CAIRN.INFO : Matières à réflexion

1 L’originalité de l’exploitation des gisements de Doba, au sud du Tchad, tient pour une grande part au montage institutionnel qui l’a autorisée. Le dispositif associe trois multinationales pétrolières, deux États voisins (Tchad, Cameroun) et surtout la Banque mondiale. Il s’accompagne de la mise en place d’un mécanisme de contrôle des revenus pétroliers inédit [3]. Pour la première fois, un projet d’exploitation pétrolière se voit mis au service des objectifs de renforcement des capacités de l’État et du développement durable. Le contexte géographique et géopolitique du Tchad est loin d’y être étranger. Si l’on excepte les gisements littoraux du Golfe de Guinée, l’exploitation on-shore est rare et récente en Afrique. Aussitôt après le pétrole soudanais de Talisman (1999), Doba constitue la deuxième expérience du genre. Son opérateur principal, l’américain Exxon, est novice en la matière : il n’était jamais intervenu directement jusqu’ici en dehors des États-Unis ou de l’off-shore.

2 Or le Tchad est caractérisé depuis l’indépendance par une instabilité politique chronique. La région pétrolière du sud du pays constitue au cours des deux dernières décennies un des principaux foyers de crise (cycles de rébellion / répression en 1984, 1992-1993, 1998-2000). Les troubles politico-militaires expriment les difficultés de la construction de l’État, de la gouvernance et de la démocratisation. Devant la faiblesse de l’opposition politique, la société civile apparaît comme la principale instance d’opposition au régime du président Idriss Déby. Appuyée par des ONG internationales, elle a déployé une grande activité contre le projet pétrolier, avant l’engagement de la Banque mondiale, en juin 2000 [4]. Son argumentaire se basait sur l’exemple du Nigeria : l’or noir ne pourrait que conforter l’appropriation par des élites « nordistes » des ressources du Sud, spolier les populations et détruire l’environnement. Dès lors, pour les compagnies pétrolières, la participation de la Banque sert d’indispensable caution à un investissement périlleux : c’est elle qui assume la médiation entre le gouvernement et la société civile, réduisant ainsi le risque politique, social et territorial.

3 Alors que l’ère pétrolière tchadienne est très récente – elle commence avec le début du chantier, en octobre 2000, puis avec l’exportation du premier baril en octobre 2003 – il s’agit ici de s’intéresser au contact entre un système pétrolier et son milieu d’accueil en contexte on-shore africain. On présentera d’abord l’insertion du système pétrolier dans les savanes soudaniennes du Tchad, avant de s’intéresser à ses effets locaux et régionaux. En dernier lieu, on proposera un modèle d’analyse sur leur évolution prévisible dans le temps.

L’insertion du système pétrolier dans les savanes soudaniennes du Tchad

Du mondial au local

4 Le potentiel pétrolier du Sud tchadien est connu depuis une trentaine d’années (1973) [5]. Les conflits civils au Tchad en ont longtemps retardé la mise en valeur. À l’inverse, les perspectives haussières des marchés des hydrocarbures à moyen et long terme ont incité des firmes transnationales à s’aventurer dans l’exploitation de gisements on-shore, auparavant jugée trop risquée et peu rentable.

5 Ainsi, la réalisation du projet de Doba voit l’implantation d’un système pétrolier sophistiqué dans les savanes soudaniennes du sud du Tchad. Celui-ci est mis en œuvre par un consortium de multinationales à dominante américaine constitué en 2000 [6], avec Exxon comme opérateur. Il s’agit d’extraire, de transporter vers le littoral et d’exporter vers les marchés mondiaux une huile visqueuse localisée loin à l’intérieur du continent. Les trois champs de Komé, Miandoum et Bolobo sont situés à une quinzaine de kilomètres au sud-ouest de la ville de Doba (cf. carte 1). Début 2005, plus de 200 des 300 puits prévus étaient fonctionnels, pour une capacité de production d’environ 180 000 barils par jour, appelée à atteindre progressivement 225 000 barils par jour, pour une durée de 25 à 30 ans. À partir des champs de pétrole, le brut est conditionné et chauffé au niveau des installations de Komé V, puis emprunte un oléoduc de 1.070 kilomètres jusqu’au terminal flottant de stockage et de déchargement camerounais de Kribi.

Carte 1

Le pétrole tchadien dans son contexte régional

Carte 1

Le pétrole tchadien dans son contexte régional

Source : Géraud Magrin.

