CAIRN.INFO : Matières à réflexion
Français

La champeta est une musique urbaine, moderne et commerciale dont l’origine africaine est à la fois mythifiée et stigmatisée. Venue du Congo, associée à la Caraïbe, s’arrêtant à Paris, elle s’exprime dans un monde globalisé, tout en étant fortement identifiée à Cartagena, sur la côte Caraïbe de la Colombie. La champeta passe et repasse d’un univers géographique, mais surtout social, culturel, symbolique, à un autre. A travers ces multiples circulations et les processus de relocalisation qui les accompagnent, elle reflète les différents visages associés à la « musique noire », du folklore esthétisé à la world music jouant entre authenticité et métissage. Au-delà, la champeta est porteuse des interrogations contemporaines sur les cultures afro-caribéennes dans les Amériques : naturalisation et stigmatisation de la différence, ambiguïté du lien à l’Afrique, projection dans une communauté diasporique afro imaginée. A travers le parcours et les propos de trois personnages, trois entrepreneurs culturels, trois passeurs de frontières, cet article se propose de se situer au cœur des mécanismes de réappropriation d’une pratique musicale, de transformations et d’adaptations en fonction des attentes supposées du public ici et là-bas, de construction d’univers symboliques et normatifs ethnico-raciaux qui se superposent et se croisent.

English

Champeta is an urban, modern and commercial music, the African origin of which is both imagined and stigmatized. Born in Congo, associated with the Caribbean, also processed in Paris, it expresses a globalized world, though it is strongly identified with the town of Cartagena, located on the Caribbean coast of Colombia. Champeta music circulates through multiple geographical, social, cultural and symbolic universes. Through these diverse itineraries and through a process of relocalization, this music reflects the different faces of “Black Music”, from aesthetic folklore to world music, between authenticity and mestizaje. Champeta highlights contemporary issues in Afro-Caribbean cultures in America: the naturalization and the stigmatization of difference, the ambiguity of the relation with Africa, the projection in an imagined diaspora. Through the practices and discourses of three characters, all of them cultural brokers and bearers of cross-cultural projects, this article tries to understand the mechanisms through which music is appropriated, transformed and adapted according to supposed expectations of a local and global public, eventually constructing symbolic and normative ethno-racial universes.

Elisabeth Cunin
Elisabeth Cunin travaille depuis 1996 en Colombie, tout d’abord dans le cadre d’une thèse de doctorat en sociologie (soutenue à l’Université de Toulouse le Mirail) puis en tant que pensionnaire de l’Institut Français d’Etudes Andines. Elle est actuellement chargée de recherche à l’Institut de Recherche pour le Développement (UR 107 Constructions identitaires et mondialisation) et coordonne le programme «Identités métisses, catégories métisses dans les sociétés post-esclavagistes. La Caraïbe de la Colombie au Mexique». Elle a publié l’ouvrage Métissage et multiculturalisme en Colombie. Le “noir” entre apparences et appartenances (L’Harmattan, collection Connaissances des hommes, IRD, 2004).
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Mis en ligne sur Cairn.info le 24/02/2012
https://doi.org/10.4000/civilisations.557
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