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RéSUMé

Au sein des différents mouvements néo-eurasistes qui ont émergé dans les années 1990, celui d’A. S. Panarin (Académie des sciences de Moscou) se distingue par son haut degré de théorisation. Son discours se veut tout d’abord politique : le monde de l’après-bipolarité est un monde « post-moderne », marqué par de nouvelles valeurs (le sens de la collectivité, le retour de la religion et de l’ascétisme, un fort sentiment écologique, etc.) et à la tête duquel se trouverait la Russie post-totalitaire. Panarin définit alors pour elle, comme pour son « étranger proche », une géopolitique anti-occidentaliste fondée sur des postulats culturalistes empruntés à Samuel Huntington. Panarin cherche surtout à réhabiliter, philosophiquement et politiquement, la notion d’empire. Il espère ainsi effacer les ruptures idéologiques et dessiner les lignes de continuité entre tsarisme, Union Soviétique et période contemporaine. L’empire, entité anhistorique, serait alors la construction étatique « naturelle » de l’espace eurasien, seul moyen de garantir la préservation des cultures nationales tout en restant l’expression de l’identité russe. Le néo-eurasisme de Panarin propose ainsi au pays une nouvelle idéologie identitaire censée éviter toute division nationaliste en définissant une Russie tant russo-orthodoxe que turco-musulmane.

English

ABSTRACT

Russian Neo-Eurasianism: An empire after the empire?
Of all the Neo-Eurasianistic movements which emerged during the 1990s, A. S. Panarin’s stands out by its high degree of theorization. Panarin’s approach is above all political: the world after bipolarity is “post-modern,” that is, marked by new values (sense of collectivity, return to religion and ascetism, strong environmental concern, etc.), and under the leadership of post-totalitarian Russia. Panarin defines for Russia and her “near abroad” an anti-Western geopolitical agenda based on Samuel Huntington’s culturalist postulates. He seeks above all to rehabilitate the philosophical and political notion of empire, thus hoping to erase ideological breaks and restore continuity between tsarism, the Soviet Union and the contemporary era. The empire, an anhistoric entity, would then constitute a “natural” state structure for Eurasia: it would guarantee the preservation of natural cultures while remaining the expression of Russian identity. Thus, Panarin’s Neo-Eurasianism offers a new identity which is supposed to prevent nationalist divisions by defining Russia both as Russo-Orthodox and Turko-Muslim.

Marlène LARUELLE
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Mis en ligne sur Cairn.info le 01/09/2008
https://doi.org/10.4000/monderusse.8437
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