6 Le projet s’implante dans un milieu caractérisé par une pauvreté généralisée, une sécurité alimentaire précaire et ignorant tout de la grande industrie. Le sud du Tchad auquel appartient la zone pétrolière correspond à une ancienne zone cotonnière [7]. Elle est constituée pour l’essentiel d’un ensemble de bas plateaux recouverts d’une végétation de savane arborée ou de forêt claire. Les systèmes de culture pluviale itinérants extensifs font co-exister champs de mil, de coton ou d’arachide et longues jachères. Les densités sont élevées pour le Tchad, mais très contrastées : elles varient de plus de 100 habitants au kilomètre carré au nord de Moundou, à moins de 5 sur les périphéries frontalières, pour une moyenne de près de 40. La zone des champs pétroliers se situe au sud de la diagonale de plus fort peuplement Kélo / Moïssala : les densités y sont modérées, de l’ordre de 15-20 habitants au kilomètre carré. Un réseau de villes petites et moyennes structure cet ensemble, dominé par Moundou (140 000 habitants en 2005). En dehors de celle-ci, qui compte un embryon de tissu industriel (brasserie, fabrique de cigarettes, huilerie-savonnerie), les petites unités d’égrenage de la Cotontchad représentent les seules industries de petites villes qui vivent du commerce et de la fonction publique. Cet ensemble régional est apparu en crise au cours des dernières décennies, sous l’effet notamment des troubles politico-militaires récurrents et des graves difficultés de la filière cotonnière [8].

7 En s’introduisant dans cet espace, le système pétrolier apparaît comme un corps étranger. Il produit une territorialité spécifique, qui crée des conditions analogues à celles d’une exploitation off-shore. Les différents lieux qui forment le système pétrolier, depuis les champs jusqu’aux places du commandement national (N’Djamena) ou international (centre de Bordeaux, un moment base de gestion du projet ; siège d’ExxonMobil à Houston), en passant par les différentes installations qui longent l’oléoduc, sont reliés en permanence entre eux par des réseaux de communication efficaces, et séparés du milieu d’accueil par des systèmes de contrôle et de sécurité [9]. Le système pétrolier se surimpose en archipel à l’espace peu différencié des savanes soudaniennes du Tchad [10].

Les conditions du greffage

8 La mise en place de l’implant pétrolier dans le contexte tchadien n’est pas allée sans mal. De 1996 à 2000, des débats très vifs ont opposé partisans et adversaires farouches du projet, les premiers se situant du côté du gouvernement tchadien, d’Esso et de la Banque mondiale, les seconds de la société civile et des partis politiques d’opposition [11]. L’implication de la Banque mondiale, mais aussi les campagnes internationales visant à faire pression sur les compagnies pétrolières et minières pour que leurs interventions dans les pays pauvres soient plus respectueuses de l’environnement et moins perturbatrices en termes de gouvernance [12], expliquent les précautions prises.

9 Les compensations individuelles ou communautaires distribuées en dédommagement des terrains utilisés par les infrastructures n’ont pas peu contribué à faire accepter l’intrusion pétrolière. Elles ont représenté environ 5,5 millions de dollars, soit seulement 0,1 % d’un investissement total finalement estimé à 4 milliards de dollars. Leur montant a été parfois l’enjeu d’âpres négociations avec les organisations de la société civile de la région productrice, aboutissant notamment à une augmentation très substantielle de l’indemnisation des manguiers, de 3 000 à 550 000 FCFA par arbre abattu [13]. Le montant des compensations individuelles était très variable : de 5 000 à 5 millions FCFA, avec une moyenne de 325 000 FCFA [14], équivalent de trois récoltes de coton, soit la moitié des revenus annuels moyens des paysans. L’impréparation des populations à recevoir de telles sommes a été très critiquée par certains courants de la société civile : elle aurait eu pour conséquence un large gaspillage. Une étude récente relativise ce phénomène. Des biens durables ou productifs ont été acquis avec l’argent des compensations (toits de tôle, matériel agricole, bœufs d’attelage…), et 14 % des bénéficiaires seulement considèrent que ces sommes ont été « gaspillées » [15]. En revanche, les compensations ont attisé jalousies et rivalités au sein des villages, notamment entre bénéficiaires et exclus. Dans un contexte de pression démographique limitée et de grande pauvreté, être « impacté » par le projet constituait une chance, voire une situation recherchée.

