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Monique Selim : Peux-tu tout d’abord revenir sur ton itinéraire ? Né en Algérie, arrivé à sept ans en France, reparti à vingt ans volontairement en Algérie, sans la possibilité de revenir en France vingt ans après, malgré tes tentatives de candidatures et tes multiples diplômes algériens et français (hdr, thèse d’état etc.)… Comment, à ces trois étapes fondamentales de ta vie, en miroir, la question d’être étranger, d’ailleurs, s’est posée ici en France – où vit toute ta famille d’origine – mais aussi en Algérie ?Mohamed Mebtoul : Une double étrangeté a dominé ma vie sociale en France et en Algérie. L’étrangeté, dont il est question ici, peut être caractérisée par un malaise social profond à l’égard du fonctionnement du politique dans cette double société à laquelle j’étais confronté. Je me percevais souvent à la marge, n’étant jamais totalement « inséré » ni en France, ni en Algérie. Fils d’immigré de la première génération, celle qui a largement contribué à la construction de la France après la Seconde Guerre mondiale, j’ai connu, dès l’âge de quatre ans, les corons des mines de charbon dans le Pas-de-Calais, dont parle de façon merveilleuse Émile Zola dans son ouvrage Germinal.
Le processus de travail fordiste mis en place par les compagnies minières dans les années 1950 a consisté à organiser la vie hors travail des mineurs pour qu’ils ne puissent penser qu’à leur travail. Ils résidaient à proximité des mines, au début dans des baraques et ultérieurement dans des petites maisons de briques rouges, donnant sur un jardin qui leur permettait de planter des légumes…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 28/05/2020
- https://doi.org/10.3917/chime.096.0053
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