CAIRN.INFO : Matières à réflexion

INTRODUCTION

1La question de l’adaptation du régime de financement des régions à la situation de la Région de Bruxelles-Capitale a été posée dès sa naissance comme une condition particulièrement importante de son développement comme région  [1]. Les réflexions se sont développées à ce sujet, soit parce que certaines lectures ont conforté l’idée d’un sous-financement structurel de la région  [2], soit à l’occasion des accords du Lambermont de 2001, qui modifiaient le système de financement instauré en 1989  [3].

2Mais si la question peut faire l’objet d’un examen spécifique à la Région bruxelloise, elle concerne aussi l’équilibre entre entités fédérées dans cadre du fédéralisme belge, qui peut trouver là l’occasion de se consolider ou de se fragiliser.

3Après plus de dix-sept années d’existence et avant des élections fédérales de juin 2007, dont la plupart des observateurs s’accordent à dire qu’elles précéderont de nouvelles évolutions institutionnelles, il est intéressant de remettre en perspective la situation budgétaire de la Région de Bruxelles-Capitale à partir de différents facteurs qui influencent son équilibre.

4Nous examinons l’évolution de cette situation budgétaire durant la période 1990-2005. Nous reprenons d’abord succinctement les mécanismes de financement actuels de la Région de Bruxelles-Capitale, fruits des étapes successives qu’a connues le système de financement des régions  [4]. Nous examinons ensuite l’évolution des recettes de la région en la mettant en perspective notamment avec celles des deux autres régions notamment et compte tenu de l’impact de la réforme de 2001. Nous reprenons enfin l’évolution des dépenses en mettant en exergue l’influence de la position institutionnelle spécifique de la région.

5Nous clôturons ce parcours en indiquant que la Région bruxelloise est à la croisée de deux dynamiques : d’une part, elle est confrontée à la prise en charge de surcoûts structurels importants, vu ses multiples statuts, d’autre part la réforme du Lambermont a mis les régions, et singulièrement la Région de Bruxelles-Capitale, sur le chemin d’une plus grande autonomie financière.

6L’évolution de la situation budgétaire de la Région de Bruxelles-Capitale doit encore être évaluée sous un double éclairage qui fera l’objet d’un Courrier hebdomadaire ultérieur : celui des évolutions socio-démographiques observables depuis 1989 et qui influencent plusieurs paramètres de la situation budgétaire de la Région bruxelloise ; et celui des dynamiques rencontrées dans trois secteurs de compétence régionale : la politique du logement, le développement économique et la politique de l’emploi. Ces trois problématiques, qu’éclairent une série d’indicateurs clés, structurent de manière importante la capacité d’intervention de la Région bruxelloise sur son développement. La limitation de son territoire l’empêche de bénéficier d’effets de seuil quantitatif et réduit ses marges de manœuvre, a fortiori dans une logique de conncurrence fiscale. L’équilibre du système financier mis en place pour la Région bruxelloise  [5] dépend des évolutions de facteurs socio-économiques qui influencent les parcours professionnels et résidentiels de ses habitants et la pérennité des activités socio-économiques qui s’y développent.

1. LES MÉCANISMES DE FINANCEMENT

7 La loi spéciale du 16 janvier 1989 relative au financement des communautés et des régions  [6], prise dans la foulée de la loi spéciale du 12 janvier 1989 relative aux institutions bruxelloises et de la loi du 12 janvier 1989 réglant les modalités de l’élection du Conseil de la Région de Bruxelles-Capitale  [7], a créé un régime de financement de la Région de Bruxelles-Capitale identique à celui des deux autres régions. « En d’autres termes, la reconnaissance de la Région de Bruxelles-Capitale comme “Région à part entière” est complète sur le terrain du financement », comme le relevaient certains auteurs à l’époque  [8].

8 Dans ce régime de financement, l’organisation des ressources régionales repose sur deux principes de base : la localisation régionale des ressources (chaque Région ne peut compter que sur des ressources qu’elle peut mobiliser elle-même) et la libre disposition des ressources, qui ne font l’objet d’aucune affectation prédéterminée par la loi spéciale  [9].

9 Rappelons qu’avant 1989, en vertu de la loi ordinaire du 9 août 1980 de réformes institutionnelles, le système de financement ne prévoyait qu’un seul type de ressource, les dotations à charge de l’État central. Ce système a donc été radicalement transformé, la région disposant désormais de deux types de ressources : des ressources fiscales et des ressources non fiscales.

1.1. LES RESSOURCES FISCALES RÉGIONALES

10 L’article 170, § 2 de la Constitution permet aux régions et aux communautés d’établir des impôts et d’en percevoir le revenu ; cette compétence n’est pas absolue car le législateur fédéral peut restreindre cette compétence à tout moment moyennant une décision prise à la majorité ordinaire. L’article 354 de la loi ordinaire du 16 juillet 1993 réserve aux régions le monopole des impôts en matière d’eau et de déchets.

11 Le tableau 1 présente la liste des impôts régionaux. Les taxes instaurées par les régions sont directement perçues par elles.

Tableau 1

Les impôt régionaux

Tableau 1
Tableau 1 : Les impôt régionaux 1. Taxe sur les jeux et paris 2. Taxe sur les appareils automatiques de divertissement 3. Taxe d'ouverture des débits de boissons fermentées 4. Droits de succession et de mutation par décès 5. Précompte immobilier 6. Droits de donation 7. Taxe de circulation 8. Taxe de mise en circulation 9. Eurovignette 10. Redevance radio-TV 11. Droits d'enregistrement sur la transmission à titre onéreux de biens immobiliers 12. Droits d'enregistrement sur la constitution d'hypothèques 13. Droits d'enregistrement sur les partages partiels et les cessions entre copropriétaires

Les impôt régionaux

12 Le transfert aux régions des impôts opéré lors de la loi spéciale du 13 juillet 2001 portant refinancement des communautés et extension des compétences fiscales des régions n’est pas un refinancement. Il s’agit d’une opération blanche pour l’Autorité fédérale et pour les régions. Chaque nouvel impôt régional est compensé par une réduction à due concurrence de l’IPP qui revient à chaque région. Cette réduction est appelée le « terme négatif ». Il est fixé annuellement par le gouvernement fédéral par arrêté après concertation des gouvernements régionaux  [10].

13 La réforme introduite par la réforme de 2001 a marqué une étape importante dans le régime de financement des régions par l’extension de l’autonomie fiscale en matière d’impôts régionaux  [11]. L’autonomie fiscale est mesurée sur la base des recettes effectives : il suffit donc que la région puisse modifier la base d’un impôt pour que l’intégralité de la recette de celui-ci soit comptabilisée comme une recette d’autonomie complète  [12].

14 Après la réforme de 2001, l’autonomie fiscale des régions peut, dans ce nouveau système, se décrire comme suit :

  • il y a autonomie complète pour les impôts 1 à 4 et 6 à 9 du tableau 1 ;
  • les régions ne peuvent modifier le revenu cadastral mais peuvent choisir une autre base pour le précompte immobilier : on peut donc considérer qu’il y a une autonomie complète ;
  • il y a également autonomie complète pour les rubriques 11 à 13, les restrictions consistant en l’obligation de conclure des accords de coopération horizontaux (entre régions) et non en des attributions de compétence au pouvoir fédéral.

15Une ordonnance du 21 février 2002 a fixé à zéro le taux de la redevance radio et télévision  [13]. Deux taxes régionales autonomes ont alors été adaptées afin de compenser la perte de recettes engendrée par la promulgation de ce tarif zéro euro pour les redevances radio et télévision  [14].

16 En plus de cette extension d’autonomie eu égard aux impôts régionaux, il faut ajouter les capacités d’autonomie des régions vis-à-vis de l’IPP (cf. infra).

17 Par ailleurs, afin de contrecarrer une évolution des nouveaux impôts qui pourrait être négative, un mécanisme a été mis en place qui permet à une région, dont les recettes à politique inchangée, c’est-à-dire à taux et base inchangés, seraient inférieures aux recettes obtenues pour ces mêmes impôts en l’année 2002, de maintenir un taux de recettes équivalent. Ce mécanisme de « filet de sécurité » devait fonctionner à plein rendement pendant les cinq premières années, à savoir les années 2002 à 2007. Pour les années 2008 à 2012, la correction de transition se fera de manière dégressive et linéaire. Cependant, selon certains auteurs, la définition du filet de sécurité par la loi rendait très peu probable sa mise en œuvre  [15]. Il n’a pas été initié jusqu’ici, l’évolution des recettes régionales ne réclamant pas son activation.

1.2. LA PART ATTRIBUÉE D’UNE PARTIE DU PRODUIT DE L’IMPÔT DES PERSONNES PHYSIQUES

18 Depuis le 1er janvier 1989, une partie de l’IPP levé et perçu par l’Autorité fédérale est transférée aux régions pour financer les politiques régionales. Cette ressource sera, jusqu’aux modifications de 2001, la plus importante pour la Région bruxelloise puisqu’elle représentera en moyenne 60,0 % de ses recettes durant la période 1989-2001.

19 Ce mécanisme était destiné à remplacer l’ancien système de dotations et à constituer la part majeure des recettes régionales dans le nouveau régime de financement instauré en 1989.

20 À partir de l’an 2000, le calcul des moyens à transférer est le suivant : les recettes de l’IPP sont adaptées annuellement en fonction de la hausse du PNB et réparties entre les régions selon une clé correspondant à la répartition du produit de l’IPP des trois régions. Ce fut la consécration du principe dit « du juste retour ».

21 L’ancienne loi de financement ne permettait à une région de lever ou d’introduire des centimes additionnels ou des réductions qu’après une concertation préalable entre les gouvernements régionaux et fédéral. En outre, il était permis au gouvernement fédéral, dans le cadre de la garantie de l’union économique et de l’unité monétaire et après concertation avec les gouvernements régionaux concernés, d’imposer un pourcentage maximum à l’égard de ces centimes additionnels et réductions. La loi de financement telle que modifiée en 2001 délimite mieux les compétences en ce qui concerne l’impôt des personnes physiques.

22 Ainsi, une marge est fixée au sein de laquelle les régions peuvent autoriser :

  • des centimes additionnels ou soustractionnels généraux forfaitaires ou proportionnels, qu’ils soient différenciés par tranche d’impôts ou non ;
  • ou introduire des déductions générales d’impôt, dépendant de leurs compétences.

23Cette marge s’élevait à 3,25 % au 1er janvier 2001 et s’élève à 6,75 % depuis le 1er janvier 2004 : elle est exprimée par rapport à la recette de l’impôt des personnes physiques localisée dans chaque région. Toutefois un élément important est que l’exercice de cette compétence doit s’effectuer sans diminution de la progressivité de l’impôt des personnes physiques et en excluant toute concurrence fiscale déloyale.

24 On passe ainsi d’une autonomie de marge à une autonomie de taux encadrée  [16].

25 Enfin, « la progressivité de l’impôt pourra être modifiée, même si elle ne pourra pas être réduite et des réductions ou des augmentations spécifiques [d’impôt] pourront être instaurées en vue d’encourager certains comportements en rapport avec les compétences régionales lorsqu’ils sont jugés souhaitables ou au contraire d’en décourager d’autres, tenus pour nuisibles  [17] ».

26 Cette évolution est cependant susceptible d’une lecture plus circonstanciée eu égard à ses effets potentiels quant à la situation financière des entités fédérées et à leur rapport entre elles  [18].

1.3. LES AUTRES SOURCES DE FINANCEMENT

1.3.1. L’intervention de solidarité nationale

27 Cette intervention, à charge de l’État fédéral, est destinée à couvrir les disparités qui naissent entre les régions à la suite de la nouvelle clé de répartition interrégionale basée sur le produit de l’IPP. La région dont le produit moyen de l’IPP par habitant est inférieur au produit moyen de l’IPP par habitant pour le Royaume recevra, par pourcentage de différence, une dotation égale à 11,60 euros  [19] – 468 BEF à l’époque – multipliés par le nombre de ses habitants.

1.3.2. Les recettes liées à l’exercice des compétences

28 Les recettes liées à l’exercice des compétences sont peu significatives en termes de revenus. On peut citer le produit de la vente de biens immobiliers appartenant à la région ou le produit de la vente de coupes de bois.

1.3.3. Les subventions

29 La loi de financement telle que modifiée en 2001 n’a pas mis fin à tout recours à des subventions spéciales. Les régions disposent ainsi d’un droit de tirage sur le budget fédéral pour financer la remise au travail des chômeurs.

30 La ville de Bruxelles présente la particularité d’être tout à la fois la capitale de l’État fédéral, de la Communauté flamande et de la Communauté française. Plusieurs institutions européennes y ont leur siège. Ce statut de capitale multiple entraîne des coûts liés notamment au maintien de l’ordre, à la propreté, etc. La Région bruxelloise bénéficie indirectement de la dotation spéciale accordée par l’Autorité fédérale à la ville de Bruxelles (article 64 de la loi spéciale de financement des communautés et des régions).

31 La Région bruxelloise bénéficie aussi de recettes spécifiques faisant l’objet d’inscriptions au budget de l’État fédéral. Tout d’abord, la subvention destinée à rencontrer les charges spécifiques de Bruxelles en tant que capitale du Royaume et siège d’une partie des institutions européennes. L’article 43 de la loi spéciale du 12 janvier 1989 relative aux institutions bruxelloise a prévu un mécanisme de coopération particulier : un comité de coopération à créer délibère, selon la procédure du consensus, des initiatives que peuvent prendre en commun l’État et la Région de Bruxelles-Capitale en vue de favoriser et de promouvoir le rôle international et la fonction de capitale de Bruxelles. Ces initiatives peuvent être en tout ou en partie supportées par le budget de l’État. C’est l’accord de coopération entre l’État fédéral et la Région de Bruxelles du 15 septembre 1993, appelé accord Beliris, qui a matérialisé cette possibilité.

32 Il s’agit là d’une source spécifique de financement de la Région bruxelloise, qui n’est cependant pas comptabilisée à son budget. Initialement quatre chapitres liés au rôle international de Bruxelles y figuraient : les travaux en relation avec la SNCB, l’Espace Bruxelles-Europe, la zone neutre (en ce compris les alentours du palais royal), et enfin le boulevard Léopold II. Un cinquième chapitre a été ajouté à la demande des Bruxellois mais ne bénéficiera, dès lors, que d’un financement de 49 % de l’État fédéral : celui-ci va inspirer, dans les faits, un net élargissement du champ couvert par le financement fédéral, mais il représentait au stade initial moins de 5 % du budget..

33Outre la subvention accordée dans le cadre de Beliris, la Région bruxelloise bénéficie encore d’une subvention destinée à assurer le service financier de l’emprunt contracté en 1981 pour consolider le déficit des communes bruxelloises et de l’Agglomération.

