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Crises silencieuses : les ruses du crime...

1 Certains phénomènes sociaux majeurs naissent, se développent et s’installent sans crier gare, dans l’indifférence du plus grand nombre. Leurs manifestations sont perçues et commentées, parfois régulièrement, mais leur signification profonde, leur dimension réelle demeurent invisibles. Pourquoi ? Leur clarté nous éblouit et nous aveugle. L’écrivain Edgar A. Poe et à sa suite les philosophes Jacques Lacan et Clément Rosset ont suffisamment écrit sur « l’invisibilité du visible » pour que n’y revenions pas plus longuement [1]. Les phénomènes criminels profitent aisément de cette ruse de l’esprit dans le monde chaotique post-guerre froide.

2 Au delà des ruses de l’aveuglement, une des raisons de l’échec de la perception d’un phénomène tient à ce que souvent une tendance lourde est masquée par des fluctuations. Les psychologues et les sociologues parlent ainsi de « normalité rampante ». La question criminelle est un terrain particulièrement favorable pour ce type d’illusion. Un fait-divers chasse l’autre et le bruit médiatique empêche de distinguer l’anodin de l’essentiel. Nous percevons ces « affaires » criminelles pour des évènements isolés et non symptomatiques, alors même qu’elles masquent des réalités pérennes et enracinées. Des fluctuations bruyantes – les « faits-divers » – nous dissimulent une tendance lente et essentielle : en l’occurrence la criminalisation croissante de pans entiers de la vie étatique et des sociétés civiles.

3 Il est vrai qu’une détérioration continue et lente peut ne pas toujours être perçue car noyée dans un tumulte ambiant. Et de manière paradoxale, le fait divers choquant est facilement analysé comme singulier, isolé, voire folklorique, en raison même de sa dimension extraordinaire, au sens premier du terme, et non pour ce qu’il est : un fait révélateur faisant sens. Et nous sommes d’autant plus tenté de le reléguer dans la catégorie de l’anormalité qu’il nous dérange.

4 Nombre de crises auxquelles nous sommes habituées sont « spectaculaires » : Pearl Harbour (1941), Tchernobyl (1986), Fukushima (2011), le « printemps arabe » (2011), etc. En raison de leur forme visible, chaude et bruyante, ces situations de crise peuvent faire l’objet d’une attention médiatique donc d’un traitement politique. Leur explosivité les rend indiscutables. Ces crises s’imposent à nous et ne peuvent donc faire l’objet d’un processus de négation ou de relativisation. Cependant, les crises spectaculaires n’épuisent pas le champ des crises contemporaines. Le monde du crime propose ainsi des situations sui generis que nous qualifierons de « crises silencieuses » ? Ce sont des crises à la fois discrètes, latentes, permanentes et corrosives dont la gravité échappe au plus grand nombre. Pouvant passer sous le radar des médias, donc des politiques, ces crises silencieuses/criminelles s’installent et imposent au final, mezzo voce, une transformation des systèmes politiques, économiques et sociaux. Car les crises criminelles, sauf « accidents judiciaires » (arrestations, emprisonnements) ou « conflits professionnels » (règlements de comptes ; compétition armée pour un territoire) demeurent largement invisibles. Tout au plus, les médias nous en donnent-ils une connaissance superficielle et folklorique à travers la catégorie des « faits divers ».

5 On comprend la différence essentielle entre une crise silencieuse et une crise spectaculaire quand on connait la différence entre le voleur chinois et le voleur occidental. Le voleur occidental, brutal, dérobe en une fois l’objet posé en évidence sur une table. Le forfait par sa visibilité ne peut se « dérober » au regard et à l’attention. Son vol fait spectacle. En revanche, le voleur chinois, plus subtil, déplace chaque jour l’objet, de manière imperceptible. Après avoir séjourné longtemps sur la table, après avoir habitué l’observateur à son déplacement infime jour après jour, l’objet aura un jour disparu sans choquer personne. Son vol aura été si lent et au final si furtif que l’on en viendra même à se demander si le forfait a eu lieu : y a t-il jamais eu un objet sur la table ?

6 La médiasphère – et son appendice politique – comprend les crises spectaculaires, celles du temps court, de l’immédiateté et du visible. Elle est en revanche infirme face aux crises silencieuses, celles du temps long et de l’invisible. Or, dans la société de l’information et de la communication, ce que la médiasphère ne perçoit pas n’existe pas « réellement ». Et quand ce réel se rappelle à l’ordre, il surgit brutalement mais il est trop tard. On se souvient de la mise en garde de Hegel : « la chouette de Minerve ne prend son envol qu’à l’irruption du crépuscule »[2].

