CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1Le 4 mars 1960, nous avons publié un Courrier consacré aux problèmes du Katanga.

2Depuis lors, la situation a fortement évolué, le président du gouvernement provincial et leader de la Conakat ayant proclamé l’indépendance de cette province le 11 juillet.

3Nous ne reprendrons pas ici l’étude publiée le 4 mars et nous ne nous fixons pas comme objectif l’analyse de ce qui s’est passé au Katanga depuis la mutinerie de la Force Publique. Tout en re-situant le problème dans son cadre historique, nous nous attacherons spécialement à analyser l’évolution de l’opinion belge et le phénomène de pression auquel est soumis le gouvernement belge depuis quinze jours au sujet de l’affaire katangaise.

1 – Cadre socio-économique

4Avec ses 1.654.176 habitants, le Katanga représente 12,5 pour cent de la population du Congo. Il s’agit donc de la province la moins peuplée mais, par contre son taux d’accroissement démographique (3 p.c. l’an) lui assurerait – selon les travaux de M. Romanick – une population de 3.112.000 habitants en 1980.

5Le taux de population européenne y est particulièrement élevé pour le Congo : 33.918 européens, soit 2,08 pour cent du total, c’est-à-dire un niveau comparable à celui du Kenya et de la Rhodésie.

6Au Katanga, 36,18 pour cent de la population vivent hors du milieu coutumier, en raison du degré d’industrialisation de la province. Le revenu moyen des salariés est de 3.400 frs par tête contre 2.100 en moyenne pour l’ensemble du Congo.

7La production agricole du Katanga ne représente que 10 p.c. du total de la production congolaise et ne suffit pas, et de loin, à l’approvisionnement de la population. Par contre, la production minière du Katanga (estimée à 11,8 milliards F.B.) représente 75 pour cent de la production minière congolaise et constitue un monopole de la province pour le cuivre (280.403 tonnes, valeur de 7.567 millions F.B.), pour le cobalt (8.431 tonnes, soit 1,7 milliard F.B.), l’argent, le germanium, le platine, le palladium, le radium, l’uranium et les concentra de zinc crus. Le cuivre représentant plus de 70 p.c. de la production minière katangaise, l’économie de la province est fort sensible aux fluctuations conjoncturelles mondiales de ce métal. Le Katanga produit 2.200 millions de kWh (soit une production excédant la demande locale), dispose de plus de 500 km de voies ferrées électrifiées, de 25.000 km. de routes (dont 6.900 d’intérêt général) et sera bientôt relié à Béira (ce qui représenterait une distance Elisabethville-Beira, de 1.800 km. sans rupture de charge contre 2.700 km. pour Elisabethville-Matadi).

8Selon une estimation faite par notre collaborateur, F. Herman, (voir C.H. n° 55 et C.A. n° 5, 4.3.60, p. 18), la quote-part du Katanga dans les recettes du budget ordinaire du Congo était de 47 p.c. en 1957 et dans les dépenses publiques de 19,7 p.c. On trouvera en annexe une note sur les entreprises dominantes au Katanga.

2 – Le cadre politique

9Politiquement, le Katanga compte deux cartels importants : la Confédération des associations tribales du Katanga (CONAKAT) et le cartel balubakat-Fédéka.

10La Conakat bénéficia dès sa gestation de l’appui d’européens du Katanga, principalement à titre public, de M. Gavage, qui dirigeait un parti européen (l’Union Katangaise, favorable à une "communauté belgo-katangaise" et à une politique da peuplement blanc) ainsi que le groupement professionnel des colons, l’UCOL-KATANGA. En fait, la Conakat était également soutenue par des chefs d’entreprises, des juristes, et des résidents européens dont l’influence en Belgique était limitée mais dont la capacité de pression sur place était considérable.

11Regroupant théoriquement toutes les associations tribales de la province, la Conakat ne peut compter sur l’appui des baluba ni des tshokwe et sa base ethnique est principalement lunda, basanga et babemba.

12Dans une prise de position publiée le 26 mai 1959 dans le journal "ESSOR DU CONGO", qui paraît à Elisabethville, la Conakat déclara notamment :

13

"que le Katanga opte pour un Etat autonome et fédéré où les rênes de commande politique devront être entre les mains des Katangais authentiques et de tous les hommes de bonne volonté qui montrent et ont montré par leurs actes qu’ils collaborent sincèrement avec eux pour le progrès et l’émancipation rapide du Katanga, suivant les conditions qui seront bien déterminées par le futur gouvernement de l’Etat autonome Katangais ; que la condition sine qua non "pour la constitution d’un Congo fédéral réside dans la représentation équitable et proportionnelle à l’importance économique de chaque Etat autonome ;
" que, pour le moment, en attendant de nouvelles dispositions légales, au Katanga, SEULE LA CONAKAT, qui s’appuie sur des bases concrètes et dont la légitimité est indéniable, à savoir ses chefs coutumiers, son histoire, ses populations vivantes et mortes, ses terres, bref, tout son patrimoine, personne et AUCUN GROUPEMENT ne peut se croire habilité pour représenter le Katanga ou se faire passer pour son interlocuteur valable".

14Aux yeux des leaders de la Conakat, les kasaï sont des étrangers et le parti, de M. Tshombe déclare vouloir "combattre désormais toute prise de n’importe quel pouvoir dans cette province par un non-katangais". (Le Phare du Katanga, 3.6.1959).

15La Conakat, parti fédéraliste, voire confédéraliste ou séparatiste, s’opposait au cartel des baluba du Katanga, aux émigrés du Kasaï et aux tshckwe, respectivement regroupés dans la Balubakat, la Fédéka et l’Atcar, sous la direction de M. Jason Sendwe. Ce cartel cherchait dans l’existence d’un pouvoir central congolais cohérent une protection contre les menaces formulées par les "katangais authentiques" de la Conakat et ceci explique sans doute pourquoi ils acceptèrent la direction Lumumba à Léopoldville.

16Les élections du 20.12.1959 au Katanga ne clarifièrent pas le rapport des forces entre les deux groupes. Etant donné la portée locale du scrutin, 82,44 p.c. des voix se portèrent sur des listes individuelles ou coutumières. La Conakat, en tant que parti, récolta 10,82 p.c. des voix (31.170) et le cartel Balubakat-Fédéka-Atcar 3,89 p.c. (11.359).

17Il fallut attendre les élections de mai pour pouvoir dresser une carte des zones d’influences respectives, étant toutefois entendu que les accords électoraux intervenus n’ont pas permis de mesurer exactement la "clientèle" du MNC-Lumumba et du MNC-Kalonji et que le cartel de M. Sendwe se refuse à reconnaître la validité des résultats proclamés.

18Le cartel balubakat est majoritaire dans les districts du Tanganika et dans le Haut-Lomani ; la Conakat dans le district de Lualaba et du Haut-Katanga ; celui d’Elisabethville et de Jadotville étant partagé entre les deux groupes.

19Les 60 sièges de la province se répartissent comme suit : Conakat : 25 ; Balubakat : 18 ; Cartel Balubakat-MNC/L. : 3 ; Atcar : 2 ; MNC-L. : 1 ; MNC-K. : 1 ; Union Congolaise : 1 ; Intérêts locaux : 4 et listes individuelles ; 5.