10 Parallèlement aux compensations individuelles, Esso a financé un projet de compensations communautaires destiné aux villages et cantons affectés. Mis en œuvre par la GTZ [16], ce projet consistait à construire des équipements collectifs choisis par les populations (forages, écoles, radiers…). Dans le cadre des mesures d’urgence financées par la Banque mondiale, le FACIL [17] a aussi réalisé un certain nombre d’infrastructures dans les lieux où l’afflux de population au moment du chantier soulignait l’insuffisance des infrastructures (dispensaires, écoles, mairies à Doba et Bébédjia, château d’eau à Bébédjia…). Concentrés dans 9 cantons et 3 communes directement concernés par l’emprise pétrolière pour accompagner la mise en place du projet, ces investissements ont pourtant été très critiqués. On a contesté tantôt la médiocre qualité des réalisations (écoles effondrées après deux saisons des pluies), tantôt leur lenteur (FACIL) ou leur sous-dimensionnement (mairie de Doba). Il s’est avéré cependant que ces compensations communautaires étaient plutôt mieux acceptées que les compensations individuelles, en créant moins de tensions au sein des sociétés villageoises.

L’emprise foncière et l’environnement

11 Alors que l’exploitation vient de démarrer et que le développement des champs pétroliers se poursuit, il est trop tôt pour proposer un bilan de l’impact du projet sur l’environnement physique. On peut néanmoins observer que la nature du projet – du fait de l’implication de la Banque mondiale et du contexte particulier évoqué ci-dessus – a fait de la question environnementale un enjeu majeur. Le consortium affiche beaucoup son attachement à l’atténuation des impacts environnementaux du projet. Un Plan de gestion de l’environnement (PGE) très détaillé a été élaboré dès 1997, pour fixer les règles de conduite de l’ensemble des opérations, durant la phase de construction de l’infrastructure et au-delà. Trois niveaux de surveillance assurent le suivi environnemental : au sein du consortium fonctionne une équipe importante de suivi du PGE (EMP [18]), qui vérifie la conformité des activités des équipes du consortium et de ses sous-traitants [19]. Le CTNSC [20] remplit un rôle équivalent pour le gouvernement tchadien. Enfin, l’ECMG [21], mandaté par la Banque mondiale, exerce une mission d’audit environnemental externe.

12 Les bases de Komé [22] n’occupent qu’une assez faible superficie, de l’ordre de 1000 hectares. L’oléoduc a été recouvert et les terrains rendus à des utilisations agricoles ou pastorales, excluant seulement, sur une largeur de 10 à 15 mètres, la plantation d’arbres ou la construction d’habitation. Cela étant, le visiteur est frappé par l’importance de l’emprise au sol des infrastructures pétrolières : puits, installations de traitement, et surtout lacis des pistes qui relient entre eux les éléments du système. Vu d’avion, au niveau des trois champs principaux, le réseau des puits présente une densité impressionnante (cf. photo 1), au sein de laquelle une agriculture interstitielle parvient curieusement à se maintenir. L’augmentation du nombre des puits au sein des trois champs déjà productifs, la création prochaine de nouveaux puits dans les champs de Nya (4 puits) et Moundouli (25 puits) fin 2005-début 2006 [23], parallèlement à la poursuite des explorations, contribuent à augmenter l’emprise physique du projet. L’utilisation excessive de terrains est parfois relevée dans les situations de non-conformité au PGE, mais de façon ponctuelle [24]. Il existerait un débat sur la possibilité de minimiser ces impacts entre des spécialistes des questions d’environnement d’un côté, les équipes de production et d’exploration de l’autre – les foreurs exigeant une largeur de piste de 20 mètres. De nouveaux équipements de forage pourraient opérer sur des pistes moins larges et donc contribuer à la réduction de l’emprise au sol.

Photo 1

Vue d’avion du réseau des puits des bases de Komé

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Vue d’avion du réseau des puits des bases de Komé

13 Cette question de l’emprise des installations pétrolières pourrait avoir des implications au-delà de la seule question environnementale. En effet, la mise en exploitation du gisement de Moundouli, puis celle, probable d’ici 2 ou 3 ans, des champs de Bémangra et Karkay, à l’est de Krim Krim (cf. carte 2), et de ceux du bassin de Dosséo, dans le Mandoul, affecteront des zones sensiblement plus peuplées que celle des puits de Doba, plus proches aussi de zones humides sensibles (vallée du Logone et Mandoul). Il n’est pas certain, dès lors, que les enjeux environnementaux soient exactement équivalents à ceux pris en compte à Doba. L’EIE de Moundouli mériterait d’être approfondie pour mieux prendre en compte ces facteurs.

