CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1 En février 2012, la parabole grecque semble arriver à sa conclusion et à l’ouverture d’une phase nouvelle pour le pays mais aussi pour l’Europe.

2 En effet, à la Grèce est imposé un traitement comparable aux réparations de guerre décidées à Versailles en 1919 vis-à-vis de l’Allemagne, réparations que la population allemande ne pouvait payer. Rembourser la dette à travers une diminution drastique des dépenses publiques, des salaires, des revenus aboutit à l’effondrement de la société et élimine les conditions mêmes du remboursement. Keynes le comprit très vite et très bien et écrivit un célèbre petit livre d’analyse et de dénonciation, « Les conséquences économiques de la paix », qui a fait date.

3 L’Europe, qui a amené Papadémos au pouvoir en Grèce et Monti en Italie, est balayée par le même vent irrationnel qui la caractérisa pendant la période de l’entre-deux-guerres : La France et l’Angleterre voulaient que l’Allemagne paye (qui ne souvient de « L’Allemagne paiera ») et les États-Unis pressaient les Européens de rembourser les crédits de guerre accordés par Washington à ses alliés, poussant Londres et Paris à augmenter la pression sur l’Allemagne de Weimar. Il fallut attendre la fin de la Seconde Guerre mondiale et les décisions de la Conférence de Bretton Woods (en partie inspirées par Keynes) pour rompre le cercle vicieux.

L’échec complet de l’UE et l’hégémonie de l’Allemagne

4 C’est la même logique appliquée à l’obligation de paiement de la dette publique qui a amené au pouvoir Papadémos (et Monti), démontrant ainsi l’échec politique, moral et institutionnel complet de l’Union européenne. L’obstination monétaire du gouvernement Merkel ne correspond même pas à une stratégie rationnelle du capital allemand, elle reflète le mirage d’une sorte de déplacement de l’horizon de l’Allemagne vers un « espace vital » au-delà de l’Europe, vers la Chine et les autres pays émergents. Ce mirage, qui est celui des grandes industries et de l’actuel gouvernement, renforce l’idée de Berlin de ne plus avoir d’obligations vis-à-vis des différents pays européens et, par conséquent, de refuser de reconnaître que le poids d’une dette peut détruire l’économie de pays en difficulté. Au contraire, Berlin entend exiger que ces pays endettés respectent leurs obligations financières à l’égard de l’Allemagne. Et tant pis que la Grèce, maintenant dépouillée, ne puisse plus payer.

5 Le gouvernement grec vient donc de signer ce qu’a exigé l’Allemagne (avec l’aval français) et l’impossibilité de payer se manifestera par la paupérisation supplémentaire de la population littéralement épuisée avec l’écroulement, déjà sérieusement entamé, de la base imposable d’où doivent provenir les possibilités de remboursements, incluant bien sûr, les sommes dues à l’Europe et au FMI. En signant, la Grèce va tout droit vers la faillite de fait plutôt que formelle, mais avec toutes les implications négatives pour le système financier européen.

6 En réalité, nous sommes à un moment profondément politique qui correspond à la conclusion logique du processus de domination monétaire de l’Allemagne sur le Sud-Est de l’Europe et sur l’Europe toute entière. La monnaie commune elle-même est un camouflage du mark allemand [1]. Il ne s’agit pas de diaboliser les Allemands comme l’ont fait certains responsables politiques français, mais de critiquer un type particulier de domination bancaire et financière de l’Europe fondée sur le modèle allemand, anti-inflationniste, de capitalisme. Quelque chose que les Grecs ne peuvent tolérer et de profondément erroné pour les peuples européens, parce qu’il interdit toute politique keynésienne.

7 Peut-on imaginer qu’à la longue, les autres pays qui se trouvent plus ou moins dans la même position que la Grèce, puissent se soustraire à un sort analogue... à moins d’une révision radicale du « pacte de stabilité » ? Y-a-t-il encore un économiste sérieux qui pense que dans un contexte semblable, l’économie des pays du Sud de l’Europe puisse recommencer à croître ? Et puis de quelle croissance parle-t-on ? D’une croissance du PNB, c’est-à-dire comptable, pour satisfaire les sociétés de rating, entièrement contrôlées par les Big de la finance internationale [2]. Plus personne n’imagine, pour un avenir plus ou moins lointain, une nouvelle phase d’expansion, en tout cas pour la partie du monde qui nous concerne. Investissements et profits sont désormais découplés, disjoints, de l’emploi et de meilleures conditions de travail et de vie.

