Article
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Cet ouvrage montre de manière sensible et intelligente comment la symbolique des cerisiers en fleurs, accaparée par les dirigeants et relayée par une propagande nationaliste, a influencé de jeunes Japonais, les plus érudits de leur temps, les plus ouverts à la culture occidentale, au point qu'ils s'identifièrent à ces pétales de fleur, devenant eux-mêmes des tokkôtai, plus connus en Occident sous la dénomination de kamikaze.
À travers cette analyse convaincante de l'usage politique d'un symbole et de ses répercussions sur une jeune population, c'est un pan de l'histoire du shintô d'État qui nous est conté, l'histoire de cette idéologie centrée sur la personne de l'empereur tennôsei qui conduira le Japon à l'ultranationalisme.
L'originalité de cet ouvrage réside également dans sa composition. Structuré en quatre parties qui, a priori, pourraient être lues séparément (exceptée peut-être la dernière consacrée à l'interprétation de l'auteur), l'ouvrage offre une lecture qui, au fil des chapitres, pose les jalons indispensables à la compréhension de ce phénomène qui mena ces jeunes élites de la nation à devenir des kamikaze-s.
La première partie, constituée d'un seul chapitre, est consacrée au symbolisme des cerisiers en fleurs. L'auteure examine ce symbole avant la restauration de Meiji, c'est-à-dire avant même la mise en place du shintô d'État. Elle montre, notamment, comment le symbole des cerisiers en fleurs s'est construit dès le ixe siècle en opposition à celui des pruniers en fleurs de la Chine et comment, avant même la récupération nationaliste, ces fleurs représentaient déjà l'identité japonaise tant individuelle que collective…
Auteur
- Mis en ligne sur Cairn.info le 01/06/2009
- https://doi.org/10.4000/assr.4006