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Dans ses Mémoires d’espoir, le général de Gaulle a défini « ce qu’ont en commun », à ses yeux, les nations européennes :« Toutes étant de même race blanche, de même origine chrétienne, de même manière de vivre, liées entre elles depuis toujours par d’innombrables relations de pensée, d’art, de science, de politique, de commerce, il est conforme à leur nature qu’elles en viennent à former un tout, ayant au milieu du monde son caractère et son organisation. »
Il est évident que selon ces critères la Turquie ne devait pas faire partie de l’Europe telle que la concevait le Général. En même temps on va découvrir que le problème était plus complexe, que de Gaulle en était parfaitement conscient, mais aussi qu’il n’a pas hésité à l’instrumentaliser en fonction et à mesure des différentes étapes de sa politique extérieure. Peut-être même pourra-t-on penser que certains arguments ou discussions de l’époque ne sont pas sans écho aujourd’hui.
La Turquie présenta sa demande d’association au Marché commun le 31 juillet 1959, mais les négociations ne commencèrent qu’en septembre 1960 ; elles avaient été en effet retardées par le coup d’État de mai 1960, par lequel les militaires avaient renversé le gouvernement Menderès. Les choses se précisèrent en février 1961, les dirigeants turcs voulant maintenir un certain parallélisme avec la Grèce, dont le traité d’association allait être paraphé le 30 mars. Mais, derrière une approbation de principe, Paris se montrait en fait hostile : on craignait que sur le plan économique l’association avec la Turquie ne vienne encore renforcer les inconvénients, pour la France, de l’association avec la Grèce (en particulier en matière agricole)…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 07/04/2015
- https://doi.org/10.3917/comm.104.0915
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