CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1 Un parent transmet toutes sortes de choses à son enfant. Cette transmission peut s’effectuer de façon consciente ou inconsciente et sous différentes formes. Les trois principales sont la transmission génétique, culturelle et psychologique. Sans en avoir le contrôle, un parent peut transmettre à son enfant de grands yeux bleus, une morphologie particulière, en somme des éléments relevant du « patrimoine génétique », y compris une maladie. Dans le présent article, nous nous intéresserons aux deux autres types de transmissions, culturelle et psychologique.

2 Certaines transmissions s’effectuent, en partie au moins, de façon consciente, explicite et volontaire. On pense ici en particulier aux dimensions culturelles, religieuses et sociales, aux valeurs de vie, aux règles de comportements, autant de conduites ou modes de penser que les parents souhaitent apprendre et transmettre à leur enfant. Sans oublier ici aussi la dimension familiale identitaire où le père transmet son nom à ses enfants, ainsi que le choix du prénom par lequel les parents transmettent des significations et des attentes liées à leur propre histoire infantile. Enfin, d’autres transmissions se font de manière inconsciente, par exemple la transmission d’une carence précoce psychique ou physique (que l’on observe ensuite dans les patterns d’attachement ou dans des modalités psycho-pathologiques plus ou moins complexes), par la réactivation d’événements traumatiques dans l’histoire de vie des parents, l’existence de secrets familiaux, ou bien une pathologie parentale induisant des comportements non adéquats envers l’enfant.

3 Ces différents types de transmission, nous nous proposons de les étudier à travers le fait alimentaire, un domaine tout particulièrement intéressant pour l’analyse et la compréhension des mécanismes et des enjeux contenus dans ces processus de transmission. Manger est certes un acte vital et quotidien, mais c’est aussi au-delà de cette satisfaction de besoins primaires, un acte chargé de sens, culturellement, socialement et psychologiquement construit. Cette nécessité à travers laquelle l’individu marque sa spécificité se construit dès les premières heures de la vie, au travers de la relation de la mère à son enfant. Dans ce contexte spécifique, le fait alimentaire met en jeu une dynamique de transmissions multiples étudiée par divers auteurs psychanalystes (à commencer par Sigmund Freud [1] puis, entre autres, Serge Lebovici et Michel Soulé (1970), Didier Anzieu (1985), Gérard Haddad (1984), Bernard Golse et coll. (2004), ou encore Gisèle Harrus-Révidi (2000, 2003)).

4 Nous souhaitons aborder ici certains aspects déjà étudiés et y apporter quelques pistes de vérification expérimentale.

L’ALIMENTATION : LIEU DE TRANSMISSION DE NORMES ET DE VALEURS SOCIOCULTURELLES

5 Pourquoi manger ? Manger a pour objectif primaire la vie, ou plutôt la survie. Le corps est une machine qui consomme de l’« énergie », celle-ci est apportée par la nourriture, ainsi manger est principalement un acte mécanique et chimique. Le comportement alimentaire quant à lui se définit comme la sélection et la consommation des substances qui correspondent aux besoins du corps. Or manger se révèle être un acte bien plus complexe, bien plus chargé de sens et de valeurs.

6 L’Homme, dans sa relation à l’alimentation, est un animal bio-culturel dans la mesure où la soumission aux nécessités biologiques est elle-même soumise au cadre culturel. Au carrefour des sciences humaines et sociales, Fischler (1990) expose toute l’importance de l’alimentation et de l’acte alimentaire pour l’homme : il ne s’agit pas seulement de se nourrir pour vivre physiquement, mais il s’agit de se nourrir aussi pour se construire et appartenir à un groupe, s’identifier en tant qu’individu propre et comme individu au sein d’un groupe. Ici se joue la valeur de transmission culturelle et sociale de l’alimentation.

7 Certaines grandes enquêtes sociologiques accréditent le rôle des transmissions familiales en identifiant des « passeurs » de culture, qui sont généralement les mères (Michaudon, 2001 ; Tavan, 2003 ; Donnat, 2004).