7 À l’ère spectaculaire et festive, le crime sait profiter des angles morts de la modernité, de son incapacité à voir à temps l’essentiel. Or, dans les sociétés de l’information, rien n’est plus dangereux qu’une menace de niveau stratégique dont on ne sait pas percevoir la présence. Le crime organisé relève aujourd’hui de cette catégorie. Avec la fin de la guerre froide, les phénomènes criminels contemporains sont des réalités relevant plus de l’analyse géopolitique que de la criminologie classique. Leur emprise sur un nombre croissant de territoires pose de vrais défis stratégiques. Leur létalité, souvent invisible – les morts par médicaments contrefaits par exemple – est très supérieure à celle du terrorisme. À l’expérience donc, face aux phénomènes criminels, la « société de l’information » se montre bien myope et la « société de la connaissance » bien ignorante.

8 La dérive criminelle de la planète est un fait majeur, en cours de réalisation, mais que nous ne voulons pas voir ou que nous ne savons pas voir. La Méditerranée n’échappe pas à ce questionnement essentiel. Le crime organisé, plus que n’importe où ailleurs, sait y avancer masquer, comme guidé par l’ancienne métis des Grecs [3]...

L’arc mafieux en Méditerranée du Nord

9 Observons le Nord de la Méditerranée. L’œil du criminologue discerne une cartographie inhabituelle. La géographie criminelle qui apparait est assez éloignée de celle proposée habituellement par les cartes politiques et administratives officielles. Cette cartographie, s’étendant du détroit de Gibraltar au détroit du Bosphore, révèle des empires criminels invisibles et dynamiques. Dans cet espace, il convient de classer les pays touchés par le crime « organisé de haute intensité » dans deux catégories.

10 La première est celle des pays ayant vu naître en leur sein des entités criminelles de niveau supérieur, en l’occurrence de véritables mafias, c’est-à-dire des sociétés secrètes criminelles. Trois pays sont touchés par cette singularité anthropologique : l’Italie, la Turquie et l’Albanie. Les mafias nationales y sont à la fois anciennes, résilientes et enracinées dans l’histoire, la culture et le tissu socio-économique. Elles exercent une forme de souveraineté sur la plupart des acteurs sociaux. Examinons rapidement ces situations.

11 Le cas italien est probablement le mieux connu depuis que la Justice, la presse et les études en sciences sociales ont activement étudié les quatre mafias historiques du pays : Cosa nostra en Sicile, la Ndrangheta en Calabre, la Camorra en Campanie, la Sacra Corona Unita dans les Pouilles. Ces entités criminelles ont depuis longtemps débordé de leurs territoires naturels, ceux de leur naissance, le Mezzogiorno, pour s’exporter, en particulier vers le Nord de la botte. Car, contrairement à un préjugé confortable et dangereux, ces mafias ont su développer des filiales hors de leur terreau originel, en Italie du Nord et ailleurs en Europe et dans le monde [4]. Loin de s’affaiblir avec les années, ces mafias se sont révélées d’une incroyable résistance face aux assauts de la Justice. Elles démontrent par ailleurs une capacité surprenante d’adaptation à la modernité. Leur chiffre d’affaires estimé le prouve : environ 8 % du PIB italien chaque année, soit entre 130 et 180 milliards d’euros. Le crime organisé est de fait la première industrie du pays.

12 La Turquie et l’Albanie disposent sans conteste de mafias nationales tout aussi redoutables, mais en revanche très méconnues. Notre ignorance à leur égard est porteuse de grands périls pour les décennies à venir. Les travaux les concernant sont rares, tout spécialement en France [5]. Faute de presse et d’appareil judiciaire vraiment libres, ces pays distillent peu d’informations sur des entités criminelles qui se sont pourtant créé des positions centrales dans ces pays.

13 Les mafias italiennes, turques et albanophones ont su modifier leur environnement et le façonner au profit de leurs intérêts criminels. Elles ont créé au fil des années leur biotope criminel. L’État a été, selon les pays et les époques, ou neutralisé ou capturé. Dans ces pays, l’histoire politique ne peut se décrypter sans ses intersections et ses superpositions avec l’histoire du crime organisé.

