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Ce beau petit livre publié par la Société d’ethnologie de Nanterre s’inscrit dans la collection « Anthropologie de la nuit » dirigée par Aurore Monod Becquelin. Il reprend la substantifique moelle de la thèse de doctorat de Guy Bordin, déposée en 2008, sur les représentations et le vécu de la nuit des Inuit du village de Mittimatalik, situé au nord du 72e parallèle sur la Terre de Baffin, c’est-à-dire un des villages inuit les plus au nord, au-delà du cercle polaire, et probablement habité depuis plus de quatre mille ans. Il faut saluer d’emblée la facture agréable de l’ouvrage, et souligner l’intérêt des cartes, reproductions picturales et photographies qui complémentent le texte.
« Pourquoi certaines fêtes, les plus nombreuses, durent-elles toute ou une partie de la nuit, tandis que quelques autres ne restent que des activités de la journée ? » (p. 13) Telle est la question à laquelle entreprend de répondre l’ouvrage. La problématique ne concerne pas les significations spécifiques de telle ou telle fête, mais comment les fêtes prises dans leur totalité nous informent du rapport inuit à la nuit et influencent les cycles temporels de la vie familiale et sociale. Pour ce faire, l’anthropologue allie un travail à partir de sources secondaires au terrain ethnographique. En raison de leur situation nordique, les Inuit ont été relativement épargnés par la colonisation des Européens (dits Qallunaat) jusqu’au xxe siècle, au cours de laquelle se sont condensés les profonds bouleversements qui les ont arrachés au nomadisme et au chamanisme ancestraux au profit de la sédentarisation (effective autour de 1960) et d’une conversion au christianisme (essentiellement anglican ici)…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 23/08/2014
- https://doi.org/10.4000/assr.25408