CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1 Intersexuation, intersexe, DSD, ambiguïté sexuelle, hermaphrodisme, autant de termes qui font exister différemment une condition anatomique souvent repérée à la naissance de l’enfant et qui ne permet pas de le situer d’emblée d’un côté ou de l’autre de la bipartition sexuée.

2 Si, depuis un consensus médical de 2006 (Hughes et al., 2006), la communauté scientifique, s’accorde pour définir l’intersexuation comme le désordre du développement des organes de la sexuation [1], les revendications de certaines autres associations, et l’OII [2] en particulier, défendent, quant à elles, l’idée d’une identité intersexe qui viendrait la décaler de la terminologie médicale de DSD qui, insistant sur le dysfonctionnement, l’introduit dans un paradigme pathologique.

3 La réalité de cette expérience vécue place, dès leur naissance, les bébés intersexués comme objet d’une prise en charge médicale. Or, outre le risque vital lié au symptôme de perte de sel rencontré dans certaines situations d’hyperplasie congénitale des glandes surrénales [3], les situations d’intersexuation et les étiologies à l’origine de celles-ci n’engagent aucunement le pronostic vital du nouveau-né [4]. Aussi, la situation d’un enfant dont la condition génitale ne permet pas de le déclarer d’emblée fille ou garçon ne se pose pas tant comme un problème de santé nécessitant une prise en charge médicale précoce que comme un objet que la médecine s’approprie.

LES ENJEUX DE LA REPRÉSENTATION MÉDICALE DE L’INTERSEXUATION : FILLE OU GARÇON ? IL FAUT TRANCHER

4 C’est dans l’idée d’essayer d’approcher les enjeux et représentations agissantes ici que nous avons entrepris un dialogue avec des équipes médicales et chirurgicales pratiquant dans différents centres hospitaliers français. Interrogés sur les modalités de la prise en charge précoce des bébés intersexués, ces médecins décrivent plusieurs étapes dont la succession ne s’inscrit pas nécessairement dans une logique déductive. Le premier temps débute avec l’arrivée au monde du bébé intersexué dont la condition est, encore aujourd’hui, souvent révélée à l’occasion de sa naissance. Face à cette impossibilité de reconnaître d’emblée et d’évidence le sexe du bébé, les médecins se mettent en quête de dévoiler ce que Dame Nature a si bien caché. Il s’agit alors, avec force recours à des investigations chromosomiques, endocriniennes ou encore anatomiques, de révéler la « réelle nature » du sexe du nouveau-né. Depuis le siècle des Lumières et la naturalisation de la différence des sexes, la détermination du « sexe véritable » (T. Laqueur, 1990) du sujet intersexué est rendue nécessaire pour répondre à une question de maintien de l’ordre social : préserver l’institution du mariage en le garantissant en tant qu’union entre deux personnes, un homme et une femme.

5 Il faudra attendre le début du XXème siècle et le chirurgien Louis Ombredanne pour que l’on assiste à une évolution de l’idéologie médicale inaugurant le passage du sexe « véritable » à ce qu’il nomme le sexe « praticable » (1939). Ce chirurgien préconise en effet que les traitements médicaux et chirurgicaux de l’intersexuation soient guidés pour faciliter l’activité sexuelle génitale du sujet (op. cit.).

6 Or, et en dehors de consensus sur la prise en charge précoce de ces bébés en France, il apparaît que ce qui guide souvent les médecins dans leur recherche de ce « sexe véritable » n’est pas tant à trouver dans les résultats de variables biologiques tenues pour déterminantes du sexe [5] que dans les possibilités dont disposent la médecine chirurgicale de construction d’un équipement anatomique performant.

7 Aujourd’hui encore, et peut-être plus qu’au début des prises en charge médicales de ces bébés [6], c’est en effet le pronostic concernant les possibilités coïtales qui joue souvent un rôle central dans la proposition médicale d’assignation discutée avec les parents. Or, les potentielles performances de l’organe sexuel sont surtout envisagées sous l’angle de relations hétérosexuelles d’une part, et avec intromission d’autre part. Un pénis doit bander, pas un clitoris ; un pénis doit pouvoir assumer une taille suffisante pour permettre la pénétration, pas un clitoris… Et un vagin doit pouvoir être pénétré.

