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Cet ouvrage collectif est consacré au pédagogue Antonio Santoni Rugiu récemment disparu. Il est constitué de témoignages et d’études sur la pensée du maître florentin. La pédagogie de Santoni Rugiu avait celle de l’américain John Dewey pour origine, mais durcie au feu d’une influence marxiste. La pédagogie se présentait sous une forme idéologique et l’éducation devenait un rapport social. Santoni Rugiu avait une vision gramscienne du développement historique qui imprégnait toute sa réflexion sur l’éducation. Sa pensée alliait empirisme et historicisme pour mieux critiquer le système éducatif de l’Italie des années 1960, mais aussi pour s’en prendre à la réflexion pédagogique de l’époque ; il lui reprochait son incapacité à utiliser une logique des classes sociales et des économies politiques pour mieux démystifier une pédagogie de la connaissance. L’éducation était en effet pour Santoni Rugiu la recherche d’une identité de classe.
Le pédagogue restait ouvert aux suggestions des écoles nouvelles et il rejetait les critiques que leur adressaient les marxistes intransigeants. Il voyait en effet dans l’activisme pédagogique une arme pour développer l’esprit critique dans un pays qui en était dépourvu après une longue domination de l’Église catholique. Le renouveau de l’École était inséparable d’une lutte globale pour une société démocratique fondée sur la justice sociale. Dans le sillage du pédagogue Lamberto Borghi (Educazione e autorità nell’Italia moderna, 1951), Santoni Rugiu considérait le dilemme entre liberté et autorité comme un vice rédhibitoire de l’école italienne…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 20/07/2016
- https://doi.org/10.4000/assr.27293