CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1Notre intention dans ce Courrier hebdomadaire est d’examiner les positions wallonnes et francophones à Bruxelles et à propos du problème de Bruxelles.

2Nous avions réparti les associations flamandes en sept rubriques :

  1. Associations d’action flamande proprement dite.
  2. Associations culturelles.
  3. Organisations de jeunesse et associations estudiantines.
  4. Associations à caractère professionnel.
  5. Associations religieuses.
  6. Associations régionales.
  7. Associations sportives.

3A première vue l’on serait tenté d’adopter une classification en tout point similaire pour la présente étude.

4Cependant certaines des rubriques de l’étude sur la vie flamande à Bruxelles qui comportaient un nombre plus ou moins élevé d’associations représentatives s’avéreraient indigentes sinon inexistantes dans le cas présent.

5Nous aurons d’ailleurs l’occasion de revenir sur ce phénomène dans nos conclusions.

6C’est pourquoi nous proposons la classification suivante en l’entourant des mêmes réserves que précédemment concernant le caractère forcément arbitraire de toute classification :

  1. Associations d’action wallonne ou francophone proprement dites.
  2. Associations culturelles.
  3. Associations régionales.
  4. Autres associations.

I – Associations d’action wallonne ou francophone proprement dites

7Comme le titre l’indique nous avons à examiner sous cette rubrique des associations dont le mobile est soit l’action wallonne, soit l’action francophone dans la région bruxelloise.

81. Front commun des groupements francophones ou wallons de Bruxelles qui se constitua en 1955 en groupant les 19 sociétés suivantes :

  1. Rassemblement bruxellois contre la tyrannie linguistique.
  2. Bloc de la liberté.
  3. Fondation Charles Plisnier.
  4. Association wallonne du Personnel des services publics (A.W.P.S.P.).
  5. Amicale socialiste des wallons de Bruxelles.
  6. Wallonie Libre (Fédération de Bruxelles).
  7. Ligue wallonne d’Etterbeek-Ixelles, Cinquantenaire et Nord-Est.
  8. Ligue wallonne de St Gilles.
  9. Ligue wallonne de Woluwé St Lambert.
  10. Ligue wallonne de la Woluwe à Auderghem.
  11. Avant-Garde wallonne.
  12. Cercle Verviétois de Bruxelles.
  13. Cercle wavrien de Bruxelles.
  14. Cercle gaumais de Bruxelles.
  15. Cercle athois de Bruxelles.
  16. Cercle Hontois de Bruxelles.
  17. Cercle Les Tournaisiens.
  18. Amicale des Cantons de Lessines-Flobecq.
  19. Les Galas du Folklore wallon.

9Le Front Commun fut constitué en vue de coordonner les efforts "pour lutter contre les manœuvres flamingantes visant la région bruxelloise" (cfr. Bulletin n° 5 de juillet 1955 du Rassemblement bruxellois contre la tyrannie linguistique).

10Selon ses promoteurs le Front Commun ne constitue ni un nouveau groupement, ni une fédération de groupements existants.

11Certaines des associations qui en font partie sont solidaires du Congrès National Wallon. Ce sont la Fondation Plisnier, l’A.W.P.S.P., l’amicale socialiste des wallons de Bruxelles, la Wallonie Libre, la Ligue wallonne d’Etterbeek, la Ligue wallonne de St Gilles et l’Avant-Garde wallonne. C’est à dire que ces associations se réclament du fédéralisme tandis que les associations purement francophones (Bloc de la liberté, etc…) se tiennent en principe à l’écart de cette revendication politique.

12Chacun des groupements conserve son caractère et son activité propres.

13Parmi les revendications immédiates du Front Commun figure notamment le fait que les communes de l’arrondissement de Bruxelles devaient, à leur demande pouvoir être incorporées dans l’agglomération bruxelloise à deux conditions :

  1. être limitrophes de l’"agglomération bruxelloise", actuelle ou future ;
  2. compter au moins 30 % de francophones.

14Cette revendication s’oppose nettement au point de vue défendu par les flamands qui veulent à tout prix empêcher l’extension de l’actuelle agglomération bruxelloise des 19 communes.

15Le Front Commun est incontestablement un groupe de pression.

