La carrière universitaire de Bruno Poucet, de sa soutenance de thèse (1996) à sa dernière année complète d’exercice professionnelle (2020), correspond à une période de poussée inédite des publications sur la laïcité. Cette croissance peut être mesurée au travers du catalogue général de la Bibliothèque nationale de France (BNF). Celui-ci montre une croissance spectaculaire des notices contenant le mot « laïcité » sur cette période, passant de 25 en 1996 à 117 en 2020. Au cœur de cet intérêt inédit pour la question laïque se trouve l’école. Certes, le lien entre institution scolaire et ce principe est particulièrement fort : l’émergence du sens moderne du mot « laïque », entre 1848 et 1850, doit beaucoup aux débats politico-éducatifs de l’époque, à commencer par ceux entourant la loi dite Falloux. Cependant, la montée des publications sur ce sujet ne se limite pas à ce constat. Depuis 1989 et la première affaire du foulard (Ferhat, 2019), les conflits portant sur la laïcité en milieu scolaire ont été un puissant moteur de la montée du thème dans les travaux de sciences sociales, mais aussi dans les passions publiques.
Historien de l’éducation contemporaine, Bruno Poucet n’a pas été étranger à cette évolution. Travaillant sur un des points d’affrontement entre laïques et catholiques depuis 1959 – à savoir l’enseignement sous contrat –, il a pu mesurer la force de l’évocation de la laïcité dans les discours et conflits politiques français (Baumgartner, 1989). Enseignant à l’IUFM de l’académie d’Amiens, chargé de la mission « laïcité » à l’Université de Picardie Jules Verne de 2015 à 2016 (et à nouveau depuis 2021), formateur sur les questions laïques dans l’enseignement supérieur de 2016 à 2020, il a aussi œuvré à ce sujet sur le plan professionnel…