L’UE n’est plus un pôle d’attraction pour le Sud méditerranéen

8 Comment, dans ce contexte, auquel il faut ajouter le processus révolutionnaire que connaît au Sud le monde arabe, imaginer une politique méditerranéenne d’une Europe épuisée, ou plus exactement d’une Europe du Sud, méditerranéenne, victime d’une crise structurelle et non conjoncturelle ?

9 La révolte arabe oblige d’abord à faire un bilan sans concession de la politique de l’Europe à l’égard des pays arabes de la Méditerranée, avec lesquels elle a lancé l’ambitieux processus euro-méditerranéen à Barcelone en 1995, poursuivi et infléchi par la suite à travers quelques avatars jusqu’à l’actuelle « Union pour la Méditerranée ».

10 Pendant des décennies, l’UE a constitué un point de référence au niveau mondial, de l’Afrique à l’Amérique Latine, où précisément en ce moment se met en place un Marché Commun sur le modèle européen. Surtout, l’UE a constitué un vrai pôle d’attraction pour les pays du bassin de la Méditerranée. Nombre d’entre eux ont fait la queue pour entrer dans la grande famille européenne. Quelques-uns ont été accueillis – Malte, Chypre, Slovénie et tout récemment la Croatie – d’autres ont été mis en stand by en particulier dans la zone balkanique. À d’autres, on a promis mais on a demandé d’attendre... jusqu’à ce qu’ils perdent patience comme la Turquie. Pendant des années le gouvernement turc a attendu son entrée dans l’UE, a subi inspections et humiliations, il a cherché à se faire accueillir de toutes les manières, mais il n’y a pas réussi, notamment par la faute d’une Allemagne toujours plus intéressée au seul élargissement vers les pays de l’Est.

11 Aujourd’hui, la Turquie ne regarde plus vers Bruxelles, elle est devenue le pays leader du Sud-Est de la Méditerranée, le point de référence des pays du Maghreb comme du Machrek... Ainsi, plus aucun pays de la Méditerranée n’aspire à entrer dans une Union européenne soumise et sans réaction face aux attaques de la spéculation financière internationale (made in USA).

12 Quoiqu’il en soit, quoiqu’il en sorte de la crise actuelle, l’UE devra, avant de redéfinir sa politique méditerranéenne, se repenser d’abord elle-même si elle veut survivre. L’Union, fondée et gérée sur la doctrine néo-libérale, est un échec complet. Une autre Europe est-elle possible ? Une autre politique méditerranéenne est-elle envisageable ? Avant d’esquisser des orientations de réponses, il paraît nécessaire de se demander dans quelle mesure la politique précédente lancée par la Conférence de Barcelone a contribué à la détérioration de la situation des pays arabes partenaires et donc à l’actuel processus révolutionnaire qui les traverse.

La fin sans gloire du projet euro- méditerranéen

13 Dans le cadre d’une zone de libre échange devant inclure tous les pays méditerranéens vers 2010, l’Europe, à la Conférence de Barcelone en 1995, a fixé sa stratégie, en particulier vis-à-vis du Maghreb que l’on peut résumer ainsi :

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  • Coopération économique sous le signe du libre-échange avec des moyens financiers d’accompagnement pour atténuer les conséquences, sociales en particulier, de la restructuration industrielle.
  • Dialogue politique avec les gouvernements du Sud qui craignent essentiellement la déstabilisation sociale et politique.
  • Stratégie de containment face aux flux migratoires et aux risques d’extension du terrorisme, ce qui suppose une certaine capacité de contrôle stratégique de la Méditerranée occidentale et la recherche d’accords avec les gouvernements locaux.

