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Cet ouvrage est doublement original. D’une part parce que, s’il existe de nombreux articles érudits sur différents aspects de la symbolique du cerf, peu de travaux synthétiques sont disponibles. D’autre part parce qu’il s’agit d’un ouvrage à deux voix – on pourrait même dire à deux voies – où les auteurs, un spécialiste du symbolisme chrétien, Jean-Pierre Laurant, et un spécialiste de l’islam turco-persan, Thierry Zarcone, soulignent le parallélisme entre le chemin suivi par la pensée chrétienne et le chemin suivi par la pensée soufie dans l’élaboration d’une symbolique mystique du cerf.
Dès la ligne 10 de l’ouvrage (p. 7), le fil directeur est annoncé : le cerf est un animal « passeur », qui relie le ciel et la terre, la vie et la mort, le monde visible et le monde invisible. Modestement, les auteurs se défendent de toute ambition encyclopédique : « Le but de cet ouvrage n’est pas d’étudier le cerf dans tous ses états, nourricier, guérisseur, pourvoyeur d’objets ménagers, de vêtements ou d’armes, ni même d’analyser l’universalité de ses fonctions symboliques. Il s’agit de mettre en lumière un certain nombre de traits porteurs de sens autour de la notion de passage et propres à cet étonnant métissage culturel qui a fait du cerf le grand nourricier de l’imaginaire de peuples aussi différents que les Européens christianisés ou les turcophones d’Asie centrale […] qui épousent graduellement l’islam » (p. 13). Les auteurs ne s’interdisent pas, pour le plus grand intérêt du lecteur, des incursions éclairantes dans le lointain passé, avec les cerfs gravés du paléolithique, et dans la culture contemporaine, où des fictions cinématographiques témoignent de la permanence de la figure symbolique du cerf…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 16/12/2019
- https://doi.org/10.4000/assr.49765