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L’introduction de l’ouvrage en dessine clairement le contexte et l’intention : à partir du tout début du xxe siècle, l’irruption des méthodes et résultats de l’anthropologie dans les études classiques se manifeste dans de nouvelles problématiques dont témoignent les œuvres de Gustave Glotz, Marcel Mauss et Louis Gernet. Après une éclipse de l’intérêt pour les études comparatistes, éclipse qui durera une bonne trentaine d’années, les travaux de l’école helléniste française (Vernant, Vidal-Naquet, Detienne) semblent opérer une jonction durable entre l’étude des sociétés anciennes et les apports d’une anthropologie elle-même profondément renouvelée. Jonction facilitée par les glissements de sujets et méthodes qui s’opèrent au même moment dans la pratique historique dans son ensemble. Pourtant, vers le milieu des années 1980, Nicole Loraux, qui avait elle-même participé à cette entreprise, est l’une de celles qui contribuent à en rectifier le cours, pointant les risques d’effacement des dimensions tant historique que politique qui en menaçaient l’exercice, tout en suggérant de possibles champs d’investigation liés aux pratiques politiques, judiciaires et sociales. Des soupçons n’en restent pas moins périodiquement émis quant aux gauchissements que les méthodes anthropologiques seraient susceptibles de faire subir à l’étude de la dynamique historique des sociétés antiques, dans leur dimension économique notamment. Résultat de journées d’étude tenues durant l’année 2010, le présent volume entend donc réfléchir sur la fécondité des rapprochements effectués ou à effectuer entre les méthodes anthropologiques, historiques, archéologiques ou encore d’analyse littéraire, tout en précisant à l’occasion les limites de l’exercice et les précautions à observer pour qui s’engage en pareille entreprise…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 08/01/2016
- https://doi.org/10.4000/assr.26535