16A la veille des élections législatives de 1958, le Front Commun fit parvenir aux différents candidats la lettre suivante :

17

Bruxelles, le 26.IV.1958.
"à Mr. X.
Candidat aux élections législatives de 1958.
Nous avons l’honneur de vous adresser, tant en notre nom qu’au nom du Rassemblement bruxellois contre la tyrannie linguistique et du Front Commun des dix-neuf groupements wallons de Bruxelles, un questionnaire auquel nous vous saurions gré de vouloir bien répondre le plus rapidement possible.
Un questionnaire identique a été envoyé à tous les candidats des trois grands partis dans l’arrondissement de Bruxelles.
Les réponses nous permettront de recommander aux suffrages des électeurs, ceux des candidats qui auront formellement donné leur adhésion à notre programme de liberté linguistique.
Nous attirons votre attention sur l’importance qu’attachent aux questions linguistiques les électeurs bruxellois et surtout la population francophone des communes périphériques toujours soumises au régime unilingue flamand.
Nous nous permettons d’insister pour que votre réponse nous parvienne d’urgence, vu les délais extrêmements courts dont nous disposons.
Veuillez, Monsieur, agréer l’expression de nos sentiments distingués.
Pour les trois Groupements :
Bloc de la Liberté Linguistique,
le Président,
E. TORDEUR.
157, avenue de Mai, Bruxelles 15.
N.B. Il ne sera tenu compte que des réponses individuelles.
Bloc de la Liberté Linguistique.
Rassemblement bruxellois contre la tyrannie linguistique,
Front Commun des dix-neuf groupements wallons de Bruxelles
AM…
CANDIDAT aux élections législatives de 1958.
Le principe de la liberté doit être respecté pour résoudre la question des langues dans l’agglomération bruxelloise et sa périphérie immédiate.
Dès lors :
QUESTIONNAIRE :
REPONSES :
AUTONOMIE COMMUNALE
1) Etes-vous partisan de l’autonomie communale en matière linguistique ?
2) Vous engagez-vous à en exiger le respect ?
ENSEIGNEMENT
Vous engagez-vous à défendre le droit, pour le chef de famille, de choisir la langue dans laquelle il entend que ses enfants soient instruits, les autorités scolaires étant tenues de prendre les mesure propres à assurer le respect de ce choix ?
ADMINISTRATION
1) Vous engagez-vous à rejeter tout projet de loi qui tendrait à renforcer la contrainte linguistique dans les services publics ?
2) Vous engagez-vous à réclamer dans les administrations centrales l’application du principe actuellement reconnu du bilinguisme des services et non celui des fonctionnaires ?
JUSTICE
Vous engagez-vous à revendiquer le rétablissement, dans l’arrondissement de Bruxelles, de la liberté linguistique en matière judiciaire ?
RECENSEMENTS
Vous engagez-vous à exiger le maintien des recensements linguistiques décennaux, leur publication et l’application de leurs résultats ?
COMMUNES LIMITROPHES
Vous engagez-vous à permettre aux communes limitrophes de l’agglomération bruxelloise comptant au moins 30 % de francophones de bénéficier, à la demande de leur conseil communal, du régime linguistique en vigueur dans la dite agglomération.
A renvoyer dans les 8 jours
Signature et adresse :
à Monsieur E. TORDEUR,
157, avenue de Mai,
Bruxelles 15.

18* * *

192. Le principal groupement d’action francophone proprement dit est constitué par l’Union de fait entre le "Bloc de la Liberté Linguistique" et le Rassemblement bruxellois contre la tyrannie linguistique.

20Le Bloc de la Liberté linguistique est le successeur de la "Ligue contre le Flamandisation de Bruxelles créée après 1932. Cette association qui publiait un Bulletin fut reçue en audience par le premier Ministre Renkin, après le vote des lois linguistiques de 1932.

21L’actuel président de cette association est M. Albert Bilquin qui préside également l’association wallonne d’Auderghem.

22Le rassemblement bruxellois contre la tyrannie linguistique fut fonde en 1953 après le vote par le Sénat du projet de loi Moyersoen, portant modification de la loi de 1932 sur l’emploi des langues en matière administrative.

23Ces deux organismes sont pratiquement fusionnés et après avoir publié pendant quelques années un bulletin trimestriel, ils publient actuellement un mensuel intitué "Le Pays de Bruxelles" sous la direction de Fernand Rigot.