34 Il faut enfin mentionner la subvention dite de la mainmorte, qui couvre la non-perception, par les communes, des centimes additionnels au précompte immobilier sur certaines propriétés publiques à concurrence de 72 % seulement, mais qui est cependant versée à la Région.

35 Le régime de dotation générale aux communes de la Région de Bruxelles-Capitale  [20] ne compense pas la perte de recette de la mainmorte, même s’il tient compte, dans ses modalités, de la situation des communes en matière d’additionnels au précompte immobilier. En 2005, le budget de la dotation régionale aux communes bruxelloises était de 260 millions d’euros, soit environ 225 euros par habitant. Par comparaison, la moyenne pondérée, par habitant, des versements des Fonds des communes aux villes d’Anvers, de Gand, de Charleroi et de Liège était, en 2005, de 904 euros. Si le régime bruxellois bénéficiait du même montant par habitant, la dotation régionale aurait été de 920,289 millions d’euros en 2005 : on peut en déduire que le manque à gagner des 19 communes bruxelloises par rappport à celles des autres métropoles belges a été, en 2005, de 537 millions d’euros : soit 920,289 millions d’euros moins 260 millions d’euros (réellement affectés en 2005 par le régime de dotation générale) moins les 123 millions d’euros perçus par la ville de Bruxelles en 2005 du niveau fédéral (article 64 de la loi spéciale de financement évoqué ci-avant)  [21].

1.3.4. L’emprunt

36 Les régions peuvent aussi emprunter librement pour financer leurs dépenses à côté du recours à l’emprunt forcé. Il était prévu, en effet, dans le système de financement de 1989 que les régions et les communautés financeraient par l’emprunt 14,30 % des montants transférés (sauf l’enseignement) en vertu du principe qu’elles ne devaient pas bénéficier d’une situation différente en matière de financement de leurs opérations courantes de celle qui existe pour le niveau fédéral.

37 Toutefois la faculté d’emprunt accordée aux régions est soumise à des procédures de consultation ou d’information, suivant le cas ; et, en outre, le recours à l’emprunt peut éventuellement être contingenté de manière temporaire par le gouvernement national.

1.3.5. Transfert en provenance de l’Agglomération

38 À partir de l’année 1995, les recettes régionales intègrent un transfert en provenance de l’Agglomération bruxelloise suite à la convention passée la même année entre la région et celle-ci. On rappellera que l’Agglomération a été créée par la loi du 26 juillet 1971  [22], qui lui attribue certaines compétences exercées jusqu’alors par les communes, notamment la coordination technique des services de police, l’enlèvement et le traitement des immondices, le transport rémunéré des personnes, la lutte contre l’incendie, l’aide médicale urgente, la distribution d’eau, etc.

39 Dans la foulée de la réforme de 1989, son budget a été aligné sur celui de la région. L’existence du conseil de l’Agglomération a pris fin en 1989. Depuis, les organes de la région en exercent les compétences : le Parlement régional établit les taxes, les additionnels et les redevances que le gouvernement régional perçoit. À partir de 1991, l’essentiel de l’exercice des attributions de l’Agglomération a été transféré, comme l’article 5 de la loi spéciale du 12 janvier 1989 le prévoyait, à deux organismes d’intérêt public de type A, l’Agence régionale pour la propreté et le Service d’incendie et d’aide médicale urgente (SIAMU)  [23].

40 Les recettes actuelles de l’Agglomération, transférées intégralement à la région depuis 1995, sont constituées quasi essentiellement d’additionnels à l’IPP, au précompte immobilier et à la taxe de circulation automobile  [24]. Elles constituent donc des recettes fiscales assimilables aux recettes fiscales régionales.

1.3.6. L’apport des accords dit du Lombard

41 Enfin pour être complet, il faut relever une nouvelle recette affectée pour la région : l’article 46bis nouveau de la loi spéciale du 12 janvier 1989 relative aux institutions bruxelloises est venu compléter l’article 279 de la Nouvelle loi communale qui organise un mécanisme destiné à favoriser – et non à garantir – une meilleure représentation des mandataires flamands au niveau communal  [25].

42 Dès l’année budgétaire 2002, des moyens financiers spéciaux à charge de l’Autorité fédérale ont été répartis entre les communes dont le collège des bourgmestre et échevins est composé conformément à l’article 279 de la Nouvelle loi communale ou dont le centre public d’aide sociale est présidé conformément au même article  [26]. Le montant, qui s’élevait à 24 789 milliers d’euros en 2002, est annuellement octroyé à la région qui le redistribue aux communes concernées. Ce montant – qui apparaît au tableau 2 – est adapté au taux de fluctuation de l’indice moyen des prix à la consommation ainsi qu’à la croissance réelle du revenu national brut de l’année budgétaire concernée.

2. LES RECETTES DE LA RÉGION

43 L’évolution des recettes de la Région bruxelloise est en perspective avec les évolutions générales avant et après les accords du Lambermont, avec l’importance accrue des impôts immobiliers depuis 2002, avec l’apport du mécanisme de solidarité dans la dotation IPP ristournée à la région et enfin avec l’évolution des recettes principales sur la période 1990-2005. Nous comparons également ces recettes avec celles des Régions flamande et wallonne.

2.1. L’ÉVOLUTION DES RECETTES GÉNÉRALES

44 Le tableau 2 reprend les recettes régionales annuelles depuis 1990. Pour l’essentiel, les données reprises proviennent des préfigurations annuelles des résultats de l’exécution des budget annuels de la Région de Bruxelles-Capitale sauf pour l’année 1990 et 2005 où nous avons repris les données des ajustement budgétaires : ce qui explique le sigle « aj. » ajouté dans l’en-tête du tableau à côté des 1990 et 2005. Nous les avons réparties en deux grandes catégories :

  • les recettes générales qui comprennent les recettes fiscales régionales, à savoir les impôts régionaux et les taxes régionales, et les recettes non fiscales dans lesquelles on retrouve notamment : la part ristournée de l’IPP par le niveau fédéral, le droit de tirage pour la remise au travail des chômeurs et diverses recettes non fiscales propres à la Région de Bruxelles-Capitale comme la mainmorte, les transferts provenant de l’ex-Agglomération bruxelloise et, depuis 2002, les moyens octroyés aux communes pour l’échevin flamand – il s’agit donc d’une recette affectée – et ceux correspondant aux nouvelles compétences transférées en 2001  [27] ;
  • les autres recettes qui reprennent principalement les recettes provenant des fonds organiques budgétaires  [28].

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45Nous ne reprenons pas ici les moyens octroyés dans le cadre de l’accord de coopération du 15 septembre 1993, l’accord Beliris, qui habituellement ne fait l’objet d’aucune inscription dans le budget régional des recettes et des dépenses.

46 On remarque que, sur la période 1990-2005, le taux de croissance nominal des recettes est de 200 % et le taux réel de 135 %.

47 Le tableau 3 reprend les montants octroyés dans le cadre de l’accord de coopération Beliris. Il a connu neuf avenants annuels ou bisannuels.

Tableau 3

Budget octroyés dans le cadre de Beliris (en millions d’euros)

Tableau 3
Tableau 3 : Budget octroyés dans le cadre de Beliris (en millions d’euros) Montants des crédits octroyés 1993 49,6 1994 60,5 Avenant 1 1995 49,6 1996 49,6 Avenant 2 1997 72,0 Avenant 3 et 4 1998 68,7 1999 51,6 Avenant 5 2000 109,3 Avenant 6 2001 125,4 Avenant 7 2002 128,5 Avenant 8 2003 186,7 2004 101,2 Aveant 9 2005 269,0 2006 101,1 2007 124,3 Total 1 547,1

Budget octroyés dans le cadre de Beliris (en millions d’euros)

48 Le dernier avenant  [29] portait sur un montant total de 494,4 millions d’euros soit un report total de l’ordre de 167,8 millions d’euros de crédits non engagés antérieurement, auquel il convient d’ajouter 101,1 millions d’euros, chaque fois, pour 2005 et 2006 et un montant de 124,3 millions d’euros en 2007. Pour la première fois, la programmation des projets retenus est effectuée sur trois années. Le tableau 4 reprend l’affectation prévue des montants annuels de 2005 à 2007 : les programmes afférents au chapitre 5, ajouté à la demande des Bruxellois, représentent 57,57 % du montant total affecté dans le cadre de cette programmation triennale.

Tableau 4

Affectation prévue des moyens du neuvième avenant à l'accord Beliris

Tableau 4
Tableau 4 : Affectation prévue des moyens du neuvième avenant à l'accord Beliris (en milliers d'euros) 2005 2006 2007 Total % du total Mobilité 67 282 575 21 730 000 33 980 000 122 992 575 24,88 Espace Bruxelles-Europe 13 659 821 7 000 000 8 000 000 28 659 821 5,80 Bâtiments et espaces publics 33 272 740 10 300 000 14 525 000 58 097 740 11,75 Parcs urbains 42 361 783 8 000 000 10 064 190 60 425 973 12,22 Iniatives culturelles 16 764 366 9 046 000 4 400 000 30 210 366 6,11 Revitalisation des quartiers 87 727 889 38 000 000 46 250 000 171 977 889 34,79 Divers 7 908 184 7 032 000 7 060 000 22 000 184 4,45 Total 268 977 358 101 108 000 124 279 190 494 364 548 100,00

Affectation prévue des moyens du neuvième avenant à l'accord Beliris

49 L’usage de la capacité fiscale de la région apparaît au tableau 2 dans la section 2 intitulée « taxes régionales autonomes » du titre 1  [30]. Ces recettes représentaient 8,8 % des recettes totales en 2002 ; pour la Région wallonne, elles représentaient la même année 2,4 % de ses recettes et 4,4 % pour la Région flamande.

50 Le tableau 5 reprend une vision de synthèse de l’évolution de la structure des recettes sur la période 1990-2005. Il reprend les montants globaux des recettes réalisées sur les deux périodes et met en évidence les impacts des accords de 2001 :

  • avant 2002, les recettes régionales sont composées sur la période 1990-2001 :
    • des recettes non fiscales pour 68,6 % et à raison de 60,0 % de la dotation IPP y compris l’intervention de solidarité (à partir de 1997) ;
    • des recettes fiscales régionales pour 26,9 % ;
    • d’autres recettes pour 4,4 %.
  • à partir de 2002, les recettes régionales sont composées en moyenne :
    • des recettes fiscales – impôts et taxes – régionales pour 51 % ;
    • des recettes non fiscales pour 44,1 % et à raison de 31,5 % de la dotation IPP y compris l’intervention de solidarité ;
    • et d’autres recettes pour 4,9 %.

51Lors du transfert intégral des nouveaux impôts régionaux suite à la réforme de 2001, le niveau fédéral a dû être compensé pour sa perte de recettes (principe de la neutralité budgétaire). Les recettes fiscales complémentaires de chacune des régions ont été déduites de la part de l’impôt des personnes physiques qui était antérieurement attribuée aux régions. C’est ce qui explique la part désormais plus importante des recettes régionales bruxelloises provenant des recettes de la fiscalité régionale.

52 Un important glissement dans l’origine des recettes totales des régions, dès le budget des voies et moyens de 2002, a eu lieu : la part prévisible des recettes décroît clairement pour le budget régional bruxellois, davantage captif comme nous le verrons des recettes provenant de la fiscalité régionale.

53 Le niveau d’activité élevé du marché immobilier bruxellois, par les recettes qu’il procure à la région mais aussi par la demande sociale de logement qu’il nourrit, a sans doute empêché de percevoir davantage cet aspect, car les recettes provenant des impôts immobiliers ont clairement augmenté depuis 2002. Ce niveau d’activité élevé a eu également comme conséquence que le filet de sécurité prévu par les accords du Lambermont en cas de diminution des recettes n’a pas été utilisé durant la période 2002-2007.

Tableau 5

Recettes générales de la Région bruxelloise avant et après

Tableau 5
Tableau 5 : Recettes générales de la Région bruxelloise avant et après les accords du Lambermont (en milliers d’euros) Total des Total des recettes recettes 1990-2001 2002-2005 Partie 1 : Recettes générales Titre 1 : Recettes fiscales Section 1 : les impôts régionaux Taxe sur les jeux et paris 83 808 30 4038 Taxe sur les appareils automatiques et de divertissement 49 524 24 404 Taxe d'ouverture des débits de boissons fermentées 19 752 741 Redevance radio-télévision Taxe de circulation sur les véhicules automobiles 402496 Taxe de mise en circulation 145 625 Eurovignette 39 024 Droits de succession 1 835 969 986 851 Précompte immobilier 133 962 70 392 Droits d'enregistrement totaux 1 004 080 1 646 264 Droits d'enregistrement (ventes de biens immeubles) 1 462 944 Droits d'enregistrement (hypothèque sur un bien immeuble et partages de biens immeubles) 116 350 Droits de donation 66 970 Total des impôts immobiliers 2 974 011 2 703 507 % des recettes des impôts immobiliers sur les recettes totales 20,8 34,7 Total Section 1 3 127 095 3 346 197 Section 2 : Taxes régionales autonomes Total Section 2 717 781 629 574 Total Titre 1 3 844 876 3 975 771 % recettes fiscales dans les recettes générales 26,9 51,0 Titre 2 : Recettes non fiscales Section 1: Part attribuée de l’IPP 8 562 790 2 454 304 % part IPP dans les recettes générales 60,0 31,5 Section 2: Recettes non fiscales propres à la RBC Mainmorte 162174 131 384 Remise au travail de chômeurs 317 068 145 113 Transfert en provenance de l'Agglomération de Bruxelles 752 751 588 442 Moyens pour les communes pour l'échevin flamand 104 272 Moyens pour les compétences issues du Lambermont 11 661 Autres Total Section 2 1 231993 980 872 Total Titre 2 9 794783 3 435 176 % recettes non fiscales dans les recettes générales (Titre 2) 68,6 44,1 Total Partie 1 (Titre 1 + Titre 2) 13 639 659 7 410 947 Autres recettes (dont recettes affectées ) 630 968 383689 % autres recettes dans les recettes générales 4,4 4,9 Total général 14 270 627 7 794 636

Recettes générales de la Région bruxelloise avant et après

2.2. L’IMPORTANCE ACCRUE DES IMPÔTS IMMOBILIERS

54 On remarque que, sur la période 2002-2005, le produit des impôts immobiliers (droits de succession, précompte immobilier et droits d’enregistrement et de donation) représente plus du tiers de recettes régionales – 34,7 % – pour, respectivement, environ 25 % pour la Région flamande et 19 % pour la Région wallonne sur la même période.