20Les négociations, en vue du gouvernement provincial, furent conditionnées par deux facteurs : la déception électorale du Cartel Katangais qui contesta la validité des élections et le passage des hésitants et même d’alliés du Cartel, tel M. Mukeba, leader des Baluba du Kasaï, dans le camp de la Conakat, qui devenait de ce fait largement majoritaire. Des erreurs de tactique de la part du Cartel et sans doute des moyens de pression plus puissants jouèrent en faveur de la Conakat, qui put s’assurer une majorité de près des deux tiers (38 sur 60) à la première assemblée provinciale. Les 22 élus du Cartel en quittant la séance n’en bloquaient pas moins le fonctionnement. C’est sur intervention pressante du vice-gouverneur général Schoëller que fut introduit et voté, le 16.6, le projet de loi modifiant la procédure de fonctionnement des assemblées provinciales. [1]

21Contrairement aux promesses et à la note interprétative assurant une représentation proportionnelle dans les gouvernements provinciaux, le Katanga fut alors doté d’un gouvernement de 10 membres présidé par le chef de la Conakat, M. Tshombe, où le cartel balubakat n’obtenait aucun portefeuille [2]. La Conakat détenait, outre la présidence, 7 postes de ministres provinciaux, le MNC-Kalonji : 1. Deux indépendants furent appelés dans le gouvernement. Deux ministres furent désignés par une seule voix et trois par trois voix.

3 – Les tentatives de sécession

22La motivation de la Conakat paraît en fait se situer en une double direction :

  1. "le Katanga aux Katangais", c’est-à-dire le monopole du pouvoir à ce qu’elle appelle les Katangais authentiques et à leurs "civilisateurs" [3], à l’exclusion des ressortissants des autres provinces ; cette orientation se fonde principalement sur une pression des groupes ethniques constituants ;
  2. l’autonomie du Katanga, par rapport à Léopoldville et l’institutionnalisation des liens de communauté entre la Belgique et le Katanga, incarnée en la personne du Roi. On reconnaît ici la tendance prônée par les colons et résidents européens du Katanga.

23Cette affirmation de foi fédéraliste ou autonomiste n’était-elle que la forme publique d’une volonté sécessionniste, dans le chef des leaders et des conseillers de la Conakat ?

24Non, affirme M. Tshombe le 11.12.1959, qui prétend que l’accusation de séparatisme émane du gouvernement colonial et de Bruxelles. Non encore si on en juge par les "propositions" des représentants de la Conakat à la Table Ronde, le 30.1.1960, où il est toujours question de communauté belgo-congolaise, mais où l’idée de fédéralisme doit – dit-on – "concilier l’unité de l’ensemble congolais avec le maximum de pouvoirs à réserver au profit des états membres ou fédérés".

25Pourtant, des textes de la Conakat sont nettement au delà ("Le Congo doit être transformé en une confédération d’états souverains" précise uns note au ministre le 9.1.1960) et la fédération à laquelle on songe semble devoir se choisir le Katanga comme pôle ("plusieurs ou toutes les autres régions du Congo auront la faculté de s’unir au Katanga", note reproduite par La Libre Belgique du 7.1.1960.)

26En réalité, la position réelle d’un parti doit s’analyser plus d’après ses comportements que d’après les textes qu’il publie.

27La Conakat choisit comme conseiller de séance, à la Table Ronde politique, M. Humblé, président de l’Ucol-Katanga, et eut de nombreux contacts avec des agents de sociétés industrielles ayant des intérêts considérables au Katanga. Ces faits, reconnus par tous [4], révèlent des liaisons avec des groupes d’européens mais pas nécessairement un complot sécessionniste pour le Katanga. M. Lumumba, par exemple, accusera M. Tshombé, d’être acheté par les blancs et de faire obstacle, pour cette raison, à une véritable indépendance congolaise. Même s’il ne s’agit pas là d’une preuve de volonté séparatiste, il est permis de déduire de ce choix des conseillers l’existence d’un apparentement entre les thèses Conakat et celles des milieux que représentent ces conseillers en matière de statut politique du Katanga (au moins, l’autonomie du Katanga en communauté avec la Belgique).

28Le chantage à l’indépendance du Katanga, pratiqué par MM. Tshombe et Kibwé, à la Table Ronde politique, fut interprété, après coup, par les intéressés comme une simple tactique en vue d’obtenir des concessions dans le sens fédéraliste.

29Pourtant, il semble qu’en deux circonstances au moins, la proclamation de l’indépendance du Katanga ait été autre chose qu’une menace en l’air :

  1. En décembre 1959, à l’occasion du voyage royal : on fut à deux doigts du coup d’état séparatiste, créant un fait nouveau décisif à la veille de la Table Ronde. A ce moment, un des maillons de la chaîne sauta : il ne fut pas possible de réunir à la fois l’appui de l’administration locale, des milieux d’affaires, de la Sureté et de la Force Publique. Toutefois, la presse fit état à ce moment de la tendance avouée de la Conakat et de ses conseillers. Le texte le plus explicite est celui de M. P. Davister dans "Pourquoi Pas ? Congo" (2.1.1960) :
    "Que veut donc unanimement le Katanga ? Rien d’autre que son indépendance immédiate et la réunion dans les soixante jours d’une Assemblée nationale katangaise qui établirait la constitution katangaise et les modalités d’union entre le nouvel Etat et la Belgique ….
    "La future constitution katangaise (hé oui, elle est déjà en gestation !) prévoira pour une, plusieurs ou toutes les régions du Congo, la possibilité de s’unir au Katanga sous la forme d’Etats fédérés et pour autant qu’il soit bien entendu qu’il n’est pas question de se séparer de la Belgique. Four autant aussi – car n’est pas admis qui veut – que les différents Etats désireux de former l’ensemble fédéral fassent preuve de maturité politique et mettent fin à leurs querelles intestines. En d’autres mots, les provinces de Léopoldville et du Kasaï ne présenteraient pas, pour l’instant, des conditions valables d’admission …..
    "Quoi qu’il en soit, la Conakat, cette force, va – mine de rien – appuyer le coup d’Etat katangais par son autorité de parti unique qu’elle est tout simplement en passe de devenir. En compensation et pour autant, bien entendu, qu’elle garantisse les avoirs et les biens, la Conakat fera au sein d’un gouvernement composé uniquement d’Africains la pluie et le beau temps ….. Elle va jeter dans cette assemblée d’extrémistes un son de cloche inédit, celui d’un ensemble d’Etats souverains et fédérés se refusant à accepter Léopoldville comme capitale, mais désireux de rester unis avec la Belgique et de garder le roi Baudouin comme souverain …. On va droit – on fonce même à toute allure – vers un amalgame d’Etats fédérés dont le Katanga voudrait être le pôle d’attraction, mais aussi le pôle de loyalisme à la Belgique, car tout est là : garder dans la structure fédérale ce bon ciment belge dont la couronne pourrait constituer le label de qualité !".
  2. En juin 1960, la Conakat aurait tenté de faire sécession : une première fois, avant que le parlement belge ne vote la modification de la règle du quorum, condition sine qua non de la constitution d’un gouvernement "Conakat et alliés directs". Plus tard, à la veille de l’indépendance (le 26.6), M. Ganshof fut avisé d’une tentative de coup d’état à Elisabethville et de l’arrestation d’un belge [5] qui, chargé de lettres de créance, devait, dit-on, proclamer l’indépendance du Katanga à New-York, en présence de M. Kibwe, Ministre des Finances du gouvernement provincial katangais. Le gouvernenent katangais avait, à ce moment, signé le document de proclamation de l’indépendance. Pour cette tentative, la Conakat disposait d’appuis importants : dans la presse, le monde des affaires à Elisabethville, de colons, de juristes et d’un centre dirigé par un ancien gouverneur de province. Notre intention n’est pas, ici, de construire un "roman" sur un complot hypothétique ni même de révéler le nom des personnalités impliquées directement dans l’opération. Nous voulons en retenir que la tentative [6] disposait de puissants appuis sur place et de ramifications non-officielles en Belgique mais que, par contre, elle se heurtait : à l’opposition radicale du cartel Balubakat-Fédéka ; à celle d’un gouvernement congolais central à tendance nettement unitaire ; à celle du gouvernement belge qui ne pouvait tolérer, à la veille du 30 juin, une sécession provinciale et même à celle de dirigeants financiers importants qui craignaient de voir mettre en cause, en riposte, tous les projets de conventions belgo-congolaises par le pouvoir central.