24La presse quotidienne bruxelloise reprend souvent des extraits de ces publications en leur amenant ainsi une large publicité. [2]

25Les délégations de ces deux groupes sont habituellement présidées par M. Braun de ter Meeren, ancien bourgmestre de Sterrebeek.

26Les manifestations de ces organismes sont à la fois multiples et percutantes. C’est un véritable groupe de pression.

27Voici ce qu’il publiait dans son bulletin trimestriel de juin 1959 (Bulletin 17) :

28

"Nous attendons de tous les parlementaires wallons et bruxellois francophones qu’ils fassent résolument front devant les ennemis de la langue française.
Naguère, nous avons été obligés d’attaquer certains sénateurs et députés wallons et bruxellois qui, oublieux de leur devoir et par politique partisane, n’avaient pas hésité à apporter leur appui aux Flamingants.
Nous prévenons ceux d’entre eux qui seraient tentés de les imiter que notre riposte sera immédiate et sans pitié. Nous ne tolérerons pas la moindre trahison.
Par tracts et affiches, nous les traduirons devant l’opinion publique dans leurs fiefs électoraux.
Et nous recommencerons aux élections.
Les voila prévenus."

29Dans ce même bulletin, des précisions étaient données sur les résultats de certains sondages officieux en matière linguistique qui font apparaître dans les communes litigieuses une augmentation sérieuse du pourcentage des francophones.

tableau im1
en 1947 chiffres arrondis actuellement chiffres arrondis 1. Crainhem 47 % 64 % 2. Drogenbos 43 % 50 % 3. Wezembeek 30 % 44 % 4. Linkebeek 36 % 42 % 5. Weimnel 32 % 38 % 6. Dilbeek 27 % 35 % 7. Rhode St Genèse 25 % 35 % 8. Strombeek Bever 21 % 35 %

30Ces chiffres sont évidemment contestés par les Flamands.

31Parmi les autres activités de ces deux groupements, il faut citer notamment :

  • la publication d’affiches.
  • le lancement d’un tract "Appel aux Bruxellois".
  • une conférence de presse à l’occasion de l’indiscrétion relative à l’avant– projet de loi du Ministre Lefèbvre.
  • des lettres aux parlementaires lors de l’interpellation de M. Duvieusart le 26 mai 1959, etc…

323. L’"Avant-Garde wallonne"

33Cette association présidée par M. Christian Bilquin, fils du président du Bloc de la Liberté est comme son nom l’indique une organisation d’avant-garde au sein du mouvement wallon proprement dit.

34Programme de l’année 1960 tel qu’il est publié dans le numéro de décembre 1959 de "Wallonie Libre" sous le titre de "Manifestations traditionnelles".

  • dimanche 7 février : banquet annuel.
  • jeudi 26 mai : 3ème rendez-vous Franco-wallon aux Sources de l’Oise.
  • dimanche 19 juin (Ascension) : 33ème Rassemblement des wallons à Waterloo, au Monument de l’Aigle Blessé.
    • 20ème anniversaire de la Fondation de Wallonie Libre.
  • jeudi 14 juillet : Fête Nationale française.

354. L’Association Wallonne du Personnel des Services Publics (A.W.P.S.P.)

36Cette association de fonctionnaires wallons est extrêmement active et ses principaux dirigeants (MM. Colle, Urbain Missaire et Flamme notamment) effectuent fréquemment des démarches officielles en faveur des revendications d’ordre linguistique de leurs membres.

37L’organe de cette association porte d’ailleurs le titre de "Le Combat Wallon".

385. La Fédération de Bruxelles de Wallonie Libre joue également un rôle très actif dans la vie bruxelloise.

39"Wallonie Libre" qui fut fondée dans la clandestinité, le 18 juin 1940, a pour but essentiel la libération et l’autonomie de la Wallonie, aux points de vue politique, économique, social et intellectuel.

40Cette association publie un Mensuel de combat, intitulé également "Wallonie Libre".

41A la veille des élections communales de 1958, le Directoire de W.L. a rappelé qu’il ne présentait ni ne patronnait aucune liste, mais il invitait instamment les Wallons à ne voter que pour des candidats décidés à s’opposer par tous les moyens en leur pouvoir au vote du projet Héger sur l’adaptation des sièges parlementaires.

