Article
L’œuvre Tino Sehgal se déroulait en deux moments : tout d’abord, à l’ancien bâtiment de la Bank Al-Maghrib, en bordure de la place Jemaa el-fna, cœur battant des traditions marocaines, lieu où non seulement s’incarne l’âme de Marrakech, mais qui fonctionne comme un espace public partagé, ouvert aux visiteurs par les habitants qui y demeurent de génération en génération, se transmettant, comme une charge et un héritage, leur emplacement défini, précisément ; charmeurs de serpents, joueurs de flûte, boxeurs, musiciens, travestis, montreurs de singes, arracheurs de dents, vendeurs d’épices, de fruits, d’artéfacts contemporains. Toute une société s’y trouve réunie, dans un espace de communauté. Il y intervenait comme artiste, avec son propre langage, et ses propres œuvres – trois de ses compositions étaient tissées, et présentées toute la journée durant –, parmi ces autres artistes.
Neuf danseurs interprétaient ses compositions. Pour la plus grande partie de la journée, ils restaient dans le bâtiment de la bank al-Maghrib, en frontière de la place – et non à l’intérieur. Le deuxième volet de l’œuvre serait sur la place elle-même. Les personnes de la place, ceux qui y passent une grande partie de la journée, entraient, y restaient pendant quelques minutes, parfois pour des heures : des hommes âgés en djellaba, des enfants en t-shirt, des femmes voilées, des hommes plus jeunes qui s’asseyaient sur les côtés surélevés de la salle, et contemplaient. Parfois ils trouvaient leur résidence parmi les interprètes ; ceux-ci utilisaient leur voix, leurs membres, pour créer des vibrations d’existence…
Plan
Auteur
- Mis en ligne sur Cairn.info le 07/09/2017
- https://doi.org/10.3917/comm.159.0638
![Chargement](./static/images/loading.gif)
Veuillez patienter...