britannique Shire (cf. infra) en 2016. Bien que les deux entités soient aujourd’hui juridiquement séparées, leur historique commun, certaines obligations contractuelles qui les lient encore et leurs fréquentes implantations, toujours d’actualité, sur les mêmes sites y compris en Wallonie, justifient un traitement largement commun des deux groupes qui en résultent.

2.6.1. Historique

123 Fondée en 1931 par un médecin de Los Angeles, Donald Baxter, sous le nom de Don Baxter Intravenous Products Corporation (bientôt simplifié en Baxter Laboratories), l’entreprise se consacre à l’origine à la fabrication et à la distribution, en grandes quantités, de solutions intraveineuses dans un secteur alors encore artisanal. L’expansion est rapide, marquée par l’ouverture de nouvelles unités de production (dès 1933 dans l’Illinois, pour se rapprocher de ses clients), le financement d’activités de R&D, ainsi que l’entrée dans le secteur du matériel médical en 1939, avec le lancement de systèmes permettant le stockage longue durée du sang (plusieurs semaines, contre seulement quelques heures auparavant).

124 L’entrée en guerre des États-Unis dope les activités de l’entreprise, seule capable de fournir des solutions intraveineuses et des conserves de sang aux forces armées – des unités de production provisoires permettent de satisfaire la demande brutalement accrue. Ce nouvel essor se poursuit dans l’après-guerre par la création de nouvelles unités de production permanentes dès 1950 et, dans la foulée, par les débuts de l’expansion hors Amérique du Nord avec l’ouverture d’un bureau en Belgique en 1954. Parallèlement, Baxter développe son expertise hématologique, notamment par l’acquisition de sociétés concurrentes au cours des années 1950, et investit le secteur du plasma sanguin, puis, en 1968, celui du traitement de l’hémophilie. Baxter continue à développer sa gamme de produits hématologiques jusqu’à aujourd’hui.

125 L’année 1956 marque l’entrée du groupe dans le secteur de la dialyse, encore à ses débuts, et d’abord envisagé comme un prolongement de ses activités hématologiques. Le groupe figure très tôt parmi les leaders mondiaux de ce secteur, notamment par l’invention de la dialyse péritonéale dès 1960  [41]. L’entrée en bourse en 1961 permet de lourds investissements, nouvelles usines à la clé, au tournant des années 1970.

126 À partir des années 1970, le secteur des solutions intraveineuses prend peu à peu l’aspect que nous connaissons, avec le développement de systèmes qui intègrent la solution souhaitée dans un contenant de perfusion à utilisation unique  [42]. Ce système est parfois simplement qualifié de « baxter » en français.

127 Le groupe Baxter est également actif dans d’autres secteurs connexes tels que le développement de la distribution de produits à destination des hôpitaux, suite au rachat en 1985 du groupe American Hospital Supply Corporation, le lancement de produits favorisant la cicatrisation en milieu hospitalier en 1998, la production d’anesthésiants cette même année et, plus récemment, une spécialisation dans les maladies auto-immunes. Jusqu’à la cession d’une partie de ces activités au groupe Shire, Baxter a longtemps figuré parmi les 500 plus importantes entreprises états-uniennes selon le chiffre d’affaires  [43].

2.6.2. Secteurs et sous-secteurs

128Jusqu’en 2013, les activités du groupe Baxter étaient classées selon deux pôles : le pôle des « produits médicaux », qui générait près de 60 % des revenus du groupe, et le pôle « biosciences ». Le pôle « produits médicaux », le plus important, comprenait d’abord toute la gamme des produits et solutions à perfusions, spécialités à l’origine du groupe, y compris les produits de nutrition parentérale. Il comprenait également les activités de dialyse et de thérapie rénale dont Baxter est un leader historique. S’y ajoutait enfin le sous-secteur des produits anesthésiants. Le pôle « biosciences » comprenait notamment les activités historiques en hématologie, les produits de bio-chirurgie, les traitements dans le domaine des anticorps (notamment pour des maladies auto-immunes), et le développement et la commercialisation de vaccins.

129 En raison notamment de l’endettement du groupe, un bouleversement stratégique, sous l’influence des principaux actionnaires institutionnels, est intervenu à partir de mars 2014 et a été marqué par un remplacement de l’équipe dirigeante. Il a pris effet au 1er mai 2015. À cette date, le groupe a été scindé en deux entités distinctes. La société Baxalta, créée à cet effet, a reçu en apport le portefeuille « biosciences », hormis le sous-secteur « vaccins », cédé à Pfizer en juillet 2014, et les produits de bio-chirurgie. Après une courte vie indépendante à partir de sa cotation en bourse de New York le 1er juillet 2015, Baxalta a été absorbée par le groupe britannique Shire, spécialisé dans le traitement de maladies rares.

130 Depuis lors, le groupe Baxter recentré s’est réorganisé en deux volets : le matériel hospitalier et les traitements rénaux. La branche « matériel hospitalier » comprend principalement quatre ensembles de produits, à savoir les solutions intraveineuses, sous-secteur d’activités historique, qui sont produites de manière intégrée avec leurs contenants et leurs systèmes d’injection ; le portefeuille de nutrition parentérale  [44] ; les produits d’anesthésie et de gestion de la douleur, matériel pour la prise en charge compris ; enfin, les produits de bio-chirurgie et de réparation tissulaire visant à contrôler les saignements et à restaurer l’étanchéité des tissus lors de procédures chirurgicales. L’ensemble de la branche « matériel hospitalier » génère un chiffre d’affaires de plus de 6,3 milliards de dollars en 2016, ce qui représente plus de 60 % du chiffre d’affaires total.

2.6.3. Actionnariat et organisation

131 Depuis mai 2015, le groupe Baxter a été juridiquement scindé en deux entités distinctes qui évoluent depuis indépendamment l’une de l’autre. L’une forme aujourd’hui le groupe Baxter recentré, tandis que l’autre a intégré le groupe Shire.

132La société de tête du groupe Baxter, Baxter International, est cotée en bourse de New York et ne connaît pas d’actionnaire de référence. Au 30 juin 2017, les investisseurs institutionnels se partagent 86 % des actions. En tête de ceux-ci, on trouve un trio de groupes d’investissement états-uniens : le groupe d’investissement Blackrock (un leader mondial de la gestion d’actifs), le fonds d’investissement spéculatif Third Point (un fonds multisectoriel, mais avec quelques autres positions dans des entreprises pharmaceutiques) et le groupe d’investissement multisectoriel Vanguard.

133Après avoir, dans un premier temps, maintenu une participation minoritaire dans Baxalta, Baxter ne détient plus de liens d’actionnariat avec son ancienne branche d’activités après l’offre publique d’échange menée au printemps 2016.

2.6.4. Activité en Belgique et en Wallonie

134 Le groupe Baxter dispose de deux implantations importantes en Belgique, toutes deux en Wallonie, à Braine-l’Alleud et à Lessines. L’installation en Belgique s’est faite dès 1954, et les installations belges restent, à ce jour, stratégiques pour le groupe par leur position au cœur de l’Europe. En plus du siège administratif pour la Belgique et le Luxembourg, le site de Braine-l’Alleud abrite un centre de recherche, des fonctions de support à l’échelle européenne, ainsi que des services de pharmacovigilance. Le centre de recherche occupe une place importante au sein du groupe : il est l’un de ses trois centres européens de R&D. Il est spécialisé dans la mise au point de médicaments et de dispositifs d’interface entre médicaments chimiques et biologiques, et génère tant les nouvelles solutions thérapeutiques que les contenants appropriés. Le site de Lessines est, quant à lui, le plus grand centre de production et de distribution du groupe en Europe.

2.6.5. Poids dans le monde, en Belgique et en Wallonie

135 Baxter est un groupe d’entreprises global présent dans une centaine de pays à travers plus d’une cinquantaine de sites de production en 2017, mais sa présence dans le monde est inégale selon les régions. En 2016, environ 42 % de son chiffre d’affaires sont générés aux États-Unis. L’Amérique du Nord, berceau historique du groupe, garde aujourd’hui, en plus du siège social mondial dans les environs de Chicago, des sites dédiés à la recherche, à la fabrication et à la commercialisation des différentes gammes de produits. L’Europe compte à elle seule une centaine de sites, parmi lesquels figurent trois centres de R&D (deux centres autrichiens en plus de celui de Braine-l’Alleud), plus de 20 sites de production, ainsi que des centres de distribution et des entrepôts, le tout sous la direction stratégique de Baxter Europe, Moyen-Orient et Afrique (EMEA), dont le siège est situé à Zurich.

136 Le groupe Baxter occupe des effectifs de 48 000 salariés dans le monde en 2016 et génère un chiffre d’affaires de plus de 10 milliards de dollars, à comparer avec les plus de 16 milliards de chiffre d’affaires généré en 2014, avant la scission. Plus de 6 milliards de dollars du chiffre d’affaires global, soit près des deux tiers, proviennent de la division « produits hospitaliers ».

137 Malgré la présence d’un centre de recherche important et d’un site de production, le poids des activités wallonnes au sein du groupe est très relatif. Selon ses comptes annuels de 2016, Baxter emploie 1 463 ETP dans ses six filiales belges, toutes wallonnes (dont 761 ETP chez Baxter SA), pour un chiffre d’affaires globalisé de 273 millions d’euros (dont plus de 84 millions générés par Baxter SA).

2.6.6. Stratégie et évolution récente

138 Le recentrage du périmètre des activités du groupe Baxter, intervenu à partir de 2015, a pour but de développer la croissance interne, en particulier en développant les capacités de recherche du groupe. Celui-ci a également décidé de ne plus commercialiser des produits de son catalogue dont il estime les marges de profit trop faibles, en particulier à l’extérieur des États-Unis. Ces développements vont de pair avec un programme d’optimisation des coûts, annoncé fin 2015, y compris par une diminution des effectifs hors activités de production, répartie sur l’ensemble de ses sites, d’environ 1 400 emplois (environ 3 % de l’effectif total). La réduction d’emplois dans la production a suivi en 2016, avec notamment la fermeture d’une unité de production dans le Colorado (400 emplois).