30Jusqu’à ce moment, la tendance séparatiste constituait donc un phénomène local bénéficiant d’un parti puissant (mais pas unique) et de soutiens locaux dont la coagulation était toutefois freinée par le gouvernement belge et par certains dirigeants éminents de sociétés financières en Belgique. Isolée et contestée sur son propre terrain géographique, cette tendance ne put triompher avant le 30 juin. Son existence eut comme principal résultat d’acclimater l’idée de l’autonomie provinciale et d’entretenir dans certains milieux européens le rêve d’un statut préférentiel et plus favorable aux blancs pour le seul Katanga.

31A aucun moment, la Conakat ne put compter sur des appuis autochtones sérieux au Kivu, ni au Kasaï. L’idée de confédération autour du pôle katangais ne fut jamais une hypothèse politique sérieuse.

4 – La proclamation de l’indépendance du Katanga

32?. Tshombe, président du gouvernement provincial katangais, se trouvait à Léopoldville au moment où éclata la mutinerie de la Force Publique. A ce moment, il déclarait à un correspondant du Times qu’il ne pourrait "s’associer à un pays voisin qui demeure sous le joug colonial", excluant ainsi publiquement l’hypothèse de la fédération avec la Rhodésie. L’Assemblée du Katanga était en congé jusqu’au début août et les conseillers rentraient dans leur région (Essor, 8.7.1960).

33Rentré au Katanga au moment de la rébellion du Camp Massart à Elisabethville (6 morts européens dans la nuit du 9 au 10 juillet), M. Tshombe harcelait l’autorité belge pour que les paras de Kamina interviennent d’urgence et en appelait à l’aide rhodésienne dans le but de forcer la main à Bruxelles et d’obtenir une reconnaissance de fait de son autonomie politique. Nous avons dit, dans le précédent Courrier, que la première intervention belge au Katanga fit suite à un appel de M. Tshombe mais que le rapport de cause à effet est loin d’être établi, au contraire.

34Dégagé de la menace d’intervention de la Force Publique commandée de Léopoldville, encouragé dans ce sens par des milieux européens dont l’essentiel de l’existence économique est au Katanga, escomptant un large appui d’une population autochtone désireuse d’éviter le chaos, M. Tshombe décida le lundi soir, de proclamer l’indépendance du Katanga. Il escomptait à ce moment une reconnaissance par la Rhodésie et par la Belgique mais, dès le 10 juillet au soir, M. Wigny avait exposé à l’Ambassadeur britannique la thèse belge à ce sujet : pas de reconnaissance d’une province ni de réponse à une demande d’aide militaire émanant d’un gouvernement provincial. M. Mac Millan et l’opposition travailliste furent d’accord aux Communes (le 11.7) pour adopter cette thèse [7]. Jusqu’à ce jour, aucun pays n’a reconnu le Katanga, ni parrainé sa demande d’admission à l’ONU. La Libre Belgique affirme que si la Belgique faisait le pas, le Portugal et les partenaires de Benelux suivraient probablement.

35Dès le mardi 12 juillet, le problème katangais devait se situer au noeud même de toute l’affaire congolaise.

36Avant même que la presse belge se prononce sérieusement sur la décision de M. Tshombe, des pressions s’exercent sur le gouvernement pour qu’il accepte de couvrir l’opération katangaise. La position prudentielle et attentiste l’emporte au Conseil de Cabinet, essentiellement parce qu’on ignore encore si M. Tshombe maintiendra réellement son plan et obtiendra l’accord de l’opposition Balubakat, si après l’intervention des paras, il y a une chance de ramener les réfugiés belges au Katanga en leur garantissant la sécurité et parce qu’on n’ignore pas que la position diplomatique belge serait singulièrement déforcée si on donnait l’impression de vouloir se réserver le Katanga et ce, à la veille de la réunion du Conseil de Sécurité. Déjà dans leur télégramme à l’O.N.U., MM. Lumumba et Kasa-Vubu utilisaient l’argument contre la Belgique. [8]

37Au Parlement (Séance du Sénat, 12.7), M. Rolin, socialiste, précise : "La reconnaissance d’un gouvernement provincial équivaudrait à une intervention ; tant que le gouvernement du Katanga n’a pas démontré qu’il exerce son autorité sur la grande majorité des populations de cette province et d’autre part, tant que le gouvernement congolais n’a pas prouvé son impuissance à assurer son autorité au Katanga, il ne peut être question pour nous de reconnaître le gouvernement de M. Tshombe." Le porte-parole P.S.C., M. P. De Smet note quelle gouvernement Tshombe n’a pas qualité pour décider une pareille sécession" et que selon son parti, "il faudra que ce soit une autorité internationale qui soit chargée du maintien de l’ordre et du contrôle des éventuelles élections et des éventuels referendums" (on notera qu’aucune réserve, à ce moment, n’est faite au sujet du Katanga). M. Eyskens se réjouit "de voir au Katanga un gouvernement capable de prendre des décisions" mais précise que "les forces belges n’interviendront jamais dans un but politique avoué ou masqué".

38Pourtant, au Katanga même, l’attitude des militaires est moins prudente. Le Commandant Weber fait savoir qu’il va s’occuper de propagande, de maintien de l’ordre, de santé publique et de ravitaillement (voir sa conférence de presse en annexe). Le mardi 12.7 à 21 h., l’avion militaire belge transportant MM. Lumumba et Kasa-Vubu se voit refuser l’autorisation d’atterrir à Elisabethville par le ministre katangais Munongo : la tour de contrôle d’Elisabethville se conforme à l’ordre reçu. Ceci constituera le point n°1 du télégramme de Kindu (14-7) par lequel MM. Kasa-Vubu et Lumumba décident de rompre les relations diplomatiques. Le point n°2 a trait à "la nomination d’un officier belge pour assurer le commandement militaire au Katanga".

39Cette position des militaires belges se précisera encore après l’arrivée du général Cumont à Elisabethville, le 13.7. Le chef du C.O.C.E.M. promettra des nominations d’officiers noirs, lancera un appel au retour des réfugiés, y compris les femmes et les enfants et présente le major Crèvecœur comme "le nouveau commandant de l’armée du Katanga". [9]

40Simultanément, M. Urbain de l’Union Minière se rendra en Rhodésie pour inviter les réfugiés à rentrer au Katanga. [10]

41Politiquement, l’indépendance katangaise n’évolue pas au cours de la journée du 13.7. Bruxelles reste en attente, d’autant que le Conseil de Sécurité se réunit à New-York. L’Assemblée Provinciale katangaise a été convoquée le 12.7 mais 34 conseillers sur 60, seulement, sont présents et aucune séance n’a pu avoir lieu valablement. Le jeudi 14 au matin, le Conseil de Sécurité adopte le projet tunisien. Du coté gouvernemental belge, le mandat est interprété en un sens restrictif : l’O.N.U. doit maintenir l’ordre ; là où l’ordre règne, l’O.N.U. ne doit pas intervenir (sous-entendu, c’est le cas au Katanga) ; sous-entendu qui Sera levé le 16-7 et le 18-7 par le Conseil de Cabinet.