55 Le tableau 6 affine ce constat en intégrant les dernières données budgétaires accessibles  [31] et montre que la part des impôts immobiliers dans les recettes continuerait de croître pour atteindre 36,5 % en 2006 et 38,0 % en 2007. La Région bruxelloise est dans un rapport extrêmement ambivalent vis-à-vis du marché immobilier : le niveau élevé des valeurs acquisitives, notamment, ainsi que l’important volume d’activités constaté ces dernières années sur le marché acquisitif nourrit, en amont, des rentrées importantes pour le budget régional. Mais, en aval, ce niveau d’activités et de valeurs est source de fragilisation sociale voire d’exclusion sociale, et donc d’augmentation des dépenses affectées aux politiques sociales notamment du logement.

Tableau 6

Impôts immobiliers depuis 2002 (en milliers d’euros)

Tableau 6
Tableau 6 : Impôts immobiliers depuis 2002 (en milliers d’euros) 2002 2003 2004 2005 2006 aj. 2007 int. Droits de succession 218 695 194 936 285 680 287 540 327 432 325 054 Précompte immobilier 18 118 23 142 15 955 13 177 16 534 17 426 Droits d'enregistrement (ventes de biens immeubles) 303 187 360 521 388 986 410 250 481 059 520 342 Droits d'enregistrement (hypothèque et partages de biens) 19 049 26 410 32 803 38 088 41 861 47 168 Total des droits d'enregistrement 322 236 386 931 421 789 448 338 522 920 567 510 % des droits d'enregistrement dans les imp. immobiliers 57,1 63,4 57,6 56,3 56,3 58,5 Droits de donation 4 938 5 745 8 415 47 872 61 944 59 651 Total des impôts immobiliers 563 987 610 754 731 839 796 927 928 830 969 641 % des impôts immobiliers dans les recettes générales 32,3 34,3 36,1 35,9 36,5 38,0 Total des impôts régionaux 714 784 784 890 883 936 962 587 1 112 456 1 168 660 Total des taxes régionales 150 922 159 967 156 966 161 719 142 252 103 063 Total des impôts régionaux et taxes régionales 865 706 944 857 1 040 902 1124 306 1 254 708 1 271 723 % recettes fiscales régionales dans les recettes générales 49,6 53,1 51,3 50,7 49,3 49,8 Part attribuée de l'impôt des personnes 555 837 590 521 616 392 691 554 720 775 742 441 % part IPP dans les recettes générales 31,9 33,2 30,4 31,2 28,3 29,1 Total général 1 744 289 1 780 805 2 027 248 2217 257 2 547 275 2 553 897

Impôts immobiliers depuis 2002 (en milliers d’euros)

2.3. L’APPORT DU MÉCANISME DE SOLIDARITÉ

56 Le tableau 7 reprend l’évolution des quotes-parts des trois régions dans la production de l’IPP qui sont directement liées à l’évolution quantitative de la population et à son niveau de richesse. L’année 1976 a été prise comme année de référence afin de mettre en perspective, sur une durée d’une certaine ampleur, le mouvement général que connaît la quote-part bruxelloise. Ses évolutions depuis 1989 sont ainsi relues en lien avec celles qu’elle a connues durant la période qui a précédé la création de la Région de Bruxelles-Capitale.

Tableau 7

Quote-part régionale dans la production de l'IPP (en %)

Tableau 7
Tableau 7 : Quote-part régionale dans la production de l'IPP (en %) Années RBC % Flandre % Wallonie % 1976 17,3 100,0 52,8 100,0 29,9 100,0 1979 15,6 90,2 54,1 102,5 30,3 101,2 1984 12,6 72,6 56,6 107,3 30,8 102,9 1985 12,3 70,7 57,0 107,9 30,8 102,9 1989 11,2 64,6 59,4 112,6 29,4 98,3 1990 11,0 63,5 59,5 112,8 29,5 98,7 1991 10,8 62,6 60,0 113,6 29,2 97,6 1992 10,6 61,2 60,4 114,5 29,0 96,8 1993 10,3 59,7 60,8 115,1 28,9 96,7 1994 10,1 58,0 61,1 115,7 28,9 96,6 1995 9,8 56,7 61,2 116,0 28,9 96,8 1996 9,5 54,6 61,6 116,8 28,9 96,7 1997 9,3 53,8 61,6 116,8 29,1 97,2 1998 9,2 52,9 62,0 117,4 28,9 96,6 1999 9,1 0,5 62,0 117,6 28,9 96,7 2000 9,0 52,2 62,2 117,9 28,7 96,1 2001 9,0 52,1 62,4 118,3 28,5 95,5 2002 9,0 52,2 62,7 118,8 28,3 94,5 2003 8,9 51,2 63,1 119,5 28,1 93,8 2004 8,8 50,8 63,2 119,8 28,1 94,0 2005 8,65 50,2 63,2 119,8 28,2 94,3

Quote-part régionale dans la production de l'IPP (en %)

57 On remarque que sur la période 1976-2005 :

  • le taux de croissance relatif de la quote-part de la Région flamande est de 19,8 %, passant de 52,8 % à 63,2 % ;
  • pour la Région wallonne, la quote-part a diminué de 5,6 % passant de 29,9 % à 28,2 % après avoir connu dans les années 1980, d’abord, un mouvement de croissance ;
  • et la quote-part de la Région bruxelloise a diminué de 49,7 % passant de 17,3 % à 8,65 %. On peut scander cette diminution en deux temps : moins 35,3 % de 1976 à 1989 et moins 22,3 % de 1989 à 2005.

58Depuis 1997, l’érosion semble ralentir. Cela correspondrait au retournement démographique que la région a connu et qui l’a vu gagner, depuis 1996, près de 70 000 habitants ; aujourd’hui la tendance à la diminution de sa quote-part IPP semble se stabiliser.

59 La population augmente aussi dans les deux autres régions bien que ces dernières années, depuis 2000, la croissance quantitative de la population bruxelloise soit légèrement plus importante. Ceci est confirmé par certaines données du projet de budget des recettes et des dépenses de la région pour l’année budgétaire 2007, qui indiquent que, pour la première fois depuis 1976, l’érosion de la quote-part de la Région bruxelloise dans la production de l’IPP est stabilisée : la quote-part bruxelloise est de 8,74 % en 2006 et en 2007 (prévisions) pour 8,65 % en 2005 : soit une évolution positive de 1,01 %. Le moment est peut-être important mais il devra être confirmé dans les prochaines années pour signifier une réelle inversion de tendance : il peut s’agir, à ce stade, d’un des effets de la croissance quantitative plus rapide de la population bruxelloise depuis l’année 2000.

Tableau 8

Montants transférés au titre de la solidarité (milliers d’euros)

Tableau 8
Tableau 8 : Montants transférés au titre de la solidarité (milliers d’euros) Année Région wallonne Région de Bruxelles-Capitale 1990 378 011 1991 434 021 1992 480 747 1993 509 037 1994 531 149 1995 532 252 1996 548 485 1997 532 013 2 996 1998 558 938 27 137 1999 566 205 27 510 2000 601 242 46 566 2001 648 241 54 171 2002 703 929 57 650 2003 747 174 101 055 2004 757 959 134 211 2005 754 199 169 211 2006 767 774 172 257 Total 10 051 376 792 764

Montants transférés au titre de la solidarité (milliers d’euros)

60 Envisagé au départ pour la Région wallonne, qui dès le départ bénéficie d’un montant de l’ordre de 378, millions d’euros, le mécanisme de solidarité comporte un effet de seuil qui prive la Région bruxelloise de toute intervention de solidarité malgré le recul de sa part dans l’IPP. Ce qui signifie que durant la période 1990-1996, la Région bruxelloise a perdu des recettes sans bénéficier de l’intervention de solidarité régionale.

61 Pour la période 1998-2005, on remarque l’importance croissante de l’intervention de solidarité attribuée à la région puisqu’elle est multipliée par six en huit années : alors qu’elle représentait 3,7 % de la dotation IPP ristournée à la Région bruxelloise en 1998, en 2005 elle représente 24,5 % de celle-ci.

62 Cependant, il convient de remarquer que la diminution du produit de l’IPP après 1997 dans la Région bruxelloise ne lui fait pas perdre de moyens financiers. Comme pour la Région wallonne, le mécanisme de solidarité fait plus que compenser la perte qu’engendre pour le budget bruxellois la diminution de la quote-part IPP  [32].

63 On relèvera également que, sur la période 1990-2006, la Région wallonne a perçu 12,70 fois le montant perçu par la Région de Bruxelles-Capitale ; en 2006, toutefois le montant attribué à la Région bruxelloise représentait 22,5 % du montant de la Région wallonne.

2.4. VISION CONSOLIDÉE DES RECETTES

64 Les tableaux 9 et 10 présentent une vision consolidée des recettes depuis 1990 en termes de recettes réalisées et en pourcentage ; 90 % des recettes sont constituées des parts IPP, des recettes fiscales régionales et du transfert de l’Agglomération qui sont aussi des recettes fiscales car constituées à plus de 95 % d’additionnels à l’IPP, au PRI et à la taxe de circulation : autrement dit depuis 2002, la fiscalité régionale et assimilée (provenant de l’Agglomération) représente entre 57 et 60,1 % des recettes régionales.

65 Le poste « autres » représente le droit de tirage sur le budget fédéral pour la remise au travail des chômeurs ainsi que les recettes n’appartenant à aucune autre catégorie qui peuvent soit provenir des fonds budgétaires organiques, soit aussi de recettes ponctuelles de l’Autorité fédérale ou d’un pararégional.

66 Les montants repris ici sont des recettes réalisées tant pour les recettes régionales que pour Beliris. On relèvera la faible proportion de recettes supplémentaires provenant de Beliris qui représentent selon les années entre 2 % et 5 % des recettes budgétaires totales et, de manière consolidée, 3,5 % sur la période 1993-2004.

tableau im12

tableau im13

tableau im14

2.5. COMPARAISON DES RECETTES DES RÉGIONS

2.5.1. Structure comparée des recettes des régions

67 Il est intéressant de comparer les impacts des modifications des régimes de financement des régions introduites en 2001 sur les trois entités régionales. Les tableaux 11 et 12 expriment, respectivement en 2001 et en 2005, les différences existant entre la structure des recettes des trois régions et constituent, en ce sens, une mise en perspective nouvelle d’un des aspects importants, entraperçus par certains  [33], des accords de 2001.

Tableau 11

Structure des recettes des régions en 2001 en milliers d'euros)

Tableau 11
Tableau 11 : Structure des recettes des régions en 2001 en milliers d'euros) RBC % Région W % Région Fl % Part IPP 974 450 61,5 3 609 526 71,7 6 438 700 75,6 Recettes fiscales PRI 11 088 0,7 21 035 0,4 36 0,0 Taxe sur les jeux et paris 6 036 0,4 21 410 0,4 16 839 0,2 Taxe sur les appareils autom. et de div. 4 774 0,3 13 885 0,3 36 450 0,4 Taxe d'ouverture 1 180 0,1 3 343 0,1 6 475 0,1 Droits d'enregistrement 111 931 7,1 166 137 3,3 434 290 5,1 Droits de succession 192 385 12,1 276 244 5,5 573 276 6,7 Taxes régionales 111 830 7,1 129 329 2,6 Total recettes fiscales 439 224 27,7 631 383 12,5 1 067 366 12,5 Recettes non fiscales Droit de tirage 32 997 2,1 154 349 3,1 261 560 3,1 Autres recettes non fiscales 20 873 1,3 80 698 1,6 748 183 8,8 Reports années antérieures 253 864 5,0 Mainmorte Transfert en provenance de l'Agglo 117 903 7,4 Total des recettes non fiscales 171 773 10,8 488 911 9,7 1 009 743 11,86 Recettes totales 1 585 447 100 5 031 112 100 8 515 809 100,0

Structure des recettes des régions en 2001 en milliers d'euros)

68 On peut constater qu’en 2001, prise comme année de référence car située juste avant les accords du Lambermont, les structures des recettes régionales sont clairement différentes et que les recettes fiscales occupent une part plus importante dans les recettes de la Région bruxelloise : 27,7 %  [34], pour respectivement 12, % pour la Région wallonne et 12,53 % pour la Région flamande.

69 Ce qui peut s’expliquer à la fois par la richesse de l’activité dans la Région bruxelloise, mais aussi par la nécessité qu’elle a dû affronter : développer des recettes complémentaires par sa fiscalité régionale eu égard au système de financement ayant prévalu entre 1989 et 2001  [35]. Cet élément indiquerait que l’articulation entre le régime de financement de 1989 et sa réforme partielle en 2001 n’a pas intégré d’effet incitatif puisque la Région bruxelloise ne voit nullement valoriser ses avancées en matière d’autonomie financière par la réforme de 2001.

70 Les changements apportés par la réforme de 2001 sont très significatifs comme l’indique le tableau 12 qui reprend les données pour 2005 : les recettes fiscales sont la part la plus importante des recettes de la Région bruxelloise – 50,71 %  [36] – alors qu’elles représentent 35,05 % des recettes de la Région wallonne et 41,83 % de la Région flamande. Par contre, on relèvera que la dotation IPP représente pour la Région flamande 55,19 % de ses recettes, 56,50 % pour la Région wallonne et seulement 31,19 % pour la Région bruxelloise.

Tableau 12

Structure comparée des recettes régionales en 2005 en milliers d'euros)

Tableau 12
Tableau 12 : Structure comparée des recettes régionales en 2005 en milliers d'euros) Région Région RBC % wallonne % flamande % Part IPP 691 554 31,9 2 996 365 56,5 4 848 624 55,19 Recettes fiscales PRI 13 177 0,59 24 704 0,47 77 688 0,88 Taxe sur les jeux et paris 7 752 0,35 20 372 0,38 19 444 0,22 Taxe sur les appareils autom. et de divertis. 6 223 0,28 10 220 0,19 28 936 0,33 Taxe d'ouverture 85 0,0 2 881 0,05 173 0,0 Droits d'enregistrement 448 338 20,22 726 773 13,70 1 500 341 17,08 Droits de succession 287 540 12,97 377 061 7,11 793 313 9,03 Taxe de circulation 107 731 4,86 338 072 6,37 799 766 9,1 Taxe de mise en circulation 38 914 1,76 66 360 1,25 178 695 2,03 Produit de l'eurovignette 4 955 022 43 256 0,82 82 200 0,9 Droits de donation 47 872 2,16 0 0,0 184 878 2,1 Taxes régionales 161 719 7,29 49 180 0,93 Redevances radio et télévision 183 600 3,46 328 0,0 Intérêts et amendes sur les impôts régionaux 16 143 0,30 Total recettes fiscales 1 124 306 50,71 1 858 668 35,05 3 674 329 41,8 Recettes non fiscales Droit de tirage 29 221 1,32 136 687 2,58 261 000 2,9 Autres recettes non fiscales 197 135 8,89 311 684 5,88 Main morte 26 741 1,21 0 0,0 Transfert en provenance de l'Agglomération 148 300 6,69 0 0,0 Total des recettes non fiscales 401 397 18,1 448 371 8,45 261 000 2,9 Recettes totales 2 217 257 100,0 5 303 444 100 8 784 553 100,0

Structure comparée des recettes régionales en 2005 en milliers d'euros)

71 La notion d’autonomie fiscale est ambivalente car elle peut signifier à la fois recettes ou dépenses fiscales voire la suppression de certains impôts : ces termes n’ont, forcément, pas la même lisibilité dans la présentation de la structure des recettes.