139 Depuis quelques années, Baxter a renforcé son soutien à des programmes de recherche extérieurs, matérialisés par la remise de prix et l’octroi de bourses. Le Baxter Young Investigator Award récompense annuellement des étudiants de cycles supérieurs et post-doctorants nord-américains (6 lauréats de premier rang et 11 lauréats de second rang en 2016). Parmi les conditions d’éligibilité, figure notamment la réalisation d’avancées significatives en recherche appliquée au développement de thérapies et de produits médicaux, dans les secteurs en relation avec l’éventail des secteurs dans lesquels le groupe est actif. Les lauréats de premier rang reçoivent un prix de 2 000 dollars, ceux de second rang 500 dollars. Le groupe finance également un programme de bourses ouvert aux chercheurs, notamment en recherche clinique. Des jurys multidisciplinaires, sous la conduite du Baxter’s Medical Affairs Group, jugent les projets soumis dans cinq sous-secteurs, toujours en milieu clinique (chirurgie de pointe, nutrition, systèmes fluides et perfusions, anesthésiants et autres produits pharmaceutiques, traitements rénaux) et sont encouragés à utiliser des produits Baxter et à améliorer leur usage. Le financement varie selon le projet soutenu et fait l’objet d’un contrat qui règle notamment les questions de propriété intellectuelle. Baxter accorde également des bourses finançant des colloques ou des séminaires à destination des professionnels de la santé.

140 Des programmes semblables de soutien à la recherche existent dans d’autres pays où Baxter est présent. Ainsi, en Belgique, le groupe décerne tous les deux ans, avec le soutien de l’Association francophone des pharmaciens hospitaliers de Belgique (AFPHB) et l’Association flamande des pharmaciens hospitaliers (Vlaamse Vereniging van Ziekenhuisapothekers, VZA), le prix Baxter Belgian Award – Clinical Pharmacy axé sur de nouvelles perspectives thérapeutiques et sur la sécurité du patient. D’un montant de 50 000 euros, ce prix, attribué par un jury, récompense à chaque fois un projet francophone et un projet flamand en pharmacie clinique.

2.7. Shire

141 Le groupe britannique  [45] de biotechnologie Shire, spécialisé dans le traitement de maladies rares, a atteint une nouvelle dimension après la reprise de Baxalta.

2.7.1. Historique

142 Le groupe britannique Shire a été fondé en 1986 par quatre associés, avec des activités dans la prévention et le traitement de l’ostéoporose. Introduit en bourse dix ans après sa fondation, il connaît depuis lors une croissance – principalement externe – particulièrement soutenue. Celle-ci a été marquée, notamment, par le rachat du groupe états-unien New River (2007) et du groupe allemand Jerini (2008), qui apportent à son portefeuille des traitements vedettes contre les troubles de l’attention et l’angio-œdème héréditaire, respectivement. Après l’échec d’une tentative de prise de contrôle par le groupe biopharmaceutique états-unien AbbVie, Shire réussit le rachat de Baxalta en 2016 et atteint sa position actuelle de leader dans le traitement de maladies rares. Par cette dernière opération, Shire accède à une nouvelle dimension, faisant notamment plus que tripler ses effectifs.

2.7.2. Secteurs et sous-secteurs

143 Le groupe Shire cible une série de maladies rares ou moins rares, sans nécessairement de lien cohérent entre elles. Son portefeuille va notamment de la boulimie aux troubles de l’attention (avec ou sans hyperactivité), du cancer du pancréas à la leucémie aiguë lymphoblastique, des troubles de la coagulation sanguine aux crises convulsives, de la maladie de Gaucher à la maladie de Hunter et à la maladie de Fabry.

2.7.3. Actionnariat et organisation

144 L’actionnariat de Shire est peu connu ; mais, avec seulement 21 % environ d’investisseurs institutionnels, cet actionnariat semble très éclaté au sein d’un contingent important de petits porteurs. Le premier actionnaire connu, avec environ 8 %, est le groupe états-unien d’investissement Blackrock. Les fondateurs et leurs héritiers ne semblent plus détenir de proportion significative de parts  [46].

2.7.4. Activité en Belgique et en Wallonie

145La scission entre Baxter et Baxalta est récente, et l’intégration de ce dernier dans le groupe Shire est encore en cours à ce jour. Il n’est donc pas surprenant de constater que les sièges sociaux des filiales belges Baxalta / Shire sont localisés à Lessines, sur leur site historique où, par ailleurs, Baxter maintient d’importantes capacités de production. Baxalta Belgium Manufacturing est actif dans la fabrication de médicaments et traitements hématologiques, en particulier dans la purification, le fractionnement et le conditionnement du plasma. Le groupe dispose également en Baxalta Belgium d’une filiale intermédiaire de commerce.

146 Shire Movetis dispose encore d’une représentation commerciale, située dans le quartier européen à Bruxelles, datant d’avant l’absorption de Baxalta. Elle associe encore à Shire le nom de Movetis, une petite spin-off de Johnson & Johnson fondée en 2006, acquise en 2010 et intégrée dans le groupe. L’unité de production belge de Movetis, orientée vers les maladies gastro-intestinales et qui occupait alors une soixantaine d’emplois à Turnhout, a été fermée par Shire fin 2013, le groupe conservant son portefeuille de traitements et se réservant l’usage de la marque.

2.7.5. Poids dans le monde, en Belgique et en Wallonie

147Shire est un groupe présent dans plus de 100 pays. Il génère un chiffre d’affaires de plus de 11 milliards de dollars en 2016, presque doublé par rapport à 2015. Cinq sous-secteurs se partagent la quasi-totalité du chiffre d’affaires en 2016 : les maladies génétiques (2,7 milliards de dollars), les neurosciences (2,5 milliards), l’hématologie (2,2 milliards), la médecine interne (1,8 milliard) et l’immunologie (1,5 milliard). Ses effectifs sont estimés à environ 22 000 emplois en 2017, c’est-à-dire après l’absorption de Baxalta. Le poids principal du groupe revient à l’Amérique du Nord avec 58 % des employés, suivie de l’Europe (35 %), de l’Asie et de l’Amérique latine. Le groupe Baxalta, lors de sa brève indépendance, en 2015, générait 54 % de son chiffre d’affaires aux États-Unis.

148 Depuis 2013, le groupe gère ses opérations commerciales internationales à partir du canton de Zug en Suisse, notamment pour des raisons fiscales. Il a par ailleurs regroupé en 2014 un grand nombre de ses activités, et notamment de ses activités de production, dans son nouveau siège ouvert dans le Massachusetts. Le quartier général global est situé à Dublin, où une nouvelle unité de production est en phase de construction. Les unités de production intégrées grâce à l’absorption de Baxalta sont pour la plupart actives en préparations de produits plasmatiques (cinq en tout, en Californie, en Autriche et en Italie, et une sixième en cours de construction aux États-Unis) ou en produits recombinants (en Suisse, à Singapour et en Autriche). Depuis 2014, un centre global d’innovation et de R&D situé dans le Massachusetts concentre ces activités au niveau de Baxalta, centre que Shire a maintenu à ce jour.

149 En regard des résultats mondiaux, les chiffres belges apparaissent modestes. En Wallonie, Shire occupe 939 ETP pour un chiffre d’affaires de 266,9 millions d’euros en 2016, dont 839 ETP et 183,9 millions d’euros, respectivement, pour le seul Baxalta Belgium Manufacturing. Les données d’emploi et de chiffre d’affaires de la filiale bruxelloise ne sont pas connues.

2.7.6. Stratégie et évolution récente

150Le groupe Shire applique depuis une vingtaine d’années une stratégie d’expansion centrée sur le développement et la commercialisation de traitements pour les maladies et les affections rares. Il s’attache en particulier à identifier chez des patients potentiels des besoins pas, peu ou mal couverts, et pratique un lobbying très ciblé, tant auprès des scientifiques et des professionnels de la santé que des pouvoirs publics, pour améliorer le diagnostic de ces maladies rares et la prise en charge des traitements. Pour mettre en œuvre sa stratégie, Shire a eu largement recours aux fusions et acquisitions, origine de la grande majorité de son portefeuille de produits, et, d’après les déclarations du groupe lui-même, cette priorité stratégique sera maintenue dans le futur. Le groupe dispose pour ce faire, en interne, d’une branche d’activités uniquement destinée à repérer et à gérer les acquisitions potentielles. L’importance de ce mouvement d’acquisitions a conduit Shire dans une voie de restructuration permanente de son fonctionnement organisationnel. Depuis quelques années, Shire gomme son ancrage britannique et prévoit de continuer sur cette lancée, en poursuivant son retrait progressif du Royaume-Uni.

2.8. Investor AB (Famille Wallenberg)

151Investor AB appartient au groupe familial suédois Wallenberg. Ce groupe détient notamment Mölnlycke, qui est une multinationale suédoise active dans la production de dispositifs médicaux, en particulier dans le traitement des plaies.

2.8.1. Historique

152La société à l’origine de la multinationale Mölnlycke est fondée en 1849 à Mölnlycke, en Suède (aujourd’hui un faubourg de Göteborg), sous la forme d’une manufacture de textiles. Au tournant du XXe siècle, la société entame la production de gaze à destination des hôpitaux suédois. Le lancement de la production de bandages et de tampons à usage chirurgical en production industrielle de masse dans l’après-Seconde Guerre mondiale soutient l’expansion des opérations de Mölnlycke, ainsi que l’introduction progressive de nouveaux matériaux, de produits jetables et de vêtements chirurgicaux dans les années 1960. À partir des années 1980, de nouvelles gammes de produits issus de la recherche technologique, toujours dans les domaines d’activités historiques de la société, s’ajoutent au catalogue.

