CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1Cet article veut situer historiquement, épistémologiquement et politiquement le développement d’approches psychologiques des violences contre les femmes par des professionnel·le·s de la santé mentale féministes aux États-Unis [1]. Concernant des pratiques tout à la fois cliniques, politiques et juridiques, cette histoire souligne que l’approche psychologique contemporaine des violences surgit d’un courant féministe de la psychologie, et donc d’un paradigme historiquement minoritaire dans une discipline par ailleurs dominante, qui se voit aujourd’hui largement, bien que partiellement, réapproprié par certaines autorités publiques, non seulement en Amérique du Nord, mais aussi en Europe et dans les organisations internationales.

2Le propos ici est de revisiter cette histoire de façon critique, avec l’intention de décrire le contexte de production des catégories psychologiques en question et leur inscription dans la discipline, en passant en revue dans un premier temps les liens entre les mouvements féministes nord-américains des années 1960 aux années 1980, les disciplines psychologiques et les violences envers les femmes, puis en présentant plus en détails les propositions soutenues par les psychologues féministes au sujet de ces violences, notamment les catégories jugées utiles à leur action féministe. Enfin, ce texte a également pour ambition de questionner les usages de l’équivoque expression « psychologisation des violences », employée pour dénoncer la prise en charge psychothérapeutique des auteur·e·s, comme celle des personnes victimes, en suivant la démarche critique présentée par Alain Ehrenberg :

3

[L]e mot-clé de cette démarche est : éclaircissement [...] L’intention critique est […] politique. Elle vise moins une vérité scientifique qu’une contribution au débat public, elle cherche moins à juger qu’à comprendre. La critique sociale doit être à la fois réaliste en décrivant des mondes vraisemblables, prescriptive en évaluant des mondes vivables, et politique en proposant des démarches intellectuelles qui rendent l’action possible.
(Ehrenberg 2000 [1998], p. 21)

Psychologie féministe et lutte contre les violences

4L’évolution des actions des psychologues nord-américaines féministes a suivi celle des mouvements féministes nord-américains qui se sont progressivement concentrés sur des causes particulières en réaction au backlash (Faludi 1991) survenu dans les années 1980 (Evans 2003, p. 222). Dans les années 1960 et 1970, les psychologues féministes ont d’abord développé une critique des théories et pratiques des disciplines psychiques, et publié des ouvrages largement diffusés et importants dans le développement d’une mobilisation féministe, comme The Feminine Mystique de Betty Friedan (2001 [1963]), ou Women and Madness de Phyllis Chesler (1972). La psychologie féministe se construit ensuite comme une spécialisation professionnelle liée en particulier aux violences envers les femmes, dans l’accueil des victimes et leur prise en charge, comme dans l’étude des violences et de leurs effets.

5Les violences envers les femmes jouent un rôle important dans l’institutionnalisation et la légitimation d’une psychologie féministe en Amérique du Nord. Son versant clinique, la thérapie féministe, telle que décrite par les psychologues féministes nord-américaines qui s’en revendiquent (par exemple Sturdivant 1983 [1980], Burstow 1992, Brown 1994), a notamment été élaborée pour s’adresser aux victimes de violences, constituant celles-ci comme les patientes paradigmatiques de cette approche. Sans revenir en détail sur cette histoire (Pache 2015), il s’agit de se représenter la thérapie féministe comme une pratique qui a cherché à ne pas être oppressive, conduisant les psychothérapeutes féministes à modifier la dynamique interpersonnelle de la thérapie dans ce sens. Est notamment contestée l’attribution d’un diagnostic de façon unilatérale, critiquée comme un acte pathologisant et paternaliste. L’attention constante aux rapports de pouvoir en général et à ceux liés aux privilèges de la fonction de thérapeute dans l’interaction clinique les conduit, de fait, à considérer toute personne en thérapie comme opprimée et potentiellement victime de violences. Par ailleurs, les psychologues féministes [2] défendent l’idée d’une étiologie sociale des troubles psychiques et considèrent que l’oppression et les violences sont, premièrement, source de souffrance, deuxièmement, identifiables et, enfin, traitables.