72 L’ampleur de la mise en œuvre de ces nouvelles compétences fiscales dépend des marges budgétaires dont dispose chaque région puisque toute suppression d’impôt ou de taxe régionaux entraîne une réduction des recettes (et ferait apparaître l’entité comme disposant de moindres recettes à partir de la fiscalité régionale dans notre tableau 12). Une diminution de la fiscalité régionale peut, par contre, avoir des effets ambivalents puisqu’elle peut signifier une croissance ou une diminution des recettes : il est clair que les réformes en matière de droits d’enregistrement, revus à la baisse en 2002, correspondent en Régions flamande et bruxelloise à une croissance des recettes mais c’est aussi le taux d’activités et le niveau des valeurs sur leur marché acquisitif qui permet cette croissance. « La Flandre a, dès l’élaboration de son budget 2002, mis en œuvre une partie de ses nouvelles compétences fiscales : l’imposition d’un tarif zéro pour la redevance radio-télévision et la taxe d’ouverture au 1er janvier 2002, la modification des mécanismes de restitution et, d’exemptions et des taux sur les droits d’enregistrement au 1er janvier 2002 ainsi qu’une nouvelle modification des taux en matière des droits de succession  [37]. »

73 La marge de manœuvre des deux autres régions, vu leur situation budgétaire, est plus limitée et les mesures prises ou envisagées concernent davantage une série de réaménagement davantage que de véritables réductions d’impôts :

  • la Région wallonne a mis sur pied une réforme fiscale portant sur quatre points : la taxe sur les déchets ménagers, la radio-redevance, le précompte immobilier et les droits de succession ;
  • la Région bruxelloise a supprimé la taxe d’ouverture qui a été compensée par une augmentation des tarifs de la taxe sur les appareils automatiques de divertissement et la suppression de la redevance radio et télévision qui a été compensée par une modification des tarifs de la taxe régionale autonome en 2002. Une réforme des droits de succession et d’enregistrement est entrée en vigueur au 1er janvier 2001.

74 Benoit Bayenet et Samantha Turner indiquent cependant la difficulté d’avoir désormais une vision consolidée de la situation des entités en matière d’autonomie fiscale, actant que « les budgets notamment, de la Communauté flamande, ne sont plus représentatifs de l’importance de la fiscalité mise en œuvre. Une partie des recettes propres de la Communauté flamande  [38] est allouée à des services à gestion séparée (tels le que Fonds de prévention et d’assainissement en matière de protection de l’environnement et de la nature ou Fonds Mina) et n’apparaissent pas dans le budget de l’entité flamande. La réaffectation de ces ressources explique ainsi, en partie, le faible niveau de la fiscalité propre dans le budget de la Communauté flamande. Une évaluation de ces recettes nécessite donc l’analyse des budgets de tous les fonds bénéficiant directement des taxes régionales  [39]. »

75On peut cependant penser que si la Flandre a souhaité avancer vers plus d’autonomie fiscale, c’est parce qu’elle est dans une situation financière qui lui permet de préférer les dépenses fiscales aux recettes fiscales. Les dernières prévisions budgétaires intégrées dans les documents du budget 2007 de la Communauté flamande laissent entrevoir l’extinction de la dette pour fin 2008  [40].

76Pour Robert Deschamps, « cette large autonomie fiscale des régions est une bonne chose dans notre système fédéral : les régions peuvent exercer plus largement leur pouvoir politique non seulement par le choix des dépenses, mais aussi par la fiscalité. Elles peuvent ainsi, par exemple, mener une politique foncière spécifique, s’attaquer de façon plus adéquate aux problèmes d’environnement , différents d’une région à l’autre, ou réduire la fiscalité sur les revenus de leurs habitants. Une question fondamentale est de savoir si l’autonomie fiscale de chaque région risque d’entraîner par la concurrence des effets défavorables pour une ou des autres régions ou pour la stabilité du système fédéral  [41]. »

77 Il reste que la taille et la spécificité des assiettes fiscales régionales concernées par cette autonomie plus importante ne permettent pas les mêmes marges de manœuvre de la part des trois régions.

78 On retiendra, à ce stade, que le pourcentage de recettes provenant de la fiscalité régionale autonome – taxes et impôts régionaux – indique autant le taux de la nécessité d’utilisation de ces recettes pour l’entité concernée que son taux d’autonomie fiscale réelle. Paradoxalement, les Régions flamande et wallonne apparaissent plus dépendantes des dotations fédérales.

2.5.2. Les impôts régionaux dans les trois régions

79 En 2001, les régions se sont vu attribuer l’entièreté des droits d’enregistrement sur les transmissions à titre onéreux – soit un montant de l’ordre de 1 058 millions d’euros en 2002 – et la totalité de la taxe de circulation sur les véhicules automobiles – 1 041,1 millions d’euros en 2002. Par contre, les écotaxes sont redevenues un impôt fédéral. Au total ce sont environ 3 487,3 millions d’euros qui ont été transférés aux régions par les accords du Lambermont.

80 Les tableaux 13 et 14 permettent de mettre en comparaison, sur la base des données 2002 et 2005  [42] , à la fois :

  • la part de chaque région dans le produit des impôts régionaux ainsi que dans le produit total de ceux-ci : si la part de la Région bruxelloise est relativement stable autour des 16 %, la part de la Région flamande passe de 49,1 % à 51,9 % (+5,7 % en trois ans ) et la part de la Région wallonne de 34,8 % à 32,3 % ( -7,2 %).
  • le poids relatif de chaque impôt régional dans le produit total des impôts régionaux : de manière générale, on remarquera la relative proximité de la structure des recettes régionales provenant des impôts régionaux entre les Régions bruxelloises et flamandes et les spécificités de la Région wallonne en matière d’impôts immobiliers et de la taxe de circulation, celle-ci compensant ceux-là .

Tableau 13

Part des régions (en %) des produits des impôts régionaux

Tableau 13
Tableau 13 : Part des régions (en %) des produits des impôts régionaux (en millions d’euros) 2002 2005 Total en Total en Impôts régionaux RBC R Fl RW millions RBC RFl RW millions % % % d’euros % % % d’euros Taxe sur les jeux et paris 16,65 38,43 44,92 46,19 15,90 40,32 43,77 48,44 Taxe sur les appareil automatiques de divertissement 12,79 59,22 27,99 53,85 14,67 64,13 21,20 49,49 Taxe d'ouverture des débits de boissons fermentées 6,60 11,08 82,31 4,24 2,53 5,06 92,41 3,16 Droits de succession et de mutation par décès 19,12 54,59 26,29 1096,44 19,51 54,07 26,42 1 454,65 Précompte immobilier 38,14 0,00 61,86 49 38,94 0,07 60,89 41,14 Taxe de circulation 9,59 27,13 63,28 1109,43 9,17 28,52 62,30 1 236,07 Taxe de mise en circulation 14,56 61,85 23,59 252,41 14,40 61,42 24,18 279,47 Eurovignette 22,37 58,59 19,04 111,47 3,64 62,69 33,67 128,63 Droits de donation 9,69 65,58 24,73 54,8 19,51 73,11 7,38 264,49 Droits d'enregistrement sur la transmission à titre onéreux de biens immobiliers 18,46 56,45 25,09 1715,91 17,30 56,28 26,43 2 408,92 Droits d'enregistrement sur la constitution d'hypothèques 12,11 60,45 27,43 156,63 12,37 57,06 30,57 274,75 Droits d'enregistrement sur les partages partiels et les cessions entre copropriétaires 10,01 63,83 26,16 28,17 9,66 64,70 25,64 44,11 Total des droits d'enregistrement 17,59 57,13 25,28 1955,50 16,93 57,96 25,11 2 992,27 Total 760,55 2 324,13 1 648,65 4 733,33 1 031,28 3 370,59 2 095,88 6 497,81 16,07 49,10 34,83 100,00 15,87 51,87 32,26 100,00

Part des régions (en %) des produits des impôts régionaux

81En 2002, les impôts immobiliers représentent 75,24 % en Région bruxelloise et 73,82 % en Région flamande pour 49,31 % en Région wallonne ; en 2005,78,19 % en Région bruxelloise et 74,79 % en Région flamande pour 55,38 % en Région wallonne. Les recettes provenant des taxes de circulation représentent, en 2002,18,83 % en Région bruxelloise, 19,67 % en Région flamande et 46,19 % en Région wallonne ; en 2005,14,90 en Région bruxelloise, 15,55 % en Région flamande et 39,97 % en Région wallonne.

Tableau 14

Part de chaque impôt dans le produit des impôts de chaque région

Tableau 14
Tableau 14 : Part de chaque impôt dans le produit des impôts de chaque région (en % ) Impôts régionaux 2002 2005 RBC R Fl RW Total RBC R Fl RW Total Taxe sur les jeux et paris 1,01 0,76 1,26 0,98 0,75 0,58 1,01 0,75 Taxe sur les appareil automatiques de divertissement 0,91 1,37 0,91 1,14 0,70 0,94 0,50 0,76 Taxe d'ouverture des débits de boissons fermentées 0,04 0,02 0,21 0,09 0,01 0,00 0,14 0,05 Droits de succession et de mutation par décès 27,57 25,75 17,49 23,16 27,52 23,33 18,34 22,39 Précompte immobilier 2,46 0,00 1,84 1,04 1,55 0,00 1,20 0,63 Taxe de circulation 13,99 12,95 42,58 23,44 11,00 10,46 36,74 19,02 Taxe de mise en circulation 4,83 6,72 3,61 5,33 3,90 5,09 3,22 4,30 Eurovignette 3,28 2,81 1,29 2,36 0,45 2,39 2,07 1,98 Droits de donation 0,70 1,55 0,82 1,16 5,00 5,74 0,93 4,07 Droits d'enregistrement sur la transmission à titre onéreux de biens immobiliers 41,66 41,67 26,11 36,25 40,40 40,22 30,38 37,07 Droits d'enregistrement sur la constitution d'hypothèques 2,49 4,07 2,61 3,31 3,30 4,65 4,01 4,23 Droits d'enregistrement sur les partages partiels et les cessions entre copropriétaires 0,37 0,77 0,45 0,60 0,41 0,85 0,54 0,68 Total des droits d'enregistrement 45,22 48,07 29,99 41,31 49,11 51,46 35,85 46,05 Total 760,55 2 324,13 1 648,65 4 733,33 1 031,28 3 370,59 2 095,88 6 497,81 100,00 100,00 100,00 100,00 100,00 100,00 100,00 100,00

Part de chaque impôt dans le produit des impôts de chaque région

2.6. LA PÉRENNITÉ DU FINANCEMENT DE LA RÉGION

82 Deux critiques structurelles prévalent pour la Région bruxelloise par rapport aux systèmes de financement qu’ont connus, à ce jour, les régions.

83 La première porte sur le sous-financement structurel de la Région de Bruxelles-Capitale. Le régime de financement des régions ne prend pas en compte l’ensemble de la multipositionnalité institutionnelle de la Région bruxelloise, y compris comme ville-Région. À ce titre, et comme plus grand centre urbain du pays, elle joue un rôle socio-économique et administratif dont bénéficient les deux autres régions.

84 ll y a donc une double position de la Région bruxelloise, institutionnelle et socio-économique, qui n’est pas prise en compte suffisamment, dans le régime de financement des régions.

85 La seconde critique est davantage liée aux modalités techniques des régimes de financement pratiqués jusqu’ici et relève que ces systèmes ont toujours valorisé des paramètres par rapport auxquels la Région bruxelloise a moins de marge de manœuvre que les deux autres régions, eu égard à l’étroitesse de son territoire et à la capacité d’accueil que celle-ci détermine.

2.6.1. Le sous-financement structurel de la Région

86 Le 19 mai 1999, le ministre de la Recherche scientifique de l’époque, le SP.A Rufin Grijp, tenait une conférence de presse pour présenter les résultats de deux études  [43] qu’il avait commandées et qui portaient sur la question du financement de la Région bruxelloise.

87 L’une de ces études  [44] a mis en évidence l’inadéquation du régime de financement instauré à l’époque pour les régions en ce qui concerne la situation de la Région bruxelloise. L’analyse permet de mettre en évidence l’inadéquation entre les moyens de financement octroyés à la Région (provenant principalement des recettes de l’impôt des personnes physiques résidant sur son territoire à l’époque de l’étude) et les dépenses importantes qu’elle doit supporter du fait des fonctions politiques et socio-économiques qu’elle abrite En termes économiques, on peut parler d’externalités positives pour les deux autres régions, non ou insuffisamment prises en compte par les mécanismes de financement.

88 Les réformes du Lambermont en 2001 n’ont pas constitué un refinancement des entités régionales : les moyens budgétaires des régions ont vu certes leur provenance évoluer, ce qui n’est pas rien, mais pas leur volume. Les fondements de la critique énoncée en 1999 restent donc tout à fait actuels : tout en regrettant qu’ils n’ont pas connu d’actualisation chiffrée, nous en reprendrons les éléments essentiels dans la troisième partie car ils constituent la critique la plus élaborée du régime de financement des régions du point de vue de la Région bruxelloise.

2.6.2. Des modalités techniques défavorables

89 Depuis leur instauration, les différents régimes de financement des régions ont eu en leur centre, à chaque étape, un paramètre qui risquait de fragiliser la pérennité du volume réel des recettes régionales bruxelloises.

90 Le régime initial des dotations a signifié une diminution de 23 % en 12 ans de la part de la Région bruxelloise dans la dotation répartie selon la règle des trois tiers  [45]. Certes des moyens supplémentaires lui ont été octroyés à l’époque, mais, déjà, le rendement de l’impôt sur les personnes physiques, au début de son érosion pour la Région bruxelloise en 1976 – cf. le tableau 7 du chapitre 2 –, était le talon d’Achille de la région en termes de financement.

91 Cela ne l’empêchera pas d’être au centre du régime de financement instauré par la loi spéciale du 16 janvier 1989 relative au financement des communautés et des régions. Encore une fois, un régime compensatoire de solidarité permettra l’octroi de moyens complémentaires mais tardivement comme le relève Guiseppe Pagano : « Le recul de sa part dans l’IPP total va progressivement se transformer en recul de sa part dans les moyens totaux transférés aux régions. En même temps, le niveau de sa part dans l’IPP, supérieur à la moyenne nationale, exclut Bruxelles de toute intervention de la solidarité nationale, en raison de l’effet de seuil que le mécanisme comporte  [46]. »

92 Le régime de financement de 2001 a positionné la Région bruxelloise, bien malgré elle, dans un rôle d’avant-garde vers l’autonomie financière puisqu’elle est la seule à voir une part aussi importante de ses recettes – au moins 50 % – dépendre de la fiscalité régionale dont la part majoritaire dépend du marché immobilier.