15 De ce point de vue, la Conférence de Barcelone peut être vue comme une tentative de rééquilibrage géopolitique de l’Europe face aux États-Unis non invités à cette conférence. En même temps, à partir du Maghreb, mais aussi de l’Egypte, l’Europe reprend pied au Moyen-Orient, en termes de « partenariat » avec la Syrie et les Palestiniens en particulier, en insistant, face à Israël et aux États Unis, sur la nécessité d’appliquer le droit international. Tout en laissant aux États-Unis le monopole de la médiation pour le règlement du conflit israélo-palestinien.

16 Sur le plan économique, la méthode proposée – l’aide économique – par les gouvernements européens ne correspond pas seulement à une vision européenne du monde, elle trouve un répondant notable dans les intérêts des groupes dirigeants des pays « bénéficiaires ». Pour eux, un engagement centralement axé sur le plan économique représente l’idéal : il abonde d’abord leurs revenus et les libère de tout ce qui a une quelconque implication politique ou culturelle qu’ils vivent comme une ingérence ou un obstacle. Réduire la relation entre l’Europe et le Sud de la Méditerranée à une pure dimension de libre-échange, accompagné de mesures de sécurité de type militaire, représente donc, derrière les grandes paroles de circonstances, l’intérêt de tous les gouvernements despotiques de la région.

17 En fait, la logique multilatérale qu’on a voulu mettre en place n’empêchera pas le maintien prolongé de relations bilatérales qui accélèreront un processus de désintégration économique et d’exclusion sociale déjà entamé à la suite des plans d’ajustement structurel mis en place par le FMI.

18 Comme l’a dit pudiquement la Commission européenne, « à court terme le libre-échange va avoir des coûts en termes d’emplois ». En réalité, on sait bien que la « mise à niveau » du secteur industriel marocain et tunisien suppose la liquidation de 30 à 40 % des entreprises et des emplois correspondants.

19 Le choix politique du libre-échange va, à travers l’aggravation des inégalités locales, régionales et nationales, poser en termes directement politiques « la question sociale » à l’échelle de la Méditerranée et du monde arabo-musulman en particulier. La politique euro-méditerranéenne telle qu’elle est alors conçue n’avait aucun projet pour les millions de personnes qui seront exclues de la production et qui ne consommeront presque rien ; ce seront « les nouvelles classes dangereuses », celles qui précisément feront le printemps arabe...

20 Telle est la logique de guerre sociale portée par la mondialisation régionalisée en Méditerranée.

L’UE a voulu coopter « ses » Arabes

21 Dans le domaine politique, la Conférence de Barcelone avait initié un processus d’intégration des élites dirigeantes hantées par les risques de déstabilisation et qui n’entendaient manifestement pas affronter le mécontentement social et l’islamisme par des moyens politiques, c’est-à-dire par la démocratie et le respect des droits de l’Homme.

22 Or, la Déclaration de Barcelone avait un volet politique par lequel les participants s’engageaient à « développer l’état de droit et la démocratie dans leur système politique (…) et « à respecter les droits de l’Homme et les libertés fondamentales ».

23 On pouvait alors imaginer un certain « effet Helsinki » de cette Déclaration. En effet, les populations des régimes autoritaires des pays arabes signataires étaient en droit d’invoquer la contradiction entre le texte signé à Barcelone par leurs gouvernements et l’application qui en était faite sur place... Ce qu’ont fait par exemple des militants tunisiens des droits de l’Homme, sans guère de succès, les gouvernements européens ne respectant guère leurs propres paroles...

24 En fait, l’Europe, à Barcelone, à travers les gouvernements non démocratiques, avait voulu coopter « ses » Arabes, sans vraiment reconnaître les peuples dans leur identité, leurs besoins, leurs aspirations profondes. Elle prolongeait une sorte de fonction néo-coloniale de contrôle de sa périphérie avec la complicité des régimes despotiques locaux.

25 Le terme même d’Euro-méditerranée pour définir la politique de l’Europe dans la région méditerranéenne réunit deux concepts géopolitiques, l’Europe, la Méditerranée, qui occultent la réalité de l’espace géopolitique arabe. L’Europe ne peut échapper au soupçon de n’avoir eu comme projet que celui de restructurer ses rapports économiques bilatéraux avec une partie seulement du monde arabe caractérisé par le critère européen de « Méditerranée ».