8 Du point de vue culturel et social, manger est tout d’abord un acte fondateur d’identité individuelle, cela implique que manger construit l’individu, la personne. En cela, nous nous référons au principe d’incorporation comme énoncé par Fischler et partagé, bien que défini différemment, par la psychanalyse. Fischler (1990) évoque dans son ouvrage « l’homnivore », l’incorporation comme « l’acte faisant franchir à l’aliment la frontière entre le monde et notre corps, le dehors et le dedans. » Incorporer un aliment c’est incorporer tout ou une partie de ses propriétés : « nous devenons ce que nous mangeons ». Ainsi l’on peut dire que l’incorporation fonde l’identité. Fischler insiste sur le fait que cette incorporation est aussi bien physique (on absorbe et fait sien les nutriments) qu’imaginaire [2].

9 Enfin Fischler (1990) conclut que « cette représentation de l’incorporation semble en fait traduire une caractéristique essentielle du rapport de l’homme à son corps. C’est elle qui semble fonder la tentative, constante dans la plupart des cultures, de maîtriser le corps et, à travers lui, l’esprit, la personne tout entière, donc l’identité. »

10 De même, l’incorporation peut être fondatrice de l’identité collective, de l’altérité. Les hommes marquent leur appartenance à une culture par la spécificité de leurs coutumes alimentaires et donc par la différence par rapport aux autres cultures. Avant d’être absorbée, la nourriture est donnée et acceptée. En cela, elle est fondatrice de toute société. Accepter ce don de nourriture c’est accepter l’autre et accepter également de nouer des liens avec lui. Selon Apfeldorfer (1994) « refuser le partage c’est rejeter l’autre », ceci est vrai au niveau des groupes (de culture à culture : goûter la nourriture de l’autre est un premier pas vers la rencontre) et l’est bien plus encore lorsqu’on en vient à la relation mère-enfant. Un des premiers terrains d’affrontement, de contestation, d’affirmation n’est-il pas, pour le bébé, celui des repas offerts par sa mère ? En effet, la scène alimentaire est lieu privilégié de remise en cause de l’autorité et des règles admises.

11 Ainsi, il ne s’agit pas que de se nourrir pour vivre physiquement, mais aussi pour se construire et appartenir à un groupe, s’identifier en tant qu’individu propre et comme individu au sein d’un groupe.

12 Lorsque nous parlons de manger comme son groupe d’appartenance, sa culture, ou sa famille, on évoque alors le phénomène de transmission, de partage des règles. Pour Régnier (2006), citant les travaux de Coulon (1998), l’alimentation est un support de l’identité des groupes sociaux. Par exemple, la cuisine et les goûts renvoient à une représentation du groupe social auquel le mangeur appartient. Le repas de famille et la tradition culinaire, que l’on s’échange de mère à fille, ou de grand-mère à petite-fille, est une bonne illustration de ce rapport entre famille, individu et alimentation. Poulain (2002) dit d’ailleurs que « l’acte alimentaire se déroule toujours selon les protocoles imposés par la société », La société guide le choix des produits, de leur préparation, de leur association pour en faire des plats, de l’horaire auquel on mange etc. Pour Boutaud (2004) le partage alimentaire s’organise autour de la table. Par son pouvoir de mise en scène des aliments, dans son huis clos, la table condense toute la gamme des interactions humaines. Enfin, Fischler (2006, lors du colloque IFN) ajoute que la commensalité, c’est-à-dire le fait, littéralement, de partager la même table et donc ce qu’elle porte, selon une perception particulièrement fréquente en France, est facteur de civilisation. Hors d’elle, on tomberait vite dans une certaine a-socialité sinon une « sauvagerie ».

13 Selon Lahlou (1998) « apprentissage, alimentation, sociabilité sont liés de façon étroite depuis la nuit des temps, et constituent une sorte de noyau dur des cultures humaines, et probablement des cultures des animaux sociaux en général ». L’auteur en conclut que c’est la raison pour laquelle l’étude de l’alimentation est multidisciplinaire, faisant référence entre autre à la biologie, la psychologie, l’anthropologie, la neurophysiologie. Ainsi l’on doit s’attendre lors de l’étude des représentations de l’alimentation, à tomber non seulement sur un fait social total mais sur des mécanismes psychologiques plus généraux.