8 On voit comment s’immiscent, dans des préoccupations concernant le futur épanouissement sexuel de ces petits patients qu’il ne s’agit pas ici de mettre en doute, des représentations d’un tout autre ordre et qui guident, à leur insu, les décisions et orientations du médecin. On peut d’ailleurs repérer l’impact de ces représentations dans les effets de l’évolution des techniques chirurgicales sur les décisions d’assignation. La chirurgie des corps caverneux [7] est une technique des plus complexes. Les récents progrès dans ce domaine ont permis un plus grand nombre d’assignations mâles de bébés intersexués qui, nés dans les années 60, se seraient vus assignés filles. Ainsi, on voit alors comment la main du chirurgien serait guidée par une représentation hétéronormée et normative des pratiques sexuelles et comment la logique du « sexe praticable » rabattrait la question de l’assignation sur celle de l’exercice de la sexualité génitale, et peut-être même la question de l’identité sexuelle sur celle de l’exercice de la sexualité. Ce mouvement relèverait-il d’une confusion, à moins qu’il ne s’agisse d’un glissement, entre le sexe, le genre et les pratiques sexuelles ?

9 Si, avec les associations militantes, nous soulevons l’hypothèse d’une entreprise de normalisation à l’œuvre dans la prise en charge médicale précoce des bébés intersexués, notre projet ici n’est pas de la dénoncer mais plutôt d’essayer d’envisager ce qui semble la rendre tellement nécessaire au point de presque l’invisibiliser.

10 Pour cela, il nous faut revenir au paradigme dans lequel on envisage d’inscrire l’intersexuation et dégager les enjeux et effets de cette inscription. Là où, nous l’avons vu, l’accrochage de la médecine à la naturalité de la bicatégorisation sexuée permet la pathologisation justifiant la prise en charge médico-chirurgicale précoce, pour ma part, l’expérience que j’ai pu avoir dans le cadre d’un travail de recherche mené au sein de l’unité d’endocrinologie et de gynécologie pédiatrique de l’hôpital Necker-Enfants malades [8] m’amène à me positionner du côté de ce qui fonde l’expérience intersexe : le doute éprouvé par l’entourage de l’enfant, quant à son appartenance sexuée.

11 Cette distinction, inscrite dans une perspective intersubjective, vient faire dépendre la condition intersexe de l’expérience de l’entourage de l’enfant et décale de la logique du diagnostic médical. La singularité de cette expérience se fonde sur le doute qui surgit dans la tête de l’autre quant à l’appartenance sexuée du sujet.

12 Pour Anne-Marie Rajon, pédiatre qui s’est intéressée aux répercussions de l’annonce d’une malformation chez l’enfant, les situations d’intersexuation provoquent un ébranlement à nul autre pareil car elle délite les capacités de penser. Le sexe ambigu du nouveau-né brouille les repères de l’identification. Le socle de la différence des sexes, qui aménage les théories sexuelles infantiles et toute la sexualité infantile s’ébranle. Ainsi, les aménagements psychiques concernant la différence des sexes imprégnant l’organisation œdipienne vacillent, les assises de la bisexualité psychique sont menacées (A. M. Rajon, 1998, p. 22).

13 L’intersexuation fait surgir les théories sexuelles infantiles refoulées, plongeant alors l’entourage dans un sentiment de Unheimlichkeit (S. Freud, 1919). Anne-Marie Rajon décrit, chez les parents pressés par la nécessité vitale de pouvoir entrer en relation avec leur enfant, la mise en place d’une conviction, véritable construction défensive pour faire face à l’insupportable doute, de l’appartenance sexuée du bébé. « La conviction nie le doute avec lequel elle forme une paire contrastée et indissociable » (P. Denis 1995, cité par A.M. Rajon, 1998, p. 24). Nous proposons ici de prolonger les conclusions de A.M. Rajon pour poser l’hypothèse que la posture médicale de rectification du sexe des bébés intersexuées pourrait s’inscrire dans ce même processus de construction défensive. À la conviction parentale répondrait la conviction médicale, construction tout aussi défensive face à l’ébranlement de tout l’échafaudage des théories sexuelle infantiles.