42La Fédération de Bruxelles de "Wallonie Libre" qui est présidée par M. Pauly et dont l’un des animateurs est l’ancien député socialiste de Bruxelles Marcel Grégoire, a été amenée à prendre à plusieurs reprises, au cours de ces derniers mois des positions opposées à celles de la direction du mouvement général.

43C’est ainsi que le Conseil Général de Wallonie Libre sous la présidence de M. Pâque, député de Liège vient de voter un ordre du jour réaffirmant sa volonté de mettre tout en œuvre pour obtenir la fixation de la frontière linguistique et ethnique entre la Flandre et la Wallonie.

44Le Conseil demande également la fixation des limites de l’Agglomération bruxelloise "qui doit cesser de s’aggrandir au détriment de la Wallonie et de la Flandre." [3]

45Il y a là une situation équivoque que la presse flamande ne manque pas d’exploiter.

466. Le Comité des Fêtes de la Wallonie à Bruxelles est placé sous la présidence de M. Urbain Missaire.

47Chaque année en septembre, un cortège défile dans les rues de Bruxelles et dépose des fleurs à différents monuments de la ville (statue de Charles Rogier, Soldat Inconnu, Cardinal Mercier, roi Albert, Gendebien, Roger de la Pasture (Van der Weyden) Gabrielle Petit, crypte de la Place des Martyrs).

48Un discours d’une personnalité wallonne est prononcé devant le monument de Charles Rogier et la soirée se termine par une manifestation d’hommage à la terre wallonne.

497. Des associations wallonnes locales existent dans plusieurs communes de l’agglomération et de la périphérie bruxelloise. Parmi elles citons :

  • Association wallonne d’Auderghem.
  • Ligne wallonne d’Etterbeek – Ixelles.
  • Cercle Royal Wallon de Laeken.
  • Ligne wallonne de St Gilles.
  • Amicale wallonne de Tervueren.
  • Royale Union Wallonne d’Uccle.
  • Cercle Royal Wallon de Watermael – Boitsfort.
  • Ligne Wallonne de Woluwé-St-Lambert.

508. Des associations francophones locales existent dans plusieurs communes de la périphérie. Parmi elles citons :

  • Le groupement culturel de la langue française de Tervueren.
  • Rassemblement pour la liberté linguistique de Wezembeek-Oppem.
  • Comité local du Bloc de la liberté à Leeuw St Pierre.
  • Comité de défense des Libertés linguistiques à Linkebeek.

II – Associations culturelles

511. Fondation Charles Plisnier.

52Cette association, fondée en 1955 sous la présidence de Charles Becquet, professeur de mathématiques dans un établissement d’enseignement moyen de la capitale, s’est manifestement inspirée de l’exemple de la Fondations Lodewijck de Raet avec laquelle elle entretient d’ailleurs des contacts suivis.

53La défense et l’illustration de l’ethnie française de Belgique, la reconnaissance du fait sociologique bruxellois, la défense du patrimoine wallon figurent parmi ses objectifs Le 11 octobre 1958, la Fondation Plisnier organisa un colloque à Bruxelles.

54Un sondage culturel avait précédé cette manifestation et le cinquième point du questionnaire était relatif à l’agglomération bruxelloise envisagée sous les angles scolaire,

administratif(régime des administrations communales).
et géographique(l’étendue de l’agglomération).

55Les résultats de ce sondage qui portait sur un nombre assez restreint de réponses ont fait l’objet de contestations mais nous croyons néanmoins opportun, étant donné la publicité qui leur a été faite dans certains commentaires de presse, de les donner en annexe à la présente étude. [4]

562. Association pour le progrès intellectuel et artistique de la Wallonie. (A.P.I.A.W.) a son Centre d’activité à Liège. Les manifestations de la section locale bruxelloise sont très sporadiques et ont pratiquement cessé depuis plusieurs années.

573. L’Institut Jules Destrée pour la défense et l’illustration de la Wallonie A.S.B.L. fondée le 3 décembre 1938 sous le titre de La Société historique pour la Défense et l’illustration de la Wallonie, vient de reprendre ses activités mais son centre d’action est fixé dans la région de Charleroi et rien ne permet de prévoir qu’il débordera sur le plan bruxellois.