14 Considérer un être c’est alors le considérer au regard des trois niveaux contextuels que sont le contexte culturel, social, et familial. D’autre part, des études suggèrent que se centrer sur les réponses narratives des mères lorsqu’elles répondent à des interviews concernant leur rappel subjectif d’expériences relationnelles peut aider à mieux comprendre leurs comportements avec leurs bébés (Slade et al. 1999, Zeanah et al. 1994). Aussi, dans notre étude (Bordet, 2010), une trentaine de mères françaises ont été interviewées dans le but d’envisager la manière dont les représentations et les pratiques alimentaires vis à vis de leur enfant âgé de 1à 2 ans étaient influencées par leur histoire personnelle, familiale, sociale et culturelle.

15 De ces trente-trois entretiens, deux grands profils caractérisent ces mères, en fonction de leur vécu/héritage en matière d’alimentation : les mères avec un rapport « équilibré » à l’alimentation et les mères avec un rapport « problématique » à l’alimentation.

16 Le premier groupe rapporte des souvenirs très positifs autour des repas familiaux, du plaisir à table ; ces femmes souhaitent développer chez leurs bébés un rapport paisible à l’alimentation en les accompagnant au mieux dans l’apprentissage des goûts et de la variété alimentaire. Le deuxième rapporte des souvenirs de repas tristes, tendus, de blocages face à la nourriture, parfois dans un contexte de famille froide et rigide. Nous classons également dans cette catégorie les femmes rapportant des difficultés d’adulte face à l’alimentation (souvent liées à de mauvaises expériences dans l’enfance). La plupart de ces femmes sont ou ont été suivies par une nutritionniste ou une diététicienne. Cela va donc de la mère souffrant d’obésité consciente de sa relation « très particulière à l’alimentation » à la mère qui expose simplement qu’elle mange parce qu’il faut manger et que pour elle, c’est « une corvée ».

LES REPRÉSENTATIONS DU « BIEN MANGER »

17 Tout d’abord afin d’appréhender les représentations maternelles de l’alimentation, ces mères françaises ont été interrogées sur leur définition du concept de « Bien Manger ». Au-delà de la représentation du sens commun de l’alimentation telle que vécue par cet échantillon de mères françaises, le but est ici de faire ressortir les potentielles différences faites entre l’alimentation des adultes et des enfants. Nous nous questionnons sur l’influence du facteur culturel et même sur la contrainte qu’il évoque au niveau de la méthode d’alimentation qui est inscrite dans les habitudes maternelles ainsi que sur ce que les mères désirent transmettre à leur enfant.

18 L’ensemble des mères développe une définition, que ce soit pour l’adulte ou pour le bébé, qui s’articule autour de critères identiques. « Bien Manger », c’est manger équilibré, varié, éviter les grignotages, éviter le gras et le sucre, faire des repas complets et structurés (entrée-plat-dessert surtout pour les bébés de 24 mois alors que, selon elles, ce n’est pas encore nécessaire à 12 mois), manger à sa faim mais en quantités raisonnables, prendre son temps, si possible en famille et prendre du plaisir. D’une manière plus précise (en termes de mots énoncés par les mères lors des entretiens) cela renvoie à la définition française du « Bien Manger » telle que l’exposa Lahlou (1998) en psychologie sociale. Dans son étude, il demande à 2000 Français de lui dire « si je vous dis « Bien Manger » à quoi pensez-vous ? ». L’auteur en ressort les noyaux de base des représentations du « Bien Manger » suivants : entrée-plat-dessert, manger à sa faim, manger ce qu’on aime, pas trop de graisse et de sucre, équilibré, petits plats, convivial, restaurant. Il apparaît qu’au sein des familles françaises, l’aspect commensal [3] de l’alimentation est privilégié. Il est cependant important de mentionner que les enjeux que les mères placent dans la dimension de commensalité selon qu’il s’agit de celle rapportée pour le « Bien Manger » du bébé ou de l’adulte n’ont que peu de rapport les uns avec les autres. En effet, la dimension commensale du « Bien Manger » des bébés se structure autour de la question de l’interaction et plus précisément ici de l’interaction mère-enfant (plus souvent que enfant/famille) tandis que celle du « Bien Manger » des adultes renvoie davantage à une dimension de sociabilité. Si celle-ci n’est pas absente de l’interaction mère-enfant, elle n’en constitue qu’un des aspects, nous le verrons plus avant.