14 Bien que les résultats des analyses médicales et les possibilités de reconstructions chirurgicales amènent l’équipe médicale à proposer une assignation à l’appui des données objectives, le doute, tout à fait lié à ce qui constitue les théories sexuelles infantiles de la différence des sexes des médecins, s’immisce. Ainsi, cette endocrinologue témoignant du trouble qui est le sien pour parler à ses parents de leur petite fille, laquelle présente une insensibilité partielle aux hormones masculinisantes née avec une anatomie génitale proche du phénotype féminin avec un caryotype XY alors qu’elle sera tout à fait convaincue face à cette autre petite fille au caryotype XX, à l’anatomie très virilisée présentant une hyperplasie congénitale des glandes surrénales. La différence, et la porte d’entrée au doute, se situe, pour ce médecin, du côté du caryotype. Ce type de situations permet de révéler ce qui fait différence des sexes dans les représentations médicales. Ce que cette situation suggère aussi, c’est de s’interroger sur les effets de ce doute dans le dialogue relationnel et intersubjectif entre parents, médecins et bébé.

15 Comment ce doute, et surtout les théories convoquées pour y faire face, vont-ils être agissants dans la relation avec l’enfant ?

INTERSEXUATION ET ASSIGNATION DU GENRE : LA GENÈSE DE L’IDENTITÉ SEXUELLE

16 Nous avons déjà montré la pertinence de recourir au modèle laplanchien de l’assignation du genre pour penser la clinique de l’intersexuation (M. Jacquot, 2010). Ce dernier, en situant comme premiers les messages d’assignation du genre [9], invite à placer la dialectique intersubjective au cœur de la genèse de l’identité sexuelle. Nous avions alors soulevé l’hypothèse selon laquelle la condition d’intersexuation des nouveau-nés, et particulièrement dans sa dimension visuelle, provoquait chez l’entourage de l’enfant, un traumatisme propre à perturber les messages d’assignation de genre adressés à l’enfant.

17 C’est sous l’angle de cette hypothèse que nous proposons ici de nous pencher plus précisément sur les éléments recueillis dans le cadre de la recherche évoqués précédemment, menée auprès de femmes, nées entre le début des années 60 et le début des années 80 avec une configuration génitale intersexuée. Leur particularité réside en ce qu’elles étaient toutes pourvues d’un caryotype mâle, à savoir 46 XY et 8 parmi les 17 rencontrées ont d’abord été assignées garçon avant une réassignation qui a eu lieu entre l’âge de 3 mois et 2 ans.

18 Nous nous proposons ici de nous pencher plus précisément sur la fragilité, évoquée par chacune d’entre elles, de ce que nous avons appelé « leur sentiment d’être femme » au sens que L. Kreisler donne de l’identité sexuelle « le fait pour une personne de se reconnaître et d’être reconnue comme appartenant à une sexe » (1970). Si cette fragilité se met en scène à l’occasion de l’évocation de différents thèmes [10], elle est tout à fait centrale, voir organisatrice, de leur vie sexuelle. Si 6 d’entre elles déclarent ne jamais avoir eu de relations sexuelles, toutes témoignent de préoccupations majeures concernant l’apparence de leurs organes génitaux susceptibles de révéler qu’elles ne seraient pas de « véritables femmes ». Stéphanie : « je ne peux pas satisfaire pleinement mon compagnon sexuellement ». Parfois, peut-être plus que l’appréhension de la conformité de leur anatomie génitale avec ce qu’elles s’imaginent d’une certaine normalité, c’est la crainte que « cela se voit », la crainte de ne pouvoir supporter la comparaison avec « les autres femmes » (« j’avais peur qu’il voit les cicatrices, j’avais peur qu’il remarque que j’étais différente ») qui est mise en avant. Ailleurs, c’est une préoccupation concernant la fonctionnalité de leur anatomie génitale qui est avancée et qui vient colorer la vie sexuelle de ces femmes.

19 Elles cherchent alors dans le regard de l’autre, partenaire, les indices visibles de leur appartenance sexuée comme pour compenser le doute évoqué par Dominique « Je ne me sens pas femme […] je pense que ce qui m’a toujours fait peur c’est le fait de me dire qu’au plan plastique, c’est pas vraiment identique. L’idéal serait que ça ne se voit pas et que je sois convaincue de ça ». Mais tout se passe comme si ces tentatives désespérées de réassurance quant à la conformité de leur apparence extérieure ne parvenaient à réduire le doute fondateur qui semble leur barrer l’accès à la reconnaissance de leur appartenance à la communauté des femmes.

20 L. Kreisler (op.cit.), dans sa définition de l’identité sexuelle insiste sur le rôle majeur de la reconnaissance du sexe par autrui [11].

