CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1Selon les estimations les plus sérieuses, le déficit du budget du Congo pour 1960 serait de l’ordre de 8,5 à 9,5 milliards dont — dans la meilleure hypothèse — trois devraient être assurés par la Belgique elle-même. Ce chiffre de 3 milliards constitue toutefois une mesure impropre du poids congolais sur le budget belge car l’obligation d’emprunter à l’étranger pour le Congo en apportant l’aval belge force le gouvernement à présenter un budget national susceptible de neutraliser la perte de crédit que la Belgique supporte depuis quelque temps et qui s’est manifestée, notamment, à la Banque Mondiale. Cette situation force M. Van Houtte à exiger des réductions de dépenses (spécialement à la Défense Nationale, à l’Instruction Publique où le budget enregistre une augmentation spectaculaire par mise en œuvre du pacte scolaire et aux Communications), à réclamer des ressources nouvelles par l’impôt direct et indirect (et ce, en dépit des “bonnes” résolutions de la commission P.S.C. — libérale dite du contentieux).

2Pour le Congo, deux créations sont prévues :

  1. Un Fonds d’Assistance belge, alimenté par le budget métropolitain pour lequel M. De Schrijver réclame un minimum de 2,5 milliards en 1960 ;
  2. Une Société dite de Développement, alimentée par des participations belgo-congolaises, puis par des crédits extérieurs. La contribution belge pour cette société serait de 1 milliard au départ. C’est dans ce cadre que se situerait le problème du portefeuille congolais pour la garantie d’emprunts.

3Outre cet effort financier pour le Congo, le gouvernement doit faire face à la situation très détériorée du Ruanda-Urundi.

4Pour ces territoires, le déficit prévu au budget ordinaire évoluerait comme suit pour les prochaines années : 275 millions en 1959 ; 410 en 1960 ; 500 en 1962 ; 670 en 1963 ; 720 en 1964 et 745 en 1965. Pour financer en outre le budget extraordinaire et le plan décennal (et c’est là une nécessité si on veut rencontrer le problème démographique et maintenir le niveau de vie actuel,) il faut pouvoir compter également sur quelque 400 millions chaque année. Ainsi, c’est donc 5 à 6 milliards qui sont requis pour les six années à venir. Pour 1960, M. De Schrijver a demandé à ses collègues une avance sans intérêts de 800 millions pour le Ruanda-Urundi.

5La solution de ces problèmes budgétaires exige à la fois la sauvegarde du crédit monétaire belge à l’étranger et la confiance dans l’avenir politique des territoires. Cette position de faiblesse budgétaire affaiblit inévitablement la position gouvernementale en face des pressions belges et extérieures relatives au Congo.

Mis en ligne sur Cairn.info le 19/12/2014
https://doi.org/10.3917/cris.036.0003
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