Les transformations régionales

Le chantier et l’emploi

14 Le chantier de construction de l’infrastructure de production et d’exportation a constitué le premier moment de la greffe. C’est là que les impacts locaux ont été les plus forts, que la distance entre le système pétrolier et le milieu d’accueil est apparue la plus considérable, que les possibilités d’emploi ont attiré le plus de main-d’œuvre.

15 Les impacts économiques du chantier sur l’économie tchadienne peuvent être analysés à travers les opportunités d’affaires des entreprises et l’emploi. Malgré des adaptations progressives de part et d’autre, le décalage entre les normes exigées par les sociétés du consortium et les capacités tchadiennes ont tenu les entreprises nationales à l’écart des principales retombées du chantier. Les sociétés tchadiennes qui ont su tirer leur épingle du jeu étaient surtout basées à N’Djamena. Dans la région pétrolière, seule une dizaine d’hommes d’affaires de Moundou ont pu profiter directement des effets induits du chantier [25]. En 2004, le consortium a effectué 59 milliards de FCFA d’achats locaux [26], ce qui correspond à peu près aux sommes distribuées par la Cotontchad à l’ensemble des planteurs de la zone soudanienne pour l’achat du coton cette même année.

16 C’est aussi pendant le chantier que l’emploi a été le plus important. En 2002-2003, un maximum de 9 000 personnes a travaillé au Tchad pour le consortium (6 700) ou ses sous-traitants (2 300). Le nombre d’emplois directs est tombé à moins de 2 000 (dont 1 376 Tchadiens et environ 500 expatriés) en 2004 [27], l’emploi des sous-traitants diminuant dans les mêmes proportions. Ainsi, passée la période de construction, le projet emploie l’équivalent des effectifs des Brasseries du Logone à Moundou. Même si ces emplois sont aux deux tiers qualifiés et bien rémunérés au regard des normes tchadiennes, cela demeure très restreint.

17 Des règles de recrutement ont été élaborées de manière à éviter un afflux massif de migrants en quête d’emploi vers la zone du projet. Les postes qualifiés étaient pourvus depuis N’Djamena, Moundou ou Doba. Les autres tâches étaient confiées aux habitants des villages concernés, recrutés localement par tirage au sort. Malgré les jalousies et les critiques, le système a dans l’ensemble convenablement fonctionné [28].

18 Mais ceci n’a pas empêché des migrations relativement importantes. D’après Esso, environ 8 000 personnes non employées par le projet se sont installées dans la zone de développement des puits de pétrole durant le chantier [29]. Les faubourgs pétroliers d’Atan [30] et Komé, situés aux portes des complexes de Komé base et de Komé V, auraient notamment abrité un maximum de 2 000 migrants extérieurs au projet, ainsi qu’un certain nombre d’employés non qualifiés. Les migrants provenaient pour moitié des régions limitrophes de la zone pétrolière, pour moitié des autres parties du pays [31], ainsi que de la sous-région. Au-delà de l’espoir de bénéficier d’un emploi direct, les migrants valorisent par une large gamme d’activités les retombées salariales du projet : commerces en tout genre, artisanat [32], bars, prostitution [33]. L’afflux de main-d’œuvre et les salaires pétroliers ont aussi provoqué une forte poussée inflationniste (alimentation, loyers, etc.) dans un rayon d’une centaine de kilomètres autour des puits, largement relatée par la presse tchadienne. Dans les villes de la zone pétrolière (Doba et Bébédjia), des acteurs n’djaménois variés – élites politiques ou fonctionnaires aisés originaires de la région – ont développé des stratégies foncières spéculatives, acheté maisons et terrains [34]. Après la fin du chantier, fin 2003, la majeure partie des migrants est repartie. Les employés qualifiés nourrissent la croissance de Bébédjia et Doba. Les prix ont baissé.

L’enveloppe: étanchéité, porosité

19 Le système pétrolier est protégé par une gangue d’équipements et de mesures destinée à garantir son étanchéité. Mais cette enveloppe n’est pas hermétique : de façon officielle ou souterraine, des flux manifestent des liens entre le corps greffé et le tissu qui le reçoit.