6Les psychologues et psychiatres féministes ont ainsi joué un rôle important par l’apport théorique et la légitimité scientifique qu’elles ont apportés à la lutte contre les violences envers les femmes, en parallèle de ou en collaboration avec les juristes féministes [3]. Leur approche psychologique des violences s’inscrit dans un contexte de large diffusion sociale des conceptions psychologiques, devenues la grille de lecture des relations interpersonnelles (Illouz 2008), mais surtout dans une culture institutionnelle étatsunienne convaincue de la légitimité de l’expertise psychologique dans les politiques publiques (Herman 1995). Ces chercheur·e·s et clinicien·ne·s sont apparues comme des féministes qui prolongent la lutte dans leur domaine, en intervenant comme militant·e·s, mais surtout comme féministes « qualifiées ». Cette qualification proviendrait de leur expertise scientifique, mais aussi de leur conviction d’être des porte-paroles des victimes, en mobilisant notamment la parole de leurs patient·e·s [4]. Les publications des psychologues féministes en matière de violence ou de traumatisme – ces textes construisant un lien étroit entre les deux – situent leur travail dans la lignée des mouvements féministes (par exemple Walker 2009 [1984], Brown 1994).

7Nombre de professionnel·le·s de la santé mentale féministes se sont spécialisé·e·s sur les effets psychologiques des violences et ont revendiqué une expertise dans ce nouveau domaine d’activité psychologique. La psychologue Lenore Walker (1942-) est l’une des premières à se faire un nom sur ces questions. Son livre The Battered Woman, paru en 1979, joue un rôle important dans la construction et la diffusion de savoirs féministes professionnels sur les violences conjugales (Delage 2017). Walker fait figure de pionnière dans le traitement institutionnel des violences envers les femmes ; en 1987, l’American Psychological Association lui décerne d’ailleurs un prix pour cette raison [5].

8Un engagement similaire caractérise la psychologue Paula Joan Caplan (1947-). Toutes deux œuvrent à contester une attitude fréquente dans leur profession, résumée ainsi : « Les personnes sans pouvoir sont vues comme l’ayant cherché». [6] Dans son livre The Myth of Women’s Masochism, Caplan (1985) argumente contre le « mythe » que les femmes aiment souffrir et insiste sur les effets nuisibles de cette conception, pour les patientes et les femmes en général, tandis que Walker, dans The Battered Woman Syndrome, analyse les effets psychiques des violences envers les femmes et s’emploie à démonter les idées reçues au sujet des violences dans le couple (Walker 2009 [1984]). Comme l’a relevé la sociologue Pauline Delage à propos des écrits féministes sur le viol (Delage 2017, p. 20), les psychologues féministes ont employé une rhétorique de révélation similaire à celle des militantes : il s’agit de montrer ce qui a été caché et de dire ce qui a été tu. La production de nouveaux savoirs et de meilleures connaissances est nécessaire pour éclairer ce qui a été laissé dans l’ombre et rétablir la vérité, corriger les mythes, objectiver la réalité [7].

9Ces différents éléments soulignent la similarité et la continuité entre le cadrage féministe militant des violences envers les femmes et la perspective des psychologues féministes. La production de savoirs féministes doit être envisagée comme une démarche entièrement intégrée à leur militantisme. Elle prolonge une mission de révélation de la réalité : celle des femmes, niée jusque-là, qui devrait conduire à reconsidérer l’organisation de la société dans son ensemble. Le développement de nouvelles données est également une arme politique nécessaire pour faire avancer cette cause auprès des institutions américaines, où la mobilisation d’une expertise professionnelle a facilité la mise en place de politiques publiques en matière de violences contre les femmes (Cavalin 2016, Delage 2017). La spécialisation de la psychologie féministe sur ces questions a éloigné les psychologues féministes d’une conception plus globale et militante de la politisation des expériences personnelles. Dans leurs publications, elles continuent cependant de se décrire comme des facilitatrices de cette politisation qui restent attentives aux dérives qui pourraient surgir. Ainsi Caplan dans un article de 2005, s’inquiète des risques de « psychologisation » du traumatisme, qui oblitérerait la nécessité d’agir sur les causes sociales des violences (Caplan 2005).

Catégoriser les violences et leurs effets

10Les psychologues féministes considèrent comme la plupart des féministes que les violences envers les femmes s’inscrivent dans les rapports sociaux de sexe. Les ressources théoriques de la psychologie sont d’abord mobilisées pour documenter et quantifier les violences (Rutherford 2017), expliquer le comportement des femmes victimes (par exemple Walker 2009 [1984]), ainsi que pour proposer des moyens de les aider (Marecek 1999). La discipline psychologique s’est constituée en Amérique du Nord en tant que « science » du comportement. Ses multiples méthodes cherchent à objectiver le fonctionnement d’un être humain, par des approches expérimentales, par des enquêtes statistiques ou d’autres approches quantitatives, et, plus minoritairement, par des approches qualitatives [8].