42En fait, cette interprétation constitue un compromis entre ceux qui, au nom de l’indépendance katangaise, voudrait faire échapper cette province à la sphère d’intervention de l’O.N.U. et ceux qui prêchent l’extrême prudence. En écartant dans l’immédiat les forces de l’O.N.U. du Katanga par l’argument "l’ordre règne", on rencontre la thèse Tshombe qui s’oppose à la venue des troupes de l’O.N.U. ; on donne du temps à M. Tshombe pour régler les problèmes de la reconnaissance par d’autres pays et de l’aval, par l’Assemblée Katangaise, de ses décisions du 11.7.60 [11]. On peut aussi imaginer qu’en quelques semaines, avec l’aide belge, une force armée sera constituée au Katanga et que celui-ci sera en position de force pour négocier avec le gouvernement central… ou pour maintenir son intégrité territoriale.

43Dans l’ensemble, cette position à l’égard de la résolution du Conseil de Sécurité est bien accueillie dans les sphères gouvernementales et même par les dirigeants en Belgique des grandes entreprises du Katanga [12]. Par contre, surtout après la rupture des relations diplomatiques, décidée par MM. Lumumba et Kasa-Vubu, la pression de journaux comme La Libre Belgique, Le Soir, La Meuse-Lanterne (groupe De Launoit), Le Rappel, La Métropole et la Dernière Heure (suivis d’ailleurs, sur un ton plus modéré par De Standaard et Het Laaste Nieuws) se fera singulièrement plus forte en faveur de la reconnaissance du Katanga. La Relève opte pour une expérience de compétition et de coexistence entre des territoires africains coopérant avec la Belgique et ceux d’où les belges furent expulsés. Les groupes de pression pour la défense des européens du Congo développent également le thème de la nécessité de reconnaître d’urgence l’Etat Katangais.

44Cette pression se traduira le samedi 16-7 par un nouveau pas du gouvernement belge : "Le gouvernement constate le fait que le gouvernement du Katanga a proclamé son indépendance, que l’ordre y règne et que la vie économique y a repris. Il constate aussi que le gouvernement katangais demande la collaboration de techniciens belges. L’appui de notre collaboration est assuré au Katanga, comme dans toutes les autres régions du Congo où règnent la sécurité et l’ordre".

45Un messager, le comte d’Aspremont Lynden, chef de Cabinet-adjoint de M. Eyskens, est envoyé à M. Tshombe tandis que M. Rotschild, ministre conseiller gagne Elisabethville. A vrai dire, si la mission d’Aspremont traduit le souci du gouvernement de dire à M. Tshombe son désir de l’aider, elle constitue également une manifestation du souci d’éviter une action brusquée du leader katangais : il est prié de ne pas venir immédiatement à Bruxelles et de ne pas insister pour être reçu par le Roi. Un atout pour M. Tshombe près le gouvernement belge est, à ce moment, le fait qu’il vient d’obtenir l’appui de toute l’Assemblée Katangaise [13], qu’il escompte une Confédération Kivu-Kasaï-Katanga-Rwanda-Urundi [14] et que la dégradation des relations Bruxelles-Léo est telle que le Katanga est considéré par une partie de l’opinion belge comme "la dernière chance". C’est la première fois – il faut le noter – que la sécession katangaise dispose en Belgique d’arguments autres que "locaux", d’un appui officiel dans la majorité des journaux et au sein même du gouvernement.

46Le lundi 18-7, les positions des groupes politiques belges se précisent : M. Motz, président du Parti Libéral, "souhaite que l’Etat du Katanga devienne vraiment un état qui soit reconnu par tous les gouvernements et aussi par le gouvernement belge" ; M. Eyskens précise que "pas plus que nous, l’O.N.U. n’a le droit de s’immiscer dans les affaires intérieures d’un pays… qu’il serait inconcevable que l’O.N.U. intervienne pour ou contre l’indépendance du Katanga". En ce qui concerne cette intervention éventuelle de l’O.N.U. au Katanga, les socialistes ne partagent pas le sentiment de M. Eyskens : le 18-7, le Conseil Général du P.S.B. estime que les unités belges doivent être remplacées "par les forces des Nations Unies au fur et à mesure de l’arrivée de celles-ci sur l’ensemble du territoire congolais. Une centrale syndicale, Gazelco (F.G.T.B.) a pris position contre la reconnaissance du Katanga (18-7).

47La reconnaissance "de jure" du Katanga n’est pratiquement pas réclamée publiquement en Belgique, sauf par des journaux qui ne distinguent d’ailleurs généralement pas entre la reconnaissance de fait ou de droit. Par contre, une opinion commune se dégage – de ?. Rolin à ?. Eyskens – à savoir "qu’il ne faut pas contrecarrer l’attitude prise par l’Etat du Katanga" (déclaration Rolin du 19-7-60).

48On doit donc s’interroger sur les raisons qui freinent la pression en faveur de la reconnaissance du Katanga :

  1. du coté socialiste et démocrate-chrétien, le sentiment que la sécession a été encouragée et soutenue par les sociétés financières du Katanga.
  2. de manière plus générale (argument Collard-Th. Lefèvre), c’est que la position belge ne gagnerait rien à apparaître comme motivée par des arguments et plans politiques sur la province riche du Congo.
  3. l’interprétation publique donnée au mandat de l’O.N.U. par M. Eyskens n’est pas unanimement admise car aucune réserve n’a été faite pour le Katanga le mercredi 13-7 au Conseil de Sécurité et la résolution tunisienne prévoit que l’assistance militaire de l’O.N.U. sera donnée au gouvernement congolais "jusqu’au moment où les forces de sécurité, grâce aux efforts du gouvernement congolais et avec l’assistance technique des Nations Unies seront à même "de l’opinion de ce gouvernement, de remplir entièrement leurs tâches". Malgré le manque de clarté du texte, il semble donc que le gouvernement congolais sera juge de la question de savoir quand les forces de sécurité seront en état de remplir entièrement leurs tâches. Que peuvent signifier, pour le gouvernement congolais, les mots : "remplir entièrement leurs tâches", sinon assurer l’unité territoriale ? Dans ces conditions, les perspectives du Katanga indépendant sont moins sûres que d’aucuns l’imaginaient encore récemment.
  4. les milieux diplomatiques belges perçoivent une large hostilité à l’idée d’une "communauté belgo-katangaise", fort rentable peut-être pour les intéressés mais peu compatible avec l’effort financier que l’O.N.U. va demander aux pays membres pour la République du Congo [15].

49La séance du Sénat du 19-7 permet de clicher les positions à la veille de la nouvelle réunion du Conseil de Sécurité :

50Position de M. Wigny :

51Position de prudence, conforme à la déclaration gouvernementale du 16-7.