26 Avec la Conférence de Barcelone, l’Europe s’était lancée à elle-même un défi, véritablement historique, celui de son rapport avec un monde arabo-musulman en pleine crise. En se contentant de prolonger une logique de soutien quasi inconditionnel aux régimes alors en place, l’Europe risquait de se trouver entraînée dans une logique de confrontation avec les sociétés d’un monde arabe disloqué et au bout du désespoir. C’est ce qui a failli se passer entre la France et la Tunisie en décembre 2010. La politique euro-méditerranéenne avait alors rendu l’âme...

Une nécessaire alternative pour l’Europe et la Méditerranée

27 La situation en Europe du Sud est au bord de l’explosion sociale, mettant à l’ordre du jour à la fois la question sociale – longtemps cachée comme la poussière sale sous un tapis usé – et la question écologique, même si celle-ci est moins immédiatement visible mais qui n’en est pas moins dramatique.

28 Peut-être y aura-t-il un tournant radical, avant tout face à la globalisation financière et économique, ce qui signifierait des taxes sur les transactions financières, des mesures contre les investissements spéculatifs ainsi qu’une séparation entre banques de crédit et banques d’investissement. Mais cela signifierait aussi la création d’un nouveau marché commun fondé sur les règles du fair trade et sur la conversion écologique de l’économie. Cela signifierait, enfin, entamer un processus de dé-globalisation qui mette les sociétés à l’abri des pleins pouvoirs de la finance (pas seulement spéculative) et en même temps refonder un grand marché commun qui garantisse « la souveraineté » monétaire, alimentaire et énergétique. À quoi s’ajouterait le processus de conversion écologique du système de production et des modèles de consommation, du fait en particulier de la gravité pour la région méditerranéenne du réchauffement climatique et de ses conséquences. Tels devraient être les axes qui caractériseraient une nouvelle politique extérieure de l’Europe et d’un nouveau marché commun qui ne pourra pas ne pas s’élargir au bassin de la Méditerranée, en incluant également la libre circulation des personnes.

29 Déjà les Pigs (Portugal, Italie, Grèce, Espagne) devraient s’allier contre la solution autoritaire de l’Allemagne et s’unir dans cette nouvelle perspective, non seulement pour s’opposer à une politique de sacrifices inutiles qui les condamnerait à l’appauvrissement, mais pour construire une grande région – une méso-région – euro-méditerranéenne d’environ un milliard d’habitants, capable de mener une politique commune de dé-globalisation qui lui permette de s’assurer la « souveraineté » dans des secteurs stratégiques pour la survie future de nos sociétés.

30 Il est peu probable que l’Allemagne se situe dans cette perspective, alors que la France aurait du mal à ne pas se situer dans ce nouveau cadre euro-méditerranéen.

31 Il s’agit d’une perspective de refondation des bases matérielles et politiques du lien Europe – monde arabe qui peut apparaître utopique car nécessitant un changement radical des fondements de l’UE. Seule une intense mobilisation sociale et politique affrontant les problèmes de fond tels que le rôle de la BCE, les structures du marché commun, la conversion écologique, peut permettre la construction d’une vision de la Méditerranée future comme entité géopolitique et géoéconomique à refonder. L’Europe ne peut avoir regardé avec sympathie le « printemps arabe » pour ne plus s’en souvenir quand il s’agit de changer le modèle européen en crise générale et qu’elle est devenue une institution-forteresse faible avec les nouvelles puissances émergentes (les BRICS) et forte avec les migrants qu’elle enterre dans la Méditerranée.

32 C’est la Vieille Europe dont nous devons nous libérer et pour le faire, nous avons besoin d’un grand projet commun avec nos « cousins » de l’autre rive. Déjà les « indignés » des deux côtés de la Méditerranée ont ouvert la voie. La nécessaire inversion de paradigme [3] commence là. ?