11Lenore Walker décrit ainsi l’apport d’une perspective féministe à la psychologie des violences :

12

L’intégration d’une analyse de genre féministe à la compréhension psychologique des violences contre les femmes […] signifie que la compréhension de l’impuissance et de l’oppression des femmes, en général, est appliquée aux situations individuelles.
(Walker 1989, p. 697, ma traduction) [9]

13Sa perspective psychologique intègre les processus sociaux en considérant leurs effets sur les individus. Pour Walker, le fait de s’intéresser aux effets psychologiques des violences n’entre donc pas en contradiction avec une appréhension sociale et politique de celles-ci. Le type de savoirs psychologiques qu’elle développe sur les réactions individuelles – et les dispositifs de prises en charge qui s’en inspirent – attribue un rôle à ces individus, mais en vue d’une transformation sociale. C’est autour d’une volonté de faire entendre et de prendre en compte la parole des femmes, autant que les facteurs sociaux conditionnant leurs comportements, que s’opère l’articulation d’une perspective féministe et d’une approche psychologique pour lutter contre les violences.

14Le but de l’opération est explicitement la défense des victimes. Cette politisation d’un problème qui est considéré comme relevant de la sphère privée passe en effet par la démonstration de leur « innocence », dans le double sens d’une non responsabilité – elles n’en sont pas la cause – et d’une non culpabilité – elles ne devraient pas être condamnées (blamed), juridiquement ou moralement. Pour Lenore Walker et d’autres, il s’agit d’aller encore plus loin : il faut expliquer pourquoi les victimes restent dans des situations de violences conjugales – et donc pourquoi il est nécessaire d’intervenir selon elle – et offrir une justification psychologique de cette apparente perturbation de leur capacité de réfléchir et d’agir.

15L’intention politique des psychologues féministes concerne à la fois des enjeux d’expertise scientifique – dont l’usage peut être juridique – et des préoccupations cliniques. Ce double but n’est pas inhabituel dans la psychologie en général : la discipline veut faire science en démontrant notamment son expertise sur les comportements, mais les psychologues sont devenus également des professionnel·le·s de la santé mentale avec une pratique à visée thérapeutique. Il s’agit de réfléchir à la prise en charge thérapeutique et politique des victimes, autant qu’à des propositions théoriques et expérimentales prenant en compte les rapports sociaux de sexe. À l’intersection de ces deux projets s’est développée une problématique récurrente : la définition d’une catégorie psychiatrique recouvrant les symptômes psychiques qui seraient engendrés par les violences.

16Si cette question est usuellement approchée comme devant être résolue par une même réponse clinique et scientifique, il me semble utile de noter qu’elle ne se pose pas de la même façon dans l’espace des pratiques cliniques et ailleurs (Pache 2015). Peser l’utilité d’une catégorie diagnostique pour traiter un problème psychique ne revient pas à évaluer sa validité scientifique dans l’étude de mécanismes comportementaux conçus comme universels dans les usages d’une expertise psychologique, notamment dans le cadre d’une procédure légale. Sans une certaine reproductibilité de ces mécanismes, il est en effet impossible de lier de façon suffisamment déterministe un cas individuel à un phénomène social.

17Il faut comprendre ainsi les recherches et les propositions concernant deux syndromes cliniques liés à la question des violences. Lenore Walker – et son équipe – est la première à proposer une catégorie spécifique pour les victimes de violences conjugales, ou comme Walker les désigne à ce moment-là, les « femmes battues ». Son « syndrome des femmes battues » (battered woman syndrome) s’inscrit dans une école de psychologie plutôt comportementaliste qui met l’accent sur l’apprentissage dans la formation sociale des individus. Elle mobilise le concept d’« impuissance apprise » (learned helplessness) pour expliquer ce qui peut apparaître comme un comportement passif des victimes et une incapacité à se défendre ou à quitter le domicile.