20 Dans le contexte on-shore d’une région longtemps instable, la sécurité physique des infrastructures et des employés a constitué une préoccupation première dans la relation entre système pétrolier et milieu d’accueil ; celle-ci s’envisage à plusieurs échelles. Le rétablissement de la paix dans le Sud tchadien apparaissait comme une condition du début des activités. C’est probablement à elle que l’on doit les opérations de maintien de l’ordre menées par l’armée tchadienne entre 1998 et 2000 [35]. Le complexe phénomène des coupeurs de route, qui caractérise depuis au moins deux décennies l’ensemble du bassin du lac Tchad [36], a curieusement peu affecté les activités pétrolières. Il sévit pourtant avec une intensité particulière dans la zone des trois frontières entre le Cameroun, le Tchad et la RCA, riveraine du tracé de l’oléoduc.

21 La garde des installations est confiée à des sociétés de sécurité qui, contrairement à des craintes exprimées avant le chantier [37], ne ressemblent guère à des milices privées paramilitaires. Ce sont simplement des sociétés de gardiennage aux effectifs gonflés par l’ère pétrolière. Leur efficacité tient davantage aux bonnes relations de leurs dirigeants avec le régime qu’au comportement martial des gardiens, plutôt débonnaires. Ainsi, la circulation sur la route pétrolière principale qui dessine un U de la sortie de Bébédjia aux environs de Doba, en passant par Komé base et Komé V (cf. carte 2), est en accès semi-contrôlé. L’accès aux bases est en revanche strictement réservé. Mais les puits de pétrole avoisinent les terrains agricoles sans autre protection que de fragiles grillages. Début 2005, certains d’entre eux ont même été volés nuitamment aux portes de la base de Komé V, et retrouvés sur les étals de quincailliers de Doba !

Carte 2

Les gisements de Doba et leurs extensions

Carte 2

Les gisements de Doba et leurs extensions

Source : Géraud Magrin.

22 De fait, en dépit de ses protections, le système pétrolier présente une certaine porosité. Celle-ci est parfois délibérée : avec la fin du chantier, le consortium a donné une partie du matériel devenu inutile aux populations riveraines. En 2004, 34 camions de ferraille, une centaine de camions de bois ont été livrés au recyclage, au bénéfice des ONG, associations d’artisans ou Églises de la zone [38]. Des échanges informels entre la citadelle pétrolière et les faubourgs spontanés établis à ses portes (Komé Atan à Komé base, quartiers de Komé V) se sont développés pendant le chantier. Leur intensité a suivi la courbe de l’emploi, mais ils perdurent toujours, animés par les éleveuses peules ou arabes vendeuses de lait et de thé, les grilleurs de viande et commerçants divers, les bars. D’autres flux plus ou moins légaux les accompagnent : réseaux de commercialisation de matériels électroniques des travailleurs philippins employés par les sous-traitants, bouteilles d’eau minérale vendues à bas prix aux portes de la base par des employés, alors qu’elles sont « gratuites » à l’intérieur.

Effets sur l’économie régionale

23 À nouveau, les effets de l’exploitation pétrolière doivent être appréhendés à différents niveaux géographiques. Les retombées sur la zone pétrolière stricto sensu, comprenant les villes et cantons riverains des champs et de l’oléoduc, sont limitées à l’apport des salaires des employés (modeste après le chantier), aux compensations, aux réalisations des différents projets d’accompagnement (cf. supra), ainsi qu’aux 5 % des ressources pétrolières bénéficiant à la région productrice du Logone oriental [39].

24 Cinq ans après le début du chantier, la zone pétrolière semble avoir bénéficié de la nouvelle activité. Un indice socio-économique prenant en compte des indicateurs multiples (revenus, santé, éducation, alimentation, habitat, investissements productifs, etc.) a montré que plus on s’approche du cœur de la zone pétrolière, plus le niveau de développement est élevé [40]. Mais c’est aussi là que les contestations sont les plus fréquentes et véhémentes. De plus, ces changements demeurent timides. Le projet semble avoir fonctionné comme révélateur des tendances antérieures : individus et villages qui avaient amorcé des dynamiques positives ont davantage profité des opportunités nouvelles [41].

25 La région pétrolière au sens large correspond au Logone géographique (régions des deux Logones, de la Tandjilé) élargie au Mandoul. L’impact direct de l’activité pétrolière y est réduit, car la rente emprunte les canaux de l’État. À l’échelle du Sud du Tchad comme de l’ensemble du pays, un des premiers effets de l’ère pétrolière devrait être de stimuler la croissance des villes, lieux de concentration habituelle des flux financiers étatiques, qu’ils soient associés aux investissements publics ou à ceux induits par les détournements. Les dynamiques urbaines de la région portent l’empreinte du chantier pétrolier. C’est particulièrement sensible à Moundou : antennes de la téléphonie mobile, nouvelles banques, quelques immeubles à étage. Le Plan de développement régional (PDR) [42] élaboré sous l’égide du CTNSC vise ainsi à organiser les investissements publics pour la période 2006-2010 dans cette région, avec la part des 80 % des recettes pétrolières affectées aux secteurs prioritaires qui pourront lui revenir.