III – Associations Régionales

58A l’instar des Flamands fixés dans la Capitale, les Wallons de Bruxelles, se groupent dans des Associations régionales dont l’importance varie considérablement, les unes déployant une activité très grande, tandis que d’autres sont en léthargie. L’Inter-clubs wallons réunit notamment les 16 associations régionales suivantes :

  1. Les Aclots de Bruxelles.
  2. Cercle Athois de Bruxelles.
  3. Cercle Royal Borain.
  4. Cercle Royal "Les Wallons du Bassin du Centre".
  5. Cercle Royal Gaumais.
  6. Amicale des Cantons de Lessines-Flobecq.
  7. Cercle liégeois "Wallonia".
  8. Cercle Malmédien de Bruxelles.
  9. Cercle Royal Montois.
  10. Cercle des Namurois de Bruxelles.
  11. Cercle Pérulwelzien de Bruxelles.
  12. Amicale St Hubertoise.
  13. Les Sonégiens de Bruxelles.
  14. Les Tournaisiens sont là.
  15. Cercle Royal Verviétois.
  16. Le Souvenir Wavrien.

IV – Autres Sociétés Wallonnes

591. Il convient tout abord de citer l’Inter-Clubs Wallons qui sous l’active présidence de M. Fernand Sambree groupe toute une série d’associations sillonnes :

  1. les 16 cercles régionaux dont il a été question plus haut.
  2. les sociétés d’action wallonne ci-après.

60

  1. Association wallonne d’Auderghem.
  2. Avant-Garde Wallonne.
  3. Ligue Wallonne d’Etterbeek-Ixelles.
  4. Cercle Royal Wallon de Laeken.
  5. Association Wallonne du Personnel des Services Publics.
  6. Ligue Wallonne de St Gilles.
  7. Amicale Wallonne de Tervueren.
  8. Association touristique de Wallonie.
  9. Royale Union Wallonne d’Uccle.
  10. Wallonie libre.
  11. Cercle Royal Wallon de Watermael-Boitsfort.
  12. Ligue Wallonne de Woluwe-St-Lambert.

61L’Inter-Clubs Wallons publie un agenda hebdomadaire qui outre l’activité de ses sociétés donne régulièrement la nomenclature des spectacles bruxellois auxquels les membres ordinaires peuvent assister à des prix réduits, ainsi que des propositions de voyages en groupes.

622. Les Galas du Folklore Wallon sous la présidence de M. Edouard Flamme organisent chaque année des soirées folkloriques en collaboration avec les différents cercles régionaux wallons.

633. L’Association Touristique de Wallonie (A.T.W.) qui publie un organe mensuel "Art et Tourisme" et qui organise des conférences peut être considérée comme la réplique wallonne du Vlaamse Toeristenbond (V.T.B.). Elle n’en a cependant pas l’importance étant donné que la plupart des Wallons et des Francophones de Bruxelles sont membres du "Touring Club de Belgique".

644. Le Cercle des Etudiants de l’Université de Bruxelles ne se différencie guère des autres associations estudiantines. C’est-à-dire que son activité plus ou moins dynamique est étroitement tributaire de la personnalité de ses dirigeants du moment.

65*.*.*

66Dans cette énumération, qui n’est pas exhaustive, il convient de ne pas omettre certaines associations qui, tout en n’étant pas d’action wallonne ou de combat francophone comme la plupart de celles que nous venons d’énumérer, jouissent cependant d’une considération plus ou moins grande dans les milieux wallons ou francophones engagés de la région bruxelloise.

67Les Amitiés françaises organisent sous la présidence de Mme. Sasserath de grandes conférences soit au Palais des Beaux Arts, soit au Palais des Congrès, soit au Conservatoire de Musique.

68L’Alliance française animée par M. Decroyère organise également des conférences dans diverses salles de la Capitale.

69Il en est de même des Amis de la Langue française dont le cycle de conférences au Palais des Beaux Arts constitue souvent un event de la vie bruxelloise (sous la présidence de N. Pierre Gosselin).

70Citons également l’Union Culturelle française (M. Lambiliotte) et last but not last le fameux "Cercle Gaulois" lequel jouxtant le Théâtre du Parc, constitue un des carrefours les plus fréquentés de la vie bruxelloise.