18Ses recherches sur les « femmes battues » l’ont amenée à développer, en plus de son activité académique et psychothérapeutique, une pratique d’expertise (s.a. 1988 ; Walker 2009). Walker est une femme très engagée dans les institutions publiques et professionnelles et n’a jamais caché la dimension stratégique de certaines de ses positions. Elle a contribué au développement d’une expertise psychologique plus favorable aux victimes dans le cadre des procédures judiciaires. Avec le temps, son syndrome s’est vu critiqué pour des raisons méthodologiques et politiques, et a fini par perdre du terrain aux États-Unis (Rothenberg 2003). Mais il reste le seul syndrome spécifique aux victimes de violences conjugales et se voit utilisé bien au-delà de son champ disciplinaire et géographique d’origine.

19Un second syndrome, non spécifique aux violences envers les femmes, a reçu un accueil et une institutionnalisation moins contestée : le syndrome de stress post-traumatique (post-traumatic stress disorder ou PTSD). Cette catégorie a obtenu une reconnaissance en 1980 dans la troisième édition du manuel de la psychiatrie américaine, le Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (DSM), grâce à la mobilisation conjointe des psychologues féministes et des psychiatres militaires défendant les vétérans de l’armée américaine. Cette alliance, quelque peu incongrue, a permis l’entrée de l’unique catégorie diagnostique du manuel non seulement reconnaissant une étiologie sociale à une pathologie psychiatrique, mais aussi incluant une étiologie tout court. Cette concession est au cœur de la mobilisation qui a soutenu le PTSD. Si pour les vétérans, il s’agissait de démontrer leur non-responsabilité dans leurs symptômes et d’obtenir ainsi une pension d’invalidité, pour les féministes, il s’agissait d’affirmer la non-culpabilité des victimes de violences. Comme l’ont montré Didier Fassin et Richard Rechtman (2007), le PTSD inscrit en effet le traumatisme dans une nouvelle ère qu’ils caractérisent comme étant celle de « la fin du soupçon ».

20La reconnaissance du PTSD formalise une approche universaliste faisant de la réaction post-traumatique la réponse normale, attendue, à une violence, contrairement à la méfiance qui caractérisait la période précédente, qui considérait qu’une « névrose traumatique » – selon la conceptualisation antérieure – ne surgissait que comme réactivation d’un trauma originel, et donc d’une vulnérabilité préalable. La parole des victimes se voit désormais reconnue, et fait foi, sous réserve d’une validation par des professionnel·le·s de la santé mentale.

La mise à l’épreuve de la catégorisation

21L’intégration du PTSD au DSM ne comporte cependant pas que des éléments positifs aux yeux des psychologues féministes. Comme l’écrit la psychiatre Judith Herman,

22

[l]e trauma psychologique est une affection de la personne dépossédée de pouvoir. Au moment du traumatisme, la victime est rendue impuissante par une force irrésistible.
(Herman 1992, p. 33) [10]

23Cette définition du traumatisme psychologique comme l’expérience subjective d’une impuissance (powerlessness) caractérise la position des psychologues féministes, divergeant en ceci grandement de l’universalisme des catégories psychiatriques. Se référant à Brown (1991), la psychologue féministe Maria Root (1992) détaille ainsi les éléments de cette subjectivité :

24

le trauma est une expérience très personnelle, dont le bouleversement, le stress, la souffrance ne peuvent être jugés que subjectivement et dans un contexte psychosocial.
(Root 1992, p. 230) [11]

25Malgré leur prétention à l’objectivité, les auteurs du DSM n’ont pas choisi de critères moins subjectifs pour la catégorie de PTSD dans la troisième édition du manuel. Présentés comme des critères « opérationnels » devant permettre, selon les réformateurs du manuel, une qualification diagnostique fiable [12], ces critères sont néanmoins critiqués par les féministes, qui contestent en particulier le caractère « extraordinaire » de la définition d’un évènement traumatisant [13], les violences contre les femmes ne pouvant que difficilement être qualifiées comme telles (par exemple Brown 1991, Root 1992). Avec cette conception de l’événement traumatisant excluant de fait et dès la création de la catégorie de nombreuses situations de violences, les psychologues féministes restent critiques de cette catégorie sur ce plan, avec raison si l’on considère l’évolution de ce point dans les révisions du manuel, qui conduisent à une définition de plus en plus restrictive de ce qui peut être reconnu comme traumatisant. Elles sont nombreuses à critiquer le fait qu’aucun syndrome psychiatrique recouvrant spécifiquement les effets psychologiques de violences chroniques n’est reconnu. Herman soutient l’introduction d’une variante du PTSD, le Complex Posttraumatic Stress Disorder, et définit le « trauma complexe » ainsi :

