En 1833, Guizot crée les écoles primaires supérieures, pour permettre aux enfants des classes populaires d’accéder à un enseignement prolongé sans se tourner vers l’enseignement secondaire, trop coûteux. Ces créations concernent d’abord les garçons, puis les filles à partir de 1836, mais elles se développent lentement. Ignorées par la loi Falloux de 1850, ces écoles ne subsistent que dans quelques grands centres (Lelièvre, 1985). C’est sous la IIIe République que « l’enseignement primaire supérieur va retrouver son existence légale et acquérir un rapide développement » (Buisson, 1911). En effet, un crédit est inscrit au budget de 1878 pour subventionner les communes qui souhaiteraient cet établissement et pour offrir des bourses aux élèves. La municipalité amiénoise, qui avait songé à se doter d’une école « supérieure » dès 1875, saisit l’occasion qui lui est offerte et crée une école primaire supérieure de garçons en 1878, puis une de filles en 1879, qui sera la seule du département jusqu’en 1926.
L’enseignement primaire supérieur, constitué des écoles primaires supérieures et des cours complémentaires, est d’abord institué progressivement de 1881 à 1887 (Soutric, 2002). Dès la mise en œuvre des premiers projets de réglementation, la question des filles semble beaucoup moins importante, aux yeux des autorités, que celle des garçons. Ainsi, en 1881, les programmes ne s’adressent implicitement qu’aux garçons, ce n’est qu’en 1885 qu’un programme de sciences spécifique aux écoles de filles est élaboré…