Rappelons ce qui s’est passé à Nice. Tout d’abord, il y a eu l’incapacité de la présidence française à trouver en temps utile un accord de principe avec l’Allemagne sur les sujets que la France avait choisi de privilégier, à savoir les tristement dénommés « reliquats d’Amsterdam » (pondération des voix, champ des décisions ouvertes à des votes à la majorité qualifiée, composition de la Commission). En particulier, la manière dont notre pays a manifesté sa volonté de ne pas reconnaître la disparité démographique entre l’Allemagne et la France (22 millions d’habitants, soit l’équivalent des Pays-Bas plus la Finlande) a débouché sur un résultat doublement confondant.
N’ayant pu résoudre le problème du décrochage en amont, la France n’a pas pu déminer le terrain de la négociation d’ensemble en bonne intelligence avec l’Allemagne. Certes, avec les élargissements successifs de l’Union, nous ne sommes plus au temps où la France et l’Allemagne ensemble faisaient la pluie ou le beau temps communautaire ; mais dans une Union à quinze ou davantage, la France a peu de chances d’avancer sans un accord avec l’Allemagne.
En définitive, nous avons quand même reconnu indirectement la réalité démographique, en introduisant dans le système de prise de décision une clé démographique, toute décision devant recueillir les voix d’États regroupant au moins 62 % de la population de l’Union. On ne s’en plaindrait pas à l’excès si le nouveau système de vote avec sa triple clé d’entrée n’était devenu au passage totalement illisible…