153Parallèlement, le contrôle actionnarial de Mölnlycke évolue. La société perd son indépendance lors d’un premier rachat par le groupe forestier et papetier suédois Svenska Cellulosa Aktiebolaget (SCA) en 1975. En 1997, SCA, tout en conservant ses activités de produits d’hygiène corporelle (protections féminines, incontinence), vend la division des produits à usage clinique au fonds d’investissement Nordic Capital  [47], actif dans les pays nordiques. Nordic Capital maintient la marque Mölnlycke, constitue la société Mölnlycke Health Care AB, et la vend en 2005 au fonds d’investissement britannico-états-unien en capital-risque Apax Partners LLP. Après l’avoir fusionné avec Medlock Medical et Regent Medical, Apax Partners cède le nouveau Mölnlycke au holding suédois Investor AB en 2007.

154Investor AB est créé en 1916 par la famille Wallenberg, en réponse à un changement législatif en Suède qui rend plus difficile, à long terme, la détention d’actions d’entreprises industrielles par des banques, en l’occurrence Stockholms Enskilda Bank. Au cours du temps, Investor AB investit dans un grand nombre de sociétés suédoises, cotées ou non, habituellement sous la forme de participations minoritaires assez importantes, notamment dans les cas d’actionnariat dispersé, pour lui assurer un certain contrôle sur ces participations.

2.8.2. Secteurs et sous-secteurs

155Les activités de Mölnlycke Health Care ont été recentrées sur le marché hospitalier depuis la fin des années 1990, avec une gamme de produits de traitement des plaies et des dispositifs destinés aux opérations chirurgicales.

156Le domaine du traitement des plaies comprend la fourniture de divers types de compresses, de tampons, de pansements sophistiqués absorbants ou antimicrobiens, ainsi que le traitement préopératoire désinfectant du patient. Parmi les spécialisations du groupe, on trouve le traitement des plaies par pression négative – ce qui favorise la cicatrisation – et des pansements sophistiqués, pour le traitement à plus long terme des cicatrices, mais aussi pour une série d’affections dermatologiques. Mölnlycke propose également des produits orthopédiques spécialisés.

157 Mölnlycke Health Care est aussi un leader dans la fabrication de dispositifs destinés à l’exercice de la chirurgie. Le groupe fournit ainsi des instruments chirurgicaux pour différentes spécialisations et des trousses spécifiques. Son catalogue propose aussi une gamme de dispositifs annexes à l’usage des hôpitaux, parmi lesquels des gammes d’aménagement du champ opératoire, des gants, des blouses, des coiffes, des masques ainsi que des couvertures de réchauffement du patient en site opératoire pour prévenir les infections, mais aussi des produits antiseptiques, notamment destinés à la désinfection du bloc opératoire ou à l’hygiène longue durée des mains. Mölnlycke gère également des programmes de partenariat avec les hôpitaux pour l’efficience du bloc opératoire.

158 Mölnlycke Health Care est un sous-groupe d’Investor AB, dans le portefeuille duquel il s’insère, via le véhicule Patricia Industries, parmi les participations non cotées détenues majoritairement. Patricia Industries intervient pour environ 17 % de l’actif d’Investor AB. Le sous-groupe, principal actif de Patricia Industries, y figure aux côtés d’autres entreprises du domaine de la santé comme le spécialiste en urologie et gastroentérologie canadien Laborie et le groupe de soins de santé et de maisons de repos suédo-scandinave Aleris, mais également aux côtés d’entreprises immobilières, horeca et de télécoms. Par ailleurs, Investor AB est actionnaire principal, mais minoritaire de nombre de multinationales cotées. Parmi celles-ci, on trouve des participations historiques, notamment dans le groupe biopharmaceutique suédo-britannique AstraZeneca (depuis 1924), mais aussi dans les groupes suédois Saab, Ericsson et Electrolux ou, plus récemment, le groupe de bourse Nasdaq.

2.8.3. Actionnariat et organisation

159Mölnlycke Health Care, qui n’a jamais été coté en bourse, est intégré depuis 2007 comme sous-groupe au groupe familial suédois Wallenberg via Investor AB, qui en détient environ 99 %. Les principaux actionnaires d’Investor AB sont les fondations Wallenberg, un ensemble d’une vingtaine de fondations établies au cours du temps (la plus ancienne en 1917) par les différentes branches de la famille et agissant de concert. Les fondations Wallenberg contrôlent 23,36 % des parts et 42,95 % des droits de vote dans Investor AB au 30 septembre 2017  [48]. La famille occupe également encore aujourd’hui des fonctions dirigeantes dans la société, notamment en la personne de son président. La famille Wallenberg est, depuis le milieu du XIXe siècle et jusqu’à aujourd’hui, la principale famille d’industriels de Suède, contrôlant environ 30 % de la capitalisation boursière totale de la bourse de Stockholm en 2016  [49].

2.8.4. Activités en Belgique et en Wallonie

160La filiale belge Mölnlycke Health Care SA est implantée en Wallonie, à Waremme, depuis 1999, et est présente en Flandre, à Berchem (Anvers), à travers une unité d’établissement depuis 2001. C’est une filiale directe, à plus de 99,9 %, de la maison mère suédoise, Mölnlyke Health Care AB ; elle produit des pansements cicatrisants, autoadhésifs et pour transfusions, des sparadraps, ainsi que des vêtements et accessoires pour usages médicaux et chirurgicaux.

2.8.5. Poids dans le monde, en Belgique et en Wallonie

161Le poids du groupe Wallenberg est difficile à estimer en raison de sa nature hétérogène faite de filiales, d’entreprises affiliées et de participations très minoritaires dans des groupes multinationaux. Ainsi, dans ces deux derniers cas, le groupe exerce un contrôle ou une influence très différente selon les cas. Cela dit, en 2016, le véhicule Patricia Industries, qui regroupe les participations majoritaires d’Investor AB et auquel Mölnlycke appartient, génère un chiffre d’affaires cumulé (calculé en ventes nettes) d’environ 4,57 milliards d’euros.

162 Le sous-groupe Mölnlycke a une présence globale marquée par des unités de production dans 17 pays et est présent dans 98 pays. Il occupe 7 541 employés pour un chiffre d’affaires (calculé en ventes nettes) de 1,429 milliard d’euros en 2016.

163 Mölnlyke Health Care SA occupe 369 ETP pour un chiffre d’affaires de près de 112 millions en 2016. La présence belge de Mölnlycke est donc modeste, tant en termes de chiffre d’affaires que d’emploi.

2.8.6. Stratégie et évolution récente

164 Investor AB a l’intention, dans les prochaines années, de soutenir la croissance de Mölnlyke Health Care, y compris externe, et ce, notamment, en investissant de nouveaux marchés géographiques.

3. Autres groupes pharmaceutiques présents en Wallonie

165Les groupes pharmaceutiques traités dans ce dernier chapitre ont un chiffre d’affaires compris entre environ 50 et 40 millions d’euros en 2016. Ils sont classés par ordre décroissant.

3.1. Paulsen

166Le groupe familial suédois Paulsen détient notamment le sous-groupe de sous-traitance pharmaceutique PolyPeptide.

3.1.1. Historique

167Le groupe trouve son origine dans la fondation, en 1950 à Malmö, d’une entreprise pharmaceutique – devenue Ferring Pharmaceuticals en 1954 –, par le médecin suédois d’origine allemande Frederik Paulsen  [50]. La société Ferring est alors active dans le domaine des hormones de synthèse, domaine de recherche de pointe et spécialité de son fondateur. S’y ajoutent par la suite les domaines orthopédiques et gastro-entériques. L’expansion états-unienne, via une filiale néerlandaise, date de 1980. Ferring dispose d’un centre de recherche à San Diego, en Californie. En 2018, le siège du groupe est localisé en Suisse, après un détour par le Danemark, pour des raisons stratégiques et fiscales. Ferring Pharmaceuticals octroie la bourse Ferring Research Infertility and Gynaecology Grant (recherches en infertilité humaine) depuis 2012.

168 Par ailleurs, la famille Paulsen, avec aujourd’hui pour dirigeant Frederik Paulsen Jr., a étendu ses activités vers les domaines du diagnostic et l’édition, ainsi que vers l’immobilier.

169 Le groupe Paulsen, via PolyPeptide Laboratories, a racheté les activités de production de peptides et les opérations qui y sont liées auprès du groupe Lonza (cf. infra) en décembre 2016.

3.1.2. Secteurs et sous-secteurs

170Les actifs du groupe familial Paulsen sont diversifiés, avec des intérêts dans divers groupes pharmaceutiques et dans d’autres secteurs économiques.

171 La famille Paulsen contrôle Ferring Pharmaceuticals, dont le cœur de métier est centré sur la production de peptides, d’hormones et la gynécologie, mais qui est aussi actif en endocrinologie et en orthopédie. Ce groupe commercialise ses propres produits et travaille aussi au contrat pour d’autres groupes pharmaceutiques. Autre groupe pharmaceutique contrôlé, PolyPeptide, dont le siège est établi aux Pays-Bas, est plus spécifiquement centré sur la production de peptides pour l’industrie pharmaceutique et les diagnostics soit par synthèse GMP (guanosine monophosphate) soit par extraction. La famille Paulsen détient une participation d’importance non spécifiée dans le groupe Nordic Group, également établi aux Pays-Bas, actif dans le développement et la commercialisation de produits hospitaliers de niche et de médicaments orphelins, et qui se consacre à répondre à des besoins médicaux non encore couverts. Enfin, la famille Paulsen est actionnaire d’Euro-Diagnostica AB, une entreprise suédoise de diagnostic.

172 Dans le domaine du livre, F. Paulsen possède les Éditions Paulsen et Guérin, deux maisons d’édition françaises de littérature d’aventure et de non-fiction d’exploration, de voyage et de montagne. Il a également des intérêts dans les domaines de l’immobilier et de la viticulture.