93 Certes l’autonomie financière et fiscale va de pair avec le fédéralisme, mais la question est de savoir si la Région bruxelloise a des marges de manœuvre pour être autre chose qu’un acteur contraint dans la dynamique vers l’autonomie fiscale : on peut imaginer que le marché immobilier bruxellois représente une certaine stabilité en ce qui concerne la production des recettes, même si on sait que c’est un marché soumis à des cycles. Il faut en tout cas relever que le nombre des transactions constatées sur ce marché et le niveau des valeurs vénales des biens échangés sont en croissance depuis la fin des années 1990. Ces deux évolutions sont solidaires pour produire, à partir des impôts immobiliers, un niveau de recettes à la hausse, mais les conditions de production des recettes liées à la fiscalité immobilière régionale  [47] ne sont pas nécessairement récurrentes au taux actuel de rentrées fiscales pour la région.

94 On remarquera que le mécanisme compensatoire de solidarité  [48] joue non seulement sur des volumes globaux différents entre les Régions wallonne et bruxelloise, ce qui est logique vu la taille différente des surfaces géographiques des deux entités et de leur population, mais aussi et surtout sur des proportions très différenciées de leurs recettes respectives  [49] : puisque la dotation IPP représente, en 2005,31,19 % des recettes bruxelloises et 56,5 % des recettes de la région wallonne , pour 55,19 % pour la Région flamande qui ne bénéficie pas de l’intervention de solidarité.

95 De manière plus générale, il faut constater que les différents régimes de financement participent à une forme de régulation des rapports inégaux entre les entités fédérées et ont valorisé, différemment, les facettes qui se jouent dans le financement des régions et des communautés  [50] : les quatre facettes de cet enjeu – la solidarité, la responsabilité, l’autonomie et la concurrence fiscale – forment , ce que G. Pagano appelle les sommets d’un « carré magique » entre lesquels les réformes institutionnelles ont arbitré successivement.

96 L’importance de chaque sommet est inégale selon les parties concernées :

97

« Si les francophones  [51] ont surtout cherché à privilégier la solidarité, les flamands ont
insisté plutôt sur la responsabilité et l’autonomie. C’est pourquoi, l’évolution du poids
respectif des quatre sommets reflète, entre autres, la position de force ou de faiblesse
dans laquelle se sont trouvées les parties lors des négociations communautaires.
Avec le recul, les lignes directrices de cette évolution apparaissent clairement. Une
solidarité non négligeable a été maintenue en valeur absolue, surtout au bénéfice de la
Région wallonne mais son importance relative tend à se réduire  [52]. Pour les
communautés, l’autonomie en recettes fait, dans la pratique entièrement défaut. Quant
aux régions si elles ont dû assumer la responsabilité de leurs décisions financières avant
même que leur soit accordée une autonomie fiscale significative, celle-ci s’est étendue
jusqu’à créer aujourd’hui la possibilité d’une réelle concurrence fiscale  [53]. »

98Il faut acter, alors que les régions sont sur le chemin de l’autonomie financière, que le principe de solidarité a essentiellement porté jusqu’ici sur l’évolution du niveau des revenus des habitants des trois régions et la mise en place d’un mécanisme correcteur – l’intervention de solidarité – garantissant un niveau de recettes aux entités concernées par des indices inférieurs à la moyenne nationale.

99 Ce principe n’a en rien intégré une compensation financière aux régions eu égard aux charges excédentaires qu’elles assumeraient au-delà de leur stricte fonction de région et des compétences qui y sont liées.

100 Il n’apparaît pas logique du point de vue du fédéralisme fiscal que la Région bruxelloise doive assumer de plus en plus à partir de sa fiscalité propre les surcoûts engendrés par tout ce qui dépasse les coûts inhérents à sa fonction régionale : les coûts engendrés par ses différentes fonctions politiques et institutionnelles devraient être intégrés dans un régime de péréquation plus adapté qui tienne compte à la fois des recettes mais également des charges différentes des entités régionales.

3. LES CHARGES SPÉCIFIQUES DE LA RÉGION

101 Avant d’examiner les charges spécifiques de la région, on rappellera l’évolution des dépenses de 1990 à 2005.

3.1. L’ÉVOLUTION DES DÉPENSES DE 1990 À 2005

102 Nous reprenons ici le tableau général des dépenses régionales (tableau 15) depuis 1990 en crédits d’engagement – ou moyens d’action – car ils permettent d’avoir une vision plus complète et plus affinée que celui élaboré à partir des crédits d’ordonnancement qui, de manière générale, sous-estiment les investissements puisque ceux-ci n’y apparaissent qu’une fois facturés et avec la liquidation des crédits d’ordonnancement les concernant  [54].

103 La croissance nominale des dépenses est de 174 % sur la période 1990-2005 et la croissance réelle est de 101 %. On note un saut dans l’accroissement des dépenses entre 2001 et 2002, qui fait écho à la croissance significative des recettes entre 2001 et 2002, suite à la réforme du Lambermont et à partir du moment où la fiscalité régionale devient clairement la première source des recettes régionales.

104 Il est intéressant d’observer les masses globales mobilisées par division budgétaire, même s’il n’est pas aisé de les interpréter. Différents réaménagements sont intervenus depuis 1989 et empêchent une interprétation linéaire : des accords institutionnels ont été négociés, des réaménagements de la distribution des objets financés entre les divisions sont intervenus, notamment entre la division 23 – dette régionale – et les autres principalement, mais pas uniquement : la division « Environnement » a intégré la division « Eau » depuis 1996, enfin deux nouvelles divisions sont apparues récemment : « Technologie de l’information » et « Régie foncière de la Région de Bruxelles-Capitale ».

tableau im19

tableau im20

105 Il est pertinent de constater que les quatre postes de dépense les plus importants consomment plus des deux tiers de celles-ci – en fait 67,38 % – : équipement et déplacement (26,68) ; pouvoirs locaux (16,76 %) ; dépenses générales de l’administration (15,12 %)  [55] – et dette régionale (8,82 %).

106 Les problématiques qui constituent les priorités régionales de la présente législature – le développement économique (3,28 %) ; l’emploi (7,62 %) ; et le logement (6,58 %) – représentent sur la période envisagée 17,48 % des moyens d’action engagés.

107 Robert Deschamps et Julie Dubois  [56] ont étudié les différences interrégionales et intercommunautaires dans les dépenses telles qu’elles apparaissent dans les budgets des entités en 2006. L’exercice avait déjà été pratiqué pendant les années antérieures.

108 Ils mettent notamment en évidence l’importance très spécifique à la Région bruxelloise des dépenses « d’équipement et de transport  [57] », en matière d’environnement et d’aménagement du territoire et du logement – des postes qui correspondent à ce que d’aucuns appellent des effets de débordement des deux autres régions sur la Région bruxelloise : « Dans le cadre d’une décentralisation de la fonction allocative, rappelons qu’on parle d’effets de débordement lorsque les bénéfices de l’offre d’un bien public à une collectivité s’étendent aux collectivités voisines. Ils concernent principalement les compétences en matière d’environnement, de rénovation rurale, d’eau et surtout des travaux publics et de transport  [58]. » Par ailleurs, ils relèvent la faiblesse structurelle des dépenses en matière d’économie, singulièrement en termes de recherche.

109 Mais le poste où les dépenses de Bruxelles sont proportionnellement les plus atypiques et élevées, ce sont les dépenses de dette : il est vrai que les situations régionales sont très différenciées et que, dans l’exercice de comparaison effectué, la situation plus favorable de la Flandre fait apparaître la situation des deux autres régions nettement défavorables.

3.2. LA SPÉCIFICITÉ DES DÉPENSES BRUXELLOISES

110 L’approche générale de l’analyse relevant le sous-financement structurel de la région consiste à évaluer les besoins de financement spécifique de la Région bruxelloise à partir de trois de ses caractéristiques essentielles : région-capitale, grande agglomération et région de taille réduite. Or, c’est essentiellement comme région que la région bruxelloise est financée. Cette approche fonde une grille de lecture qui permet d’approcher la hauteur du sous-financement structurel en comparant les coûts correspondants à chacune de ces trois caractéristiques de la région bruxelloise et les limites des mécanismes financiers les assumant financièrement. Nous reprenons les données publiées de l’étude en 1999 car c’est l’approche méthodologique de la problématique qui nous intéresse. Dans la mesure du possible nous avons néanmoins actualisé certaines données.

3.2.1. Les dépenses liées au rôle de capitale multiple de la ville de Bruxelles

111 La ville de Bruxelles étant la capitale de la Belgique, de la Communauté flamande et de la Communauté française, ainsi que le siège de plusieurs institutions de l’Union européenne, la région doit assumer une série de charges qui excèdent sa fonction régionale. L’étude de J.-P. Lambert et al. relève deux manques à gagner – l’immunisation d’impôts de nombreux immeubles et l’exonération de l’IPP pour les fonctionnaires internationaux – et trois types de coûts – les dépenses de sécurité, de propreté, de culture et de prestiges.

La mainmorte

112 La Région bruxelloise comprend de nombreux bâtiments immunisés de précompte immobilier : 15,3 % du territoire régional donnait lieu à la mainmorte dont 35,4 % rien que sur le territoire de ville de Bruxelles  [59]. En vertu de l’article 63 de la loi spéciale de financement du 16 janvier 1989, l’État fédéral rembourse 72 % du manque à gagner en termes de précompte immobilier à chaque commune du Royaume. En ce qui concerne la ville de Bruxelles, la dotation est attribuée à la Région bruxelloise. Il reste donc un solde non couvert de 28 % qui constitue une perte de recettes. En 1998, la perte d’impôt des communes bruxelloises représentait 71 % du total de la perte nette d’impôt des communes du pays : elle était de 8,3 millions d’euros  [60].

La présence de fonctionnaires internationaux

113 La Région bruxelloise accueille de nombreux fonctionnaires internationaux qui ne sont pas soumis au paiement de l’impôt, ce qui entraîne une perte de recettes significatives pour la Région bruxelloise alors que ceux-ci bénéficient, par ailleurs, des équipements régionaux. La mesure de l’apport financier envisageable pour la Région bruxelloise des fonctionnaires européens, qui sont soumis à une retenue communautaire distincte de l’IPP, a été évaluée à un montant de l’ordre de 62,5 millions  [61].

Les dépenses de sécurité, de propreté, de culture et de prestige

114 Tout en relevant, eu égard au rôle de capitale multiple de la ville de Bruxelles, la croissance probable des dépenses octroyées par la région et les communes à la sécurité, à la propreté et aux dépenses de prestige et de culture, les auteurs ne chiffrent pas le montant des surcoûts entraînés en la matière car ils considèrent que les mécanismes compensatoires à l’initiative du niveau fédéral sont suffisants, ce que d’autres auteurs contestent  [62].

3.2.2. Les coûts et les externalités liés au rôle de grande agglomération

115 Les villes de manière générale, de nombreuses études l’attestent, dépensent plus par habitant que leurs banlieues ou que les communes non urbaines : les dépenses liées au personnel administratif, à la culture, au social et à la sécurité sont plus importantes alors que les dépenses en matière d’infrastructure sont supérieures dans les communes rurales.

116 Les centres urbains doivent faire face à des dépenses peu compressibles, ce qui les contraint d’augmenter leurs recettes et donc leurs impôts (additionnels au précompte immobilier et à l’IPP) : ce qui est typique de la Région bruxelloise, les communes centrales plus pauvres ont un niveau d’additionnels élevés par rapport aux communes riches de la seconde couronne et de la périphérie.

117 Le second poste important en termes de recettes pour les communes est la dotation du Fonds des communes. En général, en Belgique, une logique redistributrice des communes moins urbaines joue en faveur des villes confrontées à davantage de dépenses. Vu l’exiguïté du territoire régional, ce mécanisme est moins efficace en Région bruxelloise : la concentration d’un centre urbain paupérisé n’est pas compensé suffisamment par la banlieue prospère (la seconde couronne).

118 « Les problèmes de financement à Bruxelles, agglomération la plus importante du Royaume, sont exacerbés du fait que les limites territoriales de la région n’englobent qu’une faible partie de la zone d’influence socio-économique de la ville. Ainsi une population active bruxelloise se voit doublée tous les jours compte tenu du fait que 330 000 personnes résidant en Flandre ou en Wallonie viennent y travailler. Ces navetteurs profitent pleinement des services offerts par la Région, sans participer (ou très peu) à leur financement  [63]. »

119 La question des transports est centrale dans la question des externalités à partir de la problématique des navetteurs  [64]. Les auteurs chiffrent comme suit les dépenses régionales directes en matière de voirie et de transports en commun imputables aux navetteurs ainsi que les coûts externes du phénomène :

  • en 1995, les dépenses en matière d’infrastructures routières étaient de 87,620 millions d’euros assumées par la région et les communes ; comme 38 %  [65] du trafic routier est engendré par les navetteurs, cela signifiait que 33,294 millions d’euros leur étaient imputables ;
  • en 1995, les dépenses régionales des transports en commun étaient de l’ordre de 296,7 millions d’euros ; comme 21,1 % de l’utilisation des transports en commun peut être attribuée aux navetteurs, 62,63 millions d’euros leur étaient imputables  [66].

120Ils chiffrent également les coûts externes  [67] des activités de transport de voyageurs dans la région – coût du bruit, coût de la pollution atmosphérique, coût des accidents, coût externe de cogestion, coût additionnel de la congestion – selon les modes de transport (voiture particulière, deux roues motorisés et transports en commun) en imputant aux navetteurs leur part en fonction de leur proportion dans le trafic routier – 38 % – et l’utilisation des transports en commun – 21,1 % – : soit un total de 125,11 millions d’euros  [68] de coûts externes imputables aux navetteurs.

121 Ce qui représente un coût total de l’ordre de 221,4 millions d’euros de dépenses assumées, principalement, par la région en faveur des navetteurs flamands et wallons, les communes n’intervenant que de manière très subsidiaire dans ce coût  [69].

3.2.3. Les dépenses liées à la faible surface

122 Les entités politiques doivent assumer les coûts, en majorité fixes, liés à leur fonctionnement ; la Région bruxelloise étant la plus petite région et la moins peuplée, les coûts de ses structures politiques et administratives représentent une valeur moyenne par habitant supérieure à celui des deux autres régions : ceux-ci étaient respectivement évalués en 1999 à 338,5 d’euros pour la Région bruxelloise, à 220 d’euros pour la Wallonie et à 110 d’euros pour la Flandre.