52Position de M. H. Rolin :

53

"La deuxième raison pour laquelle je supplie le gouvernement d’être prudent c’est que nous devons bien nous rendre compte qu’aucun état occidental n’a jusqu’ici considéré qu’il était possible de reconnaître actuellement l’indépendance du Katanga. Si la Belgique était la première à la reconnaître, nous nous trouverions pour la première fois dans une situation embarrassante, en raison de certaines déclarations imprudentes faites par quelques uns de nos officiers. Mais je reconnais qu’il ne faut pas contrecarrer l’attitude prise par l’Etat du Katanga.
"Les choses vont se développer ; le chaos qui se manifeste au Congo constitue pour M. Tshombe un argument précieux et explique le ralliement d’une partie de la province demeurée jusqu’ici rétive à son gouvernement.
"Comment évoluera le reste du Congo ? Se ressaisira-t-il ? L’absence de reconnaissance de l’Etat indépendant du Katanga ne nous interdit pas de continuer au gouvernement provincial de cette province l’assistance technique que nous étions prêts à accorder à tout le Congo.
"La difficulté n’est grande qu’au point de vue militaire. Je voudrais rappeler que, là comme ailleurs, la présence de nos troupes ne répond qu’à un seul but : la protection des vies humaines. Mais cette présence ne pourra durer que jusqu’au moment où ce danger aura disparu et où la Katanga pourra l’assurer seul. Que se passera-t-il si les forces des Nations-Unies demandent à nous remplacer ? ….
"M. Loridan, justifiant devant le Conseil de Sécurité la position prise par la Belgique, a déclaré que les forces belges évacueraient au fur et à mesure que les forces des Nations Unies seraient à même de les remplacer. Il n’a fait aucune réserve pour le Katanga.
"J’estime qu’une réserve de cette nature serait difficilement comprise actuellement dans les milieux internationaux. C’est pourquoi le Conseil Général de mon parti a voté une résolution rappelant l’appui du gouvernement belge à la décision prise par le Conseil de Sécurité, appui impliquant le remplacement des forces belges par les forces des Nations-Unies au fur et à mesure des possibilités pour l’ensemble du territoire congolais.
"Nous devons agir en conformité avec la décision du Conseil de Sécurité. C’est en vain que nous dirions que l’arrivée des troupes des Nations-Unies au Katanga constituerait une intervention dans les affaires intérieures de cette province. Si nous pouvons y être pour la protection des vies humaines sans intervenir dans ses affaires intérieures, il est normal que les troupes des Nations- Unies, qui ont les mêmes objectifs que les nôtres, doivent avoir les mêmes droits." [16]

54M. P. De Smet (P.S.C.) traduit bien l’évolution des esprits, dans la droite belge, depuis une semaine : il souhaite que l’indépendance du Katanga puisse être acquise et estime que "si l’ordre règne au Katanga, il n’y a pas de raisons pour que les troupes des Nations-Unies se rendent dans cette province."

55Nul doute que les décisions du Conseil de Sécurité et la suite éventuelle donnée à la menace de M. Lumumba de faire appel directement à l’U.R.S.S. ou à des pays afro-asiatiques vont rapidement peser sur l’attitude des belges à l’égard du Katanga. Il est dores et déjà certain que l’internationalisation accélérée du problème congolais empêche en fait le gouvernement belge de mener envers le Katanga la politique strictement bilatérale que souhaitent les libéraux et les conservateurs catholiques. Sans jouer au prophète, il semble que les chances de l’actuelle sécession katangaise soient fortement entamées. Si dans le passé, l’idée séparatiste a échoué par la fait qu’elle ne disposait pas d’appuis extérieurs suffisants (notamment en Belgique), elle risque de connaître un sort finalement analogue malgré l’incontestable zone de sympathie agissante qu’elle a cristallisé dans les milieux libéraux et conservateurs belges. C’est qu’entretemps, une pression qui hier eût fait pencher la balance à Bruxelles, ne suffit plus à l’heure où le Congo est affaire de l’O.N.U.. Le temps du bilatéralisme belgo-congolais est dépassé par les évènements et le Katanga indépendant n’a trouvé aucun soutien véritable au niveau des Nations Unies.

Annexe n° 1

LES ENTREPRISES ET GROUPES DOMINANTS AU KATANGA

56L’Union Minière du Haut-Katanga occupe une position dominante dans l’économie katangaise.

57Quelques chiffres suffisent à en donner une idée :

  • L’U.M.H.K., troisième producteur mondial de cuivre après les sociétés américaines Kennecott et Anaconda, a produit, en 1959, 280.403 tonnes de cuivre. Ce chiffre représente son propre record (le maximum précédemment atteint était de 247.452 tonnes et fut réalisé en 1956).
  • L’U.M.H.K. est le principal producteur de cobalt dans le monde et a produit, au cours du dernier exercice, 8.431 tonnes de ce métal, chiffre très supérieur à celui de 1958 : 6.501 tonnes mais encore inférieur aux chiffres atteints dans les années 54 - 55 - 56.

58Outre l’extraction du minerai de cuivre dans les concessions du Haut-Katanga et la métallurgie du cuivre et du cobalt, les activités de l’U.M.H.K. comprennent encore la métallurgie des autres métaux associés au cuivre (zinc, germanium, cadmium et métaux précieux) et l’extraction de minerai d’uranium-radium.

59L’U.M.H.K. employait au 31 décembre 1959 un personnel de 21.146 unités et l’effectif des cadres s’élevait à la même date à 2.212 agents. Rappelons que la province du Katanga comptait 136.379 salariés (C.H. du C.R.I.S.P. n° 55 du 4.3.1960 : Les problèmes du Katanga).

60La société a clôturé l’exercice 1959 avec un bénéfice de 3.535.599.030 frs.

61L’importance prise par l’Union Minière dans l’économie katangaise est encore plus considérable si l’on tient compte des nombreuses sociétés sur lesquelles elle exerce un contrôle et dans lesquelles elle détient une participation.

62Citons les principales parmi ces sociétés :

  • La Compagnie Foncière du Katanga (dont l’U.M.H.K. possède 246.238 parts sociales sur les 519.000 existantes) ;
  • La Société Générale des Forces Hydro-Electriques du Katanga SOGEFOR ;
  • La Société Générale Africaine d’Electricité SOGELEC ;
  • La Société Métallurgique du Katanga METALKAT ;
  • La Société Générale Industrielle et Chimique du Katanga SOGECHIM ;
  • Les Charbonnages de la Luena ;
  • Les Minoteries du Katanga ;
  • La Société de Recherche Minière du Sud-Katanga SUDKAT ;
  • La Société d’Exploitation des Mines du Sud-Katanga MINSUDKAT ;
  • La Société de Colonisation Belge au Katanga COBELKAT….

63Il est donc intéressant d’essayer d’établir qui contrôle l’Union Minière.

64Les seuls documents publiés sur lesquels on peut se baser sont les bilans des sociétés qui possèdent des titres de l’U.M.H.K. et qui publient le détail des titres qui composent leur portefeuille et également la liste des actionnaires présents ou représentés aux assemblées générales extraordinaires de la société.

65La dernière en date de ces assemblées eut lieu le 25 mai 1960. Elle avait notamment pour objet une augmentation du capital social, sans création de titres, pour le porter de huit milliards à dix milliards de francs congolais, par incorporation d’une somme de deux milliards de francs prélevée sur le fonds de prévision. Suite à l’opposition du Comité spécial du Katanga, cette augmentation de capital ne put pas être réalisée.

66Pour cette assemblée générale extraordinaire (qui faisait suite à l’assemblée annuelle statutaire tenue le même jour), avaient été déposés au total les titres suivants : 583.882 parts sociales entières, 22.612 dixièmes de parts sociales, 200.000 obligations nominatives de 100 frs et 3 certificats de vote donnant droit ensemble à 414.000 voix.

67Les organismes ou sociétés principalement représentés étaient dans l’ordre :

  • le Comité spécial du Katanga avec 315.675 parts sociales, 99.093 obligations et 248.400 voix en un certificat ;
  • la Tanganyika Concessions Limited" avec 179.760 parts sociales, 61.384 obligations et 134.016 voix en un certificat ;
  • La Société Générale de Belgique avec 57.685 parts sociales, 39.523 obligations et 31.584 voix en un certificat,
  • et la Compagnie du Katanga en 18.400 parts sociales et 1.000 dixièmes de part sociale.

