CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1Nous avons consacré récemment une étude à la défense et à la représentation des intérêts économiques wallons (C.R.I.S.P., Courrier n? 34 du 2.10.1959) dans laquelle nous analysions le phénomène de croissance de groupements régionaux pour la promotion économique, et les tentatives de “canalisation” dans le cadre provincial ou par voie réglementaire nationale ainsi que l’interaction des phénomènes.

2Le processus s’est encore accéléré [1] tandis que, sur certains terrains — comme la reconversion boraine — se manifestait plus nettement la tension existant entre les différents départements et services gouvernementaux intéressés : Affaires Économiques, Travaux Publics, “mission” Urbain près le Premier Ministre, etc…

3D’autre part, nous signalions (p. 3) qu’on se préparait à définir “les régions et les zones qui pourront bénéficier des faveurs spéciales, prévues par la loi 163. Le Conseil de Cabinet du 2 octobre 1959 s’est penché sur ce problème et a retenu les zones suivantes (provoquant d’ailleurs des réactions immédiates dans les régions non-retenues) :

4en Flandre :

  • Hageland-Campine du Sud ; Gand-Eeclo ; Termonde-St Nicolas ; Furnes-Thielt-Bruges ; Courtrai ; Alost ; Ypres-Poperinghe ; Grammont et Renaix-Audenaerde.

5en Wallonie :

  • le Borinage ; le Centre ; la partie méridionale du Luxembourg ; la région de Verviers ; la zone de Huy [2] ; Ath-Tournai. [3]

6Les zones représentent à peu près 15 pour cent de la population belge et dans ce groupe, la proportion Flandre-Wallonie doit normalement se situer dans l’ordre des 60-40 pour cent.

7En vertu de la loi du 18.7.1959, ces zones pourront bénéficier :

  1. de crédits à taux réduits et avec garantie éventuelle par l’État (en faveur des entreprises existantes et dans les cas importants) ;
  2. de subventions directes mais plafonnées à 1 million pour la construction ou l’acquisition de bâtiments ;
  3. d’exonérations de contributions foncières pendant 5 ans ;
  4. de mise à la disposition de bâtiments industriels.

8Jusqu’à ce jour, seuls le Borinage et le Hageland avaient été désignés comme zones d’application de ces faveurs. Il ne manquera pas d’intérêt d’observer comment s’opérera la médiation entre les zones intéressées et les instances gouvernementales.

9En ce qui concerne la définition des régions de chômage structurel en vue de l’application de la loi sur le régime des plus-values (art. 2 par. 3.), le critère retenu pour la période allant jusqu’au 31.12.1962 est le suivant : “tous les arrondissements administratifs dans lesquels le pourcentage de chômeurs complets masculins par rapport à la population salariée masculine a été supérieur à la moyenne du Royaume, à la fois pendant le mois de mai 1953 et le mois de mai 1957”.

10Traduit en clair, ceci recouvre la Flandre Occidentale, moins Courtrai ; la Flandre Orientale, la province d’Anvers, l’arrondissement de Louvain et Tournai - Ath.

11Dans le Borinage.

12Tandis que le ministre poursuit avec diligence la mise en œuvre accélérée du programme d’assainissement qui ramènerait, dès la fin 1960, la production sur les quatre sièges de l’Heribus, de Vedette, d’Hautrage et de l’Espérance (plus un seul siège à Hensies), l’opinion s’interroge sur les chances de la reconversion.

13Au plan local, le pessimisme est grand au sujet des programmes de la mission Urbain mais dans les milieux gouvernementaux, on continue à affirmer que des projets concrets sont sur le point d’être mis en œuvre.

14Ces affirmations reposent probablement sur le projet de création d’une nouvelle brasserie Caulier, résultant de l’absorption de 5 brasseries qui serait implantée dans le zoning industriel au Nord de Ghlin. Cette brasserie s’engagerait à assurer un millier d’emplois. En échange, elle bénéficierait d’un crédit de 300 millions (sur un investissement total de 600 millions), avec intervention de l’État dans le taux d’intérêt, pendant dix ans. En outre, un prélèvement de 9,27 millions sur le Fonds d’Aide aux initiatives économiques régionales permettrait l’achat de 22 hectares de terrain.

15D’autre part, des négociations seraient en cours avec une firme (Parsons et Whittemore) pour la construction d’une usine de pâte à papier, assurant 360 emplois pour un investissement de 660 millions. Là aussi, des facilités de crédit à taux réduit seraient envisagées. On cite également un projet de création d’une usine à Hautrage.

16En ce qui concerne la fusion des charbonnages borains, aucune solution n’est acquise. Les créances envers les sociétés anciennes s’élèvent à 3.675 millions :

  • 1775 millions d’avances dites récupérables S.N.C.I., de crédits Marshall et de crédits de rééquipement.
  • 1900 millions de subsides à fonds perdus.

17Ce problème des créances fait encore obstacle à la fusion.

Notes

  • [1]
    Les discours des gouverneurs de province (Liège, Namur, Limbourg et Flandre Orientale) sont significatifs à cet égard.
  • [2]
    le communiqué officiel en fait mention alors que le projet soumis au Conseil de Cabinet excluait cette zone.
  • [3]
    L’exclusion de la province de Namur a immédiatement provoqué une réaction déçue de M. Gruslin, gouverneur de la province (Le Soir — 14 octobre 1959).
Mis en ligne sur Cairn.info le 19/12/2014
https://doi.org/10.3917/cris.036.0004
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