123 Par ailleurs, la Région bruxelloise est, comme la Communauté germanophone, une entité fédérée administrativement bilingue, ce qui entraîne des coûts supplémentaires difficilement discernables cependant. Il en va de même pour les communes bruxelloises dont les coûts en termes de personnel absorbaient 66 % en 1999, pour 53 % en Wallonie et 47 % en Flandre.

124 Les auteurs aboutissent à un coût excédentaire de l’ordre de 164 millions d’euros en faisant la différence entre les coûts bruxellois et les coûts issus d’une moyenne nationale.

3.2.4. Les transferts vers les commissions communautaires française et flamande

125

« Les commissions bruxelloises ne disposent pas d’un pouvoir fiscal propre ; afin de pouvoir financer leurs compétences, l’article 138 de la Constitution a prévu un mécanisme de financement approprié. Ce dernier est défini comme suit : la Région de Bruxelles-Capitale disposant d’une compétence fiscale propre en vertu de l’article 170 § 2 de la Constitution, exécutée par la loi spéciale du 16 janvier 1989 relative au financement des communautés et des régions, transfère des moyens aux commissions communautaires  [70]. »

126 En exécution de l’article 138 de la Constitution, à partir du 1er janvier 1993, la Commmission communautaire française et la Commission communautaire flamande se voient octroyer des droits de tirage à charge du budget bruxellois.

127 Lorsque l’une des commissions fait usage de son droit de tirage minimal, l’autre reçoit automatiquement une somme proportionnelle à la clé de répartition de 80 % aux francophones et 20 % aux néerlandophones.

128 Le Parlement régional inscrit annuellement à son budget un montant spécial sur lequel les deux Commissions peuvent exercer un droit de tirage.

129 Ces montants étaient de 24 789 milliers d’euros en 1993, de 45 579 milliers d’euros en 1994, de 64 452 milliers d’euros en 1995, et à partir de 1996, le montant de 64 452 milliers d’euros est adapté annuellement à la moyenne des traitements dans les services du gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale depuis 1992.

tableau im21
Tableau16 : Dépenses régionales pour le droit de tirage des Commissions communautaires française et flamande Montant % des dépenses Année (en milliers d'euros ) Total des dépenses régionales 1993 24 789 979 355 2,53 1994 49579 992 164 5,00 1995 64 452 1 152 283 5,59 1996 69 383 1 273 394 5,45 1997 76 559 1 284 428 5,96 1998 78 091 1 443 412 5,41 1999 78 091 1 442 351 5,41 2000 102 229 1 539 773 6,64 2001 92 328 1 585 448 5,82 2002 135 100 1 769 326 7,64 2003 144 429 1 780 805 8,11 2004 153 314 2 027 248 7,56 2005 161 891 2 217 257 7,30 Total général 1 230 236

130 Le Conseil reste cependant libre d’augmenter ces montants sur proposition du gouvernement bruxellois.

131 Les accords du Lambermont ont précisé que, dès 2002, un montant supplémentaire de 24 789 milliers d’euros est octroyé  [71] à charge du budget régional : il est adapté à l’évolution de l’indice des prix à la consommation et à la croissance réelle des salaires dans la fonction publique bruxelloise depuis 1992.

132 De plus, depuis 2002, un montant supplémentaire destiné à financer l’accord du non-marchand à la COCOF et à la VGC a été ajouté. En 2005, ce montant s’élève à 30 782 milliers d’euros.

133 Au total le droit de tirage s’élevait, en 2005, à 161 891 milliers d’euros, soit 7,30 % des dépenses totales réalisées de la RBC cette année-là. Dans les dépenses régionales – tableau 4 –, ces dépenses sont reprises dans la division 10, les dépenses de l’administration.

134 Le budget de la Région de Bruxelles-Capitale comporte également d’autres dépenses des commissions communautaires française, flamande et commune consécutives à la scission du Brabant et qui ont trait à des compétences d’enseignement et d’autres matières. Pour le financement de ces compétences aux commissions communautaires, la région a bénéficié, depuis 1993, de la répartition du fonds des provinces qui concernait l’ex-Brabant et qui a fait l’objet d’une clé de répartition spécifique  [72] à l’époque.

3.2.5. Surcoût total en 1999

135 On aboutit ainsi à un montant de l’ordre de 455 millions d’euros, en 1999, de moyens non octroyés qui ne sont compensés que par les montants affectés dans le cadre de l’accord de coopération du 15 septembre 1993, doté en 1999 de 51,6 millions d’euros. Ceci laisse un niveau de surcoût de l’ordre de 400 millions d’euros par an pour la Région bruxelloise à partir des trois cartactéristiques reprises. Ces chiffres n’ont jamais été contestés et indiquent l’ampleur du sous-financement annuel et structurel de la région.

3.3. LA RÉPONSE APPORTÉE PAR BELIRIS ET SES LIMITES

136 Les tableaux 17 et 18 relèvent les moyens formellement octroyés dans le cadre de l’accord de coopération du 15 septembre 1993 depuis son initiation. Le tableau 19 indique la part que représentent les montants octroyés dans le cadre de l’accord Beliris vis-à-vis des recettes budgétaires annuelles.

137 Sur la période pour laquelle nous avons des données complètes, soit la période 1993-2004, la moyenne consolidée des crédits d’engagement réalisés dans le cadre de Beliris par rapport aux recettes régionales totales réalisées est de 3,5 %.

138 Le tableau 17 indique la part relativement faible des taux d’engagements et d’ordonnancements effectifs soit respectivement 58,1 % et 49,1 %, consolidés sur la période de 1993 à 2004, des crédits annuellement octoyés. Les raisons de ces taux faibles peuvent se trouver, d’une part, dans les modalités de décision qui président aux choix des programmes retenus, à savoir une négociation entre deux niveaux de pouvoir constitués chacun de coalitions qui réunissent plusieurs familles politiques des deux grandes communautés et, d’autre part, dans le type de crédits octroyés, des crédits d’investissement.

139 La logique de codécision qui prévaut dans le cadre de Beliris suppose qu’il existe, à chaque niveau de pouvoir intervenant dans le choix des affectations des moyens, un consensus préalable aux accords à finaliser avec l’autre niveau de pouvoir.

140 Les crédits d’investissement sont de fait les crédits dont la matérialisation de la dépense est la plus longue. Ils concernent la réalisation de travaux qui demandent généralement, en amont de leur engagement effectif, une élaboration approfondie passant par des plans architecturaux et d’urbanisme  [73]. Cette élaboration demande beaucoup de concertation et de négociation.

141 De plus, jusqu’il y a peu, le choix de la programmation des projets était annuel. Ce n’est qu’à partir de l’avenant n° 9, en 2005, qu’une programmation pluriannuelle, triennale à ce stade, a été introduite.

Tableau 17

1 : éalisation des investissements annuels entre 1993 et 2004

Tableau 17
Tableau 17 1 : éalisation des investissements annuels entre 1993 et 2004 (en millions d’euros) Engagements Engagements % engagements % ordonn. Année prévus réalisés Ordonn. réalisés réalisés réalisés 1993 49,6 35,1 36,3 70,8 73,2 1994 60,5 40,7 37,4 67,3 61,8 1995 49,6 55,1 44,4 111,1 89,5 1996 49,6 42,3 36,6 85,3 73,8 1997 72,0 53,8 34,5 74,7 47,9 1998 68,7 44,9 53,2 65,4 77,4 1999 51,6 30,00 41,5 58,1 80,4 2000 109,3 60,2 34,9 55,1 31,9 2001 125,4 83,3 53,7 66,4 42,8 2002 128,5 46,0 39,3 35,8 30,6 2003 186,7 75,6 54,0 40,5 28,9 2004 101,2 43,3 50,2 42,8 49,6 2005 270,4 Total 1 320,1 610,9 516,0 46,1 39,0 Source : Cahier 162 de la Cour des comptes, p. 282 ( volume 1) 2005-2006. 1 Les pourcentages d’engagement et d’ordonnancement sont calculés sur un montant global de 1 049,7 millions d’euros correspondant au montant total des engagements disponibles entre 1993 et 2004 donc, hors les montants de 2005 année, pour laquelle, nous n’avons que le montant total des engagements disponibles.

1 : éalisation des investissements annuels entre 1993 et 2004

Cahier 162 de la Cour des comptes, p. 282 ( volume 1) 2005-2006.
Tableau 18

Principaux engagements effectués pour les programmes

Tableau 18
Tableau 18 : Principaux engagements effectués pour les programmes d'investissements entre 1993 et 2004 (en millions d'euros) Travaux en relation avec la SNCB soit 101,8 Abords de la gare du Midi 50,1 Ligne 26 14,1 Abords de la gare du Nord 13,6 Liaison ferroviaire Léopold-Josaphat 13,3 Aménagement d'arrêts (STIB et SNCB) 8,9 Espace Bruxelles-Europe 102,6 Zone neutre et alentours du palais royal 58,3 Boulevard Léopold III 10,2 Cofinancement État (dont travaux de métro-liaison Ring et parking de dissuasion) 26,6 Pentagone et quartiers en difficultés dont 63,0 Quartiers en difficultés 25,3 Abords des logements sociaux 14,9 Boulevard de l'impératrice 6,2 Divers dont : 248,1 Aménagement des transports en commun 43,6 Parcs urbains 19,8 Rénovation du stade Roi Baudouin 15,7 Restauration de l'Atomium 15,0 Place Stéphanie (avenue Louise ) 13,3 Amélioration de la mobilité 6,6 Initiatives culturelles 3,2 Révisions et décomptes 15,2

Principaux engagements effectués pour les programmes

142 Les tableaux 18 et 19 permettent de voir les pondérations budgétaires et temporelles de chaque programme. Les quatre chapitres liés formellement au rôle international de Bruxelles consomment 44,7 % du budget engagé comme le tableau 18 l’indique, soit un montant de 273,3 millions d’euros sur 610,9 millions d’euros (période 1993-2004).

143 Le tableau 19 permet de mesurer la part de plus en plus importante prise par des programmes moins en rapport avec l’esprit initial de l’accord de coopération qui ne manque pas de provoquer le débat sur l’utilisation des moyens mis à disposition par cet accord. L’essaimage des objets financés, et leur évolution, est révélateur des tensions qui prévalent dans les arbitrages financiers qui concernent la Région bruxelloise et les arbitrages entre ses différents rôles engendrés par sa position multifonctionnelle.

Tableau 19

Parts affectées dans le cadre de l'accord Beliris

Tableau 19
Tableau 19 : Parts affectées dans le cadre de l'accord Beliris (en % du total engagé par an) %/ Affectations 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 total Espaces publics 17 44 75 45 35 13 43 19 32 23 16 15 15 25,10 Divers 4 4 3 3 7 5 8 9 4 4 4 4 15 6,70 Transports en commun 8 7 4 13 28 48 17 21 23 26 15 18 11 17,80 Équipement/culture 0 18 1 20 3 6 1 16 0 11 22 12 15 11,30 Social 0 0 0 0 0 6 8 14 20 21 25 26 21 15,70 Parcs 0 0 0 0 2 0 2 5 10 7 12 16 16 8,70 Patrimoine 0 0 0 0 0 6 13 12 7 8 4 4 4 4,80 Infrastructures routières 71 26 17 19 25 16 8 4 4 0 1 6 4 9,80 Total 100 100 100 100 100 100 100 100 100 100 100 100 100 100,00

Parts affectées dans le cadre de l'accord Beliris

144 Il a fallu attendre la troisième législature pour voir des volontés politiques régionales s’affirmer dans la déclaration de politique de législature en matière d’évolution de cet accord : la déclaration de politique régionale de 1999 préconisait de tenir compte, outre les fonctions internationales et de capitale de la région, de la revitalisation des quartiers fragilisés dans l’affectation des moyens de l’accord. Par ailleurs, elle préconisait l’abandon du tout financement lié au projet du RER de la SNCB par ce biais.

145 La déclaration de politique régionale de 2004  [74] est plus étayée et préconise :

  • la sollicitation de moyens supplémentaires pour la rénovation des logements sociaux dans les futurs avenants de Beliris ;
  • la nécessité de consacrer plus de moyens dans le cadre des contrats de quartiers à l’investissement dans les espaces publics et les équipements collectifs des périmètres définis dans les contrats de quartiers ;
  • le rôle de levier financier que Beliris pourrait jouer dans la négociation globale avec la SNCB pour planifier le dégel de réserves foncières ;
  • la négociation avec le fédéral d’une augmentation des crédits afin d’éviter que les surcoûts générés par les fonctions de capitale nationale et internationale de Bruxelles ne pèsent sur le budget régional.

146Ce n’est que fin 2004 que le débat parlementaire régional s’est véritablement emparé du thème. Antérieurement, il avait été évoqué lors de la session parlementaire 1993-1994, par une question écrite de Paul Galand (Écolo)  [75] qui souhaitait des éclaircissements sur l’exécution des programmes sélectionnés et lors de la session parlementaire 1995-1996, par une interpellation de Dominique Harmel ( PSC) jointe aux budgets.

147 Lors de la session parlementaire 2004-2005  [76], à l’occasion de la négociation du 9e avenant de l’accord entre le gouvernemen fédéral et le gouvernement bruxellois, un premier véritable débat parlementaire a eu lieu. Nous ne reprenons de ce débat parlementaire que les éléments susceptibles d’expliquer les limites du fonctionnement actuel de l’accord Beliris, ayant pris acte que plusieurs parlementaires, dont Yaron Pesztat (Écolo) et Denis Grimberghs (CDH), qui ont été les plus clairs à ce sujet, ont regretté, à l’époque, que le Parlement n’ait pas été associé, de quelque manière que ce soit, aux décisions et au suivi de cet accord. Le montant concerné par le neuvième avenant de Beliris – 494,4 millions d’euros soit 22,30 % du budget des recettes budgétaires de l’année 2005 – a constitué une condition positive de la tenue d’un premier débat parlementaire qui ne pouvait plus être évité.

148 Un premier élément essentiel est soulevé par D. Grimberghs qui est revenu sur un certain nombre de termes de référence du texte initial de l’accord et qui a rappelé que les attendus de l’accord contenaient, en 1993, la nécessité d’un accord-cadre dans les meilleurs délais, entre le fédéral et la région, qui n’avait jamais vu le jour et qui était chargé de « définir davantage la politique à développer dans le cadre de la coopération entre l’État fédéral et la Région bruxelloise pour assurer ses fonctions capitales  [77] ».

149 La non-finalisation de cet accord-cadre a eu, notamment, pour conséquence de maintenir ouvert, depuis 1993, le débat sur le contenu de la programmation et sa diversification de plus en plus grande.

