Brad Roberts compte parmi les plus influents responsables de la politique nucléaire américaine : au cours des dernières années, il a œuvré au sein de différents think tanks et commissions chargés d’actualiser pour la Maison-Blanche et le Pentagone la posture nucléaire des États-Unis (dont la Strategic Posture Commission bipartisane de 2007-2008) puis, au Pentagone, comme Assistant Secretary of Defense for Nuclear and Missile Defence Policy sous l’Administration Obama (2009-2014). Aujourd’hui, il est consultant au Lawrence Livermore National Laboratory, l’un des deux centres américains en charge du maintien de l’arsenal nucléaire du pays.
Aussi, le livre qu’il vient de publier peut-il être considéré comme l’un des ouvrages les plus informés disponibles actuellement sur l’histoire de la stratégie des États-Unis au cours des dix dernières années, mais aussi comme un passionnant document de réflexion sur les problèmes que pose l’adaptation de leur posture nucléaire au nouveau contexte international.
Quel rôle joueront les armes nucléaires au xxi e siècle ? La question avait déjà été posée par Thérèse Delpech, à laquelle Brad Robert dédie d’ailleurs son livre. L’ouvrage se veut non seulement une réfutation de la thèse selon laquelle la dissuasion nucléaire serait un reliquat de l’héritage de la Guerre froide mais, plus encore, une contribution à ce qu’il considère comme le nécessaire renouveau du débat nucléaire américain.
L’auteur déplore qu’il se soit progressivement cantonné aux États-Unis à des milieux d’experts, tandis que l’opinion et le Congrès se focalisaient sur les coûts des engagements extérieurs, en Iran et en Afghanistan, les modalités de la lutte contre le terrorisme et l’État islamique, sans oublier naturellement l’évolution du budget du Pentagone, pris en otage dans des luttes partisanes au Congrès sur les plafonnements …