14 La seconde catégorie est constituée par l’Espagne, la Grèce et la France. Ces trois pays ne sont pas des terres de naissance d’entités mafieuses, mais des territoires de destination [6]. Longtemps restés insouciants soit par naïveté soit par arrogance, l’Espagne, la France et la Grèce sont désormais colonisés, à des degrés différents, par les mafias italiennes, turques, albanophones – et aussi par de multiples autres réalités criminelles étrangères (nigérianes, chinoises, etc.). Le paysage criminel français mérite cependant une précision : la criminalité corse et corso-marseillaise n’a certes pas la force et la nature d’une mafia au sens criminologique du terme [7], mais en présente certaines caractéristiques qui expliquent sa dangerosité persistante [8]. Les mafias italiennes, turques et albanophones ont spécialisé ces trois pays dans des activités de blanchiment et de transit de trafics criminels.

15 Le cas espagnol est probablement le plus inquiétant car ce pays manifeste quelques symptômes d’un réel effondrement criminel [9]. Que constate t-on ? Longtemps obnubilées par la lutte anti-terroriste, les autorités espagnoles n’ont pas su voir monter l’implantation de groupes criminels étrangers sur leur territoire, en particulier sur la côte méditerranéenne. Depuis les années 1960 et avec une accélération à partir des années 1980, ces gangsters viennent se reposer au soleil (« effet UV »), fuir leur Justice ou des concurrents trop agressifs (« effet de dispersion ») et blanchir de l’argent (« effet d’aubaine économique »), en particulier dans un secteur immobilier en plein développement et très peu vigilant – pour ne pas dire pour parti complice. La proximité des paradis fiscaux et bancaires que sont Andorre et Gibraltar n’est pas négligeable pour comprendre l’attractivité espagnole. La formation de la bulle immobilière, la bétonisation accélérée de la côte méditerranéenne et la corruption endémique des édiles municipales s’expliquent, ainsi, pour partie par l’action de groupes criminels étrangers disposant de ressources gigantesques. La ville de Marbella symbolise parfaitement ces dérives criminelles. À l’action des mafias européennes, il faut ajouter le banditisme britannique et français, ainsi que les groupes criminels russophones de Géorgie, Russie et Ukraine. Par ailleurs, l’Espagne méditerranéenne se trouve sur les routes des drogues, tout spécialement celles du cannabis/haschich d’Afrique du Nord et de la cocaïne remontant d’Afrique de l’Ouest (ou de Galice) provenant d’Amérique latine.

16 Au final, dans une perspective de géopolitique criminelle, nous voyons se dessiner un arc de crise mafieux sur le sud de l’Europe [10]. Avec une question aussi importante qu’occultée : pourquoi ce diagnostic ne rentre-t-il jamais dans les préoccupations des instances européennes, voire de l’OTAN ? Prépare-t-on encore le prochain effondrement stratégique avec les idées et les diagnostics de l’ancien monde ?

Bourgeoisies mafieuses : les nouvelles élites méditerranéennes

17 Ces terres criminalisées ont donné naissance à une nouvelle classe sociale : les bourgeoisies mafieuses/criminelles. Né en Italie, ce concept fécond de « bourgeoisie mafieuse » a été systématisé par l’historien Umberto Santino. Il germait cependant depuis les années 1970 chez nombre de criminologues italiens constatant combien le monde criminel ne vivait pas – et en fait n’avait jamais vécu [11] – à part des élites légales mais dans leur proximité [12]. Des franges de plus en plus importantes de la classe dirigeante italienne ont des rapports, non plus seulement occasionnels mais continus et systémiques avec la sphère criminelle. Il existe depuis les débuts des mafias en Italie un lien, une intrication, parfois une symbiose entre sphères criminelles et élites respectables : élus, notaires, avocats, chefs d’entreprise, médecins, etc. La description de ces intrications ne peut se résumer à des schémas simples. Toutes les configurations existent : fréquentations inopportunes, pactes scélérats plus ou moins explicites, instrumentalisations croisées, faveurs réciproques, etc. Seule compte au final la profondeur et la pérennité de ces relations compromettantes. Ces forces de l’ombre corrodent profondément la démocratie. Noberto Bobbio, celui que l’on appelle parfois le « Raymond Aron italien », évoque dans ses travaux ces « pouvoirs obscurs et invisibles » dont l’action vient en complète contradiction avec le projet démocratique fait de transparence et de visibilité [13]. Mais il faut probablement conférer au concept de « bourgeoisie criminelle/mafieuse » un sens plus large que celui qu’en donnent les magistrats et les sciences humaines en Italie. Ce concept peut désigner certes, comme nous l’avons vu, la criminalisation de segments des élites légales qui collaborent avec le crime organisé ; mais aussi, et en sens inverse, ce même concept pourrait désigner l’embourgeoisement/légalisation en surface des couches supérieures du crime organisé : une forme « d’internalisation » des élites illégales vers le monde légal.