Notes

  • [1]
    Pour comprendre la gestion allemande de l’actuelle crise dite « des dettes souveraines », il faut se rappeler que si l’euro existe aujourd’hui, c’est parce que en 1990 François Mitterrand l’a posé comme condition pour consentir à la réunification allemande : l’euro est de fait la dernière expression de l’ordre mondial issu de la Deuxième Guerre mondiale. Une Allemagne unie et décrochée de l’Europe était trop puissante et trop dangereuse pour ses voisins. Le président français pensait donc l’emprisonner dans une solidarité européenne forcée dans la camisole de force de la monnaie commune. Aujourd’hui cet euro se retourne contre ceux qui le lui avaient imposé et de camisole de force elle devient l’arme de pointe de son arsenal économico-financier. Avec leur force dans l’euro, les dirigeants allemands entendent faire comprendre à la France que le duopole franco-allemand dans la zone euro est en réalité un monopole germanique, bouleversant les équilibres géopolitiques antérieurs avec leurs conséquences sur la politique méditerranéenne de l’Europe. Il ne faut pas oublier que dans les années 90, l’Allemagne a poussé à l’élargissement à l’Est de l’Union européenne pour se créer une sorte d’hinterland pour équilibrer une Europe trop tournée vers l’Ouest et vers le Sud...
  • [2]
    Le débat sur le retour de la croissance, impératif catégorique de tout l’establishment économique, politique et, souvent, syndical, de l’Europe, mais aussi du reste du monde, a de quoi laisser perplexe. Ce débat s’appuie sur la conviction, contre toute évidence, que le marché, et seulement le marché, peut nous régler les problèmes qu’il a lui-même créés. Et que pour nous en sortir, il faut relancer la croissance... c’est-à-dire espérer – et quoi d’autre, sinon ? – une augmentation du PNB telle qu’elle permette de générer des entrées suffisantes pour payer les intérêts et rembourser petit-à-petit une partie consistante de la dette publique. Et, dans l’attente de ce miracle, la solution gagnante est la réduction drastique des dépenses publiques : retraites, santé, école, transport public, emploi public, l’apport social des municipalités, les salaires et les revenus. Ainsi, au lieu de croître l’économie chute en vrille dans une spirale qui mène tout droit à la faillite non seulement des finances publiques, mais aussi du système productif, de la vie civile, de l’environnement. Là encore, la parabole de la Grèce enseigne : tout le monde sait – mais peu le disent – que son économie sera incapable de se relancer d’ici à des décennies. Et des autres pays, comme l’Italie, sont sur le même chemin et aucun pays de la zone euro n’est à l’abri. Le libéralisme économique se dévoile comme une version extrême de la pataphysique, cette discipline que son inventeur, Alfred Jarry, avait dénommé « science des solutions imaginaires ».
  • [3]
    Jean-Yves Moisseron, « Après les révolutions arabes : changer de paradigme dans le partenariat euro-méditerranéen », Confluences-Méditerranée n° 77, printemps 2011. Approche géopolitique stimulante.
Français

Les politiques imposées par la troïka (FMI, UE et BCE) détruisent la société grecque et aggravent les problèmes économiques et sociaux des pays de l’Europe du Sud. Même si ces politiques seront appliquées, la dette ne sera pas soutenable. La Grèce semble devenir un laboratoire où seraient expérimentées des politiques qui seraient appliquées dans d’autres pays. En tout état de cause, l’écroulement possible ou probable de l’économie grecque risque d’alimenter un climat négatif dans le reste de l’Europe.
Une spirale de krach semble s’installer en Europe. Cette situation ne peut être découplée de ce qui se passe sur la rive Sud de la Méditerranée et qui renvoie à la politique méditerranéenne de l’Union européenne et à ses responsabilités dans sa politique de constitution d’une zone de libre échange dans le bassin méditerranéen.
Si l’Europe ne veut pas être marginalisée, elle doit contribuer à la construction, avec les peuples arabes, d’une sorte de méso-région méditerranéenne entamant une politique commune de dé-globalisation qui lui permette de s’assurer la « souveraineté » dans des secteurs stratégiques pour la survie des sociétés concernées... Même si l’Allemagne hésitera...
Tout ceci se passe dans un contexte de transformation du statut international de plusieurs grandes puissances et de confrontation monétaire impliquant l’euro, le dollar, le yuan, le yen et la nouvelle valeur unifiée des pays du Golfe.

Mis en ligne sur Cairn.info le 04/04/2012
https://doi.org/10.3917/come.080.0133
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