26

une histoire de subordination à un contrôle total sur une période prolongée (mois à années). Inclus par exemple les otages, les prisonniers et les prisonnières de guerre, les survivant·e·s de camps de concentration, et les survivant·e·s de certains cultes religieux. Inclus également les personnes soumises à des systèmes totalitaires dans la vie sexuelle et domestique, y compris les survivant·e·s de violence domestique, d’abus physique ou sexuel dans l’enfance, et l’exploitation sexuelle organisée.
(Herman 1992, p. 121) [14]

27La réappropriation large dans la société et les modes d’expériences individuelles du concept de traumatisme et des effets psychiques d’une exposition à des violences peut néanmoins être interprétée comme une victoire significative de cette approche des violences. Car la notion de « trauma » s’est ainsi répandue autant dans les pratiques des thérapeutes, féministes ou non, que dans celles des institutions ayant à gérer des phénomènes de violence de façon plus générale (Marecek 1999, Fassin et Rechtman 2007).

28Pour sa part, le « syndrome de la femme battue » (Battered Women Syndrome) de Walker, qui n’a lui jamais été introduit dans le DSM, mais a été utilisé par des experts dans le cadre de procédures judiciaires, a été critiqué de toute part : par d’autres psychologues, d’autres féministes, mais aussi par nombre de juristes, féministes ou non. La chercheuse Beth Rothenberg qualifie le syndrome de « compromis culturel » (cultural compromise) (Rothenberg 2003). Il aurait en effet permis de proposer un syndrome psychologique suffisamment compatible avec une approche féministe des violences envers les femmes, se conformant en particulier à l’objectif d’offrir une rationalisation du comportement des victimes (pourquoi elles restent), la légitimité de cette explication jouant cependant sur des représentations sexuées stéréotypées (la femme sans défense et passive, qui n’est pas capable de prendre soin d’elle).

29Ce « compromis » contribue à la reconnaissance de certaines femmes victimes de violences, mais limite celle d’autres femmes qui présenteraient un comportement moins conforme aux normes sexuées. Ce cas illustre avec ce dernier point un problème constitutif des processus de catégorisation en général, la détermination d’une catégorie particulière excluant par définition ce qui n’en remplit pas les critères. Rothenberg (2003), ainsi que Kathleen J. Ferraro (2003), font par ailleurs au syndrome un procès en psychologisation, ici sous la forme d’une inquiétude quant à l’individualisation et à la pathologisation du problème. Comme le relève également Caplan (2005) dans son article s’inquiétant de la psychologisation du traumatisme, il serait cependant absurde de critiquer le fait que les psychologues mobilisent des ressources psychologiques pour comprendre et agir face aux violences de genre. Mais surtout, il serait souhaitable de mieux saisir l’épistémologie et l’anthropologie sous-jacentes dans la perspective attaquée.

La critique de la « psychologisation » des violences

30L’enjeu est moins de contester la caractérisation d’un phénomène comme relevant d’une psychologisation que de comprendre ce qui est ciblé par cette expression, en clarifiant les enjeux de cette histoire, en particulier dans le cas des violences conjugales, tout en traitant équitablement les travaux des psychologues féministes. Si leur stratégie peut bien sûr être critiquée, un examen plus substantiel de leur projet et des problèmes auxquels elles cherchent à répondre, dans un contexte particulier, devrait sous-tendre la critique sociologique ou politique [15].