150 Un second élément, lié au premier, a trait au constat que l’on peut tirer de nombreuses interventions de quasi tous les partis présents au Parlement bruxellois sur la manière dont s’effectue le choix des programmes. Le chapitre 5 ajouté par les Bruxellois a entraîné un accroissement très net du nombre d’objets finançables dans le cadre de l’accord Beliris. Si certains peuvent s’en réjouir, ce n’est pas une condition positive de l’exécution des dépenses vu le nombre d’acteurs à impliquer dans les concertations et dans la gestion de l’exécution des travaux retenus dans la programmation.

151 De plus, l’impression prévaut que finalement, l’Autorité fédérale et la région semblent s’être progressivement reconnu une autonomie relative dans le choix des projets retenus. L’autorité fédérale a tendance à intégrer à l’accord certains investissements qui relèvent de sa compétence. D’autre part, la région tend de plus en plus à se servir de l’accord pour faire financer par l’Autorité fédérale des compétences régionales sans lien avec l’affirmation du rôle international ou la fonction de capitale de Bruxelles, mais en lien avec les conséquences que ce statut fait subir au développement urbain bruxellois. On peut y voir l’indice des contraintes budgétaires accentuées dans lesquelles la région est obligée de gérer son développement urbain et socio-économique et la nécessité, à laquelle elle est régulièrement confrontée, de privilégier dans ses dépenses les politiques redistributrices plutôt que les politiques de développement incitatives.

152 Un troisième élément, relevé par Bernard Clerfayt, a trait au déficit de gestion administrative et consolidée de l’accord par la Région bruxelloise : « Il serait nécessaire d’insister pour avoir, au sein de l’administration régionale, un service qui puisse suivre ces dossiers, tenir un relevé de tous les avenants, de tous les crédits budgétaires ayant déjà été engagés, des projets qui avancent et de ceux qui n’avancent pas et être le point d’information pour le gouvernement bruxellois, pour les autorités locales et pour les citoyens qui s’intéressent à l’état d’avancement d’un dossier  [78]. »

153 La conclusion de D. Grimberghs semblait partagée par beaucoup d’acteurs de ce débat parlementaire : « En conclusion, il me semble évident qu’on ne fera pas l’économie d’un débat sur la manière dont les bruxellois entendent s’organiser dans le cadre de ce qui est devenu, au fur et à mesure, une méthode de financement complémentaire de cette région. C’est inévitable et plus il y aura de l’argent pour l’accord de coopération, plus il faudra s’interroger sur la méthode qui permettra aux Bruxellois de procéder aux affectations nécessaires au bénéfice de notre région  [79]. »

CONCLUSION

154 Les choix successifs des différents régimes de financement des régions ont davantage été portés par les Régions flamande et wallonne que par la Région bruxelloise : ce fut sans doute le prix à payer pour l’existence de la troisième Région eu égard aux rapports de forces qui prévalaient à la fin des années 1980.

155 Si on retient que la réforme de 2001 a signifié une extension de l’autonomie fiscale des régions tout en conservant les éléments essentiels de la logique de solidarité consacrée par l’intervention de solidarité installée en 1989, il faut constater que les mécanismes de financement pratiqués ne tiennent pas suffisamment compte de l’ensemble des fonctions institutionnelles et socio-économiques de la Région bruxelloise et l’obligent à gérer celles-ci en écornant parfois certains aspects de développement possible et souhaitable.

156 Car le constat le plus prégnant du parcours effectué dans ce Courrier hebdomadaire est bien celui-là : le budget des recettes de la Région bruxelloise dépend pour quasi 60 % de ses recettes fiscales, si l’on intègre les moyens transférés de l’Agglomération bruxelloise, alors qu’elle est confrontée à un niveau important de surcoûts structurels dus à sa position multifonctionnelle. Certains indicateurs, certes partiels, accréditent leur croissance depuis les études qui les ont dûment établis en 1999. Le niveau des moyens octroyés dans le cadre de l’accord Beliris ne comble que très peu ce déficit de moyens, a fortiori quand on examine la réalité de leur utilisation. Et ceci sans que nous ne tenions compte de la situation des dix-neuf communes, qui permettait de relever un déficit de recettes très important des communes bruxelloises par rapport aux communes des autres grandes agglomérations urbaines ; déficit essentiellement dû au manque de péréquation réelle possible entre dix-neuf communes jouant sur un volume financier et de population trop étroit pour être pertinent dans une logique de redistribution.

157 Le mécanisme de péréquation établi en 1989 est essentiellement un mécanisme de solidarité ; il ne tient cependant pas compte de l’ensemble des termes que peuvent spécifier les régions. Ceux-ci pourraient suggérer une logique redistributrice basée sur d’autres éléments que la contribution régionale à l’IPP, comme, par exemple, le rôle de métropole européenne que joue la Région bruxelloise par rapport à la Flandre et la Wallonie, à la fois centre socio-économique et capitale à plusieurs titres.

158 La péréquation ne doit-elle jouer qu’en aval de l’économie ? Ne peut-elle pas jouer dans une dynamique également incitative ? Les effets contre-productifs de la conception actuelle, purement défensive, de la solidarité dans les mécanismes actuels de péréquation pourraient retentir, à terme, au-delà des strictes frontières régionales de la Région bruxelloise vu le rôle de moteur qu’elle joue pour les deux autres régions.

159 L’examen de l’évolution des projets retenus dans le cadre de l’accord de coopération atteste des arbitrages difficiles auxquels la région est soumise en termes financiers.

160 La question de la péréquation financière à l’œuvre dans le régime de financement actuel, c’est-à-dire de son adaptation à la logique de « remétropolisation » de la Région bruxelloise, est une question très actuelle quand on voit les traitements différenciés dont les trois régions bénéficient  [80] et les conséquences pour leur développement, économique mais aussi politique, que cela entraîne.

161 L’existence de la Région bruxelloise depuis dix-sept ans a confirmé celle-ci dans son statut, certes sans gommer la complexité qui la constitue, mais en affirmant aussi les opportunités qu’elle représente.

162 Son histoire récente nous a permis, dans un premier temps, de rendre davantage lisibles les différents mécanismes à l’œuvre dans ses systèmes de financement actuels ; l’apport de ses évolutions sur les plans socio-économiques et démographiques, depuis 1989, que nous examinerons dans un Courrier hebdomadaire ultérieur, nous donnera un éclairage complémentaire pour examiner les enjeux qui se jouent entre les trois régions à l’intérieur des évolutions du fédéralisme belge.