Conclusions

71La comparaison des activités flamandes et wallonnes à Bruxelles pourrait amener tout esprit non averti de la question à considérer que la vie flamande est beaucoup plus intense dans la Capitale.

72Or chacun sait qu’il n’en est rien. L’explication de cette apparente contradiction est très simple. C’est précisément parce que des Flamands ont estimé que la part faite à l’expression flamande dans la vie bruxelloise était trop faible et c’est pour essayer de réagir contre le phénomène de la francisation qu’au cours des dernières décennies avait pris une extension toujours croissante que les Flamands ont créé tout un réseau d’associations sur les plans les plus divers que ce soit sur le plan religieux, professionnel, estudiantin ou sportif.

73Pour des raisons aisées à comprendre les Wallons et les francophones n’ont pas jugé opportun d’agir dans le même sens étant donné que les nombreuses organisations et institutions existant sur ces divers plans à Bruxelles ne leur posaient aucun problème du point de vue linguistique.

74Parmi les différentes associations que nous avons passé en revue il en est bon nombre dont l’action linguistique proprement dite n’est pas l’élément déterminant. Ainsi en est-il notamment des associations à caractère professionnel, des associations religieuses, régionales ou sportives. A première vue ces différentes sociétés ne constitueraient pas des groupes de pression vis-à-vis de l’opinion publique et des mandataires publics. On peut considérer qu’il en est bien ainsi pendant les périodes de calme et de quiétude. Mais dès que l’on entre dans une période de crise linguistique, comme celle que la Belgique en général et Bruxelles en particulier, connaît depuis quelques années ces différents groupes que ce soit par la voie de la fédération ou par celle de manifestations communes se jettent de manière plus ou moins intensive dans le lutte aux côtés des organes d’action proprement dites. Dès lors l’on est en droit de dire que ces associations si elles ne sont pas fonctionnellement d’action le sont néanmoins potentiellement.

75Tant en ce qui concerne les associations d’action flamande qu’en ce qui concerne les associations d’action wallonnes ou francophones on n’est en présence que de groupes de pression relativement minoritaires par rapport à l’ensemble de la population de l’agglomération bruxelloise et de sa périphérie.

76Les doubles, triples voire multiples appartenances ne sont pas l’exception au sein de ces associations et le cumul des effectifs annoncés ou déclarés (ils le sont d’ailleurs très rarement) risquerait de donner une idée très exagérée de la réalité.

77Cependant il s’agit, nous avons eu l’occasion de le constater à plusieurs reprises, d’authentiques groupes de pression qui agissent de préférence sur les partis politiques, principalement par la voie des polls.

78La comparaison des programmes de revendication des groupements d’action flamande et wallonne démontre l’opposition formelle des deux tendances sur les principales questions qui se posent. On peut dire que les points de vue sont irréductibles.

79Dès lors ils tombe sous le sens que toute solution, ou toute tentative de solution, devra inévitablement prendre la forme d’un compromis entre les deux thèses radicalement opposées.

80Encore faudrait-il que ce compromis puisse être finalement accepté par les deux parties en cause.

81La presse de ces derniers jours s’est largement fait l’écho du compromis linguistique présenté et adopté au Congrès de Charleroi du P.S.C. les 5 et 6 mars dernier. Ce texte est-il un compromis finalement acceptable par les deux parties. Les avis à ce propos sont partagés.

ANNEXE 1

Prise de position des Associations flamandes

82Le 19 janvier 1959, le Premier Ministre reçut une délégation représentant 47 associations flamandes qui lui présentèrent leurs revendications :

  1. fixation définitive de la frontière linguistique et des limites de l’agglomération bruxelloise.
  2. Suppression du recensement linguistique.
  3. Remise du projet Moyersoen sur l’emploi des langues en matière administrative dans le circuit parlementaire moyennant quelques modifications inspirées par les conclusions du Centre Harmel.