18 On l’aura compris, le concept de bourgeoisie mafieuse est également pertinent dans les autres pays de l’Europe méditerranéenne contaminés par la « chose mafieuse ».

Effet d’aubaine historique : les « bienfaits » de la crise

19 L’histoire du crime organisé montre que les entités criminelles les plus intelligentes sont très opportunistes. Elles savent profiter des occasions qui s’offrent à elles pour prospérer. Certaines de ces aubaines sont le fait de décisions politiques absurdes (la Prohibition aux États-Unis, 1919/1933), de circonstances géopolitiques (la chute du mur de Berlin et la globalisation, 1989/1991), d’autres de crises financières comme actuellement (2007/2008). Ainsi, l’Europe méditerranéenne est touchée de plein fouet par les conséquences économiques et sociales de la crise des subprimes née aux États-Unis de l’éclatement des bulles immobilières et bancaires, d’ailleurs en parties frauduleuses [14]. Or, cette crise historique fonctionne déjà comme un effet d’aubaine majeur pour les grandes organisations criminelles. Pourquoi ? Trois raisons à cela [15].

20 D’abord, la crise provoque un resserrement du crédit bancaire. En plein doute sur leur solvabilité ou leur liquidité, les institutions bancaires se montrent très restrictives dans la distribution des prêts. Les entreprises, surtout les PME/PMI, n’ont pas d’autre choix alors pour éviter le dépôt de bilan de se retourner vers la « banque de l’ombre » : les prêts à taux usuraires proposés par le monde criminel. Les mafias proposent des liquidités dont elles disposent en abondance. Elles peuvent ainsi blanchir de l’argent sale et, par l’étranglement des taux usuraires à deux ou trois chiffres parfois, prendre le contrôle de nouvelles entreprises. L’Italie, pays de mafias mais aussi de petites entreprises – une des forces de son tissu économique – est déjà en proie à ce processus. Les quatre mafias accélèrent de la sorte leur pénétration dans le tissu économique italien. Pourquoi en serait-il autrement ailleurs, en Méditerranée ?

21 Par ailleurs, la crise a parfois incité les États à mener des politiques de grands travaux afin de relancer l’économie. Or, le secteur du BTP est historiquement très en « odeur de mafias ». Enfin, la crise des subprimes a précipité la crise des dettes souveraines. Depuis, les États mènent des politiques d’austérité. Ainsi, dans nombre de pays, les budgets des services de police ont été revus à la baisse : un boulevard s’ouvre pour les criminels...

Sismicités et tectoniques mafieuses : de la métaphore au monde réel...

22 Les pays de la Méditerranée vivent dans des zones sismiques. Cependant, la sismicité naturelle est souvent aggravée par la sismicité mafieuse. La tectonique des plaques provoque régulièrement des destructions de villes et de villages, comme en Italie en 2009 (Aquila) et en Turquie en 2011. Mais ces catastrophes naturelles sont aussi des tragédies humaines. Leur ampleur ne s’explique pas que par l’effet de la nature. Les maisons sont fragilisées par l’action criminelle des hommes : normes sismiques « oubliées », béton « défectueux », plan d’urbanisme « aléatoire », etc. Les maisons s’écroulent aussi (d’abord ?) parce que tout un tissu social vit sous la tyrannie du crime organisé et de politiciens complices. En silence et au quotidien, les crimes mafieux tyrannisent la vie de millions de méditerranéens... ?