31Premièrement, si l’on entend, comme c’est fréquemment le cas dans les sciences sociales francophones, par « psychologisation » un processus de transformation de la façon dont on pense un phénomène auparavant considéré comme social en des termes psychologiques (Stevens 2008), il s’agirait d’une part de montrer que le phénomène en question a réellement fait l’objet d’une compréhension sociologique précédant cette transformation, et d’autre part, que cet objet est réellement nouveau pour la psychologie (ou les autres disciplines psychiques). Ainsi, dans le cas des violences envers les femmes, force est de constater que c’est bien parce que ces violences faisaient l’objet d’un discours psychologique que les féministes nord-américaines, et en particulier les psychologues féministes ont développé une approche concurrente pour saisir cet objet plus adéquatement, selon leurs valeurs, avec les ressources de la discipline, qui avait déjà acquis une grande légitimité dans cet espace géographique. La préoccupation apparue pour les effets psychologiques des violences est alors à opposer à la focalisation sur les caractéristiques psycho-pathologiques des victimes comme devant expliquer ce qu’elles subissent, une vision laissant le plus généralement les auteur·e·s de violences hors de l’équation. La perspective féministe en psychologie politise la clinique de la violence – celle des victimes comme celle des auteur·e·s – en en faisant le résultat d’un processus modifiable et discutable, et non de la « nature humaine ». Hors de la discipline, l’approche psychologique a peut-être gagné du terrain dans les rangs féministes, auparavant acquis à une vision plus collective du problème, mais on ne pourra que difficilement démontrer qu’il a jamais été majo-ritairement reconnu que les violences envers les femmes sont le produit d’une socialisation particulière liée aux rapports sociaux de sexe.

32Deuxièmement, d’un point de vue épistémologique, même s’il était possible d’objectiver une évolution des discours et des pratiques, il est douteux d’opposer psychologique et social. Je rejoins ici la critique du sociologue Alain Ehrenberg (2010) sur l’épistémologie d’une sociologie des usages des approches psychologiques, quand il enjoint des collègues sociologues à ne pas confondre une sociologie de l’individualisme avec une sociologie individualiste [16]. Ne pas saisir la production sociale du discours psychologique et son anthropologie revient à lui donner trop de crédit. En lui accordant un statut « extrasocial », on lui offre précisément ce que certain·e·s de ses auteur·e·s défendent : un statut universel et anhistorique, qui légitimerait une approche objectivante et spécifique d’une réalité psychique ontologiquement distincte de la réalité sociale.

33En outre, la dénonciation de la psychologisation ne se traduit trop souvent que par une critique de l’« individualisation » du phénomène en question, sans que cette dernière expression ne soit nécessairement beaucoup plus explicite. Encore une fois, l’approche féministe des psychologues nord-américaines étudiées illustre une position plus complexe. En effet, l’approche individualiste et pathologisante est précisément celle que Walker et ses collègues ont combattu, d’abord dans leur champ professionnel, puis plus largement dans celui des mouvements féministes et de la société.

34Pour saisir ce qui se joue réellement dans la diffusion du langage psychologique, il est donc nécessaire de s’intéresser à son contenu et à ce qu’il permet, sans le réduire à une approche homogène et anhistorique, comme il prétend l’être, mais bien d’en faire l’objet d’une analyse socio-historique. D’un point de vue historiographique, on peut en effet défendre, comme l’historien de la psychologie Fernando Vidal, que « la psychologie n’étant que ce que font les psychologues, les définitions reflètent les intérêts de l’instance qui les formule » (Vidal 2008, p. 53).

35Troisièmement, l’enjeu principal est politique et concerne la conception de la capacité d’action des individus. Et c’est davantage sur ce point que la discussion des approches psychologiques des violences de genre est intéressante. Walker n’a qu’un but qui apparaît clairement dans ces propos : sauver les victimes. Il faut selon elle, d’une part, intervenir auprès des victimes pour faire cesser les violences ; d’autre part, les personnes victimes qui se défendent par la violence ne doivent pas être condamnées. Si l’on peut contester sa méthodologie et sa stratégie d’explication psychologique, il est cependant important de comprendre que Walker mène un combat politique.

36C’est pourquoi la critique du « syndrome de la femme battue » a été conduite de deux façons : sur le bilan, comme Rothenberg (2003) ; et une critique sur la stratégie de fond, comme le fait davantage Ferraro (2003). Les problèmes posés par ces catégories concernent alors surtout leurs usages, en particulier dans les expertises psychologiques judiciaires. Par exemple, concernant les femmes victimes de violences conjugales et auteures de violences, pourquoi le fait d’être victime devrait excuser des violences, en dehors des situations de légitime défense ? Mais aussi, quelle légitimité pour l’expertise psychologique, même féministe, dans ce débat politique (Pache 2016) ?

37Cette histoire s’est déroulée en Amérique du Nord, des années 1970 aux années 2000, dans un contexte largement acquis à la compréhension psychologique des comportements et à l’expertise des psychologues en matière de politiques publiques. L’efficacité des approches en santé mentale pour réunir des fonds de recherches et soutenir le développement de programmes d’action contre les violences envers les femmes en a fait un modèle qui se diffuse largement à l’international, notamment en Europe. Cette circulation a par exemple fait apparaître en France, bien que tardivement, le Battered Women Syndrome dans les débats liés au cas de Jacqueline Sauvage, condamnée pour l’homicide de son mari, et vraisemblablement victime de violences depuis des décennies, dont la grâce était demandée par ses avocates et certaines féministes.