21 D. W. Winnicott nous rappelle qu’« un bébé tout seul ça n’existe pas ». Dès sa naissance, il est pris dans une spirale relationnelle avec ceux qui l’entourent et qui ont des représentations propres de ce qu’est être un homme et être une femme. Renvoyant à leur propre identité sexuelle, ces représentations influencent leur mode de relation au bébé, en fonction de son sexe. Aussi le bébé est-il pensé, manipulé, nourri différemment qu’il soit fille ou garçon. Si l’influence des représentations et fantasmes dans lesquels est pris le bébé est déterminante dans la genèse de l’identité sexuelle de l’enfant, ce n’est pas comme empreinte passive des sentiments, pensées, projections qui viennent de ses parents mais comme traduction par l’enfant de ce à quoi son entourage l’expose.

22 Cette traduction permet le travail d’appropriation subjective de toutes les influences sexuelles auxquelles est soumis le jeune enfant, c’est-à-dire de transformer l’assignation posée par l’extérieur en une identité sexuelle propre car subjectivée.

23 Dans cette perspective, il apparaît que le parent de même sexe jouera un rôle tout à fait particulier car, par la reconnaissance de l’identité de leur sexe, il inscrit son enfant dans une lignée du même.

24 Ce défaut de reconnaissance par leur mère trouve des indices dans le discours même de ces femmes. Elles évoquent en effet rarement leur mère. Il apparaît que leur doute quant à leur identité de femme est d’autant plus intense que la relation à leur mère est soit inexistante, soit difficile voire impossible. Pour deux d’entre elles, leur mère est décédée ; pour deux autres, elle a quitté le foyer familial durant leur enfance, et quatre n’ont que peu ou plus de liens avec elle. Pour chacune d’entre elles, aucune autre figure féminine n’a semblé pouvoir la suppléer.

25 L’histoire d’Éloïse est à ce sujet tout à fait éloquente. Elle est âgée de 28 ans au moment de notre rencontre et n’a pas eu de contact avec sa mère depuis plus de 5 ans bien qu’elles habitent à quelques centaines de mètres l’une de l’autre. Éloïse a une jeune sœur de 7 ans sa cadette. La première fois qu’elle évoque sa mère c’est pour faire part de sa défaillance « ma mère ne m’a pas élevée ». Elle rapporte que ses parents se sont séparés lorsqu’elle avait environ 7 ans, « c’est elle qui ne voulait pas rester à la maison », mais Éloïse peine à évoquer les raisons pour lesquelles sa mère est partie. Au moment du divorce, Éloïse rapporte « ma mère n’a pas fait le souhait de m’avoir ». Alors que sa sœur va vivre avec leur mère, Éloïse reste avec son père. Cette formulation étrange résonne avec ce que lui a raconté sa grand-mère maternelle de son histoire personnelle : « ma grand-mère m’a dit que j’étais pas désirée. Mes parents se sont connus dans de drôles de circonstances. […] Ma grand-mère était pas trop d’accord que sa fille ait un enfant à ce moment-là. J’étais pas trop voulue quand même ni de la part de ma grand-mère ni de ma mère ». L’exclusion de la lignée des femmes de la famille est prononcée par la figure grand-maternelle. La sentence sera suivie d’effet puisqu’Éloïse rend responsable de son intersexuation, sur le mode de la pensée magique, le manque de désir de sa mère à son égard : « Ce qui est bizarre c’est que ma sœur, je sais pas si elle a été désirée mais elle a pas eu de problème comme moi ».

26 Cette éviction de la filiation féminine, peut-être aussi renforcée par leur stérilité, est illustrée par le sentiment, partagé par plusieurs, d’étrangeté au monde, telle que le rapporte Karole : « Je suis super singulière. C’est dur d’être unique quand effectivement on est fille unique, quand on a un truc physique qui vous rend unique… on a l’impression d’être comme sur une île déserte, on se sent seule. Je me sens hyper seule dans ma singularité (…)… on m’a dit que j’étais pas comme les autres filles… (…) je voudrais être semblable ». Tout se passe comme si le défaut de reconnaissance par la mère privait la fille de son inscription dans la lignée des femmes de la famille.

FILIATION DU FÉMININ : DE LA NÉCESSAIRE RECONNAISSANCE DU SEXE ?

27 Afin d’appréhender les processus en jeu dans cette reconnaissance de « mêmeté » pour les femmes qui nous intéressent ici, nous nous proposons de nous pencher sur les processus de filiation du féminin qui, selon J. Schaeffer, conduisent à explorer « ce qui passe d’un corps et d’un psychisme d’une mère à sa fille, c’est-à-dire entre deux personnes de même sexe » (1997, p. 135-136).