3.1.3. Actionnariat et organisation

173Les sous-groupes Ferring, PolyPeptide, Éditions Paulsen et Guérin du groupe Paulsen sont majoritairement contrôlés par la famille du même nom. Il n’y a pas de données d’actionnariat disponibles pour les autres participations. Aucune des sociétés du groupe n’est cotée en bourse.

3.1.4. Localisation en Belgique et en Wallonie

174La société belge PolyPeptide est une filiale directe de la société néerlandaise PolyPeptide Laboratories Holding BV, elle-même filiale de PolyPeptide Laboratories Holding AB, la société de tête suédoise du sous-groupe PolyPeptide au sein du groupe Paulsen. Située à Braine-l’Alleud, la société PolyPeptide y dispose d’une unité de production de peptides. PolyPeptide travaille au contrat pour d’autres groupes pharmaceutiques.

3.1.5. Poids dans le monde, en Belgique et en Wallonie

175Les entités du groupe Paulsen sont des sociétés privées pour lesquelles peu de données chiffrées sont disponibles. Le sous-groupe Ferring, principal actif du groupe Paulsen, emploie, selon le groupe lui-même, plus de 6 500 personnes dans le monde en 2017, au sein de filiales localisées dans une soixantaine de pays. Ses produits sont disponibles dans 110 pays environ.

176PolyPeptide – alors encore sous sa dénomination précédente de Lonza – occupe 266 ETP pour un chiffre d’affaires de près de 53 millions d’euros en 2016. Un an après la reprise, en novembre 2017, et malgré des promesses en sens opposé, le groupe Paulsen lance une vague de licenciements affectant le site de Braine-l’Alleud.

3.1.6. Stratégie et évolution récente

177 Les sous-groupes pharmaceutiques du groupe Paulsen mettent en œuvre une stratégie de croissance destinée à renforcer leur rang parmi les principaux groupes pharmaceutiques actifs au contrat au niveau mondial. La reprise de ce qui est aujourd’hui PolyPeptide Belgium en 2016 en est une étape.

3.2. Kaneka

178Le groupe japonais Kaneka contrôle la société Kaneka Eurogentec, active dans la production, la sous-traitance et les services pharmaceutiques.

3.2.1. Historique

179La société Eurogentec est créée en 1985 en tant que spin-off de l’Université de Liège (ULg). Ses fondateurs sont deux chercheurs de cette université, Joseph Martial et André Renard, alliés à deux industriels, Jean-Claude Lahaut et Hubert Vandecapelle. Dès 1987, la spin-off synthétise des oligonucléotides pour des laboratoires de recherche. L’essor de ses activités ne commence réellement que dans les années 1990, notamment après l’entrée au capital en 1991 de l’homme d’affaires et financier Jean-Pierre Delwart, qui en prend la direction à partir de 1993. Sous son impulsion, après restructuration et apport d’investissements privés, Eurogentec affine sa stratégie dans les biotechnologies, notamment comme fournisseur d’autres entreprises ou laboratoires pharmaceutiques, notamment en prenant en charge des processus de développement et de production. Un premier contrat important est signé en 1996 avec SmithKline Beecham à Rixensart. Le groupe mène alors en parallèle une politique d’acquisitions ciblées de sociétés concurrentes, comme le britannique Oswell Research Product (1999) ou l’allemand Wita Proteomics (2002), et de conclusion de nouveaux contrats de production ou de services, notamment avec l’états-unien Cepheid, le danois Exiqon ou le français In-Cell-Art. Dernière acquisition importante, l’absorption de la société californienne AnaSpec, active en protéomique (expertise des protéines internes à la cellule, en rapport avec le génome) et en synthèse de peptides, apporte à Eurogentec une autre unité de production aux États-Unis.

180En 2010, le groupe japonais Kaneka acquiert la majorité du capital d’Eurogentec, qu’il intègre parmi ses filiales. Cela dit, Kaneka laisse une certaine autonomie à ce sous-groupe, à la tête duquel une partie de l’ancienne équipe managériale, dont J.-P. Delwart (jusqu’en 2016), est maintenue.

181 Le groupe Kaneka est fondé en 1949 à Osaka, par scission du groupe textile Kanegafuchi (filatures de coton puis industrie de la soie), également à l’origine du groupe de cosmétiques Kanebo. À l’origine, Kaneka se développe dans le domaine de la chimie, notamment la production de polychlorure de vinyle (PVC) puis, à partir de 1953, dans l’agroalimentaire avec la production de matières grasses industrielles dont la margarine. Le groupe se développe au cours du temps, se lançant notamment dans la production de polystyrène extrudé, via sa filiale belge Kaneka Belgium à la fin des années 1960, et se diversifiant dans les produits de base pour médicaments et l’appareillage médical au cours des années 1980. L’acquisition d’Eurogentec par Kaneka en 2010 s’insère dans la stratégie de diversification du groupe japonais, mais dans un domaine d’activités connexe qui reste encore nouveau pour celui-ci.

3.2.2. Secteurs et sous-secteurs

182 Le groupe Kaneka est à la base et reste un groupe chimique. Ses branches d’activités qui relèvent de la chimie au sens large – à savoir les branches Plastiques fonctionnels (branche qui est en forte croissance), Produits chimiques, Produits finis en mousse plastique et Fibres synthétiques – totalisent 56,4 % du chiffre d’affaires en 2017, suivies par la branche d’activités Alimentation avec 26,9 %. Les sciences du vivant, branche dans laquelle se situe Eurogentec, arrivent en troisième position avec 10,2 %  [51].

183 Trois branches d’activités interdépendantes structurent les activités du sous-groupe Eurogentec. La branche Life Science Research comprend notamment les activités de recherche orientées vers la production d’oligonucléotides, de peptides, d’anticorps et de protéines à destination des secteurs académique, biotechnologique et pharmaceutique, ainsi que le domaine des réactifs pour laboratoires de recherche et applications de diagnostic. Cette branche est également active dans le domaine de la génétique (amplification, extraction et purification de gènes, gènes de synthèse sur mesure). La branche Diagnostic Services propose des services techniques et de l’aide au projet dans le cadre de contrats de manufacture et de partenariats dans les domaines d’expertise d’Eurogentec précités. Elle propose aussi des procédures de test pour des tiers. GMP Biomanufacturing fonctionne comme une unité de sous-traitance travaillant par contrat en développement et bio-production, ce qui peut inclure des transferts de technologies, notamment dans les domaines préclinique, clinique et commercial.

3.2.3. Actionnariat et organisation

184Le groupe Kaneka est coté en bourse de Tokyo. Ses plus importants actionnaires connus sont les groupes japonais Mitsui (6,25 %, détenus en propre et via sa filiale Sumitomo Mitsui), Nippon Life (4,45 %) et Mitsubishi (4,11 %). Le plus important actionnaire non japonais est le groupe de gestion états-unien Vanguard avec 1,85 %  [52].

185La famille Delwart reste à ce jour actionnaire minoritaire d’Eurogentec.

3.2.4. Poids dans le monde, en Belgique et en Wallonie

186Le groupe Kaneka emploie plus de 13 000 personnes dans le monde en 2017, filiales consolidées comprises. Sa présence internationale est particulièrement importante en Asie-Pacifique (Australie, Chine, Corée du Sud, Inde, Indonésie, Malaisie, Singapour, Taiwan et Vietnam). Il dispose aussi d’une filiale états-unienne.

187 En Belgique, Kaneka est présent sous son nom à travers Kaneka Belgium.

188 Le sous-groupe Eurogentec, toujours localisé à Seraing, emploie environ 400 personnes dans le monde en 2017 et maintient un réseau de distribution dans 40 pays. Il contrôle des filiales en France, en Allemagne, au Royaume-Uni et aux États-Unis, et dispose d’unités de production dans ces deux derniers pays, lesquelles s’ajoutent aux installations belges.

189La société belge Eurogentec SA emploie 240 ETP pour un chiffre d’affaires de plus de 47 millions d’euros en 2016.

3.2.5. Stratégie et évolution récente

190Kaneka Eurogentec développe actuellement ses capacités de production en Wallonie.

3.3. SMB (Famille Baudier)

191La famille belge Baudier contrôle encore aujourd’hui le groupe de production de médicaments SMB qu’elle a fondé il y a 65 ans.

3.3.1. Historique

192Le groupe SMB trouve son origine dans la fondation, en 1953 à Bruxelles, par Jules Muelberger et Raymond Baudier, de la Société Muelberger Baudier (SMB), une société produisant surtout des vitamines et des produits luttant contre le rhume, et s’adressant au marché local. Après un changement de management et la sortie de la famille Muelberger de l’actionnariat, le groupe  [53] prend un nouvel essor sous la houlette de Philippe Baudier à partir de 1978, en se spécialisant en production de médicaments oraux innovants à haute valeur ajoutée. Cette phase va de pair avec la mise en place d’activités de R&D et le développement des exportations. L’implantation en Wallonie (Marche-en-Famenne) à travers la société SMB Technology date de 1988. L’essor de SMB permet à la société de conclure un accord de sous-traitance, en Belgique et au Luxembourg, avec le géant GSK à partir de 1998. Depuis 1999, SMB collabore avec Galephar Pharma, créé l’année précédente en Allemagne par la famille Baudier et des investisseurs locaux, dans les domaines des maladies respiratoires, circulatoires et du diabète.

3.3.2. Secteurs et sous-secteurs

193Le groupe SMB est surtout actif dans le secteur des médicaments antalgiques et fébrifuges, avec pour produits phares l’Algostase et l’Afebryl, concurrents des blockbusters mondiaux que sont respectivement le Dafalgan de Bristol Myers Squibb et le Perdolan de Johnson & Johnson. SMB propose également des antibiotiques, ainsi que des médicaments dans des domaines divers comme la cardiologie, la dermatologie et les maladies gastro-intestinales et respiratoires (asthme). Le groupe a conclu en 2003 un accord de distribution avec Omega Pharma, notamment pour la commercialisation de son spray buccal Neo-golaseptine.

194SMB s’attelle notamment à améliorer et à renouveler la formulation de substances et principes actifs déjà connus.