38Il me semble néanmoins utile de ne pas oublier le caractère local et contextuel de ce cadrage des violences envers les femmes, comme un problème de santé mentale, autant pour ne pas oublier ce qui s’est fait autrement et ailleurs pour lutter contre ces violences, que pour ne pas rejeter cet import nord-américain sans comprendre son origine plus critique qu’il ne pourrait y paraître, notamment en comparaison des pratiques et théories en santé mentale continentales, peu suspectes de féminisme.

39Illustrant ces enjeux, la mobilisation d’une compréhension psychologique des relations interpersonnelles est également très présente dans les récents débats surgis dans la foulée de la médiatisation de témoignages accusant le producteur hollywoodien Harvey Weinstein de harcèlement et de violences sexuelles. Ces événements ont remis à l’ordre du jour, aux États-Unis et ailleurs, l’expérience que font les femmes d’un traitement différencié et opprimant, et le rôle des violences, notamment sexuelles, dans le maintien d’une hiérarchie entre les catégories de sexe. Outre sa légitimité institutionnelle, l’attrait de la psychologie pour les mouvements féministes de la période contemporaine réside dans la reconnaissance que cette discipline accorde à l’expérience personnelle et à sa sub-jectivité, tout en cherchant à objectiver le caractère reproduc-tible et compréhensible de comportements individuels.

40C’est également une perspective effective qui s’intéresse au changement de comportement et fournit des outils pour ce faire. Un mouvement critique des rapports sociaux contemporains, qui cherche à faire entendre la parole de groupes dominés et à transformer ces rapports peut assurément voir dans ces connais-sances un matériel utile. La prégnance de considérations psychologiques pour discuter les violences envers les femmes ne doit cependant pas masquer qu’elles recouvrent différentes épistémologies et donc des postures politiques bien distinctes, notamment dans la conception de l’émancipation et de l’articulation de l’individuel et du collectif.