19 Toutes les mères que nous avons rencontrées semblent également chercher à atteindre une interaction absolument positive avec leur enfant. Pour ce faire, elles mettent d’abord en œuvre une série d’astuces leur permettant de se rassurer quant à leurs propres craintes (mon bébé mange-t-il assez ? trop ? équilibré ? sain ?). Les mères régulent seules leurs éventuelles angoisses (pour privilégier le plan des interactions) en s’assurant qu’elles appliquent au moins deux des grands principes de la norme du « Bien Manger » pour les bébés, à savoir la variété et l’équilibre. Celles qui ont un rapport « problématique » à l’alimentation donnent des petits pots (qui sont équilibrés et apportent la variété) et celles qui ont un rapport « équilibré » à l’alimentation privilégient le « fait maison » en donnant « autant d’amour que de nutriments », mais plus encore, de l’éducation (au goût) pour le futur plutôt que systématiquement pour le moment présent. Les mères revoient en quelques sortes leurs prétentions à la baisse quant à l’application du discours normatif qu’elles ont su énoncer et qu’elles entendaient pratiquer (5 fruits et légumes par jour, repas à heures régulières…). Elles assouplissent l’application de la norme et lorsque leur enfant refuse par exemple de finir l’assiette/le pot, elles aiment à en conclure « qu’ils sont comme les adultes, qu’ils ne peuvent pas avoir faim à hauteur égale chaque jour ». De fait, les fâcheries s’éloignent, les interactions se passent bien et sont toujours vécues comme un succès : celui d’une mère qui a compris son enfant, qui est à son écoute.

L’IMPÉRATIF DE L’INTERACTION POSITIVE

20 La qualité de l’interaction est essentielle pour les mères. On peut parler d’« impératif » d’interaction positive. En effet, à leur sens, un contexte d’interaction positive permet d’abord au bébé d’intégrer trois apprentissages centraux pour sa vie d’adulte : premièrement l’autonomisation qui passe par l’apprentissage du choix alimentaire sain, deuxièmement la socialisation qui permet d’éviter les désordres alimentaires via l’apprentissage de la joie du partage, et enfin l’individualisation qui renvoie à la transformation du nourrisson en gourmet via l’apprentissage de l’ouverture à la variété. À cette dimension qui renvoie au futur du nourrisson s’ajoute une préoccupation plus immédiate : ce qui se présente comme un « impératif » d’interaction positive renvoie au contenu présent de l’expérience nutritionnelle. C’est dans ce contexte-là que les notions d’équilibre ou de variété nutritionnelle caractérisant la définition du « Bien Manger » énoncée par les mères vont lui donner tout son sens. Cette rationalisation qui renvoie plus concrètement au contenu de l’assiette de l’enfant est cependant variable, dans les faits, en fonction du profil des mères. Suivant qu’elles entretiennent un rapport problématique ou équilibré à l’alimentation, elles vont mettre en œuvre des stratégies différentes, faire des choix alimentaires et appliquer des règles différentes pour maintenir ce contexte d’interaction positive.

21 En somme, au-delà de l’impératif d’un « Bien Manger » focalisé sur le développement physique du bébé, on verra apparaître de façon évidente d’une part, ce que culturellement on a investi dans l’expérience nutritionnelle contemporaine relative aux bébés et qui constitue, in fine, le contenu réellement structurant de cette expérience nutritive dont les premières bases se jouent à deux, dans l’interaction de la mère et son bébé.