Notes

  • [1]
    Sur cette question centrale : Jean-François Gayraud, Le monde des mafias, géopolitique du crime organisé, Odile Jacob, 2005 ; et, avec François Thual, à paraître en mars 2012 : Géostratégie du crime, Odile Jacob. Également : Xavier Raufer, Les nouveaux dangers planétaires, chaos mondial, décèlement précoce, CNRS éditions, 2009. Il est important par ailleurs de lire : Edgar A. Poe, La lettre volée, in Œuvres en prose, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 1951 ; et pour Clément Rosset : L’École du réel, Les éditions de Minuit, 2008 ; Le réel et son double, Gallimard, 1984.
  • [2]
    Principes de la philosophie du droit, Quadrige, PUF, 2011.
  • [3]
    Marcel Détienne et Jean-Pierre Vernant, Les ruses de l’intelligence. La métis des grecs, Flammarion, 1974.
  • [4]
    Sur les mécanismes géopolitiques de ces déplacements : Jean-François Gayraud, Le monde des mafias, op. cit. ; sur cette expansion géographique : Francesco Forgione, Mafia export, Comment les mafias italiennes ont colonisé le monde, Actes Sud, 2010.
  • [5]
    Les travaux du criminologue Xavier Raufer font exception : La mafia albanaise, Favre, 2000 ; « Une maffya symbiotique : traditions et évolutions du crime organisé en Turquie », Sécurité globale, Hiver 2009/2010. Sur la mafia turque, un livre en anglais mérite lecture : Frank Bovenkerk et Yücel Yesilgöz The Turkish Mafia, A History of the Heroin Godfather, Milo Books, 2007.
  • [6]
    Ces pays ont des réalités criminelles endogènes : il n’y a pas de pays sans criminalité. Mais ces phénomènes criminels, pour dangereux qu’ils soient, n’ont jamais pris la dimension d’entités mafieuses.
  • [7]
    Jean-François Gayraud, Le monde des mafias, op. cit.
  • [8]
    Jacques Follorou et Vincent Nouzille, Les parrains corses, Leur histoire, leurs réseaux, leurs protections, Fayard, 2004.
  • [9]
    Sur ce diagnostic : Jean-François Gayraud, Showbiz, people et corruption, Odile Jacob, 2009 ; Andrea Giménez-Salinas Framis, Instituto Ciencias Forenses y de la Seguridad, Universidad Autonoma de Madrid, « Drug trafficking and money laundering in Spain : Evidences and policies », Research Conferences on Organized Crime at the Bundeskriminalamt in Germany, 2008- 20010, Luchterhand, 2011 ; rapport OCTA de l’agence Europol, 2011.
  • [10]
    Jean-François Gayraud, Le monde des mafias, op. cit.
  • [11]
    Pour s’en convaincre, avec le seul cas sicilien : Salvatore Lupo, Histoire de la mafia, des origines à nos jours, Flammarion, 1999.
  • [12]
    Sur ce concept, Jacques de Saint Victor en est le meilleur connaisseur en France : « Une nouvelle élite en gestation : la « bourgeoisie mafieuse » ?, Cités, PUF, 2008 ; Le pouvoir invisible. Les mafias et la société démocratique, XIX XXe siècles, Gallimard, à paraitre, 2012 ; « La démocratie et les « pouvoirs obscurs » : le cas concret de la « bourgeoisie mafieuse », in La démocratie, état critique, sous la direction de Yves Charles Zarka, Armand Colin, à paraitre 2012.
  • [13]
    Noberto Bobbio, « La démocratie et le pouvoir occulte », in Le futur de la démocratie, Le Seuil, 2007.
  • [14]
    Jean-François Gayraud, La grande fraude, Crime, subprimes et crises financières, Odile Jacob, 2011.
  • [15]
    Pour un développement complet de cette question cruciale : La grande fraude, op. cit.
Français

Les pays du Nord de la Méditerranée vivent des crises criminelles. Des territoires toujours plus nombreux se retrouvent sous l’influence de réalités criminelles d’autant plus redoutables qu’elles sont anciennes, territorialisées, fonctionnant en quasi symbiose avec leur environnement politico-social. Cependant, ces crises sont en partie incomprises ou ignorées car latentes, permanentes et insidieuses. Là où elles sont nées, et parfois au-delà, les mafias italiennes, albanophones et turques transforment depuis longtemps les systèmes politiques et corrodent les marchés économiques et financiers. Elles s’affirment comme de vraies puissances concurrençant la souveraineté des États et des collectivités locales. Une géopolitique criminelle émerge. L’arc mafieux qui s’affirme au Nord de la Méditerranée constitue désormais un fait stratégique. Mais qui cela préoccupe t-il réellement, alors même que des dizaines de millions de méditerranéens vivent confrontées à des tyrannies criminelles au moins aussi redoutables que les anciennes tyrannies politiques ?

Jean-François Gayraud
Docteur en droit, diplômé de l’Institut d’Études Politiques de Paris (IEP) et diplômé de l’Institut de criminologie de Paris. Il est commissaire divisionnaire en fonction au Conseil Supérieur de la Formation et de la Recherche Stratégiques (CSFRS). Il est l’auteur en 2011 de : La grande fraude, Crime, subprimes et crises financières, Odile Jacob ; Le renseignement criminel, CNRS éditions ; La finance pousse au crime, Choiseul (collectif). À paraître en mars 2012, avec François Thual : Géostratégie du crime, Odile Jacob.
Mis en ligne sur Cairn.info le 04/04/2012
https://doi.org/10.3917/come.080.0123
Pour citer cet article
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