ANNEXE 2

Ordre du jour des Wallons de Bruxelles – (cfr. "Wallonie Libre" juin 1959)

83

"Les groupements : Wallonie Libre – Ligues Wallonnes d’Etterbeek et de St Gilles – Association Wallonne du Personnel des Services Publics – Avantgarde Wallonne, etc…
Attirent l’attention de tous les démocrates de l’arrondissement et du pays sur l’incroyable projet prêté au Ministre de l’Intérieur visant à satisfaire aux pires exigences flamingantes, en modifiant les prescriptions de la loi de 1932 relatives aux effets des recensements linguistiques, aux droits des minorités et à l’autonomie des communes de l’agglomération bruxelloise.
Dénoncent la manœuvre qui va consister à ne pas présenter de projet gouvernemental, mais à remettre à l’ordre du jour la proposition Moyersoen plus radicale encore.
"Rappellent qu’il importe au contraire de reviser les lois de 1932 en ce qu’elles :
  • vinculent la liberté du père de famille de choisir la langue d’enseignement de ses enfants ;
  • imposent le néerlandais comme seconde langue dans une capitale qui veut devenir demain celle de l’Europe ;
  • imposent un nombre d’heures excessif de cette seconde langue au détriment de notre langue maternelle, le français ;
  • imposent au personnel enseignant des classes françaises la connaissance approfondie du néerlandais (de ce fait, la plupart des candidats francophones sont écartés et le français sera bientôt exclusivement enseigné à nos enfants par des instituteurs qui le parlent comme un basque l’espagnol).
Soulignent une fois de plus :
  • d’une part que tous les pédagogues réclament un horaire plus large pour la langue maternelle et condamnent l’étude prématurée d’une seconde langue ;
  • d’autre part, qu’il serait rationnel et simple :
  • de rendre le cours de seconde langue facultative à l’école primaire ;
  • de faire donner comme il convient par un instituteur spécialisé à cet effet et au besoin itinérant.
Adjurent les mandataires politiques responsables de résister enfin à cette nouvelle entreprise de flamandisation et aussi de bilinguisation outrancière aussi fausse qu’inutile, entreprise qui n’a d’autre but que de s’accaparer des emplois publics et des influences administratives.
Invitent l’opinion publique à lui manifester par tous moyens son hostilité et à suivre les mots d’ordre que ne manqueraient pas de donner tous les groupements qui ont à cœur d’y faire échec si le gouvernement ose présenter son projet au Parlement.
Appellent à eux tous les Wallons et fils de Wallons habitant l’agglomération sans distinction d’opinion politique ou philosophique et réclament le soutien des francophones bruxellois : tout démontre en effet que pour la défense de toutes les libertés, l’alliance des Wallons et de la grande majorité des bruxellois s’avère non seulement naturelle mais absolument impérieuse.
En ce qui concerne plus spécialement la prise de position qui s’impose face à l’agression flamingante à l’égard de Bruxelles :
Rappellent ci-après les grandes lignes de leur programme permanent :
"PROGRAMME CONSTANT DES GROUPEMENTS WALLONS
"I. – L’Agglomération bruxelloise
Elle ne peut être clichée.
Les communes de l’arrondissement de Bruxelles doivent pouvoir à leur demande, être incorporées dans l’agglomération bruxelloise sous deux conditions : être limitrophes de l’agglomération bruxelloise actuelle ou future, et compter 30 % au moins de francophones.
II. – Le Recensement
Le recensement linguistique doit être maintenu et publié sans retard. Il doit sortir tous ses effets automatiquement, conformément au désir et aux droits des populations habitant la périphérie de l’agglomération.
III. – Emploi des langues
La loi du 28.6.1932 sur l’emploi des langues en matière administrative doit être revisée.
Cette revision implique essentiellement :
  1. le maintien de l’article 2 accordant aux Conseils communaux le libre choix de la langue d’ordre intérieur ;
  2. la substitution au maximum possible dans tous les services en contact avec le public du bilinguisme de ces services au bilinguisme des individus de manière à permettre le recrutement unilingue du personnel (sauf par exemple pour la police) en deux rôles proportionnés aux besoins administratifs ;
  3. la division effective des administrations centrales en bureaux français et en bureaux néerlandais conformément aux prescriptions actuelles ;
  4. l’extension du même régime aux administrations dont l’activité s’étend à tous le pays (aérodrome national, I.N.R., etc…).
IV. – Autonomie culturelle et liberté du père de famille
L’autonomie culturelle nécessaire implique :
  1. la création de deux conseils culturels avec représentation équitable des francophones et des Wallons de la région bruxelloise au sein du conseil français ;
  2. le dédoublement complet des services du Ministère de l’Instruction publique ;
  3. la révision de la loi du 14.7.1952 en vue d’assurer :
    • la liberté entière du chef de famille ;
    • la suppression de toute déclaration linguistique à l’école gardienne ;
    • l’enseignement facultatif de la seconde langue à l’école primaire ;
    • l’instauration dans l’enseignement moyen d’un cours spécial de flamand pour les élèves qui n’auraient pas suivi ce cours à l’école primaire ;
    • l’unilinguisme du personnel enseignant, le cours de seconde langue étant donné par un spécialiste au besoin itinérant."