26 L’agriculture a connu des évolutions significatives dans la zone des champs pétroliers. À l’ombre des derricks, le coton a pratiquement disparu, victime de la crise profonde de la filière et des opportunités de revenus offertes par l’activité pétrolière. En contrepartie des terrains perdus, le système pétrolier a eu quelques effets stimulants : 75 % des compensations en nature ont concerné l’agriculture (matériel, bœufs) [43], et des projets (SFI [44], ORT [45]) ont appuyé la modernisation des exploitations pour approvisionner les bases en produits maraîchers ou animaux. Mais ceci n’a pas concerné un très grand nombre d’exploitants. La difficulté à s’adapter aux critères de qualité du consortium, mais aussi la baisse de la demande liée à l’effondrement des effectifs à la fin du chantier, limitent les impacts sur l’agriculture locale. En revanche, les compensations ont eu des effets sur la relation au foncier. Perçues comme indemnisation des efforts réalisés pour la mise en valeur de la terre, elles ont fait craindre aux détenteurs des droits fonciers qui avaient pu prêter ou louer leurs parcelles une légitimation du droit des occupants [46].

27 À l’échelle de l’ensemble du Sud tchadien, les effets de l’exploitation pétrolière sont surtout indirects. Quelques groupements de femmes de Moundou ou du Mandoul interviennent bien dans l’approvisionnement maraîcher des bases. Mais c’est la croissance des villes et la demande urbaine en produits de l’agriculture et de l’élevage qui constituera le facteur de changement déterminant, dans un contexte où la crise de la filière cotonnière rend vitale la diversification de l’agriculture régionale [47].

La greffe à l’épreuve du temps

Hypothèses sur les cycles miniers

28 À partir de réflexions menées dans d’autres contextes pétroliers, il peut être intéressant de s’interroger sur le devenir de la greffe pétrolière dans les savanes d’Afrique centrale. Ainsi, dans le parc national Yasuni en Équateur [48], l’État a donné des concessions pétrolières à plusieurs opérateurs, nationaux et multinationaux. Ces concessions, qui avoisinent sur un espace assez restreint, ont des âges différents, de plus de 30 ans à quelques années. En comparant les situations des différentes concessions, les hypothèses suivantes ont pu être formulées sur l’évolution, sur un pas de temps long (15 à 20 ans), des stratégies des opérateurs, de l’état des installations, ainsi que de celle des capacités de négociation des communautés locales (cf. figure 1).

Figure 1

Le cycle minier

Figure 1

Le cycle minier

Source : Geert van Vliet.

Hypothèse 1

29 Au début des activités (phase de construction et début des opérations), celles-ci produisent des emplois. Les impacts négatifs sociaux et environnementaux ne sont pas (encore) visibles. L’utilisation des techniques les plus récentes et la contractualisation de personnel fixe bien formé permettent d’assurer les conditions de sécurité d’opération et de réduire les impacts environnementaux. Les premiers représentants des opérateurs sont ouverts à la négociation.

Hypothèse 2

30 Une fois commencées les activités (phase de croissance des opérations), on observe des rotations au niveau des représentants des opérateurs, et même des remplacements complets d’opérateurs.

Hypothèse 3

31 Vers la fin des activités (phase de maturité, puis déclin), les impacts négatifs sociaux et environnementaux deviennent plus visibles. Les installations sont vétustes et obsolètes, et ne répondent plus aux normes de protection de l’environnement. Les représentants des opérateurs se ferment à la négociation. Les travailleurs fixes sont remplacés par du personnel temporaire. Le respect des règles de sécurité et de préservation de l’environnement est de moins en moins assuré.

32 Si le recul du temps manque encore dans le cas tchadien, les données récentes recueillies au Tchad ou dans d’autres contextes d’Afrique de l’Ouest et du Centre tendent à accréditer la pertinence de ces hypothèses. Le niveau des indemnisations, qui représente pourtant une fraction minime du coût des investissements, baisse sensiblement au fil des années, alors que les demandes des communautés deviennent de plus en plus structurées. Les ONG intermédiaires très soucieuses de leur légitimité auprès des communautés sont remplacées par d’autres, plus liées aux entreprises pétrolières. Les ressources mises à disposition des départements de relations publiques s’amenuisent et leurs responsables rencontrent de plus en plus de difficultés à faire prévaloir leurs positions au sein des entreprises. Leur influence diminue, jusqu’au moment où les entreprises les remplacent par des consultants moins connus et plus « compréhensifs » des intérêts de l’entreprise. Le processus de dilution entre le pourtour de l’organisation et son centre progresse au fil des années, au profit de la sphère dure du centre. Le rêve d’une gouvernance d’entreprise plus responsable s’effiloche.