Notes

  • [1]
    Ce texte reprend certains éléments présentés dans le chapitre 2 de ma thèse, « Naissance d’une clinique féministe » (Pache 2015, pp. 95-167). Le corpus étudié dans ce travail d’histoire est essentiellement composé des publications des psychologues féministes nord-américaines engagées dans le développement de la psychologie et de la thérapie féministes, ainsi que dans la critique féministe de leur discipline.
  • [2]
    Pour une présentation des différentes perspectives féministes de la psychothérapie, et de ce qu’elles partagent, voir Enns (1997).
  • [3]
    Sur les transformations du cadre juridique américain en matière de violences domestiques, voir Pleck (1987) et Schneider (2000).
  • [4]
    Pour un commentaire critique d’une « survivante de la psychiatrie » sur ce point, voir Chamberlin (1994).
  • [5]
    Il s’agit du « 1987 APA Award for distinguished professional contributions to public service » (Anonyme 1988).
  • [6]
    « The powerless are regarded as bringing it on themselves. » (Bograd, citée par Caplan (1985, p. 1)). Sauf précision contraire, les traductions sont de mon fait.
  • [7]
    Voir les titres évocateurs de certains ouvrages : outre le livre de Caplan (1985), voir aussi The Secret Trauma (Russell 1986) et The Conspiracy of Silence (Butler 1978). À noter que la volonté de lever le silence concerne particulièrement la violence sexuelle.
  • [8]
    À noter que la dimension clinique et thérapeutique n’apparaît que tardivement dans l’histoire étatsunienne de cette discipline historiquement scientifique (Capshew 1999). La situation étatsunienne diffère grandement du contexte français où la psychanalyse parasite tout autre discours sur le psychologique, parvenant paradoxalement à se revendiquer comme contestataire et différente des autres disciplines psychologiques, tout en captant suffisamment d’influence pour que toute approche « psy » y soit confondue avec elle (Lézé 2010). Les psychologues féministes étatsunienne se sont largement mobilisées contre la psychanalyse et s’inscrivent plutôt dans une approche comportementale, en particulier les chercheur·e·s, ainsi que dans une approche thérapeutique humaniste (Enns 1997).
  • [9]
    « The integration of a feminist gender analysis into the psychological understanding of violence against women […] means that the comprehension of powerlessness and oppression of women, in general, is applied to individual situations. »
  • [10]
    « [p]sychological trauma is an affliction of the powerless. At the moment of trauma, the victim is rendered helpless by overwhelming force. »
  • [11]
    « trauma is a very personal experience, the upheaval, stress, and pain of which can only be judged subjectively and in a psychosocial context. »
  • [12]
    Sur ces questions d’« opérationnalité » des critères du DSM, voir Demazeux (2013).
  • [13]
    « outside the range of usual human experience », APA 1987 : 250.
  • [14]
    « A history of subjection to totalitarian control over a prolonged period (months to years). Examples include hostages, prisoners of war, concentration-camp survivors, and survivors of some religious cults. Examples also include those subjected to totalitarian systems in sexual and domestic life, including survivors of domestic battering, childhood physical or sexual abuse, and organized sexual exploitation. »
  • [15]
    Certaines critiques proviennent du champ anglophone des sciences sociales et de la psychologie qui traitent des violences de genre (Ferraro 2003, Rothenberg 2003, Caplan 2005), d’autres des sciences sociales francophones (voir en particulier le dossier du numéro de Sociologies pratiques sur la psychologisation (2008/2, 17).
  • [16]
    Voir également la discussion que propose Laïla Salah-Eddine (2010) sur la psychologisation des rapports de travail en lien avec la notion de harcèlement moral.
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À partir d’une recherche sur l’histoire de la psychologie féministe nord-américaine, cet article aborde la façon dont les travaux de psychologues féministes sont mobilisés pour dénoncer les violences envers les femmes et revendiquer des politiques publiques pour lutter contre celles-ci. Dans un contexte où les effets psychiques de l’oppression des femmes sont devenus une évidence, il s’agit de retracer l’histoire d’un processus de politisation de la psychologie dont on ne semble parfois retenir aujourd’hui que les éléments les plus conservateurs. Le cas des approches psychologiques des violences envers les femmes éclaire également plus globalement les enjeux de la qualification d’un processus de « psychologisation ».

Mots-clés

  • psychologie
  • féminisme
  • violence
  • expertise
  • santé mentale
  • Etats-Unis
Español

La historia feminista de la “psicologización de las violencias”

A partir de una investigación sobre la historia de la psicología feminista norteamericana, este artículo plantea la manera en que los trabajos de psicólogas feministas son movilizados para denunciar las violencias hacia las mujeres y reivindicar políticas públicas para luchar contra estas. En un contexto en el cual los efectos psíquicos de la opresión de las mujeres se han vueltos una evidencia, se trata de rastrear la historia de un proceso de politización de la psicología del cual parecemos a veces recordar solamente los elementos más conservadores. El caso de los enfoques psicológicos de las violencias hacia las mujeres esclarece también más globalmente los retos de la calificación de un proceso de “psicologización”.

Palabras claves

  • psicología
  • feminismo
  • violencia
  • pericia
  • salud mental
  • Estados Unidos

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Stéphanie Pache
Stéphanie Pache, médecin et historienne, est chercheuse postdoctorale au département d’histoire des sciences de l’Université d’Harvard. Après une thèse défendue en 2015 à l’Université de Lausanne sur l’histoire de la psychologie féministe américaine, elle travaille sur l’histoire du cadrage des violences interpersonnelles comme problème de santé publique (États-Unis, 1980-2010). Elle s’intéresse aux enjeux politiques des théories et des pratiques des sciences et de la santé, en particulier de la santé mentale.
⸺ (2018) « Critique et pratique : “L’emprise du genre” sur la santé mentale ». In Coutant I. et Wang Simeng (dir.), Santé mentale et soufrance psychique : un objet pour les sciences sociales. Paris, CNRS éditions : 119-132.
⸺ (à paraître) « Amour et Psyché : les débuts cliniques de la sexologie lausannoise (Suisse, 1960-1990) ». In Girard G., Perreault I. et Sallée N. (dir.), La Sexualité et ses savoirs. Montreal, Presses de l’Université de Montréal.
Cette publication est la plus récente de l'auteur sur Cairn.info.
Mis en ligne sur Cairn.info le 18/07/2019
https://doi.org/10.3917/cdge.066.0051
Pour citer cet article
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