Notes

  • [1]
    M. INSTALLÉ, M. PEFFER et R. SAUVAGE, « Le financement des communautés et des régions », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 1240-1241,1989 ; A. DRUMAUX, C. MAES et F. THYS-CLÉMENT, « Bruxelles, les facteurs de l’équilibre budgétaire », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 1310-1311,1991 ; S. LOUMAYE, « Les finances régionales bruxelloises », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 1354-1355, 1992 ; F. THOMAS : « Les Bruxellois. Démographie, population active, revenus », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 1390-391,1993.
  • [2]
    J.-P. LAMBERT et al., Les modes alternatifs de financement de Bruxelles, CERB, avril 1999 ; « Le financement de la Région de Bruxelles-Capitale : Étude prospective et comparée des villes-État en Belgique, en Allemagne et en Autriche », avril 1999, ULB. Étude réalisée sous la direction de P. DE BRUYCKER, par Renaud Bellen et Katrin Stangherlin et avec la collaboration de Benoit Bayenet, Johanne Poirier et Edward Anspach.
  • [3]
    G. VAN DER STICHELE et M. VERDONCK, « Les modifications de la loi spéciale de financement dans l’accord du Lambermont » , Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 1733,2001.
  • [4]
    À savoir le régime des dotations fédérales, le système de financement de 1989 qui valorisait notamment la rétrocession, aux régions, d’une part de leur contribution aux recettes de l’impôt sur les personnes physiques (IPP) et, enfin, le système issu des accords du Lambermont en 2001.
  • [5]
    Cf. A. DRUMAUX, C. MAES et F. THYS-CLÉMENT, « Bruxelles, les facteurs de l’équilibre budgétaire », op. cit., pp. 19 et s. ; J.-P. LAMBERT et M. TAYMANS, « Caractéristiques socio-économiques marquantes de la Région de Bruxelles-Capitale », in Bruxelles et son statut, Larcier 1999, pp. 191 et s.
  • [6]
    Moniteur belge, 17 janvier 1989.
  • [7]
    Moniteur belge, 14 janvier 1989.
  • [8]
    R. ANDERSEN, La Région de Bruxelles-Capitale, Centre d’études constitutionnelles et administratives, Bruylant, 1989.
  • [9]
    Ibidem, p. 314.
  • [10]
    Il est calculé comme la moyenne entre 1999 et 2001 inclus des impôts régionaux nouvellement transférés convertie au prix de 2002 puis adaptée annuellement selon l’indice des prix à la consommation et 91 % de la croissance réelle du revenu national brut.
  • [11]
    Conseil supérieur des finances « Section fiscalité et parafiscalité » : Avis sur la définition des critères objectifs d’estimation des recettes d’impôts régionaux à politique inchangée, 30 novembre 2001 pp. 4-5.
  • [12]
    Ibidem, p. 4.
  • [13]
    Ordonnance du 21 février 2002 modifiant la loi du 13 juillet 1987 relative aux redevances radio et télévision (Moniteur belge, 13 mars 2002).
  • [14]
    Ordonnance portant réforme des taxes régionales du 21 février 2002 (Moniteur belge, 13 mars 2002) modifiée par l’ordonnance du 3 avril 2003 (Moniteur belge, 24 avril 2003) et modifiée par l’ordonnance du 29 avril 2004 (Moniteur belge, 4 mai 2004).
  • [15]
    G. VAN DER STICHELE et M. VERDONCK, « Les modifications de la loi spéciale de financement dans l’accord du Lambermont » , op. cit., p. 42.
  • [16]
    Autonomie complète : l’entité a la possibilité de moduler à la fois la base, le taux et les exemptions. Autonomie de taux : l’entité ne peut agir que sur ce paramètre et non sur la définition de la base imposable et des exemptions. Autonomie de marge : l’entité ne peut agir que par des additionnels et remises proportionnelles en restant dans la progressivité ou le caractère linéaire de l’impôt national ou fédéral.
  • [17]
    G. PAGANO, Le financement des régions et des communautés : 1970-2002. Solidarité, responsabilité, autonomie et concurrence fiscale, CRISP, 2002, p. 182.
  • [18]
    Ibidem, pp. 183 et 185.
  • [19]
    Fixés une fois pour toutes mais indexés.
  • [20]
    Ordonnance du 10 mars 1994 fixant les règles de répartition de la « Dotation générale aux communes » de la Région de Bruxelles-Capitale (Moniteur belge, 12 avril 1994), modifiée par l’ordonnance du 17 juillet 1997 (Moniteur belge, 20 novembre 1997), modifiée par l’ordonnance du 21 décembre 1998 (Moniteur belge, 23 mars 1998), et par l’ordonnance du 8 novembre 2001 (Moniteur belge, 20 novembre 2001).
  • [21]
    Données reprises lors d’une présentation organisée par l’Association de la Ville et des Communes bruxelloises durant un séminaire Dexia en 2006.
  • [22]
    Loi du 26 juillet 1971 organisant les agglomérations et les fédérations de communes (Moniteur belge, 24 août 1971)
  • [23]
    Une convention, conclue en 1995, réglera les rapports, notamment financiers, entre la Région de Bruxelles-Capitale et l’Agglomération.
  • [24]
    Le budget initial 2007 prévoit des recettes d’un montant de 191 984 milliers d’euros : 38 752 milliers d’euros d’additionnels à l’IPP, 143 200 milliers d’euros d’additionnels au PRI et 3 335 d’additionnnels à la taxe de circulation. Le complément est constitué d’un montant de 6 697 milliers d’euros provenant de la dotation générale aux communes.
  • [25]
    N. LAGASSE, Les accords du Lambermont et du Lombard : approfondissement du fédéralisme ou erreur d’aiguillage ?, Bruylant, 2003, pp. 180 et s.
  • [26]
    C’est le nouveau deuxième alinéa de l’article 279 qui est concerné : cet alinéa impose la présence d’un échevin néerlandophone au sein du collège ou à la présidence du CPAS dans l’hypothèse où un acte de présentation du bourgmestre a été signé par un parlementaire ayant fait une déclaration d’appartenance au groupe linguistique néerlandais. Cette disposition laisse à la majorité communale la faculté de remplir cette obligation sans augmenter les effectifs du collège.
  • [27]
    Il s’agit de l’agriculture et la pêche maritime, les établissements scientifiques et les subventions de recherche scientifique, le commerce extérieur, et à un autre niveau des lois communales et provinciales.
  • [28]
    Les fonds organiques reprennent une série de fonds relatifs à l’aide aux entreprises, au développement économique, à l’équipement et aux déplacements, à l’aménagement urbain et foncier, à l’entretien, l’acquisition et l’aménagement d’espaces verts, des forêts et des sites naturels, à la gestion de la dette, au patrimoine immobilier et à l’énergie.
  • [29]
    Avenant n° 9,22 avril 2005 (Moniteur belge, 20 juin 2005)
  • [30]
    Pour une vision plus complète, on se reportera utilement à B. BAYENET et S. TURNER, « Le pouvoir fiscal des entités fédérées », in M. MIGNOLET, Le fédéralisme fiscal : leçons de la théorie économique et expérience de 4 états fédéraux, De Boeck, 2005, pp. 318 et s.
  • [31]
    Budget des recettes 2006 ajusté et initial 2007.
  • [32]
    P. CATTOIR et M. VERDONCK, « La péréquation financière, analyse de quatre pays », in La solidarité entre les régions : Bilan et perspectives, F. DOCQUIER (éd.), De Boeck Université, Bruxelles, 1999.
  • [33]
    P. DE BRUYCKER, « Bruxelles et l’autonomie fiscale », in Bruxelles et son statut, Éditions Larcier, 1999, pp. 122 et s.
  • [34]
    35,1 % si l’on intègre les recettes de l’Agglomération dans les recettes fiscales régionales.
  • [35]
    On a pu constater dans la première partie que la fiscalité régionale issue de l’article 110 § 2 de la Constitution avait été mobilisée de manière plus importante par la Région bruxelloise en matière de production de recettes.
  • [36]
    57,40 % si l’on intègre les recettes de l’Agglomération dans les recettes fiscales régionales.
  • [37]
    B. BAYENET et S. TURNER, « Le pouvoir fiscal des entités fédérés en Belgique », op. cit., pp. 312 et 313.
  • [38]
    Liées aux compétences régionales.
  • [39]
    B. BAYENET et S. TURNER, « Le pouvoir fiscal des entités fédérés en Belgique », op. cit., p. 303.
  • [40]
    Vlaams Parlement, Toelichtingen bij de middelbegroting en de algemene iutgavenbegroting van de Vlaamse Gemeenschap voor de begrotingsjaar 2007, 20 octobre 2006, pp. 54 et s.
  • [41]
    R. DESCHAMPS, « Le fédéralisme fiscal en Belgique : financement des entités fédérées, autonomie et concurrence fiscale, solidarités, coordination » in Le fédéralisme fiscal, De Boeck et Larcier, 2005, p. 130.
  • [42]
    On constatera des différences entre les chiffres du tableau 9 qui proviennent des documents budgétaires du Parlement bruxellois et les données reprises dans les tableaux 15 et 16 qui proviennent du Ministère fédéral des Finances : en dehors des différences dues à la méthode de comptabilisation (amendes et/ou intérêts moratoires inclues ou pas) et aux arrondissements, les deux flux de recettes sont actés à des moments différents (délais entre l’encaissement par le niveau fédéral et la comptabilisation et le versement aux régions).
  • [43]
    J.-P. LAMBERT et al., Les modes alternatifs de financement de Bruxelles, op. cit. ; Le financement de la Région de Bruxelles-Capitale : étude prospective et comparée des villes-État en Belgique, en Allemagne et en Autriche », sous la direction de P. De Bruycker, Étude réalisée à l’attention de Rufin Grijp, ministre de la Recherche scientifique de la Région de Bruxelles-Capitale, ULB, avril 1999.
  • [44]
    Nous nous intéressons ici surtout à l’étude de Lambert et al., J.-P. LAMBERT et al., Les modes alternatifs de financement de Bruxelles, op. cit.
  • [45]
    G. Pagano, Le financement des régions et des communautés : 1970-2002. Solidarité, responsabilité, autonomie et concurrence fiscale, op. cit., p. 43.
  • [46]
    G. PAGANO, Le financement des régions et des communautés : 1970-2002. Solidarité, responsabilité, autonomie et concurrence fiscale, op. cit., p. 207.
  • [47]
    Qui bénéficient aussi du faible niveau des taux d’intérêt des prêts hypothécaires depuis la seconde moitiés des années 1990.
  • [48]
    Cf. les montants affectés dans ce cadre au tableau 5 supra.
  • [49]
    Ainsi, à titre d’exemple, en 2002, l’intervention de solidarité nationale octroyée à la Région wallonne représente 703,9 millions d’euros soit environ 23 % de l’IPP qui lui sera rétrocédé et pour la Région bruxelloise respectivement 57,6 millions d’euros et un peu plus de 9 % de l’IPP rétrocédé.
  • [50]
    G. PAGANO, Le financement des régions et des communautés : 1970-2002. Solidarité, responsabilité, autonomie et concurrence fiscale, op. cit., p. 201 et 202.
  • [51]
    Il serait sans doute plus exact de dire « Les Wallons » surtout en 1988, le système de financement de 1989 semblant avoir été pensé avec les perspectives de la démographie bruxelloise des années 1970.
  • [52]
    Et continuera vu le mécanisme de solidarité qui bloque, en termes réels, son niveau de péréquation à 468 BEF par habitant, c'est-à-dire son niveau implicite d’avant 1989, alors que les autres recettes augmentent structurellement : ce qui implique une réduction constante de la solidarité dans le financement total des régions.
  • [53]
    G. PAGANO, Le financement des régions et des communautés : 1970-2002. Solidarité, responsabilité, autonomie et concurrence fiscale, op. cit.
  • [54]
    Les données concernant l’année 1990 ont été reconstituées à partir de plusieurs sources qui ne se recoupaient pas exactement : elles sont donc à prendre comme des dépenses « théoriques » de 1990 ce que signifient les « th. » figurant à côté de 1990.
  • [55]
    Les dépenses générales de l’administration – division 10 – intègrent les montants affectés par le budget régional aux dépenses des commissions communautaires ; celles-ci ont été multipliées par dix entre 1993 et 2005 passant de 24 789 milliers euros à 243.682 milliers d’euros.
  • [56]
    J. DUBOIS et R. DESCHAMPS, « Comparaison interrégionale et intercommunautaire des budgets de dépenses 2006 des entités fédérées », FUNDP, novembre 2006.
  • [57]
    Ibidem, pp. 34 et 35.
  • [58]
    A. DRUMAUX, C. MAES et F. THYS-CLÉMENT, « Bruxelles, les facteurs de l’équilibre budgétaire », op. cit., p. 19.
  • [59]
    J.-P. LAMBERT et al., Les modes alternatifs de financement de Bruxelles, op. cit., p. 141.
  • [60]
    En 2005, la mainmorte était de 26,740 millions d’euros : soit 72 % de 37,178 millions d’euros. Le manque à gagner, le solde de 28 % , représentait 10,398 millions d’euros soit une croissance de l’ordre de 25,3 % par rapport au constat effectué dans l’étude de 1999.
  • [61]
    Les hypothèses de calcul sont reprises aux pages 144 et suivantes : elles concernent notamment les niveaux de qualification et la taille des ménages, les données pour les autres fonctionnaires sont indisponibles.
  • [62]
    N. LAGASSE, Le devenir de la Région bruxelloise », in « Bruxelles dans la Belgique post-fédérale », op. cit., p. 23.
  • [63]
    J.-P. LAMBERT et al., Les modes alternatifs de financement de Bruxelles, op. cit., p. 100.
  • [64]
    Ibidem, p. 102. L’étude retient un nombre de 330 000 navetteurs pour raison professionnelle pour évaluer les différents surcoûts approchés. En 2001, ceux-ci étaient évalués à 378 789 soit une croissance de l’ordre de 15 %.
  • [65]
    Dans ces 38 %, les navetteurs de Flandre représentent 72,4 % et ceux de Wallonie 27,6 %
  • [66]
    Dans ces 21,1 %, les navetteurs de Flandre représentent 56,5 % et ceux de Wallonie 43,5 %. En 2005, elles étaient de 500,8 millions d’euros ( crédits d’engagement régionaux réalisés plus ce qui est prévu en matière de mobilité publique dans le neuvième avenant de Beliris) : soit une croissance de l’ordre de 68,7 % par rapport aux données 1995 reprises dans l’étude sur ce niveau de dépense régional.
  • [67]
    Coût externe total : 708,926 millions d’euros soit 78,23 millions d’euros pour les coût de bruit ; 91,39 millions d’euros pour les coûts de pollution atmosphérique ; 149,20 millions d’euros pour le coût des accidents ; 18,81 millions d’euros pour le coût de la cogestion et 371,04 millions d’euros pour les coûts additionnels de cogestion (surcoût pour les exploitants de transport collectif , valeur du temps perdu par véhicule privé et surcoût de surconsommation des véhicules privés).
  • [68]
    Soit 90 millions d’euros pour les navetteurs provenant de Flandre et 35,11 millions d’euros pour les navetteurs de Wallonie.
  • [69]
    Les auteurs s’intéressent aussi au manque à gagner en termes d’IPP en raison de la présence des navetteurs : la Belgique applique le système de taxation de revenus basés sur le lieu de domiciliation des contribuables. « Par conséquent, les navetteurs bien que profitant pleinement des services et des infrastructures de la région où ils effectuent leur activité professionnelle ne sont pas pris en compte dans la dotation allouée à la Région. » Les auteurs pratiquent deux approches : la première suppose que la contribution d’un navetteur correspond au niveau de la contribution moyenne de son arrondissement de résidence ; la seconde postule une contribution identique pour tous les navetteurs quel que soit leur arrondissement d’origine. La première approche estime la perte des recettes pour la région à un montant de l’ordre de 463,77 millions d’euros, la seconde à 250,37 millions d’euros mais cette lecture doit cependant pour être complète tenir compte des pertes des deux autres régions liées à la présence de travailleurs bruxellois.
  • [70]
    J. BRASSINNE, « La Belgique fédérale », Dossiers du CRISP, n° 40,1994.
  • [71]
    49 578 milliers d’euros supplémentaires – soit deux milliards d’anciens BEF – seront finalement rendus disponibles pour les budgets des Commissions communautaire française et flamande à partir de 2002 : 24 789 milliers d’euros à charge du budget régional bruxellois et un montant identique provenant du budget fédéral, adapté lui annuellement à partir de 2003 à l’évolution de l’indice des prix à la consommation
  • [72]
    J. BRASSINNE, « La Belgique fédérale », op. cit.
  • [73]
    À ce sujet, cf. V. CARTON, « L’accord de coopération entre l’État fédéral et la Région de Bruxelles-Capitale », in Cahiers de l’Urbanisme, n° 47, décembre 2003, Ministère de la Région wallonne, Mardaga Éditeur, pp. 8-20.
  • [74]
    Bruxelles 2004-2009 : « Un avenir et une ambition pour Bruxelles », pp. 29,35,38 et 64.
  • [75]
    Conseil de la Région de Bruxelles-Capitale, question écrite n° 718, Bulletin des questions et réponses, n° 718,27 mai 1994.
  • [76]
    Lors des séances plénières du Parlement bruxellois respectivement des 3 décembre 2004 (après-midi), 17 décembre 2004 (matin) et 4 mars 2005.
  • [77]
    Conseil de la Région de Bruxelles-Capitale, Compte rendu intégral, 17 décembre 2004, p. 20.
  • [78]
    Conseil de la Région de Bruxelles-Capitale, Compte rendu intégral, 17décembre 2004, p 18.
  • [79]
    Ibidem, p. 23.
  • [80]
    Cf. F. DOCQUIER, La solidarité entre les régions : Bilan et perspectives, Éditions De Boek, 1999 ; M. MIGNOLET, Le fédéralisme fiscal : leçons de la théorie économique et expérience de 4 états fédéraux, op. cit. ; M. VERDONCK, « Fiscal federalism : essays on Equalization, Competition and Cooperation », Thèse de doctorat pour le titre de docteur en sciences économiques, juin 2006.
Français

Le régime de financement des régions est-il adapté à la situation de la Région de Bruxelles-Capitale ? La question a été posée dès sa naissance comme une condition particulièrement importante du développement régional. Les réflexions se sont développées à ce sujet parce que certaines lectures ont conforté l’idée d’un sous-financement structurel de la région. De plus les accords du Lambermont de 2001 ont modifié le système de financement instauré en 1989 dans un sens qui n’a pas résolu la question.
Pol Zimmer met en perspective l’évolution de la situation budgétaire bruxelloise durant la période 1990-2005. Après avoir rappelé succinctement les mécanismes de financement actuels, il examine l’évolution des recettes de la région et les compare avec celles des deux autres régions. Il reprend enfin l’évolution des dépenses en mettant en exergue l’influence de la position institutionnelle spécifique de la région.
Ce parcours suggère que la Région bruxelloise est à la croisée de deux dynamiques : d’une part, la réforme du Lambermont a mis les régions, et singulièrement la Région de Bruxelles-Capitale, sur le chemin d’une plus grande autonomie financière, d’autre part, elle est confrontée à la prise en charge de surcoûts structurels importants vu sa centralité et la multiplicité de ses statuts.

  1. INTRODUCTION
  2. 1. LES MÉCANISMES DE FINANCEMENT
    1. 1.1. LES RESSOURCES FISCALES RÉGIONALES
    2. 1.2. LA PART ATTRIBUÉE D’UNE PARTIE DU PRODUIT DE L’IMPÔT DES PERSONNES PHYSIQUES
    3. 1.3. LES AUTRES SOURCES DE FINANCEMENT
      1. 1.3.1. L’intervention de solidarité nationale
      2. 1.3.2. Les recettes liées à l’exercice des compétences
      3. 1.3.3. Les subventions
      4. 1.3.4. L’emprunt
      5. 1.3.5. Transfert en provenance de l’Agglomération
      6. 1.3.6. L’apport des accords dit du Lombard
  3. 2. LES RECETTES DE LA RÉGION
    1. 2.1. L’ÉVOLUTION DES RECETTES GÉNÉRALES
    2. 2.2. L’IMPORTANCE ACCRUE DES IMPÔTS IMMOBILIERS
    3. 2.3. L’APPORT DU MÉCANISME DE SOLIDARITÉ
    4. 2.4. VISION CONSOLIDÉE DES RECETTES
    5. 2.5. COMPARAISON DES RECETTES DES RÉGIONS
      1. 2.5.1. Structure comparée des recettes des régions
      2. 2.5.2. Les impôts régionaux dans les trois régions
    6. 2.6. LA PÉRENNITÉ DU FINANCEMENT DE LA RÉGION
      1. 2.6.1. Le sous-financement structurel de la Région
      2. 2.6.2. Des modalités techniques défavorables
  4. 3. LES CHARGES SPÉCIFIQUES DE LA RÉGION
    1. 3.1. L’ÉVOLUTION DES DÉPENSES DE 1990 À 2005
    2. 3.2. LA SPÉCIFICITÉ DES DÉPENSES BRUXELLOISES
      1. 3.2.1. Les dépenses liées au rôle de capitale multiple de la ville de Bruxelles
        1. La mainmorte
        2. La présence de fonctionnaires internationaux
        3. Les dépenses de sécurité, de propreté, de culture et de prestige
      2. 3.2.2. Les coûts et les externalités liés au rôle de grande agglomération
      3. 3.2.3. Les dépenses liées à la faible surface
      4. 3.2.4. Les transferts vers les commissions communautaires française et flamande
      5. 3.2.5. Surcoût total en 1999
    3. 3.3. LA RÉPONSE APPORTÉE PAR BELIRIS ET SES LIMITES
  5. CONCLUSION
Le régime de financement des régions est-il adapté à la situation de la Région de Bruxelles-Capitale ? La question a été posée dès sa naissance comme une condition particulièrement importante du développement régional. Les réflexions se sont développées à ce sujet parce que certaines lectures ont conforté l’idée d’un sous-financement structurel de la région. De plus les accords du Lambermont de 2001 ont modifié le système de financement instauré en 1989 dans un sens qui n’a pas résolu la question. Pol Zimmer met en perspective l’évolution de la situation budgétaire bruxelloise durant la période 1990-2005. Après avoir rappelé succinctement les mécanismes de financement actuels, il examine l’évolution des recettes de la région et les compare avec celles des deux autres régions. Il reprend enfin l’évolution des dépenses en mettant en exergue l’influence de la position institutionnelle spécifique de la région. Ce parcours suggère que la Région bruxelloise est à la croisée de deux dynamiques : d’une part, la réforme du Lambermont a mis les régions, et singulièrement la Région de Bruxelles-Capitale, sur le chemin d’une plus grande autonomie financière, d’autre part, elle est confrontée à la prise en charge de surcoûts structurels importants vu sa centralité et la multiplicité de ses statuts.
Mis en ligne sur Cairn.info le 01/05/2007
https://doi.org/10.3917/cris.1941.0005
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