28 J. Schaeffer (op. cit.) définit différents moments structuraux de la filiation du féminin entre mère et fille. Ceux-ci impliquent un subtil jeu d’identifications réciproques dans lequel l’identification de la propre anatomie de la mère à celle de sa fille joue un rôle déterminant. C’est de cette façon que la fillette sera très tôt ouverte à l’érogénéité de son vagin, reconnu en première instance par sa mère, sur le modèle du sien propre.

29 Rappelons que depuis leur plus jeune âge, le vagin et la vulve de ces femmes sont soumis aux auscultations, sections, sutures et autres dilatations. Aura-t-il été possible pour leur mère de reconnaître la différence du vagin de leur fille sur le modèle du leur lorsque celle-ci n’en possède pas d’emblée et que, précisément, il leur a été « construit » par la chirurgie ? S’agit-il là véritablement d’un vagin semblable au leur ? Excitable comme le leur ?

30 Nous pouvons supposer que la réalité visuelle de l’anomalie génitale perturbe considérablement les soins précoces ainsi que les fantasmes qui les accompagnent. La confrontation à l’intersexuation pourrait provoquer, chez la mère, un traumatisme psychique désorganisateur amplifié par l’effraction visuelle de ce sexe ambigu (M. A Rajon, 1998). Leur anatomie ne pourrait pas être reconnue comme zone érogène à endormir par la mère (J. Schaeffer, 1997), submergée par l’excitation inélaborable provoquée par la vue de ce corps.

31 Plusieurs femmes rapportent d’ailleurs des souvenirs particulièrement traumatiques des traitements médicaux à l’occasion desquels se manifestent des fantasmes de viol collectif avec une mère consentante, voire même parfois complice, comme Maëlle : « J’étais une petite fille de 3 ans, emmenée chez le gynéco, toute nue sur un drap en papier avec dans euh… des bougies de, comment ils appellent ça, des gants de pénétration, je suis en train de pleurer, ma mère qui me tient. »

32 Mais ce que ces femmes reprochent le plus à leur mère c’est bel et bien le manque de paroles à cet égard. Elles verbalisent leur désarroi face à ces mères manquantes dans leur transmission féminine : (Michèle) « je veux essayer aussi de renouer le contact avec maman, parce qu’on en est là ; je pense que c’est plutôt à ma mère de me dire. C’est plus une histoire de femmes qu’une histoire d’hommes. Je pense que c’est plutôt à elle de nous apprendre les choses de la vie ; c’est plus une affaire de femme » ou « quand je pose la question à ma mère, c’est une chape de béton, on n’en parle pas ; ça a toujours été. Dès que j’ai commencé à comprendre, j’ai essayé de tendre la perche mais il n’y a rien eu à faire. C’est tout de suite le mur et on en parle plus. C’est le gros tabou » ou encore Nabila « il y a un truc que je ne comprends pas car dans ces trucs là c’est la mère qui doit s’occuper de ça et je me pose sans cesse la question pourquoi c’est mon père qui s’en est occupé et pas elle ».

33 On pourrait entendre ici les traces d’une entrave majeure à la reconnaissance de l’identité de sexe par les mères de ces femmes qui bloquerait le processus de filiation.

34 Les indices d’une perturbation de la vie sexuelle de ces femmes pourraient traduire une perturbation de la sensibilité érogène de cette zone corporelle ce qui traduirait un raté de la genèse de l’érogénéïsation de la sphère génitale.

ASSIGNATION DU GENRE ET GENÈSE DU CORPS ÉROGÈNE

35 Nous proposons ici de mettre au travail cette hypothèse à partir de la théorie laplanchienne de l’assignation/traduction du genre, théorie dont avons précédemment souligné la pertinence pour penser la clinique de l’intersexuation. Il s’agit plus précisément de nous appuyer sur l’entreprise proposée par Christophe Dejours de l’introduction du corps dans ce modèle [12]. Ce dernier propose de penser l’ontogenèse du corps érotique sur le mode d’une subversion libidinale des fonctions biologiques au profit de l’économie érotique.

36 Sur le modèle traductif, cette subversion libidinale passe par le corps à corps entre l’adulte et l’enfant. Or, la rencontre avec le corps de l’enfant provoque la mobilisation, chez l’adulte, de fantasmes, représentations inconscientes et affects qui vont venir imprimer la relation. De l’autre côté, l’enfant reçoit jusque dans sa chair, les marques de l’inconscient de l’adulte.