Premiers enseignements sur les logiques organisationnelles des systèmes pétroliers

33 Des observations récentes effectuées au Tchad, mais aussi ailleurs, permettent d’esquisser une modélisation du fonctionnement des entreprises pétrolières et de leurs relations avec l’extérieur. La sphère de production est organisée par cercles successifs, allant des activités les plus sensibles et les plus protégées (souvent mises en œuvre sans sous-traitance et sous contrôle direct des opérateurs de consortium), aux espaces et activités où les interactions avec le monde externe sont tolérées. C’est là que s’exerce le plus la sous-traitance. La proportion de main-d’œuvre locale augmente au fur et à mesure qu’on approche du milieu d’accueil. Les contacts entre communautés et entreprises pétrolières sont organisés le plus loin possible de la sphère des activités de production et de transport. Les négociations avec les sociétés locales et leurs représentants sont sous-traitées à des ONG reconnues, qui agissent dans le cadre de procédures et de montants pré-établis par les entreprises. Ce fut le cas au Tchad dans le cadre du projet de compensations communautaires mis en œuvre par la GTZ.

34 Les contacts avec les ONG internationales, les organismes financiers multilatéraux, les ministères, les collectivités locales ou les chercheurs sont gérés par des départements spécialisés de relations publiques, d’environnement ou de socio-économie. Ils sont souvent dotés de ressources humaines disposant de niveaux élevés de légitimité dans les domaines des questions sociales et environnementales. Là aussi, les contacts s’établissent le plus loin possible de la sphère de décision concernant les activités productives proprement dites.

35 Dans ce contexte, l’étude de l’interrelation entre les entreprises extractives et leur milieu d’accueil mérite d’être poursuivie. Il ne s’agit pas de diaboliser le fonctionnement des « cœurs » de ces organisations, mais au contraire de permettre une meilleure interaction entre les entreprises intéressées par un comportement plus responsable et leur environnement. Il s’agit notamment de créer des conditions favorables au renforcement de la capacité des niveaux périphériques à influer sur les décisions prises au niveau du noyau décisionnel central.

Conclusion

36 La greffe pétrolière opérée au Tchad présente une grande originalité. Elle est liée au contexte géographique (on-shore) et géopolitique de sa réalisation, qui a influencé le montage institutionnel de sa mise en œuvre. Les conditions de son succès éventuel doivent s’analyser dans les relations dynamiques entre le milieu d’accueil, le système pétrolier et l’État. En effet, c’est par ces canaux que transitera l’essentiel de la rente : s’ils ne s’orientent pas assez vers la région productrice pour lui prouver qu’elle bénéficie de l’ère pétrolière, la tension pourrait monter entre le système pétrolier et son environnement. Le rejet de la greffe pourrait alors prendre des formes comparables aux situations observées au Nigeria, où infrastructures et activités pétrolières constituent un objet privilégié des tensions sociales et politiques.

