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Cet ouvrage, issu d’une HDR, reprend un dossier parfois réduit à des attendus pour dégager la réalité des relations entre ces trois acteurs de la vie sociale et politique de la fin du xixe siècle. Souvent le prisme de « l’alliance du sabre et du goupillon » a fondé la vision contemporaine des relations entre ces trois acteurs. Pour les républicains, l’ouverture de l’armée aux influences politiques, religieuses et morales du clergé est une menace réelle. Or le livre montre que si cette alliance n’est pas sans fondement, elle est néanmoins plus souvent mythique que réelle. La proximité des deux institutions, militaire et cléricale, se fonderait sur une proximité de valeurs, d’attitudes et de mystiques. L’honneur, le devoir, mais aussi le service de la patrie, rapprochent les protagonistes. Or le développement de la conscription fait de l’armée un lieu d’instruction et un possible « lieu d’acculturation républicaine et laïque » (p. 18) d’où la vive attention que les républicains lui portent. L’auteur insiste d’abord pour rappeler que les relations d’un pôle à l’autre sont asymétriques. L’armée et l’Église sont confrontées à un processus de laïcisation au cœur de la vision idéologique des républicains récents vainqueurs des élections. Car la République n’est pas seulement un régime politique, elle est aussi une culture qui, à la promotion des libertés publiques et au patriotisme, associe la défense de la laïcité de l’État. L’auteur distingue deux périodes : de 1878 à 1898, même si les républicains s’inquiètent d’une possible proximité entre les officiers et les clercs, le processus de « républicanisation » et de laïcisation est lent et modéré ; de 1898 à 1914, dans les suites de l’affaire Dreyfus, les républicains entreprennent une nouvelle étape plus vive de laïcisation de l’armée et de séparation avec l’Église…
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- Mis en ligne sur Cairn.info le 23/08/2014
- https://doi.org/10.4000/assr.25406