ANNEXE 3

Sondage Culturel de la Fondation Plisnier

84La Fondation lança trois mille questionnaires entre le 5 et le 20 septembre 1959 en Wallonie et à Bruxelles. Environ 300 réponses parvinrent dont près de 120 pour la région de Bruxelles.

85Le dépollement de ces réponses en ce qui concerne les problèmes bruxellois donne les résultats suivants : (W = Wallonie, Br = Bruxelles).

L’AGGLOMERATION BRUXELLOISE

A – Le régime scolaire

tableau im2
1. – instruction dans la langue réclamée par les parents W. 88 % oui – 12 non Br. 75 % oui – 19,1% non 2. seconde langue facultative W. 83,3 % oui – 15,3 % non Br. 62,5 oui – 30 % non
tableau im3
3. – l’enseignement de la 2de langue commence à l’école primaire en 1ère année W. 6 % oui – en 3ème année W. 10 % oui – Br. 13,4 % oui – en 5ème ou 6ème W. 71,3 % oui – Br. 67,5 % oui – (12,7 % d’abstentions en Wallonie, 13,4 à Bruxelles). 4. – des instituteurs spécialisés pour l’enseignement de la 2ème langue W. 96 % oui – 1,3 % non Br. 85,8 % oui – 8,3 % non 5. – la langue de l’enfant doit être celle que les parents ont apprise à l’école W. 24 % oui – 71,3 % non Br. 12,5 % oui – 81,6 % non 6. – choix de la langue pour les parents d’ethnie différente W. 98,6 % oui – Br. 96,6 % oui –

B – Les administrations communales

tableau im4
1. – Création d’un Grand Bruxelles W. 53,3 oui – 37,3 % non Br. 69,1 % oui – 21,8 % non 2. – choix de la langue dans les administrations communales W. 69,3 % oui – 24 % non Br. 75,8 % oui – 20 % non 3. nominations au prorata des tenants des deux ethnies W. 72 % oui – 21,3 % non Br. 57,5 % oui – 25,8 % non (16,7 % d’abstentions à Bruxelles) 4. bilinguisme des services W. 67,3 % oui – 26,6 % non Br. 60,8 % oui – 32,5 % non

C – Etendue de l’agglomération

tableau im5
1. – Clichage des limites actuelles W. 29,3 % oui – 54 % non Br. 41,1 % oui – 87,6 % non (16,6 % d’abstentions en Wallonie)
tableau im6
2. – Etendre l’agglomération suivant les résultats du recensement de 1960 W. 65,3 % oui – 17,3 % non Br. 80 % oui – 11,7 % non (17,4 % d’abstentions en Wallonie) 3. – Clichage des limites après application du recensement de 1960 W. 22 % oui – 62 % non Br. 28,3 % oui – 65 % non (15 % d’abstentions en Wallonie) 4. – une limite commune entre Bruxelles et la Wallonie W. 50 % oui – 28,6 % non Br. 65,1 % oui – 25 % non (21,4 % d’abstentions en Wallonie) 5. – Limite commune allant de Braine l’Alleud à La Hulpe W. 36 % oui – 36,6 % non Br. 20,3 % oui – 66,3 % non (27,4 % d’abstentions en Wallonie et 13,4 à Bruxelles)

Notes

  • [1]
    voir 1ère partie n° 52 – du 12 février 1960.
  • [2]
    cfr. "Le Soir" du 9 mars 1960, dans sa rubrique La petite gazette en première page sous le titre "L’offensive".
  • [3]
    cfr. "Le Soir" du 9 mars 1960.
  • [4]
    voir annexe 3.
Mis en ligne sur Cairn.info le 01/12/2014
https://doi.org/10.3917/cris.056.0001
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