68Cette répartition entre les quatre principaux actionnaires de l’Union Minière paraît assez constante, ces organismes et sociétés ayant déposé exactement le même nombre de titres à l’assemblée générale extraordinaire précédente le 23 novembre 1956.

69Cependant, comme il est toujours possible que des actionnaires détenant un nombre très important de titres s’abstiennent de se faire représenter aux assemblées générales, nous rapportons également une estimation établie par des experts qui se sont placés dans l’hypothèse de la disparition du Comité Spécial du Katanga.

70La répartition entre les principaux actionnaires serait alors la suivante : 21 % du capital social de l’Union Minière appartiendrait à la "Tanganyika Concessions Limited". La participation de la Société Générale de Belgique en tant que telle serait de l’ordre de 5 % mais, au total, l’ensemble des sociétés du groupe devrait détenir une participation d’une Importance sinon égale du moins comparable à celle de la Tanganyika. Enfin, dans l’hypothèse de la disparition du C.S.K., la Compagnie du Katanga détiendrait environ 10 % et l’Etat congolais 16 % du capital.

71La Compagnie du Katanga a elle-même pour actionnaire principal la Compagnie du Congo pour le commerce et l’industrie (qui est elle-même contrôlée directement par la Société Générale) mais le Congo Belge avait dans la Compagnie du Katanga une participation qui n’était que de peu inférieure à celle de la C.C.C.I.

72Enfin, il importe de remarquer que si la "Tanganyika Concessions Limited" est une société de droit anglais ayant son siège à Salisbury en Rhodésie du Sud, la diffusion des actions de cette société est suffisamment grande dans le public belge pour qu’on ne puisse sans introduire d’importantes réserves évoquer à son propos la possibilité d’un contrôle "étranger" sur l’Union Minière. Ces deux sociétés ont d’ailleurs en commun un certain nombre d’administrateurs, de nationalité britannique et de nationalité belge.

73D’autres groupes sont présents au Katanga : Ainsi la Société Minière du Bécéka (groupe de la Société Générale), qui contrôle la société Bécéka-Manganèse, la Compagnie du Congo pour le Commerce et l’Industrie (également du groupe de la Société Générale) qui est associée au contrôle de la Société Industrielle et Minière du Katanga SIMKAT qui contrôle à son tour la CIMENKAT et la TRABEKA (Entrep. de Travaux en Béton au Katanga). La CIMENKAT a une participation importante dans les Ciments Métallurgiques de Jadotville dont elle partage le contrôle avec l’Union Minière. Enfin, la Compagnie géologique et minière des ingénieurs et industriels belges GEOMINES dépendait principalement du C.S.K. et de l’U.M.H.K.

74Par ailleurs, il n’est pas sans intérêt de noter que les sociétés établies au Congo dans lesquelles des groupes américains ont pris ou envisagent de prendre des participations n’ont pas, contrairement aux assertions de M. Khrouchtchev, tous leurs intérêts concentrés au Katanga. En effet, les principales de ces participations sont, d’une part, celle prise à la fin de 1959 par la Bank of America dans la Société Congolaise de Banque "Socobanque", filiale de la Banque Lambert au Congo dont le siège principal est à Léopoldville et, d’autre part, la participation que le groupe Rockefeller envisage de prendre dans la Compagnie du Congo pour le Commerce et l’Industrie sous forme d’une augmentation du capital de cette société d’un montant nominal de 65 millions de frs à souscrire par la "Rockefeller Brothers Incorporation" [17]. La Société Congolaise de Banque et la Compagnie du Congo pour le Commerce et l’Industrie ont des intérêts non seulement au Katanga mais également dans toutes les autres provinces du Congo.

Annexe n° 2

LA DECLARATION DE M. TSHOMBE

75Voici le texte de la déclaration radiophonique par laquelle N. Thombe annoncé le 11.7.1960 l’indépendance du Katanga.

76

"La Belgique a accordé au Congo l’indépendance. Elle l’a fait conformément à sa promesse du 13 janvier 1959. Cette promesse et le message royal qui l’accompagne entendaient nous doter d’institutions démocratiques conformément aux stipulations de la Charte des Nations-Unies, qui s’engage au respect du droit de tous les peuples de disposer d’eux-mêmes ; elle entendait nous doter, non pas d’une copie servile des institutions démocratiques occidentales, mais d’un régime que les diverses régions composant le Congo choisiraient selon leur propre conception et les traditions qui leur sont chères.
"L’indépendance du Congo est un fait accompli depuis le 30 juin 1960.
"Que constatons-nous à présent ?
"Dans toute l’étendue du Congo et particulièrement au Katanga et dans la province de Léopoldville, nous voyons mettre en œuvre une tactique de désorganisation et de terreur, tactique que nous avons vu appliquer à de nombreuses reprises et dans combien de pays maintenant soumis à la dictature communiste.
"Après les élections faussées en certaines provinces qui ont donné la majorité à un seul parti, nombre d’électeurs n’ayant pas pu exprimer leur vote, un gouvernement central à majorité extrémiste a été constitué. A peine constitué, ce gouvernement s’est immiscé dans des matières qui ressortissent uniquement à la compétence des gouvernements provinciaux. C’est ainsi que le Premier Ministre du Congo désigna d’office et de sa seule autorité, les commissaires d’Etat délégués, dans les diverses provinces. Seule l’intervention du Sénat parvint à annuler cette manœuvre.
"Des troubles ont éclaté partout. Cette tactique de désorganisation et d’effritement de l’autorité est celle qui fut toujours appliquée par les propagandistes et par les tenants du seul parti communiste.
"Le résultat ne s’en fit pas attendre. Des soldats, dégagés de toute discipline, se livrent depuis le 5 juillet à des actes d’insubordination, de menaces, à des sévices dirigés principalement contre les populations européennes, à des perquisitions et à des arrestations illégales, à des pillages et à des meurtres enfin.
"Le but de ces manœuvres et leur préméditation sont prouvés à suffisance par les protestations répétées du Premier Ministre du Congo contre l’envoi par la Belgique de troupes belges destinées à protéger les biens et les vies humaines.
"Nous constatons que ce que veut l’actuel gouvernement central congolais, c’est uniquement la désintégration de tout l’appareil militaire et administratif, l’instauration d’un régime de terreur qui chasse nos collaborateurs belges. Il veut par cette méthode remplacer le plus rapidement possible les cadres détruits par des cadres qu’il semble avoir déjà recrutés parmi les ressortissants des pays d’obédience communiste …
"Le Katanga ne peut se plier à de telles menées. Le gouvernement katangais a été élu par une assemblée provinciale élue elle-même sur la base d’un programme d’ordre et de paix.
"Dans ces circonstances, et devant les menaces que ferait peser sur nous une plus longue soumission à l’arbitraire et à la volonté communiste du gouvernement central, le mouvement katangais a décidé de proclamer l’indépendance du Katanga.
"Cette indépendance est totale. Cependant, conscient de la nécessité impérieuse d’une collaboration économique avec la Belgique, le gouvernement du Katanga, auquel la Belgique pour protéger les vies humaines vient d’accorder l’assistance de ses propres troupes, demande à la Belgique de s’unir avec le Katanga en étroite communauté économique. Il lui demande de continuer son appui technique, financier et militaire.
"Il lui demande de l’aider à rétablir l’ordre et la sécurité publiques.
"Si la Belgique se refusait à remplir cet impérieux devoir et si elle refusait de reconnaître le Katanga comme un pays libre et indépendant, et son gouvernement comme le seul gouvernement légal, le Katanga fait appel au monde libre tout entier et demande à tous de lui reconnaître le droit qui est celui de tout son peuple de disposer de lui-même.
"Si c’est à la Belgique que nous nous adressons en une offre de collaboration économique, c’est surtout en signe de reconnaissance des bienfaits qu’elle nous a apportés.
"A tous les habitants du Katanga, sans distinction de race ou de couleur, nous demandons de se grouper autour de nous pour mener notre patrie et tous ses habitants à un progrès politique, social et économique et au mieux-être de tous.
"Nous sommes décidés à recevoir à bras ouverts tous ceux des autres régions du Congo qui sont décidés à travailler avec nous dans le même idéal d’ordre, de fraternité et de progrès.
"Que Dieu protège le Katanga indépendant".