3.3.3. Actionnariat et organisation

195Le groupe SMB est toujours, en 2017, aux mains de plusieurs branches de la famille fondatrice Baudier.

3.3.4. Poids dans le monde, en Belgique et en Wallonie

196Le groupe SMB est centré sur la Belgique. Il occupe 209 ETP et génère environ 110 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2016. Les deux sociétés wallonnes du groupe, dotées d’une unité de production à Marche-en-Famenne, sont SMB Technology, qui occupe 85 ETP pour un chiffre d’affaires de plus 44 millions d’euros en 2016, et la filiale contrôlée majoritairement par le groupe, Galephar M-F, qui occupe 44 ETP et génère un chiffre d’affaires de plus de 2,7 millions d’euros la même année. Galephar M-F est uniquement une unité de recherche qui n’est pas active en production. Toutes deux localisées en région bruxelloise (Molenbeek-Saint-Jean), les sociétés SMB Pharma et Laboratoires SMB occupent respectivement 32 ETP et 48 ETP, pour un chiffre d’affaires de près de 5,2 millions d’euros et plus de 57,9 millions d’euros en 2016.

197 À l’international, les produits SMB sont distribués dans une quarantaine de pays et sont parfois produits dans le cadre d’accords de licence avec d’autres sociétés. Dans le cadre de son alliance avec l’allemand Galephar, Laboratoires SMB détient 40 % de la filiale turque Galephar Medical Supplies.

3.3.5. Stratégie et évolution récente

198SMB poursuit sa stratégie de développer des produits à valeur ajoutée par rapport aux traitements standards disponibles, avec pour point de départ l’amélioration de médicaments existants.

3.4. Lonza

199Le groupe biochimique Lonza est actif dans un large éventail de secteurs dont la biopharmacie, mais il propose aussi des produits de protection agricole, des matériaux composites et des traitements de l’eau.

3.4.1. Historique

200Fondée en 1897 en tant que compagnie d’électricité à Gampel (sur la rivière Lonza) dans le Valais suisse, l’entreprise Lonza se diversifie rapidement dans la production de produits chimiques (acétylène, dès l’année de sa fondation), puis dans la production d’engrais (1909), de vitamines (1920) et d’autres produits de base pour l’industrie pharmaceutique (1965). De 1974 à 1999, Lonza est intégrée à Alusuisse, qui s’en désinvestit et l’introduit en bourse en 1999. C’est à cette époque qu’est acquis le groupe britannico-états-unien Celltech Biologics, qui oriente définitivement Lonza vers les biotechnologies. L’implantation en Belgique remonte à 2006-2007, avec l’acquisition de la division de manufacture de bioproduits d’UCB (cf. supra), d’une part, et l’acquisition de la division Biosciences du groupe états-unien Cambrex, d’autre part.

201À sa fondation en 1981, Cambrex est un groupe chimique états-unien spécialisé notamment dans les huiles et les lubrifiants, y compris d’origine végétale. Au cours des années 1990, le groupe se diversifie dans le secteur pharmaceutique, en particulier en biopharmacie par une série d’acquisitions. C’est dans ce cadre que le futur Lonza Verviers est racheté par Cambrex au groupe pharmaceutique allemand Boehringer Ingelheim en 1998. Renommée Cambrex Bio Science Verviers en 2002, la société est vendue avec le reste des activités Biosciences de Cambrex au groupe Lonza en 2007, pour aboutir à la situation actuelle.

3.4.2. Secteurs et sous-secteurs

202Les activités du groupe Lonza portent principalement sur la production de principes pharmaceutiques actifs et sur la production de traitements de contrôle microbien. Elles sont structurées en quatre branches d’activités principales : Lonza Custom Manufacturing, Lonza Bioscience, Lonza Life Science Ingredients et Lonza Microbial Control.

203 Lonza Custom Manufacturing (LCM) produit des composants nécessaires dans la fabrication et la composition d’une série de médicaments, notamment dans les domaines des maladies cardiaques et circulatoires, de l’oncologie, des maladies neurologiques et des maladies infectieuses. Dans ce cadre, LCM fabrique également une gamme de produits biocides. LCM agit ici principalement comme sous-traitant de tiers, qui peuvent être des grands groupes mondiaux ou des petites et moyennes entreprises (PME), mais fabrique également certains traitements complets sous licence. Lonza Bioscience (LBS) livre à ses clients des produits biologiques destinés à la recherche, au développement, à la production et au test de produits thérapeutiques. En dehors du champ d’application pharmaceutique, Lonza Life Science Ingredients (LSI) comprend des compléments alimentaires pour humains et animaux, mais aussi des composants chimiques complexes à destination de l’agriculture, et Lonza Microbial Control (LMC) fabrique des produits chimiques de lutte contre des micro-organismes, qui comprennent des produits de contrôle sélectif.

3.4.3. Actionnariat et organisation

204La société de tête Lonza Group Ltd. est cotée en bourse de Zurich et ne connaît pas d’actionnaire de contrôle. En 2016, seuls trois actionnaires sont connus : le groupe états-unien d’investissement Blackrock (5,6 %), la Massachusetts Mutual Life Insurance Company (3,1 %) et un fonds d’investissement appartenant au groupe bancaire suisse UBS (3 %).

3.4.4. Poids dans le monde, en Belgique et en Wallonie

205Le groupe Lonza dispose de plus de 50 unités de production et de recherche importantes dans le monde. Lonza génère un chiffre d’affaires de plus de 5,1 milliards de francs suisses en 2017, avec des effectifs d’environ 14 500 salariés.

206 Les opérations comptabilisées en Belgique sont, face à ce tableau, plutôt marginales, d’autant que l’ancien Lonza Braine, à Braine-l’Alleud, actif dans la production de produits pharmaceutiques, et qui occupait 266 personnes pour un chiffre d’affaires de plus de 53 millions d’euros en 2016, a été vendu à PolyPeptide Group et renommé PolyPeptide depuis janvier 2017 (cf. supra). Depuis lors, la présence wallonne du groupe est limitée à Lonza Verviers, qui produit des composants pour médicaments, et occupe pour sa part 115 personnes pour un chiffre d’affaires de près de 38 millions d’euros la même année. Enfin, la présence à Verviers de Lonza Japan Holdings constitue une curiosité s’expliquant par les pratiques d’optimisation fiscale des groupes d’entreprises.

207 Avec Capsugel Belgium à Bornem (471 emplois et plus de 462 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2016), le groupe dispose également d’une unité de recherche et de production en Flandre.

3.4.5. Stratégie et évolution récente

208Le groupe Lonza se concentre notamment sur des activités de sous-traitance pour l’industrie pharmaceutique. Dans ce cadre, le groupe a signé de nombreux partenariats exclusifs au cours du temps. L’un des derniers en date porte sur la production de substances biologiques à grande échelle avec le groupe français Sanofi.

3.5. Fresenius

209Le groupe allemand Fresenius est centré sur les opérations de dialyse et sur les perfusions. C’est aussi un acteur important en gestion hospitalière. Doté jusqu’il y a peu d’une importante présence belge, ses activités de production en Wallonie sont en dormance aujourd’hui. Il paraît toutefois utile, de le traiter en ajout aux douze groupes d’entreprises pharmaceutiques déjà analysés.

3.5.1. Historique

210Le groupe Fresenius connaît au cours de son histoire trois phases de développement distinctes. Au départ d’une simple pharmacie francfortoise qu’elle possède depuis le XVIIIe siècle (la Hirsch-Apotheke, qui date de 1462), la famille Fresenius développe avant la Première Guerre mondiale une unité de production de médicaments et la loge dans une entreprise juridiquement distincte en 1912. Cette entité se spécialise dans la production de solutions injectables et d’agents sérologiques, son produit vedette étant la crème nasale Bormelin. La société compte jusqu’à 400 employés, mais s’effondre à la fin de la guerre, qui correspond aussi à la mort de son propriétaire, Eduard Fresenius.

211Un redémarrage selon les mêmes lignes de force, avec à nouveau une prépondérance des solutions injectables et perfusions, s’amorce en 1951 sous la houlette d’Else Kröner-Fernau, devenue Else Kröner-Fresenius, la fille adoptive d’E. Fresenius, qui se distancie des activités d’officine de pharmacie dès les années 1950. En 1966, la mise au catalogue Fresenius de matériel médical, en particulier à l’usage de dialyses, marque définitivement l’essor du groupe, bientôt leader sur ce marché, notamment par un rythme soutenu d’acquisitions de concurrents. Parallèlement, l’activité historique en perfusions croît, en particulier par l’achat, en 1999, d’une branche d’activités du groupe suédois Pharmacia & Upjohn, aujourd’hui intégré dans le groupe états-unien Pfizer. Le XXIe siècle voit Fresenius étendre ses activités en perfusion par croissance extérieure aux États-Unis, notamment par l’acquisition d’APP Pharmaceuticals avec son portefeuille de génériques pour une somme estimée à plus de 5,5 milliards de dollars, et se développer dans le domaine connexe de la transfusion sanguine dont il devient leader mondial après l’acquisition du groupe états-unien Fenwal.

212Enfin, l’entrée sur le « marché » des hôpitaux, jugée comme une évolution stratégique naturelle par Fresenius, date de 2001 avec l’achat du réseau allemand des 30 hôpitaux spécialisés des Wittgensteiner Kliniken. L’acquisition hospitalière la plus importante, celle du groupe allemand Helios pour 1,5 milliard d’euros, date de 2005. Après une première tentative d’acquisition en 2012 de son principal rival en gestion d’hôpitaux, l’allemand Rhön-Klinikum, qui échoue notamment en raison d’avis négatifs des autorités de la concurrence, Fresenius se contente, en 2013, de racheter 43 hôpitaux et 15 centres de soin à Rhön pour environ 3 milliards d’euros. La dernière acquisition en date dans ce domaine, l’absorption pour 5,8 milliards d’euros du réseau hospitalier espagnol Quironsalud, date de 2016.