VÉCU MATERNEL ET PRATIQUES ÉDUCATIVES ALIMENTAIRES

22 De l’analyse de nos entretiens, nous ressortons également que, malgré une même définition du « Bien Manger » (comme exposé plus haut) pour toutes les mères, les pratiques varient en fonction du profil maternel, donnant ainsi foi à la thèse d’une transmission relative aux caractéristiques psychologiques individuelles maternelles. Les mères au rapport « équilibré » vont appuyer leurs pratiques éducatives sur la découverte de la variété, l’introduction de nouvelles saveurs et l’apprentissage du « gourmet ». Alors que les mères au rapport « problématique » avec la nourriture vont privilégier l’équilibre alimentaire et la satiété. Ce faisant, la mère repousse l’autonomie de l’enfant en évitant le partage des repas commun en famille, pour que l’enfant soit « protégé » des mauvaises habitudes maternelles (visibles et imitable lors des repas familiaux).

23 D’autre part, la qualité des interactions entre la mère et son enfant va être teintée par les caractéristiques de l’un et de l’autre et l’on suppose alors qu’une forme de transmission va, ici également, opérer, mais dépendant plus directement du profil psychologique de la mère.

L’ALIMENTATION : LIEU DE TRANSMISSION DU LIEN ENTRE LA MÈRE ET L’ENFANT

24 Après avoir exposé des résultats d’analyses d’entretiens, nous nous intéresserons ici aux données issues de l’observation de la qualité des interactions alimentaires mère-enfant ainsi que des effets des caractéristiques psychologiques de la mère sur ces interactions alimentaires. Avant cela, interrogeons-nous succinctement sur la littérature abordant la transmission en psychologie et psychanalyse, et en particulier appliquée à la situation alimentaire.

25 L’alimentation et l’ensemble de son contexte interrelationnel sont au cœur du développement psychique de l’enfant et de la construction de son enveloppe psychique. Les petits problèmes alimentaires ne sont de fait pas rares chez les enfants même sains (Le Heuzey, 2002). Selon Winnicott (1958), bien que la plupart des enfants amenés en consultation médicale pour un problème d’alimentation soient en bonne santé, cela peut révéler qu’ils soient « malades au niveau sentimental ». Il proposa d’interroger le fantasme de l’enfant sur l’intérieur de son corps, faisant ainsi dialoguer l’investigation du corps et des fantasmes, « le soma et la psyché ». À l’époque, Winnicott constate que toute l’importance de la question de l’alimentation n’est pas reconnue dans la littérature psychanalytique et interroge le lien entre appétit et avidité. Dans la littérature psychanalytique, la reconstruction de l’enfant et du bébé dans l’analyse des patientes anorexiques est fréquente. La mise en lien entre l’organisation psychique du bébé anorexique au sein de sa famille, et plus particulièrement au sein de la dyade, et l’organisation psychique présente de l’adolescente ou l’adulte souffrant d’anorexie mentale serait révélatrice de tout ou partie de l’existence d’une transmission qui aurait opéré au cœur de la dyade mère-enfant.

26 Plus tard, Lebovici (1983) a proposé le fameux concept de transmission trans-générationnelle, entre générations sans contact direct, et inter-générationnelle, se jouant entre des générations au contact direct (parents et bébés essentiellement). Cette transmission s’exerce dans les deux sens (ascendant et descendant) et emprunte les voies de la communication verbale et non verbale. Pour Lebovici, s’intéresser à la dynamique intergénérationnelle c’est chercher à savoir comment le monde représentationnel des individus d’une génération donnée peut influencer le monde représentationnel et donc le comportement de la génération en dessous. Il s’agit de se questionner sur ce qui sous-tend ces phénomènes de transmission, mais aussi sur la manière dont le contenu de la transmission est transmis de génération à génération. Cela fait écho à ce que Freud propose en 1914 (cité par Golse, 2006) à propos des deux aspects de l’identité : individuelle et de groupe. L’individu hérite de tout un matériel psychique indispensable, par le biais de sa filiation et hérite par là-même des conflits inconscients non réglés par leurs aïeux. Tout un mouvement systémique et psychanalytique se développe, et les travaux dans le domaine de l’attachement s’intéressent à ce que le bébé hérite de ses parents dans le cadre de ses interactions précoces. Cela consiste en des schémas d’attachement de natures diverses et qui sont fondés sur la constitution de modèles internes opérants construits au contact des figures d’attachement principales. Nous pensons ici particulièrement à l’association étroite régulièrement retrouvée entre le mode d’attachement de la mère et celui de son enfant (Fonagy, 1991).