Annexe n° 3

CONFERENCE DE PRESSE DU COMMANDANT WEBER (ESSOR DU CONGO n° 109 du 13 juillet 1960)

77

"Le Commandant Weber a tenu une nouvelle réunion informât ion, hier à 14 heures, pour faire le point de la situation, en présence d’un très grand nombre de personnes. Il a déclaré que tout était calme à Elisabethville, que Jadotville était entre les mains des forces militaires et qu’il en serait bientôt de même pour Kolwezi.
Interrogé au sujet des dix européens retenus comme otages à Jadotville, dont femmes et enfants, les uns dans un bureau B.C.K., les autres à la maison communale de Kilula, le Commandant Weber a déclaré qu’ils avaient été libérés.
Il déclara ensuite qu’il existait des preuves d’une guerre subversive. C’est ainsi que des ordres sont donnés par des postes secrets dont, semble-t-il, l’Ambassade soviétique à Léopoldville, se faisant passer pour des postes officiels. Des avions ont trois fois décollé et sont revenus chaque fois à Kamina, à la suite de la réception de faux ordres. D’autre part, la voix de hautes autorités est imitée par ces mêmes postes.
De fausses nouvelles sont propagées dans le même but pour semer la panique et la terreur. Le Commandant Weber est décidé à mettre fin à cet état de choses avec la plus grande énergie.
D’autre part, le Commandant Weber a fait un bref exposé de la nouvelle organisation de la province. Les affaires politiques restent du ressort exclusif du gouvernement katangais sous les ordres duquel la Commandant Weber travaille pour maintenir l’ordre et la sécurité. Il a pris comme Chef de Cabinet, M. Lebrun. Cinq départements ont été créés : Affaires militaires, Propagande, Ravitaillement, Réfugiés et Santé publique. Les différents chefs de ces départements doivent lui faire rapport dans les 24 heures, de l’organisation de leurs services respectifs.
Il a déclaré qu’il espérait reprendre tout le Katanga en mains dans le plus bref délai possible. Il eut des mots assez durs pour ceux qui avaient quitté leur poste de responsabilité. Il a enfin ajouté que le soi-disant général en chef de la Force Publique, Lundula Victor, était neutralisé. L’attitude très énergique du Commandant Weber a fait fort impression sur tous ceux qui se trouvaient dans la salle. Il semble avare de mots mais préférer l’action".

Annexe n° 4

LA PRESSE FINANCIERE BELGE ET LA SECESSION DU KATANGA

78Le mardi 12 juillet, L’Echo de la Bourse publie sans la commenter la déclaration de M. Tshombe annonçant l’indépendance du Katanga. La même déclaration est également citée sous la rubrique "Les faits du jour" sans que le journal prenne position. Mais il souligne par ailleurs la hausse sensible des principales valeurs katangaises à la bourse de ce jour.

79Le lendemain, 13 juillet, le même journal enregistre "le fléchissement des valeurs congolaises" et cite sans commentaires la déclaration de M. Eyskens relative au Katanga (Rubrique : "Les faits du jour"). Le numéro du même jour comporte pour la première fois une prise de position. Dans sa revue de presse intitulée "Notes et réflexions" et avant de faire écho aux positions favorables à l’indépendance du Katanga de plusieurs journaux catholiques (La Métropole, La libre Belgique, Le Rappel), L’Echo de la Bourse écrit :

80

"c’est … en leader katangais incontestable et incontesté qu’il (M. Tshombe) prend aujourd’hui position"
et commente comme suit la position du gouvernement :
"On connaît maintenant la position belge : wait and see. Dans une certaine mesure, cette position est logique, car tout n’est pas clair à Elisabethville. La décision de M. Tshombe est une décision de principe et, comme nous l’avons dit plus haut, celle-ci doit encore recevoir la sanction des députés provinciaux. Il est possible que devant les complications juridiques que soulève la décision, le Katanga attende encore pour s’appuyer éventuellement sur une incontestable liquéfaction du pouvoir central congolais pour faire prévaloir ses vues. Dans le cas contraire, c’est-à-dire s’il est finalement possible de renflouer le pouvoir central de Léo, il est prévisible que les modérés y auront davantage voix au chapitre après la faillite retentissante des extrémistes. Le Katanga n’en demande pas davantage …. ".

81A cette date (13.7), le rédacteur de L’Echo de la Bourse réserve donc l’avenir et accorde essentiellement à la politique menée par M. Tshombe une valeur d’exemple et de pression à l’égard du gouvernement central congolais.

82Ce même jour, L’Agence économique et financière prend plus nettement position. Après avoir condamné la formule unitaire qui fut préconisée pour le Congo indépendant (où des "éléments disparates … n’avaient pu vivre en communauté que grâce à une armature créée par la Belgique et maintenue par elle") et souligné "l’opposition des dirigeants des différentes ethnies à un gouvernement central hétéroclite et dirigé par des extrémistes dont les idées étaient incompréhensibles pour eux", l’Agefi écrit :

83

"Tout ce qui pourra être fait pour soutenir les gouvernements régionaux coiffant des unités homogènes désireuses de trouver dans leur indépendance les moyens de vivre de façon décente et de s’assurer le bien-être nécessaire doit l’être aujourd’hui pleinement par notre administration au-delà de toutes considérations juridiques".

84L’Agefi préconise donc une politique de soutien aux gouvernements régionaux du type de celui de M. Tshombe, sans chercher à la justifier en droit. (Le même jour, le journal commente les hausses des titres de la Société générale métallurgique de Hoboken et de la Société générale de Belgique qui "ont évolué en sympathie avec le raffermissement des Katangaises").

85Le jeudi 14 juillet, L’Echo de la Bourse signale que le calme revient au Katanga, où les Belges reviennent et où les mines de l’Union Minière ont repris leur activité, et continue à citer les positions favorables au gouvernement katangais exprimées par la presse catholique (La Métropole, La Gazette de Liège, La Libre Belgique).

86Le vendredi 15 juillet, le même journal (qui rend compte d’autre part de l’approbation donnée par l’Assemblée provinciale du Katanga à la décision du gouvernement de M. Tshombe), prend très nettement position à l’occasion d’une revue de presse :

87

"Un très net mouvement d’opinion se manifeste dans la presse belge en faveur d’une reconnaissance rapide de l’indépendance katangaise. Alors qu’au départ rares ôtaient les organes à soutenir M. Tshombe, on voit aujourd’hui plusieurs journaux affirmer – avec raison – que nous ne pouvons plus longtemps nous laisser ligoter par le mythe du Congo uni sous la férule d’un Lumumba. La décision qui vient d’intervenir à l’assemblée provinciale du Katanga et qui a été acquise par l’union des voix de la majorité et de l’opposition, le prochain élargissement du gouvernement katangais par l’inclusion de représentants de la Balubakat et la nomination du leader de ce parti au poste de vice-président du Conseil enlèvent la moindre excuse que pourrait encore avoir le gouvernement belge pour pratiquer une politique d’abstention."
"D’autre part, on a fort remarqué l’interdiction faite par M. Tshombe aux troupes de l’O.N.U. d’entrer au Katanga où, a-t-il souligné, l’ordre est parfaitement assuré par les troupes belges travaillant en étroite collaboration avec les forces locales de l’ordre. Illustration de ce retour à une vie normale : 370 tonnes de cuivre ont été produites mercredi".
"Devant pareille situation, devant les énormes preuves de bonne volonté données par les Katangais et leurs représentants, pouvons-nous hésiter plus longtemps ? Pouvons-nous continuer à refuser la main tendue ? Sera-t-il dit qu’on ne s’attire la considération de la Belgique qu’en lui crachant à la figure ? C’est cette politique que M. Lumumba pratique depuis qu’il s’est assis, grâce à nous, dans un fauteuil de Premier Ministre….".