3.5.2. Secteurs et sous-secteurs

213Le groupe Fresenius est un groupe allemand spécialisé dans le matériel médical, notamment en ce qui concerne les opérations de dialyse et les pompes à infusion, dans les soins de santé, en particulier dans la gestion d’hôpitaux et les services aux centres de soins, et, en pharmacie à proprement parler, dans la production de médicaments pour perfusions et de produits de nutrition.

214Quatre divisions aux opérations assez différentes composent le groupe. Premièrement, Fresenius Medical Care produit du matériel médical en matière d’hémodialyse et de dialyse péritonéale, ainsi que les produits nécessaires au cours du processus. Fresenius Medical Care est leader mondial dans son domaine. Deuxièmement, Fresenius Helios est une société de gestion d’hôpitaux, leader européen dans son domaine avec une part de marché de 10 % environ en Europe, avec notamment sa filiale allemande Helios Kliniken (112 hôpitaux comptant 35 000 lits en 2016) et sa filiale espagnole Grupo Hospitalario Quironsalud (43 hôpitaux). Troisièmement, Fresenius Kabi concentre les activités de production en matière de perfusions, notamment de perfusions de médicaments génériques, de nutrition parentérale et autres thérapies en infusion et le matériel lié, mais aussi les activités en matière de transfusion sanguine (matériel et produits liés). Le principal concurrent de Fresenius Kabi est le groupe Baxter. Quatrièmement, Fresenius Vamed, sous la forme d’une société autrichienne, planifie, développe, agit en conseiller et entretient ou rénove des hôpitaux, centres de soins et installations thermales dans le monde entier.

3.5.3. Actionnariat et organisation

215La société de tête du groupe, Fresenius SE & Co. KGaA, basée à Bad Homburg vor der Höhe, est une société de forme mixte de droit allemand : une société en commandite par actions dont le commandité (l’associé à responsabilité dite illimitée) est une société européenne. Cette société de tête détient environ 31 % de Fresenius Medical Care. Fresenius et Fresenius Medical Care sont cotées en bourse de Francfort et, pour Fresenius Medical Care (membre des indices DAX et Euro Stoxx 50), également en bourse de New York. La société de tête Fresenius détient également, depuis 1996, 77 % de la société privatisée Vamed, dont l’État autrichien conserve aujourd’hui 13 %. Les autres filiales, dont Fresenius Helios et Fresenius Kabi, sont détenues à 100 %.

216 L’actionnaire de contrôle de Fresenius est la Else Kröner-Fresenius-Stiftung, une fondation allemande d’utilité publique fondée en 1983 par E. Kröner-Fresenius avec pour objet principal le soutien à la recherche, notamment en biomédecine clinique, et le soutien de projets humanitaires. Avec des actifs de près de 10 milliards d’euros, c’est aujourd’hui la plus importante fondation d’utilité publique en Allemagne. Les descendants d’E. Kröner-Fresenius, tout en se combattant régulièrement les uns les autres depuis 30 ans  [54], faisant la joie des médias à scandale, ont à plusieurs reprises tenté de desserrer les conditions testamentaires de leur aïeule, sans succès. Les seuls autres actionnaires connus de Fresenius SE & Co. KGaA sont le groupe allemand d’assurances Allianz (5,1 % environ) et le groupe d’investissement états-unien Blackrock (4,9 %).

3.5.4. Poids dans le monde, en Belgique et en Wallonie

217Le groupe Fresenius génère un chiffre d’affaires global d’environ 29 milliards d’euros et occupe des effectifs de plus de 233 000 salariés (ils sont environ 260 000 aujourd’hui  [55]) dans plus de 100 pays en 2016. Des quatre divisions du groupe, Fresenius Medical Care se détache avec plus de 16 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2016, soit 55 % du total du groupe, suivi de Fresenius Kabi (plus de 20 %), Fresenius Helios (près de 20 %) et Fresenius Vamed (moins de 4 %). La répartition par zone géographique est dominée par l’Amérique du Nord (près de 47 %) et l’Europe (près de 37 %).

218En Wallonie, le groupe était présent à Mont-Saint-Guibert, depuis le rachat du groupe Fenwal en 2012, à travers la société de distribution Fenwal Europe. Celle-ci, qui ne renseigne plus de données en matière de chiffre d’affaires et d’emploi depuis 2013, est entrée en dormance depuis lors. Elle présente en 2016 un total de l’actif d’environ 37,5 millions d’euros, entièrement constitué d’actifs circulants (signe de désengagement à moyen terme), et en baisse depuis plusieurs années.

219Les autres filiales belges de Fresenius sont situées en Flandre, avec en particulier Fresenius Kabi à Schelle (47 millions d’euros de chiffre d’affaires et 58 emplois en 2016) et Fresenius Medical Care Belgium à Willebroek (34 millions d’euros de chiffre d’affaires et 35 emplois en 2016).

3.5.5. Stratégie et évolution récente

220 Le groupe Fresenius poursuit aujourd’hui sa stratégie en quatre axes, notamment avec l’acquisition, programmée pour 2017 et estimée à 4,7 milliards de dollars, du groupe états-unien de génériques Akorn.

Conclusion

221Le tableau des principaux groupes de l’industrie pharmaceutique présents en Wallonie, pourtant au nombre de douze seulement, frappe par sa grande hétérogénéité. Cette situation est très différente de ce que l’on peut constater dans d’autres grands secteurs économiques comme l’automobile  [56], la production d’énergie  [57] ou même les banques ou les assurances  [58], alors même que l’industrie pharmaceutique est, comme ceux-ci (et surtout les trois derniers cités), un secteur très régulé par les pouvoirs publics, soumis à un nombre élevé de normes et de procédures contraignantes. Plus spécifiquement, quatre grands clivages ressortent de l’observation de la liste analysée.

222Premièrement, l’ampleur des différences de taille entre les principaux groupes présents en Wallonie est frappante, que ce soit au niveau de leur envergure en Belgique ou à l’échelle mondiale. Ce poids différent, qui correspond à des degrés variables de présence dans le marché belge (major player ou acteur de niche) entraîne de facto des stratégies différentes. Plus spécifiquement, la chute est brutale entre les très grands, c’est-à-dire les quatre premiers, qui se situent largement au-dessus du milliard d’euros de chiffre d’affaires, les quatre suivants, de 100 à 300 millions environ, puis à nouveau les quatre suivants situés vers 40-50 millions, et enfin tous les autres. De même, la stratégie pour les entités belges varie selon que celles-ci se situent au centre ou en périphérie du groupe. Dans tous les cas, leur taille n’est pas sans effet dans leurs rapports (de force) avec les pouvoirs publics.

223Deuxièmement, les groupes se distinguent suivant la philosophie même de leurs activités. On trouve à la fois des groupes intégrés verticalement, actifs de la conception à la commercialisation de médicaments et de produits pharmaceutiques, en passant par toutes les étapes de recherche et développement (R&D), et des groupes travaillant au contrat, que l’on pourrait qualifier de sous-traitants, certains étant cependant des poids lourds mondiaux dans leur spécialisation. D’autres groupes encore produisent des ingrédients actifs entrant dans la formule de produits finis. Le volume des activités de R&D et la manière même de les envisager, ainsi que les répercussions sur la production, diffèrent en fonction de ces catégories. Devant cet état de fait, les politiques publiques de soutien à la R&D tentent d’appuyer prioritairement les projets et activités de recherche les plus innovants et de plus haute qualité, aux retombées potentielles les plus prometteuses, sans pouvoir maîtriser – voire sans connaître avec précision – les stratégies qui les sous-tendent.

224Troisièmement, les groupes pharmaceutiques se différencient selon le type de produits qu’ils mettent sur le marché. Des groupes produisant des médicaments côtoient des groupes « parapharmaceutiques » de matériel médical, de diagnostic, de produits parentéraux, etc. Selon ce qu’ils produisent, les groupes visent le grand public ou des marchés limités comme les professionnels de la santé ou les hôpitaux. Il existe également des groupes mixtes. L’un des grands groupes présents en Wallonie est par ailleurs spécialisé en médecine animale. Les stratégies de ces groupes face aux instances de régulation et d’autorisation de mise sur le marché varient significativement en fonction des filières dans lesquelles ils s’insèrent.

225Quatrièmement et enfin, les groupes peuvent être ventilés selon la nationalité principale de leurs actionnaires. Dans ce type de classement, les groupes belges grands ou petits, parmi lesquels se trouve au moins un acteur d’envergure mondiale (le groupe UCB, de la famille Janssen), sont listés parmi des groupes principalement états-uniens, britanniques, japonais et suédois. Sans surprise, le panel des nationalités représentées est comparable à ce que l’on observe dans d’autres secteurs de l’économie belge. Les groupes étrangers listés sont présents soit suite à un rachat, l’entité absorbée disposant de plus ou moins de visibilité et d’autonomie, soit suite à une nouvelle fondation. Ces groupes, et notamment les groupes extra-européens, élaborent leurs stratégies loin de leurs filiales belges – celles-ci, même si elles jouissent d’une latitude d’initiative, devant s’y plier – et favorisent souvent leur marché domestique. Dans tous les cas, l’éloignement des centres de décision est un enjeu pour les pouvoirs publics.

226Seules constantes dans tous les cas : tous ces groupes, même les moins grands, sont internationalisés et tous ont des activités de recherche parfois conséquentes en Belgique, où ils peuvent profiter d’un environnement favorable. En effet, le cadre belge leur offre des avantages, y compris par rapport à d’autres pays européens, non seulement en termes de recherche à proprement parler (aides, présence de personnel qualifié) mais aussi en ce qui concerne les phases de test, et notamment les essais cliniques  [59]. Cela dit, leur internationalisation et l’hétérogénéité relevée plus haut sur les autres points rendent les politiques publiques en la matière plus complexes à harmoniser – et dépendantes des stratégies d’une poignée de groupes qui, faut-il le rappeler, sont tous des groupes d’entreprises privés, dont le but principal est la recherche du profit. Comment soutenir au mieux ces entreprises, y compris les petites et moyennes et les émergentes, dans l’idée de perpétuer, voire d’améliorer une situation économique favorable dans un secteur économique porteur, échappant largement, pour le moment, à des situations de crise ? Et ce dans le cadre plus large d’une politique de santé publique territorialisée orientée vers le bien commun ? Il s’agit en effet de favoriser l’ancrage de ces activités systémiques pour l’économie belge et wallonne, pourvoyeuses de surcroît d’emplois de qualité.