37 Le corps à corps engagé entre l’adulte et l’enfant autour des soins corporels qu’il lui apporte suscite chez l’adulte des réactions variées en lien avec ses propres fantasmes inconscients. D’emblée l’engagement corporel de l’adulte dans cette relation précoce se module de l’échafaudage fantasmatique des relations entre les sexes, entre les genres.

38 Il peut arriver que ces jeux corporels suscitent chez l’adulte des affects qui le débordent si bien qu’il ne lui serait plus possible d’en supporter l’excitation. Il serait alors dans l’absolue nécessité de maîtriser la situation de corps à corps en la stoppant de façon plus ou moins brutale [13].

39 Cette situation peut créer chez l’enfant une excitation qui déborde complètement ses capacités traductives laissant ainsi une zone exclue du processus traductif et dès lors privée de sa potentialité érogène. L’architecture du corps érogène rend alors compte des aléas du dialogue corporel entre l’enfant et l’adulte.

40 C. Dejours (1995, 2001, 2002) propose que les zones exclues de ce processus traductif soient alors incapables de participer à « l’agir expressif [14] » du sujet lui-même. Or, la réalité de la rencontre à l’autre mobilise particulièrement le corps érotique dans cette dimension, et tout particulièrement la rencontre amoureuse et le corps à corps auquel elle amène. À cette occasion, c’est l’architecture du corps telle qu’elle s’est érigée dans la rencontre avec l’adulte qui est sollicitée. Les zones exclues de la subversion libidinale le sont aussi du commerce intersubjectif.

41 On peut dès lors s’interroger sur le destin de ces relations précoces, de ce corps à corps engagé dans le contexte des soins médicaux entre l’adulte et l’enfant intersexué. Si nous avons pu soutenir l’hypothèse selon laquelle les difficultés auxquelles ces femmes font face dans la genèse de leur identité sexuelle pouvaient s’entendre en résonnance d’une perturbation des messages d’assignation du genre, nous pouvons nous interroger sur les effets des soins et traitements médicaux et chirurgicaux sur une zone corporelle au cœur de la rencontre érotique.

42 Qu’est-ce qui s’adresse, ou justement ne s’adresse pas, dans l’agir médical et chirurgical sur le corps de cet enfant ? Si cet agir, et c’est notre hypothèse, est appelé comme défense pour répondre au trouble provoqué par l’intersexuation, qu’en est-il de sa capacité expressive ? Qu’est-ce qui passe alors du corps de l’adulte soignant, traitant, au corps de l’enfant ?

43 Nous avons repéré la prégnance des préoccupations des femmes de notre recherche concernant justement leurs relations sexuelles qui ne seraient pas pour elles l’occasion d’une réelle rencontre érotique. Certaines, souvent les plus jeunes, évitent les relations amoureuses en repoussant les avances comme Coralie : « j’ai eu deux ou trois propositions mais je les ai toujours repoussées parce que… je peux pas ». Le discours des femmes plus âgées révèle le lien entre cette impossibilité et une préoccupation autour de la fonctionnalité de leur anatomie génitale. Quelque chose vient ici se faire jour pour Sylvie « Il y a tout un cérémonial alors… j’ai peut-être pas rencontré les bonnes personnes mais bon, quand on essaie et qu’au bout de 2 ou 3 fois ça marche pas… Le dernier m’a dit : bon ben tu peux pas… tu peux pas quoi ! » ou Célia : « il m’a dit que j’avais un sexe différent des autres, que mes lèvres étaient bizarres, que je ne mouillais pas alors moi ca me donne pas envie de me lâcher non plus » pour justifier de l’impossible rencontre sexuelle.

44 Les préoccupations concernant la fonctionnalité de leur anatomie génitale trouvent une étonnante résonnance avec les représentations médicales de la visée des interventions chirurgicales précoces. Outre le fait qu’elles se montrent, dans l’ensemble, plutôt insatisfaites du résultat, elles témoignent de ce que leur sexualité est indéfectiblement liée à la question médicale. Si le constat de Philippa « Ça c’est passé comme le médecin avait dit » interroge quant à l’appropriation subjective de sa sexualité, Karole quant à elle est mobilisée de façon très différente par cette question « Moi la sexualité, la femme que je suis elle s’est fondée à l’hôpital, à coup d’examens cliniques. (…) Ma sexualité est pas complètement séparée du médical… et du regard… enfin le regard c’est mon regard, c’est pas le regard des autres ».