88Suivent des citations d’articles de La Nouvelle Gazette, de La Dernière Heure et de La Libre Belgique favorables à la reconnaissance du gouvernement Tshombe.

89L’Agefi, dont les prises de position, si elles ont été dès l’abord très nettes, n’ont pas été nombreuses, commente ainsi, dans son numéro du lundi 18 juillet, les réactions de la bourse au cours de la semaine écoulée :

90

"La Bourse est restée pendant toute la semaine, sous le coup de l’émotion et de l’indignation qui se sont emparées de tous les Belges. Autant vaut dire que dans les tendances de la cote se sont sans doute trouvées exprimées peu de considérations se rapportant effectivement à ce que peuvent être, dans ces contingences nouvelles, les perspectives de l’économie congolaise.
"Tout au plus a-t-on constamment observé un régime de faveur pour les katangaises, réaction automatique assez normale sans doute."

91Le même jour, L’Echo de la Bourse cite le communiqué du gouvernement belge promettant la collaboration belge : "Une telle déclaration, écrit le journal, indique que la Belgique s’oriente nettement vers la reconnaissance de l’indépendance du Katanga, au moment où tous les partis et les chefs coutumiers de la riche province se regroupent autour du gouvernement de M. Tshombe."

92La position de L’Echo de la Bourse a donc évolué du 13 au 18 juillet : elle consistait au départ à souhaiter l’utilisation de la politique de M. Tshombe comme moyen de pression agissant dans un sens "modéré" sur le gouvernement central de la République du Congo. Le 18 juillet, cette position se réduit au voeu d’une reconnaissance pure et simple de l’indépendance du Katanga.

Notes

  • [1]
    Voir à ce sujet, Courrier Hebdomadaire n° 70 ou Courrier Africain n° 12, 1.7.1960, p. 8.
  • [2]
    Contrairement à la procédure de Léopoldville, où le gouvernement provincial demeura incomplet afin de laisser la place à l’Abako, dans l’hypothèse d’un accord ultérieur.
  • [3]
    L’expression est utilisée dans le memorandum de la Conakat d’octobre 1959.
  • [4]
    voir à ce sujet, le Courrier Hebdomadaire n° 55 ou le Courrier Africain n° 5, 4.3.1960, p. 5.
  • [5]
    Dans les milieux autorisés, on cite le nom de M. Schellings, ancien agent de la Sûreté pendant la guerre, actuellement propriétaire immobilier au Katanga.
  • [6]
    La Conakat se plaignait de la composition du gouvernement central et de la désignation de M. Sendwe, président de la Balubakat, comme commissaire d’Etat au Katanga.
  • [7]
    Ceci explique pourquoi le 12.7, la B.B.C. croyait pouvoir annoncer que M. Tshombe serait revenu sur sa décision. Le président de la Conakat précisait à ce moment que la préoccupation dominante était de rétablir l’ordre et la paix. Le 13.7 à Léopoldville, M. Vanden Bossche précisait que la Belgique avait toujours oeuvré dans le sens de l’unité congolaise.
  • [8]
    "Accusons gouvernement belge avoir minutieusement préparé sécession Katanga dans but garder main sur notre pays. Gouvernement appuyé par peuple congolais refuse être placé devant fait accompli résultant de conspiration tramée par impérialistes belges et petit groupe leaders katangais." Télégramme adressé au Secrétaire Général de l’O.N.U.
  • [9]
    Le 17-7, le colonel Champion sera nommé commandant en chef des troupes belges au Katanga, avec pouvoir de mobiliser tous les belges de 25 à 45 ans "pour maintenir les positions économiques et techniques au Katanga". Le Colonel se dit "au service du gouvernement du Katanga" tandis que le colonel Weber devient attaché militaire auprès du Premier Ministre.
  • [10]
    Le Katanga, le Kivu et le Kasal ne font plus partie de la République du Congo (Libre Belgique du 18.7.50).
  • [11]
    A deux reprises, la presse a annoncé que l’Assemblée katangaise avait ratifié à l’unanimité (y compris l’opposition Balubakat) la proclamation de l’indépendance, le 14-7 au soir et le 18-7.
  • [12]
    L’attitude des groupes financiers n’est pas monolithique. Les intérêts de la Cominière, par exemple, ne sont pas au Katanga et même au sein de la Société Générale à Bruxelles, il existe plus que des nuances entre les thèses des dirigeants.
  • [13]
    M. Tshombe a annoncé (déclaration à La Dernière Heure, le 18.7) qu’il allait élargir son gouvernement en offrant 4 portefeuilles dont la vice-présidence au cartel Balubakat (à MM. Ngoïe, Kapinga, Masungu, Kaela). Mais, M. Jason Sendwe, tous les parlementaires du cartel et 3 députés Conakat sont restés à Léopoldville. M. Sendwe ne paraît guère désireux de rentrer au Katanga. Il aurait déclaré à un rédacteur de Belga : "nous constatons en effet que ceux qui jusqu’ici sont partis là-bas ne reviennent pas" 19.7.60.
  • [14]
    Aucun fait politique sérieux ne corrobore cette affirmation. L’idée n’est pas neuve mais – nous l’avons dit – elle n’émane pas des congolais et ne jouit d’aucun appui autochtone véritable.
  • [15]
    The Economist du 16-7 : "une telle formule (union belgo-katangaise) conviendrait trop bien à la Société Générale pour être acceptable aux africains et pour être facilement approuvée par les amis européens de la Belgique."
    The Observer du 17-7 estime que "la Belgique perdra toute sympathie si elle fait la moindre chose pour encourager les sécessionnistes qui veulent un état indépendant du Katanga." Le journal conseille aux belges d’éviter de nouvelles aventures qui ne pourraient conduire qu’à de plus graves défaites.
  • [16]
    En réponse, M. Eyskens a nuancé sa position : il n’est pas en principe hostile à une présence des troupes de l’O.N.U. au Katanga mais à condition qu’elles agissent en premier lieu là où il y a des troubles et qu’elles ne viennent au Katanga qu’avec le souci de protéger les populations (et non pour intervenir "directement dans une affaire de politique intérieure") M. Rolin a marqué son accord complet à ce sujet.
    Mercredi 20 juillet, 22 heures.
  • [17]
    Le capital de la C.C.C.I. est actuellement de 750.000.000 frs. C.
Mis en ligne sur Cairn.info le 20/12/2014
https://doi.org/10.3917/cris.073.0001
Pour citer cet article
Distribution électronique Cairn.info pour CRISP © CRISP. Tous droits réservés pour tous pays. Il est interdit, sauf accord préalable et écrit de l’éditeur, de reproduire (notamment par photocopie) partiellement ou totalement le présent article, de le stocker dans une banque de données ou de le communiquer au public sous quelque forme et de quelque manière que ce soit.
keyboard_arrow_up
Chargement
Chargement en cours.
Veuillez patienter...