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Le concept de communauté est sans doute un des plus importants dans les sciences sociales en général et la sociologie des religions en particulier. C’est surtout dans les sciences humaines en Europe centrale (de langue allemande), de la fin du xixe siècle jusqu’aux années 1930, qu’il a occupé une place notable, qui débordait largement le monde universitaire. Dans cette note, il sera question d’interprétations très diverses de la communauté et de son rapport à la religion, mais qui partagent la fascination pour ce concept polysémique et polémique.
L’ouvrage du chercheur argentin Daniel Alvaro se veut une présentation systématique des conceptions sur la communauté de certains « pères fondateurs » de la science sociale moderne : Marx, Tönnies, Weber. Sa tentative, très ambitieuse, n’est pas tout à fait réussie, mais constitue tout de même une contribution utile. Ce qui me semble le plus problématique dans sa démarche, c’est de suggérer une sorte de ligne de continuité entre les trois penseurs. L’auteur constate, à juste titre, me semble-t-il, que l’opposition entre Gemeinschaft (communauté) et Gesellschaft (société) trouve son origine moderne dans les écrits du romantisme politique en Allemagne : Adam Müller, Friedrich Schlegel, et plusieurs autres, qui perçoivent la communauté comme une unité politique (l’État monarchique) et spirituelle (l’Église catholique) menacée par la société moderne. Marx a sans doute été influencé par des penseurs romantiques, mais son intérêt pour la communauté est d’une tout autre nature : influencé par des historiens (G…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 16/12/2019
- https://doi.org/10.4000/assr.46836