UNE CONQUÊTE PERPÉTUELLE DU CORPS ÉROGÈNE

45 Si nous évoquions plus haut le manque d’érogénéité de la sphère génitale de ces femmes, il nous faut préciser qu’elle n’est cependant pas totalement exclue de la dimension expressive, même si elle peine à être mobilisée dans le cadre de la rencontre érotique.

46 Les thématiques abordées par ces femmes concernant leur vie sexuelle révèlent, pour beaucoup, l’entrave à laquelle elles sont confrontées du côté de cette rencontre. Si on peut y voir les effets du traumatisme sur le contenu des messages d’assignation de genre reçu de l’entourage, leur discours révèle parfois une tentative d’appropriation, de traduction, de mise en sens. Plusieurs d’entre elles révèlent une attirance pour les femmes qui les interroge et les met au travail « Est-ce que c’est encore un truc que je vais chercher pour savoir qu’elle est pas comme moi ? » (Karole). Car de leur sexualité, ces femmes en parlent, cherchent, tentent d’organiser, de mettre du sens, jusqu’à y faire affleurer une richesse fantasmatique témoignant de l’intensité de leur activité traductive.

47 « En fait le problème, c’est délicat : c’est moi qui conduit le rapport. […] c’est une pratique gestuelle à avoir mais bon pour ça il faut pratiquer quoi (rires). C’est un problème assez délicat de devoir, donc lors de l’acte sexuel, de prendre en main le partenaire […] dans ma tête c’est vrai que j’ai pas fait le travail. […]Parce que c’est vrai qu’il y a toute une symbolique […]… je me représente comme une fleur qui ne veut pas éclore. » (Sylvie)

48 Ces remarques soulignent une fois de plus la complexité du processus d’assignation/traduction qui exclut la logique binaire en « tout ou rien ». L’intérêt pour nous d’un tel modèle réside justement dans son caractère dynamique et non déterministe des messages d’assignation reçus pour placer comme centrale la dynamique subjective traductive.

CONCLUSION

49 Interroger la clinique de l’intersexuation à la lumière de la théorie laplanchienne de l’assignation/traduction du genre permet d’éclairer autrement l’articulation de ses différents moments. Si couramment, le processus d’assignation du genre trouve comme point d’appui le constat visuel du sexe, les situations d’intersexuation révèlent que ce constat ne se pose peut-être pas comme une condition indispensable. La construction de la conviction parentale révélée par A.M. Rajon (1998) participe pleinement du processus d’assignation ; l’originalité de celle-ci réside en ce qu’elle éloigne, voire dégage, ce processus d’assignation de l’étayage anatomique. C’est alors l’aspect secondaire de cette construction dans le processus d’assignation du genre qui constituerait l’originalité de l’expérience intersexe.

50 Interroger la clinique de l’intersexuation à la lumière de la théorie laplanchienne de l’assignation/traduction du genre permet d’envisager les médecins impliqués dans la prise en charge de ces bébés du côté des assignants, donc eux-mêmes pris, comme l’ensemble de l’entourage, dans la dialectique de ces processus psychiques. La particularité du rôle de ces socii réside du côté de leur action sur le réel du corps de ces enfants. L’hypothèse que nous avons ici proposée invite alors à envisager l’acte médical dans cette dialectique de l’assignation du genre. Là où les parents mobilisent leurs ressources psychiques au profit d’une conviction parentale propre à engager le processus d’assignation du genre, l’acte chirurgical vient en réponse au doute surgi de la rencontre avec un corps qui brouille, à moins qu’il ne défie les représentations courantes de ce qui serait caractéristique d’un corps masculin et d’un corps féminin.