27 Une grande question dans ce domaine de la transmission intergénérationnelle, à laquelle nous n’avons pu répondre dans notre étude, est de savoir comment les représentations et les fantasmes des parents peuvent imprégner et modeler les interactions fantasmatiques ? Selon Lebovici (1983), ces transmissions trans-générationnelles et inter-générationnelles sont fondées sur les différents bébés qui existent dans la tête des parents (fantasmatique, imaginé, narcissique et mythique) et qui, liés au narcissisme des parents, vont concourir à l’édification et au développement du self du bébé. Pour Stern (1987), le processus d’accordage affectif serait en quelques sortes le messager du matériel psychique parental dans la transmission trans-générationnelle. Les moments d’accordage affectif, en situation alimentaire, favorisent la transmission propre aux caractéristiques individuelles et aux projections de la mère sur son enfant.

28 Dans la situation alimentaire, quelques études ont révélé un phénomène de transmission intergénérationnelle (Benoît 2000, Chatoor, 1996) par lequel les troubles affectifs ou de la personnalité de la mère (ou du parent) compromettent la relation de soin et peuvent entraîner des troubles infantiles de la régulation émotionnelle et de la stabilisation des rythmes alimentaires. Ammaniti et al. (2004) confirment, avec leur étude comparative de dyades avec enfants sans troubles et dyades avec enfant ayant un trouble alimentaire, le rôle de la transmission intergénérationnelle de la psychopathologie maternelle. Micalli et al. (2009), ont quant à eux mis en évidence que les mères ayant un trouble alimentaire ou tout autre trouble psychiatrique rapportent davantage de difficultés alimentaires chez leur enfant.

29 Coulthard et al. (2004) ont fait une revue de littérature sur la relation entre les problèmes alimentaires parentaux et le comportement alimentaire de leurs bébés. Ils rappellent que Patel et al. (2002) ont montré que les mères ayant des troubles alimentaires (comparé aux mères sans trouble alimentaire) allaitent moins, alimentent leur enfant de manière moins régulière, cuisinent moins, mangent moins avec leur enfant. Elles sont également davantage intrusives durant les repas, utilisent la nourriture pour d’autres buts que nutritif, et font des commentaires négatifs vis-à-vis de leur enfant pendant les repas.

30 D’autres études ont exploré le lien entre les troubles alimentaires de la mère et la distorsion perceptive qu’elle peut avoir du corps de son enfant (Stein et al., 1996 et Waugh et al. 1999). Les mères ayant un trouble alimentaire sont plus précises dans la perception de la taille de leur enfant que les mères saines, mais ne préfèrent pas pour autant les bébés plus petits ou ne paraissent pas insatisfaites de leur propre enfant. Cette étude nous conforte dans le fait que, malgré la distorsion occasionnée par leur trouble alimentaire et les potentiels dysfonctionnements dans leurs interactions avec leur enfant, ces mères n’en sont pas pour autant à rejeter l’image de leur enfant, ce qui est aubaine pour la prévention des risques de comportements abusifs. En ceci, pour Hill et al. (1998) « les mères jouent un rôle important dans la transmission des valeurs culturelles concernant le poids, la forme et l’apparence », ce qui rejoint et élargi nos propos sur la transmission culturelle dans l’alimentation exposés en amont.

31 Enfin, Lindberg et al. (1991) démontrent qu’une transmission d’une génération à l’autre des troubles alimentaires existe également : les parents qui rapportent que leurs bébés souffrent de refus alimentaires ont eu eux-mêmes des troubles alimentaires étant bébés.

32 Toutes ces études montrent l’intérêt d’évaluer la qualité des modèles relationnels entre mère (parent(s)) et enfant, pour analyser l’existence de liens entre la psychopathologie maternelle et les troubles alimentaires de l’enfant.