1. Les 30 plus grandes entreprises de la branche d’activités « Fabrication de produits pharmaceutiques » (NACE-BEL 21) présentes en Wallonie, classées selon l’effectif (2016)

1. Les 30 plus grandes entreprises de la branche d’activités « Fabrication de produits pharmaceutiques » (NACE-BEL 21) présentes en Wallonie, classées selon l’effectif (2016)

2. Les 30 plus grandes entreprises de la branche d’activités « Fabrication de produits pharmaceutiques » (NACE-BEL 21) présentes en Wallonie, classées selon le chiffre d’affaires (2016)

tableau im4

2. Les 30 plus grandes entreprises de la branche d’activités « Fabrication de produits pharmaceutiques » (NACE-BEL 21) présentes en Wallonie, classées selon le chiffre d’affaires (2016)

(a) Cette société est en processus de dissolution de plein droit depuis le 31 août 2017.

Notes

  • [1]
    C. Goethals, M. Wunderle, « Le secteur pharmaceutique en Belgique », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 2366-2367, 2018.
  • [2]
    Ce répertoire permanent sur l’actionnariat des entreprises wallonnes est consultable gratuitement sur Internet : www.actionnariatwallon.be.
  • [3]
    Les comptes annuels des sociétés sont établis au niveau de la Belgique, sans ventilation par région.
  • [4]
    Une entreprise peut exercer une ou plusieurs activités économiques correspondant à une ou plusieurs rubriques de la NACE. L’activité principale d’une entreprise est l’activité qui contribue le plus à la valeur ajoutée totale de cette entreprise.
  • [5]
    Précisons que constituer une liste d’entreprises appartenant à un secteur d’activités particulier en se basant sur les rubriques NACE-BEL et le code d’activités principal des entreprises est un exercice qui présente certaines limites (cf. C. Goethals, M. Wunderle, « Le secteur pharmaceutique en Belgique », op. cit., section 3.3.1).
  • [6]
  • [7]
    C. Goethals, M. Wunderle, « Le secteur pharmaceutique en Belgique », op. cit., section 3.3.3.
  • [8]
    Pour une analyse spécifique du secteur pharmaceutique en Wallonie, cf. J. Danguy, F. Hennart, L. Persyn, « Analyse du secteur pharmaceutique dans une perspective de chaîne de valeur », in B. Bayenet, S. Brunet (dir.), Rapport sur l’économie wallonne 2016, s.l., Département de la Compétitivité et de l’Innovation de la Direction générale opérationnelle de l’Économie, de l’Emploi et de la Recherche (DGO6) du Service public de Wallonie (SPW) / Institut wallon de l’évaluation, de la prospective et de la statistique (IWEPS) / Cellule d’analyse économique et stratégique de la Société wallonne de gestion et de participations (SOGEPA), 2016, p. 218.
  • [9]
    En janvier 2017, la répartition de la population était de 57,6 % pour la Région flamande, de 31,9 % pour la Région wallonne et de 10,5 % pour la Région de Bruxelles-Capitale.
  • [10]
    Le Hainaut occupe à chaque fois la deuxième place, avec respectivement 14,2 %, 4,6 % et 4,8 %.
  • [11]
    On constate une concentration semblable en Flandre, au bénéfice de la province d’Anvers.
  • [12]
    Eu égard à leur passé lié, encore sensible aujourd’hui dans certaines de leurs activités, les groupes Baxter et Shire sont traités à la suite l’un de l’autre.
  • [13]
    Cf. les tableaux reproduits en annexe.
  • [14]
    P. J. Lewi, A. Smith, « Successful Pharmaceutical Discovery: Paul Janssen’s Concept of Drug Research », R&D Management, volume 37, n° 4, 2007, p. 355-362.
  • [15]
    R. W. Johnson II en viendra, dans les années d’après-guerre, à écarter son neveu puis son fils des instances dirigeantes du groupe.
  • [16]
    Cf. « Institutional Holdings. Johnson & Johnson Institutional Ownership », National Association of Securities Dealers Automated Quotations (NASDAQ), www.nasdaq.com.
  • [17]
    W. Stamm, « Johnson & Johnson: What Will the 55th Dividend Increas Be? », Seeking Alpha, https://seekingalpha.com, 13 février 2017.
  • [18]
    Cf. A. A. Abdel-Hameed, « The Wellcome Tropical Research Laboratories in Khartoum (1903-1934): An Experiment in Development », Medical History, volume 41, n° 1, 1997, p. 30-58.
  • [19]
    Le Rotarix est l’un des deux vaccins sur le marché qui combattent significativement la mortalité infantile due aux rotaviroses. Il est recommandé par l’OMS depuis son introduction (cf., pour un dossier complet, www.who.int/immunization/topics/rotavirus/en).
  • [20]
    Cf. notamment un résumé sur A. A. Bettis, H. C. Turner, « The Health and Economic Impact of the Global Programme Eliminate Lymphatic Filariasis », BioMed Central, http://blogs.biomedcentral.com, 14 juillet 2016.
  • [21]
    GSK est deuxième selon le chiffre d’affaires, pour la production de vaccins, en 2016.
  • [22]
    Le retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne (« Brexit ») fera évoluer cet état de fait.
  • [23]
    Le tranquillisant Atarax est également commercialisé aux États-Unis grâce à une licence de distribution octroyée en 1956 par UCB au groupe Pfizer. Ce partenariat entre UCB et Pfizer est toujours actif, concrétisé par exemple par une licence encore octroyée par UCB à Pfizer en 2006, pour le Toviaz, un traitement de la vessie.
  • [24]
    Schwarz Vermögensverwaltung a annoncé la vente de ses parts en janvier 2018.
  • [25]
    9,98 % au 26 mai 2017.
  • [26]
    Pour ces chiffres, cf. Zone Bourse, « Euronext Bruxelles. UCB (UCB) », www.zonebourse.com.
  • [27]
    Ce chiffre est obtenu en additionnant les chiffres d’affaires d’UCB Biopharma et d’UCB Pharma, les deux principales filiales du groupe en Belgique. Il est à noter que les autres filiales du groupe en Belgique (UCB, UCB Belgium, UCB Fipar et Sifar) ne donnent pas d’indications dans les comptes annuels quant à leur chiffre d’affaires.
  • [28]
    Ce chiffre est obtenu en additionnant l’emploi des filiales du groupe en Belgique, à savoir UCB Biopharma, UCB Pharma, UCB et UCB Belgium. Les autres filiales du groupe en Belgique (UCB Fipar et Sifar) ne donnent pas d’indications dans les comptes annuels quant au nombre de personnes qu’elles occupent.
  • [29]
    Un nouveau traitement arrive en fin de parcours d’essais (cf. notamment « Le traitement contre l’ostéoporose d’UCB passe un nouveau cap », L’Écho , www.lecho.be, 14 novembre 2016).
  • [30]
    Le nom est une variation d’apparence gréco-latine de l’adjectif anglais rare « zoetic », qui signifie « vital, essentiel ».
  • [31]
    B. Ackman est connu pour ses stratégies d’investissement rémunératrices, mais peu orthodoxes, et qui comprennent une part d’activisme. Il a notamment lancé, à plusieurs reprises, des campagnes visant à manipuler à la baisse les cours de sociétés ciblées en fonction d’une analyse négative (management déficient, surcote par rapport aux produits commercialisés, profits captés par le management au détriment des actionnaires) effectuée par ses services.
  • [32]
    Cf. « Institutional Holdings. Zoetis Inc. Institutional Ownership », National Association of Securities Dealers Automated Quotations (NASDAQ), www.nasdaq.com.
  • [33]
    Ajinomoto signifie « origine du goût » ; c’est aussi le nom et la marque déposée de son premier produit commercialisé, le glutamate monosodique ou glutamate de sodium.
  • [34]
    Kabushiki Gaisha, souvent traduit par société par actions, est une forme juridique de société en droit japonais présentant des différences, moindres que par le passé mais encore réelles, avec ses homologues européennes ou états-uniennes. Les kabushiki gaisha ont été historiquement importantes pour structurer le capitalisme japonais.
  • [35]
    Le vocable Ajinomoto est introduit dans le nom de la société dès 1932. Le nom actuel, Ajinomoto, est adopté en 1946.
  • [36]
    Ce modèle précède le développement de la production sous licences, où les activités sont contractuellement logées dans des structures juridiques distinctes.
  • [37]
    Le groupe Ajinomoto définit son profit selon une méthodologie propre répondant à l’équation suivante : ventes brutes – frais de vente et de distribution – dépenses en R&D – dépenses générales et administratives + part du profit généré par les associations et joint-ventures.
  • [38]
    5 % du chiffre d’affaires ne sont pas attribuables de manière précise à une division d’activités.
  • [39]
    Selon les déclarations d’Ajinomoto au 30 septembre 2017. Il est à noter que certaines banques actionnaires apparaissent comme gestionnaires de fonds de tiers non spécifiés.
  • [40]
    Granules India est un groupe indien de fabrication en grands volumes de principes actifs pharmaceutiques, notamment de paracétamol et d’ibuprofen.
  • [41]
    Une autre avancée du groupe dans ce domaine est l’introduction en 1994 de la dialyse à domicile.
  • [42]
    Ce système atteint son concept définitif en 1974 et fait l’objet de nombreuses améliorations et nouvelles déclinaisons au cours des décennies suivantes.
  • [43]
    Selon les classements annuels du magazine Fortune.
  • [44]
    Il s’agit de substances alimentaires indispensables (glucose, acides aminés, lipides, vitamines, minéraux et oligoéléments) sous forme de poches prêtes à l’emploi, à administrer directement dans la circulation sanguine.
  • [45]
    Le siège social de Shire est localisé en Irlande, mais sa société de tête est enregistrée à Jersey, le tout pour des raisons d’optimisation fiscale.
  • [46]
    Cf. « Ownership Statistics », Shire, http://investors.shire.com.
  • [47]
    Nordic Capital a été créé et est toujours contrôlé par des intérêts suédois, mais son siège social est localisé à Jersey pour des raisons légales et fiscales.
  • [48]
    Selon les chiffres donnés par la société elle-même (cf. « Investor’s Largest Shareholders », Investor, www.investorab.com).
  • [49]
    Chiffre donné par « The Wallenberg Group. A Nordic Pyramid », The Economist, www.economist.com, 10 mars 2016.
  • [50]
    Né Friedrich Paulsen en 1909 en Frise allemande, il fuit le nazisme comme opposant politique dans les années 1930 et devient citoyen suédois en 1941. Ses parents étaient originaires de l’île de Föhr, ce qui fait de la famille des « Ferring » en langue frisonne.
  • [51]
    Selon le site d’informations boursières 4-Traders : « Kaneka Corporation », 4-Traders, www.4-traders.com.
  • [52]
    Ibidem.
  • [53]
    L’acronyme SMB est maintenu pour le groupe et ses principales filiales, mais signifie à présent Société des médecins Baudier.
  • [54]
    E. Kröner-Fresenius, alors actionnaire ultra majoritaire, est décédée sans enfants biologiques ni autres héritiers directs en 1988, mais son mari avait eu une dizaine d’enfants aux statuts différents, certains supposément adoptés par E. Kröner-Fresenius.
  • [55]
    Selon des estimations internes, après absorption de Quironsalud.
  • [56]
    Cf. H. Houben, « Les restructurations dans l’industrie automobile en Belgique », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 2295-2296, 2016.
  • [57]
    Cf. F. Collard, « Les énergies renouvelables », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 2252-2253, 2015.
  • [58]
    Cf. A. Vincent, « La recomposition du paysage bancaire belge depuis 2008 », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 2158-2159, 2012 ; A. Vincent, « Le secteur des assurances », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 2182, 2013.
  • [59]
    Cf. C. Goethals, M. Wunderle, « Le secteur pharmaceutique en Belgique », op. cit., sections 1.3.3, 2.2.2 et 4.5.
  1. Introduction
  2. 1. Méthodologie
  3. 2. Principaux groupes pharmaceutiques présents en Wallonie
    1. 2.1. Johnson & Johnson
      1. 2.1.1. Historique
      2. 2.1.2. Secteurs et sous-secteurs
      3. 2.1.3. Actionnariat et organisation
      4. 2.1.4. Activité en Belgique et en Wallonie
      5. 2.1.5. Poids dans le monde, en Belgique et en Wallonie
      6. 2.1.6. Stratégie et évolution récente
    2. 2.2. GlaxoSmithKline (GSK)
      1. 2.2.1. Historique
      2. 2.2.2. Secteurs et sous-secteurs
      3. 2.2.3. Actionnariat et organisation
      4. 2.2.4. Activité en Belgique et Wallonie
      5. 2.2.5. Poids dans le monde, en Belgique et en Wallonie
      6. 2.2.6. Stratégie et évolution récente
        1. L’accord entre Novartis et GSK
        2. Le focus sur les pays émergents et les maladies tropicales
    3. 2.3. UCB (Famille Janssen)
      1. 2.3.1. Historique
      2. 2.3.2. Secteurs et sous-secteurs
      3. 2.3.3. Actionnariat et organisation
      4. 2.3.4. Activité en Belgique et en Wallonie
      5. 2.3.5. Poids dans le monde, en Belgique et en Wallonie
      6. 2.3.6. Stratégie et évolution récente
    4. 2.4. Zoetis
      1. 2.4.1. Historique
      2. 2.4.2. Secteurs et sous-secteurs
      3. 2.4.3. Actionnariat et organisation
      4. 2.4.4. Activité en Belgique et en Wallonie
      5. 2.4.5. Poids dans le monde, en Belgique et en Wallonie
      6. 2.4.6. Stratégie et évolution récente
    5. 2.5. Ajinomoto
      1. 2.5.1. Historique
      2. 2.5.2. Secteurs et sous-secteurs
      3. 2.5.3. Actionnariat et organisation
      4. 2.5.4. Activité en Belgique et en Wallonie
      5. 2.5.5. Poids dans le monde, en Belgique et en Wallonie
      6. 2.5.6. Stratégie et évolution récente
    6. 2.6. Baxter
      1. 2.6.1. Historique
      2. 2.6.2. Secteurs et sous-secteurs
      3. 2.6.3. Actionnariat et organisation
      4. 2.6.4. Activité en Belgique et en Wallonie
      5. 2.6.5. Poids dans le monde, en Belgique et en Wallonie
      6. 2.6.6. Stratégie et évolution récente
    7. 2.7. Shire
      1. 2.7.1. Historique
      2. 2.7.2. Secteurs et sous-secteurs
      3. 2.7.3. Actionnariat et organisation
      4. 2.7.4. Activité en Belgique et en Wallonie
      5. 2.7.5. Poids dans le monde, en Belgique et en Wallonie
      6. 2.7.6. Stratégie et évolution récente
    8. 2.8. Investor AB (Famille Wallenberg)
      1. 2.8.1. Historique
      2. 2.8.2. Secteurs et sous-secteurs
      3. 2.8.3. Actionnariat et organisation
      4. 2.8.4. Activités en Belgique et en Wallonie
      5. 2.8.5. Poids dans le monde, en Belgique et en Wallonie
      6. 2.8.6. Stratégie et évolution récente
  4. 3. Autres groupes pharmaceutiques présents en Wallonie
    1. 3.1. Paulsen
      1. 3.1.1. Historique
      2. 3.1.2. Secteurs et sous-secteurs
      3. 3.1.3. Actionnariat et organisation
      4. 3.1.4. Localisation en Belgique et en Wallonie
      5. 3.1.5. Poids dans le monde, en Belgique et en Wallonie
      6. 3.1.6. Stratégie et évolution récente
    2. 3.2. Kaneka
      1. 3.2.1. Historique
      2. 3.2.2. Secteurs et sous-secteurs
      3. 3.2.3. Actionnariat et organisation
      4. 3.2.4. Poids dans le monde, en Belgique et en Wallonie
      5. 3.2.5. Stratégie et évolution récente
    3. 3.3. SMB (Famille Baudier)
      1. 3.3.1. Historique
      2. 3.3.2. Secteurs et sous-secteurs
      3. 3.3.3. Actionnariat et organisation
      4. 3.3.4. Poids dans le monde, en Belgique et en Wallonie
      5. 3.3.5. Stratégie et évolution récente
    4. 3.4. Lonza
      1. 3.4.1. Historique
      2. 3.4.2. Secteurs et sous-secteurs
      3. 3.4.3. Actionnariat et organisation
      4. 3.4.4. Poids dans le monde, en Belgique et en Wallonie
      5. 3.4.5. Stratégie et évolution récente
    5. 3.5. Fresenius
      1. 3.5.1. Historique
      2. 3.5.2. Secteurs et sous-secteurs
      3. 3.5.3. Actionnariat et organisation
      4. 3.5.4. Poids dans le monde, en Belgique et en Wallonie
      5. 3.5.5. Stratégie et évolution récente
  5. Conclusion
Marcus Wunderle
Cette publication est la plus récente de l'auteur sur Cairn.info.

