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Il y a bien des années, François Furet me fit l’honneur de préfacer mon premier livre. Comme celui-ci portait sur une question qui n’avait pas été étrangère à Augustin Cochin – il s’agissait de la pratique du vote pendant la Révolution française –, il me compara à Cochin, non pour établir l’équivalence de nos œuvres – je n’en avais aucune à mon actif –, mais pour évoquer la proximité de nos préoccupations. Je ne suis pas certain que je méritais ce compliment mais la référence à cet auteur « maudit » me toucha beaucoup. François Furet, sachant combien ce rapprochement entre un historien qui débutait et un historien honni par la tradition révolutionnaire pouvait se révéler encombrant, ajoutait, avec une prudence qui n’était pas dans ses habitudes mais qui témoigne ici de la bienveillance attentive qui était la sienne envers ses étudiants : « J’ai peur d’accabler le jeune historien, tant son lointain ancêtre a toujours senti le soufre dans l’Université républicaine. »
Si un historien fut en effet longtemps ignoré, et pour de mauvaises raisons, c’est bien Augustin Cochin. Son nom est plus connu que son œuvre, peu lue, rarement rééditée. On peut même dire que l’homme et l’œuvre seraient tombés dans un oubli complet si François Furet – encore lui –, en publiant en 1978 son Penser la Révolution française, ne les avait tirés du sépulcre où l’historiographie révolutionnaire de la Révolution les avait ensevelis. Depuis, leurs deux noms d’une certaine manière sont liés, car sans l’auteur d…
Titres recensés
Auteur
- Mis en ligne sur Cairn.info le 21/06/2018
- https://doi.org/10.3917/comm.162.0477
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