33 Dans le cadre de notre étude observationnelle des interactions alimentaires de 60 couples mère-bébé (bébé sain, au développement dans la norme, âgé de 1 à 2 ans et ne présentant aucun trouble particulier au niveau alimentaire) (Bordet, 2010), nous avons pu constater les liens entre les caractéristiques maternelles telles que l’anxiété et la sensibilité et la qualité des interactions entre la mère et son enfant lors de repas. Notre population de mères, malgré de faibles scores d’anxiété, de forts scores de sensibilité, et une variabilité modérée de ces scores, présente des liens significatifs entre ces deux caractéristiques et la qualité de leurs interactions alimentaires avec leur enfant. L’anxiété aurait un effet négatif tandis que la sensibilité aurait un effet positif sur les interactions entre mère et bébé. Plus précisément, à une anxiété maternelle élevée s’associe une baisse de la sensibilité maternelle, une élévation de l’intrusion maternelle, moins de reconnaissance et moins de présence soutenante lors du repas. Les interactions seraient moins réciproques et l’on retrouverait davantage d’états négatifs dans la dyade. Enfin, les résultats de l’étude montrent qu’à une anxiété maternelle élevée, une sensibilité maternelle diminuée et une qualité d’interactions alimentaires mise à mal, l’enfant montrerait moins d’engagement dans l’interaction, et plus de repli. Plus particulièrement, les regards de l’enfant vers sa mère seraient de moins bonne qualité. Ainsi, bien que s’agissant d’enfants qui n’ont pas de désordre particulier au niveau développemental et alimentaire, les variables individuelles de la mère influenceraient la qualité de leurs interactions lors de l’alimentation.

34 Pour finir sur la notion de transmission psychologique, revenons un instant sur les données issues des entretiens des 33 mères françaises. Des deux profils maternels de rapport à l’alimentation identifiés (« équilibré » ou « problématique »), nous avons observé les corrélations avec la qualité des interactions alimentaires mère-enfant. Il en ressort que les mères au profil « problématique » critiquent davantage leur enfant, et leur font moins de remarques positives. La réciprocité dyadique lors des repas est aussi plus basse que pour les mères au profil « équilibré » et leur enfant. Or l’on a pu observer que les mères au rapport « problématique » paraissaient plus enjouées que les mères au rapport « équilibré » lors des repas. Ainsi, malgré une expérience personnelle pénible avec la nourriture, ces mères ne seraient pas pour autant détachées ou opposantes dans leur interaction alimentaire avec l’enfant. Ceci rejoint ce que nous avons abordé plus haut lorsque nous évoquions le fort désir des mères de garder une interaction alimentaire positive à tout prix avec leur enfant, et nous pourrions nous demander si cet impératif ne serait pas plus rigide pour les mères au rapport « problématique » à la nourriture. Cette question reste en suspens et nous encourage à aborder plus spécifiquement l’impératif d’interaction alimentaire positive avec les mères dans le cadre d’une étude ultérieure.

35 En conclusion, nous avons abordé ici certains éléments de compréhension du phénomène de transmission mère-enfant dans la spécificité du contexte alimentaire en nous basant sur les résultats d’une étude exploratoire. Tout en confirmant qu’il est important d’envisager les dyades mère-enfant, même si l’enfant ne présente pas de trouble particulier, comme étant potentiellement vulnérable de par l’expérience de relation à la nourriture et/ou la psychopathologie sous-jacente de la mère, nous abondons dans le sens d’une transmission entre la mère et son enfant durant la situation alimentaire. En effet, au niveau des caractéristiques psycho-pathologiques de la mère, nous avons vu que l’anxiété et la sensibilité ont un effet respectivement négatif et positif sur la qualité des interactions alimentaires qu’elle aura avec son enfant. D’autre part, l’expérience passée/présente de la mère quant à sa propre alimentation, qu’elle soit « équilibrée » ou « problématique », va teinter les choix d’éducation alimentaire de la mère pour son enfant ainsi que la qualité de leurs interactions lors des repas. Et enfin, l’expérience de la mère relative à la culture dans laquelle elle vit va grandement influencer ses pratiques et choix éducatifs alimentaires, ici pour les mères françaises, avec l’importance de la notion de Bien Manger par exemple.