L’industrie pharmaceutique est un secteur de poids à l’intérieur de l’économie belge en général et de l’économie wallonne en particulier. En Wallonie, elle peut même être qualifiée de secteur emblématique. À l’échelle de cette région, la fabrication de produits et de préparations pharmaceutiques génère un chiffre d’affaires annuel de plus de 6,6 milliards d’euros (pour une valeur ajoutée brute de près de 3,4 milliards) et emploie des effectifs représentant quelque 13 000 équivalents temps plein. L’activité pharmaceutique est spécialement importante dans la province de Brabant wallon.

Quels sont les groupes d’entreprises pharmaceutiques présents en Wallonie ? Comment se sont-ils implantés dans cette région ? Qui détient le pouvoir en leur sein, c’est-à-dire qui sont leurs dirigeants et leurs actionnaires ? Dans quels secteurs et sous-secteurs sont-ils actifs ? Quel est leur mode d’organisation ? Quelles sont leurs activités en Wallonie et, plus largement, en Belgique ? Quel poids ont-ils en Wallonie, en Belgique et dans le monde ? Comment ont-ils récemment évolué ? Et quelles sont leurs stratégies pour l’avenir ? C’est à répondre à ces diverses questions que s’attelle, de manière systématique et détaillée, ce Courrier hebdomadaire.

Les groupes pharmaceutiques étudiés ici sont les plus importants présents en Wallonie : Johnson & Johnson, GlaxoSmithKline, UCB (Janssen), Zoetis, Ajinomoto, Shire, Investor AB (Wallenberg), Baxter, Paulsen, Kaneka, SMB (Baudier), Lonza et Fresenius.

Ce panorama montre la grande diversité des groupes présents en Wallonie, que ce soit sur le plan de l’envergure, de la philosophie des activités, du type de produits mis sur le marché ou de la nationalité principale des actionnaires. La caractéristique commune de tous ces groupes est d’être internationalisés, même les plus petits d’entre eux, et d’avoir des activités de recherche parfois conséquentes en Belgique, où ils bénéficient d’un environnement favorable.

Mis en ligne sur Cairn.info le 13/04/2018
https://doi.org/10.3917/cris.2368.0005
ISBN 9782870751848
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