Notes

  • [1]
    Géraud Magrin est docteur en géographie, chercheur au CIRAD (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement).
  • [2]
    Geert van Vliet est docteur en économie, délégué au domaine de la Gouvernance à la Direction scientifique du CIRAD.
  • [3]
    Voir l’article de Benoît Massuyeau, « Éviter la malédiction pétrolière au Tchad ? Analyse de la loi de gestion des revenus pétroliers », dans ce même numéro.
  • [4]
    Voir : Agir ici, Survie, (1999) et Pétry, Bambé, (2004).
  • [5]
    Voir Magrin (2003) : 35.
  • [6]
    Exxon a 40 % des parts, Chevron 25 %, le malaisien Petronas 35 %. Un précédent consortium regroupait depuis 1992 Exxon (40 %), Shell (40 %) et Elf (20 %). Il s’est dissous en 1999 pour des raisons non entièrement élucidées ; voir Magrin (2003) : 39.
  • [7]
    Voir Magrin (2001).
  • [8]
    Voir Magrin (2001).
  • [9]
    Voir Tulipe (2004) : 68-69, et Donner (2003) : 55-56.
  • [10]
    Tulipe (2004) : 69.
  • [11]
    Voir Magrin (2003) : 52-59, et Pétry, Bambé (2005).
  • [12]
    Qui aboutissent notamment à l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE), lancée par le Royaume-Uni au sommet de Johannesburg de 2002.
  • [13]
    Voir Pétry, Bambé : 165-166, et Magrin (2001) : 388.
  • [14]
    Cogert, Koppert (2004) : 5.
  • [15]
    Cogert, Koppert (2004) : 21.
  • [16]
    Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit (coopération technique allemande).
  • [17]
    Fonds d’actions concertées d’initiatives locales.
  • [18]
    Environmental Monitoring Program (Groupe externe de suivi de la conformité environnementale).
  • [19]
    Voir par exemple Esso (2004a).
  • [20]
    Comité technique national de suivi et de contrôle des aspects environnementaux des projets pétroliers.
  • [21]
    Environmental Conformity Monitoring Group (Groupe externe de suivi de la conformité environnementale).
  • [22]
    Komé base a été surtout utilisée pendant le chantier pour l’administration et l’entreposage du matériel. À Komé V sont concentrés la centrale électrique, la station de pompage et les principales installations de collecte et de conditionnement, ainsi que l’aéroport.
  • [23]
    Voir Esso (2004b).
  • [24]
    Esso (2004a) : 18.
  • [25]
    Voir Magrin (2003) : 49-51.
  • [26]
    Esso (2004a): 55.
  • [27]
    Esso (2004a) : 53.
  • [28]
    Voir Cogels, Koppert (2004) : 36-37, Magrin (2003) : 52-53.
  • [29]
    Esso (2005).
  • [30]
    Ce faubourg aurait été initialement baptisé « Satan », par allusion aux activités de bar qu’y refoulait le très puritain système pétrolier, puis il est devenu « Atan », en référence à l’attente précédant l’embauche.
  • [31]
    Cogels, Koppert (2004) : 33.
  • [32]
    Notamment menuiserie.
  • [33]
    Tulipe (2004) : 70-71.
  • [34]
    Magrin (2001) : 379-380.
  • [35]
    Pétry, Bambé (2005) : 89, et Tulipe (2004) : 66.
  • [36]
    Voir Issa (2004).
  • [37]
    Voir Agir ici, Survie (1999) : 49-55.
  • [38]
    Esso (2004a) : 45.
  • [39]
    Note de l’éditeur : voir l’article de Benoît Massuyeau et Delphine Dorbeau dans ce même numéro.
  • [40]
    Cogert, Koppert (2004) : 4, 34.
  • [41]
    Ibid. : 40.
  • [42]
    Voir Cirad, Plan de développement régional de la zone pétrolière, Ctnsc, rapport définitif, juin 2005, 117 p.
  • [43]
    Cogels, Koppert (2004) : 15.
  • [44]
    Société financière internationale, appartenant au groupe de la Banque mondiale.
  • [45]
    ONG américaine spécialisée dans l’appui au maraîchage.
  • [46]
    Esso (2004b) : 38.
  • [47]
    Voir Cirad (2005).
  • [48]
    Van Vliet (1998).
Français

Résumé

L’originalité de l’exploitation pétrolière au Tchad tient à son contexte institutionnel et géographique. L’association de la Banque mondiale, d’un consortium de firmes transnationales et des États tchadien et camerounais ambitionne d’utiliser l’or noir au service du développement durable. Il s’agit d’insérer au mieux un système pétrolier on-shore dans des savanes cotonnières africaines. L’industrie pétrolière emploie peu, et la rente transite par l’État. Au-delà de l’effervescence du chantier initial, les impacts directs de l’exploitation sont limités. Du moins pour le moment, car la réussite de la greffe tiendra, sur le temps long du cycle minier, aux relations dynamiques qui s’établiront entre le milieu d’accueil, le système pétrolier et l’État.

Références bibliographiques

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  • Van Vliet, G. (1998), Activités minières, barrages et problématique de négociation : hypothèses pour une réflexion, diaporama (version française, anglaise, espagnole).
Géraud Magrin [1]
  • [1]
    Géraud Magrin est docteur en géographie, chercheur au CIRAD (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement).
Geert van Vliet [2]
  • [2]
    Geert van Vliet est docteur en économie, délégué au domaine de la Gouvernance à la Direction scientifique du CIRAD.
Mis en ligne sur Cairn.info le 01/04/2006
https://doi.org/10.3917/afco.216.105
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