36 Ces considérations, couplées aux différentes études cliniques sur ce sujet, nous amènent à penser que si l’on aborde le vécu des mères et leurs difficultés éventuelles liées à la nourriture, le bébé qu’elle a été ressortira de son discours et nous laissera peut être l’occasion de mieux comprendre la structure de sa relation à la nourriture ainsi que ce qu’elle développe comme relation avec son enfant autour de l’alimentation. Malgré le grand nombre d’études considérant les troubles des comportements alimentaires, peu abordent la situation dyadique en tant que telle, certaines questions restent donc ouvertes. Notre étude, bien qu’exploratoire et effectuée sur un petit échantillon, incite à penser que davantage d’investigation des populations non cliniques (tout venantes) serait utile à la compréhension des phénomènes de transmission dans, et par, le contexte alimentaire.

37 Si nous n’avons pas investigué l’influence paternelle dans le processus de transmission au sein de la relation alimentaire, nous souhaitons soulever ici toute l’importance de le faire à l’avenir. Cela permettrait de préciser et nuancer les données existantes, autant en termes socio-anthropologiques (influence du père par la culture, par son statut familial) qu’en termes psychologiques (influence de l’image paternelle, facteur de protection lorsque la mère a une pathologie, et inversement).

Notes

  • [1]
    Diverses sources bibliographiques : e.g. depuis l’Interprétation des rêves (1900) à la Métapsychologie (1915), en passant par la théorie de la sexualité infantile (1905).
  • [2]
    Fischler (1990) cite Frazer (1890) qui avait noté que les primitifs, en mangeant la chair d’un animal ou d’un homme qu’ils ont vaincu, ingèrent et font, symboliquement comme matériellement, leurs autant les qualités physiques que morales et intellectuelles de ces derniers.
  • [3]
    La commensalité, c’est-à-dire le fait, littéralement, de partager la même table et donc ce qu’elle porte, selon une perception particulièrement fréquente en France, est facteur de civilisation.
Français

Bien que de nombreux auteurs aient traité, dans la relation mère-enfant, l’importance de l’alimentation, (et donc du rapport à la nourriture) et l’interprétation des troubles qui peuvent en résulter, nous proposons dans cet article de constituer une vérification expérimentale d’une question spécifique : que se transmet-il entre mère et enfant dans le contexte alimentaire ? Au travers d’une recherche multidisciplinaire alliant socio-anthropologie et psychologie, nous avons constitué et étudié un recueil de données couplant représentations socioculturelles, histoires alimentaires personnelles ainsi qu’observations et analyses de la qualité des interactions alimentaires auprès d’une population de mères françaises et leur enfant (sain) âgé de 1 à 2 ans.

Mots-clés

  • Transmission orale mère-enfant
  • Qualité des interactions alimentaires
  • Représentations socio-culturelles alimentaires familiales
English

Feeding and Child-Mother Transmission

Many authors have dealt with the role of feeding and food as integral to the mother-child relationship and have offered interpretations of the resulting disorders it may trigger. This article sets forward experimental substantiation of a central question – what exactly is transmitted from mother to child within the framework of feeding ? Our approach is multi-disciplinary, involving both social anthropology and psychology, and we have established and analysed a database of socio-cultural representations, personal food stories, and the results of observing and analysing the nature of mother-child interactions during feeding. We studied a cohort of French mothers and their healthy infants aged between 1 and 2 years.

Key-words

  • Mother-Child Oral Transmission
  • Nature of Mother-Child Interaction during Feeding
  • Socio-Cultural Family Representations of Food

BIBLIOGRAPHIE

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Julie Bordet
Docteure en psychologie clinique, CHUV Lausanne, Suisse
Christelle Bénony-Viodé
Docteure en psychologie clinique, Université de Bourgogne, Dijon, France
Blaise Pierrehumbert
Docteur en psychologie clinique, CHUV Lausanne, Suisse
Hervé Bénony
Professeur en psychologie clinique, Université de Bourgogne, Dijon, France
Sylvie Sanchez
Docteure en anthropologie, Centre de Recherche Nestlé, Suisse
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Mis en ligne sur Cairn.info le 01/03/2012
https://doi.org/10.3917/cpsy.060.0063
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