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Des années 1990 jusqu’à la crise qui a commencé en 2008, avec toutes ses conséquences et développements, y compris la crise des réfugiés en 2015, l’Allemagne réunifiée paraissait être devenue un modèle de démocratie libérale, apaisée, ouverte sur les évolutions de la société et sur le monde. L’économie sociale de marché et sa philosophie, l’ordolibéralisme, sur lesquels avait été fondée la République fédérale d’Allemagne, était un modèle envié pour l’Europe. Seulement ce modèle est remis en cause : la vie politique bouillonne, à la fin de l’ère Merkel, et elle est devenue imprévisible.
Un corps en surfusion attend une nouvelle cristallisation réorganisatrice, qui peut être soudaine et dépendre de facteurs ténus. Mais cela donne d’autant plus d’importance aux influences extérieures et aux partenariats, dont le nôtre. Contrairement à une idée pessimiste fréquente, c’est le moment de se parler sérieusement entre Paris et Berlin.
Sur le plan international, l’Allemagne a longtemps hésité entre sa vocation européenne et l’ambition d’un rôle mondial. À la fin du xxe siècle, elle paraissait avoir trouvé un équilibre positif entre les deux, équilibre systématiquement construit par la RFA à partir de 1949. Les principes observés avec constance furent les suivants. D’abord un multilatéralisme systématique. Ensuite la construction européenne. Enfin la relation avec les États-Unis et l’Alliance atlantique, dont la RFA fut le meilleur élève, sans néanmoins hésiter à s’appuyer le cas échéant sur d’autres partenaires, comme la France, pour faire pression sur les États-Unis quand elle avait l’impression que Washington ne prenait pas suffisamment en compte ses intérêts…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 02/03/2020
- https://doi.org/10.3917/comm.169.0031
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