Notes

  • [1]
    Il s’agit là de notre traduction de l’acronyme DSD : disorder of sex developpment
  • [2]
    Organisation Internationale des Intersexes.
  • [3]
    L’HCS est un trouble endocrinien est provoque principalement, chez les bébés ayant un caryotype féminin XX, la virilisation de leur anatomie génitale.
  • [4]
    Soulignons que les organisations militantes et le corps médical s’accordent sur ce point.
  • [5]
    Netter identitifie : le sexe des organes génitaux externes, le sexe des conduits génitaux internes, le sexe de la glande génitale, le sexe psychologique, le sexe chromatinien et le sexe chromosomique.
  • [6]
    On peut faire remonter la systématisation des interventions chirurgicales précoces aux années 50. Ce type de prise en charge trouve principalement son origine dans les travaux d’un psychologue américain John Money (1955). Ce dernier, convaincu de l’importance de l’éducation dans le genèse et la stabilité de l’identité de genre de l’enfant, recommandait de procéder le plus tôt possible aux chirurgies dites de réassignation, de façon à ce que les parents ne soient pas trop perturbés, dans leurs interactions avec leur bébé, par un sexe qualifié alors d’ambigu, ce qui devait nuire à la conviction qu’ils pourraient avoir et mettre dans la « genration » de l’éducation prodiguée à leur enfant. C’est alors l’aspect cosmétique de la chirurgie qui est pris comme étalon de sa réussite.
  • [7]
    Les corps caverneux sont constitués de tissus érectiles qui se gorgent de sang pendant l’érection de la verge.
  • [8]
    Travail qui aura reçu le soutien de la fondation WYETH (actuelle Pfyzer). Pour les principaux résultats de cette recherche, voir Guéniche, Jacquot, et al., 2008.
  • [9]
    Il s’agit ici de messages énigmatiques au sens laplanchien du terme, c’est-à-dire des messages compromis, marqués de l’inconscient de l’adulte (J. Laplanche, 1986, 1987).
  • [10]
    Nous insistons ici à dessein sur le cadre dans lequel ce discours a été recueilli, qui n’est pas celui de la cure type, mais celui bien spécifique d’une recherche réalisée dans un cadre hospitalier. Ce dernier est à considérer dans sa dimension inductrice d’un certain discours et de certaines préoccupations qui auraient été certainement évoqués différemment dans un autre dispositif. Notre discussion et les liens avec la théorie proposés dans cette partie doivent bien sûr conserver toutes les réserves nécessaires.
  • [11]
    Pour mémoire rappelons qu’il définit l’identité sexuelle comme « le fait pour une personne de se reconnaître et d’être reconnue comme appartenant à un sexe » (1970b, 1990).
  • [12]
    Le cadre du présent article ne nous permet qu’une présentation parcellaire de la proposition de C. Dejours. Pour une approche plus complète, nous renvoyons le lecteur au concept de subversion libidinale (cf. C. Dejours 1986, 1989, 2001)
  • [13]
    La fuite de six mères de femmes de notre population de recherche trouverait-elle ici son origine ?
  • [14]
    Précisons que le sens est ce qui organise la rencontre avec l’autre, ce qui donne sa force à l’évènement (même somatique), et conduira à ce que cet évènement soit perçu par le sujet, car tout évènement est intersubjectif : « Un évènement sans sens ne fait pas évènement […]. Dans certains cas c’est l’impossibilité de construire le sens qui fait évènement. Mais la question du sens est préalable, pour que puisse advenir l’évènement du non-sens, ce qui est très différent d’un évènement objectif non soumis à la question du sens, car dans ce dernier il passe inaperçu dans le monde psychique, il n’atteint pas le sujet de l’inconscient, il est hors jeu » (Dejours, 1995, p. 67) » (I. Gernet, 2006).
Français

L’auteure propose d’interroger les effets de la prise en charge médicale précoce des bébés intersexués, et plus précisément ceux qui seront assignés fille, sur leur identité et vie sexuelles à l’âge adulte. Après avoir dégagé les enjeux du côté médical de la prise en charge en période périnatale, l’auteure propose d’envisager cette attitude comme une réponse défensive des médecins pour faire face à l’ébranlement des repères, pris pour fondateurs de la différence des sexes, provoqué par cette situation des plus singulières. C’est en s’appuyant sur le modèle laplanchien de l’assignation/traduction du genre, et de la conception du corps proposée par Christophe Dejours, que l’auteure envisage de penser les effets de cette prise en charge sur la genèse du corps érotique de ces bébés devenus femmes.

Mots-clés

  • Sexe
  • Nourrisson
  • Choix
  • Identité sexuée
  • Femme

Bibliographie

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Mélanie Jacquot
Maîtresse de Conférences en Psychologie clinique. EA 3071 SuLiSoM. Faculté de Psychologie. 12 rue Goethe. F - 67000 Strasbourg.
melanie.jacquot@unistra.fr
Mis en ligne sur Cairn.info le 23/08/2016
https://doi.org/10.3917/cpsy2.069.0099
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